Pop'sciences Mag

Top
Portail Popsciences
Retour

Océans

Leslie. Les voiles gonflées d’optimisme

Leslie Bissey est à la manœuvre de Moody, un honnête monocoque de 12,90 mètres, vaisseau ambassadeur de l’association WeOcean. A son bord, l’océanologue sillonne les mers à la recherche d’initiatives inspirantes pour un Océan durablement préservé.

Par Samuel Belaud

> Téléchargez le magazine en .pdf

Exemplaire papier sur commande (envoi gratuit par la poste)

 

Océanologue et navigatrice.

L’épanouissement transparaît dans la voix de Leslie Bissey lorsqu’elle évoque son irréductible passion de la mer et de la navigation. Bercée au rythme des vagues depuis ses premiers pas, elle se souvient avoir « toujours eu en tête un rêve de bateau ».

©Rémy Dubas

Après une dizaine d’années d’expériences en océanologie, passant notamment par l’Asie du Sud-Est pour des projets de restauration de la mangrove et des coraux, la navigatrice a vite repris son indépendance jusqu’à donner vie à son rêve d’enfance en achetant Moody, durant l’hiver 2017. Le voilier, fatigué par ses anciennes vies, est rénové avant que l’océanologue n’embarque la biologiste Élodie Gasparin pour une première campagne de sensibilisation et de rencontres en Méditerranée, pavillon battant « WeOcean ».

 

Agir comme des sentinelles

En dehors de quelques coups de pouces amicaux, toutes ses économies passent dans le bateau et le matériel, « Le rêve qui se cache derrière ce projet est trop important pour que nous soyons dépendantes de financements extérieurs. C’est comme ça que nous pouvons faire passer le message que l’on souhaite. « Depuis trois ans, le binôme sillonne, caméra au poing, la mer intérieure. Elles embarquent celles et ceux qui réinventent un rapport au vivant et à la mer plus durable et respectueux. Le long métrage documentaire Méditerranée à venir relate cette aventure. « Il dresse le portrait de sept porteurs d’initiatives que nous avons rencontrés : des pêcheurs, des scientifiques ou encore des militants engagés concrètement dans la protection de l’Océan «. Parmi eux, Pablo Ligier et son équipe de l’association Palana Environnement recyclent de vieux filets de pêche et récupèrent des filets fantômes en mer. On retrouve également l’initiative DONIA, détaille Leslie Bissey : « il s’agit d’une application smartphone gratuite développée par le bureau d’études Andromède Océanologie, qui fournit une cartographie des écosystèmes marins au navires afin notamment d’éviter de mouiller sur la posidonie, une plante à fleur endémique de Méditerranée. » WeOcean, sentinelle des initiatives de protection des milieux marins, a recensé l’ensemble des acteurs rencontrés sur la plateforme transiscope.org.

Les deux exploratrices mettent également à profit leur bateau et leurs compétences en océanologie et biologie marine pour alimenter des plateformes de recherche participative, parmi lesquelles OBSenMER, ou participer à des campagnes de sensibilisation comme EcoGeste méditerranée. L’année dernière, elles profitent d’un besoin de l’association Ailerons pour repartir en mer, cette fois à la recherche des diables de Méditerranée : les raies Mobula mobular, des cousines de la Manta menacées d’extinction et classées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

 

Se laisser surprendre par la vitalité de l’Océan

L’expérience marquera profondément Leslie Bissey qui décrit la rencontre avec ce gros poisson, difficile à observer, comme « une apothéose de rencontre animale (…) Elles sont venues à notre rencontre directement près du bateau, pour 2 heures et demie d’une observation exceptionnelle. Il faut se figurer la magie de l’instant : avoir 2000 mètres sous les palmes et se retrouver, seule dans le grand bleu, en compagnie de ces animaux géants et majestueux ! «. Cachalots, dauphins et rorquals communs ont également ponctué et illuminé cette navigation. Les images saisies de cette faune marine viennent d’ailleurs illustrer le film pour lequel les exploratrices ont fait appel aux services de Typhaine Szelangiewicz, cadreuse et réalisatrice.

Cette rencontre avec le sauvage, Leslie Bissey ne s’attendait pas à la vivre avec autant d’intensité en Méditerranée.

Après la Polynésie, j’imaginais la Méditerranée comme un peu fade. Pourtant, il faut apprendre à la regarder avec un autre œil, cette mer est très sauvage et pleine de richesses.

©Jean-Christophe Ballet

Passionnée des mers, la navigatrice croit sincèrement en un avenir meilleur. Elle met sa détermination au profit d’un objectif simple : démontrer que l’Océan, bien que malmené et pollué par nos activités humaines, regorge de vitalité et d’actions bénéfiques pour assurer sa préservation. « La capacité de résilience de la nature est extrêmement forte. La situation de confinement liée à la pandémie de Covid-19 le prouve, tant les espaces qui sont laissés tranquilles se régénèrent rapidement.”

L’occasion d’accélérer la prise de conscience collective de notre impact sur le vivant.

04'
Chapitres
Océans
OceaSciences. Sentinelles des pollutions plastiques
NUMERO 6 | JUIN 2020
Océans
L’océan, garant de l’équilibre climatique
NUMERO 6 | JUIN 2020