La végétation urbaine n’est pas le fruit du hasard : régulés par les autorités publiques, les espaces verts sont avant tout pensés pour agrémenter la vie des citadins. Et la place d’une nature sauvage en ville, dans tout ça ? Peu à peu, elle se développe.
Par Marie Privé
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AU CARREFOUR DE LA NATURE EN VILLE
La passerelle Saint-Vincent (1er arr.) offre une vue panoramique sur les trois catégories de végétation que l’on peut observer en milieu urbain : les espaces verts plantés volontairement et domestiqués par les autorités publiques (les arbres en bord de route et sur les quais) ; la végétation spontanée qui pousse là où elle trouve de la place (en bas à gauche sur les marches) ; les espaces sauvages qui correspondent à des zones laissées à l’abandon et qui reconstituent des écosystèmes forestiers en pleine ville (sur les hauteurs à droite et à gauche).
PLANTATION CADENASSÉE
Les espaces verts et les plantations volontaires sont pensés pour l’agrément et le bien-être des citadins. C’est la catégorie de végétation que l’on trouve le plus largement à Lyon et dans les villes occidentales en général. Il s’agit d’une nature domestiquée, contrôlée, dont les espèces sont choisies et plantées sur des espaces bien délimités.
LES POUSSES REBELLES
La végétation spontanée occupe peu de place, pourtant elle influence fortement notre perception de la nature en ville : ce sont toutes ces incursions de touches vertes dans le paysage urbain, sur un lopin de terre entre deux pavés, deux marches, sur un bout de trottoir, de mur… Cette végétation non souhaitée, non planifiée, est encore souvent retirée, car l’idée persiste qu’une nature qui n’est pas entretenue ne serait pas propre, pas civilisée. Mais peu à peu, les mentalités évoluent à ce sujet : on laisse davantage de place à la végétation spontanée, de plus en plus plébiscitée par les citadins qui s’y habituent.
LA FORÊT EN CENTRE-VILLE
Le saviez-vous ? Il existe des espaces de forêt totalement sauvages dans le centre de Lyon ! C’est le cas ici, par exemple, en-dessous du jardin du Rosaire dans le Vieux-Lyon (5e arr.), ou encore autour de l’ancien fort derrière le parc des Hauteurs (5e arr.). Ces espaces abandonnés, souvent privés et non accessibles au public, se sont ensauvagés et ont développé de véritables forêts au coeur de la ville. Ne faisant pas l’objet (pour l’instant !) de politique publique, ni de projet privé, ces zones restent intouchées, ce qui les rend très intéressantes en matière de végétation et de biodiversité.
BIODIVERSITÉ
La présence de végétation spontanée en ville, comme ici, permet de profiter d’espèces locales de plantes, qui vont venir coloniser les espaces vacants – contrairement aux espaces verts où il s’agit souvent de plantes provenant de jardineries (parfois même exotiques). Ce qui attire alors la biodiversité nécessaire au bon fonctionnement des écosystèmes.
L’ARBRE SURVIVANT
Cet arbre est un rescapé de la voie plantée qui sillonnait jadis le quai Saint-Antoine (2e arr.), détruite pour laisser place à un parking construit dans les années 1970. Démoli fin 2021, l’ancien parking va de nouveau laisser place à la végétation, avec l’aménagement d’un jardin fluvial de 400 mètres de long où près de 90 nouveaux arbres doivent à terme être plantés.
L’EXPERT
Bernard Gauthiez est professeur de géographie à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Ses travaux portent sur les processus de production et de transformation de l’espace urbain. Il nous a guidés à travers Lyon pour une balade à la découverte du patrimoine végétal de la ville et de son organisation plus ou moins – surtout plus – contrôlée par l’homme.
POUR ALLER PLUS LOIN
- L’épopée de la nature en ville : entre défiance et connivence, par Marie Privé, Pop’Sciences Mag #13, juin 2024.