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Nos animaux de compagnie peuvent-ils contracter la COVID-19 ?

NNos animaux de compagnie peuvent-ils contracter la COVID-19 ?

Grâce à l’implication de différents chercheurs et partenaires, en particulier le soutien financier « action COVID-19 » de l’IDEX Lyon dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir (ANR-16-IDEX-0005), un projet de recherche en épidémiologie et santé publique vétérinaire a pu voir le jour à VetAgro Sup, le projet COVIDAC (COVID-19 et Animaux de Compagnie).

Le projet COVIDAC, coordonné par les Dr Vincent Legros, Emilie Krafft et Angeli Kodjo et rassemblant des médecins vétérinaires et des chercheurs du Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI), du laboratoire d’analyses vétérinaires (LAV) et de plusieurs services du Centre hospitalier Vétérinaire animaux de compagnie de VetAgro Sup, vise à clarifier le rôle potentiel des animaux de compagnie (chien, chat) vis-à-vis du SARS-CoV-2, l’agent responsable de la pandémie de COVID-19, dans un contexte épidémique massif observé aujourd’hui en Europe et particulièrement en France.

La première étude publiée en 2020 par cette équipe pluridisciplinaire en santé humaine et animale dans la revue One Health, a montré qu’une proportion relativement élevée de chiens et de chats particulièrement exposés au virus avaient été infectés par le SARS-CoV-2 (i.e. possédant des anticorps mais sans avoir eu de symptômes). En effet, parmi les chiens et les chats vivant dans un foyer où au moins une personne avait été diagnostiquée COVID-19+, plus d’un animal sur cinq possédaient des anticorps anti SARS-CoV-2, ce qui représente un taux 8 fois plus important que celui retrouvé dans la population générale de chiens et de chats. Les conclusions de cette étude pionnières ont depuis été confirmées par d’autres travaux réalisés dans d’autres pays.

Les animaux domestiques vivant au contact d’humains COVID-19 positifs ont 8 fois plus de risque de posséder des anticorps spécifiques du SARS-CoV-2.

La question du rôle potentiel des animaux de compagnie dans l’épidémiologie du SARS-CoV-2 a en effet fait l’objet d’une attention très précoce suite à l’émergence du virus fin 2019, à la fois en raison de la probable origine animale du virus mais aussi de l’existence de coronavirus proches circulant déjà chez les animaux domestiques. L’absence de risque lié aux animaux domestiques a rapidement fait consensus, malgré la démonstration que ceux-ci (notamment les chats) pouvaient, en laboratoire, transmettre le virus à leurs congénères ainsi que l’identification sporadique d’animaux infectés à Hong-Kong et en Belgique puis dans de nombreux autres pays (France, États-Unis, Espagne, Italie, Irlande, Japon…).

©VetAgro Sup

L’infection des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 est largement asymptomatique.

Afin d’évaluer l’intensité de la circulation du SARS-CoV-2 parmi les animaux domestiques, l’équipe de chercheurs a prélevé des échantillons sanguins sur deux groupes d’animaux : le premier groupe dont les 47 animaux (13 chiens et 34 chats) étaient considérés comme à risque élevé car issus d’un foyer dans lequel a minima un cas de COVID-19 humain avait été diagnostiqué. Le second, à risque modéré, était constitué de 38 animaux (16 chats et 22 chiens) dont le statut des propriétaires était inconnu. Les deux groupes d’animaux ont été prélevés entre les mois de mai et juin 2020. Parmi les animaux à risque modéré, seul un chat présentait des anticorps contre le SARSCoV-2. En revanche, dans le groupe à risque élevé, plus de 20 % des animaux (8 chats et 2 chiens sur les 47 animaux) se sont révélés positifs, ce qui suggère une circulation virale plus importante qu’anticipée initialement. Ces infections ne se sont pas traduites par la présence de signes cliniques, ce qui confirme que l’infection des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 est largement asymptomatique en conditions naturelles.

Le risque de transmission du SARS-CoV-2 d’un animal à l’humain est négligeable.

Cette enquête sérologique ne permet pas d’identifier de manière catégorique l’origine de la contamination, mais le fait que le risque pour un carnivore domestique d’être infecté par le SARS-CoV-2 soit 8,1 fois plus élevé s’il réside chez une personne positive au COVID-19 constitue un fort argument de l’origine humaine de l’infection. Il est donc établi que les chiens et les chats peuvent être infectés par le SARS-CoV-2 dans des conditions naturelles mais il est très rare qu’ils tombent malades. L’une des inconnues qui persistait était le risque que ces animaux pouvaient représenter pour l’humain. Pour préciser cela, VetAgro Sup a travaillé avec le Centre International de Recherche en Infectiologie à Lyon, l’Institut de Recherche pour le Développement à Montpellier et le Centre Hospitalo-Universitaire de Caen. Entre avril 2020 et avril 2021, afin de rechercher des traces du virus, des échantillons de salive ont été prélevés chez les animaux reçus dans les cliniques de VetAgro Sup avec l’accord de leur propriétaire. Plusieurs centaines de prélèvements ont ainsi été analysés et ont montré que le risque de transmission du SARS-CoV-2 d’un animal à l’humain est négligeable.

Article publié sur le site Viruses, Journal de virologie en « Open access », le 3 septembre 2021.

>> Pour en savoir plus :

Article Covidac   Article en anglais

Auteurs de l’étude : Émilie Krafft, Solène Denolly, Bertrand Boson, Sophie Angelloz-Pessey, Sophie Levaltier, Nicolas Nesi, Sandrine Corbet, Bryce Leterrier, Matthieu Fritz, Eric M. Leroy, Meriadeg Ar Gouilh, François-Loïc Cosset, Angeli Kodjo et Vincent Legros.

Exposition hors normes à la Manu | Collections & Patrimoine #4

EExposition hors normes à la Manu | Collections & Patrimoine #4

Dans les sous-bois, alors qu’Actéon, grand chasseur de la mythologie grecque, chasse le gibier avec sa meute de chiens, il surprend une femme prenant son bain. C’est Artémis. Fille de Zeus et maitresse de la nature sauvage et des animaux, la déesse n’entend pas se faire observer par cet homme insolent. Pour le punir, elle le transforme en cerf. Dans sa fuite, Actéon est rattrapé par ses chiens. Ne le reconnaissant pas, ses limiers le dévorent. Voilà une fin déchirante pour qui ose s’approcher de l’intouchable.

L’histoire d’Actéon, l’Université Jean Moulin Lyon 3 s’en est inspirée pour réaliser un parcours d’œuvres sur le campus de la Manufacture des Tabacs dans le cadre de la Biennale Hors Normes. Les œuvres sont celles de T.LÉO. Artiste plasticien de Touraine, T.LÉO nous place dans un monde qui tend à masquer l’absurde, la présence de la mort et sa nécessité. Le mythe d’Actéon prend ainsi une forme nouvelle à nos yeux : franchissez donc les portes de l’antre de la Connaissance, que garde cette meute d’êtres à l’apparence canine…

« Aux portes de l’antre de la Connaissance, garde une meute d’être à l’apparence canine. Interdit par l’aspect des gardiens, Actéon hésita à gravir les grandes marches menant au seuil et juste devant la gueule des canidés. Étant un lieu de passage nécessaire comme l’est la mort pour les vivants, il se dit qu’il était tout à fait légitime de pénétrer dans un tel lieu, donc qu’il ne devait ressentir aucune crainte à leur égard. Pourtant, plus ses pas le rapprochaient d’eux, plus son inquiétude grimpa par l’apparition des détails de leur corps qui se révélaient petit-à-petit. Une sorte de chair pâle dans un état de décomposition avancée recouvrait leurs os ; toutefois, leurs corps, au lieu d’incarner la mort, sculptaient le mouvement même de la vie dans sa plus grande ardeur. Le mouvement ample et souple que laissait transparaître la finesse des chiens dévoilait une férocité sauvage contenue. Malgré les dangers de maintenir pareil regard insistant, Actéon ne put s’empêcher de continuer son examen tout en avançant par petits pas. Subrepticement, un vide dans la carcasse se laissait apercevoir, laissant transparaître un squelette de bois ; parfois une structure en fibre qui devait soutenir des muscles saillants depuis longtemps absents se détachait lors d’un geste trop vif. Leurs faces, semblables à des crânes décharnés, sans trait ni visage devenaient un miroir pour celui qui les contemplait. Le néant de leurs orbites aspirait avidement l’image d’Actéon en poursuivant minutieusement ses mouvements lents et précautionneux.

Le moment tant redouté arriva. Il ne manquait plus qu’une marche pour entrer dans l’édifice mais aussi arriver à leur hauteur, l’espoir de s’y introduire sans interaction avec eux effleura son esprit. Un son sur le côté vint l’arrêter brutalement. « Toi, homme qui souhaite se cultiver, un tribut doit nous être rétribué pour pénétrer dans cette enceinte : laisse-nous ta bestialité. N’aie crainte, elle te sera restituée lorsque tu ressortiras par ces mêmes portes une fois ton esprit garni. » Surpris par une telle demande, Actéon s’exécuta et livra à ses nouveaux compagnons l’animal qu’il était. Se sentant docile et prêt à exécuter les tâches qui lui seront incombées, il se mit au travail durant plusieurs années avec la même ardeur. Il sentait en lui une sorte de vide, dont la connaissance pouvait trouver place sans toutefois réussir à le combler.


Plus son esprit s’emplissait de connaissance millénaire, plus un dédain pour les êtres canins présents également dans l’enceinte, s’intensifiait. Leur bestialité, leur vacuité vaine, l’absurde de leur vie, se confrontaient aux bâtisses cyclopéennes humaines, à leurs connaissances allant de l’incroyablement petit jusqu’à l’incroyablement grand et lointain, la perfectibilité de leurs créations. Toutes ces connaissances lui firent tourner le dos aux maigres portes de l’entrée, pour oublier son humiliante origine. C’était ainsi qu’il s’enfonça davantage dans les profondeurs des couloirs de pierres pour découvrir ce qu’il recherchait : une seconde sortie. Il devait réussir à se détacher de ça ! Ne pas récupérer le fardeau que porte l’être de forme canine, lui laisser ses pulsions, sa mortalité, voilà ce qui pourrissait dans son esprit devenu froid comme les pierres qui l’entourèrent durant tant d’années. Il trouva bien cette porte, mise en évidence au fond d’un couloir dont son sol était recouvert de larges plaques de marbre brillantes, réfléchissant sa personne dans un ton encore plus glacial. Il quitta la porte, se jurant qu’une fois tout le savoir nécessaire acquis, il repartirait par cette même porte.

Bien des années passèrent, Actéon évitait avec un dégout mêlé d’une nouvelle frayeur les gardiens du lieu sans arriver à savoir pourquoi. Parfois, lorsque son regard s’égarait sur eux, un subreptice sentiment de nostalgie redonna vie à son esprit. Mais sa froide discipline vint très rapidement éteindre cette étincelle. Il se sentit près à sortir, suffisamment armé pour affronter le monde. Alors il entreprit d’ouvrir la seconde porte. Les pieds sur le seuil, la poignée toujours entre sa main, il vit avec surprise un regroupement de quatre hommes nus entourant une horloge sur un haut mur. Son regard ne pouvait transpercer cette muraille de pierre, alors il se concentra sur ce spectacle étrange.

Chaque homme se tenait immobile, le dos tourné vers l’instrument de mesure. Sur leurs corps mous, pleins, semblables à un tas de plâtre tombé d’une hauteur certaine maintenant sec, une tête figée regardait de manière hagarde l’horizon. La vivacité semblait avoir désertée ces corps, une telle stagnation régnait sur eux, que jamais il n’était possible de soupçonner le moindre mouvement, même de l’esprit pouvant animer pareils personnages. Leurs chairs, lasses de devoir lutter contre la force de la gravité se laissaient aller et coulaient lentement le long de leurs os. Seule l’aiguille de l’horloge donnait un repère du temps qui passe, et témoignait d’un changement lent mais certain. Son tic-tac mécanique donnait sens à leur existence.

Actéon, effrayé par une telle vision, rentra promptement et claqua avec violence la porte puis courut le long des couloirs afin de rejoindre l’entrée principale. Sur le chemin, un soulagement l’envahissait par la contemplation de la vie parcourue par ces êtres décharnés. Sur le point de sortir, il demanda à son gardien la bestialité qui lui revenait de droit. Elle lui fut retournée sans l’ombre d’une hésitation et il sortit sans demander son reste. Un peu plus loin, il s’étonnait d’avoir pu sortir à sa guise, et se souvint qu’aucune restriction ou interdiction ne l’avait empêchée de sortir ni de lui avoir imposée une durée de séjour. »

Mathieu PERCHAT, étudiant en Master 2 Philosophie – Esthétique & cultures visuelles (Promotion 2018-19) – Université Jean Moulin Lyon 3

Il est des œuvres autour desquelles nous avons envie de raconter une histoire, de se l’entendre conter ou de se la conter soi-même. Il est des œuvres qu’on voit, qu’on regarde. Des œuvres que l’on aime, que l’on déteste, et pour lesquelles on se demande pourquoi, on sait pourquoi, on ne sait pas.

Exposer des œuvres au sein des Universités c’est permettre cela aux étudiants, enseignants, chercheurs, personnels et visiteurs curieux. Qu’ils s’agissent d’expositions, d’acquisitions ou de 1% artistique, l’art est ainsi accessible au quotidien à tout un chacun.

 

Aller plus loin :

 

Cet article a été réalisé dans le cadre du projet Collections & Patrimoine mené par la Direction Culture, Sciences et Société de l’Université de Lyon. Il est le quatrième d’une série d’épisodes qui ont pour intention de donner à voir les collections et patrimoines scientifiques et artistiques des établissements d’enseignement supérieur. Plus d’informations auprès de camille.michel@universite-lyon.fr

 

Crédits photographiques : Vincent Noclin