L'équipe Pop'Sciences est en pause estivale et sera de retour le 19 août.Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

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Législatives : le mode de scrutin actuel est-il juste ? | The Conversation

LLégislatives : le mode de scrutin actuel est-il juste ? | The Conversation

C’est un sujet qui revient avec chaque élection nationale en France, qu’il s’agisse de la présidentielle ou des législatives. Le mode de scrutin actuel, appelé « scrutin majoritaire uninominal à deux tours », est-il juste ? Des deux côtés de l’échiquier, Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) estiment que ce mode de scrutin n’est plus compatible avec le « pluralisme de notre vie politique ».

En 1947 déjà, Michel Debré déclarait dans son ouvrage La mort de l’état républicain :

« Nous considérons volontiers, en France, le mode de scrutin comme un mécanisme secondaire. C’est une erreur, une erreur grave[…]. Le mode de scrutin fait le pouvoir, c’est-à-dire qu’il fait la démocratie ou la tue. »

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec M. Debré, l’un des rédacteurs de notre constitution et chacun pressent qu’effectivement le mode du scrutin est tout sauf neutre dans la détermination de qui est élu.

En tant que chercheurs, nous nous efforçons de comprendre les propriétés, au sens mathématique, des différents modes de scrutins. En tant que citoyens, nous sommes persuadés d’un réel débat autour de cette question pourrait permettre de remobiliser nos concitoyennes et concitoyens autour de la question électorale, fondamentale à notre démocratie.

Le scrutin majoritaire à deux tours : cet outil archaïque

S’il permet de dégager un ou une gagnante à chaque fois, le « scrutin majoritaire uninominal à deux tours », ne présente pas que des propriétés positives.

La grande qualité de ce scrutin est, comme son nom l’indique, de dégager une majorité de votants en faveur du vainqueur. Majorité absolue dans le cas de l’élection présidentielle, éventuellement majorité relative dans le cadre de triangulaire lors des législatives, mais à chaque fois majorité tout de même.

Mais cette majorité ne tient pas compte de la minorité : avec ce système un candidat peut être élu à la majorité absolue même si son programme est jugé très négativement par 49,9 % des électeurs. En ce sens, cette « tyrannie de la majorité », comme le dit Alexis de Tocqueville, peut mener à l’élection de candidats très clivants : convaincre une moitié des électeurs (plus un) suffit, quitte à se faire détester par l’autre moitié.

Cette caractéristique forte se double de plusieurs défauts : le premier d’entre eux est qu’il peut nous pousser à « voter utile » plutôt que de voter pour notre candidat favori : à quoi sert de voter pour un candidat qui ne sera pas au deuxième tour ? A rien ! Donc autant voter dès le premier tour pour son meilleur choix parmi les candidats qui ont des chances de se qualifier.

Souhaite-t-on vraiment un moyen d’expression démocratique qui incite fortement les votants à ne pas être sincères ? Un autre défaut bien connu est que le résultat du scrutin majoritaire à deux tours peut dépendre de la présence ou non de « petits » candidats. Par exemple, lors de l’élection présidentielle de 2002, la présence de plusieurs autres candidats de gauche au premier tour a vraisemblablement fait qu’il a manqué à Lionel Jospin les quelques centaines de milliers de voix qui lui auraient permis d’être qualifié au deuxième tour et, peut-être, de gagner l’élection. Souhaite-t-on vraiment un mode de scrutin qui soit si sensible aux manœuvres politiques ?

Et ce ne sont pas les seuls défauts du scrutin majoritaire à deux tours. D’autres peuvent être trouvés dans notre ouvrage « Comment être élu à tous les coups ? » publié chez EDP Sciences.

Mais c’est une chose de dire que le scrutin majoritaire à deux tours n’est pas un bon mode de scrutin, c’est autre chose de trouver le « meilleur » mode de scrutin. Depuis les travaux de Borda et Condorcet au XVIIIe, de nombreux chercheurs se sont penchés sur ce problème en proposant de non moins nombreux modes de scrutin, tous imparfaits. En 1951, l’économiste américain Kenneth Arrow semble mettre un terme à tout espoir en démontrant un théorème (dit d’impossibilité) indiquant que tout mode de scrutin ne pourra jamais vérifier de manière simultanée un petit ensemble de propriétés pourtant souhaitables. En ce milieu de XXe siècle, il semble que le mode de scrutin parfait n’existe pas et que les mathématiques ont tué la démocratie.

Les modes de scrutin basés sur des évaluations : nouvel eldorado ?

Cependant, Arrow ne parlait que des modes de scrutins utilisant des ordres de préférence, c’est-à-dire les modes de scrutin basés sur les classements des candidats (du plus apprécié au moins apprécié) par chaque électeur. Mais il existe une autre catégorie de modes de scrutin, qui utilise des évaluations : chaque votant peut donner une « note » ou une appréciation à chacun des candidats. L’avantage de ce mode de scrutin ? Disposer d’une information plus complète et souvent plus nuancée des votants sur les candidats.

Deux familles de modes de scrutin basés sur les évaluations se distinguaient jusqu’à présent :

  • les modes de scrutin « à la moyenne » (le « range voting », le vote par approbation) : le candidat élu est celui dont la moyenne des évaluations est la plus élevée.
  • Les modes de scrutin « à la médiane » (le « jugement majoritaire » et autres variantes) : le candidat élu est celui dont la médiane des évaluations est la plus élevée.

Le plus simple d’entre eux est le vote par approbation, chaque votant donne une voix à tous les candidats qu’il juge acceptables (l’échelle des évaluations est alors réduite au minimum : 0 : inacceptable, 1 : acceptable). Le candidat élu est celui qui reçoit au total le plus de voix. C’est exactement ce qui se passe lorsque l’on participe à un « doodle » : parmi des dates proposées, les votants choisissent celles leur convenant et la date la plus choisie l’emporte ! Ça serait très simple à mettre en pratique dans notre vie politique : il suffirait de permettre aux votants de glisser autant de bulletins différents qu’ils le désirent dans leur enveloppe (ou en d’autres termes de prévoir un « doodle » à 40 millions de lignes…).

Notons que ces modes de scrutin utilisant des évaluations ne sont plus sensibles au vote utile et que le vainqueur ne dépend plus de la présence ou de l’absence d’un autre candidat proche de lui dans l’élection. Ils vérifient en outre l’ensemble des propriétés souhaitables défini par Arrow !

Nous avons récemment proposé, avec Irène Gannaz et Samuela Leoni, un formalisme unificateur pour ces modes de scrutin, soit une manière de voir chacune de ces méthodes comme une variante particulière d’une unique méthode de vote.

Dans une configuration où chaque votant donne une note à chaque candidat, chaque votant peut être représenté dans l’espace par un point dont les coordonnées sont ses évaluations données aux candidats. Un exemple pour une élection avec trois candidats est illustré dans la figure suivante : chaque axe représentant un candidat et chaque point un votant, les évaluations entre -2 et 2 ont été générées au hasard pour cette figure :

Représentation graphique d’un système de vote par note pour 3 candidats. | ©Antoine Rolland

L’idée sous-jacente commune à tous ces derniers modes de scrutin est de repérer le point le plus « au centre » du nuage de points des évaluations (en rouge sur la figure), de le considérer comme le votant « type », et de déclarer élu son candidat préféré.

Ce formalisme permet de proposer un modèle général pour les modes de scrutin utilisant les évaluations (range voting, vote par approbation, jugement majoritaire, etc.), mais aussi d’ouvrir la voie à de nombreux autres modes de scrutin, inconnus jusqu’alors. À chaque définition de point le plus « au centre » du nuage (et il y en a beaucoup !) est alors associé un mode de scrutin différent.

Les modes de scrutin par évaluations sont bien meilleurs d’un point de vue logico-mathématique. Sociétalement parlant, ils permettraient de privilégier les candidats plus consensuels.

À nous, société civile et citoyenne, de nous saisir de cette question pour redevenir acteur/actrice de notre destinée démocratique commune. Comme disait G. Bernanos : « On n’attend pas l’avenir comme on attend un train, l’avenir, on le fait. »The Conversation

> Les auteurs : Antoine Rolland, Maitre de conférence en statistique, Université Lumière Lyon 2  

et Jean-Baptiste Aubin, Maître de conférence en statistique, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>>  Lire l’article original :

The Conversation

Démocratie : faire valoir sa voix

DDémocratie : faire valoir sa voix

À l’heure où les extrêmes sont au plus haut, ou le taux d’abstention explose, où nous avons l’impression que tous nos politiques sont les mêmes. Une sérieuse impression d’impuissance monte en nous.

Notre système démocratique est-il malade ? Quelles sont les améliorations possibles ou les solutions alternatives ?

Comme à son habitude, l’association Scène 27 organise un événement propice aux rencontres pour échanger sur un sujet de société avec notre jeu P.O.V, participer à un atelier artistique, découvrir une sélection de livre sur le sujet et écouter des « Talks » d’experts dans une ambiance décontractée et bienveillante !

Intervenants :

  • Camille Marguin, entrepreneuse et militante associative – « Combler le fossé qui se creuse entre les citoyens, notamment les plus jeunes, et la politique. »
  • Jean Baptiste Aubin, statisticien et mathématicien, maître de conférence statisticien à l’INSA Lyon et à l’Institut Camille Jordan  – « Des mathématiques pour sauver la démocratie ? »

Avec la participation de : Librairie Expérience et de l’auteur, compositeur et interprète Focalm.

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : 

Scène 27

Histoire et philosophie démocratiques de la démocratie

HHistoire et philosophie démocratiques de la démocratie

« En s’y mettant à plusieurs, ici et maintenant […] nous pourrions peut-être contribuer à faire de cette « pandémie », mais aussi de la santé et de l’avenir de la vie, non pas ce qui suspend, mais ce qui appelle la démocratie. » Barbara Stiegler.
Cheminons avec Barbara Stiegler, philosophe et professeure à l’Université Bordeaux-Montaigne et Christophe Pébarthe, maître de conférences en histoire grecque à l’Université Bordeaux-Montaigne, pour une participation à l’effort de réveil ! Placés dans des situations différentes, prise de parole à la tribune, dialogue dans une table ronde, discussion dans leur espace privé, la philosophe et l’historien explorent les territoires de la parole démocratie… sur la démocratie.

Enrayer la fabrique du consentement qui refuse toute rationalité à l’individu et au collectif. Faire apercevoir les mécaniques de déformation du langage qui sapent les conditions de possibilités de la démocratie.
Rendre explicite l’ensemble des logiques d’appauvrissement des services publics en faveur d’intérêts financiers. Produire une perturbation des réflexes, un desserrement du jeu de langage. Détricoter les discours qui nous gouvernent.

Intervenants : Barbara Stiegler et Christophe Pébarthe

Pour en savoir plus :

Unipop Lyon

Voter pour rien | Rencontre « Parlez-nous de… »

VVoter pour rien | Rencontre « Parlez-nous de… »

Pourquoi vote-t-on ? Dans le contexte actuel d’un abstentionnisme galopant, et si un détour par l’histoire moderne permettait de répondre à cette impossible question ? Entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle en effet, la petite république de Genève s’est posée la question de l’intérêt du vote et de la défense de son système démocratique. C’est ce détour que propose le livre de Raphaël Barat, Voter pour rien.

Les historiens ont longtemps pensé que la république genevoise était une démocratie de façade, puisque les sortants y étaient presque toujours reconduits. Alors pourquoi voter ? Or, si l’on oublie les résultats de ces élections pour se concentrer sur les campagnes électorales, c’est toute la vie politique genevoise qui apparaît. Voilà le pari de Raphaël Barat, qui étudie la demande de réforme électorale et la réponse des institutions, de l’introduction du secret du vote à la construction d’une démocratie directe. Fruit d’une dizaine d’années de travail, ce livre questionne notre rapport au politique, à la démocratie, mais aussi notre rapport à l’histoire : ce sont ces rapports auxquels nous aimerions réfléchir ensemble, en compagnie de l’auteur.

  • Autour de l’ouvrage de Raphaël Barat
    Voter pour rien : 1691 le jour où les citoyens menacèrent de « faire sauter les vieux » (Payot, 2021)

Pour en savoir plus :

Bibliothèque Diderot

 

Les Mercredis de l’Anthropocène | Programme novembre 2021

LLes Mercredis de l’Anthropocène | Programme novembre 2021

La Saison 6 des Mercredis de l’Anthropocène poursuit sa programmation en ce mois de novembre 2021. Ce rendez-vous hebdomadaire vise à comprendre le changement global qui traverse nos mondes urbains. Chercheurs et spécialistes croisent leurs paroles et mettent au jour des solutions.

En partenariat avec : Rue89 Lyon et avec le collectif de photo Item pour la séance du 10 novembre.

> Les thèmes de novembre :

  • 3 novembre – Réinvestir les lieux des espaces peu métropolisés / A Hôtel71, Lyon 2e.
  • 10 novembre – Sur-fragilité des territoires de montagne / Au Collectif Item, Lyon 1er.
  • 17 novembre – Les espaces du débat démocratique sont-ils à la bonne échelle pour répondre aux enjeux de l’Anthropocène ? / A Hôtel71, Lyon 2e.
  • 24 novembre – Les formes de l’engagement pour le climat / A Hôtel71, Lyon 2e

Toutes les infos sur le site de :

École urbaine de Lyon

Élections américaines : le droit contre la démocratie ? | Un article Pop’Sciences

ÉÉlections américaines : le droit contre la démocratie ? | Un article Pop’Sciences

©Pixabay

L’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis se joue dans les tribunaux autant que dans les urnes. Le résultat du vote, mais aussi le déroulement du scrutin, sont au cœur d’un bras de fer juridique acharné entre Républicains et Démocrates.

Un article rédigé par Cléo Schweyer, journaliste scientifique, Lyon, pour Pop’Sciences – 16-10-2020

 

Il aura fallu attendre le 15 octobre 2020, moins de trois semaines avant l’élection présidentielle du 3 novembre, pour que le président américain Donald Trump le dise clairement : oui, il quittera « pacifiquement » la Maison Blanche s’il est battu par son rival démocrate Joe Biden. Interrogé sur ce point par la journaliste Savannah Guthrie, il s’est empressé d’ajouter : « Mais je souhaite que cette élection soit honnête, comme tout le monde. » Semer le doute sur le déroulement des élections pour mieux contester leur résultat, une bonne stratégie pour un président américain en exercice ?

Patrick Semansky/© AP

Oui, à en croire Olivier Richomme, chercheur en civilisation américaine à l’Université Lumière Lyon 2 et spécialiste du droit électoral des États-Unis :

« La gauche américaine craint que Donald Trump n’utilise le droit et le fédéralisme pour faire basculer l’élection en sa faveur. Et il y a beaucoup de domaines dans lesquels c’est possible. »

Une multitude de fronts s’est ouverte ces derniers mois dans les tribunaux, un peu partout aux États-Unis. On peut classer ces batailles juridiques en deux grandes catégories : l’accès des citoyens au vote (qui se joue à l’échelle de chaque état), et l’influence sur les institutions des deux partis principaux, Républicains et Démocrates (qui se joue à l’échelle fédérale).

Les USA, une démocratie où le droit de vote n’est pas garanti

D’après une étude du Brennan Center, une organisation américaine de défense des droits civiques, 16 millions de personnes ont été rayées des listes électorales aux États-Unis entre 2014 et 2016 (soit environ 15% des personnes en âge de voter). Comment est-ce possible ?

Olivier Richomme le rappelle : la constitution américaine ne comporte aucun amendement garantissant le droit de vote. Il n’est pas un droit constitutionnel, et la loi ne précise pas qui compose le corps électoral (à titre de comparaison, l’article 3 de la constitution française de 1958 dispose que « sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. »). La loi n’offre par ailleurs aucun moyen de s’assurer avant les élections que celles-ci seront égalitaires. Il faut attendre la fin du scrutin pour le contester, en apportant la preuve que l’on a été victime de discrimination. Enfin, la souveraineté des états repose en grande partie sur le fait d’organiser eux-mêmes les élections. Le droit électoral reflète donc pour une large part les rapports de force politiques au sein de chaque état.

« Les Républicains », résume Olivier Richomme, « ont de meilleurs scores quand certaines catégories de population (les jeunes, les Américains noirs notamment) ne votent pas. Pour les Démocrates, c’est l’inverse. »

Les Démocrates vont donc s’efforcer d’amener aux urnes le maximum d’électeurs. De leur côté, les Républicains tentent devant les tribunaux de limiter l’accès au vote ou de défendre les limitations existantes. Dans les deux cas, au nom de la démocratie.

Une avalanche de procédures judiciaires

« Nous vivons depuis des mois dans une atmosphère de grande anxiété », témoigne Dennis Beaver, juriste américain et collaborateur de l’Université Jean Moulin Lyon 3. Ce partisan de Donald Trump (une rareté dans son état de Californie) s’attend à ce que les résultats des élections ne soient pas connus avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines après le 3 novembre. Les procédures opposant Républicains et Démocrates sur l’accès au vote se multiplient en effet ces dernières semaines. Cela laisse prévoir une contestation à la voix près dans les états qui pèsent le plus dans le choix final (pour tout savoir sur le fonctionnement des élections américaines, découvrez notre podcast – en ligne le 19 oct.).

Creative Commons

Le site d’information politique ProPublica, à but non lucratif et spécialisé dans les enquêtes sur les « abus de pouvoir », a mis en place un observatoire participatif du déroulement du vote, ElectionLand. Et le vote par correspondance, massif cette année en raison de la crise sanitaire, est au centre de toutes les préoccupations.

 

©Flickr

Prenons l’exemple du Texas, un état géré par les Républicains depuis 1976, mais où Joe Biden est en tête dans les sondages à quelques semaines du vote. C’est l’un des quatre états les plus peuplés des États-Unis (25 millions d’habitants). Il envoie 38 grands électeurs au Collège électoral et peut faire basculer l’élection. Le 7 octobre 2020, la Cour suprême du Texas a tranché une question posée par les Démocrates : le comté de Harris (plus de 4,5 millions d’habitants) n’aurait pas dû envoyer le matériel pour voter par correspondance à tous ses électeurs inscrits. Une loi texane le réserve en effet aux personnes âgées de 65 ans et plus. Les démocrates contestaient la validité de cette mesure dans le contexte de pandémie de COVID-19 : ils ont été déboutés.

En Pennsylvanie (13 millions d’habitants et 20 grands électeurs), Donald Trump n’a gagné en 2016 que d’une très courte avance de 44 000 voix. Les Républicains ont obtenu devant la Cour suprême de l’État que 100 000 bulletins de vote par correspondance, déjà reçus par les autorités à la veille du scrutin, ne soient pas comptabilisés. Motif : ils n’ont pas été renvoyés dans une enveloppe scellée et portant la formule « bulletin de vote officiel ». Jusqu’à présent, ce type de bulletin (dit « bulletin nu ») était pourtant pris en compte sans difficulté.

Influencer les institutions, un enjeu pour tous les présidents américains

De telles restrictions ne concernent pas que le vote par correspondance : en 2016, le Winsconsin a ainsi exigé que les votants présentent une pièce d’identité avec photo. La carte d’identité n’existant pas aux États-Unis, les personnes qui ne détiennent pas un permis de conduire ou de port d’armes ne sont de fait plus en mesure de voter. Démarche similaire pour la Floride, un état qu’il faut absolument remporter pour gagner l’élection, et qui a écarté du vote en septembre 2020 les personnes ayant déjà été condamnées par la justice. Ailleurs, ce sont des bureaux de vote qui sont fermés dans certains quartiers quelques semaines ou quelques jours avant les élections. Dans ces conditions, comment faire respecter ce qui apparaît comme un principe essentiel en démocratie, l’accès au vote pour tous ?

Carte des élections américaines de 2004 (rouge : Républicains, Bleu : Démocrates, gris : votes disqualifiés) / Wikimedia Commons

Les États-Unis ont déjà connu pareille situation, rappelle Olivier Richomme, avec le duel entre Georges W. Bush et Al Gore en 2004. Bush avait remporté l’élection grâce à une avance de moins de 1 500 voix sur Gore en Floride. Le recomptage des voix demandé par les Démocrates avait finalement été interrompu par la Cour Suprême, qui a donc désigné le vainqueur par un arrêt. Une première appelée à se reproduire en 2020 ?

« C’est la Cour Suprême qui désignera le vainqueur », pronostique Dennis Beaver avec un certain fatalisme.

On comprend mieux l’insistance de Donald Trump à y nommer une juge étiquetée conservatrice juste avant l’élection, s’assurant ainsi que les magistrats proches de sa famille politique seront majoritaires au sein de la juridiction suprême. « Il faut espérer que la Cour Suprême saura se montrer indépendante quand même », sourit Dennis Beaver. Olivier Richomme n’y croit pas trop : « Malheureusement, les juges ont tendance à voter en ligne avec le président qui les a nommés », relève-t-il. Aucune autre juridiction n’existant au-dessus de la Cour Suprême, les jeux seraient alors faits.

Tous les présidents américains, démocrates comme républicains, s’efforcent de peser politiquement dans la vie institutionnelle du pays. Avec des conséquences, là aussi, sur l’intégrité des scrutins. Le Ministère de la justice vient ainsi de supprimer un règlement interdisant de rendre publique, en période électorale, toute enquête qui serait liée au vote, pour ne pas influencer négativement les électeurs. On peut donc s’attendre, et cela a déjà commencé, à ce que l’espace médiatique soit saturé d’informations relatives à de supposées fraudes électorales.

« Donald Trump prépare les Américains à l’idée que le résultat du vote sera frauduleux, pour pouvoir dire qu’il a gagné quoi qu’il arrive », analyse Olivier Richomme.

La démocratie, seulement une question de droit ?

Olivier Richomme et Dennis Beaver s’accordent pour dire que voter à l’élection présidentielle présente peu d’intérêt si l’on habite dans un état « joué d’avance », comme c’est le cas pour la Californie (qui vote systématiquement démocrate). Les électeurs se déplacent tout autant pour les autres votes, locaux ceux-là, qui leur sont présentés en même temps que le choix de leur dirigeant fédéral. Et le système des grands électeurs, conçu pour que les états peu peuplés pèsent face aux états très peuplés que sont la Californie, New-York ou la Pennsylvanie, a pour conséquence de biaiser la représentativité des élections. Les Républicains ont ainsi un pouvoir effectif sans relation avec le nombre d’électeurs qu’ils représentent réellement. Et les Démocrates, bien que majoritaires dans les urnes, ont peu de chance de pouvoir imposer la réforme électorale dont les États-Unis semblent avoir de plus en plus besoin.

La situation américaine actuelle constitue ainsi un cas-limite de l’État de droit, dans lequel une mesure anti-démocratique n’est pas pour autant illégale. Et donc d’autant plus difficile à faire évoluer. Une réalité qui rappelle que la démocratie ne repose pas que sur le droit : sans réflexion et entente sur ce qui fonde l’idéal politique d’un état, les institutions peuvent finir par être utilisées contre elles-mêmes.

PPour aller plus loin

Potentialités et défis du tirage au sort

PPotentialités et défis du tirage au sort

Dans le cadre de la conférence « Le tirage au sort au service de la démocratie » qui s’est tenue le 5 février 2020 au Musée des Moulages, Maxime Mellina (doctorant – Institut d’Etudes Politiques – Université de Lausanne/Université Paris 8) propose une analyse du regain d’intérêt contemporain pour le tirage au sort, mais également des limites de ce système de désignation des représentants politiques en démocratie.
Cette conférence s’est tenue à l’occasion de l’arrivée au MuMo (87 cours Gambetta, Lyon 3ème arrondissement) de la reconstitution d’un klèrôtèrion, accessible au grand public aux horaires d’ouverture du Musée.

Réalisation du support audiovisuel : Jérémy Frenette (SLA– DACDS), Alexis Grattier (COM), et Stéphane Marquet (SLA– DACDS).
Contribution au projet : Sarah Betite (MuMo – DACDS), Michèle Busnel (COM), Pascal Cornet (DACDS), Irini Djeran-Maigre (Association Defkalion), Marie Lauricella (DACDS) et Hélène Wurmser (IRAA).

Le klèrôtèrion, machine emblématique de la démocratie | Collections & Patrimoine

LLe klèrôtèrion, machine emblématique de la démocratie | Collections & Patrimoine

Liliane Lopez, archéologue et chercheure associée à l’IRAA (MOM) présente l’histoire et le fonctionnement du klèrôtèrion, machine emblématique du tirage au sort au service de la démocratie athénienne pour faire participer massivement les citoyens volontaires à la vie politique (VIe siècle avant J.-C.). Cette reconstitution est aussi bien un outil pédagogique à destination des étudiant.es et des élèves du secondaire, qu’un outil de recherche pour comprendre le fonctionnement de la démocratie athénienne dans l’Antiquité.

La reconstitution du klèrôtèrion est exposée au Musée des Moulages (87 cours Gambetta, Lyon 3ème arrondissement). Au cours de visites thématiques, venez découvrir une dimension originale de l’histoire de la démocratie !

Réalisation du support audiovisuel : Jérémy Frenette, Philippe Fricaud, et Stéphane Marquet (SLA– DACDS).
Contribution au projet : Sarah Betite (MuMo – DACDS), Michèle Busnel (COM), Pascal Cornet (DACDS), Marie Lauricella (DACDS), et Hélène Wurmser (IRAA).

Programmation #1

POP’SCIENCES : les grandes thématiques

PPOP’SCIENCES : les grandes thématiques

Deux fois par année, Pop’Sciences propose des rencontres thématiques pour tous, autour de grands enjeux de société. Ces événements ouverts et gratuits permettent de rassembler les citoyens avec des chercheurs, des artistes, des associations et des entreprises… Pour partager, échanger, construire les savoirs de demain, enrichir et diffuser les connaissances scientifiques.


Rencontre – débat 20 juin 2024 : Ville et vivant, une question d’équilibres

Une récente analyse des Nations Unies anticipe que deux personnes sur trois habiteront probablement dans des villes ou d’autres centres urbains d’ici 2050. Ce contexte d’accroissement de la population urbaine s’entrechoque avec d’autres enjeux environnementaux majeurs : changement climatique, pollutions environnementales, menaces sur la biodiversité… Le monde urbain doit prendre en compte son espace, et au-delà, pour préserver une ville et ses alentours habitables. La cité devra réfléchir à ses propres organisation et aménagements, quitte à concevoir de nouvelles manières d’habiter la ville. Une relation équilibrée avec le vivant est l’une des clés de l’évolution de nos villes.

C’est dans cette époque déterminante pour l’évolution et l’avenir des villes que ce Pop’Sciences Mag a choisi de se poser la question suivante : comment mieux inclure le vivant dans nos villes, au bénéfice mutuel de tous les êtres vivants, et permettre le développement de tous ?

Une programmation de culture scientifique, gratuite, ouverte à toutes et tous.

PROGRAMMATION | LE MAG#13


Rencontre – débat 7 novembre 2023 : Eau, maintenant ou jamais


Moins d’1 % d’eau douce est disponible sur Terre. Avec l’augmentation des populations et de leur niveau de vie, les besoins en eau dans le monde ne cessent de croître, que cela soit pour la consommation ou la production de biens matériels, agricoles, industriels. Nombre de nos activités sont préjudiciables pour la ressource, mais aussi les milieux qui l’environnent et les espèces qui y habitent : rejets de polluants, prélèvements excessifs. Or, cette ressource est, quant à elle, limitée. Et les dommages sur les milieux peuvent se révéler destructeurs. Le dérèglement climatique dû aux activités humaines contribue également à diminuer la ressource disponible, mais affecte aussi son cycle naturel, avec l’augmentation de sécheresses mais aussi de précipitations intenses.

Face à ces constats, l’humanité se trouve aujourd’hui à une période charnière où il devient essentiel d’agir. Pour son douzième numéro, « Eau, maintenant ou jamais », le Pop’Sciences Mag a ainsi choisi d’interroger de manière pluridisciplinaire comment adapter nos usages et nos systèmes – économiques, sociétaux, juridiques, techniques – à ce nouveau contexte pour préserver la ressource en eau, tant en termes de qualité que de quantité ?

Une programmation de culture scientifique, gratuite, ouverte à toutes et tous.

PROGRAMMATION | LE MAG#12


Rencontre – débat 22 novembre 2022 : Déplastifier le monde

Matériau polymère aux propriétés exceptionnelles, omniprésent dans l’ensemble des secteurs d’activité de nos sociétés modernes et mondialisées, il n’aura fallu qu’un demi-siècle au plastique pour devenir indispensable, mais également proliférer au point de générer une pollution qui semble hors de contrôle.

Dès lors, nous souhaitons mobiliser les savoirs et les consciences pour comprendre l’ensemble de la chaîne de production, de distribution et de gestion des déchets plastiques, mais également pour dessiner les contours d’un monde qui se défait de sa dépendance aux plastiques. Le magazine croisera les regards de physiciens, géographes, historiens, ingénieurs, chimistes, juristes et militants pour tenter de répondre à une problématique plus complexe qu’il n’y paraît : sommes-nous capables d’enrayer la prolifération indomptée de plastique dans l’environnement ?

Une programmation de culture scientifique, gratuite, ouverte à toutes et tous.

PROGRAMMATION | LE MAG#11


Dans le cadre de la Semaine du cerveau – mars 2022 : Sous l’emprise des émotions

La gouvernance par les émotions

Ce magazine met en lumière des travaux de recherche qui décodent l’importance des émotions sur les choix que nous faisons, leur lien avec des processus d’addiction, leur exploitation à des fins communicationnelles, leur importance dans le milieu du travail, ou encore la façon dont elles sont influencées par les odeurs ou la musique. Dans le cadre de la Semaine du Cerveau 2022, dont le thème retenu est « Vos sens en question », nous vous proposons cette réédition spéciale pour décrypter la mécanique de nos émotions et de celles que nous partageons avec les autres. Les chercheurs du territoire lyonnais que nous avons rencontrés nous éclairent sur ce qui se passe dans nos cerveaux lorsque l’émoi l’émoi l’emporte.

LE MAG#10


Forum novembre 2021 : Réconcilier industrie et société

Pop’Sciences ouvre des perspectives de réconciliation entre industrie et société !

Renouer le dialogue entre industrie et société est un défi complexe, qui va plus loin que les seules relocalisations. Il faut imaginer les futurs métiers industriels, doter les territoires des ressources nécessaires à l’accueil de ces nouvelles filières, décarboner des secteurs encore trop polluants, préparer les habitants à la mutation industrielle de leur territoire et les impliquer dans les scénarios de réindustrialisation.

Une programmation de culture scientifique, gratuite, ouverte à toutes et tous.

 PROGRAMMATION   |   LE MAG#9


Forum juin 2021 : Tourisme. Vers de nouveaux imaginaires

Avant 2020, rien ne semblait pouvoir arrêter l’expansion du secteur touristique, première industrie mondiale avec 10% du PIB mondial et 1 emploi sur 10. Pourtant la crise sanitaire mondiale a terminé d’achever le modèle, jusque-là dominant, du tourisme de masse. Le secteur doit désormais se réorganiser en considérant sa fragilité vis-à-vis des crises sanitaires ou sécuritaires, mais également les contraintes environnementales que la transition écologique lui impose.

 PROGRAMMATION   |   LE MAG#8


Forum novembre-décembre 2020 : Énergie. Une transition à petits pas

Du 24 novembre au 1er décembre 2020, Pop’Sciences vous invite à comprendre les conditions de faisabilité de la transition énergétique. Comment transformer en profondeur nos façons de produire, d’acheminer et de consommer l’énergie ? Quelles innovations sociales et scientifiques permettraient d’accélérer le mouvement ? Pourquoi les moyens de sa mise en œuvre ne font pas consensus ? Décryptez ces problématiques par le regard de différentes disciplines et expertises scientifiques.

 PROGRAMMATION   |   LE MAG#7


Forum juin 2020 : Océan. Une plongée dans l’invisible

© Francis Taylor

Le confinement généralisé a offert une trêve aux écosystèmes marins. Pendant quelques semaines, le bruit des moteurs, les chantiers offshore, la surpêche ont drastiquement baissé en intensité. Difficile de penser au monde d’après sans réinventer notre rapport aux écosystèmes marins et à l’usage que nous faisons de leurs richesses. L’occasion de sceller un nouveau pacte avec l’Océan.

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Forum novembre 2019 : Ce qui dope le sport

Popsciences Forum sport performance société

@Greg Razoky

Les records tombent, la pratique d’une activité physique se démocratise et la performance devient un leitmotiv de société. Rôle du cerveau, avenir des jeux olympiques, innovations techniques, enjeux du sport au féminin, performances extrêmes … Participez aux événements gratuits et ouverts à tous, que l’Université de Lyon organise à Saint-Étienne, Rillieux-la-Pape, Villeurbanne et Lyon !

LE MAG #5   |   PODCAST   |   VIDÉOS

 


Forum novembre – décembre 2018 : Citoyens, la ville de demain nous appartient !

posciences-forum-ville-demain

@Tim Wright

Cette édition du Pop’Sciences Forum s’est intéressée aux nouveaux phénomènes de transformation de la ville et de la citoyenneté, encouragés par le développement du numérique. 4 journées de débats. 4 chantiers éphémères de réflexions à propos de l’avenir des lieux de la cité, des formes d’habitabilité, de la mobilité, du big data, ou encore de la nuit.

LE MAG#2   |   PODCAST


Forum avril-mai 2018 : À quoi rêvent les intelligences artificielles ?

Forum Pop'Sciences - a quoi revent les intelligences artificielles

@Julien Richetti

S’il est un domaine de recherche contemporain qui participe d’une révolution globale (cognitive, sociale, économique, démocratique et éthique), c’est bien celui de l’Intelligence Artificielle (I.A).

Cette I.A qui rime communément avec des promesses d’avenir peu radieux pour nos libertés individuelles, tant nos sociétés sont encore relativement pessimistes quant à nos capacités de contrôle de ces-dites intelligences. Des scénarios redoutablement angoissants qui ne sont pas infondés, tant les risques de malveillances sont bien existants. Pourtant… L’I.A C’EST L’AFFAIRE DE TOUTES ET TOUS.

LE MAG#1

VIDÉO : FAUT-IL SAUVER LE TRAVAIL ?   |   VIDÉO : Demain commence aujourd’hui