RRecherche d’emploi : votre état d’esprit est-il un obstacle ? La recherche d’un emploi s’avère le plus souvent ardue, en particulier dans un contexte de changements économiques et technologiques. Mais d’autres raisons moins évidentes peuvent expliquer pourquoi certaines personnes éprouvent des difficultés à trouver un emploi..L’une d’elle tient à leurs idées trop restrictives sur les critères d’obtention d’un emploi de qualité. Ces présomptions, parfois inconscientes, peuvent les empêcher de s’engager sans réserve dans des stratégies et des opportunités de recherche d’emploi efficaces.[…]Auteurs : Lauren Keating, Professeure en comportement organisationnel et psychologie, emlyon business schoolet Peter A. Heslin, Professeur de management, UNSW Sydney >> Lire l’article complet sur :knowledge@emlyon
LLes usages de la narration dans les sciences | Carte Blanche Faire de la science, ce n’est pas produire des réponses sur ce qui se produit dans le monde, c’est avant tout se poser les bonnes questions.Le scepticisme méthodologique du scientifique le place souvent dans une posture d’enquêteur : il doit résoudre une énigme. L’intrigue est un moyen universel de jouer avec les questions que l’on se pose sur le monde. Dans les sciences, elle est particulièrement efficace pour guider les questionnements.La Bibliothèque universitaire Sciences de l’Université Claude Bernard Lyon 1 a donné carte blanche à François Dessart, enseignant chercheur au laboratoire S2HEP Lyon1 et formateur à l’INSPÉ Croix Rousse. Lors de sa présentation François Dessart explique comment son travail de recherche explore la tension narrative dans les mises en intrigue des scientifiques et comment susciter les questionnements scientifiques à l’école.> Vidéo de la conférence : >> Pour en savoir, plus rendez-vous sur le site : BU Lyon 1
LLa solitude des Juifs français face aux attentats et à l’antisémitisme | The Conversation Cette semaine marque les 10 ans des attentats de janvier 2025 au cours desquels 17 personnes ont été assassinées, dont 4 dans une épicerie cacher. Depuis 2015, l’antisémitisme n’a pas disparu. Une hausse des actes antisémites en France a même été constatée suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Comment les juifs de France vivent-ils cette recrudescence de la haine à leur égard ?Les 20 dernières années ont été émaillées par des attentats meurtriers, dont une part importante avaient un caractère antisémite. Si en 2012, nombre d’analyses évoquaient l’action de « loups solitaires » isolés, l’année 2015 marque un tournant. La multiplication d’attentats antisémites signale une violence structurelle et identifiée en tant que telle.Au-delà de ces moments de violence extrême et meurtrière, les agressions subies par les personnes juives de France montrent que ces événements s’inscrivent dans un contexte plus large. Entre 2004 et les 2014 le nombre d’actes et menaces antisémites oscille entre 400 et 1000 faits délictueux ou criminels par an. En 2023, 1676 cas ont été recensés, soit une multiplication par quatre, tendance qui s’est maintenue en 2024.Comment les Français juifs ont-ils vécu les actes antisémites et les attentats de ces dernières années ? Une série d’entretiens réalisés dans le cadre de ma thèse de doctorat permet d’éclairer la manière dont les Juifs français se positionnent vis-à-vis de l’antisémitisme contemporain en France.Un retour de l’antisémitisme ?Certains commentateurs évoquent un « retour de l’antisémitisme » depuis les années 2000. Pourtant, les décennies précédentes avaient été marquées par différents événements, dont certains particulièrement meurtriers, comme les attentats de la synagogue Copernic en 1980 et de la rue des Rosiers en 1982, ou encore le meurtre de Ilan Halimi en 2006.Attentat au 24 de la rue Copernic, dans le XVIeà Paris, le 3 octobre 1980, INA.Cette perspective invite donc à sortir d’une lecture ahistorique, pour ancrer les événements récents dans l’histoire structurelle de l’antisémitisme en France.Antisémitisme à la française ?Actuellement, l’antisémitisme est parfois décrit comme étant le fruit de l’importation du conflit israélo-palestinien. Ces considérations sont exacerbées depuis l’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre et des bombardements israéliens sur Gaza qui ont débutés peu de temps après.Mais si la période récente a bien vu une hausse des actes antisémites, l’analyse ne doit se contenter d’une perspective conjoncturelle et au contraire interroger ce qu’il peut y avoir de structurel dans l’antisémitisme en France.Rappelons par exemple que les débats sur l’indemnisation des spoliations des biens des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ont suscité des vagues d’agressions antisémites dès l’année 1999.Ces éléments de contexte qui ont un impact mesuré par des données statistiques, ne doivent pas conduire à minimiser l’histoire longue des discriminations de persécutions contre les juifs, qui reposent sur des préjugés séculaires.L’Hyper Cacher, un attentat qui s’inscrit dans une série noireAu-delà des considérations théoriques sur les sources de l’antisémitisme, ce que de nombreuses personnes juives ou assimilées partagent, c’est que l’attaque de l’Hyper Cacher s’inscrit dans une continuité et non dans un surgissement soudain de la violence antisémite.Ce qui change en janvier 2015, c’est la multitude des réactions sociales aux attentats, notamment à travers la marche républicaine organisée peu après les faits. Le 11 janvier 2015, des millions de Français se rassemblent en hommage aux victimes des jours précédents, mais rapidement, un certain désenchantement apparaît au sein des communautés juives.Celui-ci est exprimé de manière très marquante par Roger :« On savait très bien le 11 janvier que les gens manifestaient pas pour l’Hyper Cacher. Parce qu’ils avaient pas manifesté pour Ilan Halimi, parce qu’ils avaient pas manifesté pour Toulouse. Donc seuls les Juifs, en gros, se retrouvaient à manifester d’où le sentiment de malaise, le sentiment d’exclusion qu’avaient les Juifs. »Commémoration de la mairie de Saint-Mandé, janvier 2017, autour d’une plaque posée par la mairie dans le Jardin du Souvenir inauguré pour rendre hommage aux victimes des attentats de janvier 2015. | ©S.Hennebert, Author providedAu cours des années, le sentiment d’abandon perdure – y compris en 2015 où, pour de nombreuses personnes interrogées, les victimes juives disparaissent dans l’ombre de Charlie Hebdo. L’usage du slogan « Je suis Charlie » semble avoir exacerbé ce ressenti.Les réactions politiques : hommages ou récupérations ?Pourtant, en 2012 (à la suite des attentats de Mohamed Merah) et en janvier 2015, les réactions politiques sont nombreuses. Mais, pour les personnes rencontrées, elles ne sont pas suffisantes face au silence du reste de la population et restent considérées comme de la récupération politique.Par exemple, Romi, qui n’est pas habituée à se rendre à des commémorations ou des manifestations, s’est dite choquée par la manière dont s’est déroulée la marche blanche en hommage à Mireille Knoll assassinée à son domicile en 2018 :« Je me rappelle que j’étais partie là-bas, y avait plein de Juifs, et j’me rappelle qu’il y avait Marine Le Pen qui s’est faite huer […]. Y avait je crois le CRIF qui était là, et y avait aussi Jean‑Luc Mélenchon, y avait la télé, en fait à la fin ça devenait n’importe quoi, c’était juste les politiques qui se faisaient huer, et on oubliait le but principal de la marche. »Certains, comme Camille, refusent de se rendre à l’événement en raison du paysage politique qui s’y trouve rassemblé :« Je crois qu’il y avait toute une histoire [parce que] Marine Le Pen allait participer à la marche aussi, des choses comme ça […] et que ouais j’ai pas forcément envie de manifester avec Marine Le Pen. Mais, et en même temps je veux pas du tout minimiser l’importance des marches comme ça ou, enfin je condamne pas du tout le fait d’y aller quoi. »Plus récemment, en 2023, lors du rassemblement organisé contre l’antisémitisme, la présence du RN a été très mal acceptée par certaines personnes juives. Mais si certains se sont opposé frontalement au RN en raison de son histoire ancrée à l’extrême droite, d’autres ont surtout critiqué les positions de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise.L’importance du processus judiciaireL’arène politique n’est pas le seul espace de revendication et de tensions. La justice est perçue comme particulièrement importante pour les personnes interrogées qui attendent la condamnation des auteurs des crimes antisémites.Ainsi, les cours de justice ont été particulièrement investies à la suite de meurtres antisémites, comme en atteste la présence de nombreuses associations (CRIF, France-Israël, MRAP, SOS Racisme, etc.) parmi plus de 200 parties civiles au procès des attentats de janvier 2015.Cela n’empêche pas certains d’exprimer une certaine désillusion face à l’institution judiciaire. À ce titre, le processus judiciaire après le meurtre de Sarah Halimi en 2017, a été source de nombreuses désapprobations car le caractère antisémite ne fut pas reconnu comme l’a exprimé Michel :« Je me dis mais attends, j’ai l’impression que c’est des rigolos les juges mais je me dis bah ils doivent pas connaître ce que c’est l’antisémitisme c’est ça le problème, c’est que finalement, c’est quoi le critère. »Les juifs et le procès « Charlie »Le procès « historique » de 2020 qui a jugé les complices et soutiens logistiques des attaques terroristes de 2015 semble avoir redonné une place aux différentes victimes qui se sentaient oubliées, qu’elles soient juives ou non. Ce procès a été évoqué comme « le procès des attentats 2015 » permettant d’inclure toutes les victimes des 7, 8 et 9 janvier. Cependant, dans la pratique, il était courant d’entendre parler du “procès Charlie”, ce qui a pu être vécu comme une reproduction de l’invisibilisation ressentie en 2015.Cinq ans après ce procès, le sentiment d’abandon des juifs de France perdure. En outre, la suite des attaques du 7 octobre ont conduit à des désaccords politiques entre les organisations qui revendiquent un héritage juif. Si certains ne se retrouvent pas dans ce sentiment d’abandon, d’autres au contraire ont constitué des groupes pour lutter contre l’antisémitismL’autrice réalise actuellement sa thèse Les mémoires de l’antisémitisme en France, sous la direction Nancy Venel (Université Lyon 2) et de Sarah Gensburger (Université Paris Nanterre).> Autrice :Solveig Hennebert, Doctorante, Université Lumière Lyon 2Cet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :The Conversation
LLe défi des chercheurs face aux figures controversées La Public Factory de Sciences Po Lyon, fabrique de projets, a le plaisir de vous inviter à un nouvel événement de la programmation « Rendre justice ». Un programme qui mêle réflexion académique, arts et engagement citoyen pour ouvrir le dialogue entre chercheurs, artistes, citoyens, associations et entreprises.La Public Factory accueille Anne-Sophie Chambost, professeure des universités en histoire du droit et des institutions à Sciences Po Lyon, pour une rencontre animée par Nina Burattin, doctorante en histoire des féminismes anarchistes.Cette discussion portera sur les défis auxquels sont confrontés les chercheurs lorsqu’ils étudient des figures controversées, ouvrant ainsi une réflexion sur les enjeux éthiques et méthodologiques de telles recherches.>> Pour plus d’information : Public Factory
RRencontre : Corps réparé, corps modifié Entre réparation et régénération, les avancées scientifiques laissent présager des évolutions médicales impressionnantes dans un futur plus ou moins proche. Quel corps voudront-nous demain ?Quelles transformations serons-nous prêts à accepter pour être en meilleure santé ?Ces modifications relèveront-elles du strict domaine médical ou bien intégreront elles l’envie personnelle et le choix individuel ?Quel impact peuvent-elles avoir sur nous-mêmes, et sur les autres ?Entre éclairage historique et innovation, entre réflexion scientifique et éthique, venez en débattre avec une équipe scientifique pluridisciplinaire.> Avec la participation de :Jean-Baptiste Cabaud, écrivain et poèteChristophe Marquette, biochimiste, spécialiste de l’impression 3D pour la santé à l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires, directeur de la plateforme 3d.FABEmma Petiot, biologiste, spécialiste de l’impression 3D pour la santé à l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires, plateforme 3d.FABCette rencontre est organisée par le CNRS et le café-librairie Carbone.>> Pour en savoir plus : CNRS ©CNRS
LLa Science taille XX Elles L’exposition La Science taille XX Elles, créée par le CNRS et l’association Femmes & Sciences, célèbre le rôle des femmes scientifiques dans la recherche. Cette exposition itinérante est couplée à des rencontres et donne à voir des portraits de femmes scientifiques réalisés par le photographe Vincent Moncorgé. Le groupe lyonnais de Femmes & Sciences, la délégation Rhône Auvergne du CNRS et l’École normale supérieure de Lyon ont décliné le concept La Science taille XX Elles dans la région lyonnaise. Le photographe Vincent Moncorgé a fait les portraits de 20 ambassadrices, femmes scientifiques travaillant dans des domaines variés au sein de laboratoires publics ou d’entreprises privées lyonnais. Une belle manière de se rendre compte de toutes les carrières possibles dans la recherche, quel que soit son genre et son niveau d’étude.Cette exposition est également disponible en format itinérant (et gratuit !), notamment pour les lycées.> Vous pouvez découvrir l’exposition :Du 8 au 26 janvier à l’espace Guy de Chauliac de Brignais | Renseignements iciDu 8 au 21 avril au Musée Claude Bernard à Saint Julien | Renseignements iciConférence le 8 avril à 18h30 sur l’invisibilisation des femmes en sciences avec Olga Paris-Romaskevich, mathématicienne russe, et Isabelle Vauglin, astrophysicienne au CRAL.En avril (dates précises à venir) à la Médiathèque de Belleville-en-Beaujolais – Le Singulier(s)| Renseignements ici En savoir plus sur l’exposition :La science XX Elles
CComment lutter contre les manipulations de l’information ? Dans le cadre du séminaire de rentrée des élèves conservateurs, l’Enssib a invité le 7 janvier 2025, David Colon, professeur agrégé d’histoire à Sciences Po Paris, pour la grande conférence qui inaugure la programmation 2025 de l’Enssib en faveur du dialogue entre la science et la société.David Colon est l’auteur de nombreux ouvrages. Spécialiste de propagande, de la manipulation de masse et de communication politique en temps de guerre, de l’information, il a reçu en 2024, pour son livre La guerre de l’information (Editions Tallandier, 2023), le prix de la Revue des Deux Mondes, un prix littéraire de la Plume et l’épée, et le prix Corbay décerné par l’Académie des sciences morales et politiques.Cette conférence s’inscrit dans les engagements de l’Enssib en faveur du dialogue entre la science et la société, à travers la Charte Science et Société, adoptée en conseil d’administration le 10 décembre 2024. Avec le soutien du ministère de la culture, l’Enssib déploie un programme d’actions ambitieux en faveur de l’éducation aux médias et à l’information et la lutte contre la désinformation.>> Regardez la vidéoL’Enssib s’engage également à travers ses actions de formation dédiée et à travers une programmation ouverte à tous et toutes depuis la chaîne YouTube de l’Enssib :Consultez la chaîne YouTube
LLes « pétrosavoirs », alliés des climatosceptiques contre les énergies renouvelables Derrière l’insolent succès des ouvrages climatosceptiques en France, c’est une véritable guerre culturelle qui se joue. Son enjeu ? Les connaissances relatives à l’énergie. On y trouve notamment les « pétrosavoirs », portés par l’industrie fossile, qui font tout pour rendre inaudibles les bonnes nouvelles relatives aux énergies renouvelables. Il est pourtant possible de décarboner nos imaginaires et de sortir des narratifs dystopiques qui nous plongent dans l’impuissance.Une guerre culturelle a commencé. Continue, ouverte ou cachée, explicite ou détournée, elle concerne le destin de l’humanité tout entière. Elle concerne les savoirs autour de l’énergie, et plus particulièrement les contre-vérités diffusées par les « pétropouvoirs » internationaux.En témoigne l’insolent succès, en librairie, des ouvrages climatosceptiques qui nourrissent explicitement le doute.Le problème ? Ces « pétrosavoirs » retardent les engagements collectifs et individuels dans la sortie des énergies fossiles et la compréhension des fantastiques potentialités des énergies renouvelables de flux.Fossiles contre renouvelables : s’empoisonner, quoi qu’il en coûteL’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables, International Renewable Energy Agency en anglais) l’a exprimé clairement dans ses Perspectives des transitions énergétiques mondiales 2023 :« Les investissements mondiaux dans toutes les technologies de transition énergétique ont atteint un niveau record de 1 300 milliards de dollars en 2022, mais les investissements dans les combustibles fossiles étaient près de deux fois supérieurs à ceux dans les énergies renouvelables. »En termes clairs : les technologies renouvelables sont désormais largement disponibles et maîtrisées. Pourtant, le monde continue de foncer à pleine vitesse vers la catastrophe. Il faudrait tripler le niveau des capacités renouvelables installées annuellement pour conserver la possibilité de rester sur la trajectoire d’un réchauffement limité à 1,5 °C par rapport au niveau préindustriel à l’horizon 2050, ainsi que le prévoyait l’accord de Paris en 2015.Ce niveau pourrait être atteint dans la prochaine décennie, 2025 se présentant comme une année charnière. Même la nécessité d’une « électricité de base non renouvelable » (nucléaire ou autre) vient d’être récemment modélisée comme inutile et trop coûteuse dans la stabilisation d’un système électrique basé sur les renouvelables. Comprendre : les énergies renouvelables peuvent se suffire à elles-mêmes.Qu’il soit difficile d’arrêter de fumer est une chose. Mais que vous décidiez de continuer à augmenter continuellement votre consommation journalière de cigarettes (plus de 15 % d’augmentation des investissements dans les fossiles durant les deux dernières années), alors que l’on vous a diagnostiqué depuis plusieurs décennies un cancer du poumon, en est une autre. C’est pourtant ce que fait l’humanité avec les énergies fossiles.Les « Energy Humanities » à la rescousseD’où vient cet irrationalisme énergétique global qui, comme on l’a vu plus haut, confine au suicidaire ? Tant les problèmes que les solutions mobilisent des connaissances de dimensions collectives et individuelles. S’y ajoutent aussi des enjeux de désinformation et de déni, de manque de confiance dans les capacités d’agir et de différences dans la relation au temps. En témoignent la difficulté à se projeter et la domination dans l’espace médiatique d’un « présentisme perpétuel ».Ainsi, la proportion de Français et Françaises qui doutent du caractère anthropique du réchauffement climatique a doublé en 20 ans pour désormais atteindre 30 %. Les intérêts économiques ou politiques les plus immédiats sont souvent invoqués, sous forme conjointe, pour le justifier.Il existe toutefois une perspective de sciences humaines et sociales plus large et désormais bien documentée, notamment par les Environmental Humanities anglo-saxonnes. Le sous-champ des Energy Humanities – ou humanités énergétiques – est, à cet égard, particulièrement intéressant.Quand les « pétrosavoirs » s’emploient à amoindrir les bonnes nouvellesComme le souligne l’anthropologue Dominic Boyer, les grands acteurs des énergies fossiles mobilisent aujourd’hui un ensemble de « pétrosavoirs » très large afin de contrer la réalité de la transition énergétique et la possibilité de maîtriser le réchauffement climatique. Cela se fait soit frontalement, soit par la ruse : les faits sont déformés et émerge une « post-vérité » antidémocratique.Ces acteurs ont mobilisé d’importants moyens pour diluer ou masquer la « bonne nouvelle », ainsi que l’a illustré le récent film français Goliath (2022) à travers le personnage de lobbyiste incarné par Pierre Niney.Site éolien de La Ventosa, au Mexique, d’une puissance de 101 MW.Frédéric Caille, Fourni par l’auteurPourtant, les potentialités des techniques récentes des énergies renouvelables (solaire et éolien) sont bien réelles, de même que celles des réseaux intelligents ou de la sobriété énergétique. De nombreux chercheurs du domaine en témoignent, tels, en France, Daniel Lincot ou Philippe Bruyere. Ils soulignent que, grâce à ces progrès, une transition intégrale vers un mix énergétique totalement décarboné et dénucléarisé à l’échelle mondiale d’ici 2050 est possible.Les faits leur donnent raison. Dans l’indifférence générale ou presque, l’éolien et le solaire ont, pour la première fois, dépassé les énergies fossiles dans l’UE au premier semestre 2024. Au-delà de la France, ce constat est aujourd’hui fermement défendu de l’autre côté de l’Atlantique, et pas seulement par le pionnier du domaine Amory Lovins.Centrale solaire photovoltaque de 20 MW à Merina Ndakhar, au Sénégal.Frédéric Caille, Fourni par l’auteurMais il est plus tentant, pour les pétrosavoirs, d’envisager d’autres scénarios totalement farfelus, comme couvrir les déserts de panneaux photovoltaïques, ou de laisser entendre – à tort – que la poussière ou la chaleur empêcheraient la production d’électricité photovoltaïque en Afrique, surtout au moment même où l’Australie lance la plus grande centrale solaire au monde, d’une puissance équivalente à six réacteurs nucléaires.Sortir des narratifs dystopiquesLe combat est donc engagé pour sortir de la domination des énergies fossiles dans la culture et dans les imaginaires, comme en témoignent par exemple les travaux du groupe Petrocultures. Il s’agit de l’une des guerres « contre-hégémoniques » les plus importantes de l’histoire de l’humanité, dont l’issue pourrait décider de sa survie.Illustration représentant l’invention d’Augustin Mouchot pour concentrer l’énergie solaire.Le Petit inventeur, 1927Faute de connaître les solutions énergétiques positives possibles et leur inscription dans le temps long, les populations actuelles se trouvent facilement exposées aux sirènes du climato-dénialisme.Qui se souvient encore des travaux pionniers sur la récupération de la chaleur d’Augustin Mouchot (1825-1912) et des débuts de l’énergie solaire thermodynamique en France, dont Alexandre Mouthon a retracé les accomplissements dès les années 1970 ?Centrale électrique fossile abandonne sur l’île de Santiago, Cabo Verde.Frédéric Caille, Fourni par l’auteurLes narratifs dystopiques qui dominent les productions culturelles actuelles font ainsi écho aux saillies négationnistes de Donald Trump, et qu’importe si 2024 est une nouvelle fois l’année la plus chaude jamais enregistrée.Il est également possible, comme le suggère Dominic Boyer, que ces narratifs correspondent à une forme de pouvoir « gérontocratique » déréalisé, comparable à la fin du système soviétique, sinon à un véritable « fascisme fossile » toujours plus menaçant, où se mêlent confusément les peurs identitaires et la défense des énergies du passé.Dans ce contexte, les éditeurs qui prospèrent sur le marché du climatoscepticisme et des pétrosavoirs sont des assassins et doivent être stigmatisés comme tels. Plus que jamais, il est urgent de déconstruire, partout et par tous les moyens, les offensives culturelles des pétrosavoirs et de faire comprendre que les énergies renouvelables sont une source d’espoir considérable pour l’ensemble des femmes et hommes de la planète. Il est possible d’échapper à la fatalité de l’accélération du réchauffement climatique et de permettre le développement humain et l’accès aux services vitaux et énergétiques pour toutes et tous, notamment en Afrique.Auteur : Frédéric Caille, Maître de Conférences HDR en Science Politique, ENS de LyonCet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :The Conversation
«« Tu seras scientifique, ma fille ! » « Tu seras scientifique ma fille ! » Camille Van BelleL’absence des femmes dans les sciences, le monde de l’ingénierie et de l’informatique est criante. Cette situation interpelle à tous les niveaux.Quelle égalité des chances filles-garçons peut-on espérer quand les filles désertent les métiers et les filières professionnelles les plus porteurs, rémunérateurs et recherchés par les entreprises ? Quelles conséquences sur la performance économique quand la moitié des talents déserte les fonctions les plus stratégiques pour la croissance des entreprises ? Quel projet éducatif promouvoir au cœur des foyers et pour la nation pour que les filles puissent investir les sciences et s’y épanouir ?La conférence « Tu seras scientifique, ma fille ! » apporte des éclairages sur les motifs du détournement des filles des STIM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques), propose des pistes pour une éducation non stéréotypée et l’accès des filles aux métiers scientifiques, ainsi que des temps d’échange pour faciliter le partage des bonnes pratiques.>> Pour en savoir plus :Musée de sciences biologiques
FFilmer la ferme, filmer le temps – Table Ronde avec Gilles Perret Si de nombreux documentaires sont consacrés depuis plusieurs années à l’histoire des transformations agricoles, l’approche « au ras de la ferme et des hommes » choisi par le réalisateur Gilles Perret dans La ferme des Bertrand (2024) se distingue par le recours à des archives rares qu’il suit sur plus d’un demi-siècle. Comment travaille-t-il et comment les œuvres de ce réalisateur peuvent dialoguer avec les travaux d’historiens et de chercheurs sur le monde rural ? Que signifie filmer la terre aujourd’hui ?Le Pôle Mémoires Patrimoines et l’Unité de Formation et de Recherche Lettres sciences du langage et arts – LESLA – de l’Université Lumière Lyon 2 vous invitent à un échange exceptionnel avec le réalisateur Gilles Perret.>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : Université Lyon 2