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Observation : oiseaux des mangeoires

OObservation : oiseaux des mangeoires

Dès les premiers froids, les oiseaux s’affairent autour de la mangeoire. Venez les observer et reconnaître les principales espèces.

La Maison de l’environnement  vous invite à une séance d’observation à L’Île du Beurre. Une occasion unique pour découvrir et identifier les différentes espèces d’oiseaux qui visitent nos jardins en hiver.

>> Plus d’information sur le site : 

Maison de l’environnement

 

Les oiseaux, victimes collatérales de l’intensification agricole en Europe | The Conversation

LLes oiseaux, victimes collatérales de l’intensification agricole en Europe | The Conversation

Le bruant proyer (Emberiza calandra) a vu sa population décliner en Europe, comme d’autres espèces liées aux milieux agricoles. | ©Luiz Lapa / Flickr, CC BY

Les alarmes de la communauté scientifique sur les effets de l’emploi des pesticides sur la santé humaine et la disparition de nombreuses espèces dans les milieux agricoles s’accumulent depuis un demi-siècle. Le travail pionnier de Rachel Carson annonçait dès 1962, des « printemps silencieux » provoqués par le déclin des oiseaux, victimes collatérales des pesticides via l’empoisonnement des milieux et la disparition des insectes.

En cause, un modèle agricole reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international ayant massivement recours aux pesticides. Un modèle toujours plus dominant en France, où les exploitations sont de moins en moins nombreuses (-40 % depuis 2000) et de plus en plus grandes (leur surface moyenne a été multipliée par quatre depuis les années 1960).

Conséquence : la surface agricole couverte par des fermes à forte utilisation de pesticides et d’engrais n’a cessé d’augmenter. Si bien que seuls 17 % des sols en Europe ne sont pas contaminés par des pesticides. Depuis 2009, plus de 300 000 ha de terres agricoles, souvent fertiles, ont disparu sous le bitume.

Au-delà des constats inquiétants et des prophéties, dispose-t-on de preuves scientifiques tangibles et sans équivoque de la dangerosité de ce modèle de production agricole pour le vivant à l’échelle européenne ?

De la difficulté à expérimenter sur le vivant en conditions réelles

L’expérimentation semble à première vue un procédé idéal. Par exemple, faites manger des graines enrobées de pesticides à des moineaux, et ils seront en moins bonne forme. Soit. Le procédé a de grandes chances de fonctionner.

Mais, hors du laboratoire, lorsque les variables ne sont plus directement contrôlables par le chercheur, on entre dans un monde complexe où les processus sont causés par de multiples facteurs enchevêtrés. Dans ces conditions, comment construire la preuve de l’effet d’un facteur en particulier sur la santé ou l’environnement ?

Pour s’affranchir de cette difficulté, la méthode scientifique peut toujours s’appuyer sur des protocoles et des variables de contrôle. Ainsi, l’effet des substances que l’on suppose problématiques et de tous les autres facteurs ayant un effet potentiel ne sera pas manipulé expérimentalement, mais étudié statistiquement.

Car, s’il est déjà un peu brutal de faire manger des pesticides de force à des oiseaux, il est encore plus absurde d’imaginer pouvoir tout expérimenter. On pourra plutôt vérifier si l’emploi d’une quantité croissante de pesticides se manifeste dans le temps par une baisse de la quantité d’insectes. En d’autres termes, on abordera la question sous un angle épidémiologique.

Il y a pourtant un piège. On pourra toujours supposer que ce ne sont pas les pesticides qui sont en cause mais le stress, la pollution de l’air, la sécheresse ou toute variable qui influencerait de près ou de loin le système étudié.

Il fallait donc se donner les moyens d’y voir plus clair. C’est ce que nous avons réalisé avec une équipe de 50 chercheuses et chercheurs dans une étude à ciel ouvert publiée en mai 2023. Notre motivation était de vérifier si une pression dominait sur les autres, et si oui laquelle, pour expliquer le déclin des populations de nombreuses espèces d’oiseaux en Europe.

L’ampleur inédite de l’hécatombe dans les milieux agricoles

Il fallait tout d’abord mettre un chiffre sur ce déclin. Grâce au travail assidu de nombreux ornithologues bénévoles qui ont reproduit chaque année le même protocole de suivi dans 28 pays européens, un jeu de données exceptionnel a pu être constitué, couvrant la période allant de 1980 à 2016. C’était une étape essentielle : partir des oiseaux eux-mêmes dans leurs habitats, pas seulement d’une expérience sur quelques individus isolés en laboratoire.

L’étude a permis de suivre 170 espèces différentes, avec des populations en liberté et subissant de plein fouet les pollutions, le changement climatique, les pratiques de chasse, le dérangement ou encore le risque de prédation.

Loin de nous limiter aux milieux agricoles, nous nous sommes intéressés à tous les habitats : forêts, villes, montagnes, milieux ouverts ou non, cultivés ou non… En résumé, nous sommes allés ausculter l’état de santé des oiseaux européens, sans filtre.

Un Pic vert cherchant des fourmis au sol. | © Hedera.Baltica/Flickr, CC BY-SA

Résultat ? Les oiseaux ont perdu un quart de leur abondance en Europe entre 1980 et 2016, soit 800 millions d’individus sur la période, 20 millions par an en moyenne. Une hécatombe, pourtant sans surprise : les oiseaux doivent composer avec les modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie au cours du XXe siècle.

Toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas affectées de la même manière.

  • Par exemple, les oiseaux vivants dans les milieux forestiers ont perdu 18 % de leurs effectifs ;
  • Ceux des milieux urbains, 25 %,
  • Ce qui est surprenant en revanche c’est l’intensité du déclin, spectaculaire, des oiseaux des plaines agricoles : leur effectif a chuté de 57 % !

Un record peu enviable : c’est l’une des baisses les plus spectaculaires jamais enregistrées à cette échelle pour des organismes vivants.

Prouver le lien entre intensification agricole et déclin des oiseaux

Il fallait aller plus loin pour comprendre à quoi attribuer ce déclin. Or, nous avions à disposition les données idéales pour tester si le climat, les changements d’habitats et le modèle agricole industriel pouvaient être tenus responsables.

Imaginons un instant : dans un lieu précis, par exemple au bord d’un champ de colza, un ou plusieurs ornithologues ont compté chaque année, avec la même méthode, le nombre d’oiseaux. Et, précisément, pour cette année et cet endroit, nous avons aussi à disposition des données comme l’expansion des surfaces en agriculture intensive, l’évolution des températures, de l’étalement des sols artificialisés, ou encore les variations du couvert forestier.

C’est ce procédé, répété sur des milliers de sites dans les 28 pays étudiés, au cours de plusieurs décennies, qui a permis de construire la base de données la plus complète, la plus précise, jamais collectée de suivi d’espèces sauvages en Europe.

Cela nous a permis de faire le lien statistique entre devenir des oiseaux et ces multiples pressions, et de construire un deuxième résultat fort : le déclin des espèces coïncide avec l’augmentation de l’intensification des pratiques agricoles. Dans les environnements dans lesquels l’agriculture industrielle est plus présente, et cela, quels que soient le climat et les autres conditions, les oiseaux déclinent plus vite.

Nous étions toutefois conscients d’un autre piège possible : que ce lien ne soit qu’une simple coïncidence attribuable au hasard. Or, ce n’est pas le cas. Nos analyses montrent que nous ne sommes plus dans le domaine de la corrélation, mais du lien sans équivoque.

Un dernier résultat nous a permis d’ajouter une brique supplémentaire à notre compréhension de la situation : les espèces qui se nourrissent préférentiellement d’insectes, éradiqués par les pesticides, sont encore plus impactées que les autres espèces.

Réchauffement et artificialisation des sols également en cause

Bien entendu, l’intensification des pratiques agricoles n’est pas le seul facteur des déclins observés. Le changement climatique, notamment l’élévation des températures, constitue une deuxième pression importante.

Une mésange boréale (Poecile Montanus) en plein vol. | © Estormiz/Wikimedia

  • Les espèces septentrionales, adaptées aux milieux froids (comme la Mésange boréale, qui a décliné de 79 %), remontent vers le nord et voient leurs populations décliner fortement avec l’augmentation des températures.
  • À l’inverse, d’autres espèces adaptées aux milieux chauds (comme la Fauvette mélanocéphale, dont la population augmente) peuvent en profiter.

Le martinet noir ne se pose que pour couver ses œufs, généralement dans des bâtiments en pierre de grande hauteur. | © Pierre-Marie Epiney/Flickr, CC BY-SA

L’étalement des zones artificialisées se fait aussi aux dépens des oiseaux, incapables de vivre dans des milieux minéraux et pollués, et dont l’habitat se fragmente.

Même les espèces capables de nicher en milieu urbain sont en recul (comme le Martinet noir, dont les populations ont chuté de 17 %), notamment face au manque de sites disponibles sur les constructions modernes et à la faible abondance d’insectes dans ces milieux.

Enfin, le retour du couvert forestier en Europe, encore récent, et souvent le fait de plantations, ne suffit pas à enrayer le déclin des espèces dépendantes de forêts naturelles.

Semer le doute… et gagner du temps ?

Des résultats qui devrait nous inciter à réduire drastiquement notre recours aux pesticides. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand.

Une situation qui rappelle celles de l’amiante, du tabac, ou même l’action des producteurs d’énergie fossile pour retarder la prise de conscience climatique.

Plusieurs pétroliers, dont Shell, avaient prédit le risque de crise climatique des décennies dès les années 1980. | © Mike Mozart/Flickr, CC BY

Toutes ces industries ont mis à profit la difficulté inhérente à la construction d’une preuve scientifique afin de gagner du temps, perpétuer le doute, maintenir leur réputation ainsi que leurs profits. L’entretien du doute est ainsi devenu stratégique.

Au point que les industriels se sont désormais imposés comme référence scientifique auprès des agences de contrôle, notamment en Europe.

Il est devenu irresponsable de minimiser l’effet du modèle agricole industriel et de ses pesticides et de se cacher derrière de prétendus biais, manque de recul ou supposée absence d’alternatives, qui existent pourtant.

L’utilisation généralisée de pesticides a un coût social et économique considérable, qui ne se répercute d’ailleurs pas sur les prix dès lors que leur emploi demeure encouragé et subventionné. Sur le plan de la santé humaine, leurs effets sont de mieux en mieux documentés.

Tout devrait pousser à changer ce modèle de production. Comment peut-on se satisfaire de qualifier de « conventionnelle » une agriculture incompatible avec le maintien de la santé des humains et des non-humains ?

Les changements nécessaires ne peuvent reposer seulement sur la bonne volonté d’agricultrices et d’agriculteurs empêtrés dans un modèle industriel conçu par et pour l’agro-industrie et inscrit dans un modèle d’exportation régulé par la spéculation ou la recherche du prix le plus faible.

Ce sont des changements transformateurs dans notre manière d’habiter le monde, de produire et de consommer qui sont nécessaires. Les outils politiques devraient être des leviers capables d’amorcer cette transformation, plutôt que de maintenir « quoi qu’il en coûte » un modèle en bout de course.

Il est urgent que les décideurs, aux échelles européenne, nationale et locale, regardent enfin en face les ravages d’une certaine agriculture chimique dépassée qui détruit la vie, piège les paysans et les paysannes et se moque des consommateurs.


Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.The Conversation

> Les auteurs : Vincent Devictor, Directeur de recherche en écologie, Université de Montpellier, Stanislas Rigal, Postdoctorant en biologie de la conservation, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation

Au printemps les oiseaux ! | Rendez-vous Cosmos

AAu printemps les oiseaux ! | Rendez-vous Cosmos

Cosmos – culture et écologie propose une programmation culturelle et cinématographique autour de l’écologie, en lien avec le vivant, à destination de tous les publics – adultes, enfants et familles, scolaires et étudiants. En partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) vous propose un mois d’avril dédié aux oiseaux !͏‌ ͏‌ ͏‌ ͏‌ ͏‌ ͏‌ ͏

« Tu sens l’art relier les hommes au cosmos et aux puissances nocturnes. Mais l’art n’est pas un rêve. Il est une résistance au réel. »
Birds of America de Jacques Loeuile

Un rendez-vous cosmos proposant une projection, une rencontre et un atelier…

>> Le film

Au début du XIXe siècle, un jeune peintre français au talent fou, Jean-Jacques Audubon, parcourt la Louisiane pour peindre tous les oiseaux du Nouveau Continent. La découverte des grands espaces sauvages encourage alors l’utopie de cette jeune nation. Le travail d’Audubon, pionnier de l’écologie, forme aujourd’hui une archive du ciel, et une oeuvre d’art incontournable…

Un appel à s’émerveiller et à aimer le vivant, à préserver la nature.

Thématiques : les oiseaux, l’histoire des animaux et l’histoire du point de vue animal, l’art, la biodiversité, l’histoire, les peuples amérindiens et la colonisation, l’amnésie environnementale.

>> La rencontre

Le film sera suivi d’un échange avec deux invités :

  • Éric Baratay, spécialiste de l’histoire du point de vue animal, Professeur à la Faculté des Humanités, Lettres et Sociétés – Université Jean Moulin Lyon 3 ; auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire des animaux.
  • Camille Miro, LPO AuRA – Rhône (Ligue pour la Protection des oiseaux).

>> Pour plus d’information rendez-vous sur les sites :

Cosmos

LPO – Rhones

Sainte-Hélène, la petite Atlantide des oiseaux

SSainte-Hélène, la petite Atlantide des oiseaux

En août-septembre 2022, un projet de longue date a enfin pu voir le jour : un mois de fouilles paléontologiques sur l’île de Sainte-Hélène, comme une première étape pour mettre au jour l’écosystème disparu de cette île lointaine, où Napoléon finit sa vie, perdue dans l’Atlantique sud à 2000 km de la Namibie en direction du Brésil.

Formant une équipe composée de chercheurs et naturalistes Héléniens, notre collègue britannique Julian P. Hume, et nous-mêmes chercheurs établis à Lyon, recherchions principalement les restes subfossiles des oiseaux ayant vécu sur cette petite île volcanique de 10 km sur 12 km, dépourvue d’êtres humains jusqu’à l’arrivée des Européens dès l’an 1502. Les restes subfossiles sont récents (souvent quelques centaines à quelques milliers d’années) et par conséquent quasiment pas reminéralisés, ressemblant à des ossements presque actuels.

Crâne fossile ©Anaïs Duhamel

D’ailleurs, les seuls vertébrés tétrapodes n’ayant jamais pu atteindre cette île océanique naturellement à partir des continents, sont des oiseaux : exploit qui ne fut égalé par aucun reptile, amphibien, ou mammifère – pas même par des Chiroptères (chauve-souris) – ce qui est une situation rare au niveau global.

Ainsi, non seulement toute une faune d’oiseaux marins a évolué sur place, produisant même des espèces endémiques, mais aussi une faune d’oiseaux terrestres, étrange, comprenant une marouette, un râle, une huppe, une tourterelle, ou encore un coucou, devenus endémiques.

La plupart de ces oiseaux terrestres sont devenus non-volants, phénomène classique sur les îles sans prédateurs. Hélas, l’arrivée de l’homme a sonné le glas de la plupart de ces espèces. La majorité des espèces endémiques – presque tous les oiseaux terrestres et plusieurs espèces marines – ont disparu de l’île et sont donc aujourd’hui éteintes. Et plusieurs autres espèces, exclusivement des oiseaux marins, ont disparu de l’île, mais vivent encore ailleurs dans le monde : on dit qu’elles ont été extirpées.

Un impact anthropique majeur sur l’écosystème

Certes Sainte-Hélène n’a pas été submergée par les eaux comme la légendaire cité de l’Atlantide, mais métaphoriquement cette île a été submergée par les nombreux impacts anthropiques. Comme tant d’autres îles, les premiers occupants humains ont apporté avec eux des mammifères, volontairement (chèvres et autre bétail pour constituer une ressource en viande ; chiens, chats…) ou moins volontairement (rats, et souris, transportés dans les cales des bateaux…).

Les chèvres ont rapidement dévasté la végétation notamment sur tout le pourtour de l’île. Chats et rats se sont attaqués aux oiseaux endémiques non volants ; ainsi qu’aux œufs et poussins de tous les oiseaux, surtout à ceux des nombreuses espèces nichant au sol : les très vulnérables océanites, pétrels et puffins, entre autres.

En parallèle, les humains ont déforesté une grande partie de l’île, et planté à la place des espèces introduites, par exemple le Lin de Nouvelle-Zélande, utilisé pour fabriquer des cordages de marine pour les nombreux navires en escale sur l’île, qui se trouvait sur la Route des Indes au plus fort de la navigation, avant le creusement du canal de Suez. Depuis, cette plante s’est avérée extrêmement invasive, et coriace face à plusieurs programmes de restauration de la flore endémique, lors desquels des agents tentent héroïquement de les arracher sur de vastes surfaces, et de replanter à leur place des endémiques survivantes, reproduites auparavant sous serres. Au-delà de ces impacts indirects et généralement inconscients sur la faune locale, les humains ont également exercé une prédation directe sur les oiseaux marins et leurs œufs, pratique courante encore récemment. Enfin, des oiseaux introduits, gibier ou passereaux exotiques notamment, ont concurrencé les derniers endémiques et contribué à leur déclin.

Reconstituer un environnement disparu

Mettre au jour les oiseaux qui vivaient, nichaient et évoluaient à Sainte-Hélène jusqu’à l’arrivée de l’homme en découvrant et en identifiant leurs restes subfossiles apporte de précieuses informations. Notre but est de documenter toutes les espèces ayant vécu sur l’île, ainsi que leur contexte paléoenvironnemental, en analysant les autres éléments de faune et de flore que nous avons trouvés sur les sites : pollen, bois, charbon, gastéropodes et sédiments.

De plus, les sites fossiles connus s’étalent de la fin du Pléistocène (-14 000 ans) jusqu’à la fin de l’Holocène (il y a quelques siècles). Ainsi, ils couvrent non seulement l’arrivée et l’occupation humaine depuis 500 ans, mais aussi les changements climatiques antérieurs et naturels : notamment la transition Pléistocène-Holocène lors de laquelle il y a eu de toute évidence d’importants changements dans les populations d’oiseaux.

Les fossiles se concentrent en surface sur certains reliefs des sites fossiles, sous l’action des vents et autres intempéries. Tout ce qui n’est pas ramassé rapidement finit par s’éroder et/ou tombe à la mer. ©Anaïs Duhamel

Étudier ces différentes périodes permettra de discerner les effets climatiques naturels des effets dus à l’homme sur l’histoire récente des oiseaux de l’île, ce qui permettrait en outre de mieux anticiper et prévenir les impacts actuels de l’activité humaine : l’action de l’homme et des mammifères introduits dans la continuité des cinq derniers siècles, mais aussi le changement climatique anthropique actuel.

Enfin, documenter la présence et la nidification il y a encore quelques siècles, d’oiseaux aujourd’hui non présents sur l’île, tels que les frégates, plusieurs Procellariiformes (pétrels, puffins et océanites), et certains fous, peut guider l’éventuelle réintroduction de certaines de ces espèces dans un futur proche. D’ailleurs, les Fous masqués reviennent nicher d’eux-mêmes sur l’île principale alors qu’ils ne subsistaient que sur des îlots périphériques jusqu’à récemment. On peut imaginer que les frégates suivent, et se réinstallent sur Sainte Hélène après près de deux siècles d’absence totale.

Phaeton a bec rouge. ©Anaïs Duhamel

Une initiative de science participative

C’est dans cette optique que nous avons repris les recherches paléontologiques en 2022, une quinzaine d’années après le géologue Colin Lewis qui s’est surtout attaché à mieux dater les sites, après Philip et Myrtle Ashmole, et près de 50 ans après le travail majeur de Storrs L. Olson, célèbre paléo-ornithologue états-unien qui avait alors décrit la plupart des espèces éteintes. Olson avait encouragé à poursuivre les recherches, pressentant le potentiel de l’île pour révéler encore davantage d’oiseaux y compris d’autres espèces éteintes à cause de l’homme encore à découvrir. D’autant plus que l’érosion permanente met au jour les fossiles contenus dans des sédiments meubles, mais très vite les lessive et les emporte à la mer : il devient donc urgent de les collecter.

Notre première mission a permis de collecter près de 7000 fossiles, faisant plus que doubler tout ce qui avait été collecté auparavant.

Œuf fossile. ©Anaïs Duhamel

En cours d’étude, cette moisson révèle déjà de nouvelles occurrences d’espèces à différentes époques, et surtout de nouvelles espèces jamais décrites jusqu’alors. Nous comptons ainsi multiplier les missions dans les années à venir et poursuivre l’étude du matériel collecté, exauçant le souhait de S. Olson et réalisant ses prédictions, pour le plus grand intérêt de l’ornithologie insulaire.

Ce travail est suivi de près par les « Saints », les habitants de l’île, que ces découvertes passionnent souvent. D’ailleurs, leur enthousiasme et leur implication personnelle sur le terrain ont inspiré une initiative de science participative par laquelle nous les formons et encourageons à collecter des fossiles de surface en notant rigoureusement le lieu et contexte précis, pour ensuite centraliser le matériel au Musée de Sainte Hélène, où seront à terme conservés tous les fossiles issus de nos missions. Un petit guide d’identification des fossiles à l’usage des habitants sera réalisé dans ce but dans les mois à venir.


Nous tenons à remercier les autres participants à cette mission, qui font partie intégrante du projet : Julian P. Hume (NHM Tring, UK), Rebecca Cairns-Wicks (Saint Helena Research Institute et SH Research Council) pour son aide essentielle et son soutien depuis le tout début du lancement du projet, ainsi que, de façon non-exhaustive : Kevin Gepford (écrivain scientifique, USA), Sacha Devaud (Univ. Rennes, Angers et Lyon), les membres du Saint Helena Research Council ; Helena Bennett, Natasha Stevens et Gavin « Eddie Duff » Ellick (Saint Helena National Trust) ; Adam Sizeland (Museum of Saint Helena) ; Annalea Beard (Cardiff University, UK) ; Stedson Stroud (Conservationist, Saint Helena) ; et Charlize Henry et d’autres étudiant·e·s locaux. Enfin, nous remercions le CNRS (programme International Emerging Actions), l’OSU de Lyon, et le Laboratoire de Géologie de Lyon (LGL-TPE) pour leur aide.


Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.The Conversation

Auteurs :

Antoine Louchart, chargé de recherche CNRS en paléornithologie, ENS de Lyon; Anaïs Duhamel, Doctorante en paléo-ornithologie, ENS de Lyon et Julien Joseph, Doctorant en biologie évolutive, ENS de Lyon

 

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Formation de recensement des oiseaux

FFormation de recensement des oiseaux

Apprenez à recenser les oiseaux, afin de participer sereinement au grand comptage national des oiseaux des jardins, organisé par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).

Accompagnés de Martine Desmolles bénévole LPO et Jonathan Jack, guides ornithologues, vous apprendrez à reconnaître les différentes espèces d’oiseaux et à les comptabiliser selon la méthode de la LPO.

Cette activité est accessible à partir de 12 ans. Les enfants doivent être accompagnés par un adulte.

Si vous possédez une paire de jumelles, nous vous invitons à les apporter.

 

>> Pour plus d’information et inscription :

SMIRiL

La présence des oiseaux dans nos musiques

LLa présence des oiseaux dans nos musiques

Après avoir abordé les bienfaits de la musique sur notre cerveau et notre santé, le cycle Sciences et Musique de la Bibliothèque Municipale de Lyon débute cette rentrée avec une conférence musicale du compositeur et audionaturaliste Bernard Fort, sur l’influence des chants d’oiseaux dans les musiques humaines.

Apprendre à écouter les chants d’oiseaux, en comprendre les structures, puis saisir l’influence de ces chants dans les musiques humaines. Élargir notre écoute aux paysages sonores naturels. C’est ce à quoi nous initiera Bernard Fort.

Les nombreux exemples musicaux, audionaturalistes et ornithologiques sont tirés des répertoires de musiques du monde entier : musiques savantes, populaires, anciennes, classiques ou contemporaines, vocales, instrumentales ou électroacoustiques.

L’audionaturaliste nous proposera alors un parcours à travers divers continents pour décrypter ces traces naturelles, ces influences conscientes ou inconscientes dans nos diverses cultures.

« Les oiseaux ont tout inventé, il nous suffit de les écouter, ce sont nos maîtres en musique » disait Olivier Messiaen. Et en écoutant bien nous ne pouvons que constater qu’ils sont partout !

Plus d’informations sur le site de la :

Bibliothèque Municipale de Lyon

Les oiseaux du Mississippi

LLes oiseaux du Mississippi

Projection du film Birds of America, 2022, 1h24

Au début du 19e siècle, un peintre français, Jean-Jacques Audubon, parcourt la Louisiane pour peindre les oiseaux du nouveau continent. L’œuvre d’Audubon constitue aujourd’hui une extraordinaire archive du ciel du Mississippi avant l’ère industrielle.

En présence du réalisateur Jacques Loeuille.

 

Plus d’informations sur le site du :

MUSÉE DES CONFLUENCES

Langages sifflés

LLangages sifflés

Le langage sifflé est un mode de communication consistant à siffler au lieu de parler. Répandu dans le monde entier, il est limité à des environnements où les sifflements sont plus efficaces que la parole ordinaire (montagnes et forêts denses, principalement). On peut le définir comme une modulation sifflée de la langue locale. Il met en jeu des compétences complexes et joue un rôle primordial dans l’imprégnation musicale des enfants, exigeant un développement considérable de l’écoute.

Avec Daniel Loddo, musicien

Plus d’informations sur le site du :

Musée des Confluences

Momies d’oiseaux : les chercheurs mènent l’enquête

MMomies d’oiseaux : les chercheurs mènent l’enquête

Des millions de momies d’ibis et de rapaces ont été découvertes dans les nécropoles de la vallée du Nil. D’où venaient tous ces oiseaux ? Pour percer ce mystère qui agite le monde des égyptologues, des scientifiques ont fait parler les spécimens du musée des Confluences, qui conserve la collection de momies animales la plus riche au monde après celle du Caire.

Deux intervenants reviendront sur cette véritable enquête scientifique :

La conférence sera également à suivre en direct sur Facebook et Youtube.

En savoir plus

PPour aller plus loin

Ciné-Défis « The Messenger »

CCiné-Défis « The Messenger »

La Maison de l’Environnement vous invite à son rendez-vous quinzomadaire pour une projection gratuite sur un enjeu écologique : les Ciné-Défis !

Mercredi 24 novembre, la Maison de l’Environnement projette « The Messenger » de Su Rynard.

Synopsis :

Jadis, les hommes se tournaient vers le vol et le chant des oiseaux pour prédire l’avenir. Aujourd’hui, une fois de plus, les oiseaux ont quelque chose à nous dire… Un documentaire pour le grand écran, de production franco-canadienne.

La projection sera suivie par la découverte de défis proposés par les associations pour agir en faveur de la biodiversité.

En savoir plus :

Maison de l’environnement