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Les scientifiques héroïnes de fiction influencent-elles les choix d’orientation des adolescentes ? | The Conversation

LLes scientifiques héroïnes de fiction influencent-elles les choix d’orientation des adolescentes ? | The Conversation

Les filles n’auraient-elles que peu d’intérêt pour les sciences ? C’est ce que pourrait laisser penser leur sous-représentation persistante dans les filières et professions dédiées à ces disciplines. Pourtant, les recherches en sociologie montrent que ce n’est pas faute de goût ou d’aptitudes qu’elles sont relativement absentes de ces domaines.

Une explication se situerait plutôt du côté des normes sociales qui influencent les filles dans leurs choix. Si la famille et l’école jouent un rôle important dans l’incorporation de ces normes, la culture, par les représentations et les modèles qu’elle véhicule, contribue à structurer le rapport que les adolescentes ont aux sciences et à influencer leurs choix d’orientation. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête initiée et encadrée par l’association Lecture Jeunesse, soutenue par le ministère de la Culture.

En enquêtant auprès de 45 lycéennes amatrices de mathématiques, nous avons cherché à répondre aux questions suivantes : quels contenus culturels les filles qui aiment les sciences consomment-elles ? Quel rapport ont-elles à ces contenus et comment ceux-ci façonnent leurs représentations des sciences ? Existe-t-il des role models féminins, réels ou fictifs, qui inspirent et encouragent ces filles à s’engager dans des voies scientifiques ?

Dans le cadre de cette recherche, le terme « science » désigne l’ensemble des disciplines relevant des sciences formelles, de la matière et de la vie, par opposition aux sciences humaines et sociales. L’enquête examine l’ensemble des supports culturels (contenus écrits et audiovisuels, musées, jeux, pratiques amateurs, etc.) qui diffusent les sciences, ensemble désigné sous le terme de culture scientifique.

Les loisirs scientifiques, une pratique minoritaire chez les adolescentes

La culture scientifique des lycéennes est peu développée : sur les 45 filles interrogées, seules neuf déclarent avoir des loisirs scientifiques réguliers. L’influence de l’origine sociale sur ces activités est notable : les filles issues des milieux favorisés les plus dotées en capital économique et culturel sont plus susceptibles d’avoir des loisirs scientifiques.

L’étude révèle en outre que, si goût des lettres et goût des sciences ne sont pas incompatibles, les lectures d’ouvrages scientifiques demeurent rares. En effet, alors que les trois-quarts des filles disent aimer lire et y consacrer du temps, seulement cinq d’entre elles lisent des ouvrages de sciences. Les lectures scientifiques sont donc minoritaires, même chez les grandes lectrices.

Invitées à chercher les sciences dans tous les livres, films ou séries qu’elles connaissent, les filles identifient quelques titres (films de science-fiction, biopics de scientifique, séries, animes, etc.) qu’elles associent à la thématique.

Quelques exemples de titres que les filles associent aux sciences.

Les adolescentes sont néanmoins peu attachées à ces contenus qu’elles ne regardent qu’occasionnellement. Elles ne les envisagent pas comme des supports d’apprentissage des sciences, ce qui contraste avec l’usage didactique qu’en font les garçons qui, comme l’a montré le chercheur David Peyron, perçoivent « le monde imaginaire comme lieu d’expérimentation des savoirs ».

Enfin, lorsque les adolescentes apprécient ces contenus, c’est rarement en raison de leur dimension scientifique. Les figures de l’ombre, qui relate l’histoire de trois femmes ingénieures afro-américaines travaillant pour la NASA, est par exemple le « film préféré » de l’une des adolescentes interrogées. Or, cette dernière précise bien que son intérêt pour le film n’est pas dû à sa dimension scientifique :

« Je pense que ça me plait aussi beaucoup parce qu’il y a un rapport avec la société : c’est des femmes noires, c’est un combat… c’est pas juste des sciences. J’pense qu’un film ou un livre juste sur les sciences… je ne sais pas si ça me suffirait. »

La mise à distance des loisirs scientifiques alimente un sentiment d’incompétence en sciences

Pour la plupart des adolescentes, tout ce qui touche aux sciences relève du travail scolaire et n’est pas perçu comme une source possible de divertissement. Certaines filles rejettent même avec véhémence l’idée d’avoir une passion extrascolaire pour les sciences.

À travers ce rejet se joue une mise à distance de la figure repoussoir du geek « qui aime les maths, les mangas et les jeux vidéo » et qui consacre son temps libre aux sciences. Pour les filles, situer les sciences hors du champ des loisirs revient ainsi à rejeter l’assignation au masculin qui accompagne l’investissement des sciences.

Échange issu des entretiens qualitatifs menés dans le cadre de l’enquête de Lecture Jeunesse. / Fourni par l’auteur.

Cette mise à distance empêche la naissance d’un sentiment de familiarité avec les sciences qui nourrit la confiance en soi dans ces disciplines. Par ailleurs, la culture scientifique est un attendu implicite des filières académiques puis des milieux professionnels scientifiques. La méconnaissance de certaines références culturelles scientifiques est perçue comme un manquement et exclut les filles des dynamiques de groupe dans ces environnements.

Au bout de compte, cela alimente chez les filles le sentiment que leur travail ne fera jamais le poids contre la culture accumulée des garçons, et conduit en parallèle leurs camarades et collègues masculins à les juger incompétentes.

Investir le pouvoir incluant de la culture à travers les « role models » féminins

À travers les mécanismes d’identification qu’ils permettent, les objets culturels ont le pouvoir d’inspirer les jeunes filles en leur proposant des modèles féminins. Or, dans son état actuel, la culture scientifique est excluante : les femmes y sont invisibilisées ou représentées de façon stéréotypée.

Les rares représentations de femmes scientifiques sont en outre souvent contreproductives. Figures trop impressionnantes pour susciter l’identification, femmes dotées d’un don inné pour les sciences ou ayant dû faire face à l’adversité pour suivre leur vocation : les représentations féminines dans l’offre culturelle contemporaine véhiculent l’idée que les femmes scientifiques ne peuvent pas être des femmes ordinaires et heureuses.

Exemples de figures féminines contreproductives. / Fourni par l’auteur.

La création de modèles de proximité est donc fondamentale : les adolescentes ont besoin de rencontrer des femmes scientifiques ordinaires et accessibles. Le rôle majeur que peut jouer la fiction est encore insuffisamment investi : les modèles féminins efficaces pour donner aux filles l’envie de s’engager vers les sciences sont encore à inventer.

Cet article a été co-écrit par Clémence Perronnet, chercheuse en sociologie à l’Agence Phare rattachée au Centre Max Weber (UMR 5283), ENS de Lyon, Lydie Laroque et Aurore Mantel (de l’association Lecture Jeunesse).The Conversation

 

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>>> Lire l’article original :

The Conversation

La Terre comme horizon : 50 ans après Blue Marble

LLa Terre comme horizon : 50 ans après Blue Marble

Blue Marble est l’une des photographies les plus répandues dans le monde. La mise en perspective directe de la Terre dans l’espace continue de nous générer cet « effet de surplomb » décrit par Frank White dans The Overview Effect — Space Exploration and Human Evolution (1987).
Ce « point bleu pâle suspendu dans le vide » nous rappelle la finitude planétaire : une image choc qui a bouleversé notre rapport au monde.
À l’occasion du 50ème anniversaire de Blue Marble, la soirée multiplie les regards autour de cette icône. Des intervenant·e·s de différents horizons expliquent le rapport qu’ils entretiennent avec elle.
Dans le cadre de l’événement « A l’Ecole de l’Anthropocène », organisée en janvier 2023 par l’Ecole urbaine de Lyon.

>>Avec la participation :

  • Christoph WIESNER, directeur des Rencontres d’Arles
  • Michel LUSSAULT, géographe et directeur de l’École Urbaine de Lyon
  • Jindra KRATOCHVIL, artiste vidéaste
  • Gilles RABIN, conseiller spatial à l’Ambassade de France à Berlin
  • Isabelle SOURBÈS-VERGER, géographe
  • Simone FEHLINGER, designer graphique
  • Animé par Valérie DISDIER, directrice adjointe de l’École urbaine de Lyon.

 

>> Regarder la vidéo de la soirée :

©Photo : Mélania Avanzato.

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

lyon

Science & Cinéma : la Masterclass

SScience & Cinéma : la Masterclass

Du savant fou au marginal anti-social, quelles représentations le cinéma fait du chercheur ? Saviez-vous que seulement 4% des scientifiques au cinéma sont interprétés par des femmes ? Peut-on vraiment apprendre quelque chose en regardant un film de science fiction ?

Conférences, ciné-quiz, ciné-débat…le Master Information et Médiation Scientifique et Technique (Lyon 1) vous invite les 3 et 4 mai à vous questionner sur la représentation de la recherche au cinéma. Philosophes des sciences, médiateurs, sociologues du cinéma ou encore youtubeurs sont invités à venir discuter avec nous de la place qu’occupent les sciences dans la fiction : un miroir pas toujours si déformant…

Toutes les animations sont accessibles à tous et gratuites, à l’exception du ciné-débat au cinéma le Zola, aux tarifs habituels de l’établissement.

>> Plus d’informations :

Master IMST

 

 

Les partenaires :

BU sciences lyon 1

Cinéma le Zola

Toï toï le zinc

European Lab Camp

EEuropean Lab Camp

3 jours après des élections européennes qui s’annoncent cruciales, European Lab Camp réunit des artistes, des chercheurs, des journalistes et des activistes du vieux continent à Lyon, pour un débriefing général et « se réarmer pour l’avenir ».

Musique, débats, projections, ateliers, performances : le Camp est le QG de Nuits sonores et European Lab, ouvert à tous.

Rendez-vous du 30 mai au 2 juin 2019 dans deux lieux inédits : H7 & HÔTEL71, INSCRIVEZ-VOUS !

1 grande thématique : LE JOUR D’APRÈS

European Lab Camp ce sont des tables-rondes, des concerts, un radio Lab, des ateliers et des performances … pour dessiner les contours d’un avenir commun à l’Europe.

 

2 tables rondes ont été pensées en partenariat avec Pop’Sciences. Ne les manquez-pas !

14:00 – 15:30 > H7

L’IMPOSSIBLE DÉMOCRATIE URBAINE À L’HEURE DU CAPITALOCÈNE

Avec :

  • Maële Giard (Étudiante en double master 2 : Sciences Po Lyon & Institut d’Urbanisme de Lyon)
  • Mathilde Girault (Université Lyon 2, UMR Triangle)
  • Guillaume Faburel (Université Lyon 2, Sciences-Po Lyon et Rennes, UMR Triangle)

17:00 – 18:30 > H7

NOUVEAUX ACTIVISMES POUR LA JUSTICE CLIMATIQUE

Avec :

  • Mathilde Girault (Université Lyon 2, UMR Triangle)
  • Annie Randall (Extinction Rebellion)
  • Deep Green Resistance
  • Marie Toussaint (End Ecocide on Earth)
  • Guillaume Faburel (Université Lyon 2, Sciences-Po Lyon et Rennes, UMR Triangle)