LL’égalité femmes-hommes dans le sport français : une chimère ? À la veille des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en juillet 2024, certaines parties prenantes de l’événement vont sans doute accentuer la communication sur les valeurs choisies comme étendard vertueux de cette olympiade. Parmi elles, l’égalité entre les femmes et les hommes (F/H) occupe une place de choix, car ces jeux seront les premiers de l’histoire olympique à être paritaires (autant d’hommes que de femmes parmi les athlètes en compétition, mais aussi parmi les relayeurs et relayeuses de la flamme olympique, et – presque – parmi les salariées et salariés du comité d’organisation avec 52 % de femmes).Dans cette perspective, cette olympiade propose également plus d’épreuves mixtes ; un logo à l’effigie de Marianne (porte-parole de la devise républicaine) ; une mascotte en forme de bonnet phrygien que les internautes ne manquent pas de comparer avec un clitoris.Enfin, ces jeux candidatent au nouveau label d’État Terrain d’égalité (lancement en 2022) en vue de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et de lutter contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles dans le domaine de l’événementiel sportif. Bien que volontaires, ces mesures sont-elles les signes d’une politique aboutie d’égalité entre les femmes et les hommes dans le mouvement olympique et/ou représentatives de la situation des femmes dans le mouvement sportif français ?Parcours de combattantesLa parité des athlètes aux JOP 2024 est assurément un élément clé de la communication égalitaire des instances olympiques quand on sait le parcours de combattantes nécessaire, d’une part à l’intégration des femmes dans ses grands événements et à leur lente augmentation numérique dans l’ensemble des disciplines olympiques. Alors que Pierre de Coubertin, en 1912, juge l’arrivée des femmes dans le programme officiel des JO, « impratique, inintéressante, inesthétique et, nous ne craignons pas d’ajouter incorrecte », il faudra toute la persévérance et la pugnacité d’une femme, Alice Milliat, pour s’opposer à l’idéologie androcentrique de l’institution olympique ; organiser – comme alternative – des Jeux mondiaux féminins entre 1922 et 1934 et fédérer les dirigeantes internationales du sport autour de la cause des femmes dans et par le sport.Ainsi, le premier combat pour les sportives fut de conquérir le droit d’accès aux fédérations sportives nationales (le droit d’obtenir une licence sportive), et ensuite aux compétitions internationales comme les JO (le droit de performer). Ainsi, pas de femmes licenciées à la fédération française de cyclisme jusqu’en 1948 et pas de femmes cyclistes aux JO avant 1984. Pas de femmes licenciées à la fédération française de football jusqu’en 1970 et pas de footballeuses aux JO avant 1996.Quantitativement, la progression des femmes parmi les athlètes fut lente, irrégulière jusqu’à la dernière décennie du XXe siècle où le sujet de l’égalité F/H dans le sport gagne en légitimité et visibilité lors de la déclaration de Brighton en 1994 (sous l’égide du groupe de travail international femmes et sport) ; de la conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995 (sous l’égide de l’ONU) ; puis de diverses commissions et projets au sein du Comité international olympique.Au final, c’est en 2012 (JO d’été) et 2014 (JO d’hiver) que toutes les disciplines olympiques (mais pas forcément toutes les épreuves) sont autorisées aux femmes comme aux hommes. Néanmoins, encore aujourd’hui, le ratio femmes/hommes demeure très variable en fonction des délégations olympiques et en fonction des disciplines sportives (par exemple à Tokyo en 2021, seules six fédérations internationales – le canoë, le judo, l’aviron, la voile, le tir et l’haltérophilie – ont adopté des quotas équilibrés d’athlètes entre les femmes et les hommes).Des inégalités persistantesDe plus, si cet objectif de parité des athlètes aux Jeux olympiques de Paris constitue l’un des leviers clés de la promotion, à l’international, du sport vers les femmes, il s’avère décalé avec la situation des sportives dans la plupart des pays. En France, par exemple, les femmes représentaient 39 % des licences sportives en 2020 (chiffre au plus haut avant la pandémie de Covid-19), mais elles n’étaient que 32,8 % dans les fédérations olympiques françaises (et majoritaires dans seulement 4 fédérations olympiques sur 39 : les fédérations de danse, de gymnastique, de roller et skateboard et celle d’équitation). Certes, la progression des licences sportives repose principalement sur l’arrivée de femmes et davantage de jeunes filles – avec +8,1 % de licences féminines contre +2,5 % de licences masculines entre 2012 et 2017 – mais il demeure une importante division sexuée dans l’adhésion aux sports en France.S’il n’est plus possible d’imputer ce constat à des politiques d’exclusion (inégalités d’accès) – comme ce fut le cas par le passé – sans doute révèle-t-il les effets – moins directs – d’inégalités de traitement (moindres ressources matérielles, financières et humaines) et de reconnaissance (moindre valeur et dignité) persistantes qui continuent à être largement défavorables à l’engagement des femmes et des filles dans le sport.Dorénavant, les restrictions à l’égard des femmes prennent la forme d’une absence de sections féminines dans le club sportif choisi à proximité ; d’une offre d’activités, d’horaires, d’équipements, de budget ou d’encadrement (parfois tout à la fois) restreinte. Ces inégalités de traitement vont de pair avec un système de représentations culturelles qui, non seulement entretient la distinction entre la catégorie, socialement construite, des femmes et celle des hommes (autour de ce que « doit être » une femme ou un homme) mais davantage les hiérarchise (Clair, 2015). Ainsi, dès le plus jeune âge, sous les effets d’une socialisation genrée qui se joue dans plusieurs instances, dont les médias, les filles sont davantage encouragées à être lectrices, musiciennes ou sédentaires plutôt que sportives – ou danseuses, gymnastes, athlètes plutôt que footballeuses, rugbywomen ou boxeuses.Les filles sont davantage incitées à participer, à coopérer et à entretenir leur(s) forme(s) plutôt qu’à se battre, se dépasser et performer. Les filles intériorisent une représentation déclassée d’elles-mêmes qui justifierait qu’elles valent moins et donc mériteraient moins de moyens que les hommes. Ainsi, au-delà de la seule parité numérique des athlètes, d’autres critères d’égalité devront être mobilisés pour juger de l’égalité entre les femmes et les hommes comme les usages des espaces sportifs, la qualité des commentaires médiatiques, et plus largement le droit à la reconnaissance de la dignité de toutes les personnes.Le leadership féminin à la traîneDe plus, en matière d’égalité, il convient également d’interroger la situation des femmes hors de l’aire de compétition, notamment dans les fonctions de direction (politique et/ou technique) du sport. Bien que peu médiatisé, le sujet mobilise le législateur français, comme la gouvernance du mouvement olympique, depuis une vingtaine d’années.Au sujet de l’égalité d’accès aux fonctions électives du sport, la France est à l’avant-garde avec, en l’espace de huit ans, deux lois ambitieuses : celle du 4 août 2014, puis celle du 2 mars 2022 fixant l’exigence de parité dans les conseils d’administration des fédérations sportives pour 2024 et dans les conseils d’administration des ligues sportives régionales pour 2028. En l’espace de quelques olympiades, ces politiques ont fait bondir la représentation des femmes dans les instances dirigeantes du sport français (passant de 27,4 % en 2009-2012 à 40,3 % en 2021-2024).Mais ces résultats numériques ne sont que l’arbre qui cache (mal) la forêt des inégalités, car en matière de politique sportive, le plancher colle. En France, seules deux femmes (5,7 %) sont, en 2023, présidentes d’une fédération olympique et pour les autres, nous manquons cruellement d’études sur les fonctions qu’elles occupent dans les CA ; les mécanismes de résistance qu’elles rencontrent et/ou les stratégies de contournement qui limitent un partage efficace du pouvoir. « Car ce n’est pas tant le pouvoir des nombres, qui, somme toute, fait la différence, mais bien le nombre au pouvoir ».Enfin, les mondes de l’entraînement sportif et/ou de l’arbitrage révèlent également d’importantes inégalités entre les femmes et les hommes. En France, le pourcentage de femmes entraîneurs de haut niveau stagne durablement entre 8 % en 2006 et 11 % en 2020. Dans ce secteur professionnel, la mixité (et encore moins la parité) n’est pas à l’ordre du jour, et ce d’autant plus que la situation des femmes est encore mal connue. Si les travaux de la sociologue Caroline Chimot font encore figure d’exception, ils sont actuellement prolongés au sein du LVIS par des recherches en cours sur les carrières et conditions de travail des femmes entraîneurs, sur les raisons de leur moindre durabilité dans le métier et sur les formes de leadership qu’elles développent en lien (ou non) avec les perceptions/réceptions dans l’écosystème sportif.Ainsi, sans vouloir minimiser la portée politique et culturelle de cette décision historique, espérons que la parité aux JOP de Paris 2024 ne sera pas « le dernier pas vers une parité historique aux JO » mais une étape de route vers des politiques et pratiques permettant l’inclusion des personnes minorisées sur le plan de l’ordre de genre à partir d’un travail critique sur les pratiques et politiques à l’œuvre et/ou de l’ancrage épistémique et idéologiques des dirigeants du sport en France et au-delà.Auteure : Cécile Ottogalli-Mazzacavallo, Maîtresse de Conférences en histoire, Université Claude Bernard Lyon 1Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. >> Lire l’article original. Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». https://www.fetedelascience.fr>>> Retrouvez tous les événements en métropole lyonnaise et Rhône sur popsciences.fr
CCycle de conférences des 50 ans de l’Université Lumière Lyon 2 À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Université Lumière Lyon 2 organise une série de rencontres, destinées à un large public, sur des grandes thématiques et des enjeux de société dont elle se saisit depuis sa création.Lieu :PProgramme prévisionnel :50 ans de travaux sur le genre en sciences humaines et sociales. Genèse et construction d’un champ pluridisciplinaire / mardi 26 septembre 2023 à 18h50 ans d’évaluation de l’économie sociale et solidaire – Regards croisés d’enseignantes-chercheuses de l’Université Lumière Lyon 2 / mardi 24 octobre 2023 à 18h 50 ans d’expertise : les relations chercheur.es / pouvoirs publics / jeudi 26 octobre 2023 à 18h 50 ans de créations artistiques dans les formations / lundi 20 novembre 2023 à 18h 50 ans de traitement des données avec et pour les sciences humaines et sociales / jeudi 23 novembre 2023 à 18h 50 ans de recherche et formation autour de la ville et des transports / mardi 28 novembre 2023 à 18h 50 ans de transitions alimentaires / mercredi 29 novembre 2023 à 18h >> Consulter l’ensemble du programme sur le site de :UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON 2
LLe livre blanc du cercle « Féminisons les Maths et l’Informatique » Le cercle FMI, pour Féminisons les Maths et l’Informatique, est une initiative de la fondation Blaise Pascal en collaboration avec Sopra Steria. Après une présentation et une analyse synthétique du contexte, ce livre blanc décrit 5 recommandations pour susciter des vocations en science chez les filles. Il montre ensuite au travers de quelques exemples comment ces propositions peuvent être concrètement mises en œuvre ainsi que leurs résultats.Ce document se veut une pierre de plus à l’édifice qui est en train de se construire tant dans le monde académique que dans le monde socio-économique pour favoriser l’accession des femmes aux métiers du numérique. >> Consulter le livre blanc :©Fondation Blaise Pascal >> Retrouvez tout l’actualité de la fondation :Fondation Blaise Pascal
DDes corps dans la ville: non-binarité et espace public Dans cet atelier participatif en écho à la déambulation-performance Public.ques et à la journée du 8 mars, le Pôle Genre vous invite à repenser la société et l’aménagement urbain tels qu’ils seraient dans une société qui aurait aboli les discriminations et frontières de genre… Photolangage, discussion, contextualisation par Benjamin Moron-Puech (enseignant-chercheur en Droit à l’Université Lumière Lyon 2 et auteur du blog Sex&Law) et prospection en petits groupes : venez partager et apprendre autour de ce futur possible, de ses enjeux dans différents champs de la société et de ses conséquence sur l’architecture et le quotidien urbain.Proposé par le Pôle genre de l’Université Lumière Lyon 2 et la DiSS. Animé par Benjamin Moron-Puech (impliqué dans plusieurs procès stratégiques concernant les droits des femmes et des personnes intersexuées, transgenres ou non binaires) , Lina Roy (chargée de médiation) et Hélène Chauveau (chargée de projets sciences et société). Cet atelier a été conçu en écho à l’exposition « Des corps dans la ville » qui a eu lieu à la Maison de l’architecture d’Ile-de-France du 14 octobre 2022 au 25 novembre 2022. >> Plus d’informations et inscription :Université lumière lyon 2
VVous avez dit archéologie du genre ? Derrière le mystérieux concept d’archéologie du genre, se cache une notion relativement récente en France qui cherche à étudier les traces des sociétés anciennes à travers le prisme des relations entre sexes. Ce travail permet de remettre en question nos à priori sur la vie de nos ancêtres.Le changement de regard porté sur les femmes est bien réel, et s’illustre jusque dans la recherche archéologique en questionnant également la place et la condition des femmes archéologues au sein de leur corps de métier.Pour échanger autour de ces questions, la bibliothèque aura le plaisir d’accueillir deux membres du collectif Paye ta truelle, qui lutte pour l’égalité et la diversité en archéologie.
NNeuromythe #7 : le cerveau des hommes est différent de celui des femmes Si les hommes et les femmes ne raisonnent pas de la même façon, c’est que leur cerveau est différent. Une thèse vieille comme le monde, qui a longtemps nourri la misogynie avant d’être laminée par les neurosciences et les sciences humaines et sociales. Mais aujourd’hui, les choses ne sont plus aussi claires…Article de Sara Le Diagon et Estefania Vargas-Gonzales à lire sur CORTEX Mag
LLa médecine a-t-elle un sexe ? Depuis le début des années 2000, les organismes de recherche français comme l’Inserm et le CNRS ont commencé à intégrer la notion de genre pour repenser la médecine et la recherche afin de comprendre les origines des différences entre les femmes et les hommes dans la santé.Cette approche est-elle pertinente ? Permet-elle une vision plus précise des inégalités de santé entre les deux sexes ?Intervenants : Muriel Salle, maîtresse de conférences en histoire, spécialiste des questions de genre et médecineMartin Winckler, médecin, romancier et essayiste.Animée par : Nicolas Lechopier> Suivre la rencontre :La médecine a-t-elle un sexe ?
HHommes et femmes au volant Les hommes prennent plus de risques que les femmes au volant et ont plus d’accidents. Pourquoi ? Comment faire évoluer les comportements et les « clichés » ?Découvrez dans le webdocumentaire de l’Université Gustave Eiffel – UGE, les pistes de réflexion de jeunes âgés de 9/14 ans, lors d’ateliers participatifs menés avec des chercheurs de l’UGE.Visionner le webdocumentaire : cliquer sur les panneaux de signalisation dans la vidéo pour dérouler les séquencesHommes et femmes au volantUn partenariat Université Gustave Eiffel, Imagineo.Une initiative portée par le service Diffusion des Savoirs et Ouverture à la Société de l‘Université Gustrave Eiffel. Voir les autres webdocumentaires :Espace Science et Société – Université Gustave Eiffel
FFilles et garçons sur la route Quand tu roules en vélo, trottinette, bus ou voiture avec tes parents, remarques-tu que les filles et les garçons peuvent avoir des comportements différents ? A ton avis, qui conduit le plus vite ? As-tu déjà vu des filles en scooter faire de la « roue arrière » ?Ces comportements, souvent risqués, sont observés et étudiés par des chercheurs de l’Ifsttar pour en comprendre les raisons. Cela peut nous aider à mieux repérer nos comportements dangereux. A découvrir dans la collection PETIT CAMPUS : Filles et garçons sur la route Contenu téléchargeable, jeux, film d’animation, vidéos, page « enseignants », retrouvez toutes les ressources pédagogiques de l’Ifsttar pour interagir avec vos élèves, de façon ludique et pédagogique. Pour en savoir plus sur le dossier thématique : Transport, mobilité, sécurité : une question de genre ? Une initiative portée par le service Promotion et Partage des Savoirs de l‘Ifsttar. Voir les autres ressources « Petit campus »
LLes enfants, dès 4 ans, envisagent plus le pouvoir au masculin qu’au féminin On sait peu de choses sur la façon dont les représentations de pouvoir interagissent avec celles du genre dans la petite enfance. Des chercheurs et chercheuses de l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod, en collaboration avec les universités d’Oslo (Norvège), de Lausanne et de Neuchâtel (Suisse) ont voulu savoir si les enfants âgés de 3 à 6 ans de différents pays (la France, le Liban et la Norvège), attribuent plus de pouvoir aux figures masculines qu’aux figures féminines. Les résultats de cette étude montrent que dès l’âge de quatre ans, les enfants associent pouvoir et masculinité, et ce même dans des pays considérés comme moins inégalitaires comme la Norvège. Pour aboutir à ces conclusions, les scientifiques ont mis en place plusieurs expériences avec des panels d’enfants. Retour sur les protocoles mis en place… Expérience 1 : la posture physiqueDans une première expérience, ils ont montré aux enfants une image où figuraient deux personnages non genrés dont l’un adoptait une posture physique de dominance et l’autre une posture de subordination. Dans un premier temps, les enfants devaient deviner lequel de ces deux personnages exerçait du pouvoir sur l’autre. Ils devaient ensuite assigner un genre à chaque personnage (qui est la fille, qui est le garçon). Les résultats révèlent qu’à partir de quatre ans, une large majorité d’enfants considère que le personnage dominant est un garçon. L’association pouvoir-masculinité a été observée aussi bien chez les garçons que chez les filles, et aussi bien au Liban qu’en France et en Norvège mais pas de manière significative chez les enfants de 3 ans.© Julien Wolga (CC BY-NC-SA)Expérience 2 : le genre de l’autreDans une deuxième expérience, des enfants de 4 et 5 ans, tous scolarisés en France, devaient cette fois se figurer qu’ils étaient eux-mêmes sur cette image et que l’autre personnage était soit une fille soit un garçon. Lorsque les enfants devaient considérer leur relation de pouvoir avec un personnage du même genre qu’eux, les filles comme les garçons s’identifiaient largement au personnage dominant. Mais lorsqu’ils devaient considérer leur relation de pouvoir avec un personnage de genre différent, les garçons s’identifiaient plus souvent au personnage dominant alors que les filles ne s’identifiaient significativement pas plus à l’un ou l’autre des personnages. Expérience 3 : genre, argent pouvoirEnfin, dans une troisième expérience, des enfants de 4 et 5 ans du Liban et de France assistaient à une série d’échanges entre deux marionnettes, l’une représentant une fille et l’autre un garçon, derrière un cache. Dans un cas, les marionnettes s’apprêtaient à jouer ensemble et l’enfant entendait l’une imposer ses choix à l’autre. Dans l’autre cas, une marionnette disposait de plus d’argent que l’autre pour acheter des glaces. En France comme au Liban, la plupart des garçons considéraient que la marionnette qui imposait ses choix ou qui avait plus d’argent était la marionnette masculine. Par contre, les filles des deux pays n’attribuaient pas la position dominante préférentiellement à l’un ou l’autre genre. Hiéarchie entre les genres : un phénomène précoceCes résultats, publiés le 7 janvier 2020 dans la revue Sex Roles, montrent une sensibilité précoce des enfants à une hiérarchie entre les genres, bien que les filles, dans certaines situations, n’associent pas pouvoir et masculinité. Les scientifiques s’attachent maintenant à savoir quelles formes de pouvoir ils attribuent aux figures féminines et s’ils légitiment l’expression d’un pouvoir genré.LIRE LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU CNRS