Collections & Patrimoines / Histoire de l'art Article Université Lumière Lyon 2 LLes lutteurs impassibles | Collections & Patrimoine © C. Mouchot - Université Lumière Lyon 2 Vous vous disputez avec vos co-confinés ? On espère que vous n’en arriverez pas au même point que ces deux-là : aujourd’hui on vous présente les Lutteurs Medicis.Les Lutteurs sont une œuvre en marbre réalisée au Ier siècle av. J.-C., et conservée à Florence, à la Galerie des Offices (inv. 1914 n.216).Deux hommes nus ont été précipités au sol. Ils sont en pleine action, le premier maintenant le second au sol grâce à la tenaille formée par ses jambes. L’homme du dessus semble faire une clef de bras à celui du dessous. Ils échangent un regard, mais leurs expressions semblent impassibles. La tension des muscles, bandés juste après la chute montre à quel point l’artiste a su saisir, capter un instant du combat, comme suspendu depuis une vingtaine de siècles.Si le groupe semble être une copie d’après un bronze réalisé au IIIe siècle av. J.-C. par un artiste de l’école de Lysippe*, les têtes n’appartiennent pas à l’original. Celle de l’homme du dessus est moderne, et celle de l’homme du dessous est antique mais provient d’une autre œuvre. Cela expliquerait en partie le peu d’expressivité des visages.© C. Mouchot – Université Lumière Lyon 2La lutte est un des sports grecs par excellence. Les lutteurs, dont le corps est préalablement enduit d’huile et de poussière pour rendre les prises plus difficiles, ont pour but de faire tomber leur adversaire trois fois au sol. C’est ainsi qu’ils obtiennent la victoire. La lutte intègre les épreuves des Jeux olympiques en 708 av. J.-C. et il s’agit aussi de l’une des cinq épreuves qui constituent le pentathlon (avec la course, le saut, le disque et le javelot).Ce groupe a été retrouvé vers 1583 près de Saint-Jean de Latran à Rome, non loin d’un groupe représentant les Niobides* dont nous vous parlions récemment [« Gloire et déboires de Niobé et sa fille »]. Il est même possible qu’il fasse partie de cet ensemble, car certains textes précisent que les plus jeunes fils de Niobé sont transpercés par les flèches d’Apollon alors qu’ils s’exerçaient à la lutte.Les Lutteurs sont achetés l’année même de leur découverte par le cardinal Ferdinand de Médicis (1549-1609), et ils sont envoyés à Florence en 1677.Dans les années 1800, pour les protéger de l’ambition napoléonienne qui a tendance à rapporter beaucoup d’œuvres italiennes en France, Les Lutteurs sont cachés pour les protéger. Ils sont réexposés en 1803.Le tirage* conservé au MuMo a été réalisé en 1896 : une commande de l’emballeur Gerfaud, conservée au Pôle archives de l’Université Lumière Lyon 2 nous l’apprend.Néanmoins, l’œuvre ne porte pas d’estampille, ce qui devrait être le cas pour un moulage réalisé à cette date par les ateliers de moulage des musées nationaux. Peut-être ce moulage vient-il des ateliers de l’Ecole nationale des Beaux-arts, pour laquelle Gerfaud est aussi l’emballeur officiel.Vous pouvez de nos jours admirer ce moulage au MuMo, dans la section dédiée au corps masculin… On espère vous y voir très vite ! Glossaire*Tirage : Ce terme désigne le résultat du processus de prise d’empreinte sur une œuvre et de reproduction de celle-ci. Le tirage est donc la copie résultant de l’opération de moulage.*Lysippe : Bronzier qui travaille entre 370 et 310 av. J.-C., il est très réputé et dit avoir deux maîtres : Polyclète (un sculpteur de l’époque du Haut classicisme vers 450 av. J.-C. – 430 av.J.-C.) et la nature. Il est connu pour avoir remis en cause le canon physique des statues masculines de Polyclète en les allongeant. Il est aussi le portraitiste officiel d’Alexandre le Grand.*Niobides : Les Niobides, dans la mythologie grecque, sont les quatorze enfants de Niobé. Celle-ci a le malheur de se vanter de son abondante progéniture auprès de Léto, la mère d’Apollon et Artémis, qui en prend ombrage. Pour venger leur mère, les jumeaux poursuivent les enfants de Niobé, qu’ils tuent tous à l’aide de leurs arcs et flèches. Lina Roy – Musée des moulages, Université Lumière Lyon 2Musée des moulages