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Réparer les plastiques avec des champs magnétiques pour augmenter leur durée de vie ? | The Conversation

RRéparer les plastiques avec des champs magnétiques pour augmenter leur durée de vie ? | The Conversation

En chargeant certains plastiques de particules magnétiques, il est possible de les chauffer à distance afin de les remodeler. Mathieu Salse/INSA Lyon, Fourni par l’auteur | ©Mathieu Salse/INSA Lyon

L’utilisation excessive des plastiques constitue un exemple frappant de la manière dont les matériaux peuvent devenir une source majeure de pollution. La sobriété matérielle, qui consiste à limiter la consommation de matériaux, constitue donc un levier majeur pour diminuer l’impact de nos sociétés sur l’environnement. Bien qu’il semble désormais utopique de se passer des plastiques, l’espoir réside néanmoins dans le fait qu’une grande partie d’entre eux, dits thermoplastiques, ont la faculté de se déformer ou de s’écouler lorsqu’ils sont chauffés.

Cette propriété permet de les remodeler, offrant ainsi la possibilité de les réparer et de les réutiliser directement, ce qui présente une alternative moins coûteuse qu’un recyclage chimique. Parmi les diverses méthodes qui existent pour chauffer et réparer les plastiques, le chauffage par induction magnétique constitue un moyen rapide et efficace d’échauffer localement la matière. Cette technique, notamment utilisée comme traitement contre certains cancers, peut être également employée pour réparer les plastiques permettant ainsi d’accroître leur temps de vie.

Les matériaux autocicatrisants

Une rapide rétrospective montre que la réparation des matériaux plastiques est un sujet qui passionne la communauté scientifique depuis quelques décennies. Ce sujet a connu un véritable « boom » en 2008 avec la découverte d’un nouveau type de matériau capable de s’autoréparer à température ambiante : les vitrimères. On parle alors d’autoréparation, d’autocicatrisation ou de self-healing en anglais. Bien que de nombreux progrès en chimie ont depuis lors permis de diversifier les solutions, les matériaux autoréparables ne sont pour autant pas véritablement sortis des laboratoires de recherche et peinent toujours, plus de 15 ans après, à trouver leur place dans l’industrie.

Si la raison principale de leur manque d’applicabilité est parfois à chercher au niveau de leur prix et de leur complexité chimique, une autre raison plus fondamentale réside dans l’incompatibilité entre capacité à s’autoréparer et rigidité élevée – la première nécessitant une grande mobilité moléculaire et la seconde de fortes liaisons entre les constituants de la matière. En outre, l’industrie du plastique et ses procédés de fabrication étant arrivés à maturation, c’est tout un écosystème qu’il faut repenser pour inclure la production d’une part significative de matériaux innovants.

Les matériaux guérissables sous champ magnétique

Contrairement au cas des matériaux autocicatrisants qui ne nécessitent aucune intervention extérieure, une stratégie alternative, appelée le stimulus-healing, consiste à apporter de l’énergie pour chauffer et réparer les matériaux thermoplastiques. En fonction du matériau et de l’application visée, le mode de chauffage peut prendre plusieurs formes telles qu’un transfert thermique (par contact direct ou via l’air environnant), une onde acoustique, une micro-onde, un laser ou un champ magnétique oscillant appliqué grâce à une bobine (électro-aimant).

Dans le dernier cas, l’opération consiste à intégrer dans le matériau plastique une faible quantité de particules magnétiques (1 à 5 % de son volume). Ces particules sont en effet capables de transformer le stimulus magnétique oscillant en chaleur au sein même de la matière, grâce à un phénomène appelé hyperthermie magnétique. Pour atteindre des températures de l’ordre de 150-200 °C, il est commun d’utiliser des champs magnétiques ayant une intensité de quelques milliteslas (l’équivalent d’un aimant de réfrigérateur) et une fréquence d’environ 500 kHz (contre 20 à 100 kHz pour une plaque induction standard).

Cette technologie a l’avantage de pouvoir être utilisée sur des matériaux dotés de propriétés mécaniques très différentes, ce qui permet de l’appliquer sur une large gamme de plastiques. En effet, elle a récemment été employée pour traiter des matériaux de grande consommation tels que le polypropylène (utilisé pour faire des pare-chocs de voiture) ou certains polyuréthanes souples (employés comme gaine d’isolation électrique).

Un autre avantage que présente cette technique est de pouvoir lisser une pièce rugueuse pour effacer ses défauts en surface. Cela est particulièrement utile pour des pièces imprimées en 3D dont la rugosité diminue sensiblement les performances mécaniques et rend l’aspect peu attractif.

Inducteur haute fréquence utilisé pour activer l’hyperthermie magnétique permettant le lissage et le renforcement d’une plaque de polypropylène imprimée en 3D. Le bras de l’inducteur est placé au dessus de la plaque de plastique, qui devient lisse et brillant, là où il est encore rainuré autour. | ©Guilhem Baeza/INSA Lyon

Vers le développement à grande échelle

Historiquement, les recherches menées sur l’hyperthermie magnétique ont une visée biomédicale. Cette technique, généralement combinée à la chimiothérapie ou la radiothérapie, est utilisée pour traiter certains types de cancer. Dans ce cas, des nanoparticules magnétiques biocompatibles sont injectées au patient, et la chaleur générée sous irradiation magnétique (+ 6 à 7 °C) tue sélectivement les cellules tumorales.

Cette technique offre la possibilité de chauffer sans contact ni besoin de faire parvenir la lumière, et fonctionne donc dans des matériaux opaques. Elle offre un grand contrôle, étant donné que la quantité de chaleur dégagée peut être contrôlée par les caractéristiques du champ magnétique, mais aussi par la quantité et la nature des particules stimulables. La localisation des particules permet également de chauffer sélectivement une zone désirée.

Dans le cas de matériaux composites basés sur des plastiques, ces avantages sont tout aussi utiles et posent de nouvelles questions scientifiques à résoudre afin d’améliorer le procédé de réparation.

Des limites qu’il reste à dépasser

Un exemple concerne quelles particules choisir parmi toute la variété de celles qui peuvent être utilisées pour convertir le champ magnétique en chaleur. Les chimistes peuvent jouer sur la composition (fer, cobalt, nickel…), la forme (sphère, cube, bâtonnet…) et la taille des particules magnétiques qui sont autant d’éléments impactant la capacité de chauffe des particules. Par ailleurs, la possibilité de fabriquer ces objets à grande échelle et de manière raisonnée est également un enjeu majeur : la société grenobloise Hymag’in, avec qui nous collaborons, développe par exemple des particules de magnétite issues de déchets de la sidérurgie.

D’autres aspects concernent davantage les physiciens, par exemple les questions liées aux mouvements des particules soumises au champ magnétique. D’une part, les particules ont tendance à se regrouper et à s’organiser en formant des chaînes, ce qui soulève des interrogations sur la réversibilité et l’utilisation répétée de cette technique. Sous l’effet du champ magnétique, les particules se mettent aussi à tourner sur elle-même, ce qui engendre un dégagement de chaleur supplémentaire par friction, dépendant du milieu environnant. Il est nécessaire de quantifier cet effet pour ne pas surchauffer les pièces, ce qui entraînerait leur dégradation.

L’aspect noir des matériaux (lié aux particules magnétiques) rend aussi plus difficile leur utilisation comme pièces visibles, notamment dans l’industrie automobile où la cicatrisation de rayures superficielles sur des pièces colorées représente un réel intérêt commercial. Mais il est aussi possible de réparer en moins d’une minute des caoutchoucs, typiquement des semelles de chaussures ou des joints d’étanchéité, ou même des plastiques durs présents dans des articles de voyage, de sport, ou dans des packagings rigides en tout genre. Finalement, la diffusion des technologies liées à l’hyperthermie magnétique nécessitera l’appui d’industries innovantes, capables d’identifier des applications de niche pour passer de concepts généraux à des produits de haute valeur ajoutée.

Le projet MANIOC est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.The Conversation

Auteurs :

Guilhem P Baeza, Maître de conférences habilité à diriger les recherches en physique des polymères, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Laura Ea, Doctorante en Physique des polymères, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Mathieu Salse, Doctorant en sciences des matériaux polymères et composites, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Simon Fritz, Doctorant en Physique des Polymères, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original sur le site :

The Conversation

Réduire l’impact environnemental de la recherche

RRéduire l’impact environnemental de la recherche

À l’occasion Meet & Fabrik, le rendez-vous créativité et innovation, la Fabrique de l’Innovation de l’Université de Lyon propose une table ronde « Comment réduire l’impact des activités de recherche sur l’environnement ? ».

Comme tous les secteurs, la recherche est elle aussi soumise à des enjeux de réduction de son empreinte carbone. Il est important d’accompagner la transition. À travers les témoignages d’acteurs de la recherche publique, mais également privée, découvrez plusieurs leviers d’action : réduction des dépenses énergétiques via un plan de sobriété, sensibilisation des équipes de recherche pour faire évoluer leurs pratiques vers des comportements plus écoresponsables, analyse du cycle de vie…

Intervenants :

  • Louis Droissart, Ingénieur Économe de Flux, Animateur Énergie de l’Établissement à l’INSA Lyon ;
  • Maylis Jouvencel, Doctorante au laboratoire CREATIS (Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé) et membre du Collectif LIFE ;
  • Antoine Naëgel, Doctorant CIFRE chez Siemens Healthineers, membre du Collectif LIFE au sein du laboratoire CREATIS (Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé) ;
  • Christophe Peres, Fondateur du Labo Durable.

Animée par : Xavier Bacher, Fabrique de l’Innovation.

Cette table ronde sera suivie d’une conférence sur l’innovation dans le secteur public, ou comment remettre les besoins des usagers et des agents au cœur de l’action publique – De 16h à 17h30.

Pour en savoir plus :

Meet & Fabrik

Transenvir : une plateforme pour explorer l’histoire environnementale du Grand Lyon

TTransenvir : une plateforme pour explorer l’histoire environnementale du Grand Lyon

Le projet TRANSENVIR vise à explorer l’histoire de la « transition environnementale » de nos sociétés contemporaines depuis les années 1950. C’est aussi aujourd’hui une plateforme documentaire collaborative avec des ressources sur ces thématiques.

TRANSENVIR est porté par une équipe d’historien.ne.s du LARHRA qui a l’ambition de proposer des documents et ressources pour comprendre la place occupée par les villes françaises dans la montée, l’institutionnalisation et la reconfiguration des politiques environnementales des années 1950 jusqu’à nos jours. Il s’agit de retracer la transformation physique du milieu et comment les modes de vie et les aspirations ont peu à peu intégré des préoccupations écologiques.

Il s’agit d’évaluer dans quelle mesure les différents risques, pollutions, nuisances liées à l’environnement urbain ont pu susciter diverses formes de mobilisation. Ce sont celles d’acteurs issus de la société civile, comme nombre de militants que l’on qualifie plus tard d’« écologistes », les riverains d’usines polluantes, ou des premières autoroutes rapidement embouteillées, mais aussi les mobilisations d’ouvriers confrontés aux risques et pollutions dans leur travail quotidien. Il s’agit aussi de prendre en compte l’action des responsables politiques locaux ou nationaux et des structures administratives qui les accompagnent, en définissant, produisant et appliquant des normes spécifiques destinées à encadrer des problématiques nouvelles qui ne cessent de prendre plus clairement forme au cours de ce second XXe siècle. Cerner le rôle des acteurs scientifiques non liés à l’administration gestionnaire, comme les chercheurs universitaires, et le rôle des industriels impliqués dans des activités potentiellement polluantes, ou dans le secteur de l’amélioration de l’environnement, est également une des pistes de travail qui sont explorées.

Transenvir.fr est aujourd’hui une plateforme documentaire collaborative où est proposée une sélection de documents issus de terrains de recherche, des archives publiques ou privées qui ont trait à l’histoire environnementale. Ce site accueille des contributions d’étudiant.e.s et de passionné.e.s volontaires : cela peut prendre la forme d’une petite notice ABCVert, d’une biographie, d’une exposition thématique. Il est donc possible de rejoindre l’équipe en proposant du contenu (onglet contact du site) !

Rendez-vous sur la plateforme Transenvir : https://transenvir.fr/

Pour en savoir plus sur cette plateforme, ce projet et rencontrer des chercheur.euses membres de l’équipe, rendez-vous le 11 mars au Colloque IMU pour l’atelier « Documenter et construire l’histoire de la transition environnementale : le cas de l’agglomération lyonnaise » et le 1er avril aux Nocturnes de l’Histoire à la BU Diderot de Lyon entre 14h et 19h.

Le Beaujolais nouveau, et après ? Enjeux environnementaux et sociaux d’un territoire en mutation

LLe Beaujolais nouveau, et après ? Enjeux environnementaux et sociaux d’un territoire en mutation

Dans le cadre du cycle Questions de société

©Pixabay

La géographie, discipline dont l’objectif scientifique est parfois méconnu, a un rôle fondamental : étudier les modalités d’implantation de l’Homme sur la planète, et l’ensemble des transformations issues de cette implantation. Au-delà des transformations brutales, comme celles qui aboutissent à l’émergence de risques naturels médiatiques, il est parfois difficile de saisir des évolutions plus lentes, mais qui n’en sont pas moins fondamentales pour saisir les enjeux environnementaux contemporains.

À travers l’exemple du Beaujolais viticole, dont les paysages sont souvent perçus comme immuables, Etienne Cossart cherche à montrer les transformations qui sont actuellement en cours et les enjeux environnementaux qui y sont associés.

Le Beaujolais fait en effet face à une crise : environ un tiers du vignoble a été perdu au cours des vingt dernières années. Cette perte en surface du vignoble est le moteur d’une nouvelle et rapide dynamique paysagère matérialisée par l’expansion de friches. Symptômes d’un décrochage économique, fermant et lissant les paysages, les friches fragilisent l’identité territoriale locale. La métamorphose en cours des paysages se retrouve au cœur des questions socio-économiques et environnementales qui animent actuellement le Beaujolais. L’ensemble des acteurs de ce territoire cherche à trouver un équilibre entre la conservation des paysages emblématiques et sa nécessaire reconversion économique, dans un contexte influencé par la Métropole de Lyon et les nouveaux modes de vie de ses habitants.

Plus d’informations :

Université Jean Moulin Lyon 3

 

Chimie verte et polymères biosourcés : réduction de l’impact environnemental

CChimie verte et polymères biosourcés : réduction de l’impact environnemental

Les filières chimie et matériaux biosourcés peuvent contribuer à réduire la dépendance au pétrole de la chimie traditionnelle et à améliorer son bilan environnemental.

Intervenants :

  • Bruno Andrioletti, Professeur à l’Université de Lyon, Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires, UMR CNRS 5246
  • Alexandra Clayer-Montembault et Frédéric Prochazka, Maîtres de Conférences à l’Université de Lyon, Laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères, UMR CNRS 5223
  • Wissam Farhat, Docteur de l’Université de Lyon en cotutelle avec la North Carolina State University (USA).

Organisée par : Université Jean Monnet de Saint-Etienne et Association des Amis de l’Université de Lyon – AAUL

A l’issue de sa conférence, Wissam Farhat se verra remettre le Prix Doctorant étranger 2019 de l’Université de Lyon, doté par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

En savoir plus :

AAUL