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Parcourir le monde : mobilité agonistique et prestige des champions à l’époque impériale

PParcourir le monde : mobilité agonistique et prestige des champions à l’époque impériale

Une conférence présentée par

Madalina Dana, professeur d’histoire grecque à l’université Lyon 3, laboratoire HiSoMA – MOM

À l’époque impériale les cités de tout l’Orient grec s’empressent de créer des concours « internationaux », grâce aux privilèges accordés par les empereurs qui donnèrent souvent leur nom à ces agônes. Une foule d’athlètes se met, avec plus de vigueur encore qu’à l’époque hellénistique, à sillonner la terre habitée pour honorer l’invitation des cités fières de leurs compétitions. Il était certainement plus facile pour les grands centres agonistiques, grâce à leur réputation établie de longue date, d’attirer des concurrents prestigieux, mais les concours récents gagnent progressivement en importance, menant ainsi à une nouvelle configuration de la géographie agonistique, d’abord en Grèce, puis en Asie Mineure et dans des régions excentrées comme l’intérieur de l’Anatolie, la Syrie ou le Pont-Euxin. Ces circuits agonistiques se reflètent dans les palmarès des champions (récemment étudiés dans l’ouvrage monumental de Jean-Yves Strasser), qui nous donnent la clé du prestige de l’agôn, placé plus ou moins haut dans la hiérarchie des concours, mais aussi de leur propre prestige, mis en avant dans l’épigraphie civique et instrumentalisé parfois à des fins politiques et diplomatiques. Bien au-delà de leur réputation acquise dans les circuits agonistiques, ces champions, citoyens romains depuis leur naissance, représentent une élite de l’empire, célébrés et adulés dans tous les endroits qu’ils honorent de leur présence.

La conférence sera précédée par une visite du musée et de son exposition temporaire « Embarquement pour Délos » à 17h, limitée à 20 personnes.

Programme complet du cycle de conférences 2023-2024 en pdf

Journées européennes de l’Archéologie 2023 – Villa romaine de Saint-Romain-de-Jalionas

JJournées européennes de l’Archéologie 2023 – Villa romaine de Saint-Romain-de-Jalionas

Situé dans la vallée du Rhône, à une trentaine de kilomètres à l’Est de Lyon, sur la commune de Saint-Romain-de-Jalionas, le site du Vernai conserve les vestiges d’une vaste villa gallo-romaine où sont restaurés une partie des thermes, un  moulin hydraulique, un grenier à blé  et l’habitat du régisseur du domaine. Lors des Journées Européennes de l’Archéologie, venez découvrir ce site archéologique, dont les plus anciens vestiges de la villa sont datés aux alentours de 40 av. J.C, et dont l’histoire perdure jusqu’au XIIIe siècle avec l’édification d’un château qui sera détruit à la fin de la guerre de 100 ans.

PROGRAMME

VISITES LIBRES OU COMMENTÉES

  • Visites libres du site archéologique (vestiges antiques et jardin expérimental) de 10h à 18h
  • Visites commentées 
  1. Visite complète du site par un archéologue professionnel (durée environ 1h30) :

Le samedi : à 14h et 16h

Le dimanche : à 10h, 14h et 16h

      2. Visites thématiques (45 min) :

Le samedi : à 14h, 15h, 16h et 17h

Le dimanche : à 10h, 11h, 14h, 15h, 16h et 17h

      3. Promenade insolite à travers un marais exploité à l’époque antique. Regard croisé histoire et nature en compagnie de naturalistes et d’un archéologue :

Uniquement le dimanche : à 10h et à 14h30 (durée environ 2h, prévoir des chaussures de marche ou des bottes). Inscription conseillée : archeologie.srj@mailo.com

LE « VILLAGE DES ARCHÉOLOGUES »

Présentation des métiers et différentes approches de l’archéologie par des archéologues spécialistes :

Archéologie de terrain, Anthropologie, Archéozoologie, Géoarchéologie, Céramologie, Prospection archéologique

ATELIERS TOUT PUBLIC

  • Fabrication d’une mosaïque
  • Calligraphie romaine et médiévale
  • Fabrication d’une fibule
  • Fabrication d’une lampe à huile
  • Atelier pour enfants d’initiation à la fouille archéologique
  • Ateliers et jeux sensoriels au jardin

JEU DE PISTE FAMILIAL

Découverte du site et du jardin à travers un parcours ludique (circuit avec livret questionnaire et ateliers étapes)

> Pour retrouver toute la programmation de cet événement, rendez-vous sur le site de :

Association pour l’Histoire et l’Archéologie à Saint-Romain-de-Jalionas

Mourir aux confins du delta du Nil : Kôm Abou Billou de l’Ancien Empire à l’époque romaine

MMourir aux confins du delta du Nil : Kôm Abou Billou de l’Ancien Empire à l’époque romaine

Le cycle des conférences Pouilloux 2021-2022, organisé par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, se poursuit avec : Mourir aux confins du delta du Nil : Kôm Abou Billou de l’Ancien Empire à l’époque romaine

Le site de Térénouthis-Kôm Abou Billou se trouve à 60 km au nord-ouest du Caire, en bordure du delta du Nil. Occupé depuis l’Ancien Empire (vers 2500 av. J.-Ch.) et jusqu’au Xe siècle de notre ère, sa fortune a été assurée par sa situation, au débouché de pistes désertiques. La mission française (IFAO-Hisoma, soutenue par Arpamed) développe depuis 2014 un programme de fouille et de sauvegarde du site, largement menacé par l’extension des cultures environnantes. Nos travaux ont porté sur l’urbanisme de la ville, la zone du sanctuaire et l’espace de la nécropole, le plus en danger de destruction. Les fouilles permettent de documenter l’une des grandes nécropoles de Basse Égypte, jusqu’ici connue principalement par le large corpus de stèles funéraires de Térénouthis. L’exceptionnel état de conservation des vestiges permet, peu à peu, de restituer les rites et pratiques funéraires d’une bourgade provinciale sur la longue durée.

Conférence présentée par : Sylvain Dhennin, chargé de recherche au CNRS, laboratoire HiSoMA-MOM, directeur de la mission archéologique de Térénouthis-Kôm Abou Billou (Égypte)

> Consulter le programme de notre cycle de conférence sur notre site web, rubrique « Valorisation » :

MOM

« La Thessalie, vous connaissez ? » 60 ans avec les Thessaliens d’hier et d’aujourd’hui

«« La Thessalie, vous connaissez ? » 60 ans avec les Thessaliens d’hier et d’aujourd’hui

Le cycle des conférences Pouilloux 2021-2022, organisé par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, se poursuit avec :
« La Thessalie, vous connaissez ? » Soixante années avec les Thessaliens d’hier et d’aujourd’hui

 » La première mission effectuée par Bruno Helly en Thessalie au mois d’août 1962, pour engager l’étude des ruines de la cité de Gonnoi et de ses inscriptions, a été le point de départ de soixante années de recherches épigraphiques et historiques sur la Thessalie antique. Elle a aussi ouvert autant d’occasions de travailler et de nouer des relations d’amitié avec plusieurs générations d’archéologues grecs et avec de nombreuses personnalités de la région, et donné à vivre sur place quelques moments particuliers, tels que le jour du coup d’état des Colonels le 21 avril 1967, la crise chypriote d’août 1974, la période de grand développement économique et urbain des année 1996-2007 et le choc des années 2007-2012.  »

Conférence présentée par : Bruno Helly, directeur de recherche émérite au CNRS, laboratoire HiSoMA – MOM.

> Consulter le programme de notre cycle de conférence sur notre site web, rubrique « Valorisation » :

MOM

« Eleuthéria ! Retour à la liberté » Genèse et parcours d’une exposition au MuMo

«« Eleuthéria ! Retour à la liberté » Genèse et parcours d’une exposition au MuMo

Le cycle des conférences Pouilloux 2021-2022, organisé par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, débute avec : Eleuthéria ! Retour à la liberté – Genèse et parcours d’une exposition au Musée des Moulages de l’Université Lumière Lyon 2.

« À l’occasion du bicentenaire de la Révolution grecque de 1821, le Musée des Moulages propose une exposition dont le sous-titre précise le fil conducteur : découvrir et transmettre l’Antiquité grecque depuis le XIXe siècle, grâce à la diversité des collections de moulages, d’œuvres originales et de photographies du musée. La conférence présentera à la fois l’histoire de ce musée lyonnais particulier et les choix qui ont présidé à la création du parcours de l’exposition. »

Conférence présentée par : Hélène Wurmser, Maître de conférences en archéologie et histoire de l’art grec à l’Université Lumière Lyon 2, Responsable de l’IRAA-Lyon – MOM.

Lors de cette rencontre, vous pourrez acheter le catalogue de l’exposition, coédité par les Presses universitaires de Lyon et MOM Éditions, intitulé Eleutheria ! Retour à la liberté. Découvrir et transmettre l’Antiquité depuis la Révolution grecque de 1821.

> Consulter le programme de notre cycle de conférence sur notre site web, rubrique « Valorisation » :

MOM

Informations sur l’exposition :

Eleuthéria ! Retour à la liberté

L’Égypte au musée des Beaux-Arts de Lyon

LL’Égypte au musée des Beaux-Arts de Lyon

Découvrez le Musée des Beaux-Arts de Lyon depuis chez vous ! Des chercheurs et conservateurs rentrent dans les coulisses du département des Antiquités pour vous présenter les collections d’Égypte ancienne comme vous ne les avez jamais vues !

Intervenants :

  • Geneviève Galliano, conservateur en chef du Patrimoine – Département des antiquités du musée des Beaux-Arts de Lyon,
  • Charlotte Lejeune, égyptologue, guide-conférencière et membre du Cercle lyonnais d’égyptologie Victor-Loret,
  • Yannis Gourdon, égyptologue, maître de conférences de l’Université Lumière Lyon 2, membre du laboratoire HiSoMA et président du Cercle lyonnais d’égyptologie Victor-Loret.

 

Une visite privée à trois voix :

 

Youtube de la MOM

 

Périclès, architecte de la démocratie populaire athénienne

PPériclès, architecte de la démocratie populaire athénienne

Aujourd’hui, Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Université Lumière Lyon 2 – HiSoMa) et médiateur au MuMo nous parle de l’avènement de la démocratie à la période classique, en évoquant un homme : le très célèbre Périclès.

Une dernière étape va permettre de parachever le système organisé par Clisthène. Pour faire participer à la vie politique toutes les catégories de citoyens, Ephialte un homme d’état et législateur Athénien, s’attaque aux prérogatives de l’organe contrôlé par les plus puissants: l’Aréopage. Ses pouvoirs ont considérablement augmenté durant les guerres médiques (490 – 479 av. J.-C.), l’Aréopage est alors désigné comme « gardien de la constitution ». La réforme d’Ephialte en -462 lui enlève ce privilège, privant les aristocrates de pouvoir et octroyant toute la puissance au peuple. Cette forme de démocratie est souvent nommée « démocratie radicale ». Le terme apparait chez ses détracteurs qui n’acceptent pas que la politique soit accaparée par la masse populaire des citoyens.

Le Musée des Moulages possède deux bustes représentant le magistrat Périclès en commandant de guerre avec la présence du casque traditionnel du stratège (commandant militaire) (inv. L 833 et L 835). Les réserves du MuMo abritent aussi deux autres bustes de stratèges reprenant le même modèle iconographique (inv. L 837 et L 838) : cela montre l’importance donnée à Périclès et aux institutions athéniennes lors de la constitution de cette collection universitaire, à la fin du XIXe siècle.

©Université Lumière Lyon 2

Périclès est également un très grand politicien et domine le monde politique d’Athènes pendant près de 30 ans. Cette longévité unique le fera soupçonner d’aspirer à la tyrannie. Il répond à ces accusations par un serment solennel affirmant qu’il est le contraire d’un tyran.

Il nait dans une famille dont l’engagement politique ancien dicte ses choix démocratiques. Sa mère Agaristé est la petite fille de Clisthène, le grand réformateur qui a délivré Athènes de la tyrannie de Pisistrate et ses fils.

Il met fin à une injustice qui touche les catégories les plus pauvres de la population, qui comptant leurs drachmes, ne peuvent laisser leurs travaux pour se rendre aux assemblées. Ils sont donc de fait exclus des hautes magistratures, faute de pouvoir s’autoriser à manquer un jour de salaire. Périclès instaure le mysthos, l’équivalent d’une compensation financière journalière (le prix d’une journée de travail) pour les citoyens les plus pauvres qui occupent une magistrature. Elle permet aux citoyens peu aisés de pouvoir prétendre à l’élection d’une charge, que ce soit pour un jour ou pour un an.

Il ouvre aussi l’archontat aux classes les plus pauvres. Ces modestes archontes rentrent à l’Aréopage après leur mandat. Le prestige de ce dernier continue son lent déclin et il cesse de contrebalancer le pouvoir des stratèges.

Cependant il soustrait certaines charges et magistratures au hasard du tirage au sort, démocratique mais dangereux. Certains secteurs comme l’armée, la flotte, les architectes, les trésoriers, doivent bénéficier d’hommes compétents. Il ouvre par tirage au sort l’accès à des charges importantes: commissariat de la police, contrôleur des marchés, du pain, de la prostitution, chargé de l’affermage des mines publiques et des impôts etc. Paradoxalement il restreint les conditions d’obtention de la citoyenneté: il faut être né de deux parents citoyens et non plus d’un seul (avant seule la condition civique du père était examinée). On assiste ainsi à un repli de la démocratie, contraignant davantage ses conditions d’accès.

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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MuMo

L’Agora: espace de concentration des pouvoirs d’Athènes

LL’Agora: espace de concentration des pouvoirs d’Athènes

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Université Lumière Lyon 2/ HiSoMa) et médiateur au Musée des Moulages, nous en apprend un peu plus sur les institutions athéniennes. Quelles sont les fonctions tirées au sort ? Pour le savoir, il faut comprendre le fonctionnement des institutions de la Grèce du Ve siècle. Nous allons vous les présenter en les distinguant par pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire.

Le MuMo ne conserve pas une représentation complète de l’Athènes du Ve s. av. J.-C, mais nous conservons néanmoins une maquette de l’Acropole, réalisée au XIXe siècle (inv. L953). Le pouvoir, qu’il soit législatif, exécutif ou judiciaire est exercé en différents endroits autour de cette Acropole.

Deux institutions représentent le pouvoir législatif : l’Assemblée du peuple et la Boulè. Les réunions de l’Assemblée du peuple (ou ecclésia) se tiennent sur la colline de la Pnyx. Cette assemblée réunissant au moins 6000 hommes libres de vingt ans et plus est souveraine. Elle débat de tout, décide de tout, notamment de la guerre ou de la paix et intervient sur toutes les affaires intérieures de la cité. Pour prendre la parole il faut s’inscrire et le temps est limité. On ne peut interrompre ni agresser le citoyen orateur sous peine de mort. Après discussion d’une loi, le vote s’opère à main levée ou par bulletin secret pour les mesures graves.

©Alexis Grattier / Univ. Lumière Lyon 2

La Boulè (ou Conseil des Cinq Cents) est constituée de membres appelés bouleutes. Ils conseillent l’Assemblée du peuple, préparent les lois et contrôlent les magistrats. Ils se réunissent dans le bouleutérion situé sur l’Agora, une salle de délibération en forme d’hémicycle. La Boulè compte 500 membres (50 par tribu) qui sont tirés au sort par le peuple pour une durée d’un an.

Le pouvoir exécutif est représenté par deux corps de magistrats : les archontes et les stratèges. Il y a 10 archontes tirés au sort parmi les deux premières classes censitaires, pour un an. Leurs prérogatives sont larges : application des lois, gestion des affaires religieuses, des fêtes et des affaires de droit familial. Leur bureau borde le côté nord de l’Agora. Les stratèges sont aussi 10, élus pour un an. Ils exercent le pouvoir exécutif et commandent l’armée. Ils peuvent être réélus plusieurs fois : Périclès, par exemple, a été élu 15 fois.

Enfin, deux institutions représentent le pouvoir judiciaire : le tribunal de l’Héliée et l’Aéropage. Le tribunal de l’Héliée compte 6000 membres nommés héliastes, qui jugent les affaires civiles et criminelles. Ils sont tirés au sort par le peuple pour un an. C’est le plus grand tribunal de la cité, il se trouve également sur l’Agora (son nom, en référence à Hélios, est peut-être dû au fait que le bâtiment était très exposé au soleil). L’Aéropage est un tribunal qui juge les affaires d’homicides. Il est constitué par les anciens archontes, sortis de leur charge.

©Alexis Grattier / Univ. Lumière Lyon 2

La tribu est la clé de répartition des fonctions et des charges. Tous les ans, elle désigne par tirage au sort les 50 bouleutes qui vont représenter la tribu au sein du conseil de la Boulè. Elle fournit aussi 1000 hoplites (fantassins), 100 cavaliers, 1 archonte, 1 stratège etc.

Cette nouvelle conception de la participation aux affaires de la cité s’appelle l’isonomie. Nous traduisons généralement ce terme par « égalité devant la loi ». Il s’agit de l’égalité de droits politiques des citoyens, d’une distribution égale des pouvoirs entre eux. Elle implique de facto un droit de participation. Le pouvoir de décision est ainsi transféré au plus grand nombre. Les structures qui rendent possible la démocratie sont désormais en place, le démos (peuple) détient le kratos (pouvoir).

On aboutit à une démocratie directe à laquelle tous les citoyens majeurs peuvent participer. A partir des réformes de Clisthène, la nouvelle Boulè est dotée de pouvoirs qui visent à doubler ceux de l’Aréopage (constitué surtout d’aristocrates), afin de diminuer son influence. L’exercice de contrôle et d’évaluation de l’exécutif est également un facteur important du système démocratique : un examen de moralité avant l’entrée en charge et une reddition de comptes devant un collège spécial en sortie de charge sont exigés.

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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MuMo

 

L’organisation de la démocratie athénienne | Collections & Patrimoine

LL’organisation de la démocratie athénienne | Collections & Patrimoine

A travers cet article, nous allons nous intéresser à une stèle dont le moulage est conservé au MuMo (inv. 521) : la Stèle dite de Dexiélos. Cette stèle porte une inscription très intéressante. Voici sa traduction : « Dexiléos, fils de Lysanias, de Thorikos, naquit sous l’archonte Tisandre, mourut sous Eubolide à Corinthe (il fut) des cinq cavaliers ». Cette épitaphe nous intéresse à deux égards: la question de la composition des tribus et celle des magistratures.

Thorikos est ici le nom d’un des dèmes qui composent le territoire de l’Attique (région d’Athènes). Le dème est une division territoriale et administrative qui correspondrait pour nous à une municipalité. Les futurs citoyens à leur naissance sont inscrits sur la liste du dème auquel ils appartiennent de façon héréditaire. Ce dème fait partie de l’identité du citoyen.

Ici c’est le statut de la personne qui est mis en avant. Dexiléos est citoyen d’Athènes : il fait partie du corps civique et peut prendre part au gouvernement de sa cité, gérée de manière collégiale entre tous les citoyens. Il s’agit d’un motif de fierté pour ces personnes. La stèle de Dexiléos est une stèle funéraire particulière car à Athènes il y a un espace commun pour ceux qui sont morts à la guerre: le Démosion Sèma. Ce terme, que l’on peut traduire par « cimetière du peuple », est représentatif de l’esprit civique et égalitaire de la cité. Les soldats sont tous enterrés dans cet endroit et un monument porte leurs noms listés par tribu. La stèle de Dexiléos ne montre pas que la démocratie est malade et que sa volonté d’égalité est mise à mal à la fin du IVe siècle av. J.-C.

En effet Athènes, après un coup d’état à la fin de la guerre du Péloponnèse (qui l’oppose à Sparte de 431 à 404 av. J.-C.), est dirigée par des oligarques que l’on a appelés : les 30 tyrans. La Stèle de Déxiléos mentionne aussi « Naquit sous l’archonte Tisandre ». La magistrature de l’archontat est ancienne : elle date du VIIIe siècle av. J.-C., mais elle devient annuelle et n’est plus confiée à vie à partir du VIIe siècle av. J.-C.

Les archontes (« Ceux qui ont une archè », un pouvoir), élus au nombre de neuf, président à toutes les affaires, administratives, religieuses ou judiciaires – six d’entre eux sont chargés de la promulgation et de l’exécution des lois. L’archonte dit « éponyme » est le premier des archontes, il donne son nom à l’année de son mandat. Les dates sont mentionnées par ce moyen, c’est ce que l’on trouve sur la Stèle de Déxiléos : il est né l’année où l’archonte Tisandre était au pouvoir.

A leur sortie de charge, ces magistrats deviennent membre de l’Aréopage, qui siège sur la colline d’Arès. Il est constitué de dix anciens archontes : un par tribu. C’est un conseil qui contrôle l’action des archontes pendant leur mandat, prépare les votes de l’assemblée et exerce une justice criminelle. L’assemblée (l’ecclésia) du peuple n’a qu’un rôle restreint mais va progressivement se doter d’organes du pouvoir.

Vous souhaitez en savoir encore un peu plus sur le tirage au sort et les espaces civiques à Athènes ? Rendez-vous ici pour une interview de Liliane Lopez qui évoque plus spécifiquement ces thématiques: https://popsciences.universite-lyon.fr/ressources/le-tirage-au-sort-dans-lathenes-classique/

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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Le couple des Tyrannoctones au centre de l’acte fondateur de la démocratie athénienne | Collections & Patrimoine

LLe couple des Tyrannoctones au centre de l’acte fondateur de la démocratie athénienne | Collections & Patrimoine

Au cours de cet article, nous parlerons tyrannie, car paradoxalement c’est de la tyrannie qu’est issue la démocratie athénienne. Pour l’aborder, nous regarderons de plus près deux moulages conservés au MuMo : Harmodios et Aristogiton.

Dans la Grèce antique, la tyrannie n’a pas du tout le sens qu’on lui donne aujourd’hui. Le terme de tyran renvoie à un homme qui s’est emparé du pouvoir. Dans cette démarche, il reçoit souvent l’aide des classes populaires las du règne politique et économique des grandes familles aristocratiques. Il peut être issu d’une famille exilée, ou d’importance secondaire, mais il est souvent lui-même membre de ces grandes familles.

Le tyran maintient les lois et les institutions, mais place son action au-dessus d’elles. C’est ainsi que procède le tyran Pisistrate, lorsqu’il prend le pouvoir à Athènes en 561 av. J.-C. Il est le chef du parti populaire. Il respecte les lois en vigueur, s’attire les faveurs du peuple des campagnes par des avances d’argent, et de celui de la ville par le développement du commerce. Puis ses fils, Hippias et Hipparque, lui succèdent. On parle alors de la famille ou de la dynastie des Pisistratides. A la mort de Pisistrate en 527 av. J.-C., son fils et successeur Hippias tente une vaine réconciliation avec les familles nobles exilées sous le règne de son père. Il rappelle alors la famille des Alcméonides et Clisthène est élu premier archonte (magistrat) d’Athènes en 524 av. J.-C. Mais la paix ne dure pas. Hipparque est assassiné par les « tyrannoctones », c’est-à-dire « Les meurtriers des tyrans ». Le MuMo expose justement un groupe statuaire qui représente les « tyrannoctones », Harmodios et Aristogiton (inv.L342 et L343). ©C.Mouchot et A.Grattier/Univ. Lumière Lyon 2. Les originaux sont des statues en bronze, œuvres d’Anténor, érigées sur l’agora d’Athènes au début du Ves. av.J.-C.

© C. Mouchot – Université Lumière Lyon 2

Harmodios est alors tué par les gardes d’Hipparque et Aristogiton est arrêté plus tard, torturé puis exécuté. Acte fondateur de la démocratie, il ne marque pas cependant tout de suite la fin de la tyrannie. Profondément marqué par ce tyrannicide, Hippias instaure une répression sanglante dès 512 av. J.-C. tandis que les Alcméonides tentent de reprendre le pouvoir. Sur recommandation de la Pythie de Delphes, ces derniers demandent alors l’appui de Sparte et de son roi Cléomène qui réussit à chasser le tyran en 510 av. J.-C.

Ce premier groupe en bronze représentant Harmodios et Aristogiton est emporté par le roi perse Xerxès Ier lors de la seconde guerre Médique (-480). Il est remplacé par un autre groupe en 476 av. J.-C. Celui du MuMo est le moulage d’une copie romaine du second groupe, retrouvée dans la villa d’Hadrien à Tivoli (Italie) et conservée à Naples, au musée archéologique national. Nous connaissons les grandes sculptures classiques grecques grâce à la passion des romains pour la copie en marbre, qui ne peut être fondue et revendue comme le bronze. Les deux statues ont été réunies dans les années 1970.

© C. Mouchot – Université Lumière Lyon 2

Aristogiton cache l’action d’Harmodios à droite avec l’étoffe pendant que ce dernier porte le coup fatal au tyran. La tension de l’action est renforcée par le fait que le spectateur qui regarde ces statues de face se retrouve à la place de la victime. Leur figure devient un puissant symbole pour le régime démocratique ; après le sac d’Athènes durant les guerres médiques, ce sont les premières statues que l’on refait et que l’on replace dans l’espace public. Athènes ne veut plus du « pouvoir d’un seul » qui mène à des révoltes entre factions. Elle veut un régime d’avantage démocratique pour contrer l’influence des puissants.

Après la fuite du dernier Pisistratide, elle retrouve le bon fonctionnement de ses anciennes magistratures mais un processus de démocratisation du pouvoir s’accélère, qui devient progressivement plus égalitaire. La première réforme qui jette les bases de l’isonomie (égalité devant les lois) est due à Solon (640-558 av. J.-C.), mais c’est l’action réformatrice de Clisthène (vers 565 – vers 500 av. J.-C.) qui va profondément remanier le système politique athénien.

Pour en apprendre davantage sur les actions de Solon et la réforme de Clisthène, rendez-vous ici: https://popsciences.universite-lyon.fr/ressources/democratie-et-bande-dessineecollectionspatrimoine/

 

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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