NNouvel humanisme au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle – Projet NHNAI Que signifie être humain au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle ? C’est la principale question que la recherche a élucider le projet NHNAI ! Pourquoi ? Pour apporter une boussole éthique afin d’encadrer les actions humaines. Comment ? En provoquant une prise de conscience éthique au moyen du débat sociétal. Qui ? Grâce à un réseau international de chercheurs issus d’établissements supérieurs d’enseignement et de recherche Avec qui ? Des acteurs pertinents dans différents pays du monde entier.Le projet NHNAI en quelques motsLe projet NHNAI – Nouvel Humanisme au temps des Neurosciences et de l’Intelligence Artificielle – a officiellement débuté en Janvier 2022 sous l’égide de la Fédération Internationale des Universités Catholiques (IFCU). Le projet est coordonné par l’Unité de Recherche Confluence : Sciences et Humanités de l’Institut Catholique de Lyon, sous la responsabilité de Mathieu Guillermin et rassemble de multiples partenaires à travers le monde issus d’horizons divers (philosophes, éthiciens, sociologues, théologiens, experts en étude des religions, historiens, scientifiques en biomédecine, anthropologues, etc.). Plus particulièrement, le projet se concentre sur trois domaines essentiels que les récentes avancées scientifiques et technologiques ont bouleversé : SANTÉ – ÉDUCATION – DÉMOCRATIEPrincipales hypothèses et objectifs©NHNAILe projet NHNAI a pour objectif de soutenir la société dans ses efforts pour faire face aux défis éthiques soulevés par les neurosciences (NS) et l’intelligence artificielle (IA) en organisant des débats sociétaux avec l’aide des acteurs académiques. Ces défis et enjeux sociétaux sont nombreux, à l’image de l’automatisation du travail, de la prise de décision basée sur les données, des diagnostics médicaux, des voitures autonomes, des technologies de persuasion, de la neuromodulation au moyen d’implants neuronaux ou l’augmentation des capacités humaines, du renforcement des compétences, par exemple, dans le champ de l’éducation. Ces implications soulignent le besoin pressant pour tous les acteurs concernés de dépasser les simples aspects pratiques de ces domaines de recherche et d’applications, pour considérer leurs dimensions éthiques, morales et spirituelles. Ces acteurs ont besoin d’une boussole éthique collective pour naviguer parmi les multiples possibilités ouvertes par ces nouveaux champs d’action relatifs à l’intelligence artificielle et aux neurosciences.Ainsi, NHNAI entend mettre les ressources académiques de son réseau au service d’un effort sociétal pour élaborer une boussole éthique collective, en particulier en encourageant l’exploration de la question centrale de l’humain (que signifie être humain au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle ? Qui sommes-nous en tant qu’être humain ? Qui devrions-nous être en tant qu’être humain…), et des tensions et les complexités que révèle cette question.En effet, dans les réflexions éthiques et les efforts de régulation, on trouve très souvent des références à la notion d’ « humain » (par exemple, l’épanouissement humain, la technologie centrée sur l’humain, la nature humaine) ou à de concepts clés qui lui sont fermement attachés (telle que la dignité ou l’autonomie). Pourtant, cette notion d’humain en tant que telle reste ambigüe et problématique. Ce que signifie être humain est loin de faire l’objet d’une compréhension clarifiée et partagée. Il est bien sûr possible de s’appuyer sur l’humanisme du XVIIIème siècle (i.e., celui du siècle des Lumières, des révolutions politiques et des droits de l’homme). Bien que cette approche soit très influente et répandue (au moins dans la tradition et la culture occidentale), elle ne va pas néanmoins sans son lot de tensions, de difficultés et de controverses (multiples courants, rapport individu-groupe, rapport au non-humain …). Au-delà, ou en plus, des limites de cette approche répandue de la question de l’humain, force est de constater que les nouvelles connaissances et les technologies issues des NS et de l’IA entraînent aussi de profonds questionnements, notamment à propos de caractéristiques centrales pour l’humain qui se voient mises en tension (comme l’intelligence, le libre-arbitre, ou l’autonomie). L’absence d’une compréhension clarifiée et partagée au sujet de ce que signifie “être humain” (surtout par rapport aux tensions et complexités que la notion implique) risque donc de constituer une entrave à l’appréhension par tous les acteurs concernés des principales implications, notamment du point de vue éthique, moral et spirituel, de ces avancées en NS et dans le développement technologique de l’IA. Explorer collectivement la question de l’humain semble ainsi indispensable pour favoriser l’élaboration d’une boussole éthique à même de nous aider à nous orienter au temps de l’IA et des NS.Ainsi posée, cette question de l’humain devient éminemment politique. Bien que leurs apports soient indispensables, universitaires et experts ne peuvent y répondre seuls. Réfléchir sur les différentes conceptions de l’humain aujourd’hui, ou sur ce que devrait être l’humain au temps de l’IA et des neurosciences est avant tout une question politique et existentielle, essentielle pour la réflexion éthique et qui, par conséquent, doit faire l’objet d’une large discussion sociétale. C’est à cette exigence que le projet NHNAI entend satisfaire en mettant les ressources de ses réseaux universitaires au service de cette réflexion collective et sociétale.Lancement des débats sociétaux : 2 étapes>> Ateliers de cadrage des problèmes©NHNAIAprès avoir collecté des données pertinentes pour le débat sociétal sur le thème de l’humanisme lors du premier atelier académique en Mars 2022 (voir première newsletter), les équipes du projet NHNAI étaient prêtes à rencontrer et discuter avec plusieurs acteurs extra-académiques sur les enjeux éthiques des NS et de l’IA et réfléchir avec eux à la question centrale de ce que cela signifie d’être humain au temps des NS et de l’IA. Dans différents pays, les équipes de NHNAI ont rencontré et interrogé différentes personnes pour chaque thème de débat, dans le but de construire avec eux les questions qui doivent être débattues sur la scène publique. Parmi eux, on peut notamment compter des professeurs, des psychologues, des éducateurs spécialisés, des étudiants, des citoyens, des médecins, des neuroscientifiques, des avocats, des décideurs politiques et des ONG (organisation non gouvernementale).Sur cette base, les experts du réseau académique NHNAI ont été sollicités pour enrichir et compléter le matériel initial afin de maximiser sa pertinence et son utilité en tant qu’outil au service du débat sociétal. Parmi les nombreuses questions qui ont été co-construites par les experts et les acteurs extra-académiques, on peut retrouver des questions exprimant des inquiétudes mais également des réflexions sur les opportunités et les bienfaits de ces technologies : Quelles sont les principales caractéristiques de ce que signifie être humain qui devraient être préservées/renforcées avec les NS et l’IA ?Comment l’IA et les NS peuvent-elles nous aider à approfondir notre compréhension de nous-même et de notre humanité ?Quelle est la responsabilité du scientifique dans l’usage de la technologie qu’il produit ?Le développement de l’IA et des NS ne risque-t-il pas de conduire à une déshumanisation de l’enseignement ainsi qu’à la réduction de la diversité des sources ?Qu’est-ce qui dans le soin, est authentiquement humain et ne devrait pas être délégué à un robot ou à une IA ?Le développement de l’IA et des NS ne risque-t-il pas de priver l’humanité de son autonomie et de sa liberté, de sa capacité à ralentir ou même arrêter de ce que nous avons initié ?Comment les neurosciences et l’IA peuvent-elles améliorer la paix entre les êtres humains ?L’IA peut-elle favoriser l’avènement d’une société plus inclusive, prenant en compte les plus vulnérables ?>> Ateliers de débats éthiquesAprès la phase des ateliers de cadrage des problèmes et dans 9 pays, les équipes de NHNAI ont organisé des ateliers de débats éthiques avec leurs communautés locales de Février à Mars 2023. Des personnes de différents domaines et statuts ont été invités à participer à ces ateliers sur les thèmes de l’éducation, la santé et la démocratie et réfléchir collectivement aux enjeux éthiques des NS et de l’IA à partir de la question centrale de ce que cela signifie d’être humain au temps des NS et de l’IA dans ces domaines. On peut notamment retrouver des thèmes communs entre les pays, comme en éducation, où les participants se sont interrogés sur le rôle de l’éducateur et de l’IA, sur la nature et l’objectif de l’éducation, et sur l’impact de l’IA sur le processus d’apprentissage. Dans la santé, les participants se sont interrogés sur l’autonomie des patients et la relation entre le patient et le médecin avec les développements technologiques des NS et de l’IA, mais également sur le rôle de l’humain dans le système de soin. Enfin, dans la démocratie, les participants ont évoqué les impacts de l’IA sur l’autonomie du citoyen et sur la participation citoyenne. Néanmoins, on peut également noter des particularités selon les pays. Par exemple, au Kenya, les participants se sont concentrés sur les opportunités de l’IA dans l’éducation, et au Québec, les participants se sont concentrés sur les risques de surveillance auxquels l’IA peut conduire dans le thème de la démocratie.>> Poursuivre les débats en ligne avec CartodébatCes discussions initiées en face à face durant les ateliers se sont poursuivies en ligne avec la plateforme CartoDÉBAT, permettant de créer des débats publics numériques. N’importe qui peut participer aux discussions dans son pays. Il suffit de se rendre sur le site CartoDÉBAT, choisir son pays et créer un compte avec une adresse e-mail valide. Ensuite, vous pouvez sélectionner le débat sur lequel vous souhaitez participer sur la carte. Une fois que vous êtes sur la page du débat, vous devez surligner ce sur quoi vous souhaitez réagir (cela peut être sur la page de gauche dans le texte ou sur la page de droite dans les contributions des utilisateurs), spécifier avec un code couleur la nature de votre contribution (vert signifie « oui et », rouge signifie « oui mais » et bleu signifie « pas compris ») et d’ajouter votre argument. Tout est expliqué dans les vidéos sur la chaine YouTube.Analyser les débats : la réunion entre les acteurs académiques de NHNAI©NHNAILes acteurs académiques de NHNAI se sont réunis le 27 et 28 avril 2023 à l’Université Catholique de Lyon pour un travail interdisciplinaire sur la méthode d’analyse des contributions des débats. Ceux-ci ont discuté et réfléchi ensemble sur la procédure permettant de créer une librairie de mots-clés qui les aideront à analyser les corpus des contributions de la plateforme cartoDÉBAT. Cette méthode d’annotation des corpus et la librairie de mots-clés permettront aux équipes de NHNAI de faire une analyse globale (entre tous les pays) ainsi qu’une analyse locale, propre à chaque pays.La librairie de mots-clés contribuera à avoir une meilleure compréhension de ce que cela signifie d’être humain à l’heure des neurosciences et de l’intelligence artificielle et donc également de ce qui est souhaitable ou non avec ces nouvelles technologies. Cela participera à la construction d’une boussole éthique permettant de mieux faire face aux nombreux défis que ces technologies posent à la société.Ces analyses conduiront à l’élaboration d’un livre blanc sur la base de recommandations pour des lignes de conduite éthiques et politiques publiques (qui seront disséminées en 2025). De telles recommandations provenant de la société à un niveau global est d’une importance capitale de nos jours afin de nous orienter le mieux possible à travers les enjeux éthiques des neurosciences et de l’IA.Découvrez les premiers résultats de la synthèse des débats sur l’éducationAprès les ateliers en présentiel sur les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle et des neurosciences dans le domaine de l’éducation (à l’Université Catholique de Lyon, le 21 février 2023) et les discussions en ligne qui ont suivies sur la plateforme CartoDEBAT, nous avons le plaisir de vous partager les premiers éléments de synthèse et de restitution de ces discussions. Ces derniers constituent le début d’une analyse locale complète qui sera diffusée prochainement et préfigurent de futurs résultats attendus de la synthèse globale de tous les corpus de discussions dans les 9 pays participants.Voici ci-dessous une représentation visuelle des idées les plus saillantes concernant ce que cela signifie d’être humain au temps de l’intelligence artificielle et des neurosciences, qui ont émergé des discussions centrées sur les enjeux éthiques de l’IA et des NS dans le domaine de l’éducation. Voici des éléments de lecture :Le nombre à droite de chaque idée saillante indique le nombre de contributions qui expriment cette idéeLes connexions entre les idées saillantes :o Les flèches vertes connectent les idées en concordanceo Les flèches rouges manifestent les complexités et les tensions entre les idées saillantesPour en savoir plus :Projet NHNAI
LLes étranges comportements thermiques du nanomonde Les recherches de Konstantinos Termentzidis et de son équipe dévoilent un monde fascinant où les lois de la thermique classique ne sont plus maîtresses. En levant le voile sur les échanges de chaleur entre un solide et un liquide à l’échelle nanométrique, les physiciens ouvrent la voie à des applications innovantes dans divers domaines industriels et technologiques.Explication de Konstantinos Termentzidis, chercheur au Centre d’énergétique et de thermique de Lyon.>> L’intégralité de ce billet est disponible sur le blog : Focus science
LL’entrepreneure qui soulage les patients en prenant le pouls du terrain | Visages de la science Comment peut-on construire des systèmes de santé qui prennent davantage en compte le vécu et l’expérience du patient ? » Comment fluidifier l’accès à l’information pour les patients, assurer un meilleur suivi à la sortie de l’hôpital ou digitaliser les dossiers médicaux ? En promouvant une santé innovante, humaine et optimiste, Iris Roussel œuvre depuis maintenant 6 ans pour améliorer le parcours santé des patients.Diplômée de l’INSA Lyon, cette entrepreneure conseille les établissements de santé, territoires et laboratoires pharmaceutiques notamment, en leur proposant des solutions innovantes pour rendre le quotidien des patients plus doux, en alliant ses savoir-faire d’ingénieure et de designer. Rendre la vie des malades plus douceSi Iris Roussel s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale, c’est à la suite d’une expérience personnelle où dans un parcours complexe, elle a eu la fâcheuse impression de n’être « qu’un numéro dans un dossier médical ». « Il est nécessaire d’être davantage à l’écoute des patients et de leurs proches pour modéliser des parcours, des expériences et des suivis de santé. En favorisant la fluidité de l’information, la compréhension de la pathologie et le suivi, on peut réduire la difficulté du parcours qui est aujourd’hui un parcours du combattant, à traverser en plus de l’expérience de vie compliquée que vous êtes en train de vivre en tant que patient ou de proche aidant », explique-t-elle au micro des « Cœurs Audacieux ».Mettre le patient au cœur du parcours de santé« On a beaucoup de retard en France sur le parcours patient, mais on a aussi de très beaux projets mais il faut nuancer, car les choses ont beaucoup évolué ces dernières années. Aujourd’hui, il y a un grand mouvement international sur la prise en compte de l’expérience du patient, ce que l’on appelle le ‘partenariat-patient’. »Écouter les besoins du terrainLe principe de « soigner-ensemble » est primordial pour Iris Roussel. Avec son entreprise Osiris Santé, l’ingénieure et designer travaille en co-construction avec les patients, les familles, les professionnels de la santé et les collectivités. « Dans la plupart des établissements de santé, les gens travaillent trop en silo. Or, cela entraîne des points de rupture dans le parcours de santé car il y a beaucoup d’acteurs intervenants. (…) Pour faire changer les choses, il faut travailler d’après l’humain. » Diplômée de l’INSA Lyon, Iris Roussel était l’invitée du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1 – Épisode 3). ÉCOUTER L’ÉPISODE
DDu génie mécanique pour les cyclistes olympiques Les athlètes ne sont pas les seuls à préparer les Jeux Olympiques 2024. Si Gabriel Lanaspeze, diplômé de l’INSA Lyon et docteur en génie mécanique, n’est pas un habitué des vélodromes, il a tout de même consacré ses trois dernières années de thèse à optimiser la transmission par chaîne des cyclistes de piste français. Inscrits dans le cadre du programme « Sciences 2024 » dont l’objectif est d’accompagner les athlètes français dans leur quête de titre aux Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024, les travaux de Gabriel Lanaspeze ont participé à répondre aux enjeux techniques posés par la fédération de cyclisme. Car les cyclistes sur piste de très haut niveau, lancés à vive allure, peuvent s’en remettre aux lois physiques et mécaniques pour optimiser leurs performances.Vos travaux de thèse s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de recherche collectif dédié à l’accompagnement des athlètes français dans leur quête de titres aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Pourriez-vous résumer les grandes lignes du programme ?L’idée du programme Sciences 2024 est de faire remonter les questions des sportifs, entraîneurs et techniciens, jusqu’aux laboratoires de recherche scientifiques français. La Fédération Française de Cyclisme (FFC) s’est adressée, entre autres structures de recherches, au LaMCoS1 pour répondre théoriquement et expérimentalement à certaines problématiques techniques et mécaniques auxquelles les coureurs peuvent être régulièrement confrontés. Un des enjeux principaux de ce programme est l’interface entre la communauté scientifique et celle des sportifs. En effet, les enjeux sont différents entre les deux mondes. Parfois, il peut y avoir des incompréhensions, des priorités différentes ou des résultats qui peuvent s’avérer intéressants pour un scientifique et qui n’est pas vraiment celui attendu par un entraîneur. Ce sont deux mondes très différents qui essaient de communiquer à travers Sciences 2024. Il y a un vrai enjeu de vulgarisation et de communication !Vos travaux ont principalement porté sur le cyclisme sur piste, un sport où la science mécanique est, en raison de l’influence du matériel utilisé, assez importante. Les enjeux mécaniques doivent être nombreux ?Effectivement, le cyclisme sur piste est une discipline très différente des autres disciplines comme les compétitions sur route, BMX ou VTT. D’abord, les coureurs évoluent dans des conditions très contrôlées, en vélodrome. (…)LIRE LA SUITE DE L’INTERVIEW______________[1] Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures (INSA Lyon/CNRS/UdL).
EEau, maintenant ou jamais | Pop’Sciences Mag#12 ©ViséeALe Pop’Sciences Mag#12 « Eau, maintenant ou jamais » vient de paraître !Dans ce 12e numéro, venez découvrir cette ressource aux enjeux cruciaux. Avec les regards croisés d’hydrologues, géographes, chimistes et ingénieurs, interrogeons-nous sur notre capacité à agir sur les enjeux et sur la maîtrise des usages de l’eau et de leurs impacts sur notre environnement. Retrouvez des articles, des infographies ainsi que des enquêtes qui éclaireront cette problématique.Édito« Alors que le changement climatique bouleverse déjà nos quotidiens, les alertes sur les disponibilités des ressources en eau et les restrictions sur son utilisation ne sont plus l’exception mais, année après année, deviennent de plus en plus la règle.Les contraintes exercées par l’humanité sur son environnement font l’objet de nombreuses recherches, et l’eau n’échappe ni à la contrainte, ni aux études. En effet, à la fois par nos usages, mais aussi par le nombre d’usagers, l’eau devient une ressource de plus en plus rare, voire stratégique, au regard des besoins sanitaires, économiques et sociaux, et de la préservation des milieux naturels qui en dépendent.Les dirigeants autant que les citoyens font face à un nombre croissant de choix critiques concernant les ressources, et en particulier l’eau. La recherche scientifique et sa diffusion doivent donc pleinement jouer leur rôle et éclairer les décisions individuelles et collectives concernant la gestion d’une ressource aussi précieuse que vitale.Les secteurs impactés par la variabilité de la ressource en eau sont nombreux et, pour beaucoup, essentiels : énergétique, industriel, agricole, sanitaire, … Mais ce sont surtout sur les écosystèmes naturels, dont l’humanité dépend, que les contraintes s’exercent le plus fortement. Une approche interdisciplinaire de la question est donc nécessaire pour comprendre les différents enjeux liés à la maîtrise et aux usages de l’eau, et leurs impacts sur notre environnement. C’est ce à quoi s’attache de nouveau Pop’Sciences Mag :bonne lecture ! »Frank DebouckPrésident de la ComUE Université de Lyon Avec la participation des instituts et établissements suivants : Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon), École universitaire de recherche sur les sciences de l’eau et des hydrosystèmes H2O’Lyon, Groupe de recherche, animation technique et information sur l’eau (Graie), Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), Institut national des sciences appliquées (INSA) Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1, Université d’Angers, Université de Montpellier, Université Jean Moulin Lyon 3, Université Lumière Lyon 2, Université Grenoble-Alpes.>> Pour découvrir les articles du magazine :Pop’Sciences Mag#12>> Pour télécharger la version en pdf :
MMarathon : dompter la résistance de l’air Une équipe de chercheurs du Laboratoire de mécanique des fluides et d’acoustique (LMFA) s’est penchée sur les gains procurés par l’effet d’aspiration dont bénéficie un coureur de marathon précédé d’un « lièvre ».En mai 2019, le Kenyan Eliud Kipchoge courait les 42 kilomètres du marathon en 1 heure, 59 minutes et 40 secondes. Jamais un athlète n’était passé sous la barre des deux heures. Cette course était une démonstration sportive atypique : en effet, le double champion olympique n’y avait pas d’adversaire, et certains aménagements avaient été apportés afin de lui permettre d’aller jusqu’au bout de ses capacités. Parmi ces aménagements, l’emploi de « lièvres » : sept athlètes couraient devant et derrière lui en se relayant tous les 5 kilomètres afin de lui offrir cet effet d’aspiration que connaissent si bien les cyclistes.Pour tenter de comprendre ce phénomène, une équipe du LMFA a imaginé une expérience mettant en jeu une soufflerie – un tunnel instrumenté dans lequel on fait passer un écoulement d’air – et des figurines de 17 centimètres de haut représentant les marathoniens. Les scientifiques comptaient ainsi mesurer l’avantage que ces meneurs apportent au coureur…Lire l’article complet
PPrésenter l’IA comme une évidence, c’est empêcher de réfléchir le numérique Au printemps dernier, des personnalités aussi diverses que Elon Musk, Yuval Noah Harari ou Steve Wozniak s’associaient à plus de 1 000 « experts » pour mettre en garde face aux « risques majeurs pour la société et l’humanité » que représente l’intelligence artificielle et demander une pause de six mois dans d’entraînement des modèles plus puissants que GPT-4. Du Monde au Figaro, en passant par FranceInfo ou Libération, les médias ont volontiers relayé les termes de ce courrier qui appelle à une pause pour mieux affirmer le caractère inéluctable et la toute-puissance des systèmes d’IA à venir.Ce qui frappe dans la réception médiatique immédiate de ce courrier, c’est la myopie face à un processus théorisé depuis maintenant bientôt 30 ans : « l’impensé numérique » (ou informatique, avant lui). Ce concept d’« impensé » désigne les stratégies discursives par lesquelles la technologie est présentée comme une évidence, souvent sous l’influence des acteurs dont elle sert les intérêts économiques ou politiques.La lettre ouverte de l’institut Future of Life en est un cas d’école : selon elle, l’intelligence artificielle est un outil puissant, il est déjà là, et il est appelé à être encore plus présent et plus puissant à l’avenir pour le plus grand bien de l’humanité.Comment repérer l’impensé numérique ?Sept marqueurs discursifs devraient vous mettre la puce à l’oreille. Pour illustrer cette « boîte à outils », la lettre ouverte d’Elon Musk et consorts, qui prétend pourtant appeler à faire une pause, présente avantageusement tous les marqueurs discursifs de l’impensé, quoique l’on puisse également l’appliquer au très sérieux rapport Villani qui plaidait en 2018 pour une stratégie nationale et européenne en matière d’IA :©FreepikDans ce type de discours, l’objet technique se présente comme neutre : il revient à l’humanité de s’en servir à bon escient, sa seule existence lui sert de justification.Pourtant, si l’on nous dit que l’IA représente des « risques majeurs pour l’humanité », n’est-ce pas la preuve que nous sommes devant une technique qui n’est pas neutre justement ?Voilà sans doute le mécanisme le plus retors de l’impensé : diaboliser l’objet technique contribue à la fois à affirmer sa puissance et son potentiel lorsqu’il est utilisé à bon escient, et à alimenter le pseudodébat sans lequel l’intérêt médiatique retomberait. L’informatique, le numérique, l’IA sont déjà là, nul besoin de produire un travail historique sérieux à leur sujet, le storytelling des réussites entrepreneuriales suffit.L’impensé forme un cercle vicieux avec le glissement de la prérogative politique…L’impensé est indissociable de deux autres processus avec lesquels il forme un véritable cercle vicieux : le glissement de la prérogative politique et la gestionnarisation.À la faveur de l’impensé numérique, des outils détenus par des acteurs privés sans légitimité électorale ou régalienne déterminent jusqu’à l’accès du public à l’information. Un exemple en est la plate-forme X (anciennement Twitter), qui est scrutée par les journalistes parce qu’elle est alimentée par les personnalités publiques et politiques, ainsi que par les institutions publiques. Lorsqu’une plate-forme privée porte une parole politique, nous sommes dans ce que l’on appelle le « glissement de la prérogative politique ».En effet, lorsque des acteurs privés déploient des technologies de manière systématique, depuis les infrastructures (câbles, fermes de serveurs, etc.) jusqu’aux logiciels et applications, cela revient à leur déléguer des prises de décisions de nature politique. Ainsi, face à un moteur de recherche qui domine notre accès à l’information et occupe une place qui relèverait d’un véritable service public, nous sommes en plein dans un glissement de la prérogative politique.On observe le même phénomène lorsque le gouvernement français préfère recourir aux cabinets de conseil plutôt qu’à l’expertise universitaire. Des cabinets, dont les recommandations privilégient volontiers le recours systématique aux technologies numériques et font le lit de la gestionnarisation.… et avec la gestionnarisationAujourd’hui, les outils numériques ne nous permettent pas seulement de gérer diverses activités (banque, rendez-vous médicaux…), ils sont aussi et surtout devenus incontournables pour effectuer ces tâches. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous fondre dans les catégories que ces outils nous imposent. Il n’est pas toujours facile de prendre rendez-vous avec un ou une secrétaire médical, par exemple, ou de faire sa déclaration d’impôts sur papier. C’est ce que l’on appelle la « gestionnarisation ».Cette gestionnarisation témoigne aussi d’un glissement. Par exemple, l’outil d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup s’impose désormais aux lycéens et à leurs familles. Or cet outil porte une dimension politique aux conséquences critiquables, telles que l’exclusion de certaines catégories de bacheliers ou l’accentuation de la mise en concurrence des formations. Dans la gestion, l’outil est second par rapport à l’activité ; avec la gestionnarisation, l’outil devient premier : Parcoursup a pris le pas sur le besoin auquel il est censé répondre.Dans notre quotidien, pour visiter une nouvelle région, choisir le menu de son dîner comme pour rencontrer l’âme sœur, chacun saisit docilement les informations attendues par les plates-formes de consommation numérique. Lorsque l’on mène une activité sportive en s’équipant d’un bracelet qui traite, mémorise et fait circuler un ensemble de données biométriques, celles-ci deviennent le modèle que l’on suit, plutôt que le ressenti de son corps, dans une sorte d’« auto-gestionnarisation ».Dûment identifiés et profilés par nos outils, nous contribuons sans réserve aux profits économiques de firmes dont l’essentiel des revenus échappe à l’impôt… Et donc au pouvoir démocratique déjà ébranlé par le glissement de la prérogative politique.Productivité du numérique et management numérique (Enjeux sociopolitiques du numérique, Dominique Boullier).Critiquer… et agirLe numérique n’est pas cet avenir tantôt infernal et tantôt radieux que nous promettent ses impenseurs : ce n’est qu’une catégorie pour désigner un ensemble d’objets techniques et de dispositifs sociotechniques qui doivent être interrogés et débattus au regard de leur action politique et sociétale.Alors que l’impensé focalise notre attention sur l’IA, peut-être avons-nous davantage besoin outils nouveaux (dans lesquels il peut y avoir de l’IA) afin de mieux organiser l’expression (numérique) de notre intelligence face aux enjeux qui exigent des décisions collectives inédites. Climat, démocratie, environnement, santé, éducation, vivre-ensemble : les défis ne manquent pas.Dans cette perspective, nous vous invitons à découvrir la nouvelle version du service de navigation web contributive Needle. Nourrie par le concept d’impensé, cette proposition radicalement différente d’accès et de partage de contenus numériques mise sur l’intelligence collective. Needle est une plate-forme de mise en relation qui matérialise l’espérance d’un environnement numérique riche du maillage et de l’exploration curieuse de toutes et tous, en lieu et place du réseau de lignes droites par l’entremise desquelles des intelligences artificielles devraient nous désigner quels documents consulter.Cette technologie est désormais portée par une start-up, preuve qu’il est possible de concevoir des propositions concrètes qui tiennent compte de la nécessaire critique de la place accordée à la technique dans nos sociétés.Auteur : Julien Falgas, Maître de conférences au Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine et Pascal Robert, Professeur des universités, École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques ; laboratoire elico, MSH Lyon Saint-Étienne, Université de LyonCet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.>>> Lire l’article original
DDécouvrez les lauréats 2023 de la médaille de l’innovation – CNRS | Visages de la science Patricia Rousselle, Marc Antonini, Jacques Gierak et Claire Hellio sont les quatre lauréats de la médaille de l’innovation 2023 du CNRS.Créée depuis une dizaine d’années, cette distinction honore des recherches issues des laboratoires placés sous la tutelle du CNRS qui ont conduit à des innovations marquantes sur le plan technologique, économique, thérapeutique et social.La médaille leur sera remise le mardi 14 novembre 2023.« Les chercheurs qui font le pari de la valorisation sont le point de départ de tout projet d’innovation pour la société. Il apparait donc primordial de récompenser cet effort consenti qui nait dans les laboratoires.Les médaillés de l’innovation représentent de véritables modèles d’inspiration pour leurs pairs, » explique Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS.Cette médaille met en lumière le transfert d’innovations marquantes de la recherche publique vers le marché. Elle illustre la diversité des voies de valorisation qu’il est possible d’emprunter, tout en poursuivant des recherches de grande qualité.Intervenants :Patricia Rousselle : Des molécules pour régénérer la peau. Patricia Rousselle est spécialisée dans la cicatrisation et la régénération de la peau. Cette directrice de recherche CNRS au Laboratoire de biologie tissulaire et d’ingénierie thérapeutique1 étudie le dialogue entre les cellules, du derme comme de l’épiderme, et les protéines présentes dans leur microenvironnement. Ses travaux l’ont amenée à développer des traitements pour les grands brûlés, pour la cicatrisation post-chirurgie et sur les tumeurs qui touchent la peau.Patricia Rousselle a pour cela synthétisé de nombreuses molécules bio-inspirées, représentant onze brevets, qui ont suscité un fort intérêt de la part des industries pharmaceutiques et cosmétiques. Elle a ainsi mené de riches collaborations notamment avec Dior, Chanel, Symatèse, 3-D Matrix, Native, Nagase, ou encore les Laboratoires d’Anjou. Une molécule de sa création est par exemple au cœur de la gamme de baumes Cébélia, réputée pour son action de réparation, régénération et de rajeunissement de la peau.Marc Antonini : Utiliser l’ADN pour stocker des données. Directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis2 où il dirige l’équipe MediaCoding, Marc Antonini est spécialisé dans la compression de données, qu’il s’agisse d’images, de vidéos ou de modèles 3D. Ses travaux de doctorat ont par exemple servi pour la norme JPEG 2000, et ses premiers travaux au CNRS, en collaboration avec le CNES, à un des systèmes embarqués dans les satellites Pléiades (couple de deux satellites optiques d’observation de la Terre). Auteur de treize brevets, Marc Antonini a régulièrementcollaboré avec différents industriels et cofondé la start-up Cintoo, consacrée à la capture et à la visualisation de nuages de points 3D.Son activité s’est depuis orientée vers le stockage sur ADN synthétique. Marc Antonini est ainsi à la tête du programme de recherche (PEPR) MoleculArXiv3, doté de vingt millions d’euros sur sept ans pour développer cette technologie d’avenir, et a participé au programme européen OligoArchive. Sur ce même thème, Marc Antonini a cofondé la start-up PearCode et préside la conception de JPEG DNA, une norme de compression d’images adaptée à l’ADN.Jacques Giérak : Contrôler les ions pour le spatial et la nanofabrication. Jacques Gierak est un expert mondial des faisceaux d’ions focalisés. Ses travaux ont des applications dans la propulsion spatiale, qui ont bénéficié des sources d’ions exceptionnellement stables, durables et contrôlables. Menées en collaboration avec le CNES et Airbus Defence and Space, ses recherches ont abouti à la fondation de Ion-X, une start-up spécialisée dans la propulsion de petits satellites.Cet ingénieur de recherche CNRS, également responsable de la plateforme Instrumentation et sources d’ions au Centre de nanosciences et de nanotechnologie4, Il a également œuvré dans la nanofabrication par faisceaux d’ions focalisés (FIB). Avec ses nombreuses avancées brevetées, il a notamment conçu l’outil FIB Nanowriter, capable de structurer du graphène, un matériau formé d’une seule et unique couche d’atomes de carbone dont les propriétés pourraient trouver des applications dans l’aéronautique, la médecine, les télécommunications ou encore la production d’énergie.Claire Hellio : S’inspirer de molécules naturelles pour des produits respectueux de l’environnement. Claire Hellio développe des solutions innovantes bioinspirées à partir de molécules actives produites par les algues et les microorganismes. Mené au Laboratoire des sciences de l’environnement marin5, ce travail de valorisation, à l’interface entre la chimie, la biologie, la biochimie et l’écologie, est notamment réalisé via la plateforme de bioprospection Biodimar, que cette professeur dirige.Son équipe répond aux problématiques et besoins en R&D des industriels, en développant des biotests spécifiques et des solutions biotechnologiques innovantes à partir de substances naturelles d’origines marines. Les applications visent principalement les domaines des cosmétiques (antioxydants et conservateurs) et des revêtements antifouling (protection des coques des bateaux contre la colonisation). Ces solutions sont rendues les plus respectueuses possibles de l’environnement.Cette collaboration avec les entreprises a par exemple pris la forme d’un laboratoire commun appelé BiotechALg en partenariat avec Green Sea, leader européen de la production de microalgues. Pour plus d’information :vers le site
EEiffel, en fer et contre tous Plongez dans l’incroyable aventure de la Révolution industrielle avec ses grands hommes, ses formidables inventions et ses coups bas. Découvrez comment le visionnaire Eiffel, emblème du progrès, de l’inventivité et du génie du XIXe siècle, fut jeté en pâture aux Français et releva fièrement la tête, de la manière la plus inattendue.1888. À trois mois de l’inauguration de la Tour Eiffel, les ouvriers se mettent en grève. Comment Eiffel va-t-il gérer cette crise ?Mais, au-delà de l’anecdote, que s’est-il passé pour que, à la fin du XIXe siècle, la France entière haïsse à ce point Gustave Eiffel, rendu responsable du suicide de milliers de personnes ?Découvrez Eiffel moderne, qui inventa le Management.Découvrez Eiffel visionnaire, qui fit entrer la France dans la démocratisation technologique comme Steve Jobs imposa la démocratisation numérique.Découvrez Eiffel génie, qui créa l’emblème de la France et lui redonna sa fierté de grande puissance mondiale.Découvrez l’homme impitoyable et juste qu’était Gustave Eiffel.De et par Alexandre DelimogesEn partenariat avec l’IUT Génie Civil et Construction Durable de Lyon 1, à l’initiative de Didier Langlois et Florence Playe-Faure, dans le cadre de l’année Eiffel 2023. Un bord de plateau avec le comédien aura lieu à l’issue de la représentation.
LL’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science L’ingénierie n’est-elle qu’affaire de technique ? Romain Colon de Carvajal, fait partie de ces scientifiques pour qui l’ingénierie est bien sûr une affaire de technique, mais aussi d’éthique et de philosophie. Enseignant en génie mécanique à l’INSA Lyon, il est aussi spécialiste des low-techs. Selon lui, il est temps de préparer demain, et pour cela, il faut que les ingénieurs sortent du rang et partent à la reconquête de leur liberté.Les low-techs comme médium pédagogiqueAu sein de l’école d’ingénieur lyonnaise, Romain Colon de Carvajal met un point d’honneur à initier ses étudiants à la philosophie « low-tech ». « À partir du moment où l’on a bien compris les usages et à qui est destiné un produit technique, je dirais qu’on conçoit low-tech. (…) Le low-tech permet d’explorer une piste concrète et de mettre en lumière la chaîne de responsabilité, plus facile à appréhender lorsqu’un objet technique est plus simple », introduit l’enseignant au micro des « Cœurs audacieux ».Pour une technologie juste, adaptée« Pour moi, concevoir low-tech, c’est déjà concevoir intelligemment. Je montre qu’il est nécessaire d’avoir une bonne adéquation entre la réponse technologique et le besoin. Le point de départ est de questionner le besoin. Et ce questionnement peut aller très loin : on peut vraiment remettre en cause certains besoins, comme caractériser le côté gadget de certains produits par exemple, qui serait un travers du high-tech. »Une question de responsabilité et de liberté« La société actuelle demande à l’ingénieur de travailler sur plusieurs échelles de valeurs : l’utilité sociale, le prix, la valeur environnementale, la performance, le contenu scientifique… On ne le forme pas à jongler entre ces échelles de valeurs. Et souvent, il y a des conflits de valeurs : il existe des produits complètement inutiles socialement, mais très sympas à construire d’un point de vue technique. Et quelle liberté les ingénieurs ont d’aller d’une échelle à l’autre ? » Enseignant au département génie mécanique de l’INSA Lyon, Romain Colon de Carvajal était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1- Épisode 2)