Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

Les cornucopiens sont parmi nous ! Mais qui sont-ils ?

LLes cornucopiens sont parmi nous ! Mais qui sont-ils ?

Dans les colonnes des journaux, à la tête de nombreuses entreprises, parmi les instances gouvernementales, au sein de nombreux syndicats, sur les plateaux de télévision : les cornucopiens sont là, parmi nous. Partout.

Mais si vous l’ignorez, ce n’est pas à cause d’un quelconque complot de leur part. D’ailleurs, la plupart des cornucopiens ignorent qu’ils le sont et, qui sait, peut-être l’êtes-vous vous-même sans le savoir ! Car ce terme, qui ne date pourtant pas d’hier, est très peu utilisé dans le monde francophone. De quoi s’agit-il ?

Tirant son étymologie du mythe de la corne d’abondance (cornucopia en latin), le cornucopianisme se construit autour de cette idée centrale, merveilleusement résumée par l’économiste Julian Simon (1932-1998), l’un des principaux auteurs cornucopiens, pour qui toutes les limites naturelles peuvent être repoussées en mobilisant une ressource ultime et inépuisable : le génie humain. Le cornucopianisme désigne ainsi un courant de pensée, omniprésent à droite et à gauche de l’échiquier politique, qui considère la technologie comme la solution ultime aux problèmes environnementaux.

Statue du Dieu grec Zeus avec une corne d’abondance, d’où sort en profusion des fruits et des vivres

Statue du Dieu grec Zeus avec une corne d’abondance, d’où sort en profusion des fruits et des vivres. ©Shutterstock

Que ce soit Elon Musk, qui envisage de coloniser Mars pour quitter une planète devenue invivable, en passant par le prince saoudien Mohammed Ben Salmane, pour qui les technologies de stockage du CO2 permettront à sa monarchie pétrolière d’atteindre la neutralité carbone, jusqu’à Emmanuel Macron investissant des milliards dans la pour l’instant très chimérique aviation décarbonée, les exemples de propos cornucopiens ne manquent pas dans l’actualité. Mais où trouvent-ils leurs racines ?

Un courant de pensée qui prospère chez les économistes

On prête généralement à l’économiste américain Kenneth Boulding (1910-1993) cette citation célèbre :

« Pour croire qu’une croissance matérielle infinie est possible sur une planète finie, il faut être fou ou économiste. »

De fait, si les cornucopiens ne sont pas forcément fous, la genèse de leur pensée doit beaucoup aux théoriciens de l’économie moderne.

Lorsque, dans un célèbre essai de 1798, l’économiste et homme d’église Thomas Malthus émet l’idée que les ressources naturelles constituent un facteur limitant de l’expansion, la réaction de ses confrères économistes est immédiate. Pour eux, ce ne sont pas les ressources qui sont limitées, mais notre capacité à les exploiter. Friedrich Engels, futur théoricien du communisme, écrit par exemple :

« La productivité du sol peut être indéfiniment accrue par la mobilisation du capital, du travail et de la science. »

Car après tout, se demande Engels, « qu’est-ce qui est impossible à la science ? »

Cette manière de penser, déjà largement présente chez certains philosophes des Lumières comme René Descartes ou Francis Bacon, va être développée et affinée par les économistes tout au long du 19ème et du 20ème siècle. Ceux-ci se persuadent en effet rapidement que les deux principaux facteurs de production, à savoir le capital et le travail, sont substituables.

Grâce au progrès technique, il est par exemple possible de remplacer le travail humain par du capital technique, c’est-à-dire par des machines. Dans l’esprit des économistes, qui ont peu à peu réduit la nature à une sous-catégorie du capital, le même raisonnement peut s’appliquer au capital naturel : il « suffit » de le substituer par du capital artificiel.

Illustration de la révolution industrielle anglaise réalisée par Samuel Griffiths en 1873.

Illustration de la révolution industrielle anglaise réalisée par Samuel Griffiths en 1873. Cette période est considéré à la fois comme celle de l’expansion des idées cornucopianistes, mais aussi, pour certains, comme les débuts de l’Anthropocène. ©Samuel Griffiths/Wikipedia, CC BY

La magie de la substitution : ou comment la croissance pourrait devenir éternelle

Cette idée apparaît d’autant plus séduisante aux yeux des économistes qu’elle permet, sur le papier, de rendre la croissance éternelle. Après tout, si une partie du capital artificiel remplace le capital naturel dégradé, alors le stock de capital « total » peut indéfiniment s’accroître. C’est mathématique. Mais dans la vraie vie, comment opérer une telle substitution ?

Comme le pressentait Engels, il faut introduire dans les équations économiques un facteur supplémentaire : la technologie. Deux types de leviers sont principalement envisagés pour repousser les limites naturelles.

Le premier consiste à intensifier l’exploitation des ressources afin d’accroître leur disponibilité. C’est typiquement ce qui est advenu dans les années 2000 avec l’émergence de la fracturation hydraulique, dont l’usage a permis d’accéder à des énergies fossiles (les gaz et pétroles de schiste) jusque-là inexploitables. Grâce à la technologie, la quantité de ressources accessibles a donc augmenté. Qu’il s’agisse des énergies fossiles, des ressources minérales ou encore de la biomasse, les exemples d’intensification de ce type sont légion depuis les débuts de la révolution industrielle.

Le second levier consiste à remplacer une ressource par une autre. Pour reprendre l’exemple des énergies fossiles, chacun comprend que, quel que soit le degré d’intensification de leur exploitation, celles-ci finiront par s’épuiser. La substitution consiste dès lors à prendre le relais en remplaçant les énergies fossiles par une autre forme d’énergie qui, entre temps, aura été rendue plus facilement accessible grâce, là encore, au progrès technique. Les économistes dominants des années 1970 comptaient par exemple beaucoup sur des technologies de rupture comme la fission nucléaire pour remplacer les énergies fossiles.

De la théorie à la pratique : quelques failles du raisonnement cornucopien

Les cornucopiens ont-ils raison ?

D’un côté, il faut leur reconnaître certaines réussites. L’épuisement des ressources naturelles tant redouté dès le début du 19ème siècle n’est pas advenu au cours des deux cents ans qui ont suivi. Comme ils le prédisaient, une partie de la rente issue de l’exploitation des ressources naturelles a été investie dans la recherche et le développement, permettant d’accroître considérablement notre capacité à exploiter la nature.

En revanche, si le levier de l’intensification a formidablement fonctionné, celui du « remplacement » a jusqu’à présent échoué. Comme le remarquent certains historiens de l’environnement, loin de se substituer, les ressources nouvellement exploitées se sont en réalité toujours additionnées aux précédentes. Et rien ne prouve qu’une telle substitution puisse un jour advenir, en particulier concernant les énergies fossiles. Le nucléaire, que les économistes des années 1970 imaginaient pouvoir se substituer aux fossiles dans la première moitié du 21ème siècle, ne représente que 4 % de l’énergie primaire consommée dans le monde, et sa part baisse depuis une trentaine d’années.

Enfin, le raisonnement cornucopien bute aujourd’hui sur une conséquence paradoxale de sa propre réussite. En intensifiant la production des ressources naturelles, la civilisation industrielle a généré des flux de matière et d’énergie qui se sont souvent avérés très supérieurs à ce que les écosystèmes pouvaient assimiler. Le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’acidification des océans, l’omniprésence des polluants toxiques dans notre environnement, le bouleversement des cycles biogéochimiques sont autant de conséquences directes de l’intensification de l’exploitation de la nature.

Or, pour faire face au défi sans précédent posé par ces nouvelles limites planétaires, les cornucopiens continuent de mobiliser les mêmes recettes fondées sur la course en avant technologique. La substitution consisterait cette fois-ci à réparer ou remplacer des services écologiques que la nature ne parvient plus à maintenir. Qu’il s’agisse de remplacer les insectes polinisateurs par des robots, d’opacifier l’atmosphère pour contrebalancer le réchauffement climatique ou encore de capter le carbone atmosphérique afin de le réinjecter dans la lithosphère, les cornucopiens ne manquent pas d’idées. Même si, jusqu’à présent, elles restent très hypothétiques.

Graphique montrant que sur 9 variables du système Terre monitorées, au moinssur les 9 variables du système Terre, 5 font aujourd’hui l’objet d’un dépassement de frontière planétaire.

Sur 9 variables du système Terre monitorées, au moins 5 font aujourd’hui l’objet d’un dépassement de frontière planétaire. ©Stockholm Resilience Centre, CC BY

Une nouvelle forme de « conservatisme technologique » ?

A l’heure de l’urgence écologique et climatique, la pensée cornucopienne est-elle encore pertinente ? On peut en douter. Mais alors, pourquoi est-elle si présente parmi les décideurs politiques et économiques ?

Peut-être tout simplement parce que la pensée cornucopienne a ce mérite immense : en prétendant prolonger la domination de l’humain sur la nature grâce à la technologie, elle permet à ses défenseurs de ne pas débattre des conditions sociales, culturelles, économiques et politiques qui permettraient de nous réconcilier avec les limites planétaires. Cet optimisme technologique est d’ailleurs l’une des douze excuses listées par l’Université de Cambridge pour repousser à plus tard l’action face au dérèglement climatique. Pour paraphraser et détourner un slogan écologiste, il semble bien que le plus important pour les cornucopiens soit en effet là : « ne pas changer le système, quitte à changer le climat ».The Conversation

Auteurs : Aurélien Boutaud, Chercheur associé à l’UMR 5600 EVS, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et Natacha Gondran, Professeur en évaluation environnementale, UMR 5600 Environnement Ville Société, Mines Saint-Etienne – Institut Mines-Télécom – 15 mai 2023

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article originale sur le site :

the conversation

Conférence « Biodiversité un bien commun »

CConférence « Biodiversité un bien commun »

Image conférence

Effondrement de la faune, de la flore, épuisement des ressources naturelles, réchauffement climatique : l’état de la Planète nous alarme chaque jour.

Hugues Mouret, Directeur scientifique d’Arthropologia présentera quelques données clef sur ce sujet préoccupant et nous montrera comment il est encore possible d’agir. Habitudes de consommation, gestes responsables, aménagement des parcs et jardins… des pistes concrètes à appliquer dans notre vie quotidienne vous seront présentées.

PLUS D’INFORMATIONS ICI

 

Accessible depuis chez vous  : plus d’infos sur le site de la ville de Caluire et Cuire :

Ville de Caluire ET cuire

Géologue : la passion du sol, la variété des métiers

GGéologue : la passion du sol, la variété des métiers

Qui n’a jamais ramassé de cailloux en s’interrogeant sur leur matière, leur formation, leur histoire ? Derrière une discipline qui peut paraître poussiéreuse avec ses fossiles, la géologie révèle des champs de connaissance très divers. De la découverte de nos origines lointaines à la découverte d’autres vies ailleurs en passant par la préservation de nos sols et sous-sols, le terrain de recherche et les objectifs sont vastes… Portraits de chercheurs, professeurs et scientifiques qui ont gardé en tête, leurs questions d’enfant !

A la conquête de Mars !

Un amas de cratères sur Mars

Cathy Quantin-Nataf. Passionnée par les montagnes, la petite fille ramassait des cailloux avec intérêt sans même savoir qu’un jour, ce sont les roches de Mars qu’elle découvrirait. Cette enseignante chercheuse, planétologue de 43 ans s’intéresse à la composition des roches sur Mars pour savoir si la vie a pu émerger… Et si oui : où et quand ? « il n’y a pas de végétation sur mars donc la géologie se lit facilement ». Ainsi Cathy a supervisé la mission du choix du site d’atterrissage du Rover (robot -laboratoire) sur Mars. Depuis janvier 2019, l’exploration des roches et la détection des mesures se fait à distance ; aujourd’hui elle fait partie de l’équipe qui analyse les données et les publie dans des revues scientifiques. La terre de Mars abonde de traces d’écoulement d’eau, un environnement qui a sans doute été favorable à l’apparition de la vie. La prochaine mission dite 20-20 menée par une équipe californienne est de ramener des échantillons de Mars sur Terre ! Cathy reste en contact avec les équipes de cette mission quotidiennement.

Quand elle n’encadre pas ses élèves à l’Université, elle est connectée en permanence pour donner ou suivre des conférences. « Peu encouragée par mes professeurs à l’école malgré mes très bons résultats, je ne m’imaginais pas être chercheur. Je n’étais pas non plus férue de science-fiction. C’est à l’Université que l’horizon s’est ouvert. J’ai un master de géophysique puis j’ai poursuivi en doctorat, mon moteur est la connaissance et la science, c’est fascinant d’être exploratrice. C’est comme si j’avais la mission de Christophe Colomb ! ». A la question de se sentir utile, elle répond qu’elle avait hésité avec la médecine car passionnée par les sciences du vivant globalement. En temps d’épidémie de Covid, elle regretterait presque. Ce sont les questions fondamentales qui continuent d’émerveiller Cathy : sommes-nous seuls dans l’univers ? N’y aurait-il pas d’autres combinaisons de molécules dans les matières carbonées pour faire de la vie ?

Pour en savoir plus :

 

A la recherche des tous premiers animaux !

Jean Vannier, paléontologue, son objectif depuis l’enfance : connaître l’origine du monde animal. A 62 ans, la question passionne toujours le chercheur qui fouille les sols datant d’un demi-milliard d’années, période du Cambrien. Cette période est marquée par la découverte des premiers fossiles animaux, des organismes marins. D’abord fixes, ces ancêtres de crustacés appelés ostracodes, se seraient mis à se déplacer. « Les restes fossiles, c’est en Chine, en Russie, au Canada que l’on peut le mieux les saisir » assure Jean. D’abord parti au Japon après son doctorat, il a sillonné le monde à la recherche de gisements et pour établir des collaborations internationales. Les apports de chacun et de son équipe ainsi que les technologies redéfinissent le métier né au 19ème siècle où le chercheur œuvrait seul. Aussi lorsqu’un fossile est découvert aujourd’hui, on peut explorer l’intérieur à l’aide de la microtomographie (technique d’imagerie 3D) sans ouvrir ou détériorer l’objet, se réjouit Jean.

La peluche (grandeur nature) représente le plus gros prédateur du Cambrien : l’anomalocaris (500 millions d’années).

La double formation géologie/biologie lui profite : comprendre comment les fossiles ont été conservés et quels sont les minéraux et sédiments qui ont permis de les conserver restent les objets de questionnement du scientifique et pour cela, il se rapproche de la biologie. Pour tester ses hypothèses sur l’origine de la mobilité animale, il doit pourvoir utiliser le génome des espèces actuelles et établir des déductions à propos de l’ADN sur des possibles  liens de parenté entre les espèces. Finalement pour sa thèse, Jean n’aura pas hésité très longtemps entre la tectonique des plaques et les ostracodes, « c’est comme la généalogie, c’est prenant, on reconstitue notre histoire, notre origine ». Et des ostracodes, il y en a même au Parc de la Tête d’Or à Lyon !

Pour en savoir plus :

 

De la recherche appliquée !

Étienne Cossart, ce n’est pas tant le sous-sol que son interprétation paysagère qui est à l’origine de la passion de Étienne Cossart, 41 ans.

Géomorphologue, le chercheur travaille sur l’érosion, il fait rimer ses 2 domaines de cœur : la géographie et la géologie. Ne pensant d’abord pas se diriger dans l’enseignement supérieur et la recherche, Etienne Cossard opte pour la poursuite d’études longues avec une thèse sur l’érosion comme enregistrement des variations glaciaires sur le secteur de Briançon (Alpes du sud), soit : comment la déglaciation a un signal érosif particulier. L’amour de la montagne l’a conduit à s’intéresser à ces questions et à toujours les creuser, comme par exemple, l’origine anthropique (conséquence de la présence humaine) de l’érosion dans les pratiques des viticulteurs et agriculteurs. « Il faut sortir du schéma de causalité binaire, du type : dès qu’il y a des agriculteurs, il y a défrichement, c’est plus complexe que cela ». Préserver la ressource du sol est un défi déterminant et insuffisamment médiatisé d’après lui.

Etienne Cossart étudie dans quelle mesure les signaux érosifs enregistrent les changements climatiques (Alpes, Islande) et les effets de pratiques anthropiques (terroirs viticoles, notamment).

Étienne a été encouragé : sa directrice de thèse tout d’abord puis les rencontres qui jalonnent son parcours, constituent un cercle vertueux pour atteindre ce niveau. Aujourd’hui c’est lui qui forme les étudiants. Professeur des Universités, il encadre leur travail et leur impulse des objectifs. La recherche fondamentale doit être valorisée, elle est utile pour la société et ses enjeux contemporains à savoir : le problème de gestion des ressources des sols, la sensibilisation au réchauffement climatique…  De la recherche fondamentale oui, mais avec des retombées sociales. Les étudiants apprennent à se forger une vision dépassionnée. Avec ses trois casquettes, Étienne jongle entre l’enseignement, la recherche et la gestion de la recherche ; cela lui convient bien, il est très attaché à faire progresser sa discipline… La formation et la diffusion du savoir lui tiennent à cœur.

Pour en savoir plus :

 

Les mystères du temps profond

Guillaume Suan, enseignant-chercheur en géologie, est spécialisé dans les liens entre changements environnementaux et perturbations géochimiques globales dans les temps anciens.

Autre chercheur en géologie : Guillaume Suan

 

Les Mercredis de l’Anthropocène – Saison 2

LLes Mercredis de l’Anthropocène – Saison 2

Les Mercredis de l’Anthropocène, créés et mis en oeuvre par l’Ecole urbaine de Lyon, aux Halles du Faubourg, invitent à mieux comprendre le monde urbain anthropocène. Chercheurs et spécialistes de tous horizons, à partir de sujets précis, croisent leurs paroles, pointent des problématiques et mettent au jour des solutions.

En partenariat avec Rue89Lyon, Lyon Capitale, Le Petit Bulletin et Lyon City Crunch.

Les Mercredis de l’anthropocène sont accompagnés par la permanence de la Ruche Qui Dit Oui. Cette association crée un réseau de producteurs locaux, qui fixent eux-mêmes leurs prix, afin de favoriser le circuit court. Elle garantit la qualité des produits et accompagne une transition agricole qui tend vers une logistique réinventée, faisant rimer proximité et durabilité. Elle sera présente chaque mercredi aux Halles du Faubourg, de 18h à 19h30.
S’inscrire à la Ruche qui dit Oui

PROGRAMMATION DE LA SAISON 2

18 SEPTEMBRE
L’ESPACE AU CINÉMA
S’il est incontestablement un art du temps, le cinéma est avant tout et fondamentalement un art de l’espace. Sans ce dernier, point d’image et, partant, point de film. Sans lui aussi, point de spectateur, car aller au cinéma n’est-ce pas d’abord prendre place dans l’espace, celui de la salle bien sûr, mais aussi, au-delà, au sein du dispositif prévu par l’institution cinématographique ?
Intervenants :
– André GARDIES : ancien professeur d’études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Lumière Lyon2, spécialiste de sémio-narratologie, il a publié de très nombreux articles ainsi qu’une dizaine d’ouvrages. En mars 2019, il publie « L’espace au cinéma » aux éditions Klincksieck, préfacé par Alfonso Pinto et Bertrand Pleven.
– Bertrand PLEVEN : professeur à l’IUFM de Paris université Paris-IV, il mène actuellement une thèse de géographie sur les territoires urbains dans le cinéma contemporain et les fictions audiovisuelles. Il est responsable de la rubrique cinéma des Cafés géographiques et de la revue Géographie et cultures.

25 SEPTEMBRE
LES MATÉRIAUX BIOSOURCÉS
Les engagements pris par les États lors de la COP21, pour endiguer les dérèglements climatiques, appellent une forte réduction de l’empreinte environnementale des bâtiments existants et futurs. Mettre en œuvre des matériaux à base de plantes à croissance rapide répond à cette exigence.
Intervenants :
– CHEN Haoru est architecte, fondateur de l’Atelier CHEN Haoru, professeur associé à la China Academy of Art de Hangzhou, et professeur invité à l’Université de Nankin. Il figure parmi les finalistes du FIBRA Award 2019.
– Romain ANGER est ingénieur et docteur spécialiste des architectures de terre, directeur scientifique d’amàco, l’atelier matières à construire.

2 OCTOBRE
ESPACE ET PERCEPTION DU SACRÉ
Comment l’anthropocène permet-il de repenser l’articulation entre perception de l’espace et construction du sacré ?
Intervenants :
– Benoît VERMANDER, sinologue et politologue, est professeur à l’université Fudan de Shanghai où il dirige le Centre de recherche Xu Guangqi-Matteo Ricci pour le dialogue. Il a longtemps dirigé l’institut Ricci de Taipei (Chine), dont il reste directeur de recherche.
– Christophe BOUREUX, frère dominicain du Couvent de La Tourette. Docteur en théologie et en anthropologie religieuse, il enseigne la théologie systématique à l’Université Catholique de Lyon. Parallèlement, il travaille sur la gestion paysagère et forestière de La Tourette.

9 OCTOBRE
POUR UNE BIODIVERSITÉ CULTIVÉE
Le plus grand conservatoire de semences du monde est russe, et c’est à Charly près de Lyon que s’ouvre en 2019 sa première antenne à l’étranger. Son enjeu est de développer la biodiversité cultivée, afin de repérer les plantes résistantes à la sécheresse et aux maladies.
– Stéphane CROZAT, ethnobotaniste et historien d’art des jardins, directeur scientifique du Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA). Il est à l’origine d’une méthodologie unique et transversale appliquée à la connaissance, la protection et les valorisations de la biodiversité végétale domestique locale.
– Alain ALEXANIAN, chef lyonnais iconoclaste, qui depuis longtemps agit contre la malbouffe. Son credo : manger bio, consommer local sans forcément mettre la main au porte-monnaie. Il rédige en 2009 la charte de Développement Durable pour les cuisiniers avec le concours du WWF ; il publie en 2011 « L’art de bien manger bio : iFood » chez Utovie.

16 OCTOBRE
L’IMPACT DES RESSOURCES NATURELLES SUR LE DÉVELOPPEMENT
Les ressources naturelles sont, avec les populations et les territoires, un des trois enjeux principaux du pouvoir et constituent, à ce titre, une source importante de défis économiques. La relation entre ressources naturelles au sens large – biologiques, minérales et énergétiques, matières premières et produits agricoles – et développement, est un des grands paradoxes de la macro-économie du développement.
– Jérémie CHOMETTE, directeur général de la Fondation Danièle Mitterrand – France Libertés. Avant cette fonction, il était chargé des programmes au Kurdistan ainsi que du partenariat entre la Fondation France Libertés et la Fédération d’éducation populaire Léo Lagrange.
– Mathieu COUTTENIER, économiste, actuellement en poste à l’École Normale Supérieure de Lyon, il est nominé parmi les meilleurs jeunes économistes 2019. Ses recherches se situent à l’intersection entre l’économie et les sciences politiques, et elles intègrent les questions culturelles, institutionnelles et géographiques. Il se concentre sur les questions microéconomiques, en particulier dans le domaine de l’économie politique appliquée.

23 OCTOBRE
UNE SECONDE VIE POUR LES OBJETS ET LES MATÉRIAUX USAGÉS
Les crises économiques, les conséquences de la surexploitation des ressources naturelles, et l’émergence d’une conscience environnementale ont partout favorisé l’apparition de pratiques de récupération et de réutilisation d’objets et de matériaux usagés.
Intervenants :
– Joanne BOACHON, architecte, directrice-fondatrice de Minéka, matériaux de construction à (Ré)utiliser
– Nathalie ORTAR est directrice de recherche à l’École Nationale des Travaux Publics de l’État, ses recherches portent sur habiter et mobilité / l’énergie / recyclage et récupération.

13 NOVEMBRE
FORMES URBAINES ET BACTÉRIES
Quels sont les liens entre les morphotypes urbains, industriels, péri-urbains et la persistance de certaines espèces bactériennes pathogènes ? Ou comment mieux comprendre l’écologie des bactéries pathogènes en ville, afin de définir des points-clés sur lesquels agir pour éviter la dissémination, l’exposition ou le développement de résistance par ces bactéries.
Intervenants :
– Benoît COURNOYER est directeur de recherche au sein du Laboratoire Écologie Microbienne – Université Claude Bernard Lyon 1 / VetAgro Sup. Ses recherches portent sur l’écologie et l’évolution des bactéries pathogènes opportunistes de l’homme.
– Laurent MOULIN est directeur de recherche au Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains – École des Ponts Paris Tech / Université Paris-Est Créteil / AgroParis Tech. Ses recherches portent sur les risques sanitaires des eau de consommation.

20 NOVEMBRE
COMPRENDRE ET ÉVITER LES MENACES ENVIRONNEMENTALES
Les bouleversements provoqués par les activités humaines pourraient faire sortir l’humanité des conditions favorables et relativement stables de l’Holocène. Des pistes s’offrent à nous pour limiter les processus à l’oeuvre.
Intervenants :
– Bruno CHARLES, Vice-président de la Métropole de Lyon – Développement durable, Biodiversité, Trame verte et Politique Agricole.
– Natacha GONDRAN, ingénieure, enseignante et chercheuse au sein du laboratoire Environnement Ville Société / composante Mines Saint-Etienne. Co-auteur, avec Aurélien Boutaud, du rapport « Limites planétaires : comprendre (et éviter) les menaces environnementales de l’anthropocène ».

27 NOVEMBRE
EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE ET IMAGINAIRE DE L’ANTHROPOCÈNE
L’entrée dans l’anthropocène donne naissance à de nouveaux imaginaires sociaux, de nouvelles formes de création, de nouvelles esthétiques, à d’autres façons de raconter des histoires du Monde et de la mondialisation, de la planète et de son avenir, des individus et de leurs désirs et volontés.
Animateur : Alfonso PINTO
– Elise DOMENACH, philosophe, est maîtresse de conférences en études cinématographiques à l’Ecole normale supérieure de Lyon. Critique de cinéma (membre du comité de rédaction des revues Positif et Esprit), elle a édité et traduit plusieurs ouvrages, notamment « Stanley Cavell, le cinéma et le scepticisme » (PUF, 2011).
– Matteo MESCHIARI, professeur associé à l’Université de Palerme depuis 2015, où il enseigne la géographie et l’anthropologie de la communication. Ancien chercheur en patrimoine démo-ethno-anthropologique, il a enseigné l’anthropologie culturelle et l’anthropologie du paysage. Il a également enseigné en France dans les universités de Lyon, Avignon et Lille.

4 DÉCEMBRE
LA LUMIÈRE À L’HEURE ANTHROPOCÈNE
La lumière, naturelle et artificielle, est indispensable à l’humanité. Elle est tout autant objet de recherche que de rêverie. La bioluminescence, c’est-à-dire l’émission de lumière par des organismes vivants, est-elle une piste d’avenir ? Et comment les artistes s’en saisissent-ils à l’heure de la ludification généralisée des villes ?
Intervenants :
– David AMANS est physicien, enseignant-chercheur au laboratoire l’Institut Lumière Matière, en co-tutelle CNRS et Université Claude Bernard Lyon 1.
– Anna-Eva BERGE : artiste plasticienne, dissimulée derrière l’acronyme A.I.L.O (Atelier d’Immersion Lumineuse et Obscure), expérimente les processus d’interaction entre lumière et obscurité, palpable et impalpable, réalité et reflet, pour créer des volumes, des installations ou des sculptures.

11 DÉCEMBRE
VERS UNE PROSPECTIVE ANTHROPOCÈNE
Afin de relever les enjeux du monde urbain anthropocène, quels sont les dispositifs de réflexion prospective et stratégique que l’État et les collectivités puissent mettre en oeuvre ?
Intervenants :
– Stéphane CORDOBES : chercheur et enseignant en prospective territoriale et urbaine, il est conseiller « recherche et prospective » au Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Il interroge, en particulier, l’expérience prospective et la façon dont cette pratique pourrait contribuer à relever les enjeux du monde urbain anthropocène.
– Christophe VANDEPOORTAELE, est Directeur Général Adjoint des services du Grand Annecy (démarche en cours : « Imagine le Grand Annecy en 2050 »).

18 DÉCEMBRE
TEMPS GÉOLOGIQUE ET TEMPS HISTORIQUE
Les différentes évolutions dépendent de la durée de la période considérée. Différentes échelles de temps sont étudiées : le siècle, le millénaire, le million d’années etc. Par exemple, comment les variations climatiques s’apprécient-elles à ces différentes échelles ? Quelles en sont les causes et les conséquences ?
Intervenants :
– Pierre CORNU est historien, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2 et membre du Laboratoire d’Etudes Rurales. Ses recherches développent une approche historique de la question de la domestication du vivant et de son effet retour sur l’ordre social, politique et symbolique.
– Pierre THOMAS est géologue, professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Son laboratoire de référence est le Laboratoire de Géologie de Lyon : Terre, Planète, Environnement. Outre la planétologie, il enseigne aussi l’histoire de la Terre et des climats, l’origine de la vie… Son implication dans la diffusion des connaissances auprès du grand public et dans la formation initiale et continue des enseignants de lycée est reconnue.