La métamorphose industrielle opérée par le numérique et les nouvelles technologies s’accompagne de profondes mutations des compétences et qualifications. « Data scientist », « Data analyst », « Data engineers »… ces experts des données oeuvrent habituellement dans d’autres secteurs d’activité, comme celui des études et de la recherche. Leur savoir-faire devrait, à l’avenir, être requis à l’usine. Les postes déjà en place évolueront quant à eux pour tirer profi t de l’irruption du numérique et des nouvelles technologies, mais aussi pour en absorber les nouvelles contraintes. Opérateur de production, technicien de maintenance, responsable de production, ingénieur réseaux : ces métiers classiques dans l’industrie pourraient à la fois devenir moins pénibles mais aussi plus complexes. Imaginons ce qu’ils pourraient être.
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Source : « Osons l’Industrie », de l’Alliance Industrie du Futur.
Illustrations : ©Jean-Pierre Clarac
L’opérateur 4.0
L’opérateur assure le bon fonctionnement de sa ligne de fabrication. Il effectue le (re)démarrage des machines ainsi que leurs réglages, contrôle l’approvisionnement en matières premières, la qualité des produits fabriqués et réalise les opérations de première maintenance. Les données qu’il récolte et saisit au niveau de la chaîne de production permettent de prioriser les actions à mener afin d’optimiser la chaîne de production. Il est assisté pour les tâches les plus pénibles par des cobots, incapables de s’adapter à de rapides changements de rythme ou de tâches que lui peut gérer.
Le technicien de maintenance augmenté
Le déploiement des technologies permet de limiter le déplacement systématique de ce professionnel pour réparer une panne. Grâce aux logiciels de Gestion de maintenance optimisée par ordinateur (GMAO) alimentés par les données des machines (cobot, automate, imprimante 3D..), il peut intervenir, en temps réel, dès la prédiction d’une anomalie et planifier ses actions sans gêner le procédé industriel. À l’aide d’un smartphone ou d’une tablette, il visualise l’état des machines à distance, et guide un opérateur qui intervient sur site à sa place.
Le manager IT/OT*
En prise direct avec les machines de l’usine ou installé dans son bureau, le manager IT/OT gère le transfert d’informations nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise et de son outil de production. Il connaît les besoins informatiques des automates, des robots, comme ceux des services administratifs et de la communication. Grâce à internet, il fait converger leurs données au sein d’un même réseau dont l’architecture et les matériels évoluent en fonction de la demande. Il travaille en étroite collaboration avec l’ingénieur sécurité du réseau.
*Information technology/Operational technology
Le scientifique des données ou data scientist
Spécialiste des données, le data scientist est capable d’extraire des informations et de concevoir des modèles de données en vue de répondre aux questions stratégiques et opérationnelles de l’usine. Il optimise l’utilisation des données actuelles ou en conçoit une nouvelle collecte à partir des objets connectés du site. Débitmètre, capteur de température, caméra rapide filmant une chaine de montage : ces objets fournissent des informations précieuses sur l’état de marche des machines. Leur traitement, grâce à des algorithmes construits sur mesure et validés par le data scientist, permet d’optimiser le fonctionnement de l’outil de production.
Le chef d’atelier nouvelle génération
« Manager 4.0 », il utilise les données numériques pour piloter la production et les équipes au quotidien : outils d’animation de la performance digitalisés, de pilotage d’atelier ou de simulation de flux de matières. Conscient des émissions polluantes associées à l’activité industrielle (dont l’empreinte carbone), il module le régime de production en lien avec le responsable environnement de l’usine. Il est à même de baisser ce régime en fonction des demandes du gestionnaire du réseau de distribution électrique.