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Université Lumière Lyon 2

UUn captif itinérant : les péripéties de l’esclave mourant | Collections & Patrimoine

L'esclave mourant ©Claude Mouchot-Université Lumière Lyon 2

#histoiredunmoulage

L’Esclave mourant ou Captif mourant est une œuvre réalisée en 1513 par Michel-Ange* (1475-1564) dans un marbre de Carrare*. Il est aujourd’hui conservé à Paris, au musée du Louvre (inv. MR 1590).

Le MuMo conserve un moulage de cet Esclave mourant, de même taille que l’original (plus de 2 mètres), réalisé à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, par les ateliers de moulage des musées nationaux, à Paris. Il se trouve à l’entrée de la halle d’exposition, dans la section consacrée au corps masculin (inv.M488).

L'esclave mourant

©Claude Mouchot- Université Lumière Lyon 2

Le Captif est représenté debout, nu, le bras gauche porté à la tête créant un hanchement qui anime l’ensemble de sa silhouette et installe une certaine tension. Un tissu barre son torse. A ses pieds se trouve une masse rocheuse dans laquelle Michel Ange a esquissé la silhouette d’un singe. L’effet « non finito », non-achevé, illustre le corps qui s’échappe de la pierre et vient évoquer l’âme captive du corps. La figure du singe évoque pour certains l’art qui imite la nature, qui tente de la singer ; pour d’autres il représente les arts, réduits en esclavage après la mort du Pape Jules II.

L’Esclave mourant fait partie d’un projet réalisé par Michel-Ange pour le tombeau du Pape Jules II*, initié en 1505 (soit deux ans après l’accession de celui-ci au pontificat). Le tombeau tel que projeté devait être un monument dont le registre inférieur devait être scandé de niches dans lesquelles l’Esclave mourant et son pendant, l’Esclave rebelle, auraient dû prendre place. Malheureusement, le projet avance lentement, et fait l’objet de nombreuses discordes entre le Pape et l’artiste. Le chantier prend encore plus de retard lorsque Jules II demande à Michel-Ange de décorer la voûte de la Chapelle Sixtine ; si bien qu’à la mort de Jules II en 1513, le mausolée est loin d’être terminé. Les descendants du Pape revoient ses ambitions à la baisse et finissent par exclure les figures de captifs (pourtant déjà réalisées) du monument.

Michel-Ange décide d’offrir les Captifs à Roberto Strozzi, un de ses proches en exile à Lyon, qui les offre lui-même au Roi de France qui en fait don vers 1550 à Anne de Montmorency, connétable de France. Ce dernier les expose dans le portique de son château d’Ecouen (actuel musée national de la Renaissance) @chateau_ecouen, créé en partie pour les accueillir, par l’architecte Jean Bullant. Après avoir été en possession du cardinal Richelieu, ils ont intégré les collections du Palais du Louvre en 1794 et y sont toujours exposés.

Les niches destinées à abriter les Esclaves au château d’Ecouen accueillent des moulages de ces œuvres depuis 1977.

Si la date de la réalisation de la copie de l’Esclave mourant conservée au MuMo est incertaine, nous pouvons affirmer qu’il a été réalisé par les ateliers de moulages des musées nationaux, à Paris, puisqu’il en porte l’estampille.

©Claude Mouchot – Université Lumière Lyon 2

Il est possible qu’il soit arrivé au Musée des Moulages lors de la vague de dons et dépôts qui a suivi l’arrivée de la collection moderne dans les années 1920, néanmoins nous ne connaissons à ce jour aucun document d’archive le mentionnant.

Ce moulage se distingue par la finition qui lui a été appliquée, lui donnant un aspect minéral artificiel, à savoir une patine évoquant le marbre. Il existe un certain nombre de patines pouvant être appliquées sur les moulages (une des plus courantes étant la patine bronze pour évoquer les œuvres réalisées dans ce matériau), que l’on pourra très prochainement admirer à nouveau sur les autres œuvres exposées au Musée des Moulages de l’Université Lumière Lyon 2.

Glossaire

*Michel-Ange : De son nom complet Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni (1475-1564) est l’un des artistes les plus célèbres du XVIe siècle en Italie : sculpteur, dessinateur, architecte, peintre, il a laissé des œuvres de premier plan dans tous ces domaines (citons la peinture de la voûte de la Chapelle Sixtine, la conception du dôme de Saint-Pierre de Rome ou encore le Moïse, sculpture intégrée au tombeau du Pape Jules II).

*Carrare : est une ville italienne située entre Gênes et Florence, réputée pour ses carrières de marbre exploitées depuis l’Antiquité. Il est particulièrement apprécié des artistes pour sa blancheur et le nombre de veines relativement réduit qui le traversent.

*Jules II : Aussi connu sous le nom de Giuliano della Rovere (1443-1513). C’est un des grands Papes mécènes de la renaissance italienne : il fait bâtir Saint-Pierre de Rome, commande à Raphaël les Chambres (Stanze) du Vatican, finance la réfection de la Chapelle Sixtine. Cette dynamique menant le pouvoir pontifical à s’appuyer sur des artistes italiens de premier plan est reprise par son successeur, Léon X.

Lina Roy – Musée des moulages, Université Lumière Lyon 2

Musée des Moulages