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« Ouvrir le futur avec joie » aux côtés du peuple Kogi

«« Ouvrir le futur avec joie » aux côtés du peuple Kogi

En 2018, dans la Drôme, une première rencontre totalement inédite avait réuni des représentants du peuple kogi, des scientifiques et des experts occidentaux pour partager leurs connaissances et mener un diagnostic de territoire. En octobre dernier, le projet intitulé Shikwakala1, a entamé sa deuxième édition et a fait escale à l’INSA Lyon. Le jeudi 5 octobre 2023, les savoirs scientifiques ont rencontré les connaissances ancestrales de ce peuple racine vivant dans la Sierra Nevada de Santa Maria, en Colombie. À travers une écoute mutuelle entre les deux approches, ce moment a été l’occasion d’un dialogue pour tenter de composer un « monde commun » et répondre à la question « comment remettre le vivant au cœur de nos actions ? »

La mission confiée par la mère Terre : une quête qui résonne vers l’Occident
Les Kogis sont les descendants directs de l’une des plus grandes civilisations précolombiennes du continent latino-américain, les Tayronas. Vivant à plusieurs jours de marche dans la Sierra Nevada de Santa Marta, le plus haut massif côtier de la planète, ils considèrent leur environnement comme « le cœur du monde ». Ces paysages nécessairement isolés et protégés présentent un écosystème unique : pas moins de 96 espèces endémiques et 7 % des espèces d’oiseaux de la planète2 y ont été recensés à ce jour. Le peuple kogi poursuit une quête : celle de tisser un équilibre avec le vivant, en prenant soin des « points chauds » de la « mère Terre ». Éric Julien, géographe et fondateur de l’association Tchendukua – Ici et Ailleurs, aime illustrer leur appréhension de l’environnement naturel par la métaphore suivante : « Ils sont le stéthoscope qui écoute la Terre, qu’ils comparent à un énorme corps humain. Quand on regarde un corps humain, on ne voit pas de prime abord les réseaux sanguins, nerveux, ventilatoires, énergétiques qui relient les organes entre eux. Pour la Terre, c’est pareil : il y a des réseaux sanguins (eaux), ventilatoires (vents, airs…), nerveux (radioactivité naturelle, champs magnétiques…)3 ». Seulement, cet équilibre est menacé par « les petits frères », la société occidentale. « Cette mère est un comme un grand corps humain, et s’il en manque une partie, le reste ne peut plus fonctionner ».

 

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Les Kogis vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta, le plus haut massif côtier de la planète. (ⓒTchendukua – Ici et Ailleurs)

Pour répondre à la mission confiée par la mère Terre, celle d’enseigner à ceux qu’ils nomment « les petits frères » l’harmonie des choses, les Kogis et l’association Tchendukua – Ici et Ailleurs ont pensé le projet « Shikwakala », invitant à renouer avec le vivant dans une relation d’épanouissement réciproque. (…)

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Notes :

[1] Shikwakala est le terme choisi par le gouverneur kogi Arregocés Conchacala pour nommer le projet de dialogue avec les autorités spirituelles de la Sierra Nevada de Santa Marta et des scientifiques occidentaux. « Shikwá est un fil invisible, créé dans l’esprit, qui enveloppe la terre entière d’est en ouest, formant un réseau de connexion entre la terre, le soleil et le reste de l’univers, rendant possible sa rotation constante. »
[2] La Sierra Nevada de Santa Marta est l’un des plus importants « hotspots » de biodiversité au monde.

Controverses à l’ère de l’Anthropocène. Période 1 : les rapports contrariés de l’homme à l’animal | Cours public 2023

CControverses à l’ère de l’Anthropocène. Période 1 : les rapports contrariés de l’homme à l’animal | Cours public 2023

>> Présentation

A l’occasion du cours public 2022 « Ruptures à l’ère de l’Anthropocène », qui caractérisaient le renouvellement des rapports de l’homme à l’environnement, nous interrogions la personnification de la nature, où l’animal se retrouvait sujet de droit, soustrait de sa condition d’objet de ce même droit. Dans le cadre des « Controverses juridiques » qui marquent cette ère vraiment très spéciale qu’est l’Anthropocène, nous poursuivons ce questionnement des rapports de l’homme à l’animal, qui restent marqués par une différenciation essentialiste, fruit des rapports particuliers de l’homme à la nature, une construction plutôt qu’une relation « naturelle ».

 

>> Intervenant

Philippe Billet, Professeur agrégé de droit public à l’Université Jean Moulin – Lyon 3, directeur de l’Institut de droit de l’environnement de Lyon (CNRS – UMR 5600 – EVS-IDE) et membre du Labex IMU. Spécialiste de droit de l’environnement, il s’intéresse plus particulièrement aux risques naturels, à la protection de la biodiversité et des espaces naturels, à la protection des sols et au régime juridique des services écosystémiques. Président d’honneur de la Société française pour le droit de l’environnement, il est par ailleurs Président de la Commission « Espaces protégés » du Conseil national de la protection de la nature, Vice-président du Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et membre du Conseil scientifique du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée.

 

>> Vidéo de la 1ère séance : Introduction – Comment penser la Nature dans le droit de l’environnement ?

>> Vidéo de la 2ème séance : Espèces animales protégées.

>> Vidéo de la 3ème séance : Le retour des grands prédateurs.

>> Vidéo de la 4ème séance : La lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

>> Vidéo de la 5ème séance : La régulation des espèces dites nuisibles.

>> Vidéo de la 6ème séance : L’animal, être sensible.

 

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur la chaine YouTube :

Cité anthropocène

 

Fête des mares : à la découverte de la biodiversité des zones humides

FFête des mares : à la découverte de la biodiversité des zones humides

À l’occasion de la Fête des mares, découvrez la nature près de chez vous en participant à plusieurs activités au sein de la zone humide des Prolières.

Visuel Fete des mares FNE rhone

Lors de cette matinée, vous pourrez prendre part à deux activités :

  • Pêche des petites bêtes de la mare à l’épuisette et observation de larves de libellules dans un aquarium
  • Balade découverte de la zone humide des Prolières et des libellules

Vous pouvez participez à ces deux animations ou ne prendre part qu’à une seule.

Cet évènement grand public est organisé en partenariat avec l’association Sympetrum et labellisé « Fête des mares » et soutenu par la Métropole de Lyon.

Plus d’informations ici

Projection | Le fleuve invisible – Un trésor sous la plaine du Rhin

PProjection | Le fleuve invisible – Un trésor sous la plaine du Rhin

Projection du film Le fleuve invisible – Un trésor sous la plaine du Rhin, 2019, 52min

Entre la Forêt-Noire et les Vosges, sous la plaine du Rhin, coule un véritable fleuve invisible et la plus grande réserve d’eau douce d’Europe. Serge Dumont nous emmène avec lui à la découverte de cet écosystème unique, malheureusement menacé.

En présence de Serge Dumont, réalisateur du film, hydroécologue et plongeur.

Plus d’informations sur le site du :

Musée des Confluences

Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest

PPour une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Francis Hallé, biologiste et botaniste reconnu, vient présenter son projet de réimplantation d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest qu’il défend dans son ouvrage Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest (2021, Editions Actes Sud) . Un projet écologique à contre-courant de notre société de l’immédiateté et qui n’est pas sans rappeler le temps consacré à la construction des cathédrales…

Plus d’informations sur le site de la BML 

Les insectes : pourquoi faut-il les protéger ? | Un article Pop’Sciences

LLes insectes : pourquoi faut-il les protéger ? | Un article Pop’Sciences

Ils seraient plus de 5 millions d’espèces sur notre planète, dans les sous-bois, les plaines, les déserts, et même les océans. Ces animaux si discrets qu’on les oublierait presque, ce sont les insectes. Mais à quoi servent-ils ? Quelles interactions ont-ils avec notre environnement et avec l’espèce humaine ? Et en quoi nos activités les impactent-ils en retour ?

Un article de Samantha Dizier, journaliste scientifique
pour Pop’Sciences – 30 mars 2022

Alors que le nombre d’espèces d’insectes est estimé entre 5 et 10 millions, nous n’en connaissons seulement qu’un million d’entre elles1. Et on les retrouve dans tous les milieux et les écosystèmes : des profondeurs des océans jusqu’à l’aridité des déserts. Ces champions de l’adaptation ont donc un rôle à jouer partout sur notre planète.

Une de leur fonction principale est de servir de nourriture à d’autres espèces. Ils font ainsi partie de ce qu’on appelle la chaîne trophique, un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles et dans lesquelles circulent de la matière et de l’énergie. Les insectes servent ainsi à l’alimentation des oiseaux, des batraciens, des araignées. « Ils ont un rôle fondamental, car ils contribuent à la survie d’un grand nombre d’espèces différentes », explique Emmanuel Desouhant, professeur au Laboratoire de Biométrie et de Biologie Evolutive de Lyon.

Des piliers de notre agriculture

Via leurs rôles dans l’écosystème, les insectes vont également rendre des services directement à l’espèce humaine, des services écosystémiques. Le plus connu d’entre-eux est alors la pollinisation. Dans le monde, près de 90 % des plantes à fleurs sont pollinisées par des insectes, tels que les abeilles. En Europe, ce sont également 84 % des cultures qui sont dépendantes de la pollinisation. Une étude de 2015 a démontré que le déclin des pollinisateurs pourrait avoir des graves conséquences sur notre santé, avec notamment une diminution de la diversité alimentaire, entraînant des déficits en nutriments2. Ils ont ainsi un rôle prépondérant dans notre alimentation. D’autant plus avec l’émergence de nouvelles utilisations de ces espèces comme source de nourriture pour les animaux d’élevage, mais aussi pour l’Homme.

Et la pollinisation n’est pas leur seul rôle de soutien pour notre agriculture. Les insectes peuvent aussi nous apporter des services de lutte biologique. Certains vont pouvoir défendre nos cultures contre les insectes ravageurs. « Ces insectes, nommés agents de lutte biologique, vont tuer les insectes ravageurs soit par prédation, soit en pondant leurs œufs à l’intérieur de leurs corps », explique Emmanuel Desouhant. Cela peut alors permettre de s’affranchir de pesticides ou de produits phytosanitaires, un exemple emblématique étant la coccinelle prédatrice des pucerons.

Bousier © Pixabay

Une autre fonction des insectes, qui est moins mise en lumière, mais tout aussi utile est leur rôle de nettoyage. Les insectes dits détritivores contribuent notamment au recyclage de la matière organique, issue des cadavres ou des excréments. Leur rôle est alors sanitaire en évitant la prolifération des bactéries. Cette fonction est aussi liée à un autre rôle encore plus méconnu : celui de la régénération des sols. « Un bon exemple est celui du bousier, raconte Emmanuel Desouhant. Il utilise les excréments pour en faire des boules de matières fécales qu’il va enfouir dans le sol et dans lesquelles les femelles vont pondre. Ce simple acte, lié à la reproduction d’une seule espèce d’insecte, va avoir trois conséquences pour son écosystème. Cet enfouissement contribue à l’aération des sols. Il va également entraîner l’enfouissement de graines, permettant la régénération des plantes. Et cet apport en matière organique va contribuer à la nutrition des sols. »

Plus sensibles au réchauffement climatique

Ces espèces sont donc des piliers fondamentaux de nos écosystèmes et sont en constante interaction avec l’ensemble de leurs composantes . Ils sont ainsi d’autant plus touchés par les activités humaines. Notre système agricole et l’aménagement des territoires entraînent la disparition de nombreux habitats naturels. En 2019, une étude internationale a constaté que 40 % des espèces d’insectes seraient sur le déclin3. La principale source de ce déclin serait dû à la perte de leurs habitats. L’utilisation de produits de traitement dans les cultures est également une cause importante de mortalité de population d’insectes.

La mondialisation peut aussi être un facteur important de modification des populations, avec l’apparition d’espèces invasives : « Avec l’augmentation de la circulation des biens et des Hommes, de plus en plus d’espèces exotiques arrivent dans des pays où elles n’étaient pas présentes et y prolifèrent, n’ayant pas d’ennemis naturels dans ces nouveaux milieux », analyse Emmanuel Desouhant. De nombreux exemples peuvent être cités, tels qu’une petite mouche invasive venant d’Asie, Drosophila suzukii, qui ravage les plantations de fruits rouges.

Drosophila suzukii © LBBE

Le changement climatique est également dévastateur au sein de ces espèces. « Les insectes sont des ectothermes, souligne Emmanuel Desouhant. Ils n’ont pas de régulation interne de leur température et sont donc soumis aux variations thermiques externes. Ils sont ainsi d’autant plus sensibles au réchauffement climatique. » De plus, ils voient leurs sources de nourriture être directement touchées par les modifications du climat. Le changement climatique entraîne la mort d’un grand nombre de plantes, bouleversant directement les insectes se nourrissant de celles-ci, les phytophages. Cela peut alors soit être une cause de mortalité, soit de dispersion des populations. On observe ainsi de nombreuses espèces migrer vers de latitudes de plus en plus hautes, telles que Aedes albopictus, mieux connu sous le nom de moustique tigre. Cette sensibilité au réchauffement climatique peut expliquer que le taux d’extinction des insectes est huit fois plus élevé que chez les mammifères, les oiseaux ou les reptiles. La biomasse d’insectes diminue alors de 2,5 % par an depuis 30 ans3.

Des répercussions en chaîne

Ces disparitions causent des réactions en chaîne, et de nombreuses disparitions d’espèces d’oiseaux, de reptiles ou d’amphibiens sont imputables aux disparitions d’insectes. « Certaines espèces d’oiseaux synchronisent leurs pontes avec la période où on observe la plus forte abondance des larves d’insectes », donne en exemple Emmanuel Desouhant. Si cette réserve alimentaire est faible, la mortalité des juvéniles en sera d’autant plus importante. La diminution des pollinisateurs peut également mettre en péril certaines de nos cultures. Les conséquences sont alors aussi multiples que le rôle que jouent ces espèces dans nos environnements.

Les insectes ne doivent ainsi pas être oubliés dans nos actions de protection de l’environnement. Ces maillons essentiels du bon fonctionnement de nos écosystèmes doivent être protégés au même titre que des espèces plus emblématiques comme l’ours polaire ou le thon rouge. Cette protection passe par la protection de leurs habitats, la diminution des sources de pollution ou d’utilisation de produits phytosanitaires. « Cela doit également passer par l’éducation, rappelle Emmanuel Desouhant. Nous devons apprendre très tôt à vivre avec les insectes, ou en tout cas à les reconnaître comme des partenaires dans le maintien de la biodiversité. »

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Notes

  1. Nigel E. Stork, How Many Species of Insects and Other Terrestrial Arthropods Are There on Earth?, Annual Review of Entomology, 2018, 63:31–45.
  2. Matthew R. Smith et al., Effects of decreases of animal pollinators on human nutrition and global health: a modelling analysis, The Lancet, 2015, 386: 1964–7.
  3. Francisco Sánchez-Bayo et al., Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers, Biological Conservation, 2019, 232:8-27.

PPour aller plus loin

 

 

 

L’origine du monde. Une histoire naturelle des sols à l’usage de ceux qui le piétinent

LL’origine du monde. Une histoire naturelle des sols à l’usage de ceux qui le piétinent

Il héberge 25 % de la biodiversité connue et compose 75 % de la biomasse. Il assure le fonctionnement des écosystèmes terrestres, construit la fertilité des océans, régule les cours d’eau et le climat. Hélas, artificialisation, épuisement, salinisation ou pollution l’empêchent d’assurer ses services inestimables.

Marc-André Selosse nous invite à regarder ce monde invisible autrement et à repenser notre relation au vivant souterrain de façon plus respectueuse et durable.

Intervenant : Marc-André Selosse, biologiste et professeur au Muséum national d’histoire naturelle

>> Diffusion simultanée sur Facebook et YouTube

Plus d’informations sur le site du :

Musée des Confluences

Changements climatiques et dates de naissance

CChangements climatiques et dates de naissance

Chez les herbivores, la date de naissance est loin d’être un hasard. Elle est le fruit d’une savante combinaison entre le besoin de protéger les nouveaux-nés des prédateurs mais aussi de leur apporter suffisamment de nourriture pour assurer leur croissance. Et pour ce faire, toutes les espèces n’ont pas joué les mêmes cartes !

Avez-vous déjà entendu parler de ces faons retrouvés seuls par des promeneurs, comme abandonnés dans la forêt ? Ne les dérangez surtout pas, ils sont en fait cachés et c’est normal ! Chez les mammifères herbivores à sabot, qu’on appelle aussi ongulés, il existe deux façons de s’occuper de ses petits pendant leurs premières semaines de vie. « A la dure », quand le nouveau-né doit se mettre sur ses pieds dès sa naissance et suivre sa mère par tous les temps, comme le font les zèbres. On parle alors d’espèces du type « follower », littéralement « suiveur ». Ou bien « à la pacha », quand la mère laisse son petit dormir toute la journée, bien caché entre les herbes hautes, et ne vient le déranger que pour le faire téter, comme c’est le cas pour les chevreuils. Cette fois il s’agit de « hiders », qu’on pourrait qualifier de « maîtres du cache-cache ». Mais derrière ces deux méthodes d’éducation aux antipodes l’une de l’autre se cachent des implications bien plus importantes qu’on pourrait le croire.

« Hiders » et « followers »

La girafe, malgré ce qu’on pourrait croire au vu de sa grande taille, fait partie des « hiders » car elle cache son petit dans un bosquet ou des hautes herbes pendant une à trois semaines après sa naissance /©Lucie Thel, Parc Kruger – Afrique du Sud

La plupart des herbivores constituent un mets de choix pour les carnivores, particulièrement un bébé sans défense. C’est pourquoi ces mères du règne animal ont mis en place des stratégies pour protéger leurs petits des prédateurs. Les « hiders », en plus de cacher leurs petits, ont opté pour des naissances étalées dans le temps. On retrouve cette stratégie chez les espèces dont les membres vivent en petit groupes, voire seuls. Bilan : des petits peu nombreux mais très bien cachés, les prédateurs seront bien chanceux s’ils parviennent à les débusquer ! A l’opposé, les « followers » observent un pic de natalité très resserré dans le temps. Les prédateurs disposent alors d’une telle abondance de proies qu’ils ne les mangeront pas toutes, et loin s’en faut ! C’est souvent le cas des espèces qui vivent en très grands groupes. On peut citer notamment l’exemple du gnou, espèce chez qui plus de 80 % des jeunes naissent sur un laps de temps de deux à trois semaines.

A présent que la sécurité des petits est assurée, la mère doit se préoccuper de les nourrir.

Une stratégie de naissance liée aux ressources alimentaires

Élever un petit demande beaucoup d’énergie, surtout pendant les premiers mois suivant la naissance. La mère doit en effet s’alimenter suffisamment pour subvenir à ses propres besoins, mais aussi produire le lait qui assurera ceux de son petit. Un herbivore peut se nourrir d’herbe ou de feuilles. L’herbe a la merveilleuse capacité de pousser très rapidement aussitôt qu’elle reçoit de l’eau. Dès que le temps passe au beau fixe, elle a tendance à dépérir : c’est le cas notamment dans les paysages de savane en Afrique de l’Est et Australe, souvent caractérisés par la succession de saisons humides et de saisons sèches. Au contraire, les arbres et arbustes poussent lentement mais sûrement en puisant l’eau stockée dans le sol, disponible toute l’année. Ainsi, les herbivores qui préfèrent l’herbe mettront plutôt bas au moment précis où celle-ci est abondante et riche en nutriments, tandis que ceux qui préfèrent les feuilles mettront plutôt bas sur une période bien plus étendue.

Le buffle profite de la saison humide, période où l’herbe est riche en protéines, pour mettre bas et ainsi assurer des ressources suffisantes pour la croissance des veaux. /©Lucie Thel, Parc Kruger – Afrique du Sud

Influence des changements climatiques…

Faire en sorte que son petit naisse au bon moment par rapport à la ressource alimentaire pour lui assurer une bonne croissance, mais aussi par rapport aux autres petits pour le protéger des prédateurs, vous l’aurez compris, n’est pas chose facile pour une femelle herbivore.

Les périodes de naissance qu’on observe aujourd’hui sont le fruit d’une longue et lente sélection naturelle. Toutefois, avec les bouleversements que connaît notre planète à cause des changements climatiques, ces formidables adaptations sont remises en cause ! Les saisons sont fortement perturbées, les crues et sécheresses plus fréquentes et dévastatrices, les prédateurs disparaissent… Les chercheurs d’aujourd’hui se demandent comment ces changements vont affecter les espèces d’ongulés sauvages, selon leurs stratégies de naissance. Dans le cadre des recherches qui sont menées sur ces thématiques, je réalise une thèse (3 ans de recherches au Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutive de Lyon), afin d’établir les meilleures méthodes permettant de décrire précisément ces périodes. Ces connaissances nous permettront de mieux comprendre les raisons qui font qu’on observe ces périodes de naissance et pas d’autres, ou encore comment celle-ci pourraient évoluer avec le temps, en lien avec les changements climatiques.

Article écrit par Lucie Thel, doctorante au Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutive

(Université Claude Bernard Lyon 1, HCL, CNRS, Inria, VetAgro Sup)

Article publié dans le cadre des dossiers  « Les doctorants parlent de

leur recherche » en partenariat avec Pop’Sciences

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Sources

– Estes, R. D. (1976). The significance of breeding synchrony in the wildebeest African Journal of Ecology, Wiley Online Library, 14, 135-152

– Lent, P. C. (1974). Mother-infant relationships in ungulates The behaviour of ungulates and its relation to management, International Union for Conservation of Nature and Natural Resources, Morges, Switzerland, New Series, 24:1-940 (V. Geist and F. Walther, eds.), 1, 14-55

– Rutberg, A. T. (1987). Adaptive hypotheses of birth synchrony in ruminants: an interspecific test The American Naturalist, University of Chicago Press, 130, 692-710

– Ryan, S.; Knechtel, C. & Getz, W. (2007). Ecological cues, gestation length, and birth timing in African buffalo (Syncerus caffer) Behavioral Ecology, Oxford University Press, 18, 635-644

– Sinclair, A.; Mduma, S. A. & Arcese, P. (2000). What determines phenology and synchrony of ungulate breeding in Serengeti ? Ecology, Wiley Online Library, 81, 2100-2111

PPour aller plus loin

Tout savoir sur le compostage !

TTout savoir sur le compostage !

Faire du compost, c’est un premier geste éco-citoyen pour construire un monde plus durable !

Imaginez un monde où le mot « déchet » n’est pas synonyme d’ordure. Imaginez un monde dans lequel nous considérons nos déchets comme des ressources. Et bien ce monde existe, grâce au compostage !

L’objectif premier du compostage est de réduire votre empreinte écologique en diminuant la taille de vos poubelles. Ce geste éco-citoyen a une double utilité : fabriquer de l’engrais naturel et gratuit pour vos plantes mais aussi diminuer l’émission de gaz à effet de serre en réduisant le traitement et le transport des déchets.

Pour vous permettre de vous immerger dans cet univers, nous vous expliquerons :

 

Pour tout savoir, rendez-vous sur notre Guide Complet du Compostage, juste ici :

Compostage | Le Guide Complet |

 

 

 

Le tour du monde des microbes

LLe tour du monde des microbes

Les activités humaines transforment radicalement la circulation des microbes sur la planète, avec des répercussions probables sur les écosystèmes et les populations.

Une équipe internationale de chercheurs a dressé le constat dans une étude parue en 2017 dans la revue Science.

Lire l’article :

CNRS le Journal