CCause animale : pourquoi fait-elle l’objet de recherches récentes ? ©triangleLes animaux vous intéressent ?Les boules de poils, vous aimez les câliner ?Ce triptyque est pour vous !Car son sujet est : les animaux ou plus exactement, la place qu’ils occupent dans notre société. Et dans ce premier podcast, dont le triptyque leur est consacré, nous allons tenter de comprendre pourquoi la cause animale ne fait l’objet d’études de chercheurs que récemment. Pour en discuter nous sommes avec Jérôme Michalon, chargé de recherches au CNRS, à TRIANGLE et à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. > Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/04/tri2-1_jerome-michalon.wav> Lire la retranscription des propos de l’interview :Depuis, combien de temps, la cause animale est l’objet d’études de chercheurs universitaires et surtout comment l’expliquez-vous ?Jérôme Michalon – L’idée que les animaux pourraient mériter un traitement plus favorable c’est une idée qui est assez ancienne, par contre ce qui est plus récent c’est le fait qu’il y a des collectifshumains qui se constituent pour défendre les intérêts des animaux et porter leur parole. C’est à partir du XIXème siècle, en Europe, que ces collectifs se constituent, notamment pour faire voter les premières lois de protection animale et former ce qu’on appelle la cause animale. Ces mouvements qui sont pourtant relativement bien installés dans nos sociétés parce qu’en fait tous le monde connait la SPA, qui a été fondée en 1845, donc ce n’est pas nouveau. Ces mouvements là ont été assez tardivement étudiés par les universitaires, en tant que qu’objet de recherche. Dans l’espace francophone, les historiens ont commencé à s’y intéresser dans les années 1980, de manière assez épisodique. Puis quelques politistes et sociologues, au tournant des années 2000. Mais c’est vraiment depuis les années 2010 que des recherches commencent à s’accumuler sur la question.© PIxabayEt comment l’expliquez-vous ?J.M. – Alors peut-être parce que, justement très tôt, des universitaires et des savants étaient impliqués dans la cause elle-même, et qu’en fait ils se sont employés à la faire exister, à la légitimer, à expliquer pourquoi effectivement il faudrait se soucier des animaux. Ils ont fait cela plutôt qu’analyser la cause en tant que mouvement social, en faire l’histoire, comprendre la sociologie des militants, etc. Une autre explication possible tient à l’objet en lui-même : puisque étudier la cause animale c’est aussi étudier les rapports humains-animaux, et pendant longtemps les sciences humaines et sociales ont considéré que cet objet ne faisait pas partie de leur périmètre, mais qui faisait partie du périmètre des sciences de la nature. Parler d’animaux impliquerait d’avoir des qualifications en biologie et en éthologie. Et malgré le développement des recherches en sciences humaines et sociales sur les rapports aux animaux, ces débats ont toujours cours, sont toujours d’actualité. Pour ma part, je pense qu’il s’agit d’un malentendu : quand on est clair sur le fait que l’on étudie non pas les animaux seuls, ou entre eux, entre congénères et qu’on étudie bien les relations qu’ils entretiennent avec les humains, il n’y a aucune raison de considérer que l’objet n’est pas légitime pour les Sciences Humaines et Sociales.. Mais ce n’est pas toujours simple à faire entendre.Pour ce qui concerne l’animal, comment aujourd’hui est-il perçu ?J.M. – C’est un vaste sujet, aujourd’hui l’animal est considéré de manière très différente, selon les pays, selon les espèces : il peut être vu comme une ressource, principalement c’est comme cela, sous la forme de viande ou de produits animaux, une ressource dont on extrait la matière, dont on va chercher à optimiser le fonctionnement biologique, mais aussi comme un modèle expérimental pour faire avancer les connaissances médicales, peut être aussi utilisé comme un auxiliaire de travail dans le cas des chiens policiers ou comme un assistant dans le cas des chiens guide pour personne déficiente visuelle ou comme support émotionnel dans le cas des animaux de médiation. Ils peuvent être aussi des objets de collection parce que, à titre d’exemple, le trafic international d’espèces exotiques c’est un des plus gros trafics au monde aujourd’hui, mais aussi être utilisés comme des sentinelles des pandémies à venir, des changements environnementaux, des emblèmes de la biodiversité d’un territoire. Ils peuvent être aussi objets de soin, ils peuvent être aussi consommateurs à travers le développement du marché des animaux de compagnie. Ils peuvent être aussi encore gibiers ou outils de chasse, selon de quel animal on parle. Donc c’est très très varié effectivement la perception et l’utilisation des animaux aujourd’hui.Est-ce qu’il en fut toujours ainsi ?J.M. – Bien évidemment, il y a eu beaucoup d’évolution au fil de l’histoire. Ce que je retiens depuis deux siècles, il y a quand même une évolution notable, c’est le fait qu’après avoir été mis au travail de manière intensive, les animaux dans les sociétés occidentales ont perdu la fonction de traction qui avait permis à la société industrielle de se développer avant que les moteurs et la mécanisation, les moyens de transport, de travail ne les remplacent. Le travail des animaux a donc énormément évolué et de nouvelles fonctions lui ont été attribuées : c’est ce que j’ai étudié dans ma thèse qui portait sur les pratiques de médiation animale, ces pratiques où il s’agit de soigner des humains en les mettant en contact de certaines espèces animales et j’ai observé comment la fonction de « thérapeute » a été attribué à certains animaux, en l’occurrence les chiens et les chevaux. On peut parler du fait que de plus en plus d’animaux soient devenus « de compagnie » est également quelque chose d’assez inédit : que des animaux domestiques puissent ne servir à rien d’autre qu’à l’agrément de leur propriétaire, c’est en effet peu commun dans l’histoire de la domestication, selon l’anthropologue Jean Pierre Digard. En tout cas, ce qui est sûr c’est que les animaux sont partout dans notre vie, et que c’est le cas depuis plusieurs millénaires.> À suivre…Le prochain et deuxième podcast du triptyque consacré aux animaux évoquera le thème de : pourquoi certains animaux ont-ils une place favorable…ou non ?>> Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle
NNos animaux de compagnie peuvent-ils contracter la COVID-19 ? Grâce à l’implication de différents chercheurs et partenaires, en particulier le soutien financier « action COVID-19 » de l’IDEX Lyon dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir (ANR-16-IDEX-0005), un projet de recherche en épidémiologie et santé publique vétérinaire a pu voir le jour à VetAgro Sup, le projet COVIDAC (COVID-19 et Animaux de Compagnie).Le projet COVIDAC, coordonné par les Dr Vincent Legros, Emilie Krafft et Angeli Kodjo et rassemblant des médecins vétérinaires et des chercheurs du Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI), du laboratoire d’analyses vétérinaires (LAV) et de plusieurs services du Centre hospitalier Vétérinaire animaux de compagnie de VetAgro Sup, vise à clarifier le rôle potentiel des animaux de compagnie (chien, chat) vis-à-vis du SARS-CoV-2, l’agent responsable de la pandémie de COVID-19, dans un contexte épidémique massif observé aujourd’hui en Europe et particulièrement en France.La première étude publiée en 2020 par cette équipe pluridisciplinaire en santé humaine et animale dans la revue One Health, a montré qu’une proportion relativement élevée de chiens et de chats particulièrement exposés au virus avaient été infectés par le SARS-CoV-2 (i.e. possédant des anticorps mais sans avoir eu de symptômes). En effet, parmi les chiens et les chats vivant dans un foyer où au moins une personne avait été diagnostiquée COVID-19+, plus d’un animal sur cinq possédaient des anticorps anti SARS-CoV-2, ce qui représente un taux 8 fois plus important que celui retrouvé dans la population générale de chiens et de chats. Les conclusions de cette étude pionnières ont depuis été confirmées par d’autres travaux réalisés dans d’autres pays.Les animaux domestiques vivant au contact d’humains COVID-19 positifs ont 8 fois plus de risque de posséder des anticorps spécifiques du SARS-CoV-2.La question du rôle potentiel des animaux de compagnie dans l’épidémiologie du SARS-CoV-2 a en effet fait l’objet d’une attention très précoce suite à l’émergence du virus fin 2019, à la fois en raison de la probable origine animale du virus mais aussi de l’existence de coronavirus proches circulant déjà chez les animaux domestiques. L’absence de risque lié aux animaux domestiques a rapidement fait consensus, malgré la démonstration que ceux-ci (notamment les chats) pouvaient, en laboratoire, transmettre le virus à leurs congénères ainsi que l’identification sporadique d’animaux infectés à Hong-Kong et en Belgique puis dans de nombreux autres pays (France, États-Unis, Espagne, Italie, Irlande, Japon…).©VetAgro SupL’infection des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 est largement asymptomatique.Afin d’évaluer l’intensité de la circulation du SARS-CoV-2 parmi les animaux domestiques, l’équipe de chercheurs a prélevé des échantillons sanguins sur deux groupes d’animaux : le premier groupe dont les 47 animaux (13 chiens et 34 chats) étaient considérés comme à risque élevé car issus d’un foyer dans lequel a minima un cas de COVID-19 humain avait été diagnostiqué. Le second, à risque modéré, était constitué de 38 animaux (16 chats et 22 chiens) dont le statut des propriétaires était inconnu. Les deux groupes d’animaux ont été prélevés entre les mois de mai et juin 2020. Parmi les animaux à risque modéré, seul un chat présentait des anticorps contre le SARSCoV-2. En revanche, dans le groupe à risque élevé, plus de 20 % des animaux (8 chats et 2 chiens sur les 47 animaux) se sont révélés positifs, ce qui suggère une circulation virale plus importante qu’anticipée initialement. Ces infections ne se sont pas traduites par la présence de signes cliniques, ce qui confirme que l’infection des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 est largement asymptomatique en conditions naturelles.Le risque de transmission du SARS-CoV-2 d’un animal à l’humain est négligeable.Cette enquête sérologique ne permet pas d’identifier de manière catégorique l’origine de la contamination, mais le fait que le risque pour un carnivore domestique d’être infecté par le SARS-CoV-2 soit 8,1 fois plus élevé s’il réside chez une personne positive au COVID-19 constitue un fort argument de l’origine humaine de l’infection. Il est donc établi que les chiens et les chats peuvent être infectés par le SARS-CoV-2 dans des conditions naturelles mais il est très rare qu’ils tombent malades. L’une des inconnues qui persistait était le risque que ces animaux pouvaient représenter pour l’humain. Pour préciser cela, VetAgro Sup a travaillé avec le Centre International de Recherche en Infectiologie à Lyon, l’Institut de Recherche pour le Développement à Montpellier et le Centre Hospitalo-Universitaire de Caen. Entre avril 2020 et avril 2021, afin de rechercher des traces du virus, des échantillons de salive ont été prélevés chez les animaux reçus dans les cliniques de VetAgro Sup avec l’accord de leur propriétaire. Plusieurs centaines de prélèvements ont ainsi été analysés et ont montré que le risque de transmission du SARS-CoV-2 d’un animal à l’humain est négligeable.Article publié sur le site Viruses, Journal de virologie en « Open access », le 3 septembre 2021.>> Pour en savoir plus :Article Covidac Article en anglaisAuteurs de l’étude : Émilie Krafft, Solène Denolly, Bertrand Boson, Sophie Angelloz-Pessey, Sophie Levaltier, Nicolas Nesi, Sandrine Corbet, Bryce Leterrier, Matthieu Fritz, Eric M. Leroy, Meriadeg Ar Gouilh, François-Loïc Cosset, Angeli Kodjo et Vincent Legros.
CC’est prouvé : les chiens policiers ont du flair Depuis 2003, les chiens de la brigade d’odorologie aident la police à confondre des suspects à partir de leur empreinte olfactive. Après avoir analysé toutes les données disponibles sur le sujet, des chercheurs viennent de valider la fiabilité de cette technique. Explications dans cette vidéo proposée en partenariat avec LeMonde.fr.Vous souhaitez avoir plus d’informations sur le laboratoire, visitez le site du Centre de Recherche en Neurosciences de LyonL’odorologie policière corroborée par la science, communiqué de presse diffusé le 10 février 2016 par le CNRS.>> Pour visionner la vidéo, rendez-vous sur le site :CNRS le Journal