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Publications clandestines et autoédition en RDA : tracts et samizdats

PPublications clandestines et autoédition en RDA : tracts et samizdats

Le séminaire du Centre Gabriel Naudé, laboratoire de recherche de l’Enssib, se propose d’inviter un jeudi par mois un chercheur ou une chercheuse à présenter ses travaux en cours ou tout juste achevées en histoire du livre et de l’imprimé, du Moyen Âge à nos jours.

Toutes les échelles, du micro au macro, toutes les approches, de l’histoire économique et sociale à l’histoire culturelle, de l’histoire politique à l’histoire religieuse, en passant par l’archéologie du livre et la bibliographie matérielle peuvent être mobilisées par les intervenants et intervenantes.

  • Séance du 4 avril 2024 : Hélène Camarade, professeure à l’université Bordeaux Montaigne : « Publications clandestines et autoédition en RDA : tracts et samizdats ».

Cette communication propose de revenir sur la production de tracts (feuilles volantes) et plus généralement de samizdats pendant la République démocratique allemande (RDA) entre 1949 et 1990. Le samizdat est une abréviation tirée du russe qui signifie « autoédition ». Il désigne les écrits autoédités en marge des circuits officiels de publication dans les pays d’Europe centrale et orientale à l’époque soviétique, notamment entre les années 1950 et 1990. Ces écrits paraissent en général dans la clandestinité ou la semi-clandestinité.
Nous verrons comment les samizdats permettent de contourner la censure et de faire entendre des voix dissidentes dans l’espace public contrôlé par le parti communiste, jusqu’à constituer un espace public oppositionnel de nature pluraliste qui prépare les bouleversements de 1989/1990. Nous évoquerons à cet égard la position particulièrement de la RDA en Europe centrale, située à côté de la République fédérale d’Allemagne, qui représente une véritable sphère publique de substitution en langue allemande.

Pour en savoir plus :

ENSSIB

 Pour en savoir plus sur le Centre Gabriel Naudé :

  Consultez le site web 

 

Le déchiffrement de l’élamite linéaire, Iran, 3e millénaire av. J.-C.

LLe déchiffrement de l’élamite linéaire, Iran, 3e millénaire av. J.-C.

La plus ancienne écriture purement phonétique au monde

Découverte en 1903 dans le sud-ouest de l’Iran, à Suse, l’écriture élamite linéaire était jusqu’à peu indéchiffrée. Avec les hiéroglyphes égyptiens, le cunéiforme mésopotamien et l’écriture de l’Indus, il s’agit du plus ancien système d’écriture au monde au 3e millénaire av. J.-C.

Cette conférence présente le déchiffrement récemment publié de cette écriture originale et en décrit le système. Alors que les hiéroglyphes et le cunéiforme contemporains présentaient des notations mixtes, phonogrammatiques et logogrammatiques, l’élamite linéaire est ainsi le plus ancien système au monde purement phonétique. Il s’agit en effet d’un alpha-syllabaire ayant servi à noter un isolat linguistique, la langue élamite.

Intervenant : François Desset, Archéologue et orientaliste, chercheur associé à l’Université de Liège, à l’Université de Téhéran et au laboratoire Archéorient – MOM.

Dans le cadre du cycle des conférences Pouilloux 2023-2024, organisé par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée.

>>> Découvrir le programme complet du cycle de conférences :

Cycle Jean Pouilloux 2023-2024

Écrire l’histoire environnementale

ÉÉcrire l’histoire environnementale

Quels sont les champs impactés par l’histoire environnementale ? Quels en sont les spécificités méthodologiques ? Dans quelle mesure la dimension pluridisciplinaire en est-elle constitutive ?

Un point sera fait sur ces questions autour de l’ouvrage: Écrire l’histoire environnementale au XXIe siècle. Sources, méthodes, pratiques (Presses universitaires de rennes, 2022), par les  trois historiens qui ont contribué au livre :

  • Stéphane Frioux, Maître de conférences en histoire contemporaine, Lyon 2, LARHRA ;
  • Renaud Bécot, Maître de conférences en histoire contemporaine, Sciences Po Grenoble, laboratoire PACTE ;
  • Gwenaëlle Le Goullon, Maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Lyon 3, LARHRA.

Pour en savoir plus :

Bibliothèque Diderot

Georges Seurat, Peasant with Hoe, 1882

Jetez-vous à l’eau !

JJetez-vous à l’eau !

©CapsurleRhône

Comment penser dans le temps notre relation au fleuve, à sa biodiversité, son environnement, à nos usages, aux enjeux contemporains ? Quelle vie imaginer sur les rives d’hier, d’aujourd’hui et/ou de demain ? Quelles perceptions et quelles représentations du Rhône et de la Saône peuvent émerger dans le cadre de la transition écologique ?

Cap sur le Rhône rassemble différentes structures riveraines qui valorisent les patrimoines culturels et naturels du Rhône ou de la Saône et interrogent les enjeux contemporains du fleuve. Ensemble, ces structures mutualisent compétences et connaissances, pour concevoir et mettre en œuvre des projets et des outils de sensibilisation au fleuve en direction du grand public et des scolaires.

En 2022-23, le réseau Cap sur le Rhône organise la 2e édition du concours d’écriture Dans les courants du fleuve sur le thème générique du « Fleuve et mobilités ».

Le thème « Fleuve et mobilités » se décline en trois propositions, qui peuvent être abordées séparément ou de manière croisée, selon l’inspiration, et qui nous invitent à appréhender le fleuve dans sa complexité :

  • voie de communication et transport fluvial des marchandises et des personnes, axe Rhône-Saône, hier, aujourd’hui et demain ;
  • voyage, patrimoine, tourisme : cyclotourisme (ViaRhôna, Voie Bleue Moselle Saône…), croisières, voyages réels ou imaginés dans le temps et l’espace, patrimoines et histoire de la navigation, récits de voyages historiques ;
  • approche environnementale et biodiversité : connectivité fluviale, transport des sédiments, corridor migratoire pour les espèces animales ;

Le concours s’adresse à deux catégories d’âge : 14-18 ans (forme poétique) et aux adultes (forme poétique ou narrative). Les candidats pourront notamment puiser des connaissances et l’inspiration sur le site internet capsurlerhone.fr, qui proposera durant le temps du concours, une programmation éditoriale, ou s’ils le souhaitent participer à un atelier d’écriture.

L’écrivain Emmanuel Ruben (« Sur la route du Danube », Prix Nicolas Bouvier 2019 Festival Étonnants voyageurs) sera le président du jury qui se réunira en avril et en mai 2023 pour désigner les lauréats.
Un recueil sera publié, regroupant une quarantaine de textes choisis par le jury, inclus les textes lauréats.
La remise des prix aura lieu en septembre 2023 dans les salons de la Villa Gillet à Lyon en partenariat avec Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture.

En savoir plus :

Cap sur le Rhône

Dans les courants du fleuve

DDans les courants du fleuve

Depuis une vingtaine d’années, un programme de restauration hydraulique et écologique est conduit sur le Rhône, alors que les scénarios les plus sombres annoncent jusqu’à 60% de baisse de débit du fleuve le plus puissant de France dans les prochaines décennies.

Comment penser dans le temps notre relation au fleuve, à sa biodiversité, son environnement, à nos usages, aux enjeux contemporains ? Quelle vie imaginer sur les rives d’hier, d’aujourd’hui et/ou de demain ? Quelles perceptions et quelles représentations du Rhône et de la Saône peuvent émerger dans le cadre de la transition écologique ?

Si ces thématiques vous interrogent, Cap sur le Rhône vous invite à participer à un concours d’écriture Dans les courants du fleuve. Selon votre âge, deux genres littéraires peuvent être proposés :

  • Pour les jeunes – 14/18 ans : formes poétiques ou écrits journalistiques.
  • Pour les adultes : formes poétiques ou formes narratives (nouvelle, légende…)

Les candidats pourront notamment puiser des connaissances et l’inspiration sur le site internet www.capsurlerhone.fr

Le concours est accompagné par un double parrainage :
> l’écrivaine Hélène Frappat, dont le livre Le dernier fleuve  (2019 – Éditions Actes Sud) rejoint l’esprit et la thématique du concours,
> Le journaliste Jean-Jacques Fresko, ancien rédacteur en chef de Terre Sauvage et d’Okapi, co-créateur de la Fête de la Nature, aujourd’hui rédacteur en chef du média en ligne Actualité, Nature & Société.

Le jury, sous la présidence de Hélène Frappat et Jean-Jacques Fresko, se réunira mi-avril 2021 pour les demi-finalistes, puis mi-mai 2021 pour sélectionner les lauréats de chaque catégorie. Un recueil sera publié aux Éditions de la Passe du vent, présentant les textes lauréats et d’autres choisis du concours.

Projet soutenu par : Direction Régionale des Affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, et dans le cadre du Plan Rhône la Région Auvergne-Rhône-Alpes, EDF et l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse.
En partenariat avec : Espace Pandora, Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture, Conservatoire Espaces Naturels Rhône-Alpes, Délégations Académiques Arts et Culture de Lyon et de Grenoble, Clément Faugier marrons glacés & crème de marrons, la Cité du Chocolat Valrhona et la Maison M.Chapoutier.

Cap sur le Rhône

Mystères de Chypre

MMystères de Chypre

L’ancienne société de Paphos : mon travail de thèse lui donne la parole

La petite île de Chypre est toujours restée aux marges du monde grec. Elle a été parfois sous-estimée par les chercheurs. Pourtant, elle cache des mystères du passé qui attendent d’être découverts. Une partie des réponses nous est directement transmise par l’ancienne société chypriote à travers des inscriptions. Que disent les habitants de l’île au premier millénaire av. J.-C. ?

 

© ENS

 

Il ne reste environ que 1500 inscriptions écrites de la civilisation qui a habité Chypre au cours du premier millénaire av. J.-C. De même, les auteurs anciens sont très silencieux quant à la vie des Chypriotes dans l’Antiquité. Puisque chaque petit mot revêt une grande importance, j’ai pour objectif dans ma thèse, d’étudier le rôle des inscriptions dans la vie sociale et politique de Chypre.

Carte de Chypre
© mapsof.net

Je m’intéresse surtout à la région de Paphos, une ville située au sud-ouest de Chypre. Dans l’Antiquité, Paphos n’était pas seulement une ville, mais aussi un royaume. L’île était en effet divisée en plusieurs royaumes autonomes avec un roi à sa tête. Ce morcèlement politique de Chypre est assez unique dans le monde grec et remonte probablement à une époque très ancienne. C’est également le cas de l’écriture utilisée à Chypre. Contrairement aux autres régions de la Méditerranée, les Chypriotes ont utilisé un système d’écriture à caractère syllabique. Chaque signe correspond à une syllabe et les séquences de syllabes forment des mots. Il est intéressant de remarquer qu’il existe deux variantes de syllabaire chypriote dont une limitée au royaume de Paphos, dans une île à la superficie proche de celle de l’Île-de-France. C’est cette particularité de la région paphienne qui m’a attiré dès le début de mes études sur Chypre. Les Paphiens étaient-ils différents des autres Chypriotes ?

Inscription en syllabaire paphien
© Agnieszka Halczuk

 Il est important de souligner que la plupart des inscriptions de Chypre a été découverte à Paphos. Sur les 1500 documents mentionnés ci-dessus, environ 600 proviennent de la région paphienne. C’est grâce à cette documentation abondante et sans parallèle qu’on peut mener des études sur la société de Paphos. Les inscriptions décrivent une société dynamique, à la fois attachée aux traditions ancestrales et innovatrice. On observe une société qui se caractérise par une forte identité régionale et insulaire. Cela se laisse notamment appréhender via l’étude de noms figurant sur les monuments inscrits. Ces noms propres sont souvent composés d’un élément « Chypre » exprimant clairement l’appartenance culturelle des Chypriotes.

Les Paphiens vénèrent une divinité protectrice de leur ville qu’ils appellent Wanassa. Ce nom est souvent traduit comme « Maîtresse » ou « Grande Déesse », ce qui souligne son importance pour les anciens habitants de Paphos. Ailleurs, cette déesse a été rapidement identifiée à l’Aphrodite. Son sanctuaire était un lieu important non seulement pour les pèlerins et dédicants, mais aussi pour les rois de Paphos. C’est dans cet endroit qu’ils affirmaient leur pouvoir et leur souveraineté en faisant des offrandes à la déesse. Le lien particulier entre les monarques paphiens et la Wanassa assurait la légitimité de leur pouvoir. C’étaient d’ailleurs les prêtres principaux de la déesse.

Sanctuaire d’Aphrodite
/ © Agnieszka Halczuk

Chaque époque arrive à sa fin. Les conquêtes d’Alexandre le Grand vers la fin du IVe siècle av. J.-C. ont eu des retentissements même à Chypre. La situation géographique de l’île en a fait un territoire d’enjeux pour les généraux d’Alexandre qui se sont affrontés afin d’obtenir le contrôle sur l’île. Les rois autonomes de Chypre essaient de sauver leur indépendance en développant de nombreuses stratégies. En vain. Plusieurs rois opposés à la politique de Ptolémée I ont été exécutés. La disparition des royaumes signalait la fin d’une époque importante.

Inscription en alphabet de Paphos
© Agnieszka Halczuk

Dans le nouveau cadre politique, il n’y avait plus de place ni pour les rois ni pour le syllabaire qui a été rapidement remplacé par l’alphabet grec. Néanmoins, les dernières inscriptions syllabiques apparaissent encore deux siècles après la conquête de Chypre par Ptolémée. Cela reflète bien la société chypriote et le rôle de l’ancienne écriture dans cette communauté. Le syllabaire a été sans doute un marqueur culturel très profondément enraciné dans les mœurs insulaires.

Malgré tous ces bouleversements politiques, économiques et culturels la société a continué sa vie à Paphos on s’adaptant au fur et à mesure à la nouvelle époque.

Jusqu’à présent, ma recherche a apporté des éléments de réponse pour certaines questions et a permis de mieux comprendre l’histoire de l’ancienne société chypriote. Cependant, d’autres mystères attendent toujours à être découverts. J’espère que cette recherche va contribuer à la meilleure compréhension des phénomènes complexes qui se sont produits à Chypre et donnera lieu à d’autres analyses concernant la vie politique et sociale à Chypre dans l’Antiquité.

 

Article écrit par Agnieszka Halczuk, doctorante à l’Université Lumière Lyon 2, rattachée au laboratoire HiSoMA 

Article publié dans le cadre des dossiers  » Les doctorants parlent de leur recherche » en partenariat avec Pop’Sciences