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Histoire - géographie / Homme - société

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Université Lumière Lyon 2

PPériclès, architecte de la démocratie populaire athénienne

©Université Lumière Lyon 2

Aujourd’hui, Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Université Lumière Lyon 2 – HiSoMa) et médiateur au MuMo nous parle de l’avènement de la démocratie à la période classique, en évoquant un homme : le très célèbre Périclès.

Une dernière étape va permettre de parachever le système organisé par Clisthène. Pour faire participer à la vie politique toutes les catégories de citoyens, Ephialte un homme d’état et législateur Athénien, s’attaque aux prérogatives de l’organe contrôlé par les plus puissants: l’Aréopage. Ses pouvoirs ont considérablement augmenté durant les guerres médiques (490 – 479 av. J.-C.), l’Aréopage est alors désigné comme « gardien de la constitution ». La réforme d’Ephialte en -462 lui enlève ce privilège, privant les aristocrates de pouvoir et octroyant toute la puissance au peuple. Cette forme de démocratie est souvent nommée « démocratie radicale ». Le terme apparait chez ses détracteurs qui n’acceptent pas que la politique soit accaparée par la masse populaire des citoyens.

Le Musée des Moulages possède deux bustes représentant le magistrat Périclès en commandant de guerre avec la présence du casque traditionnel du stratège (commandant militaire) (inv. L 833 et L 835). Les réserves du MuMo abritent aussi deux autres bustes de stratèges reprenant le même modèle iconographique (inv. L 837 et L 838) : cela montre l’importance donnée à Périclès et aux institutions athéniennes lors de la constitution de cette collection universitaire, à la fin du XIXe siècle.

©Université Lumière Lyon 2

Périclès est également un très grand politicien et domine le monde politique d’Athènes pendant près de 30 ans. Cette longévité unique le fera soupçonner d’aspirer à la tyrannie. Il répond à ces accusations par un serment solennel affirmant qu’il est le contraire d’un tyran.

Il nait dans une famille dont l’engagement politique ancien dicte ses choix démocratiques. Sa mère Agaristé est la petite fille de Clisthène, le grand réformateur qui a délivré Athènes de la tyrannie de Pisistrate et ses fils.

Il met fin à une injustice qui touche les catégories les plus pauvres de la population, qui comptant leurs drachmes, ne peuvent laisser leurs travaux pour se rendre aux assemblées. Ils sont donc de fait exclus des hautes magistratures, faute de pouvoir s’autoriser à manquer un jour de salaire. Périclès instaure le mysthos, l’équivalent d’une compensation financière journalière (le prix d’une journée de travail) pour les citoyens les plus pauvres qui occupent une magistrature. Elle permet aux citoyens peu aisés de pouvoir prétendre à l’élection d’une charge, que ce soit pour un jour ou pour un an.

Il ouvre aussi l’archontat aux classes les plus pauvres. Ces modestes archontes rentrent à l’Aréopage après leur mandat. Le prestige de ce dernier continue son lent déclin et il cesse de contrebalancer le pouvoir des stratèges.

Cependant il soustrait certaines charges et magistratures au hasard du tirage au sort, démocratique mais dangereux. Certains secteurs comme l’armée, la flotte, les architectes, les trésoriers, doivent bénéficier d’hommes compétents. Il ouvre par tirage au sort l’accès à des charges importantes: commissariat de la police, contrôleur des marchés, du pain, de la prostitution, chargé de l’affermage des mines publiques et des impôts etc. Paradoxalement il restreint les conditions d’obtention de la citoyenneté: il faut être né de deux parents citoyens et non plus d’un seul (avant seule la condition civique du père était examinée). On assiste ainsi à un repli de la démocratie, contraignant davantage ses conditions d’accès.

Jillian Akharraz, doctorant en histoire et archéologie grecque (Univ. Lumière Lyon 2 – Hisoma UMR 5189) et médiateur au MuMo.

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