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EN SAVOIR PLUS

Le retour d’échantillons martiens

LLe retour d’échantillons martiens

L’idée de rapporter sur Terre des morceaux de la planète Mars peut sembler audacieuse, voire étonnante. Cependant, cette conférence explore les raisons et les étapes de la préparation du premier retour d’échantillons martiens.

Cette odyssée scientifique et technologique a pris son essor avec l’arrivée du robot Perseverance sur la Planète rouge en février 2021. Au cours de cette présentation, nous plongerons dans les motivations derrière cette initiative, les défis scientifiques et techniques associés, ainsi que les étapes cruciales de cette mission exceptionnelle qui vise à rapporter des fragments de Mars sur notre planète.

>> Pour plus d’informations rendez-vous sur le site :

La naissance des premières étoiles : un voyage cosmique dans le passé

LLa naissance des premières étoiles : un voyage cosmique dans le passé

Les premières étoiles de l’Univers sont apparues une centaine de millions d’années après le Big-Bang, mettant fin à l’âge sombre de l’univers. Encore jamais directement observées, même par les télescopes les plus puissants, elles renferment de nombreuses questions : comment sont-elles nées ? Etaient-elles vraiment plus massives que les étoiles actuelles ? Quel a été leur impact sur l’évolution de l’univers ?

Cette conférence présentera l’état des recherches actuelles qui permettent de mieux comprendre cet épisode crucial de l’évolution de l’Univers, en particulier à l’aide de simulations numériques et de nouveaux télescopes.

Intervenant : Romain Lenoble, chercheur au Centre de recherche astrophysique de Lyon – CRAL

Pour en savoir plus :

Société astronomique de Lyon

Traquer les origines de la vie

TTraquer les origines de la vie

Comment les planètes se forment-elles ? Comment la vie émerge-t-elle de l’inerte ? Existe-elle ailleurs ? Voici quelques-unes des questions auxquelles le programme pluridisciplinaire Origins a décidé de s’attaquer.

« Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Existe-t-il d’autres formes de vie et pourrions-nous interagir avec elles ? » Top départ ! En septembre 2023 a démarré le Programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) Origins, piloté par le CNRS en partenariat avec 28 organismes scientifiques français. Le projet sera porté par l’astrophysicien Alessandro Morbidelli, du Laboratoire J-L Lagrange à Nice, connu notamment pour son modèle de formation du Système solaire appelé « Modèle de Nice » et Maud Langlois, astrophysicienne spécialiste de la détection directe des exoplanètes et directrice de recherche CNRS au Centre de recherche astrophysique de Lyon.

LIRE L’ARTICLE COMPLET

Étonnants infinis | LIVRE

ÉÉtonnants infinis | LIVRE

©CNRS

Pour l’année de la physique le CNRS vous propose un ouvrage collectif. Ce livre vous invitent à toucher du doigt les questions qu’ils explorent aux deux infinis de la physique : l’infiniment grand du cosmos et l’infiniment petit des noyaux atomiques et des particules élémentaires

 

 

 

 

 

 

Parmi tous les chercheurs et les ingénieurs, femmes et hommes de l’art se trouvent deux chercheurs de l’Institut de Physique des 2 Infinis de Lyon (IP2I) :

  • Hélène Courtois avec son article : Laniakea, notre adresse dans l’Univers
  • Julien Billard avec son article : Au cœur des montagnes

>> La présentation du livre :

>> Pour plus d’information sur l’Année de la Physique :

Année de la physique CNRS

La Révolution du télescope spatial James-Webb

LLa Révolution du télescope spatial James-Webb

Comme chaque année, l’Observatoire de Lyon fête la science et vous propose cette conférence sur le télescope spatial James-Webb.

Le Télescope Spatial James-Webb (JWST) a commencé à nous fournir ses premières images en juillet 2022. Avec sa très grande taille de miroir et sa position privilégiée dans l’espace par rapport au soleil et à la Terre, il va révolutionner l’astronomie en nous apportant pendant plusieurs décennies, des images d’une qualité et d’un niveau de détail exceptionnels.

Cette conférence présentera le défi qu’a représenté la réalisation d’un tel instrument ainsi que les premiers résultats scientifiques obtenus et les grands programmes à venir, des objets de notre système solaire aux galaxies les plus lointaines de l’Univers !

Intervenant :

  • Johan Richard, Astronome au Centre de Recherche Astrophysique de Lyon ( CRAL ) , Observatoire de Lyon.

 

Plus d’information sur :

l’Observatoire de Lyon

 

 

L’astronomie fait sa révolution optique

LL’astronomie fait sa révolution optique

Les miroirs qui équipent les télescopes doivent pouvoir se déformer notamment pour s’adapter aux altérations que produisent la gravité ou d’autres facteurs environnementaux comme le vent. Ce principe d’optique adaptative n’est pas nouveau mais il est en passe d’être révolutionné grâce aux travaux d’un consortium international de scientifiques qui a développé un miroir ultraléger, auto-correcteur et déformable en temps réel.

Explications de Gil Moreto, chercheur au Centre de recherche en astrophysique de Lyon.

>> L’intégralité de ce billet est disponible sur le blog : Focus science

Bobines de Sciences : Nostalgie de la lumière

BBobines de Sciences : Nostalgie de la lumière

Une salle de cinéma comme une des fenêtres possibles sur le monde, l’outil scientifique comme une des manières de mieux le comprendre… Bobines de Sciences est un ciné-club du samedi matin où l’on se rencontre pour voir un film ensemble, avant d’en discuter (souvent avec un•e invité•e ).

Les « sciences » sont ici comprises au sens large : des sciences exactes (dont les mathématiques) aux sciences humaines et sociales, toutes importantes pour comprendre les crises actuelles. Ce ciné-club ne sera pas toujours 100% mathématique… mais il est animé par une mathématicienne. Aussi scénariste des films de sciences, Olga Paris-Romaskevich anime ce ciné-club depuis 2018.

 

Nostalgie de la lumière

Dans le désert d’Atacama, au Chili, à trois mille mètres d’altitude, des astronomes étudient l’univers avec des télescopes parmi les plus puissants du monde car la transparence du ciel y permet de regarder jusqu’aux confins de l’univers.  La sécheresse du sol en fait aussi un lieu de recherches archéologiques et conserve intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs mais aussi les ossements des victimes et disparus de la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

En savoir plus :

 bobines de sciences

 

Mars : découverte d’un ancien environnement propice à l’émergence de la vie

MMars : découverte d’un ancien environnement propice à l’émergence de la vie

Le Rover Curiosity de la mission Mars Science Laboratory explorant les strates sédimentaires du cratère Gale NASA/JPL-Caltech/MSSS

Le Rover Curiosity de la mission Mars Science Laboratory explorant les strates sédimentaires du cratère Gale NASA/JPL-Caltech/MSSS

 

Notre groupe de recherche publie aujourd’hui dans Nature les premières preuves tangibles de l’existence passée et durable d’environnements à la surface de Mars particulièrement favorables à la synthèse spontanée des premières molécules de la biologie nécessaires à l’émergence de la vie.

Nous avons découvert des structures fossiles témoins de cycles répétés et durables de séchage-mouillage de sédiments très anciens de la surface de Mars. Ce mode alternatif sec-humide promeut la concentration et polymérisation de molécules organiques simples (sucres ou acides aminés) qui pourraient avoir été contenues dans les sédiments. Ces processus constituent une étape fondamentale vers la synthèse de molécules biologiques tels que les acides nucléiques (ADN ou ARN).

La question qui préoccupe les scientifiques n’est pas tant de savoir si la vie a existé sur une autre planète que la Terre, mais bien de connaître où et comment la vie telle que nous la connaissons sur Terre s’est construite.

Depuis le milieu des années 1980, les biochimistes ont reconnu que le monde ARN fut une étape préliminaire fondamentale sur la route de la vie. L’ARN aurait constitué la molécule originale autocatalytique et porteuse de l’information génétique, avec des fonctions enzymatiques assurées par les ARNs courts. Les protéines auraient ensuite supplanté les ARNs comme enzymes en raison d’une plus grande diversité, et l’ADN remplacé l’ARN comme molécule porteuse de l’information génétique en raison d’une meilleure stabilité.

Pour accéder au monde ARN qui est une molécule complexe il a été nécessaire de construire un enchaînement de type polymère de ribonucléotides, chacun étant composé d’un groupe phosphate, d’un sucre (le ribose) et d’une base azotée (adénine par exemple).

Ainsi, l’émergence de formes de vie primitives telle qu’elle est conçue actuellement par les scientifiques, nécessite d’abord des conditions environnementales favorables à l’agencement spontané de molécules organiques simples en molécules organiques plus complexes.

Des structures datées de 3,7 milliards d’années

Nous rapportons dans cet article des observations inédites transmises par l’astromobile (ou « rover ») Curiosity qui, équipé d’instruments analytiques des paysages et de la chimie et minéralogie des roches, explore depuis 2012 les pentes du Mont Sharp à l’intérieur du cratère Gale.

Lors des « sols » (jours martiens) 3154 à 3156 en juin 2021, nous avons découvert des structures singulières, exhumées au toit d’anciennes couches sédimentaires datées d’environ 3,7 milliards d’années.

Ces structures sont des rides rectilignes qui apparaissent en relief de quelques centimètres à la surface supérieure de strates sédimentaires. Ces rides vues par le haut sont jointives et sont organisées selon une géométrie parfaitement polygonale. Elles sont constituées dans le détail par l’alignement de petits nodules plus ou moins attachés les uns aux autres de roches essentiellement sulfatées. Un nodule est une petite bille qui apparaît en relief dans et à la surface des strates.

Motif fossile de rides polygonales observées et analysées par Curiosity au 3154ᵉ jour de sa progression dans les strates sédimentaires du cratère de Gale sur Mars. NASA/JPL-Caltech/MSSS/IRAP/LGL-TPE

Motif fossile de rides polygonales observées et analysées par Curiosity au 3154ᵉ jour de sa progression dans les strates sédimentaires du cratère de Gale sur Mars. NASA/JPL-Caltech/MSSS/IRAP/LGL-TPE

Ces structures polygonales représentent fondamentalement des « fentes de dessiccation », structures ô combien familières aux géologues, et similaires à celles que chacun a observées sur le fond d’une flaque d’eau boueuse asséchée. L’eau initialement contenue dans les sédiments s’évapore sous l’effet du vent et de la chaleur. Les sédiments se déshydratent et se contractent alors, engendrant ce système de fentes de retrait qui s’organise en polygones jointifs.

Des fentes de dessiccation fossiles ont déjà été ponctuellement documentées à la surface de Mars. Mais celles découvertes ici sont clairement différentes du fait de trois « détails » particuliers :

  • Le motif polygonal est un motif en Y, formant des hexagones jointifs de type « tomette », avec des angles avoisinant 120° aux points de jonction des fentes ;
  • Les fentes de retrait sont ici remplies de minéraux sulfatés (sulfate de calcium et magnésium) ;
  • Ces motifs polygonaux s’observent de manière récurrente sur une épaisseur totale de 18 mètres de la colonne sédimentaire.

De nombreux cycles de mouillage-séchage

Selon divers travaux expérimentaux menés dans les laboratoires terrestres sur des bacs à boue, ce motif en Y des jonctions des fentes est caractéristique de cycles répétés de séchage-mouillage du sédiment. Au premier séchage, les fentes de retrait s’organisent en T, formant un motif de type « carreau » avec des angles d’environ 90° aux points de jonction. Au fur et à mesure des cycles expérimentaux mouillage-séchage, les fentes se « fatiguent », et montrent des angles typiquement en Y à 120° au bout du 10e cycle.

Les sulfates sont des roches sédimentaires chimiques dites évaporitiques, c’est-à-dire résultant de la précipitation de saumures associée à l’évaporation d’eau saline. Leur présence au sein des fentes de retrait conforte l’interprétation de celles-ci en termes de fentes de dessiccation. Les nodules qui portent les sulfates sont très irréguliers en morphologie et en composition chimique, ce qui suggère également plusieurs phases de précipitation (séchage) – dissolution (mouillage) partielle des nodules.

Le fait que l’on retrouve à plusieurs reprises ces motifs polygonaux sur une épaisseur de 18 mètres d’empilement vertical des strates sédimentaires indique que cet ancien environnement de dépôt, sujet à des cycles climatiques certainement saisonniers de mouillage-séchage, s’est maintenu sur une période de plusieurs centaines de milliers d’années.

Le sens ultime de la découverte

Ces cycles climatiques saisonniers de mouillage-séchage des sédiments ont potentiellement permis aux molécules simples contenues dans ces mêmes sédiments d’interagir à différentes concentrations dans un milieu salin, et ce de manière répétée et durable.

Ce potentiel de polymérisation des molécules simples au sein des sédiments montrant les structures polygonales prend un sens particulier sachant que celles-ci contiennent d’une part des minéraux argileux de la famille des smectites et d’autre part une quantité significative de matière organique. Les smectites sont des argiles dites « gonflantes » pour lesquelles il a été montré expérimentalement qu’elles ont la faculté d’adsorber et de concentrer les nucléotides entre leurs feuillets constitutifs. L’instrument SAM (Sample at Mars) a par ailleurs révélé la présence au sein de ces mêmes strates de composés organiques simples tels que des chlorobenzènes, des toluènes ou encore différents alcanes. Ces composés sont probablement d’origine météoritique, et leur quantité résiduelle peut atteindre environ 500 g. par m3 de sédiments. Ces molécules ont pu dès lors servir comme certaines des « briques de base » de molécules plus complexes telles que l’ARN.

En résumé, nous déduisons de nos observations, de nos mesures sur Mars, et des différents concepts et expériences terrestres, que le bassin évaporitique de Gale a constitué un environnement très favorable et durable au développement de ce processus de polymérisation des molécules organiques simples en molécules plus complexes nécessaires à l’émergence de la vie.

Nous savons enfin que les structures ici étudiées se situent dans une unité géologique de transition verticale depuis une formation plus ancienne riche en argiles vers une formation plus récente riche en sulfates, et que cette même transition a été détectée par voie orbitale en de nombreux cratères et plaines de Mars.

En conséquence, il apparaît désormais que la probabilité que des précurseurs moléculaires biotiques aient pu se former et être fossilisés à la surface de Mars il y a environ 3,7 milliards d’années au cours de l’Hespérien n’est plus négligeable.

Vers un retour des échantillons martiens ?

Le paradigme actuel pour la vie terrestre est celui d’une émergence dans l’Hadéen, période de temps initiale comprise entre la formation de la Terre il y a environ 4,6 milliards d’années (Ga) par l’accrétion des météorites primitives et environ 4,0 – 3,8 Ga. Mais le plus vieux et seul témoin d’un possible processus biologique hadéen est un graphite (carbone) inclus dans un minéral de zircon daté à 4,1 Ga, ou encore un schiste noir métamorphisé, daté à 3,8 – 3,7 Ga. De plus, l’Hadéen ne comporte actuellement qu’une infime proportion de représentants rocheux à la surface de la Terre en raison de la tectonique des plaques, et en tous cas aucune roche sédimentaire intacte, non métamorphisée. Ceci rend cette quête sous nos pieds d’une vie terrestre primitive a priori vaine.

Contrairement à la surface de la Terre, celle de la planète Mars n’est pas renouvelée, ni transformée par la tectonique des plaques. La surface de Mars a ainsi préservé quasi intactes des roches très anciennes, incluant celles formées dans un environnement et un climat propices à la construction spontanée de précurseurs moléculaires biotiques. En conséquence, autant il semble très peu probable que la vie ait pu évoluer sur Mars aussi fertilement que sur Terre – à ces environnements favorables à l’émergence de la vie à l’Hespérien ont fait suite des environnements arides et froids de l’Amazonien), autant il apparaît désormais possible et opportun d’y explorer l’origine de la vie, et d’y rechercher des composés biotiques précurseurs par le biais de retours d’échantillons prélevés dans le futur par des robots ou des astronautes sur des sites tels que ceux étudiés ici.

Notre découverte ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur l’origine de la vie, y compris (surtout) sur d’autres planètes que la nôtre. Elle est à même également de faire reconsidérer les objectifs premiers des missions d’exploration de la planète Mars et celles en particulier du retour d’échantillons.The Conversation

Auteur : Gilles Dromart, Professeur de géologie, École Normale Supérieure de Lyon – 9 août 2023.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original.

La nuit est belle – Édition 2023

LLa nuit est belle – Édition 2023

Après deux éditions de l’événement sur le territoire rhodanien en 2021 et 2022, La nuit est belle! est de retour à l’automne 2023 avec une édition dédiée à « l’Humain et la nuit ».  Toujours organisé en lien étroit avec l’équipe du Grand Genève, initiatrice de l’opération la nuit est belle! en 2019.

L’événement a pour but d’attirer l’attention sur les fortes nuisances de la pollution lumineuse. La pollution du ciel nocturne a des répercutions négatives dans de nombreux domaines. Les raisons d’éteindre l’éclairage public sont donc multiples…

Pour associer la population à cet événement, des animations variées et gratuites pour le public seront proposées dans les communes qui éteindront. Le thème 2023 de « l’Humain, la nuit » ouvre sur deux grands sujets : la santé humaine et la sécurité des usagers la nuit. Nous devons pouvoir dormir dans un environnement sombre, mais comment voir et être vu quand on se déplace la nuit.

La nuit du 22 au 23 septembre 2023 marquera l’équinoxe d’automne (précisement le 23 septembre à 8h50) avec une durée égale de 12h de jour et 12h de nuit. La Lune au premier quartier sera observable en début de nuit puis, à partir de 21h, nous pourrons admirer Saturne et Jupiter (proche d’Uranus et des Pléïades) dans un ciel noir..

Mobilisons-nous pour retrouver la nuit !

Organisé par : Centre de recherche astrophysique de Lyon – CRAL,  Société astronomique de Lyon – SAL, Grand Genève, CLEA, et l’ensemble des communes participantes sur le département Rhône et la Métropole de Lyon.

Pour en savoir plus et consulter le programme :

La nuit est belle 2023

  • Les effets néfastes de la pollution sur la santé humaine

Conférence de Mme Ouria Dkhissi-Benyahya, spécialiste de chronobiologie à l’Inserm / SBRI.| Briscope de Brignais le 22 sept. à 19h.

Cette conférence sera retransmise en direct dans les communes participantes qui le souhaitent via ce lien
https://www.youtube.com/live/9-35nky_F9E?si=vNQ7912hjjtHCekL

PPour aller plus loin

> Préserver la nuit : un enjeu de science pour nous tous, article #4 du dossier Pop’Sciences « Quand la lumière éclaire le vivant » – Juin 2023.

Préserver la nuit : un enjeu de sciences pour nous tous | #4 Dossier Pop’Sciences « Quand la lumière éclaire le vivant »

PPréserver la nuit : un enjeu de sciences pour nous tous | #4 Dossier Pop’Sciences « Quand la lumière éclaire le vivant »

Article #4 – Dossier Pop’Sciences Quand la lumière éclaire le vivant

Responsable d’effets en cascade sur la biodiversité et de dégradation de la qualité du ciel, la pollution lumineuse s’est accentuée au cours de la dernière décennie. Des solutions technologiques existent pour en diminuer les impacts en ville. À nous toutefois de redécouvrir comment la nuit est belle !

Un article de Caroline Depecker, journaliste scientifique, rédigé
pour Pop’Sciences – 29 juin 2023

Lorsqu’elle brille la nuit, la lumière perturbe l’activité des êtres nocturnes et le rythme de leur horloge biologique. S’ajoutant aux nombreuses études sur le sujet, des chercheurs universitaires de Bruxelles ont enfoncé le clou récemment. Ils viennent de montrer que cette lumière, même faible, empêche les papillons de nuit d’entrer en diapause, un état dormant génétiquement programmé qui permet aux insectes de survivre à l’hiver. Cette lumière nuit donc à leurs chances de survie. Pour la communauté scientifique, la pollution lumineuse pourrait contribuer de façon significative au déclin  continu des lépidoptères observé à grande échelle. « Du point de vue de l’écologue, la pollution lumineuse est définie comme l’excès d’éclairage artificiel nocturne, un facteur anthropique qui impacte la faune et la flore, explique Hélène Foglar, du bureau d’étude Athena-Lum. Cet éclairage agit sur les organismes vivants dans toutes les directions, mais différemment selon les longueurs d’onde. Même s’il y a consensus pour dire que le bleu, indicateur de la lumière du jour, perturbe toutes les espèces ».

L’éclairage nocturne, une menace pour la pollinisation

L’éclairage de nuit a des effets délétères sur les papillons et, plus largement, sur les insectes pollinisateurs. En modifiant la dynamique de leurs populations, comme l’ont montré des biologistes britanniques lors d’une étude réalisée en situation réelle en 2021. Observant quelques 500 parcelles situées à la campagne, les chercheurs ont ainsi comptabilisé moitié moins de chenilles de lépidoptères nocturnes dans les buissons de rues éclairées par des lampadaires que dans ceux laissés dans l’obscurité.
Le comportement des insectes s’en trouve aussi altéré. Lors de travaux publiés la même année, des scientifiques se sont intéressés à des papillons et des coléoptères nocturnes évoluant dans les Préalpes suisses. Ils ont constaté que les plantes des prairies illuminées connaissaient une baisse de 62% de visites des pollinisateurs par rapport aux sites expérimentaux vierges de pollution lumineuse. Avec une incidence observée sur la production en fruits desdites plantes, une baisse de l’ordre de 10%.

©Samuel-Challeat-Observatoire environnement nocturne-CNRS

 

Pour les chercheurs, il est question de réactions en chaîne sur le cycle végétal selon le raisonnement suivant : la pollution lumineuse réduit le succès reproducteur des plantes sur lesquelles les insectes viennent se nourrir nuitamment, entraînant par ricochet moins de ressources alimentaires pour leurs congénères diurnes, impliqués eux aussi dans la reproduction d’autres espèces végétales. Est-ce que nos cultures vivrières, dépendant pour les trois quarts de la pollinisation, pourrait être menacées par la pollution lumineuse ? La question est soulevée.

Les dômes de lumière urbains voilent les étoiles

« L’extension des villes est telle qu’aujourd’hui, il faut aller en Antarctique pour espérer trouver un ciel astronomiquement sombre ! » s’exclame Isabelle Vauglin, astrophysicienne au Centre de recherche en astrophysique de Lyon – CRAL. Grâce à leurs télescopes, les astronomes étudient les objets de l’univers en observant la lumière que les corps célestes émettent ou renvoient. Les sites d’observation sont choisis en fonction de caractéristiques physiques associées à leur atmosphère et surtout d’un paramètre : la qualité lumineuse de leur fond de ciel. « On évalue la luminosité d’un astre en magnitude, soit son intensité lumineuse par unité de surface », explique Isabelle Vauglin. Or, les halos lumineux qui se forment autour des grands centres urbains à cause de l’éclairage nocturne masquent les plus petits points brillants : on estime avoir perdu près d’une magnitude de sensibilité depuis qu’on fait ces mesures, c’est considérable ».

©Samuel-Challeat-Observatoire environnement nocturne-CNRS

 

Pour la scientifique, le fond de ciel de nombreux sites s’est nettement dégradé comme à l’observatoire du Pic du Midi, impacté par Lourdes, Bagnères de Bigorre et Toulouse. Mais le problème touche aussi des sites plus isolés qu’on croyait jusque-là épargnés. Parmi eux, le désert chilien d’Atacama abritant les quatre observateurs du Very Large Telescope de l’ESO1, ou encore le Mauna Kea, un volcan endormi portant une douzaine de télescopes à son sommet et situé à 4200 mètres d’altitude à Hawaï. « Pour les gens, l’île rime avec cocotiers, plages et hôtels de luxe. Mais, pour un astronome, de nuit, c’est plutôt guirlande de Noël et brouillard lumineux… », déplore Isabelle Vauglin. À cause de la pollution lumineuse, les étoiles disparaissent progressivement des écrans radars des scientifiques : cette invisibilisation se fait au rythme de 2% par an d’après des mesures satellitaires. Un chiffrage de 2023, basé sur des données issues d’un programme de sciences participatives, suggère un phénomène bien plus rapide et évalue l’augmentation de l’invisibilisation des étoiles à 10% an.

C’est en déambulant sous les lampadaires que des solutions pour moins de leds émergent

Responsable d’effets en cascade sur la biodiversité et de dégradation de la qualité du ciel, la pollution lumineuse s’est accentuée au cours de la dernière décennie. Entre 1992 et 2017, les émissions dans le visible auraient augmenté de 270 % à l’échelle mondiale, voire 400% dans certaines zones, d’après les résultats d’une équipe de chercheurs anglo-espagnols publiés en 2021. En cause, l’évolution des éclairages et le recours massif aux leds. Devant ce constat inquiétant, écologues et astronomes multiplient les efforts, à travers leurs conférences et publications, pour montrer combien la nuit est précieux à préserver. Certains défendent même cette idée en encourageant l’émergence d’une nouvelle discipline : la noctilogie [Encart].

Des solutions pour un éclairage plus respectueux de l’environnement émergent. « Les leds ambres2 sont celles qui préservent le mieux le vivant, car leur spectre est exempt de bleu », argumente Hélène Foglar. La biologiste, membre de l’Observatoire de l’environnement nocturne, conseille les communes sur les bonnes pratiques en matière d’éclairage. « À consommation égale, elles éclairent un peu moins que les autres, mais vu le sur-éclairage récurrent constaté dans les rues, leur usage est largement envisageable ». Lors de déambulations urbaines nocturnes, l’écologue accompagne les élus afin de jauger l’éclairement qui y règne. Munie d’un petit spectromètre, elle réalise avec eux des mesures révélatrices de la température d’éclairage des lampadaires et de l’impact que celui-ci peut avoir sur les organismes vivants. Le résultat est catastrophique pour la première génération de leds de puissance dédiée à l’éclairage public et installée il y a 10 ans. La dominante spectrale était le bleu.

©Samuel Challeat,- Observatoire environnement nocturne – CNRS -GEODE

Observer 5 000 étoiles au pied de son immeuble

Les discussions engagées sous les réverbères permettent d’identifier les endroits où le niveau d’éclairement ressenti est trop important ou superflu, d’envisager des pistes pour réduire in fine la pollution lumineuse. Hélène Foglar ajoute : « De façon générale, on constate que le matériel d’éclairage est choisi avant en fonction de performances vendues sur catalogue, de façon assez déconnectée de la réalité de terrain. Il y a beaucoup d’informations à donner », comme de cas d’école à citer. Ainsi, la possibilité de moduler à souhait l’intensité de l’éclairage urbain, illustrée par la commune de Saint-Fargeau. Lors de la rénovation de son parc leds, la ville de l’Yonne a mis en place un éclairage dit « connecté » : la puissance d’alimentation des diodes est commandée à distance. Elle est abaissée de 25% à 90% de sa valeur nominale selon les moments de l’année.

Pour diminuer la pollution lumineuse, peut-on éteindre les rues de la ville, à des moments choisis ? L’idée est loin de faire consensus, mais le tenter permet de sensibiliser au problème et marque les esprits. Isabelle Vauglin porte l’événement « La nuit est belle ! » qui se déroulera sur le bassin lyonnais, en septembre 2023 pour la troisième fois consécutive. « À cette occasion, l’éclairage public n’est pas allumé lorsque le Soleil se couche, explique la scientifique. Les gens redécouvrent alors le sens réel du mot nuit et, pour certains, retrouvent avec plaisir les quelques 5 000 étoiles que l’on peut normalement voir à l’œil nu ». Grâce aux animations organisées ce soir-là et si le ciel, clément, se révèle propice à l’observation astronomique à pied d’immeuble.

De Genève à Grenoble, éteindre les réverbères

L’opération festive est menée en collaboration étroite avec Éric Achkar, ex-président de la société astronomique de Genève et Pascal Moeschler, ex-conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHNG), à l’origine tous deux de la première édition sur le territoire du Grand Genève, en 2019. En 2022, 300 communes de la zone franco-genevoise avaient laissé leurs lampadaires éteints. Côté Rhône-alpin, 35 municipalités, hors Grand Lyon, avaient accepté d’y participer. « Calcul fait, les kilowattheures économisés sont considérables et c’est un bon point, car les élus y sont sensibles », commente Isabelle Vauglin. La sensibilisation à la pollution lumineuse fonctionne et l’action prend de l’ampleur. En 2023, les astronomes de l’observatoire de Grenoble comptent célébrer eux aussi la « Nuit est belle ! », en sus d’agglomérations du Haut-Jura et de l’Ain.

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Encart

         La noctilogie, une science pour étudier la belle nuit

Faire de la nuit un objet d’étude à part entière.  C’est avec cette envie profonde qu’Éric Achkar et Pascal Moeschler ont porté sur les fonts baptismaux une nouvelle science : la noctilogie. La naissance a été actée, en janvier 2020, par un article dans la revue de la Société astronomique de France. Transdisciplinaire, cette approche vise à scruter la nuit et ses multiples facettes comme un nouveau champ d’exploration scientifique. Avec à la clé, pour Éric Achkar, la possibilité de nous réconcilier avec elle : « Il y a un enjeu profondément important du rapport que nous avons avec la lumière qui, la nuit, se trouve déstabilisé. À travers cette science, l’enjeu qui se joue, c’est la représentation collective de la nuit. Elle est à changer pour aller vers une plus grande acceptabilité de la baisse d’éclairage, en ville notamment. »

>> Tout savoir sur la noctilogie, la nouvelle science d’étude de la nuit :

Vidéo réalisée par Philippe Verdier, journaliste spécialiste du développement durable, mise en ligne avec son aimable autorisation.

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Notes :

[1] ESO : European Southern Observatory 

[2] Les luminaires dotés de la technologie led ont un pic d’émission à 440 nm (bleu), principale cause de l’effet sur la faune. Grâce à la technologie led ambre, au ton orangé, ce pic d’émission est éliminé, et a beaucoup moins d’impact sur l’environnement et la faune.

PPour aller plus loin