Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

Vers une nouvelle gestion des eaux en ville

VVers une nouvelle gestion des eaux en ville

Organisée à l’occasion du lancement du 12e numéro du Pop’Sciences Mag, Eau, maintenant ou jamais, cette rencontre-débat a eu pour ambition d’interroger notre rapport à l’eau dans les contextes urbains, et plus particulièrement notre gestion des eaux pluviales.

Face aux périodes de canicule que nous vivons de plus en plus fréquemment, nous prenons vraiment conscience qu’il est urgent de modifier nos modes de vie et pratiques, notamment dans les villes. La gestion des eaux de pluie est alors un élément crucial à adapter pour l’avenir. Pollution des eaux, transfert de ces polluants vers l’environnement, désimperméabilisation des surfaces, végétalisation, réutilisation des eaux de pluie … autant de sujets développés lors de cette discussion.

Cette rencontre-débat a ainsi proposé un éclairage sur ces questions par les regards croisés de Marie Privé, journaliste pour le Pop’Sciences Mag, et Jean-Luc Bertrand-Krajewski, enseignant chercheur en hydrologie urbaine au laboratoire DEEP (INSA Lyon).

>> (Re)découvrez l’intégralité de la rencontre :

Crédit vidéo : © Bibliothèque municipale de Lyon

Un événement Pop’Sciences/Université de Lyon organisé en collaboration avec la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu.

>> La retransmission de la rencontre est également disponible sur le site :

Bibliothèque municipale de Lyon.

Pop’Sciences Mag : donnez-nous votre avis !

PPop’Sciences Mag : donnez-nous votre avis !

Énergies, Océans, Émotions, Tourisme …  Depuis maintenant 6 ans et 12 numéros, Pop’Sciences Mag se saisit de grandes thématiques sociétales, pour les éclairer par le regard pluridisciplinaire de nombreux chercheurs et experts.

Vous êtes les lecteurs de Pop’Sciences Mag et, en ce sens, les garants de notre ligne éditoriale. Dans une perpétuelle quête d’améliorations de notre magazine, nous souhaitons recueillir votre avis !

Nous vous proposons ainsi de répondre à un questionnaire, qui vous prendra environ 10 minutes.

Nous vous remercions par avance de vos réponses, qui nous seront d’une grande utilité pour continuer à vous proposer un contenu de qualité et qui corresponde à vos attentes.

Pour répondre à l’enquête :

CLIQUEZ-ICI

 

Retrouvez toute la collection des Pop’Sciences Mag ici.

Vers une nouvelle gestion des eaux en ville | Rencontre-débat Pop’Sciences

VVers une nouvelle gestion des eaux en ville | Rencontre-débat Pop’Sciences

Organisée à l’occasion du lancement du 12e numéro du Pop’Sciences Mag, Eau, maintenant ou jamais, cette rencontre-débat aura pour ambition d’interroger notre rapport à l’eau dans les contextes urbains.

A la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu (Lyon).

Le Mardi 7 novembre de 18h30 à 20h30.

Suite à l’été caniculaire que nous venons de vivre, nous prenons vraiment conscience qu’il est urgent de modifier nos modes de vie et pratiques, notamment dans les villes. Il est maintenant nécessaire de re-végétaliser les espaces, rendre perméable les sols et surfaces de la ville, penser de nouveaux systèmes pour gérer, collecter et utiliser les eaux de pluie…

Cette rencontre-débat proposera un éclairage sur ces questions par les regards croisés de Marie Privé, journaliste pour le Pop’Sciences Mag, et Jean-Luc Bertrand-Krajewski, enseignant chercheur en hydrologie urbaine au laboratoire DEEP (INSA Lyon).


PROGRAMMATION

18h30 – Présentation du 12e numéro du Pop’Sciences Mag

18h45 – Rencontre – débat avec Marie Privé et Jean-Luc Bertrand-Krajewski

19h45 – Discussion avec le public

Jauge public limitée, pensez à vous inscrire sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon :

INSCRIPTION


Un événement Pop’Sciences/Université de Lyon organisé en collaboration avec la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu.

Cette programmation est développée dans le cadre du projet LYSiERES² – Sciences avec et pour la société.

 

Le Pop’Sciences Mag « Eau, maintenant ou jamais » a été développé avec le soutien de la Métropole de Lyon, de la Région AURA, du projet LYSiERES²– Sciences avec et pour la société, de l’Ecole universitaire de recherche H2O Lyon, du projet Life RECYCLO du programme européen LIFE de la Commission européenne, de la CASDEN, de la Ville de Lyon.

Avec la participation de nombreux laboratoires et établissements d’enseignement supérieur : Unité de recherche RiverLy, Centre INRAE Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes, Laboratoire déchets, eau, environnement, pollutions, Observatoire de terrain en hydrologie urbaine, Laboratoire environnement-ville-société, Groupe de recherche angevin en économie et management, Institut européen des membranes, unité de recherche REVERSAAL, Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, Groupe d’analyse et de théorie économique, CNRS, INSA Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3, Université Lumière Lyon 2, Université Jean Monnet de Saint-Étienne, École nationale Supérieure
des Mines de Saint-Étienne, ENS de Lyon, École nationale supérieure d’Architecture de Lyon, ENTPE, Université d’Angers, Université de
Montpellier, École nationale supérieure de chimie de Montpellier, Grenoble INP-UGA, Université Grenoble-Alpes, Institut d’ingénierie et de management, Institut de recherche pour le développement

 

Déplastifier le monde | Pop’Sciences Mag#11

DDéplastifier le monde | Pop’Sciences Mag#11

Matériau polymère aux propriétés exceptionnelles, omniprésent dans l’ensemble des secteurs d’activité de nos sociétés modernes et mondialisées, il n’aura fallu qu’un demi-siècle au plastique pour devenir indispensable, mais également proliférer au point de générer une pollution qui semble hors de contrôle.

Nous sommes addicts au plastique. Chaque seconde l’activité humaine engendre 10 tonnes de ce matériau. Sur les 460 millions de tonnes de matières plastiques générées en 2019, à peine 20 % ont été recyclés, un quart incinérés, le reste a été jeté en décharge ou perdu dans l’environnement.

La métaphore de l’iceberg s’applique parfaitement à la pollution engendrée par ces matériaux. La partie émergée correspond à la pollution visible : celle qui flotte ou s’enfonce dans les eaux du globe, vole au vent, se coince sur les bas-côtés des routes… La partie immergée, plus grande et invisible, se compose d’une gigantesque masse de microparticules que les scientifiques peinent encore à quantifier, mais à propos de laquelle ils s’accordent à dire qu’elle s’immisce à chaque recoin de notre planète : dans l’air, au sommet des massifs et au sein-même des organismes vivants… humains compris.

Dès lors, nous avons souhaité mobiliser les savoirs actuels de scientifiques de nombreuses disciplines pour comprendre l’ensemble de la chaîne de production et de distribution des plastiques, et de gestion de leurs déchets, mais également pour dessiner les contours d’un monde qui pourrait se défaire de sa
dépendance aux plastiques.

Ce nouveau numéro du Pop’Sciences Mag croise les regards de physiciens, géographes, historiens, chimistes et sociologues pour tenter de répondre à une problématique plus complexe qu’il n’y paraît : sommes-nous capables d’enrayer la prolifération indomptée de plastique dans l’environnement ?

Isabelle Bonardi
Directrice Culture, Sciences et société – ComUE Université de Lyon

Avec la participation des instituts et établissements suivants : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, École Centrale de Lyon, École Urbaine de Lyon, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Institut national des sciences appliquées (INSA) Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL), Université d’Aix-Marseille, Université Jean Monnet Saint-Étienne, Université de Liège, Université Lumière Lyon 2, Université de Picardie – Jules Verne, Université de Reims.

>> Découvrir le magazine en ligne :

Pop’Sciences Mag#11

Un espoir pour percer les mystères de la pollution plastique à l’échelle moléculaire | Pop’Sciences Mag#11

UUn espoir pour percer les mystères de la pollution plastique à l’échelle moléculaire | Pop’Sciences Mag#11

Pour évaluer les effets cachés de la pollution plastique sur les écosystèmes aquatiques, il est nécessaire de s’intéresser à la structure moléculaire des micropolluants libérés dans l’eau lorsque le plastique se dégrade. Pour repérer ces substances, les chimistes mettent en œuvre des analyses chimiques ciblées qui permettent d’identifier des molécules déjà connues. En parallèle, ils ont recours à des techniques de pointe plus performantes, les analyses non ciblées, dans le but d’étudier de nouveaux contaminants encore inconnus et potentiellement toxiques.

Par Marie Privé,

Pop’Sciences Mag #11 | Déplastifier le monde ? | Novembre 2022.

Infographie analyses chimiques plastique milieux aquatiques - SBELAUD- BD

Dans quelle mesure les eaux sont-elles polluées par les substances chimiques issues des plastiques qui se désintègrent ? S’il est encore trop tôt pour apporter des réponses précises à cette question, celle-ci fait l’objet d’un intérêt grandissant afin de mieux comprendre l’impact de la pollution aux micro et nanoplastiques sur l’environnement. Dispersées par le vent, par les eaux de ruissellement ou directement rejetées par les stations d’épuration, les substances chimiques liées aux activités humaines se retrouvent en grande partie dans les milieux aquatiques. Fabriquées à l’origine par l’industrie chimique pour notre confort (médicaments, pesticides, colorants…), ces molécules, une fois rejetées dans la nature, se transforment en micropolluants organiques pour la faune et la flore. Les phtalates, par exemple, couramment utilisés pour assouplir les matières plastiques et reconnus comme perturbateurs endocriniens, sont des micropolluants omniprésents dans le milieu aquatique. D’après un rapport de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), ils ont été retrouvés dans 95 % des eaux de surfaces continentales évaluées[1].

On ne trouve que ce que l’on cherche

Pour détecter cette pollution au niveau moléculaire et ainsi évaluer l’état chimique d’une rivière ou d’un cours d’eau, les chercheurs utilisent habituellement la spectrométrie de masse[2] selon une approche dite “ciblée”. Cette technique d’analyse chimique permet de détecter et de quantifier des micropolluants dans un échantillon d’eau, de sédiment ou de boue. « Ça, c’est la partie visible de l’iceberg, observe Cécile Miège, chimiste et directrice adjointe de l’unité de recherche RiverLy (Centre Inrae Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes). On ne retrouve que des molécules déjà connues et que l’on a décidé de chercher. » Bien que performante, l’analyse ciblée ne permet de détecter qu’une minorité des micropolluants potentiellement toxiques. Avec cette méthode, l’état chimique d’une rivière est évalué sur la base d’une cinquantaine de substances préalablement connues. « En une seule analyse non-ciblée, on peut recueillir des informations sur plusieurs milliers de molécules, relève Cécile Miège. C’est une méthode d’exploration plus globale et sans a priori. » À terme, les chercheurs peuvent ainsi déterminer la formule brute d’un micropolluant inconnu. L’objectif ? Découvrir de nouveaux contaminants et identifier les plus préoccupants, afin d’œuvrer à leur réduction.

De nombreuses nanomolécules à passer au crible

Technique encore coûteuse et chronophage, l’analyse chimique non-ciblée n’est utilisée que depuis très récemment dans le cadre de la surveillance des milieux aquatiques. Si cette nouvelle méthode n’est pas encore directement appliquée aux matières plastiques, elle pourrait à l’avenir permettre de mieux décortiquer leurs structures moléculaires et leurs interactions avec l’environnement : « Aux polymères de base s’ajoutent une vaste gamme d’additifs et de colorants, ce qui rend la composition des plastiques très complexe, note la chimiste. On suspecte qu’ils regorgent d’un magma de nombreuses nanomolécules encore inconnues, d’où l’intérêt de développer l’exploration des matières plastiques en analyse non-ciblée»

[1] Institut national de l’environnement industriel et des risques. Résultats de l’étude prospective 2012 sur les contaminants émergents dans les eaux de surface continentales de la métropole et des DOM (2014).

[2] Technique physique d’analyse très puissante et sensible qui permet de détecter et d’identifier des structures moléculaires par mesure de leur masse.


PPour aller plus loin :

Les milieux aquatiques au bord de l’overdose

Dans la jungle des plastiques verts | Pop’Sciences Mag#11

DDans la jungle des plastiques verts | Pop’Sciences Mag#11

Qu’ils soient biosourcés, biodégradables ou compostables, les polymères élaborés à partir de biomasse végétale prétendent offrir des alternatives durables aux matériaux plastiques issus des hydrocarbures. Sont-ils pour autant parés de toutes les vertus que leur prêtent leurs promoteurs ?

Par Grégory Fléchet,

Pop’Sciences Mag #11 | Déplastifier le monde ? | Novembre 2022.

Gobelets en bioplastiques compostables, retrouvés lors d'une campagne de ramassage de déchets sur une plage de New-York (USA)

Gobelets en bioplastiques compostables, retrouvés lors d’une campagne de ramassage de déchets sur une plage de New-York (USA) / ©Brian Yurasits

L’un des principaux griefs adressés aux plastiques fabriqués à partir de combustibles fossiles tient à leur robustesse exceptionnelle. Abandonnés dans la nature, ils peuvent alors persister des centaines, voire des milliers d’années, sans se dégrader. Si n’importe quel emballage plastique finit par se fragmenter sous l’action du rayonnement solaire et des intempéries, les molécules qui le constituent ne peuvent en revanche réintégrer aucun des grands cycles biogéochimiques de la biosphère. Depuis quelques années, des polymères d’un nouveau genre prétendent offrir des alternatives durables aux plastiques conventionnels. Qualifiés le plus souvent de biosourcés, ces produits issus de la transformation de ressources végétales représentent actuellement 1 % de la production mondiale de matières plastiques. « Parmi ces produits, un peu plus de la moitié se contentent de reproduire des polymères conventionnels comme le PET ou le PE ce qui ne leur octroie en rien un caractère biodégradable puisqu’ils se comportent de la même manière que n’importe quel plastique dérivé des hydrocarbures », constate Frédéric Dubreuil, maître de conférences en physique-chimie à l’École Centrale de Lyon et chercheur au laboratoire de tribologie et dynamique des systèmes (CNRS).

Le plastique compostable promis à un bel avenir

À peine plus de 40 % de ces polymères biosourcés sont par ailleurs véritablement biodégradables. « Il s’agit en majorité de films bioalimentaires élaborés à partir d’amidon de maïs ou de pomme de terre, dont le pouvoir plastifiant résulte de l’incorporation de composés organiques d’origine naturelle comme le glycérol ou le sorbitol », précise le chercheur. L’acide polylactique (PLA) constitue environ 10 % de ces plastiques “écologiques”. Présenté par les industriels de la plasturgie comme la première alternative naturelle au polyéthylène (PE), le PLA n’est pas à proprement parler un plastique biodégradable selon Nathalie Gontard : « bien que les promoteurs du PLA le présentent comme un matériau compostable, l’opération de compostage doit être réalisée à une température de 60°C. Ce qui implique de mettre en place une filière industrielle spécifique. » Quid, enfin, de l’impact environnemental des différents plastiques élaborés à partir de la biomasse végétale ? « Les seules substances véritablement inoffensives une fois retournées à l’état de rebuts sont les plastiques biodégradables en conditions naturelles comme les polyhydroxyalcanoates (PHAs) », tranche la directrice de recherche. Bien qu’ils ne constituent pour l’instant qu’une infime partie de la grande famille des bioplastiques, les PHAs semblent promis à un bel avenir. Car, contrairement aux autres polymères biosourcés, dont la production entre directement en concurrence avec celle de nos ressources alimentaires, les PHAs peuvent être élaborés à partir de simples résidus agricoles.


PPour aller plus loin

Recyclage. L’illusion d’un modèle vertueux

Bouteille en plastique, crachant de la fumée par le bouchon

Déchets sauvages : la persistante stigmatisation des plus pauvres | Pop’Sciences Mag #11

DDéchets sauvages : la persistante stigmatisation des plus pauvres | Pop’Sciences Mag #11

En matière de déchets et particulièrement dans le cas du plastique, la responsabilité de la pollution incombe encore largement aux consommateurs, notamment à travers l’injonction au tri sélectif. Mais cette culpabilisation est telle que ces derniers développent ensuite une attitude sociale ambiguë, qui consiste à rejeter à nouveau la faute sur d’autres citoyens plutôt que de regarder à la source du problème. Et comme bien souvent, ce sont ceux qui génèrent le moins de déchets, c’est-à-dire les populations défavorisées, qui souffrent le plus de cette stigmatisation.

Par Samuel Belaud,

Pop’Sciences Mag #11 | Déplastifier le monde ? | Novembre 2022

Le sociologue Denis Blot (Université de Picardie – Jules Verne) explique qu’on ne sait finalement pas vraiment comment les déchets se retrouvent dans la nature et que face à cette méconnaissance, nous avons tendance à convoquer des stéréotypes sociaux plutôt que de nous tourner vers les raisons profondes de la contamination. Pour le chercheur, « à de très rares exceptions, dans mes études de terrain, ce sont toujours les populations reléguées qui sont désignées comme responsables des pollutions : les roms, les sdf, les ‘’cassos’’… ». Il s’agit d’un préjugé social prégnant, « qui date de l’hygiénisme de la fin du 19e siècle », précise-t-il, qui veut que les plus pauvres négligent plus que les autres la salubrité de leur environnement. Cette « frontière morale »[1] comme définie par Pierre Paugam, confine les débats autour de la responsabilité environnementale à l’échelle des consommateurs ; et occulte le rôle joué par l’industrie dans la dissémination des plastiques.

Du chiffonnier (à gauche) aux enfants ramasseurs d’ordures (à droite), la figure du collecteur de déchets n’a pas réellement évolué depuis deux siècles. Le bas de l’échelle sociale tient toujours le rôle et la corporation souffre des mêmes attributs discriminants : insalubre et indésirable. © Eugène Atget (1899) © Jonathan McIntosh (2004)

Cette distinction prégnante entre la négligence des pauvres et la propreté des autres, montrerait donc que les discours dominants de l’écologie sont encore construits autour d’une morale qui appartient essentiellement aux classes aisées. Dans un article paru en 2015[2], Jean-Baptiste Comby précisait que ces discours et cette morale contribuent « à un mépris de classe qui, en matière d’écologie, se manifeste toutes les fois où l’on s’étonne du fait que, malgré leurs « vieilles » voitures ou leurs logements « mal » isolés, les modes de vie des moins privilégiés présentent tendanciellement une empreinte écologique plus faible que ceux des autres milieux sociaux ».

Ce sont pourtant bien les 10 % des personnes les plus riches qui génèrent près de la moitié des gaz à effets de serre sur Terre[3]. Ce déni « de la distribution sociale des pollutions » telle que le chercheur le décrit, occulte la véritable responsabilité des industriels dans la crise écologique, il écarte les populations les plus pauvres de la construction d’une morale environnementale et, in fine, entretient le statu quo du tout plastique.

  • [1] Paugam, S. et al. Ce que les riches pensent des pauvres, Le Seuil, Paris, 352 p. (2017).
  • [2] Comby, J. À propos de la dépossession écologique des classes populaires. Savoir/Agir, 33 : 23-30, (2015).
  • [3] Chancel, L., Piketty, T., Saez, E., Zucman, G. et al. World Inequality Report 2022, World Inequality Lab, p.122 (2022).

PPOUR ALLER PLUS LOIN :

Le paradoxe de la civilisation plastique

Des microplastiques sur les pentes des glaciers | Pop’Sciences Mag #11

DDes microplastiques sur les pentes des glaciers | Pop’Sciences Mag #11

Grâce aux courants atmosphériques, les plastiques voyagent sur de longues distances et polluent des sites que nous pensions encore préservés. Sur le massif du Mont Blanc, la contamination est généralisée.

Par Caroline Depecker,

Pop’Sciences Mag #11 | Déplastifier le monde ? | Novembre 2022

Sur le toit des Alpes, la neige est immaculée. Mais à y regarder de plus près, elle contient, elle aussi, des microplastiques. Une expédition scientifique s’en est assuré l’année dernière, en allant prélever l’eau de fonte des 18 plus grands glaciers du massif du Mont Blanc. « Quel que soit le site de collecte, on y a retrouvé du plastique, explique David Gateuille, enseignant-chercheur[1] à l’Université Savoie Mont Blanc et référent scientifique de la mission. Si on considère l’ensemble des bassins versants couverts par les torrents glaciaires étudiés, c’est 80 % du massif qui est concerné par cette contamination dont l’origine est en partie atmosphérique. »

Lors des prélèvements dans les torrents glaciaires, le filet retient des particules aussi fines que l’épaisseur d’un cheveu. ©Zimy Da Kid

Organisée par Aqualti et Summit Foundation, deux associations française et suisse, l’opération s’est déroulée en juin 2022. Pendant cinq jours consécutifs, les membres de l’expédition Clean Mont Blanc ont appliqué un même protocole : disposer un filet en forme d’entonnoir, fermé au fond par une « chaussette », au milieu du courant alimenté par le glacier. La largeur de la maille est de 50 microns – soit 50 millièmes de millimètre – l’épaisseur d’un cheveu. Après avoir filtré un volume d’eau suffisant pour récupérer de la matière, le filet est retiré et placé dans un bocal. Une quarantaine d’échantillons ont été ainsi récoltés. La suite se déroule au laboratoire. Une fois les débris organiques et minéraux éliminés, le nombre de particules plastiques et leurs natures sont déterminés par analyse infrarouge.

Sans surprise, les polymères identifiés correspondent aux matériaux de nos biens de consommation les plus courants, à savoir le polyéthylène, le polypropylène et le PET de nos bouteilles plastiques. « Les quantités mesurées avoisinent celles que nous observons dans les lacs d’altitude, soit 10 microparticules pour 1 000 litres d’eau », observe David Gateuille. Ces valeurs sont faibles, environ cent fois moindres que celles relevées dans des lacs de plaine et de milieu urbain, pour lesquels les sources de pollution directes sont nombreuses.

Le scientifique continue : « Pareillement, on observe une forte variabilité des mesures : certains torrents présentent des concentrations 10 fois plus élevées que d’autres, sans explication évidente. Ce jeu de données est inédit. Il nous reste à l’étayer ».

L’équipe embarquée dans le projet Clean Mont Blanc n’en est pas à son premier projet scientifique dédié à l’étude de sites isolés. En 2019, avec la campagne Plastilac, son action s’était concentrée sur neuf lacs alpins situés à plus de 1 800 mètres d’altitude, difficiles d’accès et, à l’image des glaciers, éloignés de l’activité humaine. « Caractériser la pollution des torrents glaciaires s’inscrit naturellement dans la continuité de cette campagne, commente David Gateuille. Puisqu’ils les alimentent en eau, les glaciers constituent une source de contamination des lacs en microplastiques. L’intérêt, c’est d’en évaluer les flux entrants ». Le rôle du manteau neigeux comme zone de stockage temporaire des polluants est également une autre question investiguée.

[1] Laboratoire environnements, dynamiques et territoires de montagne – Edytem. (CNRS ; USMB)


PPOUR ALLER PLUS LOIN :

Microplastiques, maxi-risques ? Une approche systémique à privilégier

Déplastifier le monde | Rencontre-débat Pop’Sciences

DDéplastifier le monde | Rencontre-débat Pop’Sciences

SSOIRÉE DE LANCEMENT DU POP’SCIENCES MAG #11

Il n’aura fallu qu’un demi-siècle au plastique pour devenir indispensable, mais également proliférer au point de générer une pollution qui semble hors de contrôle.

A l’occasion de la sortie du 11e numéro du Pop’Sciences Mag, Déplastifier le monde, Pop’Sciences vous propose d’assister à une rencontre-débat.

A la Maison du livre, de l’image et du son (MLIS) à Villeurbanne.

Le 22 novembre de 17h30 à 19h, suivie d’un temps convivial.

Cette rencontre-débat aura pour ambition d’interroger le rapport de notre société moderne aux matières plastiques. Nos modes de production doivent-ils être remis en question ? Les nouveautés technologiques sont-elles la solution ? Tout repose-t-il sur les épaules des consommateurs ?

Autant de questions que nous vous proposons d’explorer sous les regards croisés de Myra Hird, professeure spécialisée dans la sociologie des déchets, Yvan Chalamet, enseignant-chercheur en sciences des matériaux, et Sylvain Bourmeau, journaliste et directeur du média AOC.


©Visée A

PROGRAMMATION

17h30 – Présentation du 11e numéro du Pop’Sciences Mag

17h45 – Rencontre – débat avec Myra Hird, Yvan Chalamet et Sylvain Bourmeau

19h – Temps de convivialité

Jauge public limitée, pensez à vous inscrire via le formulaire ci-contre (ci-dessous sur mobile).


 

Un événement Pop’Sciences organisé en collaboration avec la Maison du livre, de l’image et du son de Villeurbanne.

Programmation développée dans le cadre du projet Lysières – Sciences avec et pour la société.

Ils soutiennent la réalisation de ce programme :

Plongée dans la lumière des océans | Un article Pop’Sciences

PPlongée dans la lumière des océans | Un article Pop’Sciences

Au large de Toulon, Kameleon et Lynx sont prêts à ouvrir les yeux. Les deux objectifs qui équipent la « biocaméra » conçue à l’IP2I de Lyon ont pour mission d’observer les organismes bioluminescents peuplant les abysses. Ils ont accompagné l’immersion d’un petit robot en février dernier. Récit en mer depuis le navire.

Un article de Caroline Depecker, journaliste scientifique
pour Pop’Sciences – 24 mai 2022

Ce lundi 7 février, il fait froid au petit matin dans le laboratoire de cultures biologiques du « Pourquoi Pas ? ». Le navire océanographique, l’un des plus grands de la flotte Ifremer, stationne à 40 kilomètres au large de Toulon. En attendant la prochaine mise à l’eau de matériels scientifiques, la biologiste Marthe Vienne et moi, nous sommes isolées pour étudier le plancton récolté quelques heures plus tôt. Notre objectif : observer sa bioluminescence, c’est-à-dire les signaux lumineux qu’il émet naturellement. Dans le laboratoire, c’est le noir absolu. Bien que je sache le cristallisoir rempli d’eau de mer en face de moi, je ne distingue tout d’abord… rien. Je cligne des yeux, comme la biologiste l’a recommandé, pour dissiper toute trace de lumière rémanente sous mes paupières et laisse mes pupilles s’adapter peu à peu.

écran de bord indiquant la profondeur de la mer sous le navire

2400 mètres, la profondeur à atteindre pour chaque matériel immergé. / © C.Depecker

Soudain, un flash bleu ! Puis un deuxième, un troisième… « Et celui-ci, l’as-tu vu ? » « Où ? » « Là ! » C’est un véritable feu d’artifice auquel nous assistons avec enthousiasme. Dans leur bassin de fortune, de minuscules crustacés bioluminescents se livrent à un ballet improvisé. On les appelle copépodes. A la base de la chaîne alimentaire marine, ces animaux planctoniques profitent des courants du milieu ambiant pour se déplacer. Tout à coup, mon regard accroche un corps fuselé : un petit mobile couleur cyan se déplace vers la droite, il suit l’horizontale. S’éteignant souvent, l’objet lumineux est difficile à suivre. « C’est un Euphausiacé, autrement dit du krill, commente Marthe. Le filet l’a remonté depuis la profondeur de 100 mètres, ce qui est peu courant ». Cet autre crustacé, à l’apparence de crevette, est la nourriture privilégiée des baleines.

Un robot détecteur de bioluminescence

Étudiante en master 2 d’océanologie, Marthe Vienne est venue en mer Méditerranée pour mettre au point différents protocoles expérimentaux. La mission scientifique à laquelle elle participe entre dans le cadre des études menées par Séverine Martini, chercheuse à l’Institut océanologique de Marseille (MIO) et spécialiste en bioluminescence marine. Depuis une semaine, le « Pourquoi Pas ? » contribue au déploiement d’un observatoire câblé pluridisciplinaire, baptisé EMSO-LO, dont une partie est appelée à résider au fond de la mer. Plusieurs instruments de mesure dédiés aux géosciences et aux sciences de la mer sont ainsi immergés sur la plaine abyssale méditerranéenne, à 2400 mètres de profondeur. Parmi eux, BathyBot, un robot chenillé bardé de capteurs et capable d’arpenter l’espace sédimentaire.

Premier dispositif immergé, le jeudi 3 février, BathyBot est muni d’une caméra haute sensibilité lui permettant de détecter la lumière émise par les organismes peuplant les abysses. Une des tâches confiées au véhicule opéré depuis la surface sera, lors de ses explorations prochaines, de surveiller cette bioluminescence. « Celle-ci augmente parfois brusquement suite aux mouvements de masses d’eau qui apportent aux eaux profondes de l’oxygène et des nutriments, « boostant » ainsi l’activité biologique, commente Christian Tamburini, responsable de la mission scientifique et chercheur CNRS en microbiologie au MIO. L’idée que nous poursuivons, Séverine et moi, est de suivre le phénomène en continu avec le robot, et d’évaluer dans quelle mesure les bactéries bioluminescentes en sont majoritairement responsables, ou pas ».

Bathybot sur le pont arrière du navire avant sa mise à l'eau

A l’abri dans sa station d’accueil, le robot BathyBot attend son immersion sur le navire. Crédits Cyril FRESILLON / MIO / CNRS Photothèque

La neige marine comme puits de carbone

Confortablement installé dans un des fauteuils du carré des officiers (la pièce faisant office de salon sur un navire, ndlr) du « Pourquoi Pas ? », le microbiologiste m’explique, à grand renfort de schémas, que ce paramètre lui permettrait de mieux comprendre comment fonctionne la pompe biologique océanique. Dans cette métaphore, le phytoplancton des océans – le plancton végétal – amorce une merveilleuse machinerie hydraulique en captant le CO2 de l’atmosphère durant sa photosynthèse. Cette première étape conduit, via la chaîne alimentaire marine, à la production de déchets organiques qui se déposent sur les fonds sédimentaires sous la forme de particules neigeuses et qui y restent emprisonnées. L’enfouissement de la neige marine, riche en matière carbonée, contribue pour partie à la séquestration du CO2 atmosphérique par les océans.

A côté de ce processus biologique, il existe une autre manière de séquestrer le dioxyde de carbone qui est, elle, physique : le CO2 atmosphérique se dissout naturellement dans l’océan et cette dissolution est favorisée à basse température. L’eau froide étant plus dense, elle plonge et emporte avec elle le CO2 dissous. Grâce au couplage de ces deux phénomènes, le poumon bleu de notre planète représente un gigantesque puits de carbone capable d’absorber jusque 30% du gaz carbonique émis par les activités humaines.

Une vigie sous-marine faite de titane

Si les scientifiques savent quantifier le stock de matière carbonée représenté par la pompe biologique, ils n’en connaissent pas clairement les mécanismes à l’œuvre. Or, d’après Christian Tamburini, le rôle des bactéries bioluminescentes vivant à la surface des particules de neige marine a été largement négligé dans les études jusqu’à présent. Et pour le chercheur, dans le contexte du changement climatique, collecter des données sur le sujet apparaît essentiel afin d’améliorer les modèles simulant l’évolution de l’océan et du climat. Lui et Séverine Martini ont à cœur d’explorer cette thématique de recherche au MIO.

Homme de quart suveillant un écran à la passerelle du navire plongée dans le noir

Observation des instruments de navigation dans la timonerie. Crédits : Cyril FRESILLON / MIO / Ifremer / CNRS Photothèque

 

A l’affût des moindres signaux lumineux exprimés dans les abysses, BathyBot ne sera pas seul. Sorte de vigie placée dans le champ d’exploration du robot, la « biocaméra » développée à l’Institut de physique des deux infinis (IP2I) de Lyon, par le physicien Rémi Barbier et son équipe, l’accompagnera dans sa tâche. La biocaméra consiste en un jeu de deux caméras, l’une baptisée Kameleon pour des prises de vue couleur et l’autre nommée Lynx pour des images en noir et blanc. Leur association permettrait de reconstruire des images tridimensionnelles des organismes bioluminescents entrant dans leur champ de vision. « Chaque objectif est contenu dans un tube en titane prévu pour résister à la corrosion et à l’énorme pression qui existe à 2400 mètres de profondeur, soit quelque 240 fois la pression atmosphérique », explique Carl Gojak, ingénieur de recherche au CNRS lors d’une excursion sur la plage arrière du « Pourquoi Pas ? ». Lui et ses collaborateurs de la Division technique de l’Institut national des sciences de l’Univers de Marseille ont été étroitement associés à la fabrication de l’ensemble des instruments de mesure d’EMSO-LO – dont la biocaméra. « Les deux tubes sont surmontés d’un éclairage à base de LEDs, montre le scientifique. Enfin, le tout est vissé à un trépied en acier mesurant un mètre trente de haut. L’ensemble posé sur le fond sera donc fixe ».

Descente mesurée dans les abysses

Ce mardi 8 février, à 21h, je me déplace à pas feutrés à l’étage le plus élevé du navire. Sur la passerelle du navire plongé dans l’obscurité, le silence est de rigueur pour ne pas troubler la manœuvre en cours : Carl Gojak assiste l’officier de quart dans le largage de la biocaméra. Celle-ci a entamé sa descente vers le fond à la nuit tombée. Le câble au bout duquel elle est accrochée a cessé de se dérouler. Elle est à quelques mètres du plancher océanique, et il s’agit maintenant de déplacer le navire, très lentement, pour la positionner selon les coordonnées GPS voulues.

Le visage éclairé par l’écran qui lui fait face, l’ingénieur a les yeux rivés sur des chiffres : 752 daN. Cette valeur exprime la tension exercée par la biocaméra et son lest sur le câble. Sa constance garantit que l’instrument n’a rencontré aucun obstacle sur son chemin. Le risque qu’elle percute un des instruments déjà posés sur le fond, BathyBot entre autres, est faible toutefois… la vigilance est requise. « On est potentiellement à 3 mètres de la cible ! Laisse filer le câble 5 mètres de plus », lance Carl Gojak. « OK, tu peux larguer ! » L’officier donne l’ordre alors à l’opérateur en charge du câble d’actionner le largueur acoustique. La valeur de l’écran affiche 400 daN de moins : le poids correspondant à la biocaméra. Celle-ci a été libérée ! Campée sur ses trois pieds, elle est parée à ouvrir les yeux.

Mais pour cela, il lui reste encore quelques semaines à patienter… : attendre l’intervention d’un navire câblier pour que le courant électrique en provenance de la côte à laquelle elle est reliée puisse lui parvenir, ainsi qu’aux autres appareils de mesure. La manœuvre pourrait avoir lieu ce début d’été*.

La suite est donc à venir… bientôt !

 

Début d’été 2022, le navire câblier doit se positionner au-dessus de l’observatoire océanographique pour réaliser une jonction câblée avec le détecteur de neutrinos voisin qui est déjà alimenté en courant. La connexion sera ensuite testée. Prochain article : « la biocaméra ouvre les yeux ». Rendez-vous en septembre sur Pop’Sciences.

 

>>> La biocaméra en images :

PPour aller plus loin