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Françaises, Français : le langage inclusif n’est pas une nouveauté !

FFrançaises, Français : le langage inclusif n’est pas une nouveauté !

Les protestations hautes en couleur entendues ou lues à propos de l’écriture inclusive pendant l’automne 2017 et le débat actuel après les déclarations d’Emmanuel Macron et la proposition de loi ont une nouvelle fois confirmé qu’il existe dans notre pays une hypersensibilité aux questions de langue.

Et qu’elle jette régulièrement sur le champ de bataille des troupes aussi persuadées de l’urgence de leur engagement que peu armées pour mener le combat.

Histoire de la langue

Le contexte national explique ces protestations intempestives. Le français est enseigné à l’école comme un ensemble de difficultés orthographiques et grammaticales à mémoriser plutôt qu’à comprendre – d’autant que, bien souvent, elles n’ont pas de sens. Mais un bagage capable, à terme, de faire le tri entre celles et ceux « qui savent » et les autres. Entre celles et ceux qui sauront écrire une lettre de motivation, une note de synthèse, un discours, un livre… et les autres. Or, « celles et ceux qui savent » ne savent rien, le plus souvent, de l’histoire de leur langue, ni même de ce qu’était réellement cette « langue de Molière » qu’on voit régulièrement alléguée dans les controverses et qu’on croit sauvegarder en s’opposant à tout changement. D’où les cris poussés à l’idée d’écrire nénufar (que Molière a connu tel quel) et les évanouissements provoqués par ognon (dont le i aurait dû être supprimé en même temps que celui de montaigne, campaigne, et autre besoigne).

Concernant la « féminisation », bien peu de gens savent que les terribles nouveautés qu’on impute aux féministes n’en sont pas, et que s’il y a idéologie quelque part, elle n’est pas là où l’on croit. Car la langue française a bel et bien été l’objet d’infléchissements contraires à son fonctionnement (qui va plutôt vers l’équilibre du féminin et du masculin), par un groupe de pression particulier (l’Académie et consorts), pour des raisons strictement politiques (la mettre au service de l’ordre masculin). Le tout avec la complaisance des gouvernants, qui financent l’Académie et son dictionnaire avec les deniers publics, sans lui donner la moindre feuille de route et pouvoir y caser de temps en temps quelques serviteurs.

Des innovations limitées et encore en cours d’ajustement

L’écriture inclusive n’a pourtant rien de bien nouveau, à part son nom, qui a une vingtaine d’années mais qui n’a que récemment devancé ses concurrents (écriture égalitaire, épicène, non sexiste, non discriminante…). Les abréviations qui ont tant soulevé d’émotions (par exemple « artisan·e ») sont pour leur part en expérimentation depuis un peu plus longtemps ; sous leur forme la plus archaïque, les parenthèses, elles ont d’ailleurs reçu l’aval d’institutions aussi peu soupçonnables de féminisme que le Ministère de l’Intérieur, à qui l’on doit le « né(e) » qui figure sur nos cartes d’identité. L’emploi des termes féminins désignant des fonctions prestigieuses, qui relève aussi de l’écriture inclusive, est plus ancien encore : il a fait l’objet de plusieurs circulaires de premiers ministres, dont la première date de 1986. Quant à l’expression successive des termes féminins et masculins (« les candidats et les candidates », « celles et ceux »…), elle remonte au moins aux discours du Général de Gaulle, qui commençaient par « Françaises, Français ». Le père de l’écriture inclusive, c’est lui !

Comme on le comprend avec les deux derniers exemples, ce n’est pas d’écriture que nous devrions parler, mais de langage inclusif : celui qui inclut. D’abord les femmes, massivement exclues du langage ordinaire, mais aussi les minorités, généralement malmenées linguistiquement.

Ses adeptes se sont échiné·es à le répéter depuis un an, et il faut le redire : le langage inclusif n’est nullement réductible à une typographie spécifique, comme celle des points médians, et il peut même s’en passer tout à fait. Rien ne m’oblige à écrire « les Français·es » : je peux écrire les deux mots en toutes lettres, en reproduisant ce que je fais à l’oral. Simplement, c’est plus rapide à écrire, et ça prend moins de place. Les abréviations sont faites pour cela, depuis que l’écriture existe. Jusqu’à présent, elles servaient à raccourcir des mots (Dr, M., Mme…). Là, il s’agit d’écrire deux mots en un seul. À besoin neuf, réponse neuve – même si cela fait une vingtaine d’années qu’on bricole pour savoir comment faire au mieux, et quel signe est le plus adapté pour noter cette abréviation-là.

Le point milieu, ou médian, n’est que le meilleur des candidats expérimentés, après les parenthèses, les traits d’union, les E majuscules et les points bas, en raison de sa discrétion, de son insécabilité, de son emploi nouveau et spécifique à cet usage (et donc dénué de connotations positives ou négatives). Quant à son utilisation, elle laisse encore à désirer. Les années qui viennent verront certainement sa simplification (le second point dans les mots au pluriel est à oublier, c’est un simple héritage des parenthèses). Et aussi sa restriction aux termes très proches morphologiquement (« artisan·es » et « ouvrier·es », mais pas « acteur·rice »). C’est le seul débat qui, dans un contexte apaisé, c’est-à-dire informé, aurait dû avoir lieu l’automne dernier. Les responsables de l’Agence Mots-clés, à l’origine du premier Manuel d’écriture inclusive (2016) et moi-même faisons la promotion d’un système plus simple que celui qui a généralement cours dans Le Langage inclusif : pourquoi, comment.

Des ressources séculaires, qu’il suffit de réactiver

Loin de se réduire, donc, à cette question qui ne concerne que l’écrit, le langage inclusif repose sur différentes ressources du français, qui ont toutes plusieurs siècles d’existence.

Celle qui consiste à nommer les femmes avec des noms féminins, de même qu’on nomme les hommes avec des noms masculins, est de rigueur dans toutes les langues romanes. La bagarre menée depuis les années 1970 pour bannir les appellations masculines (l’auteur, le juge, le professeur, le ministre, le maire…) ne consiste qu’à refermer une parenthèse de quelques siècles, voire de quelques décennies pour les fonctions politiques et la haute fonction publique. Parenthèse durant laquelle des grammairiens masculinistes ont explicitement condamné des mots féminins d’usage courant, afin que certaines activités, fonctions, métiers et dignités qu’ils estimaient propres à leur sexe aient l’air d’être impropres aux femmes.

Des centaines de textes témoignent du fonctionnement normal de la langue avant leur action, puis encore longtemps après (c’est ce que j’ai appelé les « résistances de la langue française »). Ainsi, mairesse figure parmi les métiers soumis à l’impôt au XIIIe siècle, au même titre que féronne, maréchale et heaumière. Écrivaine est attesté dès le XIVe siècle, autrice depuis le XVe, les premiers académiciens utilisaient d’ailleurs ces mots normalement. Procureuse figure dans le Dictionnaire françois de Richelet, ambassadrice dans le premier qu’ait fait l’Académie ; les immortel·les devraient décidément lire leurs prédécesseurs ! On a appelé médecines les femmes soignantes jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Il y a eu des proviseuses dans les couvents de femmes durant des siècles. Professeuse est répertorié en 1845 dans le Dictionnaire des mots nouveaux de Radonvilliers, qui donne du reste comme exemple « professeuse de langue » ! Mais on le trouvait déjà dans les Lettres écrites de Lauzanne d’Isabelle de Charrière (1785), et il est toujours employé dans certains pays francophones. Voltaire utilisait les mots inventrice et huissière. La presse parisienne a fêté les premières chevalières et officières de la Légion d’honneur – et même le mot commandeuse a existé, à côté de commandeur (c’est les noms qu’on donnait aux dirigeant·es des plantations en Afrique coloniale).

Ce que nous appelons aujourd’hui des « doublets », ou des « doubles flexions » (Françaises, Français), est également une pratique très ancienne – bien plus que les discours du général de Gaulle ! La coutume de Vitry (le-François), mise par écrit en 1481, stipule à propos des serfs que « tous hommes ou femmes de corps sont audit baillage [susceptibles] de poursuite, en quelque lieu qu’ils aillent demeurer […]. Car tels hommes et femmes de corps sont censés et réputés du pied et partie de la terre » (art. 145). Les Reglemens des maîtres passementiers, tissutiers et rubaniers de la ville et faubourgs de Lyon (1763) précisent que « nul maître ne pourra tenir plus d’un apprentis ou d’une apprentisse à la fois », qu’il « paiera l’apprentis ou l’apprentisse pour son année en apprentissage », que « ne pourra aussi aucun maître avoir un apprentis ou apprentisse s’il n’est marié » (art. 8)… La double flexion figure six fois dans ce seul article, elle est systématique. Ce qui n’est nullement préconisé aujourd’hui, mais qui montre que personne ne trouvait « lourd » ou « ridicule » ce qui est décrété tel avec tant d’assurance par les esprits chagrins du XXIe siècle.

L’ordre alphabétique ne paraît pas non plus pouvoir être mis au compte des innovations, même si son recours ici est nouveau. Se pose en effet la question de savoir dans quel ordre disposer les doublets : « Françaises, Français ! », « Travailleuses, travailleurs ! » ou le contraire ? Les politiques qui ont mis ces formules au point avaient choisi la « galanterie », là où l’ordinaire déférence au sexe masculin nous a fait dire jusqu’il y a peu de temps « l’égalité hommes-femmes ». L’une n’étant que l’envers de l’autre, l’ordre alphabétique – totalement arbitraire – apparaît comme la solution idéale : « les candidates et les candidats », mais « les auteurs et les autrices ». En faisant démarrer ce mécanisme avec l’article, pour ne pas voir revenir par la fenêtre ce qu’on a mis à la porte : « la directrice et le directeur ».

Un autre pilier du langage inclusif est l’accord de proximité, qui, à côté de l’accord selon le sens, a été d’usage pendant des siècles en français, avant et encore bien après l’invention de l’accord selon le genre « le plus noble » (Vaugelas, Remarques sur la langue françoise, 1647 ; Bouhours, Doutes sur la langue françoise, 1674), ou « le plus fort » (Dictionnaire de Furetière, 1690, entrée « Masculin »), ou « le premier des genres, parce que ce genre est attribué particulièrement à l’homme » (Dictionnaire de l’Académie, 1762, entrée « Masculin »).

L’accord de proximité évitait de se casser la tête : lorsque plusieurs substantifs doivent être qualifiés par un adjectif ou un participe, c’est le plus proche qui donne ses marques. Ainsi le théologien janséniste Pierre Nicole parle-t-il, dans son traité De l’éducation d’un prince (1670), de « ces pères et ces mères qui font profession d’être chrétiennes » (et non chrétiens). Renouer avec ce mécanisme permet d’éviter les répétitions (et les recours aux abréviations, si l’on y est allergique) : « Les acteurs et les actrices qui ont pris position ont été entendues et seront reçues bientôt par la ministre » (plutôt que entendu·es et reçu·es).

L’accord selon le sens permettait quant à lui de ne pas mettre tous les substantifs à accorder sur le même plan, si pour une raison où une autre on donnait plus d’importance à l’un d’eux, comme dans le titre de ce livre publié en 1571 : Le Parnasse des poètes francois modernes contenant leurs plus riches et graves sentences, discours, descriptions et doctes enseignements, recueillies par feu Gilles Corrozet, Parisien (et non recueillis). Renouer avec cette logique nous autoriserait enfin à écrire : « Cinq fillettes et deux chiens ont été retrouvées mortes dans les décombres » (et non morts) ; et surtout à nous adresser au féminin à toute assemblée majoritairement féminine. Le retour à ces systèmes simples aurait surtout l’avantage de ranger au magasin des antiquités la ritournelle qui dit que « le masculin l’emporte sur le féminin » (version IIIe République du genre le plus noble), ou sa variante euphémisée « le masculin l’emporte » (où donc ?), qui font des ravages dans les têtes des filles comme dans celle des garçons.

Des exigences nouvelles

Enfin, le langage inclusif consiste à mettre aux oubliettes aussi le terme homme dans tous les cas où l’on veut parler de l’espèce humaine, que ce soit au café du commerce, dans les amphis de paléontologie, dans les copies de philosophie ou dans les lieux dédiés à la parole publique, notamment à propos des « droits de l’homme ». Avec ou sans majuscule. D’une part, celle-ci est inaudible, et à l’écrit bien souvent oubliée ; elle est d’ailleurs d’usage récent (le Dictionnaire de l’Académie ne la préconise que dans son édition en cours – démarrée en 1936, la lettre H ayant dû être traitée dans les années 1960). D’autre part, les droits de l’homme ont exclu les femmes jusqu’à ce que des textes législatifs viennent explicitement les leur ouvrir : d’abord l’Ordonnance du 21 avril 1944, qui précisa que « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes », puis la Constitution de 1946, qui stipula que « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ».

Une fois de plus, la confusion revient à l’Académie. Avant elle, personne n’avait eu l’idée de soutenir que le mot homme désigne « toute l’espèce humaine, et se dit de tous les deux sexes » (Dictionnaire de 1694). Que la Constitution française persiste à proclamer « solennellement son attachement l’[attachement du peuple français] aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789 », n’est plus tolérable.

Autrement dit, à part les abréviations, rien de nouveau sous le soleil. Le langage inclusif ne consiste qu’à recourir à des usages validés par le temps, parce que fondés sur le système de la langue, la politesse, l’exactitude, la raison. Ce n’est pas par hasard que ces usages s’étaient imposés, qu’ils ont survécu aux tentatives d’éradication, et qu’on les a retrouvés dès lors qu’on en a ressenti le besoin – c’est-à-dire dans un pays qui prétend désormais promouvoir l’égalité, et où des gens, des groupes, des forces poussent à la réalisation de cet objectif. Il s’agit de généraliser ces usages. Ce qui implique une action concertée, à la fois dans l’ensemble de la société pour parvenir à l’homogénéisation des (meilleures) nouvelles pratiques, et dans l’éducation nationale pour qu’elles soient enseignées à l’âge où l’on apprend à maîtriser sa langue.

Dans son ensemble, cependant, le langage inclusif dessine bel et bien un programme politique ambitieux – pour ne pas dire révolutionnaire. Il ne s’agit rien moins que de démanteler les stratégies élaborées pour installer en douce dans les cerveaux l’évidence absolue, incontestable, légitime de la supériorité masculine. Ce n’est pas non plus un hasard si des grammairiens et intellectuels masculinistes y ont travaillé avec application, s’ils ont intrigué inlassablement pour que l’État les suive, ni si ceux d’aujourd’hui montent au créneau pour défendre cet édifice. Ni si leur bras armé n’a pas hésité, l’année dernière, à crier à ce « péril mortel » où serait la langue française, à partir du moment où la puissance du masculin y serait amoindrie.

La langue n’est pas un « donné » qui serait tombé du ciel avec toutes ses bizarreries. Il faut réaliser que des gens l’ont complexifiée à plaisir pour pouvoir « se distinguer des ignorants et des simples femmes », comme le disait crûment dans les années 1660 l’homme qui était alors chargé de la confection du Dictionnaire de l’Académie, Eudes de Mézeray. Que ce qui a été fait dans un sens peut être fait dans l’autre. Que l’école, chargée malgré elle d’enseigner que « le masculin l’emporte sur le féminin », pourrait enseigner qu’il l’a emporté longtemps parce que des misogynes le voulaient ainsi, mais qu’il ne l’emporte plus, parce des féministes et des hommes progressistes se sont battus contre eux pendant des siècles, et qu’elles et ils ont finalement gagné la partie

Auteure : Éliane Viennot, Professeuse émérite de littérature française de la Renaissance, Université Jean Monnet, Saint-Étienne

 

Cet article a été co-publié avec le blog de la revue Terrain.The Conversation

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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Entrepreneurs, comment réussir vos « pitchs » devant vos futurs investisseurs ?

EEntrepreneurs, comment réussir vos « pitchs » devant vos futurs investisseurs ?

Un peu comme dans l’émission Qui veut être mon associé ?, beaucoup de jeunes entrepreneurs à la quête de nouveaux financements se sont un jour retrouvés à « pitcher » leur projet devant des investisseurs. Moments clés de la vie d’entreprises naissantes, les pitchs entrepreneuriaux contribuent à la construction d’une identité entrepreneuriale. Les créateurs s’engagent dans une communication verbale et non verbale qui leur permet de se présenter aux investisseurs en tant que personnes légitimes pour développer leurs idées.

Gérer ce processus de présentation de soi fait partie du catalogue d’un large réseau de consultants, programmes de formations, conférenciers et organisations de support à l’entrepreneuriat. Tous ces acteurs affirment offrir les meilleures réponses au fameux « how to pitch ? ». La littérature académique n’est cependant pas en reste. Elle témoigne d’un intérêt grandissant pour les indices comportementaux de personnalité et de cognition ainsi que pour la rhétorique. Les attitudes qui influenceraient favorablement les investisseurs potentiels sont ainsi mises en évidence.

Pour résumer cette littérature, il convient de puiser dans l’approche dramaturgique introduite en 1959 par le sociologue américain Erving Goffman dans un ouvrage intitulé La présentation de soi dans la vie quotidienne. Il y explique que nous empruntons régulièrement à ce qui relève de performances théâtrales afin de donner un sens aux situations de la vie quotidienne et créer une identité « situationnelle ». Le pitch entrepreneurial n’y échapperait pas : l’entrepreneur « acteur » utilise un dispositif rhétorique, son « texte », des manifestations gestuelles et émotionnelles, son « interprétation », devant les investisseurs, son « public ». C’est sur ces éléments scénographiques que nous revenons dans un numéro à paraître de la Revue de l’Entrepreneuriat.

ÊÊtre pitcheur, c’est être acteur

Parmi l’ensemble de traits étudiés par les chercheurs, c’est l’importance de la « passion » pour son entreprise, la manifestation d’un lien affectif intense et d’une forte implication personnelle, qui a suscité le plus fort consensus. Elle génère un engagement neuronal plus fort auprès des investisseurs et accroît leur volonté de débloquer des fonds. Ceux-ci apprécient en outre les attitudes positives qui signalent une personnalité optimiste et une forte confiance en soi.

Quand elles virent au narcissisme, l’issue s’avère cependant plus ambiguë. Si les investisseurs sur les plates-formes de crowdfunding ne sanctionnent pas les entrepreneurs qu’ils perçoivent comme arrogants et égocentrés, les investisseurs plus impliqués dans la stratégie de l’entreprise, tels que les business angels et les capital-risqueurs, anticipent les difficultés de collaboration future et se montrent plus réservés face à ces profils. Dans tous les cas, à l’encontre du stéréotype populaire de l’entrepreneur fanatique, obtus et déterminé, à la Steve Jobs ou Elon Musk, les études montrent que les investisseurs préfèrent des entrepreneurs humbles qui manifestent une ouverture aux autres, une écoute attentive des suggestions et une forte disposition à suivre les conseils de leurs partenaires présents et à venir.

FFaire appel aux émotions

Le choix rhétorique de l’entrepreneur a également un impact considérable sur sa probabilité d’obtenir des ressources financières. Les entrepreneurs qui se présentent comme des usagers concernés par le produit/service développé par leur start-up sont perçus comme plus convaincants. Ceux qui utilisent un langage figuratif, riche en anecdotes, analogies et métaphores, obtiendraient également plus souvent satisfaction.

Plusieurs études montent également que, contrairement à l’idée rationaliste selon laquelle seuls l’argumentation logique (logos) et les propos conférant de la crédibilité au narrateur (ethos) sont à même de convaincre, l’appel aux émotions (pathos) a toute sa place dans un pitch. L’entrepreneur peut ainsi susciter la colère, l’indignation, la pitié, la joie ou l’espoir des investisseurs potentiels pour les convaincre de le suivre dans son projet. À faire cela, il faudrait cependant éviter d’insister sur les étapes passées, comme celle de l’émergence du projet, pour se focaliser sur l’état actuel de développement ainsi que sur le potentiel de croissance de la start-up.

Survaloriser son produit en le qualifiant de disruptif, c’est-à-dire capable de changer la « manière dont les humains, les écosystèmes ou les sociétés fonctionnent », semble également, et peut-être contre-intuitivement, apprécié. L’exagération s’avère en fait facilement pardonnée et reste perçue comme légitime dans le cadre d’un pitch tant que l’entrepreneur ne dérive pas vers une déformation pure et simple des faits.

À tout cela se mêlent également des stéréotypes. Selon une étude, le style de communication procure un avantage aux hommes entrepreneurs qui parlent généralement de manière plus abstraite que leurs collègues féminins dont le style est plus concret et pragmatique.

SSur scène, sourire (mais pas trop)

Peut-être cela est-il en partie lié avec la mise en scène du discours de l’entrepreneur. Les gestes et l’expression faciale des émotions sont à même d’influencer positivement la réaction des investisseurs. À projet et discours égaux, l’usage d’une gestuelle métaphorique et les sourires, surtout en début et en fin de pitch, accentuent l’image d’un entrepreneur passionné et investi et influent ainsi sur la décision des investisseurs.

La sonorité de la voix a ainsi son importance. Les fréquences basses semblent plus appréciées par les investisseurs que les sons aigus. Elizabeth Holmes, fondatrice de l’entreprise américaine de santé Theranos, condamnée à 11 ans de prison en 2022 pour escroquerie après avoir été longtemps vue comme un « prodige » (c’était le qualificatif employé par l’ancien président Bill Clinton), avait ainsi prétendument travaillé avec un coach pour abaisser la tonalité dans laquelle elle s’exprimait.

La fréquence et la durée des sourires doivent, elles, être maîtrisées. Dans une étude analysant 1460 pitchs déposés sur la plate-forme Kickstarter, des chercheurs montrent que des financements supérieurs sont obtenus avec 3 secondes de sourire sur un pitch moyen de 82 secondes qu’avec plus de 5 secondes en temps cumulé ou, à l’inverse, presque pas de sourire. L’effet négatif du sourire trop fréquent ou trop long est dû notamment à la perception des investisseurs d’un entrepreneur peu authentique ou qui manque de sérieux.

PPour le public, un pitch idéal ?

Toute pièce de théâtre n’existerait pas sans un public. Il prend une importance particulière dans le pitch notamment car tous comportent une partie interactive lors de laquelle les investisseurs posent des questions et discutent avec l’entrepreneur.

La réaction des investisseurs peut être soumise à deux phénomènes complémentaires : l’homophilie, soit la préférence pour ceux qui nous ressemblent et, les attentes stéréotypées, soit la préférence pour les profils qui sont en adéquation avec le préjugé de ce qu’est un bon entrepreneur. Une nouvelle fois, les images préconçues interviennent. Des travaux montrent que, sans s’en rendre compte, les investisseurs posent des questions relatives à la croissance et à l’avantage concurrentiel (le « comment gagner ? ») aux hommes et des questions relatives au risque et aux barrières à l’entrée (le « comment ne pas perdre ? ») aux femmes. Dans la même veine, plusieurs études confirment que les femmes et les personnes issues des minorités sont mieux évaluées lorsqu’ils pitchent une start-up sociale plutôt qu’une start-up commerciale.

Les propos présentés ici laissent entendre qu’il est possible d’atteindre le pitch idéal qui serait parfaitement préparé et performé. Une prémisse fondamentale de l’approche dramaturgique est bien l’idée que la présentation de soi peut être maîtrisée et adaptée pour la scène. Des illustrations pratiques de cette idée figurent ainsi dans tous les modules sur la méthodologie du pitch inclus dans les programmes de formation et accompagnement à l’entrepreneuriat.

Cette vision conduit alors à une standardisation grandissante de la pratique de pitch. Si on peut se réjouir de la possibilité d’avoir des entrepreneurs mieux formés et plus performants, point avec cette homogénéisation le risque d’alimenter encore davantage les stéréotypes entrepreneuriaux, freinant le développement d’une certaine diversité dans l’univers entrepreneurial.The Conversation

 

Auteure : Ivana Vitanova, MCF en Finance, Université Lyon 2, Université Lumière Lyon 2

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original :

The conversation

Tout savoir sur le cerveau

TTout savoir sur le cerveau

Manifestation internationale, la Semaine du Cerveau revient chaque année au mois de mars. Au programme : conférences, ateliers, spectacle, portes ouvertes et rencontres, pour tout savoir de cet organe incroyable et rencontrer les scientifiques qui explorent au quotidien les mystères de notre cerveau. Depuis plusieurs décennies, les recherches sur le cerveau connaissent un essor considérable, avec des découvertes spectaculaires à toutes les échelles, de la compréhension de ses mécanismes de développement aux dernières méthodes d’imagerie permettant de visualiser l’ensemble du fonctionnement cérébral.

SSemaine du cerveau 2023 – « Mon cerveau explore le monde »

La Semaine du Cerveau 2023 de la Métropole de Lyon s’est déroulée du 8 au 27 mars et s’est placée sous le thème : « Mon cerveau explore le monde ». Ce formidable organe nous permet de traiter les informations qui nous parviennent à la fois du monde extérieur et de notre monde intérieur.

Pour le monde qui nous entoure, nos sens tels la vision, l’audition, l’olfaction nous informent sur notre environnement et nous permettent d’adapter nos comportements. Cette analyse sensorielle ne repose pas uniquement sur les caractéristiques physiques des stimuli, mais également sur l’interprétation que nous en faisons en fonction de nos mémoires personnelles. Les données du monde extérieur se confrontent immanquablement à celles de notre monde intérieur. Par exemple, un sujet d’étude particulièrement développé depuis quelques années est celui de l’interprétation du regard des autres.  Il contient non seulement de l’information sur l’identité de l’émetteur mais également sur ses intentions et sur son état intérieur (joie, colère, peur…).  Une interprétation erronée du regard de l’autre pourrait être associée à certains troubles psychiatriques comme l’autisme ou la schizophrénie.

Même en absence de stimuli de notre environnement, ou d’attention soutenue, notre cerveau traite en permanence de l’information issue de notre monde intérieur. Les travaux des dernières décennies amènent les chercheurs à se demander si notre cerveau se repose vraiment. Que se passe-t-il à l’état de repos, quand nos sens semblent négliger le monde extérieur ? Que se passe-t-il lors de la concentration mentale, par exemple lorsque l’athlète, dans une immobilité parfaite, simule mentalement l’action qu’il va accomplir plus tard ? Même lors du sommeil profond notre cerveau se repose-t-il vraiment ou continue-t-il à explorer notre monde intérieur ?

Les animations de la Semaine du Cerveau 2023 aborderont plusieurs de ces thèmes qui font l’objet de recherches particulièrement développées dans la Métropole de Lyon. Les rencontres se veulent interactives et nous comptons sur votre participation. Les chercheurs et chercheuses en neurosciences de notre communauté ont préparé des interventions destinées au grand public. Au nom du Comité d’organisation et de nos sponsors je les remercie chaleureusement pour leur engagement.

Rémi Gervais, Professeur émérite, Université Claude Bernard Lyon 1, Conseiller scientifique de la Semaine du Cerveau – Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Lyon 1 / CNRS / Inserm).

Chiffres clés de cette 25e édition : 18 événements en présentiels, plus de 40 scientifiques mobilisés, plus de 1200 participants, un collectif de 11structures organisatrices.

Deux rendez-vous ont été enregistrés >> Voir ou revoir les conférences :

ssemaine du cerveau 2022 – « Vos sens en question »

Vision, audition, olfaction, toucher, douleur… Notre cerveau est alimenté chaque jour par les informations transmises par les différents canaux sensoriels. C’est à partir de ces données, et de celles stockées dans notre mémoire, que nous construisons notre représentation du monde.

Mais quels sont les mécanismes qui sous-tendent au final la construction du « soi » ? C’est une question à laquelle les neurobiologistes tentent de répondre depuis plusieurs décennies. Sur le plan expérimental, la perception s’étudie à plusieurs niveaux que l’on peut appeler « bas niveau et haut niveau ».
Depuis le début du XXIe siècle, les recherches sont davantage consacrées à la perception dite de bas niveau : comment nos capteurs (rétine, oreille interne, muqueuse olfactive…) peuvent-ils interpréter les signaux du monde extérieur et transmettre les informations à notre cerveau ?

Plus récemment, les neuroanatomistes se sont intéressés au traitement dit de haut niveau, en tentant de comprendre la manière dont notre cerveau est capable de traiter des processus complexes, comme la compréhension de la parole, la reconnaissance d’un visage familier, ou encore la catégorisation, l’attention sélective et le caractère émotionnel attribué à un stimulus. Autant de mécanismes indispensables, notamment pour l’apprentissage tout au long de la vie et pour nos interactions avec les autres.
La recherche dans ce domaine s’étend maintenant à l’intelligence artificielle et à la robotique, pour la mise au point de machines autonomes et d’humanoïdes performants.

À l’étude de la perception du monde réel, s’ajoute celle des illusions d’optique et des hallucinations. D’où viennent ces déformations de nos perceptions ou de la production endogène d’images ou de parole, telles que celles observées chez le schizophrène ?

Les chercheurs et chercheuses en neurosciences de la Métropole de Lyon qui s’intéressent à ces questions vous attendent pour partager avec vous leurs découvertes. Au nom du Comité d’organisation et de nos sponsors je les remercie chaleureusement pour leur engagement.

Rémi Gervais, Professeur Émérite en neurosciences, Université Claude Bernard Lyon 1, conseiller scientifique de la Semaine du Cerveau – Centre de Recherches en Neurosciences de Lyon (Lyon 1 / CNRS / Inserm / Université Jean Monnet).

<Semaine du cerveau 2021 – « Moi, mon cerveau et les autres »

Dans l’agglomération lyonnaise, la programmation 2021 était construite autour du fil rouge thématique « Moi, mon cerveau et les autres » : une formule qui résume bien l’évolution des recherches en neurosciences au cours des dernières décennies, et les défis qui animent actuellement la communauté scientifique. En effet, confrontés à l’immense complexité du cerveau, les chercheurs ont d’abord développé des approches expérimentales centrées sur l’étude des fonctions sensorielles et motrices, le « moi », jusqu’à la fin du XXe siècle : mémoire, sommeil, langage, motricité… de vastes territoires d’étude centrés sur la neurobiologie de l’individu. Depuis, les progrès en particulier expérimentaux ont permis de belles avancées dans l’étude et la compréhension du « cerveau social », qui régit nos interactions avec les autres. Par quels mécanismes partage-t-on les émotions ressenties par les autres et comment pouvons-nous deviner leurs intentions ? Certains troubles du comportement social ne seraient-ils pas associés au dérèglement de circuits neuronaux identifiables ? Plus récemment, les neurosciences s’aventurent également du côté des interfaces cerveau-ordinateur, et de l’intelligence artificielle.

Rémi Gervais, conseiller scientifique de la Semaine du Cerveau à Lyon
Professeur Émérite en neurosciences, Université Claude Bernard Lyon 1 – Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard / Inserm / Université Jean Monnet)

>>> Des conférences en ligne pour nourrir votre cerveau

L’édition 2021 de la Semaine du Cerveau s’est déroulée intégralement en ligne. Les rencontres ont été enregistrées et sont disponibles sur la chaîne Youtube de Pop’Sciences. Retrouvez ci-dessous l’intégralité des thématiques et intervenants, ainsi que les liens des vidéos.

  • Changer le corps et l’espace pour sonder et changer l’esprit

Dans le contexte de la recherche en neurosciences cognitives, la réalité virtuelle (RV) offre l’opportunité de créer des situations inédites en laboratoire, tout en permettant de garder le contrôle expérimental rigoureux nécessaire pour mener à bien des expériences dans des condition pseudo-naturelles. Utilisée seule, ou couplée à des outils propres de la recherche fondamentale en neurosciences, elle ouvre la voie à une meilleure connaissance des fonctions cérébrales allant de la perception visuelle 3D, passant par le contrôle moteur, jusqu’au vécu émotionnel et son retentissement sur la distance que l’on met entre nous et les personnes qui nous entourent. Elle nous permet même de changer temporairement l’apparence de notre corps, avec des conséquences parfois sur notre pensée. Autant de puissance réveille fascination et questionnement éthique, deux compagnons inséparables pour l’avenir de l’usage de la RV en sciences. Une conférence est proposée dans le cadre du Festival Science et Manga, organisé par la Bibliothèque universitaire Sciences de l’Université Claude Bernard Lyon 1.

Intervenants : Alessandro Farné, directeur de la plateforme Neuro-Immersion du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, et Jérôme Goffette, philosophe des sciences à l’Université Claude Bernard Lyon 1.

  • Émotions et comportement social

Quel est le lien entre reconnaissance des émotions et comportement social ? La capacité des enfants à reconnaître les émotions (transmission faciale et vocale) est un facteur essentiel pour les interactions sociales, notamment dans le contexte de pathologies génétiques. Que sait-on alors des liens entre reconnaissance des émotions, comportement social et pathologies psychiatriques ?

Intervenante : Marie-Noëlle Babinet, neuropsychologue à GénoPsy – Centre de Référence des Maladies Rares (Centre Hospitalier Le Vinatier) et doctorante au laboratoire Étude des mécanismes cognitifs

  • Binge drinking, les cerveaux qui trinquent

Le binge drinking, qui désigne des comportements le plus souvent groupaux et épisodiques de forte alcoolisation, est un phénomène largement répandu chez les adolescents et les jeunes adultes. Cette pratique, empreinte d’une forte valeur rituelle, n’est pas sans conséquences à court et à long terme sur le cerveau.

Conférence traduite en langue des signes française.

Intervenants : Marc Antoine Douchet, chargé d’études en sciences humaines et sociales, Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, Fabien Gierski, maître de conférences en neuropsychologie, Université de Reims Champagne Ardenne, Benjamin Rolland, professeur des universités praticien hospitalier (PUPH), Centre Hospitalier Le Vinatier, Hospices Civils de Lyon, Centre de recherche en neurosciences de Lyon

  • Cerveau biologique et intelligence artificielle : quels rapports ?

Les algorithmes d’intelligence artificielle font désormais partie de notre quotidien. Ont-ils des similarités avec le fonctionnement du cerveau ? En quoi peuvent-ils contribuer aux recherches en neurosciences ?

Intervenants : Jérémie Mattout, chargé de recherche Inserm au sein du Centre de recherche en neurosciences de Lyon et Emanuelle Reynaud, maître de conférences à l’Université Lyon 2 et membre du laboratoire Étude des mécanismes cognitifs.

  • Une histoire d’intelligence artificielle

Depuis quelques années, on parle beaucoup de l’intelligence artificielle… comme si c’était une nouvelle révolution ! Mais est-ce vraiment le cas ? Qu’est-ce que l’IA et que bouleverse-t-elle tant ?

Intervenante : Amélie Cordier, docteure en intelligence artificielle, présidente de Lyon-iS-Ai

  • Pourquoi ma blague est tombée à l’eau ? Plongée au cœur des mécanismes de la cognition sociale et de la compréhension de l’autre

La cognition sociale est la capacité à comprendre et décoder les émotions et les intentions des autres. Gros plan sur cette fonction essentielle dans les interactions sociales par le biais d’extraits de films ou de séries discutés par des professionnels de la psychiatrie.

Intervenants : Laura Bon, neuropsychologue au Centre Hospitalier Le Vinatier, doctorante à l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, et Romain Tabone, psychologue au Centre Référent Lyonnais en Réhabilitation et Remédiation cognitive/Centre Hospitalier Le Vinatier

  • Ne parle pas si vite !

Comment notre cerveau s’adapte-t-il à quelqu’un qui parle avec un débit d’avalanche ? Peut-on accélérer sans limite ? Et les locuteurs du japonais, ils parlent vraiment plus vite que nous, non ? Parlent-ils donc moins longtemps pour dire la même chose ? Cet exposé vous dévoile les liens entre débit de parole et rythmes cérébraux et expliquera l’influence des différences entre langues sur la vitesse de parole.

Conférence traduite en langue des signes française.

Intervenants : Véronique Boulenger et François Pellegrino, chercheurs au laboratoire Dynamique du langage

  • Comment notre cerveau apprend-il à faire des maths ?

Les nombres sont partout autour de nous et les compétences en mathématiques deviennent primordiales dans notre société de l’information. Comment les connaissances mathématiques des enfants se construisent-elles, en partie, à travers la vie quotidienne familiale ? Comment notre cerveau arrive-t-il à résoudre sans effort un problème arithmétique tel que “2+3” ? Nous essayerons ici de répondre à ces questions en discutant de l’état des connaissances actuelles sur les neurosciences des mathématiques.

Intervenants : Andrea Diaz-Barriga Yanez, Cléa Girard et Jérôme Prado, membres du Centre de recherche en neurosciences de Lyon

  • Comment sonder les mystères de l’esprit des bébés ?

Notre nature sociale affecte la façon dont nous percevons notre environnement. Par exemple, nous voyons les visages avant toute autre chose. Quels sont les mécanismes cérébraux influençant notre vie sociale, et comment apparaissent-ils ? Des scientifiques illustreront comment les sciences cognitives révèlent les aspects les plus cachés de notre cerveau social qui se développe dès le plus jeune âge !

Intervenant : Jean-Rémy Hochmann, chercheur à l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod

  • Sur les traces de la mémoire

Qu’est-ce que la mémoire et à quoi sert-elle ? Sous quelle forme et où conservons-nous nos connaissances, nos souvenirs, nos habiletés ? Quels sont les liens entre la mémoire et d’autres phénomènes, comme les émotions ou la musique ? Une équipe de chercheurs et chercheuses présente l’état actuel de nos connaissances sur ce sujet fascinant.

Intervenants : Hanna Chainay, Olivier Koenig, Gaën Plancher et Rémy Versace, , membres du Laboratoire Étude des Mécanismes Cognitifs

  • Cerveau et IRM en résonance !

L’essor des neurosciences s’est fait en parallèle de celui l’imagerie. Mais que voit-on sur une image d’IRM, comment est-elle faite, quel sens lui donner ? Les laboratoires d’excellence CORTEX et PRIMES vous invitent à en apprendre davantage sur les liens entre neurosciences et IRM, de la construction de l’image à son interprétation.

Intervenants : Étienne Abassi, doctorant à l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, Loïc Magrou post-doctorant à l’Institut Cellule Souche et Cerveau, Hélène Ratiney, chercheuse au Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé, Kevin Tse Ve Koon, maître de conférences à Lyon 1, chercheur au Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé, Magalie Viallon, physicienne médicale au CHU de Saint-Etienne, chercheuse au Centre de Recherche en Acquisition et Traitement de l’Image pour la Santé, Fabien Chauveau, chercheur au Centre de recherche en neurosciences de Lyon.

SSemaine du cerveau 2019 – perception, action, mémoire – développement

La 21e édition de la Semaine du Cerveau à Lyon a proposé, du 5 au 20 mars 2019, une plongée dans la recherche en neurosciences, en particulier dans les domaines de la perception, de l’action, de la mémoire ou du développement.

> Les conférences : cliquez ici

> Les podcasts :

 

Soirée Louisianaise

SSoirée Louisianaise

Dans le cadre du mois de la Francophonie, le Service Général des Relations Internationales de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et l’Institut international pour la Francophonie vous invitent à célébrer la Francophonie les 20 et 21 mars 2023. Cette année, la Louisiane est à l’honneur !

AAu programme

Venez découvrir la Francophonie en Louisiane, son histoire, ses enjeux et ses acteurs sous ses aspects académiques et culturels.

De 18h à 20h30 | Salle Rotonde 
18 rue Chevreul, Lyon 7

Attention, le nombre de places est limité.

Animations proposées :

  • Jeu Mission 54, le jeu sérieux de 2IF sur la Francophonie, avec des questions inédites sur la Louisiane (Mme Aurore SUDRE)
  • Musique louisianaise
  • Cocktail cajun

 

INSCRIPTIONS ICI

Rencontres internationales de la francophonie de Lyon 2023 – Louisiane

RRencontres internationales de la francophonie de Lyon 2023 – Louisiane

Dans le cadre du mois de la Francophonie, le Service Général des Relations Internationales de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et l’Institut international pour la Francophonie vous invitent à célébrer la Francophonie les 20 et 21 mars 2023. Cette année, la Louisiane est à l’honneur !

AAu programme

Venez découvrir la Francophonie en Louisiane, son histoire, ses enjeux et ses acteurs sous ses aspects académiques et culturels.

Séminaire: La francophonie en Louisiane: description linguistique et représentation identitaire

De 14h à 18h | Salle Caillemer (Campus des Quais)
Palais de l’Université
15 quai Claude Bernard, Lyon 7e

Le séminaire regroupe des spécialistes, chercheurs sur la Louisiane et la francophonie en Louisiane

Animé par Mme Adelaide Russo, Phyllis M. Taylor Professor d’études françaises et de littérature comparée, Titulaire de la Chaire Senghor de l’Université de l’État de Louisiane, Bâton-Rouge, États-Unis

En présence de :

  • M. Olivier Glain, Professeur des Universités en linguistique anglaise, Université Jean Monnet
    Le français de Louisiane : éléments contextuels et description linguistique
  • Mme Erin Segura, Directrice du programme des études en français louisianais, Université de l’État de Louisiane, Bâton-Rouge, États-Unis
    L’histoire orale en Louisiane francophone : témoignages du passé, tremplins vers l’avenir
  • M. Hadi Dolatabadi, Professeur assistant études françaises, Faculté des études mondiales, Université de Téhéran (Iran)
    Les affinités et les différences des particularités lexicales des français parlés en Amérique du nord (Québec, Acadie, Louisiane)
  • M. Olivier Moréteau, Professeur de droit, titulaire de la chaire Russell B. Long, vice-doyen et directeur du Centre de droit civil, Université de l’État de Louisiane, Bâton-Rouge, États-Unis
    La Louisiane et ses codes civils, quand la francophonie s’invite dans la langue anglaiseÉchanges | Pause
  • M. Clint Bruce, Professeur agrégé, Titulaire de la Chaire de recherche en études acadiennes et transnationales, Directeur de l’Observatoire Nord/Sud, Université Sainte-Anne (Canada)
    Écrire de la poésie pour reconstruire le monde : les voix radicales de la pensée afro-créole en Louisiane post-esclavagiste (années 1860)
  • M. Jacques Baran, Attaché de coopération et d’action culturelle, Directeur de la Villa Albertine à la Nouvelle Orléans, Consulat général de France à La Nouvelle-Orléans
    Vision d’ensemble des acteurs de la Francophonie en Louisiane et présentation des principales initiatives menées pour faire vivre la Francophonie louisianaise
  • M. Joseph Dunn, Directeur des relations publiques et du marketing de la plantation Laura, ancien Directeur exécutif du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL)
    Enjeux culturels francophones en Louisiane
  • M. Ross Louis, Professeur en Performance Studies, Université Xavier en Louisiane
    Protocoles perpétuels : l’imaginaire français de la Nouvelle-OrléansÉchanges

Inscriptions ici

Rencontres internationales de la francophonie de Lyon 2023 – Louisiane

RRencontres internationales de la francophonie de Lyon 2023 – Louisiane

Dans le cadre du mois de la Francophonie, le Service Général des Relations Internationales de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et l’Institut international pour la Francophonie vous invitent à célébrer la Francophonie les 20 et 21 mars 2023. Cette année, la Louisiane est à l’honneur !

AAu programme

Venez découvrir la Francophonie en Louisiane, son histoire, ses enjeux et ses acteurs sous ses aspects académiques et culturels.

Table ronde: la francophonie en Louisiane à travers la littérature
Accueil café

De 9h00 à 9h30 | Salle des professeurs de la Faculté de Droit (Campus des Quais)
Palais de l’Université
15 quai Claude Bernard, Lyon 7e

Séance inaugurale

De 9h30 à 10h | Salle Caillemer (Campus des Quais)
Palais de l’Université
15 quai Claude Bernard, Lyon 7e

  • M. Éric Carpano, Président de l’Université Jean Moulin Lyon 3
  • M. Manuel Jobert, Vice-Président chargé de l’Europe, des relations internationales et de la francophonie de l’Université Jean Moulin Lyon 3, Directeur de l’Institut international pour la Francophonie (2IF)
  • M. Philippe Meunier, Vice-président délégué à l’aménagement du territoire, aux relations internationales, à la chasse, à la pêche, au bois, à la forêt, aux associations patriotiques et aux anciens combattants, Région Auvergne-Rhône-Alpes
  • Mme Olfa Zéribi, Directrice régionale Europe Occidentale, Agence universitaire de la Francophonie
  • M. Richard Johns, Consul des États-Unis d’Amérique à Lyon

 

Table ronde

De 10h à 12h30 | Salle Caillemer (Campus des Quais)
Palais de l’Université
15 quai Claude Bernard, Lyon 7e

Cette première matinée sera consacrée à plusieurs écrivains francophones dont les publications portent sur la Louisiane.

Table ronde animée par M. Clint Bruce, Professeur agrégé, Titulaire de la Chaire de recherche en études acadiennes et transnationales, Directeur de l’Observatoire Nord/Sud, Université Sainte-Anne (Canada).

En présence de :

– Mme Adelaide Russo, Phyllis M. Taylor Professor d’études françaises et de littérature comparée, Titulaire de la Chaire Senghor de l’Université de l’État de Louisiane, Bâton-Rouge, États-Unis
– M. Guy Lavorel, Professeur émérite de littérature, ancien président de l’Université Jean Moulin Lyon 3
– M. Barry Jean Ancelet, Professeur Émérite et Chercheur Titulaire au Centre d’Études Louisianaises à l’Université de Louisiane à Lafayette et auteur de nombreux articles et livres sur divers aspects du fait français en Louisiane
– M. David Cheramie, ancien Directeur exécutif du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), traducteur, poète et écrivain franco-louisianais

 

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Projet Marti : l’application multilingues qui prépare vos consultations aux urgences

PProjet Marti : l’application multilingues qui prépare vos consultations aux urgences

L’application Marti c’est un outil qui permet aux patients allophones ou ayant des troubles du langage (sourds-muets, dysarthrie, aphasie, …) de réaliser une anamnèse sans la barrière de la langue. Elle a été développée par des internes en médicine. Nous avons rencontré Quentin Paulik, à l’initiative de cette application.

Bonjour Quentin, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Quentin Paulik, je suis interne en médecine générale à Lyon. Il me reste un an d’internat, mais je suis actuellement en année de recherche pour le projet Marti.

D’où vient l’idée du projet Marti ?

L’idée nous est venue en 2018, avec Iliès Haddou, actuellement interne en anesthésie-réanimation et co-fondateur de l’outil, au cours de nos diverses expériences en stage dans les services d’urgences pendant l’externat. Il arrive quotidiennement que personne dans le service ne parle la langue de certains patients étrangers. L’interrogatoire est alors difficile et souvent interrompu rapidement du fait du manque de temps, ce qui induit un risque élevé de mauvais diagnostic et donc de mauvaise prise en charge. Aux urgences, la compréhension des symptômes, des antécédents, ainsi que de l’histoire du malade, sont incontournables pour effectuer un bon examen clinique puis surtout un bon diagnostic. Or, en France, il y a chaque année 22 millions de passages aux urgences, dont plus de 5 % concernent des patients allophones ou ayant des troubles du langage (sourds-muets, dysarthrie, aphasie…). L’accès aux interprètes professionnels est rare, et les outils de traduction peu utilisés, car chronophages. Or, cette barrière de la langue peut induire des erreurs médicales parfois graves, car l’anamnèse (antécédents, symptômes, allergies…) est essentielle pour une prise en charge médicale réussie.

Que signifie ce nom ?

Le projet est né au Hacking Health Lyon en novembre 2018, événement organisé par le cluster i-Care et qui rassemble chaque année une centaine de participants se réunissant autour de problématiques de santé, afin de proposer des projets innovants dans le domaine.

Iliès et moi sommes arrivés à cet hackathon avec cette problématique, sans idée précise de l’outil pour y répondre. Nous avons été rejoints pendant le hackathon par Axelle et Mélanie (ergothérapeutes), Mathilde et Claire (designers), Xavier et Adam (informaticiens). Le dernier jour, avant de présenter le projet devant un jury d’experts, il nous fallait absolument trouver un nom. Marti, qui est en réalité l’acronyme de Moyen d’Accès Rapide A la Traduction de l’Interrogatoire, est né. On aime le personnifier en un patient italien qui pourrait bénéficier de l’outil.

Peux-tu nous expliquer le fonctionnement de l’application ?

Marti est une application Web sur tablette pour les services d’urgences, permettant au patient allophone (non francophone) de réaliser sa propre anamnèse « virtuelle », de manière autonome pendant son temps d’attente aux urgences. Plusieurs canaux de communication sont utilisés : du texte dans la langue du patient, mais aussi des pictogrammes, afin de dépasser la barrière de la langue, quel que soit le handicap du patient. Cette borne amovible et tactile est proposée par l’infirmier(e) d’accueil au patient allophone au moment de son arrivée aux urgences. Celui-ci remplit alors ces informations dans la salle d’attente, puis un compte-rendu PDF est automatiquement transmis au médecin qui prendra en charge le patient.

Avez-vous bénéficié d’aide extérieure ?

Bien sûr, un projet de cette ampleur ne peut pas se construire seul dans son coin. Tout d’abord, nous avions cette chance au début de venir d’horizons différents. Malheureusement, les choses font qu’on ne peut pas s’investir à 8 dans un tel projet, avec les mêmes attentes, contraintes et la même vision. C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes 3, Iliès en tant que directeur médical, Clémence en tant que designer-graphiste, et moi-même en tant que CEO.

Depuis le Hacking Health Lyon, nous avons le soutien du comité organisateur, i-Care LAB, qui nous met en relation avec les bons interlocuteurs de l’écosystème entrepreneurial. Nous avons également le soutien depuis le début de la faculté de médecine Lyon-Est, que je remercie, et notamment son doyen, Pr Rode. Nous avons aussi travaillé avec plusieurs agences informatiques.

L’outil a pu être expérimenté aux urgences pédiatriques de l’hôpital femme-mère-enfant une première fois en juin 2021, grâce à une collaboration avec les Hospices civils de Lyon. Plusieurs services ont collaboré : la direction du groupement hospitalier est, la direction informatique (DSI), la direction de la recherche et de l’innovation (DRCI), et le service des urgences avec des médecins urgentistes, des infirmières et auxiliaires de puériculture et enfin les cadres.

Avez-vous bénéficié de financement ?

Oui, grâce à un financement de la SATT lyonnaise (Société d’accélération du transfert de technologies) Pulsalys, nous avons pu travailler pendant 6 mois avec une chercheure en linguistique interactionnelle du laboratoire ICAR (sous la tutelle du CNRS, de l’ENS de Lyon et Université Lumière Lyon 2) pour tester les arborescences, pictogrammes et maquettes au sein de populations allophones et préparer l’expérimentation aux HCL. La traduction en 11 langues de notre prototype a aussi été réalisée grâce à ce financement, par des traducteurs professionnels d’ISM-Corum et d’Aradic.

En tant que jeunes médecins, avez-vous rencontré des difficultés à lancer un tel projet ?

Oui, on ne peut pas dire que cela soit facile. Déjà, cela n’est pas encouragé au cours de nos études : nous n’avons aucune formation ni même incitation à découvrir le monde entrepreneurial, et l’ampleur des connaissances à ingurgiter nous laisse peu de temps pour nous y aventurer. Ensuite, cela n’est pas forcément bien vu dans le monde médical, je passe parfois pour un fou, ou un commercial qui veut faire du business, tel un visiteur médical… Alors que mon but est avant tout de faire un outil qui soit utile pour les médecins. Enfin, on ne peut pas dire que le monde médical et notamment hospitalier soit le plus propice au développement d’innovations technologiques : il y a beaucoup de craintes et de conservatisme dans ce milieu, ce qui explique, je pense, le retard technologique qui existe par rapport au monde de l’entreprise.

Comment voyez-vous le développement de votre application ?

Le développement de ce prototype a été très chronophage pour nous, avec une arborescence de plus de 250 questions créées, retravaillées, réorganisées, ainsi que 480 pictogrammes également testés au sein de populations migrantes via des associations… Tout cela nous a pris deux ans. Donc avant de poursuivre son développement pour les urgences « adultes », et pour une version ambulatoire pour les médecins généralistes et pédiatres, nous voulons d’abord nous assurer du besoin et ainsi créer une première version commerciale pour les services d’urgences pédiatriques.

Quelles sont vos ambitions pour la suite pour le projet marti ? Ou d’autres projets ?

L’ambition est de se déployer dans un maximum de services d’urgences, qu’ils soient publics ou privés, pour faire profiter de l’outil à un maximum de patients.
Ensuite, nous aimerions créer une version ambulatoire pour les médecins généralistes et pédiatres confrontés aux mêmes problématiques en consultation : celle-ci sera adaptée à leur exercice, et le questionnaire pourra contenir des questions de suivi/prévention personnalisables par le médecin, pour couvrir un large champ de sujets sans lui faire perdre de temps.

Retrouvez Marti sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Twitter

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Langages sifflés

LLangages sifflés

Le langage sifflé est un mode de communication consistant à siffler au lieu de parler. Répandu dans le monde entier, il est limité à des environnements où les sifflements sont plus efficaces que la parole ordinaire (montagnes et forêts denses, principalement). On peut le définir comme une modulation sifflée de la langue locale. Il met en jeu des compétences complexes et joue un rôle primordial dans l’imprégnation musicale des enfants, exigeant un développement considérable de l’écoute.

Avec Daniel Loddo, musicien

Plus d’informations sur le site du :

Musée des Confluences

Les émotions et la musique chez les animaux | Pop’Sciences Mag #10

LLes émotions et la musique chez les animaux | Pop’Sciences Mag #10

Chez les animaux aussi, sons et émotions vont de pair. Déjà, dans son ouvrage De l’expression des émotions chez l’homme et les animaux, Charles Darwin pressentait le codage des émotions par les sons. Et en effet, à qui prête l’oreille, la nature offre de véritables paysages sonores truffés d’informations. C’est tout le travail de la bioacoustique de les décrypter.

Cet article est extrait du Pop’Sciences Mag #10 : Sous l’emprise des émotions

Par Héloïse Therrat et Matthieu Martin   |   mars 2022

©Nicolas Mathevon

Les sons nous renseignent aussi bien sur l’état de la biodiversité que sur les interactions entre animaux nous explique Nicolas Mathevon, directeur de l’équipe de neuro-éthologie sensorielle à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. « La communication animale sert de support aux interactions sociales entre animaux », résume le bioacousticien du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL). Ainsi, par ses vocalises la mésange avertit ses congénères de la présence d’un prédateur ; le hérisson pousse des reniflements rythmiques au cours de sa parade nuptiale ; le singe hurleur marque son territoire par ses cris. Certains sons constituent la signature de l’individu – de même que chaque être humain a une voix, une façon de parler propre – d’autres au contraire transmettent des émotions. Au CRNL, des travaux ont montré que le diamant mandarin – un oiseau originaire d’Australie – pouvait ressentir le stress dans le cri de sa femelle et entrer lui-même dans un état de stress. Les émotions chez les animaux seraient donc bien communicables par les sons.

Mais si les sons provoquent des émotions chez les animaux, qu’en est-il de la musique ? On sait que la musique est très marquée culturellement. Sur ce point, Nicolas Mathevon reste donc prudent : « L’éthologie nous apprend à ne pas nier la personnalité des animaux et à se prémunir de toute approche anthropocentrée », rappelle-t-il. En revanche, les scientifiques s’accordent sur le fait que la musique demande un certain nombre de capacités perceptuelles et d’analyses enracinées très loin dans l’arbre de l’évolution. Il en est ainsi de la perception du rythme, ce qu’a montré une étude menée sur des éléphants de mers en Californie. Les mâles émettent des cris très particuliers destinés à éviter les confrontations avec leurs congénères. En les analysant, des chercheurs ont montré que chaque individu a une signature rythmique propre et une perception très fine du rythme produit par les autres éléphants de mers. Certains animaux auraient donc le sens du rythme. L’origine de la musique se trouverait-elle alors dans la communication animale ? C’est une piste aujourd’hui explorée.

Bricoler pour mieux parler !

BBricoler pour mieux parler !

Des spécialistes des neurosciences viennent de montrer qu’utiliser un outil et manier des phrases à la syntaxe complexe faisaient appel à des réseaux cérébraux communs. Mieux : entraîner l’une de ces compétences permet d’améliorer l’autre.

« Cette manie qu’ont les marins de faire des phrases ! » Et si l’humour déjanté des Tontons Flingueurs avait anticipé sans le savoir les futures avancées de la science ? Sur le plan cognitif, en effet, opposer manuels et intellectuels n’a aujourd’hui plus guère de pertinence. Grâce aux récentes découvertes des neurosciences, il apparaît que, non seulement utiliser des outils n’est pas incompatible avec le fait de bien manier la langue, mais que ces deux compétences font même appel à des structures communes dans notre cerveau. C’est tout sauf une coïncidence, affirme une étude parue en fin d’année dernière dans Science  : une équipe de neuroscientifiques français y montre que manier un outil – c’est-à-dire ajouter un niveau hiérarchique dans le programme moteur – et analyser des phrases à la syntaxe complexe sont deux processus qui partagent les mêmes ressources cérébrales. « Entraîner l’une permet même d’améliorer l’autre », résume Véronique Boulenger, chercheuse CNRS en neurosciences cognitives au laboratoire Dynamique du langage qui cosigne cette étude.

lire l’article sur CNRS le journal