Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

Juger un chef d’état pour des crimes internationaux, est-ce possible ?

JJuger un chef d’état pour des crimes internationaux, est-ce possible ?

Traditionnellement, le droit constitutionnel et le droit international protègent les chefs d’état de toutes poursuites pénales. Pourtant, deux mandats d’arrêt ont récemment été délivrés contre Bachar al-Assad et Vladimir Poutine. Ces poursuites déboucheront-elles sur un jugement ? A quelles conditions ?

Les Bibliothèques universitaires de l’Université Jean Moulin Lyon 3 vous invitent pour une conférence sur la justice pour les chefs d’état.

Intervenante : Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public à l’Université Jean Moulin Lyon 3 et spécialiste de la responsabilité pénale des chefs d’état, nous présentera ses travaux sur le sujet.

Pour en savoir plus :

Université Lyon 3

Flash sur le sport : la parole est aux scientifiques

FFlash sur le sport : la parole est aux scientifiques

Le sport est à l’honneur avec cette troisième saison de podcast les « Échos du savoir » !

Des sujets variés proposés par des scientifiques de l’Université Gustave Eiffel :

  • Garder la forme ou contrôler ses formes ?
  • La gestion sécuritaire des supporters, efficace ou inadaptée ?
  • Sport à risques = conduite à risques ?
  • Le tourisme sportif est-il accessible aux jeunes des milieux populaires ?
  • Les salles de sport, un univers en perpétuel évolution ?
  • Des nouveaux aménagements pour les JO en 20247 : est-ce bien utile ?
  • Les Jeux Olympiques de Paris vont-ils nous inciter à faire du sport ?
Logo-Podcast-Echos du savoir-Univ. Gustave Eiffel

Crédit : Université Gustave Eiffel

>>> A découvrir sur :

Flash sur le sport

Une initiative du service Diffusion des savoirs et ouverture à la société, de l’Université Gustave Eiffel

>>> Retrouvez les autres saisons des Échos du savoir

Margin Call | Ciné-club scientifique

MMargin Call | Ciné-club scientifique

En partenariat avec le CNRS, l’Aquarium Ciné Café propose un cycle de rendez-vous associant projections de films et rencontres avec des scientifiques. Ce ciné-club explorera le fonctionnement de la haute-finance, avec la projection de Margin Call, huis clos intense et passionnant de J.C. Chandor (2012).

Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

La projection sera suivie d’un échange avec Frédéric Jouneau, professeur d’économie à l’Université Lumière Lumière Lyon 2, spécialiste des mécanismes bancaires et financiers. Frédéric Jouneau est membre du Groupe d’analyse et de théorie économique Lyon Saint-Étienne.

 

En savoir plus

Les Journées de l’Économie – JECO 2023 | Surmonter nos fragilités

LLes Journées de l’Économie – JECO 2023 | Surmonter nos fragilités

Rendez-vous les 14, 15 et 16 novembre 2023 pour la 16e édition des Journées de l’Économie ! Pendant 3 jours, participez aux conférences, débats, rencontres, consacrés à l’économie. Cette année, l’évènement s’articulera autour du thème « Surmonter nos fragilités ».

Les Journées de l’Économie (Jéco), organisées par la Fondation Innovation et Transitions, proposent aux citoyens de tous horizons des clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure, en échangeant sur une grande diversité de sujets d’actualité abordés avec un éclairage économique.

Quelques-uns des sujets qui seront abordés durant l’édition 2023 :

Comment enfin réussir les politiques publiques / Réglementer les plateformes numériques / Femmes et finances / Le grand retour du protectionnisme ? / Donner une valeur économique à la nature ? / La transition écologique, croître ou pas ? / Une mondialisation heureuse est-elle possible ? / Questionner trois siècles de croissance / Quels changements pour les mobilités de demain ? / La pauvreté expliquée aux enfants / Comment tout réinventer ?

Parmi les intervenants : Philippe Aghion, Esther Duflo, Louis Gallois, Sylvie Goulard, Sarah Guillou, Anne-Marie Idrac, Aurore Lalucq…

>>> Retrouvez l’ensemble du programme 2023 sur cette page :

Programme des journées

 

 

Réapprendre le commun à l’épreuve de la vulnérabilité. La crise un levier d’espérance ?

RRéapprendre le commun à l’épreuve de la vulnérabilité. La crise un levier d’espérance ?

Face à la vulnérabilisation croissante de nos sociétés et institutions, 23 scientifiques (philosophe, neurologue, juriste, médecin, théologien, architecte, psychologue…) sont appelés à réfléchir sur les défis à venir du vivre-ensemble : transition écologique, refondation de la démocratie, reconstruction du lien social, du système éducatif au monde du travail.

Si les termes « vulnérabilité » et « vulnérable(s) », depuis leur usage en Sciences Humaines et Sociales dès la fin du 20e siècle, ont été souvent utilisés pour désigner des catégories déterminées de personnes et de groupes, ou des conditions spécifiques (âges de la vie, statut social, marginalisation économique…) les derniers évènements nous obligent à reconnaître la vulnérabilisation systémique de nos sociétés dans leur complexité grandissante : de la crise environnementale à la fragilisation des démocraties ; de la radicalisation des conflits (politiques, sociaux, religieux…) à la montée des inégalités dans et entre les pays.

L’originalité du projet porté par la Chaire est d’explorer et de mettre à l’épreuve de la société ce concept à la fois plus large et plus radical de vulnérabilité. Le premier colloque, « Vulnérabilité(s). Du cadre théorique aux enjeux pratiques », a permis d’évaluer la pertinence scientifique du concept à la croisée des champs disciplinaires et d’en mesurer les enjeux sociaux, le caractère éminemment opératoire.

Ce deuxième colloque de la Chaire Vulnérabilités entend réfléchir, toujours par une approche pluridisciplinaire, aux crises qui frappent nos systèmes de vie en commun et qui sont autant de manifestations d’une vulnérabilité partagée, ce qui met en relief un long et profond « déclin de l’institution » (Cf. F. Dubet, 2010) ; ce qui nous met face à une éclipse de l’institutio s’exprimant dans plusieurs « endroits » du vivre-ensemble : l’État, l’éducation, la santé, l’environnement, la famille, l’économie, le travail…

AAu programme :

  • Mercredi 25 octobre – 18h – 19h30 / Conférence inauguraleCarla Canullo, professeure de philosophie à l’université de Macerata (Italie), invitée du Collegium de Lyon, proposera une réflexion autour de La blessure qui sauve : la vulnérabilité entre crise et effondrement.

 

  • Jeudi 26 octobre – 9h – 17h45

9h – 12h20 : Comprendre la crise – où l’on parlera d’expérience historique de la crise, où l’on débattra de droit et de bioéthique, où l’on pensera les vulnérabilités systémiques en santé à l’heure de la médecine personnalisée, de la puissance spirituelle de la non puissance, des enjeux de la vulnérabilité au travail…

14h00 – 17h45 : Réapprendre à vivre ensemble – où l’on parlera de l’impact des crises sur le système d’éducation, où l’on dialoguera entre psychologie et sociologie pour partager les tendances et décrypter les représentations sociales de la vulnérabilité chez quelques travailleurs du social, où l’on explorera les régimes de  l’hospitalité, où l’on se se demandera comment la pratiquer…

>> Retrouver le programme détaillé et le formulaire d’inscription sur :

UCLY – Chaire Vulnérabilités

 

Exposition « Dessiner le droit dans l’anthropocène »

EExposition « Dessiner le droit dans l’anthropocène »

 

EXPOSITION : « Dessiner le droit dans l’Anthropocène » donne à voir, par le dessin, la force créative du droit, pour répondre aux multiples défis et enjeux contemporains lié à l’Anthropocène. À la fois artistique et juridique, l’exposition a mobilisé 93 juristes et artistes de plus de 20 pays. Dix des 51 œuvres sont exposées à l’université.

Une exposition proposée par Cité Anthropocène. Dirigée par Jérémy Cheval (architecte, urbaniste), Lou Herrmann (docteure en urbanisme, dessinatrice, Cité Anthropocène), Natalia Kobylarz (juriste, greffe de la cour européenne des droits de l’Homme) et Isabelle Michallet (professeur à la Faculté de Droit, Université de Rennes).

Découvrir l’intégralité des dessins du projet « Dessiner le droit dans l’Anthropocène ».

En savoir plus sur la Fête de la Science 2023 à l’Université Jean Moulin Lyon 3

 

 

Programmation spéciale RADIO : en écho à cette exposition, mercredi 4 octobre, Radio Anthropocène installera son plateau en direct et en public, à l’Université Jean Moulin Lyon 3, pour une édition spéciale consacrée à la créativité du droit, dans le cadre de La Nuit du droit.

Rendez-vous à partir de 12h, au Salon des Symboles Nord, sur le site de la Manufacture des Tabacs. Sur inscription 

Programme détaillé sur le blog de Radio Anthropocène dans Rue89Lyon

 

 

Les grands témoins | Les 50 ans de l’Université Jean Moulin

LLes grands témoins | Les 50 ans de l’Université Jean Moulin

À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Université Jean Moulin propose une série de conférences « Les grands témoins » mettant en lumière des sujets d’actualité et éclairant le débat sur des questions sociétales.

PProgramme

  • Être magistrat en temps de crises | Jeudi 21 septembre 2023 à 18h30

Intervenant : François Molins, Procureur général honoraire près la Cour de Cassation.

Conférence animée par : Pascale Deumier, professeure à la Faculté de Droit et Éric Carpano, Président de l’Université Jean Moulin.

Lieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e .

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • La protection de l’environnement dans le prétoire | Jeudi 5 octobre 2023 à 17h30

Intervenante : Corinne Lepage, avocat, ancienne ministre.

Conférence animée par : Philippe Billet, professeur à la Faculté de Droit et Jean Untermaier, professeur émérite

Lieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e .

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • Projection du documentaire « Bigger than us » – Sélection officielle Cannes 2021 | Jeudi 5 octobre 2023 à 17h30

Réalisatrice : Flore Vasseur

La projection sera suivie d’une table-ronde.

Intervenants :

– Chloë Vidal, adjointe au Maire de Lyon, Démocratie locale et redevabilité, évaluation et prospective, vie étudiante,

– Amélie Bohas, maître de conférences, iaelyon School of Management, Responsable transition écologique,

– Valérie Revest, professeur des Universités, iaelyon School of Management, Responsable de la valorisation de la recherche, en charge des grandes conférences de l’iaelyon School of Management

Lieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre Malraux – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • Rencontre littéraire | Jeudi 19 octobre 2023 à 18h

Intervenante : Brigitte Giraud, écrivaine, Prix Goncourt 2022

Animée par : Benoît Auclerc, chargé de mission à la Culture et enseignant à la Faculté des Lettres et Civilisations

Lieu : Bâtiment Athéna – Amphithéâtre Quinet – 7 rue Chevreul, Lyon 7e

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • Réussir la transition écologique | Mardi 24 octobre 2023 à 18h

Conférence inaugurale de l’École universitaire de la transition écologique.

Intervenant : Cédric Vilani, professeur à l’Université Claude-Bernard Lyon 1, Médaille Fields 2010

Rencontre animée par : Gilles Bonnet, 1er vice-président de l’Université Jean Moulin en charge du conseil d’administration, du pilotage et de la stratégie numérique

Lieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre Malraux – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • L’intelligence artificielle est-elle une charité ensorcelée ? | Jeudi 26 octobre 2023 à 18h30

Intervenant : Jean-Gabriel Ganascia, professeur des universités à la Faculté des Sciences de Sorbonne Université, ancien président du Comité d’éthique du CNRS.

Lieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e.

> Inscription obligatoire en cliquant ici

 

  • Une histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France | Mercredi 15 novembre 2023 à 18h

Intervenants : Thomas Piketty et Julia Cagé, économistes

Conférence organisée en partenariat avec : la Villa Gillet dans le Cadre du Festival Mode d’Emploi 2023.

Lieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre D – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.

> Inscription obligatoire en cliquant ici

Enregistrement réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de l’Université Jean Moulin Lyon 3. L’université avait proposé une série de conférences intitulée « Les grands témoins » mettant en lumière des sujets d’actualité et éclairant le débat sur des questions sociétales.

 

« Faire face à l’Anthropocène : les voies du droit » d’Isabelle Michallet

«« Faire face à l’Anthropocène : les voies du droit » d’Isabelle Michallet

Comment le droit peut-il répondre aux défis de notre époque anthropocène ?

L’Ecole urbaine de Lyon, les éditions deux-cent-cinq et Cité Anthropocène présentent le premier ouvrage issu d’un cours public de l’Ecole urbaine de Lyon, donné par Isabelle Michallet, enseignante à la Faculté de droit de l’Université Jean Moulin Lyon 3.

Dans cet ouvrage, la juriste Isabelle Michallet explore les voies par lesquelles le droit peut aujourd’hui répondre à l’urgence écologique. L’auteure parcourt 6 grandes propositions et esquisse ainsi les voies pour un droit qui protège, capable de répondre aux défis de l’Anthro­pocène :

  • Cesser de piller la biodiversité
  • Personnifier la nature
  • Incarner les générations futures
  • Imposer l’égalité des sexes
  • Criminaliser les destructions
  • Respecter le droit de l’environnement

Isabelle Michallet est enseignante à la Faculté de droit de l’Université Jean-Moulin Lyon 3 et chercheuse au sein du laboratoire EVS (CNRS – UMR 5600), spécialisée en droit de l’environnement (biodiversité, participation citoyenne, gouvernance environnementale, les fleuves internationaux).

En savoir plus et commander ce livre sur le site des Éditions deux-cent-cinq.

Les propositions faites dans ce livre résultent d’un cours dispensé par Isabelle Michallet, dans le cadre des Cours publics de l’Ecole urbaine de Lyon en 2021. Pour les besoins de l’ouvrage, ce cours a été retravaillé et actualisé, rédigé dans la perspective d’être accessible à tout lecteur.

En savoir plus sur le cours public 2021 et revoir les vidéos des séances sur la chaine YouTube :

cité anthropocène

 

Le débat sur la valeur travail est une nécessité | The Conversation

LLe débat sur la valeur travail est une nécessité | The Conversation

Débattre de la notion de travail devrait questionner la centralité même de ce dernier dans nos vies par rapport à d’autres enjeux, comme la famille, l’intime, la place du politique.
Sarah CHai/Pexels, CC BY-NC-ND

La question du travail est au cœur de questions brûlantes d’actualité telles que la réforme des retraites, l’utilisation industrielle de l’intelligence artificielle ou bien encore la remise en cause du modèle productiviste.

Paradoxalement ces multiples interrogations sur les évolutions concrètes du travail ont lieu au moment même où le travail continue à être présenté comme une valeur morale indiscutable et cela de la gauche à la droite de l’échiquier politique.

Tout se passe comme si les débats nécessaires sur les transformations de la place du travail dans notre quotidien étaient limités voire empêchés par un consensus non interrogé, une doxa, sur la centralité indépassable du travail pour avoir un revenu, pour s’émanciper, pour créer de la solidarité, etc.

Et pourtant accepter de débattre sur la place du travail dans la société de demain est sans doute un préalable à toute bifurcation nous permettant de remédier à la triple crise économique, démocratique et écologique que nous vivons.

DDéfinir l’espèce humaine

Le travail, activité visant à transformer son environnement, peut être perçu comme l’élément qui définit la spécificité humaine. L’homme en créant par le travail les conditions de son existence se différencie ainsi de l’animal soumis aux aléas de la nature. Simultanément le travail comme effort pour aller au-delà de soi-même est perçu comme un moyen d’émancipation. Dans ces conditions, le travail comme valeur morale reste central alors même que le travail comme activité économique n’obéit plus à la même nécessité qu’autrefois du fait de l’évolution technologique.

Déjà l’ouvrier spécialisé a été remplacé par la machine dans de nombreuses entreprises et nous sommes aujourd’hui avec l’intelligence artificielle au début de questionnements quant à l’avenir des activités intellectuelles. Cette tension entre la raréfaction du besoin de travailler pour produire de la richesse économique et le consensus autour de la nécessité de travailler et l’une des sources, dans nos sociétés, de dégradation de l’emploi (défini comme du travail rémunéré).

Faute d’envisager une diminution drastique du temps de travail et de décorréler obtention d’un revenu et emploi, nous assistons à une lente dégradation de la qualité et de l’intérêt du travail : précarisation, parcellisation des tâches, etc.

Cela se traduit par des phénomènes comme «les bull shit jobs» mis en évidence par l’anthropologue David Graeber, le «quiet quitting» (faire le minimum dans l’emploi qu’on occupe), la souffrance au travail, ou la grande démission. Cela participe aussi à l’opposition des Français au report de l’âge de la retraite et à la montée d’un ressentiment vis-à-vis des élites économiques mais aussi politiques ce qui alimente la crise démocratique.

LLe travail contre la démocratie ?

Certains, qui ont la chance d’exercer des métiers intéressants et rémunérateurs semblent défendre la dimension émancipatrice du travail alors que, dans les faits, ce qu’ils défendent réellement c’est l’obligation faite à des personnes peu qualifiées d’accomplir des tâches pénibles et non porteuses de sens qu’ils ne veulent pas accomplir.

Homme triste avec cravate
Aujourd’hui, on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux.
Andrea Picquadio/Pexels, CC BY-NC-ND

Ce phénomène, que le philosophe André Gorz nomme «dualisation salariale» est dangereux pour la démocratie car il éloigne l’horizon d’égalité. Cette dualisation salariale se couple avec l’idée de subordination propre à tout contrat salarial. Pour le dire autrement, on défend l’idée morale d’un travail émancipateur qui se traduit par un contrat salarial producteur d’inégalités et réducteur d’autonomie.

Or la démocratie est auto nomos (autonomie) la capacité à faire et défaire collectivement les normes qui nous gouvernent comme le rappelait Cornélius Castoriadis.

ÊÊtre libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique

En effet, la valorisation morale du travail semble une donnée intemporelle, naturelle, alors que dans la Grèce antique, quand on parlait de valeur on discutait du beau, du bien ou du vrai mais pas du travail. D’ailleurs, ainsi que le soulignait la philosophe Hannah Arendt, il fallait même être libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique

Aujourd’hui, au contraire, à travers le télétravail on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux.

Ce temps consacré à l’économique est d’autant plus important que nous sommes rentrés dans une économie de l’attention qui occupe une large part de nos loisirs. Cette temporalité hégémonique du travail et de la consommation correspond à ce que Karl Polanyi (1983) nomme une société de marché, c’est-à-dire une société qui n’est plus régulée par des lois délibérées mais par les règles de l’échange marchand. De ce fait, nous avons de moins en moins de temps pour vérifier les informations, pour remettre en cause des évidences, pour construire sereinement dans la délibération des désaccords féconds. Cela dans une période où il nous faut pourtant prendre le temps d’inventer des solutions collectives pour aller vers une société plus résiliente et écologique.

VValeur travail ou soutenabilité écologique, il faut choisir

L’impératif moral d’avoir une activité productive rémunérée fait passer au second plan l’utilité sociale et écologique de la production. Autrement dit, nous sommes dans une société où on ne travaille plus pour produire plus mais où on produit plus pour pouvoir être en mesure de travailler plus.

Ainsi, produire plus d’automobiles ne permet pas d’aller plus vite et d’être plus libre, cela crée des embouteillages et de la pollution ce qui créera de nouveaux marchés nécessitant plus de travail dans l’invention et la production de véhicules plus rapides ou plus écologiques. Nous pouvons faire référence à Ivan Illich qui montrait dans La convivialité et cela dés 1973, que l’automobile ne permettait pas de se déplacer plus vite qu’en vélo mais qu’elle créait, au nom du progrès et la croissance, de la dépendance.

Mini-bus, van, bicyclette
Peut-on imaginer une société plus conviviale sur le modèle proposé par le penseur Ivan Illich?
Pexels/Elviss Railijs Bitāns, CC BY-NC-ND

Or ce paradoxe est catastrophique pour l’écologie. Il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie sur une planète finie. Pour préserver les conditions d’habitabilité de la planète, il semble nécessaire de produire moins et donc accepter de travailler moins. Comment ? Dans quel secteur ?

RRemettre en question la place centrale du travail

Pour que ce débat ait lieu, il faudrait débattre de la valeur travail et remettre en cause sa centralité. Or ce débat n’est pas simple car il renvoie, tout d’abord, à des questions débattues mais qui n’ont pas, pour l’instant, trouvé de réponses consensuelles.

La première, mise en évidence à l’occasion de l’épisode de Covid-19, est celle de la juste rémunération des tâches. Les tâches socialement les plus utiles – celle du care notamment – sont pourtant parmi les moins rémunératrices.

La seconde, ouverte par les débats autour du RSA en France et plus généralement du revenu d’existence en Europe, est celle du découplage du lien entre emploi et revenu.

Cette seconde question entraîne une troisième, celle de la répartition des tâches collectives ingrates si elles ne sont plus assurées par des personnes soumises à des conditions de travail dégradées. Mais ce débat est complexe aussi parce qu’il renvoie à des thèmes non débattus dans l’espace public.

Le premier est celui de la justice distributive (à chacun selon ses mérites). Le droit de vivre doit-il découler de l’effort productif ou du respect de la dignité humaine ? Dans le premier cas, chacun doit apporter une contribution au collectif, dans le second chacun est libre de sa (non) participation. Le deuxième est celui de la valeur économique. Aujourd’hui, l’économie se fonde sur l’idée que la création de richesses repose sur la création de valeur qui elle-même repose sur l’utilité. C’est-à-dire en définitive sur les désirs des individus. Tant que quelque chose répond à un désir humain quelconque il doit être produit. Conception qui engendre de la croissance mais pas nécessairement de l’utilité sociale et de la soutenabilité écologique.

En réalité, le débat sur la valeur travail est à la fois nécessaire et difficile à mettre en place car il vise à remettre en cause la primauté de l’économique sur le politique, le social et l’écologique. Débattre de la valeur travail c’est, au fond, débattre de «ce à quoi nous tenons».

 

Article publié sur The Conversation le 13 juin 2023

Éric Dacheux, Professeur en information et communication, Université Clermont Auvergne (UCA) et Daniel Goujon, Maître de conférences en sciences économiques, Université Jean Monnet, Saint-Étienne

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Controverses à l’ère de l’Anthropocène. Période 1 : les rapports contrariés de l’homme à l’animal | Cours public 2023

CControverses à l’ère de l’Anthropocène. Période 1 : les rapports contrariés de l’homme à l’animal | Cours public 2023

>> Présentation

A l’occasion du cours public 2022 « Ruptures à l’ère de l’Anthropocène », qui caractérisaient le renouvellement des rapports de l’homme à l’environnement, nous interrogions la personnification de la nature, où l’animal se retrouvait sujet de droit, soustrait de sa condition d’objet de ce même droit. Dans le cadre des « Controverses juridiques » qui marquent cette ère vraiment très spéciale qu’est l’Anthropocène, nous poursuivons ce questionnement des rapports de l’homme à l’animal, qui restent marqués par une différenciation essentialiste, fruit des rapports particuliers de l’homme à la nature, une construction plutôt qu’une relation « naturelle ».

 

>> Intervenant

Philippe Billet, Professeur agrégé de droit public à l’Université Jean Moulin – Lyon 3, directeur de l’Institut de droit de l’environnement de Lyon (CNRS – UMR 5600 – EVS-IDE) et membre du Labex IMU. Spécialiste de droit de l’environnement, il s’intéresse plus particulièrement aux risques naturels, à la protection de la biodiversité et des espaces naturels, à la protection des sols et au régime juridique des services écosystémiques. Président d’honneur de la Société française pour le droit de l’environnement, il est par ailleurs Président de la Commission « Espaces protégés » du Conseil national de la protection de la nature, Vice-président du Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et membre du Conseil scientifique du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée.

 

>> Vidéo de la 1ère séance : Introduction – Comment penser la Nature dans le droit de l’environnement ?

>> Vidéo de la 2ème séance : Espèces animales protégées.

>> Vidéo de la 3ème séance : Le retour des grands prédateurs.

>> Vidéo de la 4ème séance : La lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

>> Vidéo de la 5ème séance : La régulation des espèces dites nuisibles.

>> Vidéo de la 6ème séance : L’animal, être sensible.

 

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur la chaine YouTube :

Cité anthropocène