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Les Échappées inattendues | Sport : entre réel et imaginaire

LLes Échappées inattendues | Sport : entre réel et imaginaire

Le Festival Les Intergalactiques accueille les Échappées inattendues, la science racontée par le CNRS, le temps d’un débat grand-format « Sport : entre réel et imaginaire » le dimanche 21 avril.

Le sport de haut niveau peut être vu comme un véritable laboratoire de la performance humaine. Cette performance sportive dépend de plusieurs facteurs intrinsèquement liés, qu’ils soient physiques, psychologiques, génétiques ou technologiques.

L’expertise scientifique a pris une place de choix dans l’entraînement des sportifs et la course à la performance, mais nourrit aussi toute la culture Science fiction depuis des décennies.

Ensemble, échangeons sur le sport d’hier et de demain !

Intervenants :

Rencontre animée par : Pierre Henriquet, médiateur scientifique et facilitée par Donatelle Liens, illustratrice.

Pour en savoir plus :

Intergalactiques et monde de la recherche

Ces recherches et cette conférence immersive ont été financées en tout ou partie par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).

Aux origines des salles de sport | Cycle Pouilloux 2023-2024

AAux origines des salles de sport | Cycle Pouilloux 2023-2024

L’essor des concours et de la culture athlétique dans les cités grecques de l’Antiquité a favorisé le développement d’édifices consacrés à l’entraînement sportif. La palestre était à l’origine un simple terrain d’exercice, dont le sol était ameubli à la pioche pour éviter aux athlètes de se blesser.

D’un aménagement rudimentaire, la palestre devient à l’époque classique un bâtiment doté d’une cour intérieure et de portiques desservant différentes salles, dont un vestiaire et un bain. La palestre du gymnase de Delphes a longtemps été considérée comme le plus ancien exemple de ce type de monument, mais sa datation aux années 330 av. J.-C. est aujourd’hui sujette à caution. Des fouilles récentes à Érétrie ont d’autre part permis d’identifier une palestre qui remonte à la fin du Ve s. et fait écho à deux dialogues de Platon mentionnant à la même période la palestre athénienne du Lycée. À partir de sources archéologiques, iconographiques et textuelles, cette conférence propose de retracer la genèse de ce type d’édifice emblématique de l’équipement public des cités grecques, en revisitant notamment les exemples d’Amphipolis, d’Athènes, de Délos, de Delphes, d’Érétrie et d’Olympie.

Intervenant : Guy Ackermann de l’université de Genève, chercheur associé au Laboratoire IRAA -Institut de recherche sur l’architecture antique.

>> Pour aller plus loin : bibliographie sélective (proposée par la bibliothèque de la MOM à partir de ses collections).

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site de la :

MOM

Science, Sport et Santé : la trilogie gagnante !

SScience, Sport et Santé : la trilogie gagnante !

Chaque année, la Fête de la science rassemble des esprits curieux et passionnés au cœur d’événements scientifiques et éducatifs…

L’édition 2023, organisée le 13 octobre à la Faculté de Médecine de Saint-Étienne en collaboration avec le Centre Ingénierie et Santé de l’École des Mines de Saint-Étienne, a permis de faire découvrir au grand public les liens étroits entre le sport, la santé, et les avancées scientifiques. Le succès de l’événement a été le résultat d’une collaboration fructueuse entre une dizaine de chercheurs engagés, qui ont partagé avec enthousiasme leurs découvertes et avancées dans des domaines cruciaux pour notre bien-être collectif.

Au programme : des ateliers interactifs pour petits et grands, des présentations de recherche médicale vulgarisées, des rencontres avec nos chercheurs… Le tout dans une ambiance décontractée propice à des échanges passionnants. La journée a permis à l’Institut Régional de Médecine et d’Ingénierie du Sport (IRMIS) d’ouvrir ses portes : une plateforme technique où médecins et chercheurs explorent la motricité de patients et de sportifs de haut niveau grâce à des outils de pointe.

L’os vivant : la fragilité du vivant à toutes les échelles, dans l’espace et le temps

À travers une imagerie originale et innovante développée au laboratoire SAINBIOSE, il est possible d’observer la vie cachée du squelette de mammifères à différentes échelles : macro, micro, nano. Autrement dit, on découvre les intentions du vivant ! Les mouvements, les interactions, les interfaces, les résistances, les déplacements, la circulation de l’information, le cycle de la vie à la mort. Il s’agit d’images en super résolution permettant des impressions en grand format pour mieux voir l’environnement des cellules dans le squelette, les ostéocytes. Ils habitent dans des porosités intimes et forment un réseau complexe et connecté ou diffuse et circule un liquide interstitiel avec ses minéraux et ses molécules qui transportent l’information biologique. Voir le squelette « vivant », grâce à un procédé technique qui le rend transparent, s’en étonner et se questionner sur le rôle des ostéocytes, ces cellules cachées, qui stockent, filtrent, tamponnent les minéraux essentiels à la vie, c’est tout simplement fascinant ! Ces cellules qui nous regardent, fragiles et cruciales. Comme nous, elles sont dépendantes des accélérations environnantes, des stimulations cardiaques, de la gravité terrestre et des stimulations mécaniques en tension et compression. Le réseau des ostéocytes, pour conserver sa fonction biologique, est hydraté, dynamique et se renouvelle sans cesse. Il construit, entretient et répare les matrices intimes de son environnement. Il nous montre les intentions du vivant à toutes les échelles, dans l’espace et le temps, nous l’avons compris, en équilibre fragile.

Scientifiques et sportifs réunis

Au cœur des débats, la physiologie du sport et de l’exercice a été mise en lumière par nos chercheurs en dévoilant les mystères des réponses physiologiques de notre corps à l’effort, offrant ainsi des clés pour optimiser les performances sportives et promouvoir une vie saine. Les travaux scientifiques conduits par l’équipe de recherche ont pour objectif d’étudier et comprendre, à l’aide d’approches neuromusculaires, modélisées, de physiologie intégrative et de biologie du muscle, les déterminants de l’aptitude physique et de la fatigue aiguë ou chronique, chez des sujets sains (entraînés ou non, soumis à des conditions extrêmes ou contraintes particulières), âgés, pathologiques (maladies multisystémiques, neurologiques, neuromusculaires et hématologiques), en situation de handicap moteur, ou temporairement invalides/limités dans leur vie quotidienne (post intervention chirurgicale, séjour en réanimation). Dans ce cadre, des méthodes innovantes de thérapie ou d’intervention utilisant l’activité physique, la vibration localisée, la stimulation neuromusculaire et/ou l’hypoxie intermittente sont mises en œuvre.

Les enjeux de la prévention en santé

L’événement a permis de sensibiliser les visiteurs aux enjeux de la prévention en santé, soulignant l’importance de comprendre les mécanismes sous-jacents aux maladies et aux affections. Les chercheurs ont plaidé pour une approche proactive, mettant en avant des stratégies préventives pour une population en meilleure santé. Certaines pathologies ont été abordées lors de cette journée et avec elles, la nécessité de parler de prévention comme une démarche indispensable dans le domaine de la santé publique.

Saviez-vous que …

…l’environnement mécanique peut avoir un impact sur le développement de l’arthrite ? Des modèles in vitro et in vivo ont permis de montrer que la décharge mécanique permet de prévenir le développement de l’arthrite, avec une réduction de l’inflammation et de la perte osseuse associée. Une augmentation de l’exercice physique semble au contraire aggraver l’arthrite, par induction d’une inflammation en premier lieu.

L’ostéosarcopénie, c’est quoi exactement ?

…lorsqu’une personne présente à la fois une diminution de la densité osseuse (comparable à l’ostéoporose) et une réduction de la masse musculaire (similaire à la sarcopénie). Ce double problème entraîne des symptômes comme une fragilité accrue des os, une faiblesse musculaire, et malheureusement, un risque élevé de chutes. Quels sont les facteurs de risque ?

  • L’âge : en vieillissant, nos muscles et nos os tendent naturellement à s’affaiblir.
  • L’inactivité physique : sans mouvement régulier, nos muscles et nos os peuvent se détériorer plus rapidement.
  • L’obésité : un excès de poids peut cacher une perte de masse musculaire et compromettre la qualité de nos os.
  • La cigarette : fumer réduit la densité osseuse et peut affecter la santé musculaire.

Quant à la prévalence, de nombreux seniors sont touchés par cette condition, bien que beaucoup ne soient pas diagnostiqués. Mais ne vous inquiétez pas trop ! Il y a des solutions. Les traitements comprennent des médicaments pour renforcer les os et les muscles, des thérapies physiques pour améliorer la mobilité, et des interventions non médicamenteuses comme une alimentation adaptée.

>> Pour en savoir plus :

Université Jean Monnet – UJM

Du génie mécanique pour les cyclistes olympiques

DDu génie mécanique pour les cyclistes olympiques

Les athlètes ne sont pas les seuls à préparer les Jeux Olympiques 2024. Si Gabriel Lanaspeze, diplômé de l’INSA Lyon et docteur en génie mécanique, n’est pas un habitué des vélodromes, il a tout de même consacré ses trois dernières années de thèse à optimiser la transmission par chaîne des cyclistes de piste français. Inscrits dans le cadre du programme « Sciences 2024 » dont l’objectif est d’accompagner les athlètes français dans leur quête de titre aux Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024, les travaux de Gabriel Lanaspeze ont participé à répondre aux enjeux techniques posés par la fédération de cyclisme. Car les cyclistes sur piste de très haut niveau, lancés à vive allure, peuvent s’en remettre aux lois physiques et mécaniques pour optimiser leurs performances.

Vos travaux de thèse s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de recherche collectif dédié à l’accompagnement des athlètes français dans leur quête de titres aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Pourriez-vous résumer les grandes lignes du programme ?
L’idée du programme Sciences 2024 est de faire remonter les questions des sportifs, entraîneurs et techniciens, jusqu’aux laboratoires de recherche scientifiques français. La Fédération Française de Cyclisme (FFC) s’est adressée, entre autres structures de recherches, au LaMCoSpour répondre théoriquement et expérimentalement à certaines problématiques techniques et mécaniques auxquelles les coureurs peuvent être régulièrement confrontés. Un des enjeux principaux de ce programme est l’interface entre la communauté scientifique et celle des sportifs. En effet, les enjeux sont différents entre les deux mondes. Parfois, il peut y avoir des incompréhensions, des priorités différentes ou des résultats qui peuvent s’avérer intéressants pour un scientifique et qui n’est pas vraiment celui attendu par un entraîneur. Ce sont deux mondes très différents qui essaient de communiquer à travers Sciences 2024. Il y a un vrai enjeu de vulgarisation et de communication !

Vos travaux ont principalement porté sur le cyclisme sur piste, un sport où la science mécanique est, en raison de l’influence du matériel utilisé, assez importante. Les enjeux mécaniques doivent être nombreux ?
Effectivement, le cyclisme sur piste est une discipline très différente des autres disciplines comme les compétitions sur route, BMX ou VTT. D’abord, les coureurs évoluent dans des conditions très contrôlées, en vélodrome. (…)*

Lire la suite de l’interview

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[1] Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures (INSA Lyon/CNRS/UdL).

 

 

 

 

Flash sur le sport : la parole est aux scientifiques

FFlash sur le sport : la parole est aux scientifiques

Le sport est à l’honneur avec cette troisième saison de podcast les « Échos du savoir » !

Des sujets variés proposés par des scientifiques de l’Université Gustave Eiffel :

  • Garder la forme ou contrôler ses formes ?
  • La gestion sécuritaire des supporters, efficace ou inadaptée ?
  • Sport à risques = conduite à risques ?
  • Le tourisme sportif est-il accessible aux jeunes des milieux populaires ?
  • Les salles de sport, un univers en perpétuel évolution ?
  • Des nouveaux aménagements pour les JO en 20247 : est-ce bien utile ?
  • Les Jeux Olympiques de Paris vont-ils nous inciter à faire du sport ?
Logo-Podcast-Echos du savoir-Univ. Gustave Eiffel

Crédit : Université Gustave Eiffel

>>> A découvrir sur :

Flash sur le sport

Une initiative du service Diffusion des savoirs et ouverture à la société, de l’Université Gustave Eiffel

>>> Retrouvez les autres saisons des Échos du savoir

ELEA expérimente le sport au féminin

EELEA expérimente le sport au féminin

Les femmes n’ont pas toujours eu leur place dans le sport, mais l’Histoire montre une évolution vers plus d’égalité entre hommes et femmes, jusqu’à des disciplines mixtes aux JO 2024. Grâce au film d’animation du petit robot ELEA, découvrez le monde du sport au féminin :

Une initiative portée par le service Diffusion des Savoirs et Ouverture à la Société de l’Université Gustave Eiffel.

PETIT CAMPUS : sport et handicap mental

PPETIT CAMPUS : sport et handicap mental

La prise en compte des porteurs de handicap mental dans le sport existe depuis 1970 en France, mais il reste encore du chemin à faire pour que les activités sportives et éducatives soient accessibles à ces personnes.

Découvrez dans ce numéro du PETIT CAMPUS, l’évolution de la prise en compte du handicap mental en France, grâce à l’inspiration américaine.

Retrouvez les autres sujets de PETIT CAMPUS

Une initiative portée par le service Diffusion des savoirs et ouverture à la société, en collaboration avec l’enseignant-chercheur Yacine Tajri (UFR STAPS) de l’Université Gustave Eiffel

Marathon : dompter la résistance de l’air

MMarathon : dompter la résistance de l’air

Une équipe de chercheurs du Laboratoire de mécanique des fluides et d’acoustique (LMFA) s’est penchée sur les gains procurés par l’effet d’aspiration dont bénéficie un coureur de marathon précédé d’un « lièvre ».

En mai 2019, le Kenyan Eliud Kipchoge courait les 42 kilomètres du marathon en 1 heure, 59 minutes et 40 secondes. Jamais un athlète n’était passé sous la barre des deux heures. Cette course était une démonstration sportive atypique : en effet, le double champion olympique n’y avait pas d’adversaire, et certains aménagements avaient été apportés afin de lui permettre d’aller jusqu’au bout de ses capacités. Parmi ces aménagements, l’emploi de « lièvres » : sept athlètes couraient devant et derrière lui en se relayant tous les 5 kilomètres afin de lui offrir cet effet d’aspiration que connaissent si bien les cyclistes.

Pour tenter de comprendre ce phénomène, une équipe du LMFA a imaginé une expérience mettant en jeu une soufflerie – un tunnel instrumenté dans lequel on fait passer un écoulement d’air – et des figurines de 17 centimètres de haut représentant les marathoniens. Les scientifiques comptaient ainsi mesurer l’avantage que ces meneurs apportent au coureur…

>> Lire l’article complet sur le site :

CNRS

Ces sportifs amateurs qui renoncent aux montres connectées, pourquoi ?

CCes sportifs amateurs qui renoncent aux montres connectées, pourquoi ?

Mesurer son nombre de pas quotidiens ; suivre sa fréquence cardiaque, son allure ou le dénivelé cumulé lors d’un footing ; mémoriser sur une année la distance totale parcourue en vélo et la partager sur un réseau communautaire en ligne. Voilà des pratiques devenues courantes dans l’univers sportif, y compris au niveau amateur.

Cette numérisation de l’activité physique s’opère dans un contexte plus global de prolifération des outils d’autoquantification, que ceux-ci portent sur la productivité au travail, la régulation du sommeil, le contrôle des apports caloriques, de la glycémie et/ou du poids…

Si l’on ne considère que la sphère des activités sportives, le marché s’avère aussi bien lucratif que concurrentiel. Comme le rapportent les chercheurs finlandais Pekka Mertala et Lauri Palsa, le business de la technologie numérique du sport serait évalué annuellement à 12 milliards de dollars et comptabiliserait plus de 10 000 dispositifs numériques portatifs pour la seule activité de course à pied. 90 % des coureurs amateurs utiliseraient aujourd’hui une montre connectée ou une application mobile.

La mise en chiffres de soi est associée à une série de promesses : promesses d’activité, de bonheur, de santé et d’empowerment. Cette connaissance est considérée, de par son objectivité et sa transparence jugées incontestables (comparativement au caractère approximatif des ressentis corporels) comme le fondement d’un projet personnel d’optimisation de soi.

Ces dispositifs embarqués sont également érigés en soutien motivationnel incitant tout aussi bien à être régulier et assidu qu’à rompre avec des habitudes de vie jugées malsaines. L’intégration à une communauté de pratiquants est susceptible d’amplifier cet effet par l’entrelacement des systèmes d’encouragements mutuels et de mises en concurrence.

Malgré tout, nous constatons aujourd’hui un certain ralentissement de ce marché, en lien avec un phénomène massif d’abandon de ces dispositifs digitaux ou, tout du moins, d’utilisation à très court terme.

Comprendre les processus d’abandon des outils connectés

Il convient tout d’abord de rappeler que l’adoption des objets connectés dans le cadre de la pratique sportive n’est pas répartie de façon équitable dans l’ensemble de la population. Elle serait ainsi surreprésentée parmi les hommes, urbains, fortement diplômés, socialement favorisés et physiquement actifs. En outre, la tranche des 30-39 ans serait la plus équipée en bracelets intelligents et montres connectées.

Si certains groupes de population ont moins accès à ces technologies embarquées, d’autres, qui les ont acquises, vont les abandonner, le plus souvent après une période restreinte d’utilisation. Les mécanismes conduisant à ces abandons sont extrêmement variés : surcharge logistique, dimension chronophage du transfert et de l’interprétation des données, déficit de précision et de fiabilité des recueils, difficulté à leur donner du sens et à les exploiter…

Nous considérons pour notre part que ce rejet pourrait résulter d’une dégradation conséquente de la qualité de son expérience vécue en situation sportive. En effet, pour certains pratiquants, la mise en chiffres de soi conduit à ressentir son activité davantage sur le mode du travail contraint que du loisir gratuit et autodéterminé.

La motivation intrinsèque (le plaisir de pratiquer la course à pied pour elle-même) tendrait alors à être supplantée par une motivation extrinsèque (récompenses, comparaisons, surveillances mutuelles) induisant une peur anticipée de l’échec dans le cadre d’une injonction constante à l’excellence ainsi qu’un sentiment de honte et de culpabilité en cas de contre-performances. Des phénomènes de surcharge cognitive et de distraction attentionnelle peuvent également occasionner une coupure vis-à-vis de l’ici-et-maintenant de son activité et des sensations corporelles afférentes.

Dans d’autres configurations, le retrait de la montre connectée participe d’un acte de résistance à forte signification politique, philosophique, voire spirituelle. Il peut s’agir tantôt d’une volonté de rompre avec ce qui est perçu comme un système généralisé de surveillance, de s’émanciper de la pression des réseaux sociaux sportifs, de récuser une course matérialiste au suréquipement ou encore de privilégier à nouveau les sensations corporelles dans la programmation de l’entraînement.

Ces comportements de rejet peuvent ici être reliés à l’émergence de valeurs minimalistes comme la sobriété choisie, la simplicité volontaire ou la frugalité. Il est ici question de retrouver une forme de liberté perdue, de légèreté, voire de résonance.

Comprendre le processus d’adhésion à la quantification

Tous les coureurs amateurs ayant commencé à utiliser un outil digital d’autoquantification n’ont pas pour autant cessé de s’en servir. Si l’abandon constitue un phénomène prégnant et explicable, la persévérance doit également être prise au sérieux. Quelles sont les conditions qui permettent à des coureurs amateurs de continuer à pratiquer et à se quantifier numériquement tout en conservant plaisir et bien-être dans l’activité ?

Nous avons montré que les coureurs amateurs qui persévéraient avaient développé une expertise poussée de leur autoquantification. Plus précisément, ils sont parvenus à bricoler et incorporer une série de tactiques voire de « ruses du quotidien », pour reprendre l’expression de Michel de Certeau, leur permettant d’interagir avec leur dispositif numérique sans altérer la qualité de leur expérience sportive.

Une première tactique consiste à différencier et alterner, dans le temps, les utilisations de la montre connectée. À l’échelle de leur vie sportive tout d’abord, ils modulent l’intensité et le type d’usage de l’outil afin de l’adapter aux conditions de vie changeantes (par exemple, en suspendant l’ambition de dépassement des performances durant une année familialement exigeante). Ils ont également appris à délaisser certains domaines de quantification (le sommeil par exemple) afin de focaliser leurs efforts sur la seule course à pied.

À l’échelle d’un cycle d’entraînement, les coureurs différencient les modes d’interaction avec l’outil (fréquence de consultation, nature des données recueillies) suivant les types de séances considérées ; par exemple, ils réservent un usage intensif de la montre aux séances d’interval training tandis que dans les footings de récupération, les sorties à allure marathon ou les séances techniques, ils ne la consultent que très épisodiquement. Enfin, à l’échelle d’une séance donnée de course, les coureurs ont ciblé certains moments clés de consultation. D’autres ne regardent jamais la montre pendant leur sortie mais seulement après, le schéma inverse étant également apparu.

Une deuxième tactique consiste à accepter d’ajuster, de réviser, voire d’abandonner ses objectifs en cours de route, en fonction de l’état de forme perçu et/ou des conditions environnementales. Cette flexibilité témoigne de la construction d’un rapport d’indulgence et de bienveillance envers soi-même.

Enfin, une troisième tactique du quotidien conduit les coureurs amateurs à veiller systématiquement à remettre en contexte ce qu’ils considèrent comme des (contre-) performances. Loin de ne considérer le chiffre que dans son rendu brut, ils prennent appui sur celui-ci pour comprendre les mécanismes sous-tendant le processus de production de (contre-) performance (mauvaise nuit, stress professionnel…).

Comprendre la nature de l’attachement au dispositif

Nous avons voulu mieux comprendre le lien noué par les coureurs avec leur dispositif numérique de tracking. Pour ce faire, nous leur avons demandé de le retirer, le temps d’une seule session de course, tout en décrivant en temps réel, au moyen d’un dictaphone, ce qu’ils ressentaient. Ce dépaysement, exceptionnel pour la plupart, s’est avéré particulièrement déstabilisant et a révélé, en creux, la profondeur de l’incorporation de l’outil et de l’attachement tissé.

La totalité des sujets étudiés a tout d’abord admis une forte appréhension à l’idée de courir sans la montre. Ils ont tenté de la gérer de différentes manières : en repoussant la sortie ; en la réalisant sur un parcours qu’ils venaient de réaliser avec la montre afin de s’appuyer sur des repères chiffrés ; en se servant du dictaphone pour estimer la durée et l’allure de course ; en cachant une montre dans le sac à dos pour enregistrer, malgré tout, le volume de course effectué…

La majorité des participants a ensuite ressenti un vide motivationnel causé par l’absence de la montre qui, portée, remplit une fonction d’incitation à la performance et au dépassement de soi. La session réalisée sans montre leur est ainsi apparue plus longue, pénible, douloureuse voire vide de sens : en effet, à quoi bon se dépasser s’il est impossible d’en connaître le résultat exact et si celui-ci n’est pas mémorisé ni archivé ?

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Les coureurs ont également noté que le simple fait de porter la montre avait tendance à sur-focaliser leur attention sur les données chiffrées, au détriment de leur technique de course, de l’environnement extérieur ou de leurs sensations corporelles.

L’absence de la montre est également apparue pour certains comme physiquement déstabilisante. Privés de leur outil, les coureurs se sont sentis nus, déséquilibrés, asymétriques, ne parvenant le plus souvent à inhiber le geste réflexe de le consulter, preuve que l’objet ainsi que le mouvement associé ont été assimilés dans le schéma corporel du coureur. Certains d’entre eux ont enfin éprouvé de profondes difficultés à réguler leur course et à estimer de façon fiable des variables, pourtant fréquemment manipulées, comme la durée, la distance, la vitesse, la fréquence cardiaque.

En définitive, interagir avec son dispositif de quantification de façon fonctionnelle n’a rien de spontané, de magique ni d’automatique. Cela s’apprend et se construit patiemment. L’éducation physique et sportive scolaire se doit ici d’assumer son rôle formateur, tant la digitalisation devient incontournable dans le domaine sportif.

 

Auteur : Matthieu Quidu, Maître de conférences en sociologie du sport, Université Claude Bernard Lyon 1 et Brice Favier-Ambrosini, Professor, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. >> Lire l’article original.


Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.The Conversation

 

La Recherche de demain : enjeux des données sportives dans le football par Cédric Maiore | Visages de la science

LLa Recherche de demain : enjeux des données sportives dans le football par Cédric Maiore | Visages de la science

Cédric Maiore, docteur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Jean Moulin Lyon 3, a réalisé une thèse sur les représentations audiovisuelles du football à l’ère numérique.

Il y analyse les formes et les enjeux de la (re)médiatisation du spectacle sportif footballistique, entre média télévisuel et dispositifs vidéoludiques avec l’apport notamment des données massives et des images de synthèse.

>> Regarder la vidéo :

La représentation audiovisuelle du football à l’ère numérique : Formes et enjeux de la remédiatisation du spectacle sportif footballistique, entre média télévisuel et dispositifs vidéoludiques.

Thèse en Sciences de l’information et de la Communication soutenue le 12 décembre 2022.

Les représentations vidéoludiques s’invitent de plus en plus dans la médiatisation du football. Cela interroge la porosité entre les différents niveaux de représentation de ce jeu-sport : du réel physique du match (spectacle sportif vivant) au réel médiatisé de la captation / retransmission télévisuelle jusqu’à l’hyperréalisme des dispositifs vidéoludiques récents.

Notre recherche retrace l’histoire de la représentation audiovisuelle du football à la télévision et dans les jeux vidéo pour montrer la façon dont les grandes séries FIFA (EA Sports), Pro Evolution Soccer (Konami) et Football Manager (Sega) s’affranchissent progressivement de l’imagerie télévisuelle, tout en soulignant le rôle des données statistiques dans ce processus. En effet, ces titres intègrent chaque année des milliers d’avatars de joueurs existants distinguables graphiquement et dont les attributs in-game sont en lien avec leurs performances réelles.

Cette thèse s’attache à mettre en lumière des formes de télescopages et d’interdépendances inédites qui sont en train de se produire entre les différents régimes de représentation du football, là où captation et retransmission télévisuelle, données statistiques et imagerie bidimensionnelle puis tridimensionnelle forment un amalgame dont les limites sont difficilement discernables et où les « niveaux » de réalité fusionnent.

Pour en savoir plus :

Thèse en ligne