JJournalisme et science, quelles relations ? | Un dossier Pop’Sciences D’un côté, entre demandes extemporanées, ambivalence face aux publications scientifiques, souhait de répondre à l’attente des lecteurs, auditeurs, et, de l’autre, une temporalité de la recherche sur un temps long, la prise de recul, le temps de la réflexion, d’ajustements, de confrontations… journalistes et chercheurs ont-ils malgré tout un objectif commun de production et de diffusion des savoirs ?Comment ces deux instances, médiatique et scientifique, ancrées dans des cultures différentes, traitent de l’actualité scientifique ? Qui, quoi influe dans la sélection de l’information ?C’est au cours d’un séminaire Pop’Sciences rassemblant les acteurs de la culture scientifique et technique de Lyon et Saint-Étienne que deux tables rondes ont été organisées sur la thématique de la relation entre chercheur et journaliste. Ce dossier vous en propose une restitution au travers de deux articles.LLes articles du dossier#1 – Résidence croisée chercheur – journaliste : le temps de se comprendre pour mieux faire ensemble, rédigé par Anne Guinot pour Pop’Sciences – Avril 2025©Vincent NoclinDans le cadre du projet LYSiERES², projet labellisé « Science avec et pour la société » par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Pop’Sciences a organisé deux résidences croisées entre un.e journaliste et une chercheuse, en 2023 et en 2024. Cette résidence avait pour objectif de faire se rencontrer les deux professions, qui sont parfois en relation, mais dont les fonctionnements et impératifs différent largement. Grâce à plusieurs semaines de travail en binôme chercheur/journaliste, la résidence permet de mieux comprendre les problématiques de chaque corps de métier et ainsi faciliter la collaboration entre les deux professions dans un objectif commun de production et de diffusion des savoirs.Lire l’article #1#2 – La relation chercheur – journaliste : vécus et expériences, rédigé par Étienne Richard pour Pop’Sciences – Avril 2025©Vincent NoclinComment les chercheurs conçoivent-ils leurs relations avec la presse ? Quand et comment les journalistes sollicitent-ils les chercheurs ? Comment travaillent-ils ensemble ? Pour explorer ces questions, trois chercheurs, trois journalistes et une directrice de la communication sont venus partager leurs expériences. Lire l’article #2—————————————————————MMerci !Pop’Sciences remercie les différents intervenants qui ont accepté de participer à la rencontre avec le réseau des acteurs de culture scientifique et technique le 17 mars 2025 :> Patrice Abry, directeur de recherche – Laboratoire de Physique ENS de Lyon – Traitement du signal> Coralie Bouchiat, maître de conférences universitaire – Praticien Hospitalier au sein du Centre international de recherche en infectiologie – CIRI – à Lyon> Arthur Braun, enseignant chercheur – Unité de recherche CONFLUENCE : Sciences et humanités – Droit public> Grégory Fléchet, journaliste scientifique indépendant (site)> Muriel Florin, journaliste au Progrès> Jean-François Gérard, directeur adjoint scientifique Institut de chimie – CNRS – Recyclage – Recyclabilité & ré-utilisation des matières > Aude Riom, directrice de la communication ENS de Lyon> Guillaume Rosi, journaliste BFM Lyon, en charge de la confection des programmes et des magazines thématiques> Anaïs Sorce, journaliste radio à RCF LyonAinsi que :> l’Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) de l’UCLy et RCF Lyon qui nous ont accueillis et permis d’organiser ce séminaire dans l’espace convivial de la Maison de la Recherche et de l’Entreprise de l’UCLy (merci particulièrement à Anne-Sophie Ancel, Lorraine Guitton, Dorothée Eicholz pour leur accompagnement).
RRésidence croisée chercheur – journaliste : le temps de se comprendre pour mieux faire ensemble | #1 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ? Faire se rencontrer chercheurs et journalistes pour davantage se connaître et collaborer ? Tel est le pari du dispositif de résidence croisée mis en place par l’équipe Pop’Sciences de l’Université de Lyon, dans le cadre du projet LYSiERES². Un défi relevé avec succès lors d’une première résidence en 2023. Retours sur la seconde édition qui révèle une nouvelle expérience féconde et l’envie d’une meilleure coopération aux bénéfices partagés.210 heures, soit 30 jours : c’est le temps que Guillemin Rosi, en charge de la confection des programmes et des magazines thématiques sur BFM Lyon et Coralie Bouchiat, chercheuse au CIRI[1] , auront passé ensemble à la fin de cette seconde résidence croisée, débutée en octobre 2024. La chercheuse s’est rendue dans la rédaction de BFM, en binôme avec le journaliste, qui, par la suite, a rejoint la microbiologiste dans son laboratoire. Objectif : découvrir le métier de l’autre, « s’acculturer » à son univers, avec pour but de contribuer à améliorer les collaborations entre les deux professions. À l’issue de cette immersion, les deux acteurs vont créer des objets pour rendre compte de cette découverte mutuelle. Une bande dessinée ainsi qu’un podcast sont en projet.À l’origine : une méconnaissance mutuelle et une certaine curiosité…Avant de débuter l’aventure, Coralie Bouchiat et Guillemin Rosi partagent le même constat : les relations entre leurs deux métiers sont distantes, voire inexistantes pour la chercheuse : « Mon rapport avec les journalistes avant ? Aucun ! ». Le journaliste confirme que son lien avec la recherche est distendu et qu’il intervient plutôt selon les besoins de l’actualité. Travaillant dans un média grand public, il cherche à obtenir des informations facilement « vulgarisables » et accueillir un invité « bon client qui ne va pas ennuyer ou perdre le téléspectateur… ».Qu’est-ce qui a poussé les deux participants à répondre à l’appel à projet LYSIERES² ? La curiosité ! La chercheuse avait envie d’un projet alternatif et le journaliste souhaitait comprendre les raisons des difficultés entre médias et sciences.Souvenirs du premier jour de résidence : ça pique !Les premiers moments de la résidence vont bien vite les faire renoncer à leurs préjugés sur la profession de l’autre… À son arrivée au siège de BFM Lyon, la chercheuse est frappée par la discrétion des locaux et la modestie des moyens : « La journaliste qui allait rentrer sur le plateau n’avait ni maquilleuse, ni coiffeuse. La jeune reporter partait sur le terrain seule, avec son iPhone et son trépied dans un sac à dos. J’imaginais cet univers avec un peu plus de paillettes ! ». Le journaliste n’est pas, non plus, épargné par la surprise, en entrant, pour la première fois, dans les locaux du CIRI (dont les membres sont partis en congrès). Il découvre un bâtiment immense quasiment vide, assez froid, alors qu’il pensait accéder à lieu très fréquenté et collaboratif : « Les chercheurs ne sont pas là physiquement, ils sont toujours à droite, à gauche. C’est l’inverse de ce que je connais dans mon quotidien ! ». Et puis, il prend conscience que l’activité de recherche n’est pas la seule qui occupe le scientifique : « Il y a plein de temps qui ne sont pas consacrés à la recherche pure : démarches administratives, enseignement ».Des univers de travail aux antipodesChacun va connaître de nouvelles surprises, en approchant le milieu de son binôme. Coralie Bouchiat découvre six personnes réunies dans un open-space, qui se parlent du matin au soir et s’interrompent en permanence : une véritable ruche… « J’ai mis quelques jours à comprendre qu’ils coconstruisent (sur un reportage, l’un va couper les images un autre fait le liner[2] et un autre fait la voix off…) : et en fait, ça marche ! C’est à l’opposé de notre fonctionnement. Dans mon métier, chacun s’occupe de sa tâche de A à Z et il lui faut un minimum de concentration ». Guillemin Rosi confirme qu’il a perçu le métier de chercheur comme solitaire, penché sur sa paillasse ou devant l’ordinateur et conclut : « Je croyais que l’on faisait de la science comme moi je travaillais l’info ».©Vincent Noclin – Séminaire Pop’Sciences mars 2025« On n’a pas du tout le même espace-temps »Ce qui semble aussi différencier radicalement l’univers de la chercheuse de celui du journaliste, c’est la conception du temps. Le journaliste fonctionne dans l’urgence permanente et son unité de temps, c’est l’heure ou la journée, pour préparer le programme de son JT. Il a ainsi du mal à comprendre pourquoi un chercheur ne parvient pas à se rendre disponible immédiatement car « dans l’actualité, un délai d’un mois, une semaine, un jour, ce sera trop tard en fonction du sujet » résume Guillemin Rosi. Dans ce contexte, le journaliste se voit remettre, chaque matin, une tâche à accomplir qui se termine à la fin de la journée. À l’inverse, le processus de travail du chercheur semble infini : pour Coralie Bouchiat, « on n’a jamais de sentiment d’achèvement dans la recherche (y compris quand l’on termine la rédaction d’un article) et l’on ne travaille pas dans l’urgence ». En effet, même si le chercheur est confronté aussi à des délais (congrès, publications), on parle de mois, d’années alors que pour le journaliste, il s’agit d’heures ou de journées.Le sentiment d’illégitimité du chercheur : « je ne suis pas spécialiste de… »Autre obstacle à la collaboration : la difficulté, pour les journalistes, à trouver des chercheurs qui répondent à leurs sollicitations. Guillemin Rosi admet que les volontaires sont rares, à part quelques personnalités habituées et disponibles rapidement. Une cause possible serait ce fameux « sentiment d’illégitimité » du chercheur qui l’empêche d’intervenir. Coralie Bouchiat l’exprime ainsi : « Je suis spécialiste en recherche biomédicale. Pas spécialiste de la coqueluche. J’aurais l’impression de voler la légitimité à l’expert de la coqueluche si j’intervenais sur ce sujet dans les médias. Cela serait très mal vu par mes pairs ». S’ajoute à cela la peur du chercheur de voir ses propos déformés, alors qu’il est attaché à la nuance, à la précision et que le journaliste peut être tenté de prendre des raccourcis. Comme le souligne Coralie Bouchiat : « Il y a du travail à faire pour que les chercheurs arrivent à vulgariser ».Et l’avenir, ce serait mieux comment ?Du côté du journaliste, les attentes ne manquent pas mais les solutions sont possibles : en matière d’accès à l’information, tout d’abord. Celles qui figurent dans les revues scientifiques étant trop techniques et peu accessibles. Il faut aussi pouvoir contacter facilement les chercheurs : « c’est indispensable d’avoir un numéro de mobile pour joindre quelqu’un dans la journée ». Enfin, les laboratoires doivent accepter de donner à voir et mettre à disposition des banques d’images ou des vidéos.Qu’en est-il pour la chercheuse ? « Cette résidence m’a permis de découvrir le monde du journalisme, qui finalement ne fait pas si peur, et surtout de prendre conscience de notre incapacité dans la vulgarisation et communication de nos résultats, ce qui est bien dommage… ». Selon elle, il faut convaincre le chercheur que parler de son travail peut valoriser son activité. Cette sensibilisation doit intervenir au plus tôt, dans le cadre du doctorat, par exemple.Enfin, le sentiment d’illégitimité du chercheur peut être vaincu avec l’aide du journaliste, qui, comme le rappelle Guillemin Rosi, peut cadrer son intervention, le mettre à l’aise sur sa légitimité pour aborder quelque chose de plus vaste que sa spécialité. À condition qu’il accepte de se placer à la portée du journaliste et du public. Comme le résume le physicien Patrice Abry, qui assiste à la restitution : « la vulgarisation scientifique, c’est peut-être renoncer à l’usage de la technique, mais pas renoncer à parler de la science ».Un article rédigé par Anne Guinot, co-rédactrice en chef Pop’Sciences Mag – 16 avril 2025 ————————————————–Notes[1] CIRI – Centre International de Recherche en Infectiologie : https://ciri.ens-lyon.fr/[2] Liner : en communication, un liner est un court message écrit (à la TV) ou parlé (à la radio) permettant au destinataire d’identifier ce qui est présenté : nom de la chaîne, de l’émission, de l’artiste, de la personne interviewée, du titre, du produit, de la marque (source : Wikipedia).
LLa relation chercheur – journaliste : vécus et expériences | #2 – Dossier Pop’Sciences : Journalisme et science, quelles relations ? Comment les chercheurs conçoivent-ils leurs relations avec la presse ? Quand et comment les journalistes sollicitent-ils les chercheurs ? Comment travaillent-ils ensemble ? Pour explorer ces questions, trois chercheurs, trois journalistes et une directrice de la communication sont venus partager leurs expériences lors d’une rencontre organisée par Pop’Sciences à l’occasion d’un séminaire le 17 mars 2025.Chercher, écrire, publier. Les tâches des journalistes et des chercheurs se ressemblent, mais répondent à des objectifs, des logiques et des dynamiques différentes. Pour les premiers , il s’agit d’informer un public plus ou moins éclairé sur des sujets scientifiques en faisant valoir leur pertinence en fonction de l’actualité et en respectant des contraintes temporelles et éditoriales. Pour les seconds, il s’agit de faire avancer un processus de recherche long et méconnu du grand public. La diffusion de cette recherche, et de la science en général, dépend fortement de la relation qu’établissent chercheurs et médias. Comment chacun envisage cette relation ? Comment la vivent-ils et quelles pistes entrevoient-ils pour l’améliorer ?Sélectionner des sujets : des contraintes et des critères différentsLa relation entre journalistes et chercheurs commence dès le choix des sujets à traiter. Pour ouvrir la table-ronde du séminaire Pop’Sciences du 17 mars 2025, les journalistes ont donc été invités à présenter leurs critères de sélection.Leurs réponses ont révélé tout d’abord que chaque type de média n’est pas soumis aux mêmes contraintes ni aux mêmes objectifs. Une première différence réside dans le temps dédié au traitement des sujets. De ce point de vue, la presse spécialisée semble bénéficier d’une temporalité plus étendue, comme le souligne Grégory Fléchet : « Au journal du CNRS ou à Pop’Sciences, on a plus de temps pour préparer un article, cela peut prendre des semaines. Cela nous laisse le temps de préparer des questions en amont, de nous intéresser aux sujets. ». Les médias locaux, généralistes, sont en revanche soumis à des délais plus réduits. « Les heures sont comptées dans les rédactions » témoigne Muriel Florin, journaliste au Progrès. À cette contrainte temporelle s’ajoutent aussi des impératifs d’audience, notamment en presse écrite, qui peuvent conditionner le choix des sujets traités : « Il faut que cela ait un intérêt pour le grand public. Si je fais un sujet sur les tatouages, par exemple, cela va mieux marcher qu’un sujet beaucoup plus pointu ». Et cet intérêt du grand public pour des sujets scientifiques peut être suscité par divers moyens : « Le but est que l’auditeur prenne conscience que la science sert à quelque chose, qu’il voie quelles peuvent en être les retombées pratiques », estime Anaïs Sorce, journaliste et chroniqueuse à la radio RCF Lyon. Tandis que, pour Muriel Florin, la préoccupation sociale pour certains sujets est également un élément essentiel : « C’est important qu’il y ait un intérêt sociétal, par exemple le plastique, la pollution, ce genre de chose. Ce sont des sujets scientifiques qui intéressent ».Communiquer avec le grand public : une mission peu valorisée chez les chercheursSi « la mission de communication auprès du grand public est indispensable et fondamentale pour le chercheur », comme le précise Patrice Abry, directeur de recherche au laboratoire de physique de l’ENS de Lyon, celle-ci est aussi « contradictoire avec son évaluation » selon Jean-François Gérard, directeur adjoint scientifique à l’institut de chimie du CNRS, car peu valorisée et reconnue dans les carrières universitaires. D’autant que, dans certaines disciplines, les chercheurs ne sont pas les interlocuteurs privilégiés. C’est notamment le cas en droit reconnaît Arthur Braun, : « Les journalistes peuvent aussi se tourner vers des avocats, des magistrats, vers des praticiens de manière générale ». Ces raisons encouragent donc d’autant plus les chercheurs à privilégier exclusivement des outils de communication purement académiques (publications, colloques). Surtout que l’exercice médiatique peut également susciter certaines peurs liées au fait de devoir prendre position ou de s’exprimer sur un sujet qu’un chercheur connaît moins : « Souvent les chercheurs craignent de se faire embarquer dans un chemin où on va demander leur avis et ainsi engager leur institution, leur laboratoire, leurs tutelles… », explique Aude Riom, directrice de communication à l’ENS de Lyon. « Nous ne sommes sollicités que sur des catastrophes »À ces craintes s’ajoute le sentiment, pour les chercheurs, de n’être sollicités que dans l’urgence. « Nous ne sommes contactés la plupart du temps que lorsqu’il y a des catastrophes, des problèmes », commente Jean-François Gérard, regrettant de ne pas voir aborder des sujets qui ne sont pas forcément spectaculaires et ne font pas immédiatement sensation. Or, ces situations d’urgence nécessitent un traitement médiatique immédiat auquel les chercheurs ne sont pas toujours préparés, rendant parfois l’exercice embarrassant : « Un de mes collègues en droit constitutionnel était sur un plateau de télévision le soir de la dissolution [du gouvernement] » relate Arthur Braun « le pauvre s’est retrouvé submergé par un tas de questions techniques auxquelles il n’avait aucune réponse ». Les chercheurs sont également sollicités pour répondre à des déclarations ou vérifier des informations circulant sur les réseaux sociaux. « C’est encore de l’urgence », remarque Jean-François Gérard, craignant de devoir parfois apporter des réponses sur des problèmes « plus difficiles […] contenant des connotations politiques ».Des objectifs différents, des concessions à réaliser ?©Vincent Noclin – Séminaire Pop’Sciences mars 2025Si les chercheurs sont parfois surpris par la manière dont les médias les sollicitent, cela est sans doute dû au fait que leurs objectifs diffèrent. « Le chercheur fait de la science, et les médias doivent apporter des sujets qui vont intéresser un public et qui vont avoir une audience », explique Muriel Florin, avant d’ajouter que ces deux démarches ne sont « pas incompatibles à partir du moment où chacun fait un petit pas vers l’autre ». Ce petit pas peut, de la part des journalistes, se traduire par un ensemble d’intentions visant à favoriser une relation de confiance, comme le fait de faire relire leurs articles ou bien de transmettre leurs questions en amont d’une interview, quitte, selon Grégory Fléchet, « à perdre en spontanéité dans les réponses ». Les chercheurs, quant à eux, pourraient envisager l’exercice médiatique comme une forme particulière de transmission de leurs connaissances pour laquelle, comme le rappelle Patrice Abry : « il y a une responsabilité de se préparer ».Co-construction et relation de confiance : des clés pour mieux travailler ensemble ?Cette logique de « concessions » constitue cependant une piste assez limitée pour améliorer la relation entre chercheurs et journalistes. Étendre cette perspective consisterait à favoriser un travail de « co-construction » qui impliquerait, selon Aude Riom, « de sortir de nos logiques cloisonnées pour rentrer dans des logiques d’encouragements et de rencontres qui donnent du sens à notre métier de chargée de communication ». Cette co-construction pourrait prendre forme à travers l’implication directe des chercheurs dans la recherche de sujets à exploiter, une pratique déjà instaurée au sein de la rédaction d’Anaïs Sorce : « On a mis en place un dialogue en demandant directement aux scientifiques : “ comment traiter cette info ? ”, “ quel sujet pouvez-vous nous proposer ? ”. Ce lien nous permet de travailler sur un temps plus long ». De leur côté, les journalistes pourraient se rendre directement dans les laboratoires (comme cela a pu être fait dans le cadre de la résidence croisée chercheurs-journalistes) afin de présenter la science telle qu’elle se réalise au jour le jour, à côté de chez soi, ce que propose Grégory Fléchet : « Le public doit se demander comment les chercheurs travaillent, et ça peut être notre rôle de montrer cela sous la forme de reportages d’immersion, par exemple ».Les chargés et directeurs et directrices de communication dans les universités ou les laboratoires peuvent aussi soutenir des initiatives fructueuses, en établissant notamment des listes de chercheurs à contacter selon les thématiques des sujets que les journalistes souhaitent aborder. Cette pratique, déjà mise en place au CNRS, a reçu un accueil favorable, notamment auprès de l’équipe de Jean-François Gérard : « Cela crédibilise la fonction de vulgarisation et cela légitime le droit du chercheur à répondre puisqu’il se sent soutenu par son institution, ce qui est particulièrement important. ».Les idées ne manquent donc pas pour faciliter le dialogue entre chercheurs et journalistes. Toutefois, la qualité de ce dialogue dépend avant tout de contacts répétés entre ces deux métiers, participant à une meilleure compréhension des professions de chacun et au partage d’une mission commune : favoriser la diffusion du savoir scientifique.Un article rédigé par Étienne Richard, assistant communication Pop’Sciences – 16 avril 2025
VVers une nouvelle gestion des eaux en ville Organisée à l’occasion du lancement du 12e numéro du Pop’Sciences Mag, Eau, maintenant ou jamais, cette rencontre-débat a eu pour ambition d’interroger notre rapport à l’eau dans les contextes urbains, et plus particulièrement notre gestion des eaux pluviales.Face aux périodes de canicule que nous vivons de plus en plus fréquemment, nous prenons vraiment conscience qu’il est urgent de modifier nos modes de vie et pratiques, notamment dans les villes. La gestion des eaux de pluie est alors un élément crucial à adapter pour l’avenir. Pollution des eaux, transfert de ces polluants vers l’environnement, désimperméabilisation des surfaces, végétalisation, réutilisation des eaux de pluie … autant de sujets développés lors de cette discussion.Cette rencontre-débat a ainsi proposé un éclairage sur ces questions par les regards croisés de Marie Privé, journaliste pour le Pop’Sciences Mag, et Jean-Luc Bertrand-Krajewski, enseignant chercheur en hydrologie urbaine au laboratoire DEEP (INSA Lyon).>> (Re)découvrez l’intégralité de la rencontre :Crédit vidéo : © Bibliothèque municipale de LyonUn événement Pop’Sciences/Université de Lyon organisé en collaboration avec la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu. >> La retransmission de la rencontre est également disponible sur le site :Bibliothèque municipale de Lyon.
QQu’est-ce que le journalisme de solutions ? Aujourd’hui, les médias en général et le journalisme en particulier souffrent d’une perte de crédibilité aux yeux de la société civile : fake news, articles politiquement orientés, absence de vérification des sources ou encore pessimisme sont autant de raisons qui jouent en la faveur du discrédit des médias.Face à ces dérives et afin de réconcilier les citoyens avec la diffusion de l’information, se développent de nouvelles formes de média. Le journalisme de solutions par exemple, met en avant les initiatives locales des citoyens comme des entreprises et analyse les raisons pour lesquelles celles-ci s’avèrent fructueuses. De telles initiatives pourraient permettre aux citoyens de renouer avec la pratique journalistique, et d’appréhender de façon positive, les informations issues des médias.TUBA
LLe temps de l’enquête Rencontre avec Florence Aubenas et Ted ConoverEnquête ethnographique, journalisme d’immersion, « gonzo-journalisme » : ces formes uniques de narration nous donnent à voir d’autres réalités que celles proposées par les médias traditionnels. Ces journalistes se révèlent écrivains en dévoilant ce que l’on peine à percevoir grâce à leur expérience intime du terrain et le témoignage puissant des rencontres qui s’y nouent.« Le temps de l’enquête », troisième volet de la série « Le temps de… », réunira Florence Aubenas et Ted Conover pour une plongée en littérature undercover.Rencontre animée par : Yann Perreau / Les Inrocks Florence AubenasFlorence Aubenas est grand reporter pour Le Monde,après l’avoir été pour Libération (de 1986 à 2006), puis Le Nouvel Observateur (de 2006 à 2012). Essayiste elle a publié notamment La Méprise : l’affaire d’Outreau(Seuil, 2005), Grand Reporter (Bayard, 2009), Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010), qui a reçu le prix Jean Amila–Meckert 2010, le prix Joseph–Kessel 2010, le Globe de Cristal 2011, et rencontré un immense succès public. En France (L’Olivier, 2014), qui rassemble des récits de vies multiples parus dans Le Monde, a obtenu le prix d’Académie 2015. L‘inconnu de la Poste paraîtra en octobre aux éditions de L‘Olivier Ted ConoverTed Conover est né et a grandi dans le Colorado. Au fil du rail (Éditions du Sous–sol, 2018) son premier livre, l’a d’emblée placé comme le digne héritier du Nouveau Journalisme. Spécialiste de l’infiltration, il cultive sa fascination pour ces reportages de l’extrême en devenant gardien de prison à Sing Sing dans Newjack (finaliste du prix Pulitzer), immigré parmi les travailleurs clandestins mexicains dans Coyotes ou chauffeur de taxi à Aspen au plus près des nantis dans Whiteout. Villa Gillet
AAlgorithmes contre le baratin: “Une démarche citoyenne” Depuis janvier 2016, deux équipes lyonnaises travaillent avec Le Monde.fr à une suite d’outils anti-bobards pour faciliter le travail des journalistes.>> A lire sur le site : Sciences pour Tous