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L’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

LL’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

L’ingénierie n’est-elle qu’affaire de technique ? Romain Colon de Carvajal, fait partie de ces scientifiques pour qui l’ingénierie est bien sûr une affaire de technique, mais aussi d’éthique et de philosophie. Enseignant en génie mécanique à l’INSA Lyon, il est aussi spécialiste des low-techs. Selon lui, il est temps de préparer demain, et pour cela, il faut que les ingénieurs sortent du rang et partent à la reconquête de leur liberté.

  • Les low-techs comme médium pédagogique

Au sein de l’école d’ingénieur lyonnaise, Romain Colon de Carvajal met un point d’honneur à initier ses étudiants à la philosophie « low-tech ». « À partir du moment où l’on a bien compris les usages et à qui est destiné un produit technique, je dirais qu’on conçoit low-tech. (…) Le low-tech permet d’explorer une piste concrète et de mettre en lumière la chaîne de responsabilité, plus facile à appréhender lorsqu’un objet technique est plus simple », introduit l’enseignant au micro des « Cœurs audacieux ».

  • Pour une technologie juste, adaptée

« Pour moi, concevoir low-tech, c’est déjà concevoir intelligemment. Je montre qu’il est nécessaire d’avoir une bonne adéquation entre la réponse technologique et le besoin. Le point de départ est de questionner le besoin. Et ce questionnement peut aller très loin : on peut vraiment remettre en cause certains besoins, comme caractériser le côté gadget de certains produits par exemple, qui serait un travers du high-tech. »

  • Une question de responsabilité et de liberté

« La société actuelle demande à l’ingénieur de travailler sur plusieurs échelles de valeurs : l’utilité sociale, le prix, la valeur environnementale, la performance, le contenu scientifique… On ne le forme pas à jongler entre ces échelles de valeurs. Et souvent, il y a des conflits de valeurs : il existe des produits complètement inutiles socialement, mais très sympas à construire d’un point de vue technique. Et quelle liberté les ingénieurs ont d’aller d’une échelle à l’autre ? »

 

Romain_Colon_Carvajal

 

Enseignant au département génie mécanique de l’INSA Lyon, Romain Colon de Carvajal était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1- Épisode 2)

 

 

 

Romain Colon de Carvajal Podcast

Réduire l’impact environnemental de la recherche

RRéduire l’impact environnemental de la recherche

À l’occasion Meet & Fabrik, le rendez-vous créativité et innovation, la Fabrique de l’Innovation de l’Université de Lyon propose une table ronde « Comment réduire l’impact des activités de recherche sur l’environnement ? ».

Comme tous les secteurs, la recherche est elle aussi soumise à des enjeux de réduction de son empreinte carbone. Il est important d’accompagner la transition. À travers les témoignages d’acteurs de la recherche publique, mais également privée, découvrez plusieurs leviers d’action : réduction des dépenses énergétiques via un plan de sobriété, sensibilisation des équipes de recherche pour faire évoluer leurs pratiques vers des comportements plus écoresponsables, analyse du cycle de vie…

Intervenants :

  • Louis Droissart, Ingénieur Économe de Flux, Animateur Énergie de l’Établissement à l’INSA Lyon ;
  • Maylis Jouvencel, Doctorante au laboratoire CREATIS (Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé) et membre du Collectif LIFE ;
  • Antoine Naëgel, Doctorant CIFRE chez Siemens Healthineers, membre du Collectif LIFE au sein du laboratoire CREATIS (Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé) ;
  • Christophe Peres, Fondateur du Labo Durable.

Animée par : Xavier Bacher, Fabrique de l’Innovation.

Cette table ronde sera suivie d’une conférence sur l’innovation dans le secteur public, ou comment remettre les besoins des usagers et des agents au cœur de l’action publique – De 16h à 17h30.

Pour en savoir plus :

Meet & Fabrik

Futourisme | A quoi ressembleront nos vacances en 2050 ?

FFutourisme | A quoi ressembleront nos vacances en 2050 ?

À quoi ressembleront vos vacances en 2050 ? Partirez-vous toujours à la montagne ? Pourrez-vous y profiter des sports d’hiver ? Futourisme c’est le webdocumentaire interactif qui imagine et nous invite à réfléchir à l’avenir du tourisme en région Auvergne-Rhône-Alpes. Visionnez le futur comme vous ne l’avez jamais vu !

Futourisme : un projet de design fiction* et de médiation scientifique consacré à l’avenir du tourisme en région Auvergne-Rhône-Alpes

Secteur économique fondamental pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, le tourisme repose sur un modèle hérité de la seconde moitié du XXe siècle en voie d’obsolescence. La crise écologique autant que l’évolution des pratiques sociales poussent les acteurs locaux, mais aussi les chercheurs, les citoyens et les collectivités à réfléchir à l’évolution du tourisme.

Dans ce contexte, les universités régionales (COMUE de Université Clermont Auvergne, Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont Blanc, Université de Lyon) ont souhaité construire ensemble un ambitieux programme de culture scientifique pour répondre à la question suivante : comment les chercheurs et les experts préparent-ils l’avenir du secteur touristique dans la région ?

Cette série webdocumentaire en 4 épisodes est l’aboutissement d’un processus collectif inédit, initié en septembre 2021 et dont les épisodes sortiront au fil de l’année 2022.

En vous souhaitant un bon voyage sur la plateforme Futourisme !

Futourisme

 

* Design fiction : méthode d’exploration du futur, qui confronte différentes hypothèses d’évolution de la société et des tendances

LListe des épisodes :

  • Futourisme – épisode 1 : La montagne

Comment passerons-nous d’un tourisme de masse à un tourisme plus responsable et durable ? Quelles seront les nouvelles formes du tourisme en montagne face à la diminution de la neige et à la baisse d’intérêt pour le ski alpin ?

>> Découvrez l’épisode 1 :

Épisode 1

  • Futourisme – épisode 2 : Tourisme mémoriel 

Balades sur les plages du débarquement, visites guidées de mémoriaux comme celui d’Auschwitz, musées de la résistance…. Étiquetées « tourisme mémoriel », ces offres qui consistent à mettre en avant le patrimoine historique – souvent traumatique – d’un lieu sont de plus en plus nombreuses et variées. Elles s’enrichissent et évoluent au fil des années pour proposer, au-delà du devoir de mémoire, des clés de compréhension du monde dans lequel nous vivons.

A quoi ressembleront ces visites en 2050 ? Entre récit fictionnel et interventions d’experts dans cette thématique, le 2e épisode « Tourisme mémoriel » de Futourisme vous invite à voyager dans le temps et explorer le tourisme mémoriel du futur.

>> Découvrez l’épisode 2 :

épisode 2

  • Futourisme – épisode 3 : Tourisme patrimonial et culturel

Qu’en est-il du tourisme patrimonial et culturel en 2050 ?

Les politiques liées à son développement ont dû être pleinement repensées depuis 2020… Je ne vous rappellerai pas le contexte de l’époque, tout le monde, même les plus jeunes parmi nous, sait parfaitement à quels bouleversements notre société a été confrontée… Le patrimoine en est insensiblement venu à être considéré comme une façon opportune de créer du lien et surtout une identité forte entre les habitants d’un même terroir, d’une même communauté urbaine, d’un même territoire naturel. Mon travail m’amène à collaborer avec de nombreux scientifiques qui, par les enquêtes, les questionnaires, les entretiens qu’ils ont l’occasion de mener auprès de la population, nous permettent d’infuser aux élus les tendances de terrain en train d’émerger.

>> Découvrez l’épisode 3 :

épisode 3

  • Futourisme – épisode 4 : Nouvelle économie touristique

2050… Les exigences environnementales ont su faire évoluer l’économie touristique. Le vouloir « voyager mieux » s’impose, petit à petit. Mais l’écosophie appliquée au tourisme n’en est encore qu’à ses balbutiements, beaucoup reste à faire et à imaginer pour désindustrialiser le tourisme mondial, l’orienter vers des modèles plus responsables et respectueux du monde dans lequel nous vivons. Portraits de certains de ces acteurs qui ont choisi de donner un nouvel élan au secteur touristique…

>> Découvrez l’épisode 4 :

ÉPISODE 4

 

Le projet Futourisme est soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il a été porté conjointement par les universités de Clermont – Auvergne, Grenoble – Alpes, Savoie Mont-Blanc et Lyon.

Agriculture : passer d’une durabilité faible à une durabilité forte | The Conversation

AAgriculture : passer d’une durabilité faible à une durabilité forte | The Conversation

À l’été 2022, les Pays-Bas ont pris une décision forte en matière d’agriculture durable. Très impopulaire auprès des agriculteurs hollandais, elle consiste à réduire drastiquement les rejets d’azote et les émissions de gaz à effet de serre issus d’exploitations agricoles à proximité de zones naturelles protégées.

Elle va se traduire concrètement par la fermeture et le démantèlement de certaines exploitations et le renoncement à des exportations sur les marchés mondiaux. Si cette décision interpelle par sa radicalité, elle nous invite plus fondamentalement à comprendre les nouveaux enjeux qui se dessinent en matière d’agriculture durable.

 

Le plan néerlandais de réduction d’azote provoque la colère des producteurs. (Euronews, 2022).

DDes conceptions très différentes du développement durable

Le « développement durable », notion devenue incontournable quand on aborde les problématiques environnementales, ne semble présenter aucune ambiguïté dans sa définition ; il s’agit, comme le propose le rapport Brundtland de 1987, de :

« Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

Popularisée depuis plus de 30 ans par l’ONU, plébiscitée par les entreprises et les ONG, cette notion semble stabilisée et opératoire. Elle est en réalité très controversée et renvoie à deux paradigmes dont les ambitions conduisent à des résultats très différents : la durabilité faible et la durabilité forte.

Ces deux aspects prennent leur source dans les travaux de deux économistes : Robert Solow pour la durabilité faible ; Herman Daly pour la durabilité forte. Dans les années 1980 et 1990, ils ont porté des positions très différentes en matière de développement durable.

LLa durabilité faible

Le développement durable faible consiste à trouver des compromis jugés satisfaisants à l’instant T et qui pénalisent à minima le bien-être des générations futures. Des dégradations de l’environnement naturel sont acceptées si elles permettent de maintenir ou de développer les performances du système économique.

Dans le paradigme de la durabilité faible, le capital économique est substituable au capital naturel et le développement technique et scientifique permettra aux générations futures de réparer ou de dépasser les dégradations de l’environnement naturel réalisées par les générations antérieures.

Schématisation des approches de durabilité forte et de durabilité faible.
Vincent Hély d’après Lourdel (2005)

Cela ne veut bien évidemment pas dire que toutes les dégradations de l’environnement naturel sont permises, mais que certaines d’entre elles sont jugées acceptables, car elles soutiennent un régime de développement économique et technologique dont les générations futures pourront pleinement bénéficier.

Il est ainsi acceptable de continuer à émettre du CO2 dans l’atmosphère sur la base d’énergies fossiles, car les performances de ce système permettent d’investir dans de nouvelles technologies qui à l’avenir seront beaucoup moins problématiques et vertueuses pour l’environnement. Le développement durable faible fait un pari sur l’avenir et les capacités du génie humain à solutionner les problèmes.

LLa durabilité forte

Le développement durable fort refuse la substitution entre le capital économique et le capital naturel. Il est à cet égard inenvisageable de compenser une perte de biodiversité ou la dégradation d’un service écosystémique par un surplus de valeur économique ou un nouveau dispositif technologique. Les éléments qui constituent l’environnement naturel ne doivent pas être dégradés afin d’être transmis en l’état aux générations futures.

Il n’est bien évidemment pas interdit de dégrader certaines ressources naturelles, mais cette dégradation ne doit pas dépasser certains seuils, qui permettent à ces ressources de se régénérer ou de se reproduire. Nous léguons aux générations futures un certain état du système Terre qui leur permettra de vivre dans un environnement naturel, ainsi que des biorégions qui auront des caractéristiques biophysiques identiques ou très proches de celles connues aujourd’hui.

Dans cette perspective, l’activité économique ne disparaît bien évidemment pas, mais elle doit s’insérer dans un tissu naturel et social qu’elle ne dégrade pas, voire qu’elle régénère. Dans cette logique, il convient de limiter l’utilisation des énergies fossiles afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C degré et de ne rien lâcher sur ce seuil dont le franchissement entraînerait une transformation considérable des conditions de vie pour les générations futures.

VVous avez dit « agriculture durable » ?

Le secteur agricole est aujourd’hui rattrapé par ces deux visions incompatibles du développement durable. S’il est sensible aux enjeux de développement durable depuis au moins 20 ans, le secteur agricole français a toujours été orienté par une conception faible de la durabilité.

L’objectif a toujours été de maintenir, voire d’accroître, les performances économiques, tout en cherchant à limiter les impacts négatifs sur l’environnement naturel. Cette trajectoire en matière de durabilité conduit à des performances questionnables, car sur les 9 limites planétaires identifiées par les travaux du Stockholm Resilience Centre, l’agriculture participe directement à la dégradation de 5 d’entre elles.

L’agriculture est ainsi directement responsable du changement climatique, de la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, de la perturbation du cycle de l’eau, de l’érosion de la biodiversité et de l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère.

Ces limites planétaires correspondent à des processus biophysiques dont il ne faut pas perturber le fonctionnement, sous peine de voir toute la machinerie planétaire se transformer, conduisant à une très forte dégradation des conditions d’habitabilité de la planète Terre pour l’espèce humaine.

Représentation des neuf limites planétaires (traduit de Steffen et coll., 2015)

Steffen, W.,et al. « A safe operating space for humanity ». Nature 461, pp. 472–475

(cliquer pour zoomer)

La décision radicale des Pays-Bas est emblématique de cette compréhension d’une impasse en matière de trajectoire de durabilité de l’agriculture hollandaise. Les dirigeants politiques ont entériné le fait que leur modèle agricole conduit au dépassement des limites planétaires et qu’une nouvelle trajectoire de durabilité s’impose. La décision prise en 2022 marque ainsi le passage d’une conception de la durabilité agricole de faible à forte.

Dans cette perspective, les pratiques et les ambitions en matière de durabilité agricole ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus de trouver le meilleur compromis entre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux, mais bien de s’assurer que les pratiques agricoles n’ont pas d’impacts négatifs sur les différentes composantes de l’environnement naturel : l’eau, l’air, le sol et la biodiversité.

EEn marche vers une durabilité forte

En dépit des efforts en matière de durabilité, les compromis entre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux observables sont à l’heure actuelle en France sont très largement insuffisants.

Le secteur agricole a un impact négatif sur des processus géophysiques essentiels à la survie de l’espèce humaine et il devra inévitablement apporter des réponses pour aller vers une neutralité, voire potentiellement une régénération.

La société civile et les responsables politiques imposeront des normes dans les années qui viennent qui s’inséreront dans le paradigme de la durabilité forte. Cet objectif implique une puissance remise en question de certaines pratiques agricoles, l’acquisition de nouvelles connaissances, le développement de nouvelles technologies et, bien évidemment, un financement d’une transition.

Cette transition passera également par un renoncement et un démantèlement, comme le montre l’exemple des Pays-Bas.The Conversation

 

Auteur : Bertrand Valiorgue, Professeur de stratégie et gouvernance des entreprises, EM Lyon Business School24 février 2023

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Retrouvez l’article oarticle original :

The conversation

 

Le monde de l’industrie doit intégrer la notion de limites planétaires dans ses choix

LLe monde de l’industrie doit intégrer la notion de limites planétaires dans ses choix

Dans une industrie, le processus de décision est régi par un grand nombre de paramètres.

Le contexte actuel (la hausse des prix de l’énergie et les problématiques d’approvisionnement..) pousse les industriels à s’interroger sur leurs pratiques. En matière de production de chaleur, cela fait plus de trois années que Yoann Jovet, doctorant au CETHIL, laboratoire spécialiste de l’énergie et de la thermique, se penche sur la question.

Le doctorant étudie les étapes du cycle de vie de la production de chaleur avec un objectif : établir une méthodologie capable d’intégrer les limites planétaires pour aider les entreprises dans leur prise de décision. En d’autres mots : trouver la meilleure alternative, économiquement viable et respectueuse des limites planétaires. Yoann Jovet nous explique.

Gaz, électricité, bois, propane, géothermie… Les sources d’énergie pour produire de la chaleur sont nombreuses et ont chacune leurs avantages et inconvénients. Comment une industrie choisit-elle la « meilleure » source d’énergie pour produire la chaleur nécessaire à ses activités ?

 

>> Article à lire sur :

INSA lyon – recherche

 

Semaine du développement humain durable : projection-débat sur le rapport au vivant

SSemaine du développement humain durable : projection-débat sur le rapport au vivant

A l’occasion de la semaine du Développement Humain Durable, la ville de Vénissieux met à l’honneur les acteurs du territoire. Une multitude d’évènements sur la thématique du développement durable sont organisés du 19 au 23 septembre, dont une projection du film Animal de Cyril Dion.

Cette projection sera suivie d’un temps d’échanges avec des chercheurs de l’Université de Lyon, sur la thématique liée à la protection et au rapport au vivant, au monde animal, à la biodiversité.

Intervenants :

  • Sara Puijalon du Laboratoire d’Écologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés – LEHNA
  • Frédéric Brunet de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon – IGFL
  • Vincent Daubin et Patricia Gibert du Laboratoire Biométrie, Biologie Évolutive – LBBE

Pour en savoir plus et découvrir la programmation de la semaine :

Semaine du développement humain durable

Comment permettre à chacun d’éviter de s’exposer à la pollution de l’air en ville ?

CComment permettre à chacun d’éviter de s’exposer à la pollution de l’air en ville ?

En octobre 2020, lors de la 29e édition de la Fête de la Science à Lyon, des dizaines d’activités ont été organisées. Parmi elles : des visites virtuelles, des ateliers scientifiques, des jeux coopératifs, des expositions en ligne. Dans ce contexte et à l’occasion de la Rentrée Anthropocène de l’École Urbaine de Lyon, un atelier de recherche participative a eu lieu à la bibliothèque du Bachut dans le 8e arrondissement. Pour cette occasion, l’association Imagineo et l’École Urbaine de Lyon ont proposé un atelier intergénérationnel regroupant les enfants et leurs parents. Ainsi, une quinzaine de participants ont réfléchi à la question de la pollution de l’air en ville.

L’atelier de recherche participative au format intergénérationnel…

Un atelier de recherche participative est un temps de rencontre entre enfants et chercheurs. L’idée est de s’inspirer du sens d’observation des enfants et de leur curiosité sans limite pour qu’ils contribuent à la recherche scientifique sur un sujet précis. En offrant un regard nouveau, les enfants et le chercheur collaborent ensemble pour mutualiser leurs compétences. Ainsi, ils développent leur pouvoir d’agir et imaginent des solutions inédites. Quant aux enfants, ils sont sensibilisés sur un sujet, ses enjeux et ses conséquences pour l’Homme et son environnement. En collaborant entre eux et avec leurs parents, ils participent activement et de façon ludique aux défis de demain, dont ils sont les premiers concernés.

Des idées innovantes !

Lors de cet atelier, Hervé Rivano, chercheur et les participant.e.s, se sont penchés sur le défi que représente la pollution de l’air en ville et sur les moyens de la mesurer. Ensemble, ils ont inventé des idées innovantes telles qu’une montre intelligente couplée à des capteurs de pollution ou encore une application qui informerait le public sur le taux de pollution en temps réel et en tout lieu de la ville : parcs, transports en commun, voies automobiles très empruntées, écoles, entre autres.

Ainsi, les deux équipes de l’atelier ont suivi des approches assez différentes : la première se fonde sur un dispositif technique porté par l’utilisateur et qui mesure la pollution à un moment T, tandis que la deuxième consiste en un déploiement massif de capteurs par la collectivité et la création d’une application qui synthétise la mesure globale. La première approche considère donc une personne concernée et qui s’équipe, tandis que l’autre pense plutôt à un service d’intérêt général. Les modes de médiations de l’information sont assez cohérents avec ces deux approches, le premier étant une alarme plutôt anxiogène qui s’apparente à la représentation dans les films des compteurs Geiger pour les radiations nucléaires, et l’autre est plus proche d’une carte de température avec une échelle de couleurs (par exemple un dégradé de vert à rouge, rouge étant l’indicateur de pollution le plus élevé). Il est par ailleurs intéressant que les deux équipes aient pensé à l’inclusivité de leur dispositif, à la fois dans la médiation de l’information (application, affiches, bornes tactiles) et dans la destination de leur dispositif (personnes âgées, handicapées, enfants), et aux aspects pédagogiques (explications, itinéraires conseillés). Un concentré de ville intelligente et apprenante !
Par ailleurs, nous constatons que les idées des deux groupes diffèrent par leur rapport au contexte : alors que le groupe des enfants démontre une imagination sans limite (dessins de mise en scène, esthétique et fonctionnalités de la montre), le groupe des parents s’est rapidement heurté aux obstacles auxquels ferait face la concrétisation de leur borne/application : le type de partenaires à impliquer (Atmo, la Ville de Lyon, la métropole de Lyon, TCL et Decaux), le coût élevé d’une telle mesure et la réalité pratique sur le terrain (faut-il associer les bornes pollutions aux bornes déjà existantes de Vélov’ ?). Néanmoins, le groupe des adultes a été jusqu’au bout de leur idée en apportant les précisions suivantes : la borne indiquerait les lieux et les itinéraires conseillés à pollution faible, elle afficherait des messages d’alerte de grande pollution, elle préciserait quel type de pollution (oxyde d’azote, particules PM, etc.) et enfin, elle conseillerait les sportifs et les personnes vulnérables pour éviter certains lieux.

Le résultat : une Fresque sur mesure !

Tout au long de l’atelier, Lou Herrmann, post-doctorante de l’Ecole Urbaine de Lyon, retranscrivait graphiquement les réflexions évoquées par les participant.e.s, le chercheur et les animateurs d’Imagineo. Les dessins ont ensuite été annotés par Lou formant ainsi, une gigantesque fresque sur la pollution de l’air en ville, les initiatives pour les atténuer ainsi que sur le fonctionnement de l’atelier. Les participant.e.s pouvaient venir observer la fresque à tout moment pendant l’atelier.

 

L’équipe scientifique

  • Hervé Rivano : Professeur des universités – INSA LYON Chef de l’équipe Insa-Inria Agora
  • Lou Herrmann : Post-doctorante – Ecole Urbaine de Lyon
  • Véronique Rizzi : Directrice chez Imagineo
  • Carole de Mésanstourne : Facilitatrice chez Imagineo

IMAGINEO

Ateliers du Village des Sciences de l’ENS de Lyon

AAteliers du Village des Sciences de l’ENS de Lyon

Ateliers, expositions, quiz, dispositifs sonores ou visites virtuelles… cette année, l’ENS de Lyon proposait une édition tout numérique de La Fête de la science.

Revivez 14 animations grâce aux ressources et jeux numériques en libre accès ; l’occasion de découvrir la Science au sens large, depuis les sciences exactes et expérimentales jusqu’aux sciences humaines et sociales.

 

Au programme de ce Village des Sciences numérique :

  • Biologie

[Site internet] Parlons sciences | Collège – Lycée

[Exposition virtuelle] Le monde animal en images | École primaire – Collge – Lycée

[Quiz] Viral Poursuit : la course contre le cancer | Collège – Lycée

[Vidéo] Présentation de la plateforme de séquençage de l’IGFL | Lycée

[Vidéo] Les petites bêtes de l’IGFL | Collège – Lycée

  • Physique

[Exposition virtuelle] Minute papillon : l’expo | Collège – Lycée

[Article] Aperçus aléatoires sur l’universalité en physique | Lycée

  • Chimie

[Exposition virtuelle] Chimie : une alliée à la création pictural | Lycée

[Vidéo] Atelier crêpe | Collège – Lycée

  • Géographie

[Vidéo] La géographie est partout | Collège – Lycée

  • Histoire

[Quiz] Médecine et santé au XVIe siècle | Collège – Lycée

  • Archéologie

[Jeu] Enquêtes chez les archéologues de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée | Dès 10 ans | Archéologie

  • Littérature

[Exposition virtuelle] Le ménage des champs – Du savoir agricole antique aux livres d’agriculture de la Renaissance | Collège – Lycée

  • Développement durable

[Quiz] Découvrir les objectifs de développement durable | Collège – Lycée

 

Cette programmation en ligne s’inscrit dans le cadre de la Fête de la science 2020

 

Village virtuel des sciences de l’ENS

Retrouvez les autres activités de la Fête de la science 2020 à revivre depuis chez vous

 

 

Lyon : le confinement, une parenthèse propice aux innovations sociales dans l’alimentation ?

LLyon : le confinement, une parenthèse propice aux innovations sociales dans l’alimentation ?

S’il est encore difficile d’affirmer qu’une modification durable dans la structuration des activités agroalimentaires et des comportements des consommateurs a été enclenchée avec le confinement, cette situation inédite, bien que malheureuse, a permis de voir émerger un certain nombre d’initiatives. Les acteurs du territoire, professionnels comme particuliers, ont dû et su agir à leur échelle pour contrer la vulnérabilité du secteur.

Prenant des formes variées, comme nous avons pu l’observer lors de nos travaux menés dans le cadre du projet ASIS, ces initiatives observées à Lyon et ses alentours illustrent tout à fait le concept d’innovation sociale, tel que défini par les chercheurs Nadine Richez-Battesti, Francesca Petrella, Delphine Vallade, à savoir « le processus par lequel des acteurs s’organisent pour apporter des réponses nouvelles à des besoins sociaux peu ou mal satisfaits ».

La crise sanitaire que nous traversons représente ainsi une opportunité critique pour saisir la capacité des acteurs à s’organiser dans la contrainte, à répondre à une problématique sociale immédiate et cruciale et à déclencher des processus d’innovation sociale.

Plans d’adaptation

En première ligne de l’approvisionnement de fruits et légumes en circuit court, les distributeurs de produits locaux ont vu fortement leur activité impactée. Beaucoup ont d’ailleurs été submergés par les demandes de nouveaux consommateurs, comme Alter-Conso, qui distribue des paniers de produits locaux, bio ou issus de l’agriculture paysanne et qui a dû faire face à une augmentation sans précédent de son activité. Mais continuer une activité de distribution alors que les mesures sanitaires s’intensifient n’est pas simple.

Samuel Hévin, salarié de la coopérative, explique :

« Au départ, on se dit qu’on va tout arrêter mais rapidement, que ça n’est pas possible… Les paysans avec qui on travaille, qu’est-ce qu’ils font faire de leur came ? Et les consommateurs, ils vont aller où ? On se positionne comme une alternative à la grande distribution et si on arrête, ils vont y retourner et on n’a pas envie de ça. »

En 24 heures, différents plans d’action sont échafaudés pour être parés à toutes les éventualités. La structure a su remettre en cause une organisation du travail pourtant bien huilée. Une leçon d’adaptation efficiente qui prouve la capacité de résilience de cet acteur local de l’alimentation.

L’épicerie Scarole & Marcellin, quant à elle, a dû adapter ses pratiques de distribution au cours du confinement après avoir réalisé la complexité de la situation. Pour concilier une équipe en sous-effectif, une demande croissante et des précautions sanitaires toujours plus exigeantes, c’est un système de commande à distance et de drive qui a été favorisé :

« On arrivait à faire 60 paniers par jour mais, c’était trop peu par rapport à la demande. On savait qu’on allait se priver d’une partie de la clientèle, mais on n’arrivait plus à faire face ! »

Les acteurs traditionnels de la distribution alimentation en circuits courts ont répondu au risque de manque de débouchés des producteurs, puisant dans leur capacité interne d’adaptation. D’autres initiatives ont été organisées, cette fois par des acteurs n’appartenant pas au champ de l’alimentation ou de l’agriculture, mais mobilisant les outils numériques, technologiques et collaboratifs.

Au cœur des initiatives, les réseaux sociaux

Parmi les solutions, le groupe Facebook Marchés Solidaires #69 a fait preuve de grande réactivité. À la suite de l’exemple donné à Montpellier, un groupe de Lyonnais a ouvert un groupe pour en faire un espace de rencontre entre producteurs en recherche de débouchés et consommateurs à la recherche de produits locaux.

Chloé Frézouls, une citoyenne lyonnaise, précise :

« Le 25 mars, donc c’est allé vite, on a lancé le projet des Marchés Solidaires à Lyon. On a eu 2 000 membres en 24 heures, donc on a doublé le score de Montpellier. Et finalement, sur le groupe de Lyon, à la mi-mai, on était 12 800, donc en un mois et demi ! »

Ce groupe à destination des maraîchers et producteurs commercialisant sur les marchés de plein vent, mais a été conçu sans que les initiateurs·trices ne disposent de réseau dans le domaine, comme en témoigne Chloé :

« Moi j’ai recensé des producteurs. Je leur ai envoyé un mail pour voir s’ils avaient des alternatives, si ça marchait pour eux ou s’il falltriceait qu’on les aide. Le but c’était qu’ils arrivent à poursuivre leur activité ».

Sur le groupe, se côtoient virtuellement producteurs et consommateurs, et les propositions d’action sont nombreuses : commandes de paniers, propriétaires de locaux qui profitent de leur fermeture pour accueillir des distributions, relais d’annonces Facebook, de groupes WhatsApp, initiatives de quartier et même parfois distribution « sauvage » dans la rue pour ceux qui n’ont pas d’autre choix…

Le groupe Facebook Marchés Solidaires #69.
Capture d’écran

Le groupe permet visibilité et débouchés assurés. Les consommateurs formulent également leurs demandes : certains recherchent un produit particulier dans leur quartier, d’autres leur producteur habituel… Au bilan, les initiateurs·trices ont donc surtout facilité la rencontre entre l’offre et la demande.

Quand le groupe fait la force

Dès le début du confinement, la jeune association lyonnaise BelleBouffe a établi une carte en ligne et participative qui permet d’identifier les points de rencontre où il est possible de consommer local, bio et raisonné dans la métropole de Lyon.

Marie-Amandine Vermillon, co-fondatrice de l’association, précise pourquoi ils ont eu l’idée d’agir :

« On commençait à voir émerger des choses où les gens se passaient des informations à propos des producteurs. On s’est dit, là, il faut un truc qui centralise tout ça parce que dans le flux continu des réseaux sociaux où tu perds l’information en moins de deux, ça va pas le faire ».

La première étape est plutôt artisanale : un tableur collaboratif permet à tout internaute d’ajouter une référence. Le succès est immédiat et la mise en place d’un outil plus complet devient nécessaire, BelleBouffe s’allie alors avec l’association Zéro Déchet Lyon pour aller plus loin. Ainsi est née l’initiative de la plate-forme Manger local à Lyon durant le Covid.

En moins de deux mois, ce sont près de 50 000 internautes qui consultent la carte, 650 solutions qui y sont référencées et de nombreux témoignages qui mettent en avant l’impact positif de cet outil sur les pratiques…

Carte participative de l’association BelleBouffe.
Capture d’écran

Avec BelleBouffe, Marie-Amandine Vermillon et Martin Cahen, autre co-fondateur, veulent promouvoir à plus long terme la transparence alimentaire :

« On veut utiliser le numérique pour voir à quel point ça peut être un levier pour la transition alimentaire et pour orienter nos actions. Notre objectif, c’était vraiment de faire en sorte que les données soient sous licence ODB (open database), donc sous format ouvert qui puisse être réapproprié par d’autres. Ces données, ce sont des communs qui permettent d’accéder à une ressource vitale : une alimentation de qualité ».

Avec une démarche collaborative qui se veut la plus exhaustive possible et qui vit grâce à l’implication des bénéficiaires, BelleBouffe et sa carte ont permis de réagir rapidement grâce à la force du collectif et d’un outil construit par et pour tous.

Une difficile institutionnalisation

L’approvisionnement de biens alimentaires rendu complexe par la crise sanitaire a favorisé le développement d’innovations sociales qui ont émergé en réponse à une demande sociale apparue de façon immédiate et brutale. Elles se sont donc déployées dans l’urgence et avec des ressources limitées.

Sans être nullement représentatives, nous en avons pointé certaines aux caractéristiques singulières : capacité des acteurs traditionnels de la distribution en circuits courts à maintenir leurs activités sous contraintes au moyen d’une forte flexibilité organisationnelle interne, inventivité de réseaux de citoyens et de nouvelles associations ancrées dans le champ de l’environnement, capacité à mobiliser les réseaux sociaux et les technologies du numérique.

Après quelques mois de cette parenthèse confinée, on constate à présent un déclin voire un abandon de ces nouvelles pratiques. Les acteurs de la distribution semblent avoir retrouvé un nombre raisonnable de consommateurs, les outils de communication déployés sont moins utilisés. Si nous avons constaté une capacité à répondre à un besoin urgent, caractéristique des premières étapes d’un processus d’innovation sociale, la phase de l’institutionnalisation de ces nouvelles pratiques semble plus difficile à atteindre.

Cela confirme d’une part la complexité et la centralité de la fonction d’intermédiation dans l’organisation des systèmes alimentaires localisés qui est évidemment accentuée en période critique. Les agriculteurs inscrits dans ce type de réseau semblent d’ailleurs avoir bien mieux réussi à traverser la période.

D’autre part, à propos du processus d’innovation sociale, le cas extrême du confinement montre qu’il importe bien de distinguer les situations de demande sociale forte (apparue en urgence) et les situations de non-satisfaction durable de besoins sociaux qui, si elles sont critiques en période extrême, demeurent quand la situation se rétablit.

Reste encore de la place pour des processus d’innovation sociale répondant aux besoins ardents de justice alimentaire de certains territoires. Le besoin est tout aussi urgent, extrême et nécessaire.

Auteure : Emilie Lanciano, Professeure des Universités, chercheure au laboratoire Coactis, Université Lumière Lyon 2

Co-rédigé avec : Pauline Remaud, chargée de mission ASIS, laboratoire Coactis.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons – 12-10-2020 >>> Lire l’article original.

Il est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international) et dont The Conversation France est partenaire. Cette édition a pour thème : « Planète Nature ? ».

L’écologie, un combat du XXIe siècle ?

LL’écologie, un combat du XXIe siècle ?

Une table ronde entre « anciens » et « nouveaux » militant.e.s écologistes pour réinterroger la contemporanéité des combats dans la préservation de l’environnement.

Une mise en perspective avec des historiens, Louis Baldaseroni et Stéphane Frioux, pour un dialogue qui interrogera la permanence et les ruptures dans les formes et les objets des combats menés par ces militant.e.s du XXe et du XXIe siècle. Ils viendront témoigner de leur engagement écologiste.

Quid du nucléaire, de l’anti-militarisme, de la lutte contre des « grands projets » ou de l’anti-spécisme dans les luttes écologistes d’hier et d’aujourd’hui ? Quel rapport à la non-violence, à la « politique politicienne » ou plus informelle ?

Cet événement sera enregistré sans public, puis disponible en podcast sur les sites Transenvir.fr, le site de la Maison de l’Écologie et le Blog Floraison. Le podcast devrait être disponible à partir du 9 octobre à 19h.

Un événement proposé par Transenvir dans le cadre de la Fête de la science 2020.

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