IInfox et racisme Rencontre organisée le 24 mars 2023 dans le cadre de la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, à l’Enssib. Quels sont les mécanismes qui articulent infox et racisme ? Cette discussion entre un chercheur et un professeur en histoire contemporaine, et une personnalité engagée dans la vie politique, replace dans un contexte historique les « infox » et fausses nouvelles, souvent sciemment diffusées, et montre la place du discours scientifique au sein de la cité et de la citoyenneté.Intervenants :Stéphane Frioux, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2, membre du LARHRA (UMR CNRS 5190) et président du Réseau universitaire de chercheurs en histoire environnementale (RUCHE). Ses recherches se situent à l’interface de l’histoire de la santé, de l’histoire urbaine et de l’histoire environnementale. Adjoint en charge de la culture, des universités et de la vie étudiante à la mairie de Villeurbanne ;Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre, elle a pris la tête depuis le 2 juillet 2022 de l’association France Terre d’Asile ; directrice de l’ONG ONE-France, conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes.Nicolas Beaupré, professeur des universités en histoire contemporaine à l’Enssib, modérateur de la discussion. >>> Regardez la vidéo
RRéapprendre le commun à l’épreuve de la vulnérabilité. La crise un levier d’espérance ? Face à la vulnérabilisation croissante de nos sociétés et institutions, 23 scientifiques (philosophe, neurologue, juriste, médecin, théologien, architecte, psychologue…) sont appelés à réfléchir sur les défis à venir du vivre-ensemble : transition écologique, refondation de la démocratie, reconstruction du lien social, du système éducatif au monde du travail.Si les termes « vulnérabilité » et « vulnérable(s) », depuis leur usage en Sciences Humaines et Sociales dès la fin du 20e siècle, ont été souvent utilisés pour désigner des catégories déterminées de personnes et de groupes, ou des conditions spécifiques (âges de la vie, statut social, marginalisation économique…) les derniers évènements nous obligent à reconnaître la vulnérabilisation systémique de nos sociétés dans leur complexité grandissante : de la crise environnementale à la fragilisation des démocraties ; de la radicalisation des conflits (politiques, sociaux, religieux…) à la montée des inégalités dans et entre les pays.L’originalité du projet porté par la Chaire est d’explorer et de mettre à l’épreuve de la société ce concept à la fois plus large et plus radical de vulnérabilité. Le premier colloque, « Vulnérabilité(s). Du cadre théorique aux enjeux pratiques », a permis d’évaluer la pertinence scientifique du concept à la croisée des champs disciplinaires et d’en mesurer les enjeux sociaux, le caractère éminemment opératoire.Ce deuxième colloque de la Chaire Vulnérabilités entend réfléchir, toujours par une approche pluridisciplinaire, aux crises qui frappent nos systèmes de vie en commun et qui sont autant de manifestations d’une vulnérabilité partagée, ce qui met en relief un long et profond « déclin de l’institution » (Cf. F. Dubet, 2010) ; ce qui nous met face à une éclipse de l’institutio s’exprimant dans plusieurs « endroits » du vivre-ensemble : l’État, l’éducation, la santé, l’environnement, la famille, l’économie, le travail…AAu programme :Mercredi 25 octobre – 18h – 19h30 / Conférence inaugurale – Carla Canullo, professeure de philosophie à l’université de Macerata (Italie), invitée du Collegium de Lyon, proposera une réflexion autour de La blessure qui sauve : la vulnérabilité entre crise et effondrement. Jeudi 26 octobre – 9h – 17h459h – 12h20 : Comprendre la crise – où l’on parlera d’expérience historique de la crise, où l’on débattra de droit et de bioéthique, où l’on pensera les vulnérabilités systémiques en santé à l’heure de la médecine personnalisée, de la puissance spirituelle de la non puissance, des enjeux de la vulnérabilité au travail…14h00 – 17h45 : Réapprendre à vivre ensemble – où l’on parlera de l’impact des crises sur le système d’éducation, où l’on dialoguera entre psychologie et sociologie pour partager les tendances et décrypter les représentations sociales de la vulnérabilité chez quelques travailleurs du social, où l’on explorera les régimes de l’hospitalité, où l’on se se demandera comment la pratiquer…>> Retrouver le programme détaillé et le formulaire d’inscription sur :UCLY – Chaire Vulnérabilités
BBobines de Sciences : Manuel de Libération Une salle de cinéma comme une des fenêtres possibles sur le monde, l’outil scientifique comme une des manières de mieux le comprendre… Bobines de Sciences est un ciné-club du samedi matin où l’on se rencontre pour voir un film ensemble, avant d’en discuter (souvent avec un•e invité•e ).Les « sciences » sont ici comprises au sens large : des sciences exactes (dont les mathématiques) aux sciences humaines et sociales, toutes importantes pour comprendre les crises actuelles. Ce ciné-club ne sera pas toujours 100% mathématique… mais il est animé par une mathématicienne. Aussi scénariste des films de sciences, Olga Paris-Romaskevich anime ce ciné-club depuis 2018. Manuel de LibérationEn Sibérie, Yulia et Katia ont été transférées de l’orphelinat à l’internat neuropsychiatrique et ont été privées de tous leurs droits de citoyennes : pas de liberté, pas de travail, pas de famille. Ensemble, elles entament un combat pour que l’Etat leur restitue leurs droits et rende possible leur émancipation. Entre espoirs et déceptions, Manuel de libération est le récit de ce chemin vers la liberté.En savoir plus : bobines de sciences
LLIVRE – Imaginer l’après / Vulnérabilité environnementale et décision publique en contexte post-catastrophe Un ouvrage collectif consacré aux reconstructions post-catastrophe.À partir d’approches pluridisciplinaires, ce livre contribue à imaginer des politiques publiques plus inclusives vis-à-vis des menaces pesant sur les populations et leurs lieux de vie. A travers quatre territoires impactés par des catastrophes (Haïti, Maldives, Tchernobyl, Fukushima), des événements sont analysés et débattus pour imaginer un après, par-delà les fantasmes de la collapsologie et en interrogeant les perspectives les plus sombres sur l’avenir de notre planète : une chance donnée à l’émergence des “possibles”, sinon à l’utopie sans laquelle aucun projet de société n’est appelé à réussir.Issu d’un séminaire de recherche organisé par l’Ecole urbaine de Lyon, le centre IRIDES de l’Université Tohuku Sendaï et le Centre de recherche sur le futur des villes (Université d’Ottawa). Sous la direction de Pierre Gras (journaliste, écrivain, consultant spécialisé dans les questions urbaines, enseignant à l’ENSAL), Michel Lussault (géographe, professeur à l’École normale supérieure de Lyon) et Vincent Mirza (directeur du Centre de recherche sur le futur des villes Université d’Ottawa et de la Chaire conjointe de recherche Université d’Ottawa – Université de Lyon sur l’urbain anthropocène).Une coédition Cité anthropocène et Éditions deux–cent–cinq, dans la collection “À partir de l’Anthropocène”. En savoir plus sur l’ouvrage
CContagion Stéphane est professeur d’histoire et « il sait ». On assiste à la remise en question d’un homme qui croyait savoir et qui, dans le contexte de l’actualité des attentats et du terrorisme, et à travers trois rencontres, va voir s’ébranler ses convictions sur l’éducation, les médias, la culture, la radicalisation des jeunes…On le suit là où il se débat pour essayer de comprendre la cacophonie ambiante. Comment y voir clair à travers toutes les images des médias, tous ces mots, toutes ces émotions ? Comment fuir ces sujets toxiques et s’extirper de ce climat de peur ? Un chemin à parcourir avec lui.Distribution : Collectif YggdrasilTexte : François BégaudeauMise en scène : Pierre-Hugo ProriolInterprète : Arnaud Gagnoud, Franck Regnier et Pierre-Hugo ProriolLumières et scénographie : Jonathan ArgémiRégie : Charlie HenryCréation vidéo : Le Pixel Mort>> Pour en savoir plus :Théâtre Astrée
CConférence gesticulée : Vous désirez ? Issu des sciences sociales, le concept de « culture du viol » permet de mettre en lumière les liens entre le viol comme crime et les normes sociales qui banalisent l’extorsion de rapports sexuels non-désirés, fournissent un large éventail d’excuses aux agresseurs et blâment les victimes. Dans une culture du viol, on enseigne aux filles comment éviter de se faire violer plutôt que d’apprendre aux garçons à ne pas agresser. Résultat : selon l’Union Européenne, 1 femme sur 3 a subi des violences sexuelles.Pour faire reculer ces statistiques, il est urgent de commencer à construire une « culture du consentement enthousiaste », basée sur l’idée que le sexe n’est pas quelque chose qui se prend mais quelque chose qui se partage, dans le respect et le plaisir mutuel. Dans cette société basée sur l’égalité et l’empathie à laquelle nous croyons, la norme serait que chacun·e s’assure systématiquement que sa ou son partenaire est sur la même longueur d’ondes… et sans « oui », c’est « non » !Les culottées du bocal.Co-programmation avec la Mission Égalité – Diversité de Lyon 1, dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
GGraines Connection Dans un futur lointain. Ou proche. Et affreux. Surtout affreux.Mamie est en plein blitz. Rien n’est prêt mais tout doit être parfait. Hors de question que la soirée de clôture de la Foire des Graines qu’elle organise soit autre chose que grandiose. Tout le monde est là : amis, familles, compagnons de lutte, tous les Exclus de la région ont fait le déplacement. Mamie a un plan. Ça va leur faire drôle. Elle n’a rien dit à personne. Pas même à Léonard, son bras-droit. Il n’aurait jamais accepté les risques qu’elle a pris. Tant pis, il se fera à l’idée. Mamie ignore bien sûr qu’une invitée surprise pourrait bien gâcher la fête.Loin au-dessus de cette ébullition clandestine, Aria, aidé de son Assistant Personnel Individualisé, appartient à cette minorité d’Inclus qui ont l’honneur d’œuvrer pour maintenir la sécurité biologique de la ville. Débogueuse, elle trace les sources de biologie spontanée qui menacent tous les jours la ville de leur contamination. Sa combinaison de protection bien ajustée, tous les senseurs d’Api aux aguets, son taux de biotiques pathogènes ne dépassant pas les seuils de sécurité, Aria mène une mission de routine dans une partie industrielle de la ville. Tout se déroule parfaitement jusqu’au moment où…DistributionCompagnie La ChampignonnièreTexte et mise en scène : Guillaume GladieuxJeu : Antoine Catinaud, Louise Dailloux-Masiuk, Romain Dzian et Mathilde RockCréation graphique, décors et costumes : Vanina ArnouldCréation son et lumière : Quentin Baret
LLes grands témoins | Les 50 ans de l’Université Jean Moulin À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Université Jean Moulin propose une série de conférences « Les grands témoins » mettant en lumière des sujets d’actualité et éclairant le débat sur des questions sociétales.PProgramme Être magistrat en temps de crises | Jeudi 21 septembre 2023 à 18h30Intervenant : François Molins, Procureur général honoraire près la Cour de Cassation.Conférence animée par : Pascale Deumier, professeure à la Faculté de Droit et Éric Carpano, Président de l’Université Jean Moulin.Lieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e .> Inscription obligatoire en cliquant ici La protection de l’environnement dans le prétoire | Jeudi 5 octobre 2023 à 17h30Intervenante : Corinne Lepage, avocat, ancienne ministre.Conférence animée par : Philippe Billet, professeur à la Faculté de Droit et Jean Untermaier, professeur émériteLieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e .> Inscription obligatoire en cliquant ici Projection du documentaire « Bigger than us » – Sélection officielle Cannes 2021 | Jeudi 5 octobre 2023 à 17h30Réalisatrice : Flore VasseurLa projection sera suivie d’une table-ronde.Intervenants :– Chloë Vidal, adjointe au Maire de Lyon, Démocratie locale et redevabilité, évaluation et prospective, vie étudiante,– Amélie Bohas, maître de conférences, iaelyon School of Management, Responsable transition écologique,– Valérie Revest, professeur des Universités, iaelyon School of Management, Responsable de la valorisation de la recherche, en charge des grandes conférences de l’iaelyon School of ManagementLieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre Malraux – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.> Inscription obligatoire en cliquant ici Rencontre littéraire | Jeudi 19 octobre 2023 à 18hIntervenante : Brigitte Giraud, écrivaine, Prix Goncourt 2022Animée par : Benoît Auclerc, chargé de mission à la Culture et enseignant à la Faculté des Lettres et CivilisationsLieu : Bâtiment Athéna – Amphithéâtre Quinet – 7 rue Chevreul, Lyon 7e> Inscription obligatoire en cliquant ici Réussir la transition écologique | Mardi 24 octobre 2023 à 18hConférence inaugurale de l’École universitaire de la transition écologique.Intervenant : Cédric Vilani, professeur à l’Université Claude-Bernard Lyon 1, Médaille Fields 2010Rencontre animée par : Gilles Bonnet, 1er vice-président de l’Université Jean Moulin en charge du conseil d’administration, du pilotage et de la stratégie numériqueLieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre Malraux – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.> Inscription obligatoire en cliquant ici L’intelligence artificielle est-elle une charité ensorcelée ? | Jeudi 26 octobre 2023 à 18h30Intervenant : Jean-Gabriel Ganascia, professeur des universités à la Faculté des Sciences de Sorbonne Université, ancien président du Comité d’éthique du CNRS.Lieu : Palais de l’Université – Amphithéâtre Roubier – 15 quai Claude Bernard, Lyon 7e.> Inscription obligatoire en cliquant ici Une histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France | Mercredi 15 novembre 2023 à 18hIntervenants : Thomas Piketty et Julia Cagé, économistesConférence organisée en partenariat avec : la Villa Gillet dans le Cadre du Festival Mode d’Emploi 2023.Lieu : Manufacture des Tabacs – Amphithéâtre D – 18 rue Rollet, 69008 Lyon.> Inscription obligatoire en cliquant iciEnregistrement réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de l’Université Jean Moulin Lyon 3. L’université avait proposé une série de conférences intitulée « Les grands témoins » mettant en lumière des sujets d’actualité et éclairant le débat sur des questions sociétales.
LL’université doit-elle se mettre au service de l’économie ? Retour sur un débat vieux de plusieurs siècles | The Conversation Au Moyen Âge, on observe des liens robustes entre des universités et certaines sphères de l’activité économique. Flickr/Levan Ramishvili Depuis le milieu du XXe siècle, les deux principales missions de l’université communément identifiées sont l’enseignement et la recherche. Cependant, il existe une troisième mission, moins connue, qui amènerait l’université à adopter une approche dite « entrepreneuriale », et qui depuis les années 2000 fait l’objet d’un engouement croissant.Selon les partisans de la troisième mission, l’université doit s’engager – au-delà de ses fonctions d’éducation et de recherche – dans des activités entrepreneuriales, et avoir des impacts bénéfiques sur le développement socio-économique, notamment au niveau local. La troisième mission de l’université consiste ainsi à transférer des connaissances produites dans la sphère académique vers la société, au travers essentiellement de la valorisation de sa propriété intellectuelle, et d’activités d’essaimage, c’est-à-dire la création d’entreprises issues de connaissances universitaires.Aux États-Unis, la volonté de soutenir la mission entrepreneuriale de l’université s’incarne au travers de la loi emblématique Bayh Dole votée en 1980. Ce texte a été répliqué, en partie, en France en 1999 avec la promulgation de la loi sur l’Innovation et la recherche, et de manière plus ou similaire dans d’autres états de l’Union européenne. Dans les tous les cas, il s’agit de construire des ponts entre d’un côté des savoirs universitaires et de l’autre côté des activités économiques et sociales.Depuis les années 2000, on observe chez différents acteurs – politiques et économiques – un intérêt accru envers la dimension entrepreneuriale de l’université, la littérature académique notamment en sciences économiques et de gestion s’en est fait largement l’écho. Selon cette perspective, le transfert et la valorisation des connaissances académiques peuvent contribuer à la création d’entreprises, d’emplois, à l’émergence d’innovations (technologiques, organisationnelles, sociales…), et plus généralement à la croissance économique.LLes universités, des tours d’ivoire ?Parmi les critiques bien connues adressées aux universités, on retrouve l’argument selon lequel ces dernières seraient enfermées dans des tours d’ivoire, insensibles aux difficultés économiques et aux défis sociétaux. Ces reproches conduiraient à favoriser une ouverture des universités au monde extérieur.Cependant, l’engouement pour une mission entrepreneuriale est loin de faire consensus au sein de la sphère académique. Nous pouvons regrouper les arguments contre une intensification des liens entre les universités et les activités marchandes dans deux sous-ensembles : premièrement, certains chercheurs restent sceptiques quant à la faisabilité des objectifs associés à cette troisième mission, même au niveau régional.Deuxièmement, d’autres chercheurs font part de leurs craintes concernant la qualité de la recherche scientifique : la nature heuristique de la recherche pourrait être affectée par des pressions économiques venant du secteur privé. En d’autres termes, favoriser une recherche appliquée en lien avec des intérêts économiques de court terme pourrait perturber des processus de recherche fondamentale qui visent, à long terme, des répercussions favorables sur l’ensemble de la société et l’économie. Ce dernier argument fait référence au principe de sérendipité, c’est-à-dire de découverte liée au hasard, principe crucial pour de nombreux scientifiques.UUn vieux débatSelon une croyance répandue, l’université entrepreneuriale serait un phénomène relativement récent. Ce terme est apparu en 1983 dans l’ouvrage d’Etzkowitz, qui, dès les années 1980, soulignait la mise en œuvre de transformations majeures dans le monde universitaire. Cependant, des traces de l’existence d’un intérêt porté par les universités à l’environnement économique sont en réalité très anciennes. Le premier signe d’une université dite entrepreneuriale remonte au XIe ou XIIe siècle en France, en Italie et au Royaume-Uni.Au Moyen Âge, on observe déjà des liens robustes entre des universités et certaines sphères de l’activité économique. Un des objectifs associés à la création d’universités est alors la formation de professionnels qui seraient davantage compétents qu’une partie de l’administration royale et des élites.Plus tard, à la Renaissance, le mécénat joue un grand rôle dans le financement de recherches scientifiques. De son côté, le début du XIXe siècle est marqué par l’apparition, outre-Rhin, du modèle de Humboldt qui met l’accent sur l’éducation et la recherche comme étant les deux activités clés des universités. L’université de Berlin, créée en 1810 sur la base de ce modèle est considérée comme l’une des institutions d’enseignement et de recherche les plus prestigieuses au monde, générant de nombreux prix Nobel et de célèbres étudiants, tels que Karl Marx, Max Weber, Arthur Schopenhauer, Albert Einstein et Otto von Bismarck. Le modèle de l’université de Berlin s’est largement répandu notamment en Europe continentale.Bâtiment principal de l’université Humboldt à Berlin. Jean-Pierre Dalbéra/Flickr, CC BY-SANéanmoins, au cours de la même période, on observe comme un contrepoids, l’émergence d’établissements d’enseignement supérieur purement utilitaristes axés sur l’enseignement, sans préoccupation pour la recherche. L’objectif principal de ces établissements est alors de répondre à des besoins industriels et sociétaux, c’est notamment le cas du modèle des grandes écoles en France.Cependant, on peut relever le rôle clé joué par les universités lors de la première révolution industrielle : de nombreuses inventions émergent de collaborations entre les universités et l’industrie. Cela a notamment donné lieu à des avancées technologiques majeures apparues en Allemagne dans les secteurs de l’électricité et de la chimie. Au Royaume-Uni, au XIXe siècle, Lord Kelvin incarne à la fois un physicien reconnu et un membre de la direction de la filiale britannique de la société américaine Kodak. Un autre exemple illustre français demeure celui de Marie Curie, lauréate de deux prix Nobel, et à l’origine d’une toute nouvelle industrie.Ce n’est qu’au cours du XXe siècle, après les deux guerres mondiales, un changement conséquent se produit avec l’apparition d’un certain éloignement entre le monde universitaire et le monde industriel. Les universités semblent moins enclines à se rapprocher des entreprises privées, notamment pour y trouver des financements. Cela est dû, au moins en partie, à la forte croissance, à la fois des activités économiques et de la richesse du monde occidental.En Europe continentale, la perception selon laquelle les missions de recherche et d’éducation doivent être à la fois prépondérantes et corrélées devient une opinion dominante. En effet, à cette époque de nombreux opposants à la valorisation économique de la recherche affirment que recherche et formation représentent le modèle souhaité de ce que devrait être une université. Ils défendent ainsi un modèle d’université indifférent à toute préoccupation économique.EEt maintenant ?Finalement, si on considère les siècles passés plutôt que les dernières décennies, la période pendant laquelle les universités ont été étrangères à toute considération sociale et économique demeure assez limitée. Ainsi, il n’y aurait pas eu de passage récent d’un mode de production de connaissances purement académique à un mode plus utilitariste de production de connaissances, comme certains ont pu l’affirmer dès les années 1990. Ces deux modes co-existent simultanément depuis longtemps.Cependant, leur poids, leurs influences respectives, et leurs configurations varient au cours du temps, en fonction de valeurs sociales, économiques et politiques. Aujourd’hui, les grands défis sociétaux auxquels nous sommes confrontés, tels que la transition écologique, le vieillissement de la population, la souveraineté technologique et industrielle, l’impact de la digitalisation et de l’intelligence artificielle (IA), appellent premièrement à un renouvellement de la réflexion sur les interactions au sein des universités entre recherche, enseignement et engagement entrepreneurial.Deuxièmement, dans la continuité des travaux sur la recherche et l’innovation responsable (RIR), on peut également s’interroger sur l’importance de construire des relations fortes entre les universités d’un côté et la société de l’autre. En effet, face à des défis complexes, changeants, combinant des enjeux technologiques et sociétaux, et caractérisés par une forte incertitude, la question du rôle et des missions des organisations de création de savoirs tels que les universités, est plus que jamais d’actualité. Publié sur The Conversation le 8 juin 2023Valérie Revest, Professeure des universités en sciences économiques, centre de recherche Magellan, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3 et Jean-Régis Kunegel, Docteur en économie, Université Lumière Lyon 2Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
LL’humain au temps de l’IA et des neurosciences Vous êtes interpelés par les enjeux sociétaux et éthiques soulevés avec les avancées et développements majeurs de l’intelligence artificielle et des neurosciences ? Que vous soyez spécialiste ou non, citoyenne ou citoyen, impliqué dans l’innovation technologique ou non…, votre contribution à la réflexion est précieuse !Le projet NHNAI, New Humanism at the times of Neurosciences and Artificial Intelligence, vous propose de rejoindre un effort collectif (et international) de réflexion sociétale sur la question « que signifie être humain au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle ? ». Une exploration indispensable pour mieux s’orienter parmi les nouvelles possibilités offertes par le développement de l’IA et des neurosciences.Nous nous intéresserons en particulier aux domaines de l’éducation, de la santé et de la démocratie.Ces discussions en ligne font suite à un premier atelier débats sur le thème de l’éducation ayant eu lieu le 21 février 2023 à l’Institut Catholique de Lyon – UCLy et ayant rassemblé 50 participants pour échanger, discuter et construire les premières pistes de réflexions sur ces sujets tant importants (lire le résumé de la soirée).À venir, dès le début du mois d’avril, des échanges sur l’humain au temps de l’IA et des neurosciences dans le domaine de la santé et de la démocratie (animés par l’Université Catholique de Lille et l’Icam – Institut Catholique d’Arts et Métiers).Les défis éthiques soulevés par l’IA et les neurosciences nous concernent tous et toutes. Ce sont des questions politiques et sociétales. Leur exploration ne peut être de la seule responsabilité d’un nombre restreint de politiciens et d’experts scientifiques et universitaires. La mobilisation de tous les membres de la société est donc cruciale pour pouvoir construire une réflexion commune qui puisse être susceptible d’influencer et d’avoir un poids dans la régulation éthique des neurosciences et de l’IA et dans les décisions politiques.Ainsi, votre participation est plus que jamais importante !PARTICIPER AUX DÉBATS EN ligne