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Cinq compétences fondamentales de leadership pour donner envie d’agir

CCinq compétences fondamentales de leadership pour donner envie d’agir

Le leadership ne se décrète pas, aussi crucial soit-il. Cinq compétences permettent à un manager de mobiliser les membres de ses équipes au service de clients toujours plus exigeants.

Le travail des managers de nos jours consiste à résoudre une équation délicate. Les enjeux sont aigus et nouveaux. Par exemple, le niveau de qualité de service demandé par le client continue à augmenter dans un environnement concurrentiel intense où les transformations technologiques s’accélèrent. En outre, les managers doivent tenir compte du fait que les salariés manquent d’une motivation suffisante pour y répondre pleinement : la plupart des enquêtes montrent, et en particulier en France, de faibles niveaux en termes de participation, de confiance, de satisfaction et de volonté de s’engager).

C’est ce qui amène de nombreuses entreprises à demander aux managers de faire en sorte que leurs collaborateurs coopèrent mieux. Or comme l’a montré Barnard dès 1938, le leadership du manager joue un rôle clé pour motiver les collaborateurs à coopérer. De quelles nouvelles compétences de leadership les managers ont-ils besoin dans ce contexte ? Comment peuvent-ils les acquérir ?

Nous avons mis en évidence cinq compétences essentielles pour que les managers donnent envie aux collaborateurs de donner le meilleur d’eux-mêmes et d’agir au service de buts communs. Chacune est fondée sur un courant spécifique de la recherche et de la pratique managériale.

La psychologie positive au service du leadership

Deux compétences sont issues des recherches en psychologie positive appliquées au leadership. Elles permettent de créer le contexte dans lequel les collaborateurs vont agir. La première consiste à poser les fondements de la coopération. Elle se décline en plusieurs pratiques, d’abord la mise en place d’une relation de confiance qui répond aux besoins primordiaux d’appartenance des salariés. Cela se fait par exemple en soignant l’accueil et l’inclusion des nouveaux recrutés afin qu’ils se sentent membres à part entière d’un collectif de travail. Une autre pratique déterminante consiste à partager régulièrement les buts communs et à clarifier leur adéquation avec les buts de chacun, ce qu’on appelle aussi « la vision », dont on a montré qu’elle était le moyen le plus efficace d’unir un groupe d’êtres humains.

Sur ces bases, une seconde compétence de leadership amène à construire un environnement favorable à l’action, en particulier en développant l’optimisme des personnes par l’utilisation des mécanismes découverts dans les expériences sur la puissance et l’impuissance acquise. Il s’agit de mettre en évidence le plus systématiquement possible les liens de cause à effet entre une action d’un collaborateur et ses conséquences. Après une réussite, il ne s’agit pas seulement de la célébrer, mais aussi de partager en profondeur avec toute l’équipe un retour d’expérience sur l’ensemble des comportements qui ont permis le succès, de façon à pouvoir les reproduire.

L’art du silence

Les deux compétences suivantes s’inspirent des travaux en psychologie sociale sur « l’empowerment » et la prise de décision collective ainsi que des pratiques de coaching de personnes et d’équipes. Une troisième compétence fondamentale de leadership fondamentale consiste à accompagner un collaborateur afin qu’il construise une décision et élabore un plan d’action de façon autonome et responsable dans sa zone de délégation face à des difficultés nouvelles pour lesquelles il n’y a pas de réponse standard. Cela implique de la part du manager d’utiliser des méthodes comme le modèle GROW et de faire appel à des pratiques dont l’importance est encore fortement sous-estimée en leadership : l’art du silence ou des questions puissantes qui ne visent pas la compréhension de ce que fait l’autre mais sa mise en action, comme lorsque l’on demande « comment vas-tu t’y prendre ? » plutôt que « peux-tu m’expliquer pourquoi tu as fait ça ? »

La quatrième compétence permet d’organiser et d’animer la prise de décision en équipe en donnant voix au chapitre à l’ensemble des parties prenantes, ce qui présente le grand avantage de limiter l’effet de conformité qu’on appelle la « pensée de groupe » (mieux connu sous le nom de « groupthink »). Cela passe par la capacité à bien intégrer au processus de décision une solide phase de divergence qui se nourrit de nombreux avis, même et surtout minoritaires, avant de converger vers une décision commune et de l’appliquer.

L’envie de coopérer même dans l’adversité

La dernière compétence a sa source dans les recherches en comportement organisationnel, en communication et en négociation. Grâce à elle, on donne envie aux collaborateurs de continuer à coopérer même dans l’adversité. Elle se décline en plusieurs pratiques. Par exemple il convient de savoir annoncer de mauvaises nouvelles de façon empathique et juste. Recevoir une information de façon sincère, dans les temps, en étant soutenu est en effet souvent au moins aussi important que son contenu. La pratique consistant à donner un feedback négatif de façon assertive et constructive est également utile en cela qu’elle peut, quand le retour est fondé, transformer la résistance en acceptation. Enfin on amène ses collaborateurs à savoir négocier de manière intégrative quand ils sont en désaccord en leur apprenant à se centrer sur les intérêts compatibles de chacun, qui sont sous-jacents, plutôt que sur des positions de surface inflexibles.

TedX.

Ces cinq compétences et l’ensemble de leurs pratiques associées permettent aux managers d’activer le pouvoir d’agir de leurs collaborateurs en incarnant un leadership ouvert, délégatif, responsabilisant, et facteur d’efficacité et d’épanouissement dans la réalisation des missions. Ces compétences et ces pratiques ont fait l’objet d’accompagnements et de formations de plusieurs milliers de managers dans les différents programmes de formation continue et de transformation managériale ainsi qu’en master et en Executive MBA par les auteurs au cours des dix dernières années. Des mesures d’impact, qui ont été présentées dans un autre livre, ont montré que lorsque les managers intégraient ces compétences et mettaient en œuvre les pratiques qui leur sont associées, les conséquences pour eux-mêmes ainsi que pour leurs collaborateurs et leurs entreprises étaient favorables en termes d’efficacité de l’action et de satisfaction des personnes.

Une expérience à vivre

La question du « comment » doit être également abordée. Selon Goldsmith, anciennement chercheur en leadership et aujourd’hui coach de dirigeants et essayiste célèbre, le plus grand défi pour les managers en termes de leadership n’est pas de comprendre leur pratique mais bien de pratiquer leur compréhension.

Le leadership est d’abord un art, une expérience à vivre. Il ne peut être acquis que par une mise en œuvre accompagnée qui se fait pas à pas, avec des allers et retours constants entre compréhension, essais sur le terrain, erreurs, émotions, partages avec des pairs, réflexion, écriture de l’expérience et retour à la pratique. C’est la raison pour laquelle sont présentés dans le livre « Leadership experience », en plus des théories qui fondent chaque pratique, un mode d’emploi, des conseils concrets et des témoignages pour tester celle-ci dans un objectif d’apprentissage et de progrès constant.The Conversation

 

> Les auteurs : Thierry Nadisic, Professeur en Comportement Organisationnel, EM Lyon Business School,

Thomas Misslin, Doctorant, Sciences de Gestion, Dauphine-PSL – Chef de projet, Executive Education, EM Lyon Business School

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation

Parlez-nous de… collaboration entre chercheurs et professionnels

PParlez-nous de… collaboration entre chercheurs et professionnels

La Bibliothèque Diderot de Lyon, vous invite à sa rencontre avec des chercheurs et les professionnels de divers secteurs.
Rejoignez-les pour une discussion enrichissante sur les synergies entre leurs mondes.

La recherche et le terrain : comment travailler ensemble ?

Avec ce numéro de Diversité, nous nous intéressons aux situations où la recherche et les praticiens ont fait le choix de travailler et de chercher ensemble, nécessitant pour les uns et les autres de confronter leurs attentes, d’ajuster leurs points de vue et de dégager des espaces de collaboration. L’ambition y est de construire ensemble des dispositifs pour que les expertises et les expériences des uns et des autres trouvent leur place dans une démarche commune.
Ces recherches ne se font donc plus « sur » les acteurs et actrices, mais « avec » eux, autant pour éviter d’instrumentaliser ceux-ci que pour développer des recherches plus contextualisées, qui ont donc plus de chance d’avoir une issue utile pour les professionnels, comme pour les apprentissages des élèves. Trois parties pour ce numéro : comment peut-on qualifier ce lien entre la recherche et ses terrains ?
En termes de méthode et de démarche, qu’est-ce que collaborer (co-laborer) veut dire ?
Comment s’organisent ces collaborations en actes ?

> Les interevant.e.s 

  • Karine Becu-Robinault | Maitresse de conférences HDR à l’ENS de Lyon, membre du laboratoire Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations – ICAR
  • Gilles Herreros | Professeur à l’université Lumière Lyon 2, membre du Centre Max-Webe
  • Léo Lecardonnel | Directeur d’école et formateur, académie de Paris
  • Valérie Lussi-Borer | Professeure associée à l’université de Genève
  • Charles Nicaud | Doctorant l’université de Rouen Normandie, membre du CIRNEF
  • Marion Van Brederode | Chargée d’enseignement à l’université de Genève

> Les animateurs

  • Régis Guyon |Rédacteur en chef de la revue Diversité
  • Patrick Rayou | Professeur émérite à l’université Paris 8, membre de l’équipe ESCOL

 

>> Pour plus d’information rendez-vous sur le site : 

Bibliothèque Diderot de Lyon

Que sait-on du travail ? Les apports des sciences sociales pour comprendre le travail

QQue sait-on du travail ? Les apports des sciences sociales pour comprendre le travail

©DR

Conditions de travail, qualité des emplois, choix managériaux et d’organisation, santé et sens du travail : les apports des sciences sociales à la compréhension de la situation du travail en France.

Présentations et discussions autour de l’ouvrage Que sait-on du travail ? paru aux Presses de sciences Po

Le travail en France a fait l’objet de nombreuses recherches en sciences sociales, qui permettent d’établir de façon précise ce que nous savons en matière de qualité du travail, de sens du travail, de conditions de travail, d’organisation du travail, de management, de démocratie au travail, de santé au travail…ces résultats peuvent également servir de base pour des pratiques d’entreprises plus respectueuses du bien-être des salariés et pour des politiques en faveur de la qualité de l’emploi et du travail, afin d’améliorer la soutenabilité du travail tout au long de la vie.

L’ambition de l’ouvrage Que sait-on du travail ?, publié aux Presses de Science Po en octobre 2023, est précisément de mettre à disposition ces apports afin de nourrir le débat le débat et de développer des pratiques et politiques innovantes dans ce domaine.

L’événement réunira plusieurs auteurs et autrices de l’ouvrage, issus de différentes disciplines (économie, sociologie, science politique, ergonomie…) qui présenteront leurs contributions portant sur la qualité du travail et de l’emploi, le management et l’organisation du travail, la soutenabilité du travail, le rapport au travail, les politiques de l’emploi…

Intervenants :

  •    Dominique Méda, sociologue, sur la crise du travail en France ;
  •    Laurent Cappelletti, gestionnaire, sur le management de proximité ;
  •    Juan Sebastian Carbonell, sociologue, sur le travail dans l’industrie automobile ;
  •    Catherine Delgoulet, ergonome, sur les pénibilités et la soutenabilité du travail ;
  •    Christine Erhel, économiste, sur la qualité de l’emploi et les métiers essentiels ;
  •    Bernard Gazier, économiste, sur les jeunes NEETs en France ;
  •    Bruno Palier, politiste, sur les stratégies du low cost à la française.

Discutants :

  • Thomas Fontaine, Keolis ;
  • Bernard Laurent, Professeur à la EM Lyon, IRES ;
  • Sophie Hatte, ENS de Lyon, CERGIC.

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : 

ENS DE LYON

Travailler autrement | Printemps des métiers

TTravailler autrement | Printemps des métiers

L’École Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques – ENSSIB, vous invite au Printemps des métiers à l’Enssib. Dans un contexte de profonde mutation du rapport au travail, entre dynamique d’individualisation et nouvelles aspirations sociétales, quelles sont les contraintes et les leviers d’évolution aujourd’hui pour les organisations ?

Cette journée d’étude présentera des pistes de réflexion et des actions interrogeant les compétences, individuelles et collectives, dans un contexte de transformation des organisations publiques.

>> PROGRAMME

  • 9h- 9h30 | Accueil café
  • 9h30 | Propos introductifs par Nathalie Marcerou-Ramel, directrice de l’Enssib
  • 9h45-10h30 | Les Français·es ont-ils la flemme ? Évolution des conditions de travail et transformations organisationnelles depuis les années 1980.
    Conférence de Maëlezig Bigi, sociologue, maîtresse de conférences au Cnam, chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Lise) et affiliée au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET).
  • 10h30-11h15 | Le manager : un levier pour plus d’efficacité collective ?
    Conférence d’Anne Boraud, conservatrice des bibliothèques, doctorante en sciences de gestion (CEDAG-Paris Cité), formatrice en accompagnement au changement.
  • 11h15-11h30 | Pause
  • 11h30-12h30 | Prendre soin : la créativité et l’innovation au service du manager.
    Conférence de Magalie Le Gall, apprentie art-thérapeute depuis septembre 2022 à l’Inecat, Paris et Thomas Antignac, responsable de bibliothèque L1 de Sorbonne Université, Paris
  •  12h30-14h | Déjeuner libre
    Présentation et expérimentation du chêne à palabres, outil de facilitation pour accompagner les changements en entreprise. Avec Nathalie Nathan, designeuse et architecte, conceptrice du Chêne à Palabres, fondatrice de l’entreprise Workfriendly.
  •  14h-15h | Café et ateliers participatifs, organisés par les élèves conservateurs promus
    (uniquement en présentiel sur inscription, un atelier au choix, places limitées)

    • 1- Comment manager différentes générations ? Comment créer un collectif intergénérationnel ?
    • 2 – Comment attirer, intégrer et valoriser de nouvelles compétences métier ?
    • 3 – Comment favoriser la transmission des compétences et faire progresser le collectif ?
  • 15-16h15 |Table ronde – Comment les dispositifs de travail influent sur les compétences collectives?
    Modération : Raphaële Gilbert, chargée de mission Évolution des bibliothèques et de leurs métiers, Service du Livre et de la lecture Ministère de la Culture. Avec la participation de :
    – Aurélie Bertrand, responsable du centre de la lecture publique
    – Isabelle Eleuche, directrice du SCD de l’université Lyon 1
    – Corinne Maubernard, chargée de mission Aide au pilotage et conduite du changement – Responsable du département Sciences et Technologies -SCD Aix-Marseille Université
  • 16h15-16h30 | Grand témoin
    Thierry Rousseau, sociologue, chargé de mission au département Études Capitalisation Prospective (ECP) de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et rédacteur en chef de la Revue des conditions de travail.

>> Suivez cette journée en direct sur la chaîne YouTube de l’Enssib

 

>> Pour plus d’information rendez-vous sur le site :

ENSSIB

 

Réapprendre le commun à l’épreuve de la vulnérabilité. La crise un levier d’espérance ?

RRéapprendre le commun à l’épreuve de la vulnérabilité. La crise un levier d’espérance ?

Face à la vulnérabilisation croissante de nos sociétés et institutions, 23 scientifiques (philosophe, neurologue, juriste, médecin, théologien, architecte, psychologue…) sont appelés à réfléchir sur les défis à venir du vivre-ensemble : transition écologique, refondation de la démocratie, reconstruction du lien social, du système éducatif au monde du travail.

Si les termes « vulnérabilité » et « vulnérable(s) », depuis leur usage en Sciences Humaines et Sociales dès la fin du 20e siècle, ont été souvent utilisés pour désigner des catégories déterminées de personnes et de groupes, ou des conditions spécifiques (âges de la vie, statut social, marginalisation économique…) les derniers évènements nous obligent à reconnaître la vulnérabilisation systémique de nos sociétés dans leur complexité grandissante : de la crise environnementale à la fragilisation des démocraties ; de la radicalisation des conflits (politiques, sociaux, religieux…) à la montée des inégalités dans et entre les pays.

L’originalité du projet porté par la Chaire est d’explorer et de mettre à l’épreuve de la société ce concept à la fois plus large et plus radical de vulnérabilité. Le premier colloque, « Vulnérabilité(s). Du cadre théorique aux enjeux pratiques », a permis d’évaluer la pertinence scientifique du concept à la croisée des champs disciplinaires et d’en mesurer les enjeux sociaux, le caractère éminemment opératoire.

Ce deuxième colloque de la Chaire Vulnérabilités entend réfléchir, toujours par une approche pluridisciplinaire, aux crises qui frappent nos systèmes de vie en commun et qui sont autant de manifestations d’une vulnérabilité partagée, ce qui met en relief un long et profond « déclin de l’institution » (Cf. F. Dubet, 2010) ; ce qui nous met face à une éclipse de l’institutio s’exprimant dans plusieurs « endroits » du vivre-ensemble : l’État, l’éducation, la santé, l’environnement, la famille, l’économie, le travail…

AAu programme :

  • Mercredi 25 octobre – 18h – 19h30 / Conférence inauguraleCarla Canullo, professeure de philosophie à l’université de Macerata (Italie), invitée du Collegium de Lyon, proposera une réflexion autour de La blessure qui sauve : la vulnérabilité entre crise et effondrement.

 

  • Jeudi 26 octobre – 9h – 17h45

9h – 12h20 : Comprendre la crise – où l’on parlera d’expérience historique de la crise, où l’on débattra de droit et de bioéthique, où l’on pensera les vulnérabilités systémiques en santé à l’heure de la médecine personnalisée, de la puissance spirituelle de la non puissance, des enjeux de la vulnérabilité au travail…

14h00 – 17h45 : Réapprendre à vivre ensemble – où l’on parlera de l’impact des crises sur le système d’éducation, où l’on dialoguera entre psychologie et sociologie pour partager les tendances et décrypter les représentations sociales de la vulnérabilité chez quelques travailleurs du social, où l’on explorera les régimes de  l’hospitalité, où l’on se se demandera comment la pratiquer…

>> Retrouver le programme détaillé et le formulaire d’inscription sur :

UCLY – Chaire Vulnérabilités

 

Liberté, égalité, ubérisé

LLiberté, égalité, ubérisé

Le Rize-Villeurbanne accueille une exposition multimédia, issue d’un projet de recherche, dévoilant les expériences de travail de livreurs dans trois villes du monde. 

« Portant des sacs colorés, à moto ou à vélo, les livreurs de repas sont omniprésents dans toutes les villes. Derrière les petits points énergiques et dépersonnalisés qui bougent sur les écrans de nos smartphones, on découvre des histoires de migration, de précarité et de résistance. Faisant partie d’un projet de recherche scientifique, cette exposition rassemble des illustrations graphiques pour dévoiler les expériences de travail des livreurs de repas à Lyon, Manchester et Cluj-Napoca ».

En partenariat avec : le Leverhulme Trust

Vernissage et rencontre avec le chercheur le jeudi 5 octobre, de 18H30 à 20h – Sur invitation.

Pour en savoir plus :

RIZE

Le débat sur la valeur travail est une nécessité | The Conversation

LLe débat sur la valeur travail est une nécessité | The Conversation

Débattre de la notion de travail devrait questionner la centralité même de ce dernier dans nos vies par rapport à d’autres enjeux, comme la famille, l’intime, la place du politique.
Sarah CHai/Pexels, CC BY-NC-ND

La question du travail est au cœur de questions brûlantes d’actualité telles que la réforme des retraites, l’utilisation industrielle de l’intelligence artificielle ou bien encore la remise en cause du modèle productiviste.

Paradoxalement ces multiples interrogations sur les évolutions concrètes du travail ont lieu au moment même où le travail continue à être présenté comme une valeur morale indiscutable et cela de la gauche à la droite de l’échiquier politique.

Tout se passe comme si les débats nécessaires sur les transformations de la place du travail dans notre quotidien étaient limités voire empêchés par un consensus non interrogé, une doxa, sur la centralité indépassable du travail pour avoir un revenu, pour s’émanciper, pour créer de la solidarité, etc.

Et pourtant accepter de débattre sur la place du travail dans la société de demain est sans doute un préalable à toute bifurcation nous permettant de remédier à la triple crise économique, démocratique et écologique que nous vivons.

DDéfinir l’espèce humaine

Le travail, activité visant à transformer son environnement, peut être perçu comme l’élément qui définit la spécificité humaine. L’homme en créant par le travail les conditions de son existence se différencie ainsi de l’animal soumis aux aléas de la nature. Simultanément le travail comme effort pour aller au-delà de soi-même est perçu comme un moyen d’émancipation. Dans ces conditions, le travail comme valeur morale reste central alors même que le travail comme activité économique n’obéit plus à la même nécessité qu’autrefois du fait de l’évolution technologique.

Déjà l’ouvrier spécialisé a été remplacé par la machine dans de nombreuses entreprises et nous sommes aujourd’hui avec l’intelligence artificielle au début de questionnements quant à l’avenir des activités intellectuelles. Cette tension entre la raréfaction du besoin de travailler pour produire de la richesse économique et le consensus autour de la nécessité de travailler et l’une des sources, dans nos sociétés, de dégradation de l’emploi (défini comme du travail rémunéré).

Faute d’envisager une diminution drastique du temps de travail et de décorréler obtention d’un revenu et emploi, nous assistons à une lente dégradation de la qualité et de l’intérêt du travail : précarisation, parcellisation des tâches, etc.

Cela se traduit par des phénomènes comme «les bull shit jobs» mis en évidence par l’anthropologue David Graeber, le «quiet quitting» (faire le minimum dans l’emploi qu’on occupe), la souffrance au travail, ou la grande démission. Cela participe aussi à l’opposition des Français au report de l’âge de la retraite et à la montée d’un ressentiment vis-à-vis des élites économiques mais aussi politiques ce qui alimente la crise démocratique.

LLe travail contre la démocratie ?

Certains, qui ont la chance d’exercer des métiers intéressants et rémunérateurs semblent défendre la dimension émancipatrice du travail alors que, dans les faits, ce qu’ils défendent réellement c’est l’obligation faite à des personnes peu qualifiées d’accomplir des tâches pénibles et non porteuses de sens qu’ils ne veulent pas accomplir.

Homme triste avec cravate
Aujourd’hui, on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux.
Andrea Picquadio/Pexels, CC BY-NC-ND

Ce phénomène, que le philosophe André Gorz nomme «dualisation salariale» est dangereux pour la démocratie car il éloigne l’horizon d’égalité. Cette dualisation salariale se couple avec l’idée de subordination propre à tout contrat salarial. Pour le dire autrement, on défend l’idée morale d’un travail émancipateur qui se traduit par un contrat salarial producteur d’inégalités et réducteur d’autonomie.

Or la démocratie est auto nomos (autonomie) la capacité à faire et défaire collectivement les normes qui nous gouvernent comme le rappelait Cornélius Castoriadis.

ÊÊtre libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique

En effet, la valorisation morale du travail semble une donnée intemporelle, naturelle, alors que dans la Grèce antique, quand on parlait de valeur on discutait du beau, du bien ou du vrai mais pas du travail. D’ailleurs, ainsi que le soulignait la philosophe Hannah Arendt, il fallait même être libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique

Aujourd’hui, au contraire, à travers le télétravail on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux.

Ce temps consacré à l’économique est d’autant plus important que nous sommes rentrés dans une économie de l’attention qui occupe une large part de nos loisirs. Cette temporalité hégémonique du travail et de la consommation correspond à ce que Karl Polanyi (1983) nomme une société de marché, c’est-à-dire une société qui n’est plus régulée par des lois délibérées mais par les règles de l’échange marchand. De ce fait, nous avons de moins en moins de temps pour vérifier les informations, pour remettre en cause des évidences, pour construire sereinement dans la délibération des désaccords féconds. Cela dans une période où il nous faut pourtant prendre le temps d’inventer des solutions collectives pour aller vers une société plus résiliente et écologique.

VValeur travail ou soutenabilité écologique, il faut choisir

L’impératif moral d’avoir une activité productive rémunérée fait passer au second plan l’utilité sociale et écologique de la production. Autrement dit, nous sommes dans une société où on ne travaille plus pour produire plus mais où on produit plus pour pouvoir être en mesure de travailler plus.

Ainsi, produire plus d’automobiles ne permet pas d’aller plus vite et d’être plus libre, cela crée des embouteillages et de la pollution ce qui créera de nouveaux marchés nécessitant plus de travail dans l’invention et la production de véhicules plus rapides ou plus écologiques. Nous pouvons faire référence à Ivan Illich qui montrait dans La convivialité et cela dés 1973, que l’automobile ne permettait pas de se déplacer plus vite qu’en vélo mais qu’elle créait, au nom du progrès et la croissance, de la dépendance.

Mini-bus, van, bicyclette
Peut-on imaginer une société plus conviviale sur le modèle proposé par le penseur Ivan Illich?
Pexels/Elviss Railijs Bitāns, CC BY-NC-ND

Or ce paradoxe est catastrophique pour l’écologie. Il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie sur une planète finie. Pour préserver les conditions d’habitabilité de la planète, il semble nécessaire de produire moins et donc accepter de travailler moins. Comment ? Dans quel secteur ?

RRemettre en question la place centrale du travail

Pour que ce débat ait lieu, il faudrait débattre de la valeur travail et remettre en cause sa centralité. Or ce débat n’est pas simple car il renvoie, tout d’abord, à des questions débattues mais qui n’ont pas, pour l’instant, trouvé de réponses consensuelles.

La première, mise en évidence à l’occasion de l’épisode de Covid-19, est celle de la juste rémunération des tâches. Les tâches socialement les plus utiles – celle du care notamment – sont pourtant parmi les moins rémunératrices.

La seconde, ouverte par les débats autour du RSA en France et plus généralement du revenu d’existence en Europe, est celle du découplage du lien entre emploi et revenu.

Cette seconde question entraîne une troisième, celle de la répartition des tâches collectives ingrates si elles ne sont plus assurées par des personnes soumises à des conditions de travail dégradées. Mais ce débat est complexe aussi parce qu’il renvoie à des thèmes non débattus dans l’espace public.

Le premier est celui de la justice distributive (à chacun selon ses mérites). Le droit de vivre doit-il découler de l’effort productif ou du respect de la dignité humaine ? Dans le premier cas, chacun doit apporter une contribution au collectif, dans le second chacun est libre de sa (non) participation. Le deuxième est celui de la valeur économique. Aujourd’hui, l’économie se fonde sur l’idée que la création de richesses repose sur la création de valeur qui elle-même repose sur l’utilité. C’est-à-dire en définitive sur les désirs des individus. Tant que quelque chose répond à un désir humain quelconque il doit être produit. Conception qui engendre de la croissance mais pas nécessairement de l’utilité sociale et de la soutenabilité écologique.

En réalité, le débat sur la valeur travail est à la fois nécessaire et difficile à mettre en place car il vise à remettre en cause la primauté de l’économique sur le politique, le social et l’écologique. Débattre de la valeur travail c’est, au fond, débattre de «ce à quoi nous tenons».

 

Article publié sur The Conversation le 13 juin 2023

Éric Dacheux, Professeur en information et communication, Université Clermont Auvergne (UCA) et Daniel Goujon, Maître de conférences en sciences économiques, Université Jean Monnet, Saint-Étienne

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Débat du campus : Les changements climatiques et environnementaux, quelles conséquences pour la santé ?

DDébat du campus : Les changements climatiques et environnementaux, quelles conséquences pour la santé ?

De nombreuses nuisances environnementales, changement climatique, pollution de l’air, cadre de vie et de travail, impactent la santé des populations. La récente pandémie de SARS-CoV-2 l’a démontré.

Dans ce contexte de bouleversements majeurs quelles connaissances avons-nous des conséquences que cela provoque sur la santé humaine ? Quelles sont les pathologies déjà identifiées ? Comment organiser la prévention et la recherche autour d’une préoccupation fondamentale pour notre siècle et les générations futures ?

 

Avec la participation de :

  • Loïc Blanchet-Mazuel, médecin généraliste
  • Patricia Bretones, endocrino-pédiatre à l’Hôpital Femme Mère Enfant (HFME)
  • Frédéric Haesebaert, psychiatre et docteur en neurosciences.
  • La modération sera assurée par Gilles Escarguel.

 

 

>> Une conférence disponible en présentiel ou en ligne, ici :

 Youtube

>> Plus d’informations :

BU Lyon 1

« Chut ! » : trop de bruit dans les bureaux ouverts du secteur tertiaire

«« Chut ! » : trop de bruit dans les bureaux ouverts du secteur tertiaire

Le bruit au travail a un coût social : 21 milliards d’euros1 selon une étude de l’Ademe menée en 2021. Historiquement, si l’étude acoustique et l’exposition au bruit dans le milieu professionnel étaient principalement associées aux métiers d’usine, l’avènement de l’économie tertiaire a changé la donne. Dans les bureaux ouverts ou « open-space », les opérateurs font état d’une gêne liée au bruit, pouvant entraîner l’amoindrissement de la productivité, fatigue, maladies professionnelles et accidents du travail.

La problématique du bruit dans les bureaux ouverts représente un sujet d’intérêt majeur pour l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Lorsque des membres de l’institut nancéien frappent à la porte du Laboratoire Vibrations Acoustique, leur demande trouve écho chez Étienne Parizet, enseignant-chercheur à l’INSA Lyon. À travers un projet pluridisciplinaire impliquant acousticiens, psycho-acousticiens et ergonomes, cette collaboration de longue date œuvre à comprendre l’apparition de la fatigue pour protéger la santé des opérateurs en préconisant des solutions d’aménagement des espaces de travail ouverts.

Pourtant largement en dessous des contraintes règlementaires2, le bruit dans les espaces de travail ouverts semble être vecteur de fatigue pour les opérateurs. Une enquête suisse réalisée en 2010 auprès de 1230 salariés, faisait état d’une réelle gêne due au bruit, « à 80 % dans les bureaux comptant plus de 50 personnes ». « Dans les locaux d’entreprises tertiaires, le bruit provient principalement de la parole. On trouve dans la littérature scientifique, des premiers tests réalisés il y a près de 50 ans montrant que les bruits de parole réduisaient la performance, en créant une charge mentale plus élevée. Depuis, on a compris qu’une bonne part de cette charge provenait, notamment, des rapides variations du contenu fréquentiel de la voix », explique Étienne Parizet. (…)

Lire la suite de l’article

Redonner du pouvoir aux salariés de la restauration : Innovations et alternatives

RRedonner du pouvoir aux salariés de la restauration : Innovations et alternatives

Dans le cadre du Pôle Travail et de la Chaire Tralim de l’Université Lumière Lyon 2, la Direction Sciences et Société, la Grenade et le GREPs organisent une journée d’étude interdisciplinaire le 24 Avril 2023 sur la thématique « Redonner du pouvoir aux salariés de la restauration : Innovations et alternatives ».

Journée co-portée par la Chaire TrALIM, le Pôle de Spécialité Travail, le GREPS et le Grenade
  • 9H : Accueil et ateliers introductifs
  • 9H30-10H30 : Introduction participative
    “La démocratie au travail dans la restauration : quelles modalités,
    quelles organisations du travail, quels enjeux pour le secteur ?”
    Animation : Marco della Corte, responsable du projet de recherche DLT (Démocratie sur le Lieu de
    Travail) et Elsa Laneyrie, maître de conférences en Psychologie du travail et Ergonomie (GrePS,
    université Lyon 2)
  • 10H30-12H : Table ronde
    “Donner le pouvoir aux salarié·es : une idée à généraliser dans la restauration ?”
    Avec des professionnel·les du secteur (cuisinier·es, enseignant·es, syndicalistes, chercheur·es, etc.)
  • 12H-14H : Pause repas
  • 14H-16H : Ateliers participatifs d’échanges de pratiques
    Chaque participant pourra assister ou contribuer à 2 ateliers de son choix.
    ATELIER 1 :
    Charge mentale, ergonomie, violences et santé au travail… : quels enjeux et quelles réponses spécifiques dans les entreprises démocratiques ?
    ATELIER 2 :
    Démocratiser – vraiment – les prises de décision : comment faites-vous en pratique ?
    ATELIER 3 :
    Performance économique et niveaux de rémunération : la démocratie permet-elle un meilleur salaire pour toutes et tous?
    ATELIER 4 :
    Créer son entreprise autrement et à plusieurs : c’est possible ?
    ATELIER 5 :
    Organisation collective du travail, reconnaissance au travail, gestion des compétences, polyvalence : quels enjeux RH pour développer le modèle démocratique en restauration ?
  • 16H-17H : Mise en commun, conclusion et perspectives

 

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Université Lumière lyon 2