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Université Lumière Lyon 2

LLe couple des Tyrannoctones au centre de l’acte fondateur de la démocratie athénienne | Collections & Patrimoine

© Alexis Grattier

Au cours de cet article, nous parlerons tyrannie, car paradoxalement c’est de la tyrannie qu’est issue la démocratie athénienne. Pour l’aborder, nous regarderons de plus près deux moulages conservés au MuMo : Harmodios et Aristogiton.

Dans la Grèce antique, la tyrannie n’a pas du tout le sens qu’on lui donne aujourd’hui. Le terme de tyran renvoie à un homme qui s’est emparé du pouvoir. Dans cette démarche, il reçoit souvent l’aide des classes populaires las du règne politique et économique des grandes familles aristocratiques. Il peut être issu d’une famille exilée, ou d’importance secondaire, mais il est souvent lui-même membre de ces grandes familles.

Le tyran maintient les lois et les institutions, mais place son action au-dessus d’elles. C’est ainsi que procède le tyran Pisistrate, lorsqu’il prend le pouvoir à Athènes en 561 av. J.-C. Il est le chef du parti populaire. Il respecte les lois en vigueur, s’attire les faveurs du peuple des campagnes par des avances d’argent, et de celui de la ville par le développement du commerce. Puis ses fils, Hippias et Hipparque, lui succèdent. On parle alors de la famille ou de la dynastie des Pisistratides. A la mort de Pisistrate en 527 av. J.-C., son fils et successeur Hippias tente une vaine réconciliation avec les familles nobles exilées sous le règne de son père. Il rappelle alors la famille des Alcméonides et Clisthène est élu premier archonte (magistrat) d’Athènes en 524 av. J.-C. Mais la paix ne dure pas. Hipparque est assassiné par les « tyrannoctones », c’est-à-dire « Les meurtriers des tyrans ». Le MuMo expose justement un groupe statuaire qui représente les « tyrannoctones », Harmodios et Aristogiton (inv.L342 et L343). ©C.Mouchot et A.Grattier/Univ. Lumière Lyon 2. Les originaux sont des statues en bronze, œuvres d’Anténor, érigées sur l’agora d’Athènes au début du Ves. av.J.-C.

© C. Mouchot – Université Lumière Lyon 2

Harmodios est alors tué par les gardes d’Hipparque et Aristogiton est arrêté plus tard, torturé puis exécuté. Acte fondateur de la démocratie, il ne marque pas cependant tout de suite la fin de la tyrannie. Profondément marqué par ce tyrannicide, Hippias instaure une répression sanglante dès 512 av. J.-C. tandis que les Alcméonides tentent de reprendre le pouvoir. Sur recommandation de la Pythie de Delphes, ces derniers demandent alors l’appui de Sparte et de son roi Cléomène qui réussit à chasser le tyran en 510 av. J.-C.

Ce premier groupe en bronze représentant Harmodios et Aristogiton est emporté par le roi perse Xerxès Ier lors de la seconde guerre Médique (-480). Il est remplacé par un autre groupe en 476 av. J.-C. Celui du MuMo est le moulage d’une copie romaine du second groupe, retrouvée dans la villa d’Hadrien à Tivoli (Italie) et conservée à Naples, au musée archéologique national. Nous connaissons les grandes sculptures classiques grecques grâce à la passion des romains pour la copie en marbre, qui ne peut être fondue et revendue comme le bronze. Les deux statues ont été réunies dans les années 1970.

© C. Mouchot – Université Lumière Lyon 2

Aristogiton cache l’action d’Harmodios à droite avec l’étoffe pendant que ce dernier porte le coup fatal au tyran. La tension de l’action est renforcée par le fait que le spectateur qui regarde ces statues de face se retrouve à la place de la victime. Leur figure devient un puissant symbole pour le régime démocratique ; après le sac d’Athènes durant les guerres médiques, ce sont les premières statues que l’on refait et que l’on replace dans l’espace public. Athènes ne veut plus du « pouvoir d’un seul » qui mène à des révoltes entre factions. Elle veut un régime d’avantage démocratique pour contrer l’influence des puissants.

Après la fuite du dernier Pisistratide, elle retrouve le bon fonctionnement de ses anciennes magistratures mais un processus de démocratisation du pouvoir s’accélère, qui devient progressivement plus égalitaire. La première réforme qui jette les bases de l’isonomie (égalité devant les lois) est due à Solon (640-558 av. J.-C.), mais c’est l’action réformatrice de Clisthène (vers 565 – vers 500 av. J.-C.) qui va profondément remanier le système politique athénien.

Pour en apprendre davantage sur les actions de Solon et la réforme de Clisthène, rendez-vous ici: https://popsciences.universite-lyon.fr/ressources/democratie-et-bande-dessineecollectionspatrimoine/

 

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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