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Tourisme

Entre protection et valorisation, les labels sont-ils garants d’un tourisme plus durable ?

Par Julien Thiburce, Marine Bettant du Breuil et Samuel Belaud,
avec la complicité de Clément Cazé, chargé de projet Géoparc Beaujolais

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La lecture d’un paysage est une invitation à des incursions dans l’histoire du territoire que l’on observe. Ainsi, depuis les vignes de Morgon et face au mont Brouilly, décelons les traces des activités humaines et de leur cohabitation avec le patrimoine naturel que le label Géoparc met en saillance et vient protéger.

Les monts du Beaujolais composent l’ouest du territoire : reliquats du Massif central, ils sont à majorité granitique et volcanique. Derrière, à l’est, le secteur marno-calcaire des Pierres Dorées et la vallée alluviale de la Saône (plaine d’inondation) sont sous la brume. Plus à l’est encore, au dernier plan : les monts d’Or surgissent de la brume. Ce petit massif calcaire de la même composition que le Beaujolais des Pierres Dorées a été mis en relief par des mouvements tectoniques et cache le bassin lyonnais.

©Gael Fontaine

Aménagements paysagers et touristiques.

Le Géoparc Beaujolais cherche à dynamiser l’économie touristique en aménageant des sites avec des outils de médiation permettant la découverte du patrimoine géologique. Là, un géoscope, véritable musée géologique de plein air, a été installé en haut du mont Brouilly [1] ; ailleurs, une voie verte [2] peut être empruntée depuis la gare de Belleville-en-Beaujolais pour (re)découvrir le mont Brouilly et – au passage – découvrir l’Espace des Brouilly et déguster les AOC Brouilly et Côte-de-Brouilly. Avec d’autres offres paysagères et touristiques centrées sur le terroir et les mobilités douces, et qui s’adressent d’abord
aux habitants de la région, le Géoparc propose de (re) découvrir le Beaujolais par le biais de micro-aventures.

©Gael Fontaine

Préservation des paysages.

Les Géoparcs n’imposent pas de réglementation spécifique, mais, en lien avec le Schéma de Cohérence Territoriale – SCoT, la labellisation permet de recenser et protéger des sites géologiques d’intérêt « selon des critères scientifiques, de rareté, d’esthétique ou d’intérêt didactique » : les géosites (voir plus loin : « sciences géologiques »). Ceci étant, un paysage en bonne santé est un paysage vivant et qui évolue. Aussi, la hausse des températures, l’assèchement des sols, ou encore la réorganisation de la filière viticole (voir plus loin : « viticulture ») et les quelques friches [3] que cela provoque impactent déjà les paysages du Beaujolais. Rappelons-nous qu’il y a seulement 100 ans la forêt du sommet du mont Brouilly [1] n’existait tout simplement pas !

Viticulture.

Le paysage beaujolais a largement été façonné par le développement intensif de la viticulture dans la seconde moitié du 20e siècle. Ces ‘’mers de vigne’’ [4] ont remplacé la polyculture d’avant-guerre et participé à l’essor d’une filière locale qui a connu son apogée avec le succès international des Beaujolais Nouveaux. Cependant, une importante génération de vignerons est sur le point de partir en retraite, encourageant des repreneurs à transformer l’activité pour l’adapter aux contraintes environnementales et sanitaires contemporaines. La vigne de demain sera certainement plus diversifiée et arborée pour contrevenir aux risques croissants de dérèglements climatiques (sécheresses…).

©Gael Fontaine

Habitat.

Le village de Morgon [5] est cerné par les parcelles viticoles qui font aujourd’hui sa réputation. La carte postale est agréable. Cependant, aussi abondante soit-elle, la vigne est moins au cœur des dynamiques socioéconomiques du village. Les populations beaujolaises se renouvellent, d’autant plus depuis que le confinement sanitaire a accéléré les installations en campagne de citadins en mal de verdure. Ainsi, une majorité de travailleurs se rend dans le Val de Saône [6] ou à Lyon (une heure de train) pour exercer sont activité. Le Géoparc inclut ces populations dans la démarche de protection et valorisation du patrimoine naturel, par le biais de consultations et groupes de travail réguliers.

Sciences géologiques.

La démarche Géoparc distingue le géosite comme un lieu remarquable d’un point vue scientifique, reflètant « l’histoire géologique, les événements ou les processus qui l’ont créé ». La Tour Bourdon, dominant la vallée de l’Ardières [7], en est un. Cet empilement de blocs de grès a été érigé en 2013, à la suite de nouvelles plantations de vigne. Présents en abondance dans les sols du secteur, ces blocs ont toujours intrigué les scientifiques régionaux quant à leur vraie nature, jusqu’à ce qu’une étude récente, menée par le géologue Bruno Rousselle, atteste de leur origine glaciaire ; démontrant ainsi la présence de glaciers dans le Beaujolais durant les périodes froides du Quaternaire.

©Gael Fontaine

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NUMERO 8 | JUIN 2021