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L’autonomie : un droit humain | #4 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

LL’autonomie : un droit humain | #4 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

Les sociétés démocratiques reposent sur le principe d’une égale capacité civile et politique de tous les citoyens à décider et à agir pour eux-mêmes. Dans de nombreuses situations de vulnérabilité (liées notamment à des difficultés de santé mentale), cet idéal d’égale autonomie est fragilisé, conduisant des proches ou des professionnels à intervenir pour la personne, parfois à sa place, pour la protéger d’une décision – ou absence de décision – qui pourrait mettre la personne en danger. Les mesures civiles de protection (curatelles, tutelles) ou de soin sans consentement donnent un cadre juridique à ces interventions visant à protéger ou soigner des personnes vulnérabilisées. Ces mesures prévoient dans différentes traditions juridiques que cette intervention doit se faire « dans le meilleur intérêt de la personne », ce qui a constitué pendant longtemps le paradigme de régulation du soin et de l’accompagnement.

Un article de Benoît Eyraud, Maître de conférences en sociologie, rédigé
pour Pop’Sciences – 23 février 2024

 

Avec la Convention Internationale relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH), adoptée par les Nations Unies en 2006 et ratifiée par la France en 2010, ce paradigme change. Son article 12, qui traite de la capacité juridique, introduit un changement de regard et de règles juridiques par rapport aux personnes en situation de vulnérabilité. Il fait des « volontés et préférences » de la personne, et non plus de « ses intérêts » ou de « ses besoins », le fondement juridique des décisions ou actions (soins, travail, vie affective, gestion des biens, déplacements, alimentation, hygiène, participation à la vie sociale…). Il préconise de généraliser les systèmes de « prise de décision assistée », en évitant ainsi de décider à la place d’autrui et d’user de la contrainte à son encontre. Cet article a des conséquences importantes en relation avec de nombreux domaines de vie et des transformations de pratiques de soins. Il donne un fondement au développement de nouvelles pratiques cliniques comme celle du rétablissement.

Pourtant, le recours à des mesures de « contrainte légale » (tutelles, curatelles, soins sans consentement) ne cesse d’augmenter dans les domaines de la santé mentale, du handicap et de la dépendance. Ainsi, en France, les mesures de protection juridique sont passées de quelques milliers dans les années 1960 à près de 900 000 aujourd’hui. De même, le recours aux mesures de soins sans consentement augmente régulièrement depuis les années 1990, avec une accélération de cette tendance depuis la mise en œuvre de la loi du 5 juillet 2011. Cette évolution n’est pas propre au contexte français, des tendances comparables existant dans de nombreux pays européens ou nord-américains notamment.

Ces évolutions paradoxales sont dé battues par les spécialistes et les militants : les promoteurs de la convention de l’ONU sur les droits des personnes en situation de handicap affirment avec force un modèle du handicap fondé sur les droits de l’homme, interdisant toute restriction d’exercice de la capacité juridique pour des raisons de santé ou de handicap, et toute mesure légale de prise de décision substitutive. Ce modèle, que le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU promeut est contesté notamment par des professionnels de la santé mentale, qui craignent qu’il puisse « saper » l’accès effectif aux droits des personnes en situation de grande vulnérabilité.

La démarche scientifique et citoyenne Capdroits cherche à donner une caisse de résonance aux débats initiés par ce changement de paradigme, et à analyser ses implications cliniques et sociales.

Elle s’appuie sur une méthodologie de mise en problème public de l’expérience qui se caractérise par l’accompagnement à la recherche de personnes ayant l’expérience de mesures de contraintes légales, mais aussi par un accompagnement à la réception publique de ces expériences. La démarche revisite des modalités de recherche-action-participative.

Untilted, 1914 in the collection of sotheby’s / ©sotheby’s – wikimédia commons

Elle a conduit à prendre position sur au moins trois controverses. La première est directement relative à l’abolition des mesures de prise de décision substitutive. La mise en dialogue souligne que les mesures contraintes de protection posent des problèmes à tous les acteurs concernés, médecins, juges, personnes hospitalisées, en tutelle, en curatelle, mais que leur abolition suscite des inquiétudes ontologiques importantes. A cet égard, l’abolition de ces mesures constitue non pas une utopie déconnectée des réalités, mais un idéal dont il s’agit d’imaginer les conditions sociales de réalisation.

La seconde est relative à une critique ordinaire développée par rapport à la notion d’autonomie qui serait « un mythe », une « illusion ». A travers les expériences partagées, nous soulignons la fragilité de cette notion d’autonomie dans la vie sociale, et nous invitons à « ne pas céder sur l’autonomie ». Nous reconnaissons ainsi l’importance de l’autonomie « de vie », en tant qu’appréhension située et relationnelle de l’autonomie, comme droit humain.

La troisième est relative au terme de désinstitutionnalisation, explicité dans l’Observation générale n°5 sur l’autonomie de vie et l’inclusion dans la société du comité des droits des Nations Unies. Cette observation insiste sur la place excessive prise par les établissements et services dédiés dans la vie des personnes vulnérabilisées et appelle à leur fermeture. Il nous semble important de reconnaître le changement de regard qui a été favorisé par ce terme tout en prenant en compte les incompréhensions qu’il peut susciter. Nous considérons en cela qu’il s’agit plutôt de s’emparer des institutions.
La reconnaissance des droits humains constitue une pierre angulaire autant qu’un horizon de sens des sociétés contemporaines. Ce droit s’est formulé notamment dans l’article 19 de la convention internationale des droits des personnes handicapées comme un droit à l’autonomie de vie, qui consacre pour la première fois en droit positif le droit de bénéficier de conditions de développement de l’autonomie dans sa vie, à égalité avec les autres. Il constitue un pas en avant dans une perspective d’une plus grande justice sociale.

PPour aller plus loin

La convention internationale pour les droits des personnes handicapées Degener :
  • Démarche Capdroits, manifeste toutes et tous capables, toutes et tous vulnérables, 2018 Démarche Capdroits, L’autonomie de vie comme droit humain. Une contribution aux débats interpersonnels et institutionnels Eyraud, Minoc, Hanon, 2018, Choisir et agir pour autrui ?
  • Controverses autour de la Convention Internationale pour les droits des personnes handicapées, Eyraud Benoît, Reconnaître la capacité juridique comme droit humain. Une sociologie affirmative, ENS Lyon, 2024 Freeman et alii., 2015

Soin et fragilité : ressources insoupçonnées.

SSoin et fragilité : ressources insoupçonnées.

Une soirée dans le cadre de « A l’Ecole de l’Anthropocène » organisée par l’Ecole urbaine de Lyon en janvier 2023.

Nos modes de vies, et depuis longtemps, se sont construit sur un désir (une croyance ?) d’horizons infinis en matière de ressources et d’espèces. Mais voilà que tout part à vau-l’eau : fonte des glaciers, extinction massive des espèces, multiplication des mégafeux, etc. Et l’on comprend que ce dysfonctionnement global rend les conditions de vie de notre propre espèce, celle que l’on croyait définitivement au sommet de la chaîne alimentaire, incertaines et fragiles. Notre jouet – cette Terre prise pour une mine sans fond, les autres vivants pris pour des moins que rien – est fêlé, abîmé. Reste à faire avec, à le réparer, à en prendre soin. À le regarder pour la première fois.

>> Avec la participation :

  • Claudie HUNZINGER, romancière et artiste plasticienne
  • Sibylle GRIMBERT, éditrice et romancière
  • Eric DE THOISY, docteur en architecture
  • Animé par Valérie DISDIER, directrice adjointe de l’Ecole urbaine de Lyon
>> Regarder la vidéo de la soirée :

©Photo : Mélania Avanzato.
>> Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site :
lyon

Le soin des choses. Politiques de la maintenance

LLe soin des choses. Politiques de la maintenance

Contrepoint de l’obsession contemporaine pour l’innovation, moins spectaculaire que l’acte singulier de la réparation, l’art délicat de faire durer les choses n’est que très rarement considéré.

Parce que s’y cultive une attention sensible à la fragilité et que s’y invente au jour le jour une diplomatie matérielle qui résiste au rythme effréné de l’obsolescence programmée et de la surconsommation, la maintenance dessine les contours d’un monde à l’écart des prétentions de la toute-puissance des humains et de l’autonomie technologique. Un monde où se déploient des formes d’attachement aux choses bien moins triviales que l’on pourrait l’imaginer.

Jérôme Denis et David Pontille

À l’occasion de la sortie de leur ouvrage Le Soin des choses aux éditions La Découverte, les sociologues Jérôme Denis et David Pontille présenteront les travaux à l’origine de cette « exploration riche et passionnante dans les coursives de la maintenance » (Usbek & Rica). Leur essai est une invitation à décentrer le regard en mettant au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l’accomplissent. En suivant le fil de différentes histoires, Jérôme Denis et David Pontille décrivent les subtilités du « soin des choses » pour en souligner les enjeux éthiques et la portée politique.

Intervenants :

  • Jérôme Denis et David Pontille, sociologues à l’École des Mines Paris PSL, CNRS.

Pour en savoir plus :

Les RDV des bibliothèques municipales de Lyon

Méditation, hypnose… se soigner par la conscience | Webconférence

MMéditation, hypnose… se soigner par la conscience | Webconférence

Méditation pour calmer l’anxiété, hypnose contre la douleur ou même lors d’une chirurgie… Certains patients sont de plus en plus séduits par ces pratiques qui visent à moduler leur conscience pour soulager leurs maux. Longtemps ignorées, ces méthodes sont désormais rentrées dans les laboratoires et dans l’hôpital. Elles ont montré leur efficacité dans certaines maladies chroniques et en oncologie.

Quelles sont les techniques qui permettent de modifier les états mentaux de manière contrôlée, et pour quelles indications ? Quel bénéfice pour les patients ? Comment la recherche et l’hôpital intègrent-ils ces outils ? Quelles en sont les limites ?

Intervenants :

  • Antoine Lutz, neuroscientifique, Centre de recherche en neurosciences de Lyon (unité 1028 Inserm/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1) ;
  • Gaël Chételat, neuroscientifique, laboratoire Physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques (unité 1237 Inserm/Université de Caen Normandie) ;
  • Marie-Elisabeth Faymonville, médecin-anesthésiste-réanimateur, responsable du Centre de la douleur CHU de Liège, pionnière en Europe de l’hypnose à l’hôpital ;
  • Dominique Frau, pratiquante de méditation

Animée par : Élodie Barakat, journaliste sciences et santé.

>> Accéder à la conférence en ligne :

Chaîne YouTube Inserm

 

Exposition digitale « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer »

EExposition digitale « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer »

40 % des cancers pourraient être évitables par un changement des comportements. L’exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » a comme objectif principal de sensibiliser les 15-25 ans sur la prévention de cancers.

Composée de 12 visuels, l’exposition présente les différents facteurs de risque de cancer sur lesquels nous pouvons agir comme l’alcool, le tabac, certains virus, l’alimentation, la sédentarité, le soleil, la pollution…

Ce travail résulte de la digitalisation des différents contenus d’une exposition physique menée en 2018, dans une démarche de co-construction avec des jeunes de la région afin de prendre en compte leurs représentations et leurs attentes vis-à-vis d’un dispositif digital de prévention du cancer.

 

>> Retrouvez l’exposition :

Centre Léon Bérard

Exposition digitale « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer »

EExposition digitale « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer »

40 % des cancers pourraient être évitables par un changement des comportements. L’exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » a comme objectif principal de sensibiliser les 15-25 ans sur la prévention de cancers.

Composée de 12 visuels, l’exposition présente les différents facteurs de risque de cancer sur lesquels nous pouvons agir comme l’alcool, le tabac, certains virus, l’alimentation, la sédentarité, le soleil, la pollution…

Ce travail résulte de la digitalisation des différents contenus d’une exposition physique menée en 2018, dans une démarche de co-construction avec des jeunes de la région afin de prendre en compte leurs représentations et leurs attentes vis-à-vis d’un dispositif digital de prévention du cancer.

 

>> Retrouvez l’exposition :

Centre Léon Bérard

À l’Ecole de l’Anthropocène revient au Rize avec sa 5e édition

ÀÀ l’Ecole de l’Anthropocène revient au Rize avec sa 5e édition

Cinq journées pour comprendre, imaginer, construire les possibles autour du changement global.

Du 24 au 28 janvier 2023, l’École urbaine de LyonUniversité de Lyon et ses partenaires proposent la 5e édition de l’événement « À l’École de l’Anthropocène » accueillie, pour la seconde année, au Rize à Villeurbanne. L’exploration de la question anthropocène, pour tous les publics, se poursuit à travers une diversité féconde de formats et d’acteurs. L’anthropologue Tim Ingold sera l’invité d’honneur de cette édition placée sous le signe de la fragilité, du soin et de la relationnalité.

Au programme, soirées débats, conférences, performances – cours publics – ateliers, séminaires – balades et visite de l’exposition « ça se trame à Villeurbanne » – portraits de figures de l’écologie – cartes blanches à des collectifs – rencontres à la médiathèque du Rize avec des auteurs autour de leur parution récente – programmation cinéma adulte et jeunesse au Comoedia – programmation de Radio Anthropocène.

PROGRAMME

>> Pour en savoir plus : ecoleanthropocene.universite-lyon.fr

Un événement produit par : l’École urbaine de Lyon/Université de Lyon,

En partenariat avec : le Rize, le LabEx IMU (Intelligences des Mondes Urbains) et Cité anthropocène.
Une programmation préparée en collaboration avec : October Octopus.

Partenaires : Ville de VilleurbanneMétropole de LyonCentre national d’études spatiales (CNES)Laboratoire Environnement Ville Société (EVS)Comœdia SERLMaison du projet Gratte-Ciel Centre-VilleLyonBD FestivalCentre de Culture Contemporaine de Barcelone (CCCB)Ville de LyonRadio Bellevue WebLyon Music.

 

Traitement contre le Covid-19 : faudra-t-il payer le prix fort ?

TTraitement contre le Covid-19 : faudra-t-il payer le prix fort ?

Dans les pays où le secteur public finance une grande partie de la recherche fondamentale et distribue au secteur privé des aides, l’État pourrait exiger, en échange, des prix modérés pour les médicaments issus de ces recherches.

C’est l’analyse d’Izabela Jelovac, directrice de recherche au Groupe d’analyse et de théorie économique Lyon-St Étienne – GATE-LSE (CNRS/Lyon1/Lyon2/UJM/ENSL).

Lire l’article intégral sur :

CNRS Le Journal

Pourquoi les médecins font peur

PPourquoi les médecins font peur

Quand notre médecin nous demande combien on boit de verres d’alcool par semaine, si on fait du sport ou si on a bien pris le traitement comme c’était écrit… on a tendance à enjoliver un peu la réalité.

Mais pourquoi? Parce qu’on a (un peu) peur, tiens !

En même temps, vous feriez confiance à un.e soignant.e qui ne vous gronde pas un peu quand vous lui avouez que vous n’allez au sport qu’une fois par semaine (alors que la dernière fois remonte à l’année dernière) ?

L’autorité médicale, on en discute avec Nicolas Lechopier, philosophe et enseignant de sciences humaines à la Faculté de médecine Lyon Est !

Un rendez-vous libre et gratuit proposé par Sciences pour Tous

 

Dans le cadre des rencontres Expresso organisées par Sciences pour Tous

A-t-on le droit de prescrire un placebo ?

AA-t-on le droit de prescrire un placebo ?

Vous ne seriez pas un peu colère d’apprendre que votre médecin soigne vos migraines avec un placebo depuis des années sans vous le dire?

Pourtant, dans de très nombreux cas, un placebo est efficace… même quand on sait qu’il s’agit d’un placebo.

Du coup, est-ce que c’est juste et respectueux de prescrire un « faux médicament » quand on sait que pour ce cas précis, il aura un effet positif? Est-ce que cela revient à mentir à ses patient.e.s?

Parler des placebos, c’est finalement se demander ce que soigner veut dire : venez en discuter !

Un rendez-vous libre et gratuit proposé par Sciences pour Tous

Dans le cadre des rencontres Expresso organisées par Sciences pour Tous