Les villes constituent un milieu de prédilection pour de nombreuses espèces animales. Si la faune domestique est la plus visible – et la plus acceptée – dans l’espace urbain, d’autres espèces plus sauvages et discrètes y vivent également à l’abri des regards. Petit inventaire de la faune urbaine à travers ses différents habitats.
Par Marie Privé
>> Version à feuilleter en ligne : cliquez ici
>> Ou téléchargez le pdf du Pop’Sciences Mag #13 :
AIR
En ville, le milieu aérien est richement peuplé. Il abrite notamment une espèce emblématique des zones urbaines, le pigeon. Mal-aimé et considéré comme nuisible du fait des risques sanitaires et des salissures liés à ses déjections, il fait l’objet dans de nombreuses villes d’euthanasie par gazage, une pratique interdite à Lyon depuis 2020. Le moustique tigre, vecteur de maladies, est probablement l’espèce la plus problématique : avec son caractère « anthropophile » (qui aime les lieux habités par l’homme), il se développe surtout en zone urbaine et péri-urbaine et devient presque impossible à éradiquer une fois installé. Les abeilles – domestiques et sauvages – sont également très présentes : les jardins, parcs et autres balcons fleuris constituent un environnement idéal pour elles, voire un sanctuaire face à l’agriculture intensive qui les malmènent à la campagne. Les mésanges et les martinets sont, quant à elles, deux espèces d’oiseaux qui se plaisent particulièrement en milieu urbain, nichant sur les immeubles et s’accommodant plutôt bien de la pollution.
Surface
C’est l’espace où se trouvent les animaux les plus visibles, animaux domestiques en tête : il y a près de 23 millions de chiens et chats en France, dont un tiers en ville. C’est également le terrain privilégié du rat, l’une des espèces les plus abhorrées du fait de sa prolifération et des mauvais souvenirs qu’il évoque (il est responsable de l’introduction en Europe de la peste bubonique). On y trouve aussi des animaux plus sauvages et difficiles à observer, mais bien présents, comme le blaireau, le hérisson ou le renard. Pour ce dernier, la ville peut même lui servir de refuge car il n’y est pas chassé, contrairement à la campagne.
Eau
Les cours d’eau urbains constituent un habitat riche en faune plus ou moins visible. De nombreuses espèces étant sensibles à la qualité de l’eau et à la pollution, ce sont donc les plus résistantes que l’on retrouve en ville. Les canards et les cygnes comptent parmi les espèces les plus faciles à observer : bien adaptées au milieu urbain, elles voguent tranquillement à la surface des eaux. Attention néanmoins à ne pas les nourrir de pain ou autres aliments inadaptés (frites, viande) ! La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) alerte sur cette tendance qui peut générer des maladies (cirrhose, malformations) et même les tuer. Les ragondins sont plutôt considérés comme nuisibles et tendent à être chassés des villes, car ils véhiculent des maladies et déstabilisent les berges en y creusant des galeries. Son cousin le castor est davantage le bienvenu en ville car plus rare : en région lyonnaise, plusieurs couples ont été observés depuis 2020 à Miribel, au parc de la Feyssine ou encore à Gerland.
Sol
Le sol des villes abrite de nombreuses espèces d’insectes, vers de terre, bactéries, champignons… et même des crustacés (cloportes) ! Il s’agit d’espèces assez peu visibles, car elles vivent en partie sous terre et sont souvent très petites. Face à l’artificialisation des sols et la perte de biodiversité, les villes accordent de plus en plus d’importance à la création d’espaces verts, qui constituent des habitats idéaux pour bon nombre de ces espèces. Si certaines d’entre elles, comme le cafard et les puces, sont nuisibles et invasives, d’autres, comme la coccinelle, le lombric ou le gendarme, apportent des services écologiques importants, comme le recyclage des éléments nutritifs dans les sols ou l’alimentation de la macrofaune[1].
Vous pouvez cliquer sur l’infographie pour la visualiser en plus grand.
Notes
[1] Animaux dont la taille s’échelonne entre 4 et 80 mm, suffisamment pour être facilement distingués à l’œil nu.
POUR ALLER PLUS LOIN
- L’espace urbain, foyer méconnu du vivant, par Grégory Fléchet, Pop’Sciences Mag #13, juin 2024.