Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

Des corps dans la ville: non-binarité et espace public

DDes corps dans la ville: non-binarité et espace public

Dans cet atelier participatif en écho à la déambulation-performance Public.ques et à la journée du 8 mars, le Pôle Genre vous invite à repenser la société et l’aménagement urbain tels qu’ils seraient dans une société qui aurait aboli les discriminations et frontières de genre…

Photolangage, discussion, contextualisation par Benjamin Moron-Puech (enseignant-chercheur en Droit à l’Université Lumière Lyon 2 et auteur du blog Sex&Law) et prospection en petits groupes : venez partager et apprendre autour de ce futur possible, de ses enjeux dans différents champs de la société et de ses conséquence sur l’architecture et le quotidien urbain.

Proposé par le Pôle genre de l’Université Lumière Lyon 2 et la DiSS. Animé par Benjamin Moron-Puech (impliqué dans plusieurs procès stratégiques concernant les droits des femmes et des personnes intersexuées, transgenres ou non binaires) , Lina Roy (chargée de médiation) et Hélène Chauveau (chargée de projets sciences et société). Cet atelier a été conçu en écho à l’exposition « Des corps dans la ville » qui a eu lieu à la Maison de l’architecture d’Ile-de-France du 14 octobre 2022 au 25 novembre 2022.

 

>> Plus d’informations et inscription :

Université lumière lyon 2

Ememem, street-artiste qui raccommode les rues

EEmemem, street-artiste qui raccommode les rues

Si l’espace public est le lieu de tous, son aménagement et son entretien dépendent des institutions publiques, seules compétentes. Pourtant, nombreux sont ceux qui interviennent et, apportant leur touche personnelle, réparent ou embellissent la ville. L’un des exemple les plus connus et dont Ememem est emblématique, est celui du flacking, cet art de raccommoder qui consiste à reboucher les nids-de-poule avec des fragments de carrelage.

Sans doute vous êtes-vous déjà arrêté devant ces chutes de carrelage colorés comblant un trou dans le bitume du trottoir ou de la rue. Emenem en a fait sa marque de fabrique. Il nous parle de cette activité poétique et artistique qui interroge le passant.

Propos recueillis par Ludovic Viévard, pour Pop’Sciences Mag : « Hackez la ville ! »

Pop'Sciences_Mag-Hacker-la-ville_reparerQuand avez-vous commencé à reboucher les nids-de-poule ?

C’était en février 2016, à Lyon. À l’époque, mon atelier était situé dans une vieille traboule écorchée, j’ai eu envie de réparer et de colorer l’entrée sombre qui y menait. J’ai rafistolé les fissures avec des chutes et ce n’est pas allé plus loin. Dans mon atelier suivant, il y avait carrément des trous béants qui me narguaient à un mètre de l’entrée alors, une nuit, je leur ai cousu des greffons rose et bleu. C’est quand j’ai observé de loin la réaction des passants le lendemain que j’ai compris que ça touchait un point sensible. Ça secouait vraiment les gens cette tache de couleurs dans le gris du matin ; ça les stoppait net, et ça déclenchait des sourires ! C’était magnifique, j’avais trouvé l’acte poétique et artistique tant recherché. Du coup, j’ai peaufiné ma technique, je l’ai baptisée, et j’en ai fait un métier ! Ça s’appelle du flacking, mot dérivé du français « flaque », et qui s’applique à toute flaque, crevasse, faille, fissure, tout élément de bitume qui s’effrite, s’ouvre et souffre. Je créé des « anomalies » là où je trouve des blessures. Bref, je rebouche les trous ! L’origine et le fil conducteur, c’est l’esprit de raccommodage de la rue et le besoin de couleur, mais aussi l’envie de casser les codes, l’envie de formes, de matières là où on ne les attend pas. Casser la monotonie, les standards de l’urbanisme.

Pourquoi le choix du carrelage et comment travaillez-vous ?

Cette matière offre des couleurs et des textures multiples et on a l’habitude de les voir dans les cuisines, les chiottes, mais pas en plein macadam ! Ce décalage est à l’origine de la surprise provoquée. Les flackings qui provoquent le mieux l’effet que je recherche sont ceux qui ressemblent le moins à de la mosaïque et qui se rapprochent le plus d’un sol de salle de bain par exemple, parce que non d’un chien, qu’est-ce-que ça fout là, en pleine rue ? Pour ce qui est du choix des lieux, c’est peut-être plutôt eux qui me choisissent. L’ambiance d’un quartier va m’inspirer, ou certains nids-de-poule m’appellent carrément à l’aide. En tout cas, hors périodes de festivals ou commandes, mes sorties sont complètement spontanées et aléatoires. Partout où je vais, j’ai l’œil. Quand mon prochain patient est repéré, une partie du travail se fait en atelier. Ensuite, la nuit, je pars en toute discrétion, mallette de premier secours sous le bras et, si la voie est libre, je me mets à l’œuvre. Les opérations chirurgicales sont délicates et requièrent beaucoup de précision. Quand la cicatrisation est achevée, je file en douce…

Quelles sont les réactions provoquées par les œuvres sur les gestionnaires de l’espace public ?

Je sais que la question tourne au niveau de la DDE, mais je ne les ai jamais rencontrés directement… J’ai vu des réfections de trottoirs qui préservaient l’œuvre, mais d’autres fois, j’ai vu les débris de flacking dans des monticules de gravats. J’ai eu plus d’une fois la visite de patrouilles de police. Mais plutôt des visites de courtoisie, voire des encouragements lors de ma dernière rencontre ! En tout cas, les flackings ne m’appartiennent pas. La ville en fait ce qu’elle veut, je veux dire la ville au sens large, habitants compris.

C’est magnifique les retours que je peux recevoir. C’est un super carburant. D’abord, les gens qui me croisent en mission, dans la rue, j’ai souvent droit à de gros câlins, comme ça, gratuits. Et j’ai de bons retours sur les réseaux sociaux. De jour, j’aime aussi observer incognito les réactions. Il y a des passants pressés, qui ne voient rien, d’autres qui continuent leur route mais dont le regard reste accroché jusqu’à se prendre le poteau d’en face, et puis il y a ceux qui s’arrêtent, commentent, photographient… Ils sont nombreux à esquisser au moins un sourire.

Pop'Sciences_Mag-Hacker-la-ville_embellir

L’embellissement ou la réparation de la ville passe aussi par d’autres formats. Ici, au-dessus du squelette de By Dav’, l’exposition sauvage de Adrien Nguyen

Pourquoi l’espace public est-il un lieu qu’il est important de se réapproprier et de détourner ?  

J’ai peu de réponses. Plutôt d’autres questions… Si c’est à tout le monde, est-ce que ce n’est à personne ? Est-ce pour ça que personne n’en prend vraiment soin ou ne prend l’initiative de se l’approprier ? Pourquoi les hommes (la gente masculine) monopolisent cet espace ? Pourquoi cette uniformité des textures et des couleurs ? La question de la fonctionnalité est centrale. On a fait le choix historique de matériaux efficaces, contre la pluie, l’usure, pour le confort de la semelle, de la roue de vélo, etc., mais l’espace public a-t-il la seule fonction pratique du passage ? Il n’y a-t-il pas moyen d’imaginer aussi une fonction d’espace de vie ? De s’y poser un peu, et donc d’y apporter de l’art, des questions ? J’adore que mon travail pose question. « C’est quoi ce truc ANORMAL dans mon trottoir ? » Et puis je crois que j’aime aiguiser le regard. Les flackings s’adressent à qui veut les voir, donc plutôt aux rêveurs. Ils peuvent ensuite s’imaginer ce qu’ils veulent… et chercher d’autres jolies anomalies dans la ville, il y en a mille !

Ville à défendre – acte 1

VVille à défendre – acte 1

La ville ne doit pas répondre seulement à des enjeux de dynamisme économique mais également, et surtout, aux besoins de ses habitants et citoyens, qui doivent pouvoir s’exprimer en dehors d’élections qui n’ont lieu que tous les 6 ans. La participation des citoyens dans la construction de la ville doit être pensée de façon continue, tant à l’échelle de la rue – un premier pas nécessaire ?- qu’à celle de la métropole, sans oublier les publics qui ne s’expriment pas spontanément. Au cours de plusieurs interventions et une table-ronde nous explorerons ce qui suscite le sentiment « d’habiter la ville », ce qui favorise l’appropriation des espaces urbains par les citoyens et sur quels modèles démocratiques construire les villes de demain.

★ PROGRAMME ET INTERVENANTS ★

18h-20h

  • Conférence introductive | Guillaume Gourgues, maître de conférences en science politique à l’Université Lumière Lyon 2
  • Débat ouvert et participatif | Débora Swistún, anthropologue argentine, spécialiste des questions de droit à la ville | Plein la vue, collectif mobilisant les citoyens et dialoguant avec les collectivités autour de la publicité dans l’espace public | Habitons Mazagran, collectif d’habitants et d’architectes du 7ème arrondissement de Lyon | Kohero, réseau social pour démultiplier les initiatives positives à l’échelle locale

20h-22h

  • Prolongation des discussions autour d’un verre ou d’un dîner.

ÉVÉNEMENT GRATUIT MAIS INSCRIPTION NÉCESSAIRE


★ LE CYCLE VILLE A DÉFENDRE ★

L’actualité nous rappelle constamment les crises socio-économique et écologique dans lesquelles sont empêtrées nos sociétés. Aujourd’hui, les villes en tant qu’écosystèmes agiles sont le foyer d’initiatives locales imaginant de nouvelles réponses au désordre global.
Pour ce faire, les citoyens engagés, héros du quotidien, doivent pouvoir se réapproprier la ville. C’est ici que la citoyenneté, expérience de création mais aussi de résistance, exprime son plein potentiel. Ouishare conçoit ce cycle en partenariat avec l’École Urbaine de Lyon.

Nous considérons que la fabrique de la ville n’est pas l’apanage d’une élite mais bien un processus collaboratif où chacun a son rôle à jouer et sa parole à faire retentir. Penser la ville ensemble et partager le pouvoir avec tous, même les invisibles. Après les succès du Ouishare Fest 2017 « Villes de tous les pays, unissez-vous » et de l’étude Sharitories « L’économie collaborative au services des villes moyennes », Ouishare souhaite questionner les enjeux et moyens de réappropriation urbaine par les citoyens et donner à chacun la possibilité de prendre part à l’œuvre commune et faire communauté. C’est l’ambition du projet Ville à défendre.

à propos de ouishare

Café pression urbaine #6 | Comment négocier la fabrique de son quartier ?

CCafé pression urbaine #6 | Comment négocier la fabrique de son quartier ?

Rencontre – débat entre étudiants, citoyens et praticiens Sur le thème de la concertation pour l’aménagement des espaces publics.

La concertation citoyenne avant les projets d’aménagement est un droit en pleine expansion. Pourtant, la façon dont elle est pensée et mise en place aujourd’hui suscite de nombreuses insatisfactions. Cette 6e édition des Cafés Pression Urbaine cherchera à comprendre ce qui fait que la concertation publique pose problème, avant d’imaginer ensemble le futur de la négociation de la fabrique de nos quartiers.

Rues, places, parcs… la ville offre à ses usagers une multitude d’espaces et de structures dits “publics”. Si leur vocation est d’être ouverts à tous, la fabrique de ces lieux est en perpétuelle négociation entre les habitants et des acteurs aux enjeux spécifiques (élus, aménageurs, investisseurs, promoteurs…etc). Les contestations citoyennes régulièrement faites face à certains projets d’aménagement urbain et plus généralement en réaction aux phénomènes de gentrification, privatisation et marchandisation de l’espace public montrent cette divergence d’intérêts.

La participation citoyenne est de plus en plus affichée comme un principe démocratique fondamental dans la conception des projets d’aménagement des villes. C’est à cet effet que s’est développée l’obligation faite aux décideurs de mener des processus de concertations, donnant ainsi la parole aux habitants. Pourtant, l’exemple du quartier de la Croix-Rousse et des aménagements qui y mobilisent les conseils de quartiers montrent que la voix des usagers n’est pas encore assez entendue dans les décisions.


Ce 6ème Café Pression Urbaine interrogera cet écart entre la volonté d’inclure les habitants dans la fabrique de leur quartier et les pratiques actuelles, de questionner l’efficacité réelle de la concertation et d’explorer des alternatives à ce mécanisme pour intégrer la volonté citoyenne à l’aménagement urbain.