L'équipe Pop'Sciences est en pause estivale et sera de retour le 19 août.Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

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Prenez vous pour une IA | Les Ateliers du samedi à la MMI

PPrenez vous pour une IA | Les Ateliers du samedi à la MMI

La MMI vous propose un atelier à faire en famille (ou pas) sur des thèmes variés. Tous ces ateliers du samedi se mettront aux couleurs de la cuisine. Une belle occasion de passer une fin d’après-midi en faisant des mathématiques et de l’informatique de façon ludique et active ! En présence de chercheur.se.s et de médiateur·trice·s de la MMI.

  • Comment un programme peut-il apprendre à reconnaître une image ? Qu’est-ce qu’un neurone artificiel ? Et un réseau de neurones artificiels ? Nous vous proposons d’entrer dans la tête d’une IA, de faire le neurone dans un réseau ! Venez relever les  défis que nous vous proposons, expérimenter, manipuler !

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 ATELIER DU SAMEDI 

Battre une IA au Morpion | Les Ateliers du samedi à la MMI

BBattre une IA au Morpion | Les Ateliers du samedi à la MMI

La MMI vous propose un atelier à faire en famille (ou pas) sur des thèmes variés. Tous ces ateliers du samedi se mettront aux couleurs de la cuisine. Une belle occasion de passer une fin d’après-midi en faisant des mathématiques et de l’informatique de façon ludique et active ! En présence de chercheur.se.s et de médiateur·trice·s de la MMI.

  • Le morpion, un jeu d’enfants ? Venez défier MIAM, notre machine en boîte d’allumettes qui apprend à  jouer au morpion. Venez entraîner votre propre machine à apprendre à jouer au jeu de Nim (ou jeu des allumettes) et faites-la participer à un grand tournoi de machines. Sans ordinateur, nous verrons comment apprendre à une machine à jouer à des jeux simples !

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 ATELIER DU SAMEDI 

La médiation scientifique à l’international | Masterclasse

LLa médiation scientifique à l’international | Masterclasse

©Elsa Lievin

Les étudiants en Master 1 du parcours Information et Médiation Scientifique et Technique (IMST) de l’Université Claude Bernard Lyon 1 ont le plaisir de vous inviter à leur master classe. Le thème choisi est la médiation scientifique à l’international.

La médiation scientifique varie considérablement à travers le globe, reflétant les diversités culturelles, linguistiques et sociales. Les différences peuvent inclure les approches pédagogiques, les types d’institutions impliquées, et même les objectifs principaux.

>> Programme :

  • 10h | Discours de bienvenue
  • 10h15 à 12h |Conférences :  » La vision et les expériences pour communiquer efficacement la science au grand public.  »

    • 10h 15 à 11h | Nathalie Isorce – Assistante en communication Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne | Conférence sur son parcours et son expérience dans la communication scientifique en Suisse
    • 11h 15 à 12 h | Élodie Chabrol – Fondatrice de Pint of Science France | conférence sur Pint of science
  • 12h à 13h30 | Pause repas
  • 13h30 à 14h30 |Table Ronde : « Ecosystème de la médiation scientifique, pratiques et enjeux autour du globe »
    • Céline Bézy – Responsable de la médiation scientifique au service Grands évènements et médiation scientifique au CNRS.
    • Alessandro Roussel – Vidéaste web franco-italien, Il est le créateur de ScienceClic
    • Florence Belaen – Directrice sciences et société ― Université Lumière Lyon 2
  • 14h30 à 15h | Pause
  • 15h à 17h | Jeu de médiation scientifique : [kosmopoli:t]
    • Egidio Marsico – Chargé de médiation à la Maison des sciences de l’Homme Lyon Saint-Étienne
    • Florent Toscano – Éditeur et co-auteur du jeu Le papa gérant des Jeux Opla

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur la page Instagram :

masterimsteiso

©Lucie Enguehard

Quelles questions éthiques soulève l’IA en santé ?

QQuelles questions éthiques soulève l’IA en santé ?

©RCF radio

Dis Pourquoi ? est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.

> Émission du 7 mai 2024

Mathieu Guillermin, enseignant-chercheur et maître de conférences au sein de l’unité de recherche Confluence à l’Institut Catholique de Lyon – UCLy -, a participé au dossier Pop’Sciences Diagnostic 2.0 : quand l’IA intervient  paru en septembre 2023.

Il soulève une question importante : avec l’intelligence artificielle qui s’est immiscée dans les pratiques de santé et dans le quotidien des praticiens depuis quelques années, quels sont les risques d’un point de vue éthique ?

Écoutez le podcast :

>>  Écoutez les podcasts des autres intervenants Pop’Sciences :

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

RCF Lyon

PPour aller plus loin

Actualité de la recherche en bibliothèque

AActualité de la recherche en bibliothèque

La journée d’étude « Actualité de la recherche en bibliothèque » propose un état des lieux des recherches en cours produites par les élèves conservateurs et les étudiants de l’Enssib, dans le domaine de la lecture publique et des bibliothèques universitaires.

Cet événement, co-organisé par la Bibliothèque publique d’information (Bpi) et l’École Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (Enssib).

>> Programme

  • 9h | Accueil
  • 9h30 | Ouverture de la journée.
    Christine Carrier, directrice de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) (à confirmer).
    Nathalie Marcerou-Ramel, directrice de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) (à confirmer).
  • 9h45 : Portraits de jeunes lecteurs en bibliothèques dans La Revue des Livres pour enfants.
    Christophe Evans, chef du service Études et recherche, Bpi.
    Romain Gaillard, responsable du Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ) à la BnF.
    Véronique Soulé, membre du comité de rédaction de La Revue des livres pour enfants et créatrice de l’émission de radio « Écoute ! il y a un éléphant dans le jardin ».
  • 10h30 : Valorisation des travaux des mémoires d’étude à l’Enssib.
    Des étudiant·es de l’Enssib et des élèves conservateur·rices de bibliothèques croiseront leurs regards sur des sujets d’actualités des bibliothèques, en mettant en valeur les résultats de leurs mémoires d’étude à l’Enssib (intervenant·es en cours de confirmation). Avec :

    • Juliette Eymeoud, élève conservateur des bibliothèques, autrice du mémoire « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles : une mission de bibliothécaire ? Les BU face aux VSS ».
    • Camille Forget, étudiante en master 2 Archives numériques, autrice du mémoire « Voyager dans le temps à l’ère des expositions virtuelles d’archives »
    • Florine Jaosidy, élève conservateur des bibliothèques, autrice du mémoire « Le travail bien fait en bibliothèque. Entre impensé et omniprésence ».
    • Eddy Noblet, élève conservateur des bibliothèques, auteur du mémoire « Les bibliothèques et la guerre : le retour de la guerre de haute intensité, quelles conséquences pour la protection des bibliothèques ?» (Diplôme de conservateur des bibliothèques, 2024).
  • 12h : Éléments d’enquête sur la Bpi.
    Christophe Evans, chef du service Etudes et recherche, Bpi.
  • 12h30 : Déjeuner libre.
  • 14h : « Musiquer » en bibliothèque – Enquête sur la place de la musique dans les bibliothèques publiques.
    Olivier Zerbib, maître de conférences en sociologie au laboratoire PACTE, à Grenoble IAE et au Département de Sociologie de l’Université Grenoble-Alpes.
  • 15h : Table-ronde autour de la désinformation et ses enjeux pour les bibliothèques (intervenant·es en cours de confirmation).
    Avec Susan Kovacs, professeure en sciences de l’information et de la communication (Enssib).
  • 16h30 : Conclusion et perspective – Présentation des travaux et publications en cours et focus sur plusieurs projets
    Christophe Evans, chef du service Etudes et recherche, Bpi.
    Florence Salanouve, directrice de la valorisation, Enssib.

 

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Construire et confronter son paysage informationnel

CConstruire et confronter son paysage informationnel

L’Éducation aux médias et à l’information (EMI) apparaît comme un enjeu majeur des problématiques sociétales contemporaines. Avec le soutien du ministère de la Culture, l’Enssib et l’Inspé de l’Académie de Lyon organisent en 2023-2024 trois journées d’étude afin de favoriser la formation des professionnels à l’EMI.

Cette troisième journée explore la notion de paysage informationnel.

>> Programme

  •  9h-9h30 : accueil café
  • 9h30-12h30 | Atelier La fresque de l’information, BemymediaUn serious game pour découvrir, par le jeu et l’intelligence collective, les grands enjeux des médias et de l’information.
    Le jeu permet d’appréhender et de connecter les notions clés du circuit de production et de diffusion de l’information, puis de sa réception et de son partage dans un contexte digitalisé, où la désinformation s’appuie notamment sur les algorithmes et nos biais cognitifs pour prospérer.
    L’atelier est accessible en présentiel uniquement, places limitées
  • 12h30-14h | Pause déjeuner libre
  • 14h-15h30| Peut-on spatialiser l’information en EMI ? Échange et discussion autour de l’atelier du matin
    Avec la participation d’Angèle Stalder, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication et Dominique Chevalier, maîtresse de conférence en géographie
  • 15h30-16h30 | Conférence de Orélie Desfriches Doria, maîtresse de conférences en Sciences de l’information et de la Communication, Paris 8 Vincennes-Saint Denis, chercheuse au laboratoire Paragraphe

>> Pour plus d’information rendez vous sur le site :

enssib

 

 

Le livre à Lyon à la Renaissance – 2e édition

LLe livre à Lyon à la Renaissance – 2e édition

Colloque des 550 ans de l’imprimerie à Lyon

L’Enssib organise une deuxième session consacrée au livre à Lyon à la renaissance les 30 et 31 mai 2024.

Pour célébrer la contribution apportée par l’imprimerie et la librairie à la vitalité culturelle et économique de la ville de Lyon depuis 550 ans, l’Institut d’Histoire du Livre en collaboration avec l’Enssib, le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique ainsi que les centres de recherche IHRIM, Jean-Mabillon et Gabriel Naudé, organisent les 14 et 15 décembre 2023 un colloque sur le livre à Lyon à la Renaissance.

 

>> Programme prochainement disponible

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La micro-sieste : le secret de survie des manchots de l’Antarctique dévoilé

LLa micro-sieste : le secret de survie des manchots de l’Antarctique dévoilé

Aussi grand qu’une pièce de monnaie, le système de monitoring du sommeil « Oneiros », développé au sein de l’Institut des Nanotechnologies de Lyon(INL), a révélé la stratégie des manchots à jugulaire de l’Antarctique pour veiller sur leurs nids : des milliers d’assoupissements ultra-courts qui permettent aux oiseaux de bénéficier de 11 heures de sommeil, tout en protégeant les œufs de la colonie. L’expérimentation, récemment mise sous les feux des projecteurs du journal scientifique « Science», a été rendue possible grâce au développement d’un appareil d’électrophysiologie de pointe dont Bertrand Massot, enseignant-chercheur à l’INSA Lyon et au laboratoire INL avait la charge. Des enjeux électroniques, à l’optimisation de stockage, en passant par l’anticipation des conditions climatiques sur le continent blanc, il explique l’aboutissement de dix années de recherche.

La quête d’un système miniaturisé pour étudier le sommeil animal
La collaboration entre Bertrand Massot et Paul-Antoine Libourel, chercheur au Centre National en Neurosciences de Lyon, a débuté en 2013. « Paul-Antoine s’intéresse à l’évolution animale à travers le sommeil. Alors qu’il cherchait à réaliser des mesures de sommeil sur des reptiles en captivité à l’aide de systèmes assez lourds et encombrants, il nous avait sollicité pour alléger ces derniers », introduit Bertrand Massot.
Après plusieurs tentatives fructueuses en animalerie, l’équipe de chercheurs souhaite aller plus loin, et surtout, au plus près de la condition naturelle des animaux étudiés. « En animalerie, on peut considérer que le sommeil est biaisé car dans la nature, l’animal est entouré de ses pairs mais fait aussi face à la prédation. Autant de facteurs qui peuvent influer les cycles de repos. C’est comme ça que nous avons commencé à réfléchir un système miniaturisé. L’objectif était de taille : dans un objet aussi gros qu’un morceau de sucre, il nous fallait intégrer 32 canaux d’électrophysiologie, dont tous les signaux électriques d’un corps, l’activité physique et l’activité métabolique comme la température corporelle, la fréquence cardiaque ou l’électroencéphalographie par exemple ».
Pendant près de 5 ans, l’équipe cherche le meilleur compromis technique entre la taille, le stockage et la consommation. « Ma recherche consiste à trouver la bonne architecture électronique, en miniature. À l’INL, nous avons l’habitude de travailler sur le corps humain. L’étude animale en conditions naturelles pose d’autres enjeux car nous ne savons pas tout des habitudes de nos sujets d’étude », explique le chercheur de l’INSA Lyon. (…)

 

Pour protéger leurs pairs, les manchots à jugulaire de l’Antarctique usent
de plusieurs milliers de micro-siestes par jour.

[1] CNRS/Université de Lyon/CPE Lyon/Université Lyon 1/Centrale Lyon/INSA Lyon

[2] https://inl.cnrs.fr/le-systeme-oneiros-concu-a-linl-a-la-une-du-journal-science/

>> Lire le suite de l’article :

INSA LYON

Ce que l’histoire du jeu d’échecs nous apprend sur les risques de l’IA | The Conversation

CCe que l’histoire du jeu d’échecs nous apprend sur les risques de l’IA | The Conversation

Les récents progrès de l’intelligence artificielle (IA), comme le développement des IA génératives avec l’apparition de ChatGPT en novembre 2022, ont soulevé beaucoup d’interrogations, d’espoirs, et de craintes. Courant printemps 2023, le Congrès américain a auditionné OpenAI, la société ayant développé ChatGPT et l’Union européenne vient d’adopter son premier texte législatif au sujet de l’IA.

Dans les parlements comme sur les réseaux sociaux, les rapides progrès de l’IA animent les discussions. À l’avenir, à quels impacts faut-il s’attendre sur notre société ? Pour tenter de répondre à cette question de manière dépassionnée, nous proposons de regarder ce qui s’est passé dans un secteur qui a déjà connu l’arrivée et la victoire de l’IA sur les capacités humaines : les échecs. La machine y a en effet un niveau supérieur à celui des humains depuis maintenant plus d’un quart de siècle.

Pourquoi le jeu d’échecs comme indicateur ?

Depuis les débuts de l’informatique, les échecs ont été utilisés comme un indicateur des progrès logiciels et matériels. C’est un jeu intéressant à de multiples niveaux pour étudier les impacts des IA sur la société :

  1. C’est une activité intellectuelle qui demande différentes compétences : visualisation spatiale, mémoire, calcul mental, créativité, capacité d’adaptation, etc., compétences sur lesquelles l’IA vient concurrencer l’esprit humain.
  2. Le jeu n’a pas changé depuis des siècles. Les règles sont bien établies et cela donne une base stable pour étudier l’évolution des joueurs.
  3. Il est possible de mesurer la force des machines de manière objective et de comparer ce niveau à celui des humains avec le classement Elo.
  4. Le champ d’études est restreint : il est clair que les échecs ne sont qu’un tout petit aspect de la vie, mais c’est justement le but. Cette étroitesse du sujet permet de mieux cibler les impacts des IA sur la vie courante.
  5. Les IA ont dépassé le niveau des meilleurs joueurs humains depuis plus de 20 ans. Il est donc possible de voir quels ont été les impacts concrets sur le jeu d’échecs et la vie de sa communauté, qui peut être vue comme un microcosme de la société. On peut également étudier ces impacts en regard de la progression des IA au cours du temps.

Explorons quelles ont été les évolutions dans le monde des échecs depuis que Gary Kasparov, alors champion du monde en titre, a perdu une partie contre Deep Blue en 1996, puis le match revanche joué en 1997. Nous allons passer en revue plusieurs thèmes qui reviennent dans la discussion sur les risques liés aux IA et voir ce qu’il en a été de ces spéculations dans le domaine particulier des échecs.

Les performances de l’IA vont-elles continuer à augmenter toujours plus vite ?

Il existe deux grandes écoles pour programmer un logiciel d’échecs : pendant longtemps, seule la force brute fonctionnait. Il s’agissait essentiellement de calculer le plus vite possible pour avoir un arbre de coups plus profonds, c’est-à-dire capable d’anticiper la partie plus loin dans le futur.

Un arbre des coups : une situation initiale, 3 positions possibles au coup d’après, puis pour chaque position encore 3 possibilités

À partir d’une position initiale, l’ordinateur calcule un ensemble de possibilités, à une certaine profondeur, c’est-à-dire un nombre de coups futurs dans la partie. ©Chris Butner | CC BY-SA

Aujourd’hui, la force brute est mise en concurrence avec des techniques d’IA issues des réseaux de neurones. En 2018, la filiale de Google DeepMind a produit AlphaZero, une IA d’apprentissage profond par réseau de neurones artificiels, qui a appris tout seul en jouant contre lui-même aux échecs. Parmi les logiciels les plus puissants de nos jours, il est remarquable que LC0, qui est une IA par réseau de neurones, et Stockfish, qui est essentiellement un logiciel de calcul par force brute, aient tous les deux des résultats similaires. Dans le dernier classement de l’Association suédoise des échecs sur ordinateur (SSDF), ils ne sont séparés que de 4 points Elo : 3 582 pour LC0 contre 3 586 pour Stockfish. Ces deux manières totalement différentes d’implanter un moteur d’échecs sont virtuellement indistinguables en termes de force.

En termes de points Elo, la progression des machines a été linéaire. Le graphique suivant donne le niveau du meilleur logiciel chaque année selon le classement SSDF qui a commencé depuis le milieu des années 1980. Le meilleur logiciel actuel, LC0, en est à 3586, ce qui prolonge la figure comme on pourrait s’y attendre.

Cette progression linéaire est en fait le reflet d’une progression assez lente des logiciels. En effet, le progrès en puissance de calcul est, lui, exponentiel. C’est la célèbre loi de Moore qui stipule que les puissances de calcul des ordinateurs doublent tous les dix-huit mois.

Cependant, Ken Thompson, informaticien américain ayant travaillé dans les années 80 sur Belle, à l’époque le meilleur programme d’échecs, avait expérimentalement constaté qu’une augmentation exponentielle de puissance de calcul conduisait à une augmentation linéaire de la force des logiciels, telle qu’elle a été observée ces dernières dizaines d’années. En effet, le fait d’ajouter un coup supplémentaire de profondeur de calcul implique de calculer bien plus de nouvelles positions. On voit ainsi que l’arbre des coups possibles est de plus en plus large à chaque étape.

Les progrès des IA en tant que tels semblent donc faibles : même si elles ne progressaient pas, on observerait quand même une progression de la force des logiciels du simple fait de l’amélioration de la puissance de calcul des machines. On ne peut donc pas accorder aux progrès de l’IA tout le crédit de l’amélioration constante des ordinateurs aux échecs.

La réception par la communauté de joueurs d’échecs

Avec l’arrivée de machines puissantes dans le monde des échecs, la communauté a nécessairement évolué. Ce point est moins scientifique mais est peut-être le plus important. Observons quelles ont été ces évolutions.

« Pourquoi les gens continueraient-ils de jouer aux échecs ? » Cette question se posait réellement juste après la défaite de Kasparov, alors que le futur des échecs amateurs et professionnels paraissait sombre. Il se trouve que les humains préfèrent jouer contre d’autres humains et sont toujours intéressés par le spectacle de forts grands maîtres jouant entre eux, et ce même si les machines peuvent déceler leurs erreurs en temps réel. Le prestige des joueurs d’échecs de haut niveau n’a pas été diminué par le fait que les machines soient capables de les battre.

Le style de jeu a quant à lui été impacté à de nombreux niveaux. Essentiellement, les joueurs se sont rendu compte qu’il y avait beaucoup plus d’approches possibles du jeu qu’on le pensait. C’est l’académisme, les règles rigides, qui en ont pris un coup. Encore faut-il réussir à analyser les choix faits par les machines. Les IA sont par ailleurs très fortes pour pointer les erreurs tactiques, c’est-à-dire les erreurs de calcul sur de courtes séquences. En ligne, il est possible d’analyser les parties de manière quasi instantanée. C’est un peu l’équivalent d’avoir un professeur particulier à portée de main. Cela a sûrement contribué à une augmentation du niveau général des joueurs humains et à la démocratisation du jeu ces dernières années. Pour le moment, les IA n’arrivent pas à prodiguer de bons conseils en stratégie, c’est-à-dire des considérations à plus long terme dans la partie. Il est possible que cela change avec les modèles de langage, tel que ChatGPT.

Les IA ont aussi introduit la possibilité de tricher. Il y a eu de nombreux scandales à ce propos, et on se doit de reconnaître qu’il n’a pas à ce jour de « bonne solution » pour gérer ce problème qui rejoint les interrogations des professeurs qui ne savent plus qui, de ChatGPT ou des étudiants, leur rendent les devoirs.

Conclusions temporaires

Cette revue rapide semble indiquer qu’à l’heure actuelle, la plupart des peurs exprimées vis-à-vis des IA ne sont pas expérimentalement justifiées. Le jeu d’échecs est un précédent historique intéressant pour étudier les impacts de ces nouvelles technologies quand leurs capacités se mettent à dépasser celles des humains. Bien sûr, cet exemple est très limité, et il n’est pas possible de le généraliser à l’ensemble de la société sans précaution. En particulier, les modèles d’IA qui jouent aux échecs ne sont pas des IA génératives, comme ChatGPT, qui sont celles qui font le plus parler d’elles récemment. Néanmoins, les échecs sont un exemple concret qui peut être utile pour mettre en perspective les risques associés aux IA et à l’influence notable qu’elles promettent d’avoir sur la société.The Conversation

>> L’auteur :

Frédéric Prost, Maître de conférences en informatique, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original sur le site :

The Conversation

IA et économie de l’attention

IIA et économie de l’attention

Nous nous inquiétons du potentiel de l’intelligence artificielle, mais s’inquiète-t-on assez du déclin potentiel de l’intelligence humaine et collective ?

Face au modèle économique des plateformes numériques et des réseaux sociaux, façonnés pour générer l’addiction, pour capter le plus de « temps de cerveau disponible » et cela afin de récupérer le plus de données possible sur les utilisateurs, ce sont nos capacités cognitives qui en sont directement impactées, menacées d’appauvrissement, et cela d’autant plus chez les plus jeunes.

Pourtant, il est possible de transformer ces technologies en de véritables espaces démocratiques, servant l’intelligence collective. Alors, comment faire ? Que peut faire le droit pour contrer la mainmise des grands acteurs de la Silicon Valley ?

>> Exprimez-vous sur ce sujet en rejoignant le débat en ligne de la Bibliothèque Municipale de Lyon dans le cadre du projet #NHNAI – Nouvel Humanisme au temps des Neurosciences et de l’Intelligence Artificielle et du Printemps du numérique :

Rejoindre le débat