Archéologie - paléontologie / Collections & Patrimoines / Histoire de l'art Article Université Lumière Lyon 2 LLa Koré de Samos : témoignage de l’esthétique archaïque | Collections & Patrimoine Koré de Samos ©Claude Mouchot - Université Lumière Lyon 2 #HistoiredunmoulageNous allons ici nous intéresser au moulage d’une des plus vieilles dames conservées au Musée des Moulages de l’Université Lumière Lyon 2, la célèbre Koré de Samos*.Koré de Samos – Musée du Louvres (©creative commons)La Koré de Samos est une ronde bosse (une statue dont on peut faire le tour) qui a été sculptée vers 560 av. J.-C. dans un marbre à gros cristaux, anciennement peint. Elle est particulièrement grande : 1,92 m., surtout si on considère qu’il lui manque la tête. Elle est conservée à Paris, au musée du Louvre (inv. Ma 686). Nous conservons un moulage de cette œuvre réalisée par les ateliers de moulages du Louvre vers 1895, de mêmes dimensions que l’original. Il se trouve au Musée des Moulages de l’Université Lyon 2, dans la section consacrée au corps féminin (inv. L132).La statue a été retrouvée sans tête à Samos, à l’emplacement du sanctuaire d’Héra*, raison pour laquelle on l’identifie souvent comme l’Héra de Samos, sans que l’on puisse affirmer pourtant qu’il s’agit de la déesse. C’est un habitant de l’île qui la découvre en 1875. Elle entre par achat au musée du Louvre en 1881.La femme se tient debout, dans une attitude frontale. Le mot koré signifie « jeune fille » en grec, il s’agit d’un terme que l’on emploie pour désigner des statues féminines de l’époque archaïque* lorsqu’on a des doutes sur leur rôle ou identité. On les retrouve la plupart du temps dans des sanctuaires dédiés à des divinités féminines, tandis qu’on trouve souvent des kouroï, jeunes hommes figurés nus, près de lieux dédiés à des dieux masculins. Le corps de la koré évoque une colonne, qui conjuguée à sa grande taille dégage une impression de monumentalité. Cet aspect cylindrique est toutefois nuancé par un assouplissement dans le modelé de la poitrine ou encore des reins. Un de ses bras est pressé contre son corps, l’autre ramené vers la poitrine est brisé mais devait tenir une grenade ou les clefs du temple de Héra.Mais ce qui a beaucoup retenu l’attention, c’est son costume. Son chiton* est serré à la taille par une ceinture avant de tomber en des plis très fins, jusqu’au sol. L’himation*, plus épais, tombe le long du bras droit et couvre transversalement le buste. Un voile dont on aperçoit un pli dans le dos devait venir couvrir la tête de cette statue. Les étoffes tombent en corolle autour des pieds nus.Une dédicace orne le revers de son vêtement : « Chéramyes m’a consacrée à Héra en offrande ». Chéramyes était un riche samien, qui a fait à Héra une offrande de choix car il ne lui a pas dédié uniquement cette koré mais aussi deux autres découvertes au même endroit et conservées à Berlin et à Vathy.Il s’agit d’une des plus anciennes korés connues. Cette formule est amplement réutilisée au fil des époques, et la section consacrée au corps féminin au MuMo donne un bon aperçu de l’évolution stylistique de ce type de statuaire.Cachet de l’atelier des moulage du Louvre©Claude MouchotNotre moulage a été réalisé aux ateliers de moulages du Louvre : on trouve le cachet de cet atelier à l’arrière du socle, sur lequel est inscrit « musées nationaux – moulages ». Il aurait été réalisé vers 1895, car une facture de Gerfaud et fils, l’emballeur des ateliers du Louvre portant cette date évoque l’emballage de la koré en vue de son transport à Lyon. Ce document est conservé par le pôle Archives de l’Université Lumière Lyon 2 ; la koré y est évoquée comme « La statue de la femme sans tête trouvée à Samos ». L’atelier de moulages du Louvre est alors dirigé par Eugène Arrondelle, qui y exerce de 1886 à 1907 ; ce qui correspond à la période de constitution de la collection de moulages antiques de l’Université de Lyon.Vous pourrez venir contempler de plus près cette koré dès la réouverture du musée, que nous espérons la plus rapide possible !Glossaire*Samos : Il s’agit d’une île grecque qui se trouve dans la mer Egée, près de l’actuelle côte grecque. La plus grande ville de l’île se nomme Vathy.*Héra : dans la mythologie grecque, Héra, épouse de Zeus, est la déesse de la vie, de la famille et du mariage. La plupart des épisodes mythologiques qui lui sont consacrés la mettent en scène se vengeant de son mari volage et des maîtresses de ce dernier. Son culte est très populaire, particulièrement à Samos, où elle serait née selon des légendes locales.*Epoque archaïque : elle s’étend entre 600 av. J.-C. et 480 av. J.-C. C’est la grande époque de constitution des cités grecques, des armées (dont le symbole est l’hoplite), des réseaux commerciaux et de la colonisation.*Chiton : il s’agit d’un vêtement de dessous porté sous la Grève antique (une chemise ou une tunique).*Himation : c’est une sorte d’étole ou de châle qui se drape par dessus les vêtements.Lina Roy – Musée des Moulages, Université Lumière Lyon 2Musée des moulages