LLes résistances à la guerre en région lyonnaise Il semble opportun d’étudier à nouveaux frais l’histoire de l’antimilitarisme au moment où il est partout question de la remilitarisation de l’Europe et de la recréation du SNU. Les décennies qui nous séparent des derniers conflits armés sur le territoire hexagonal et de la suppression du service national offrent du recul pour mieux identifier et comprendre les formes d’hostilité envers l’armée qui se sont diversifiées depuis la fin du dix-neuvième siècle.L’exposition sur Les résistances à la guerre en région lyonnaise se tiendra dans le cadre du colloque Paroles de réfractaires : refuser les institutions militaires (XIXe-XXe).> Visite commentée : jeudi 15 mai à 17h.Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : ihrim
CConfApero | La communication de la douleur dans la visite médicale : une perspective interactionnelle et multimodale ©ENS de LyonLe thème de la douleur et de son évaluation en contexte médical est devenu central dans les dernières années, d’une part grâce à une plus grande attention portée au vécu du patient et à sa qualité de vie (patient centered medicine), et d’autre part à cause du développement des maladies chroniques et de l’extension de l’espérance de vie.Face aux modes classiques de mesure de la douleur, l’approche interactionnelle permet de montrer que l’évaluation de la douleur dépend des buts médicaux spécifiques au contexte ainsi que de la capacité des patients de mettre en parole leur expérience de la douleur.À partir de l’analyse de visites avec des patients amputés dans une clinique de reconstruction et application de prothèses, on montre ainsi les pratiques communicatives par lesquelles médecins et patients parviennent graduellement à une définition partagée de la douleur ressentie par les patients.La conférence d’une heure sera suivie d’un débat et d’un moment d’échange convivial et gourmand. Ces conférences sont ouvertes à tous, sans prérequis particulier.Intervenante : Renata Galatolo, maîtresse de conférences en psychologie, Département des Arts, Université de Bologne, Italie. Professeure invitée par l’ENS de Lyon au laboratoire ICAR (Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations), pendant deux mois (avril/mai 2025).>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : ENS de Lyon
VVers une science sociale du vivant | Livre ©CNRSLa publication de Les structures fondamentales des sociétés humaines [août 2023] a fait événement et marqué un véritablement tournant en sciences sociales. Bernard Lahire, l’auteur, y opère un raccordement inédit entre sciences sociales et sciences de la vie en montrant que le social humain s’inscrit dans le continuum du vivant et ne se comprend que par une série de comparaisons au sein de l’espèce et en dehors de celle-ci.Questions et avant-propos de Laure Flandrin et Francis SanseigneCe nouvel ouvrage, construit autour d’un dialogue avec deux autres sociologues, a pour but de faciliter l’appropriation des thèses exposées en détail dans la somme précédente. Pour autant, cet échange n’est pas un simple résumé. Plutôt qu’un aperçu systématique de tous les aspects développés, il est d’abord une façon d’introduire à une vision générale qui entend reconfigurer les sciences sociales, ainsi que leurs rapports à d’autres disciplines. Au fil de l’échange, Bernard Lahire éclaire son projet, en précise certains points et répond aux critiques, aux objections et aux malentendus qui se sont exprimés depuis la parution de son livre.On trouvera également à la fin de ce volume un texte inédit qui reprend et approfondit les résultats dégagés dans Les structures fondamentales des sociétés humaines. En accroissant encore un peu plus le degré de généralité de la construction théorique, il les replace dans une réflexion sur les propriétés fondamentales du vivant et les enjeux auxquels toute forme de vie – les sociétés en général et les sociétés humaines en particulier n’étant qu’un moyen de faire partiellement ou totalement, par la voie du collectif, ce que tout système vivant fait à l’échelle individuelle – se trouve confrontée. Ce texte inédit constitue un pas supplémentaire en direction d’une science sociale du vivant unifiée que le présent dialogue appelle de ses vœux.>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : CNRS – Sciences humaines et sociales
RRendez-vous aux jardins | Édition 2025 ©ENS de LyonL’école normale supérieure de Lyon – ENS de Lyon – vous invite à la 22e édition des rendez-vous aux jardin sur le thème « Jardins de pierres – pierres de jardins ».L’objectif de cette manifestation est de faire découvrir à un large public la richesse et la diversité des parcs et jardins et de le sensibiliser aux actions mises en œuvre par le ministère de la Culture pour favoriser la connaissance, la protection, la conservation, l’entretien, la restauration et la création de jardins ainsi qu’à la transmission des savoir-faire, tout en s’attachant à mettre en valeur leur dimension artistique et culturelle.>> Découvrez les programmes, sur le site de l’ENS de Lyon : Grand public Scolaire
SSève et Sens ©Sève et SensPour découvrir quelques petites histoires secrètes de plantes, venez donc écouter le podcast Sève et Sens. Traversant les âges et leurs mythes, passant par leurs usages médicaux, religieux, ou quotidiens, partons ensemble dans ce tour du monde quelque peu éthnobotanesque !Qu’est-ce que l’ethno-botanique ?Le Museum d’Histoire Naturelle de Paris la définit comme « l’une des branches de l’ethnobiologie : elle correspond à la science de l’Homme étudiant les interrelations des sociétés humaines avec leur environnement, et se concentre sur les plantes connues, nommées et utilisées par les Hommes ».L’origine de Sève et sensDoctorante en 1e année en biologie végétale et passionnée par les plantes en tout genre, j’ai récolté au gré du vent et des voyages, une multitude d’anecdotes végétales croustillantes à partager. J’ai traversé les terres tropicales de Thaïlande, puis du Laos où je me suis familiarisée avec l’éthno-botanique.Ainsi, ces mois d’expédition, d’échanges et de réflexions ont porté leurs fruits (et leurs fleurs) pour aboutir à une série de podcasts qui parlent de plantes.Avec ces podcasts, de 10 à 20 min, chacun explorant une plante, je partage des légendes, des symboles, des utilisations des plantes. Je fais également découvrir le travail de scientifiques en histoire, en art, en biologie, ce qui permet aussi de sensibiliser aux questions écologiques.@evou_dessine > Écouter les podcasts :Sève et sens – Les Podcasts> Pour en savoir plus :Sève et sens – Le blog Écoute gratuite sur Spotify et Youtube.Collaborateur.ice.s :@bleu_bachir |Compositeur du jingle du podcast@evou_dessine_unpeu | Illustratrice du podcast
TToujours plus de consommation d’hydrocarbures pour l’IA ? L’intelligence artificielle, et plus généralement le numérique, demandent des capacités énergétiques de plus en plus massives. Comment allier lutte contre le changement climatique, souveraineté et sécurité ?Au moment où le président américain signait l’executive order visant à assurer la domination américaine sur l’intelligence artificielle, l’irruption du chatbot chinois DeepSeek a semé une vague de panique. Les marchés de la tech et de l’énergie ont accusé le coup, propulsant Nvidia, qui produit des composants essentiels pour l’IA, dans une chute de presque 600 milliards de dollars, la plus grande perte de l’histoire en un jour.Il a suffit d’une innovation chinoise se revendiquant d’une plus grande frugalité, tant dans son développement que pour son fonctionnement, pour chahuter la course à l’intelligence artificielle. DeepSeek ouvre la voie pour des développements moins gourmands en calcul.Le développement de l’intelligence artificielle et de manière plus générale de l’industrie numérique est l’une des toutes premières priorités tant pour les États-Unis que pour la Chine.Dans la rivalité qui se joue entre les deux superpuissances, c’est une nécessité à la fois pour assurer leur sécurité intérieure et pour projeter leur puissance hors frontières. La croissance des besoins énergétiques de ces industries est donc une question secondaire, même si elle doit conduire à une augmentation de la production d’hydrocarbures. Aucune politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne pourra ignorer cet ordre de priorité.Depuis la COP de Paris, une grande publicité a été accordée à l’objectif de transition énergétique et par conséquent de réduction de l’exploitation des hydrocarbures. Pour autant leur consommation n’a cessé d’augmenter. Les États-Unis, premier producteur mondial, ont continuellement augmenté leur production depuis le mandat du président Obama.Cette contradiction entre les politiques et les intentions est problématique. Selon le Global Carbon Project, les émissions mondiales de carbone provenant des combustibles fossiles ont atteint des niveaux record en 2023. Un rapport du Programme des Nations unies pour l’Environnement de novembre 2023 estime que les gouvernements prévoient de produire en 2030 le double des combustibles fossiles par rapport à la quantité permise pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Les émissions annuelles mondiales de dioxyde de carbone dépassent 40 milliards de tonnes, principalement issues des combustibles fossiles. Elles ont augmenté de 1,5 % par rapport aux niveaux prépandémiques.L’élection de Trump marque un tournantCette contradiction pourrait toutefois connaître prochainement une forme de résolution, mais dans une forme qui pourrait surprendre. Elle se fera en faveur de l’alignement des discours sur la réalité de l’augmentation des besoins énergétiques, et non l’inverse. Il ne s’agira donc pas de l’alignement des politiques sur les objectifs du développement durable. Les efforts actuels de réarmement sonnent le glas de bien des contraintes environnementales.L’élection américaine marque un tournant clair dans le discours. Le président nouvellement élu l’a affirmé très clairement dans son adresse inaugurale. « Nous possédons quelque chose qu’aucun autre pays manufacturier n’aura jamais – la plus grande quantité de pétrole et de gaz de tous les pays du monde – et nous allons l’utiliser. »Un certain nombre de banques avaient déjà quitté l’alliance Net Zero Banking (NZBA) avant même l’investiture, abandonnant ainsi les contraintes environnementales pesant sur leurs investissements. On peut alors s’interroger. La baisse de l’exploitation des hydrocarbures est-elle un objectif réalisable ? La rivalité des États-nations ne le favorise pas. De surcroît, il ne présente aucun intérêt propre pour aucun acteur. La bataille n’est pour autant pas perdue, mais elle doit s’adapter au réel et tirer avantage de la géopolitique au lieu de la subir. Les énergies dites vertes sont avant tout produites localement, elles doivent être promues pour leur contribution à la souveraineté.Le débat public sur les politiques énergétiques est focalisé sur la durabilité et le changement climatique, alors que la souveraineté et la sécurité nationale restent les principaux moteurs des décisions nationales. La logique du système énergétique actuel est guidée par les enjeux géopolitiques, structurée autour du contrôle des stocks et des flux d’énergie par des mécanismes, tangibles, comme le raffinage, les oléoducs et les tankers, et intangibles, comme les marchés et les assurances.Les besoins énergétiques du numérique sont en continuelle hausseLe numérique présente une singularité dans l’effort de transition écologique. Ses besoins énergétiques croissent à l’inverse de la plupart des secteurs engagés dans un mouvement de baisse. Ce n’est toutefois pas une anomalie. Les liens entre l’industrie numérique et les questions environnementales sont plus complexes qu’il n’y parait à première vue. La dégradation environnementale a en effet deux conséquences, la nécessaire atténuation et l’inévitable adaptation. Autrement dit, d’une part, la montée des interdépendances entre les activités humaines et l’environnement doit être prise en compte. D’autre part les risques de confrontation croissent avec les difficultés environnementales.Le numérique est au cœur de la réponse à ces deux défis. Il permet de prendre en compte les interactions avec l’environnement, et de distribuer les ressources avec une connaissance très fine des contraintes tant locales que globales. C’est ce que les plates-formes d’intermédiation, qui orchestrent les marchés entre producteurs et consommateurs de biens ou de services, font déjà dans de nombreux domaines, avec Google, Uber, etc. Distribuer l’électricité produite et stockée par d’innombrables acteurs est impossible sans les plates-formes numériques, qui seules savent orchestrer des marchés avec une connaissance fine et continue de la situation des acteurs. Il est remarquable d’ailleurs que les grands acteurs du numérique investissent désormais directement dans le secteur de la production de l’énergie, nucléaire ou renouvelable, d’abord pour alimenter leurs centres de données, mais à terme probablement comme gestionnaire global de l’électricité.Les plates-formes sont donc au cœur des solutions. Mais elles sont aussi des instruments de la confrontation. Si l’interconnexion de tous les acteurs de la société a permis des développements extraordinaires, la difficulté de garantir la sécurité du réseau conduit inexorablement à une militarisation de la société dans son ensemble. Les tentatives de régulation sont de peu d’impact sur cette évolution.Le numérique est devenu après les espaces physiques que sont la terre, la mer ou l’air, l’espace où se déploient les conflits. La guerre en Ukraine en offre la première démonstration avec la généralisation des armes sans pilote, l’utilisation des cryptomonnaies, les nouveaux moyens cartographiques basés sur les smartphones. L’intelligence artificielle connaît, comme de nombreuses technologies par le passé, un développement entraîné par la défense. Il serait illusoire dans cette période de militarisation d’espérer voir la consommation énergétique du numérique baisser.Alors que faire ? La solution pourrait être dans la recherche de souveraineté. Si la sécurité était acceptée comme l’objectif principal pour tous les États, en particulier par les principaux blocs géopolitiques, la question pourrait alors se ramener à celle de la transition vers une sécurité à long terme dans chacun d’eux. La réponse pourrait être double : construire la capacité des nations à dépendre de l’énergie produite localement, et briser les dépendances énergétiques internationales existantes. Les deux peuvent être atteints en substituant les sources d’énergie locales et les réseaux de distribution intelligents aux modèles de commerce de l’énergie à longue distance existants. Une telle transition est déjà à portée de main, le prix de l’énergie renouvelable par watt ayant considérablement diminué par rapport au prix des autres formes de production d’électricité. Il faut faire de la dure réalité de cette boucle infernale un atout et non un écueil. Auteurs :Stéphane Grumbach, Directeur de recherche Inria, ENS de LyonGary Dirks, Senior Director Global Futures Laboratory, Arizona State University Sander van der Leeuw, Emeritus Professor of Anthropology and Sustainability, Arizona State UniversityCet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :THE CONVERSATION
QQuel vocabulaire pour mieux lutter contre le racisme ? Lutter contre toutes les formes de racisme : voilà un objectif d’intérêt général largement partagé. Pour autant, les débats sont vifs quant aux manières de procéder et aux politiques à mettre en œuvre.Le propos portera sur l’un de ces débats, qui n’est pas le moins animé : quel vocabulaire, quel lexique, quels mots utiliser ? Cette question sera éclairée par des perspectives historiques et comparatives.Intervenant : Pap N’Diaye, enseignant-chercheur et historien ; ambassadeur, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe.Organisée par : la Chaire lyonnaise des droits humains et environnementaux.Pour en savoir plus, consultez le site de :ENS de Lyon
ÉÉpidémie de grippe : pourquoi une telle ampleur cet hiver ? | Interview The Conversation Cette année, l’ampleur de l’épidémie de grippe est particulièrement importante. Au point que les autorités sanitaires ont repoussé au 28 février la fin de la campagne de vaccination antigrippale, initialement prévue pour le 31 janvier. Pourquoi une telle ampleur épidémique ? Peut-on attraper plusieurs fois la grippe cet hiver ? Quelles sont les complications possibles ? Que faire en cas de symptômes ?Bruno Lina, chef de service aux Hospices civils de Lyon et responsable du Centre national de référence des virus des infections respiratoires, fait le point.The Conversation : Quelles sont les particularités de l’épidémie de grippe actuellement en cours dans notre pays ?Bruno Lina : Une première spécificité de cette épidémie est son ampleur : elle affecte un très grand nombre de personnes. Une autre particularité est que, bien que tous les groupes d’âge soient concernés, les enfants et les adultes jeunes sont particulièrement touchés.Les raisons précises de l’importance de cette vague épidémique restent encore à déterminer. On sait que le virus de la grippe A/H1N1 est l’un des trois virus grippaux en circulation cet hiver (les autres étant les virus de la grippe A/H3N2 et le virus de la grippe B Victoria). Or, ce virus diffuse très bien dans la classe d’âge des 25-45 ans.Mais seule sa présence ne suffit pas à expliquer pourquoi l’épidémie de cette année est plus importante que celle de l’année dernière. Non seulement ces virus étaient-ils attendus, mais qui plus est, le virus B et le virus A/H1N1 avaient déjà circulé l’an passé. Bien qu’ils aient muté et soient cette année légèrement différents de ceux de l’an dernier, ces modifications n’expliquent pas l’ampleur de l’épidémie en cours.Sa dynamique a en revanche probablement été influencée par les mutations du troisième virus en circulation, le virus A/H3N2. Celui-ci a beaucoup évolué depuis l’hiver dernier. Or, les vaccins contiennent l’ancienne souche. Ils protègent donc moins bien contre celle qui circule cette année. Cela pourrait expliquer pourquoi ce virus infecte davantage les personnes les plus âgées. Il est à l’origine des formes les plus sévères chez les plus de 65 ans.Pourquoi les plus jeunes sont-ils particulièrement vulnérables face au virus H1N1 ?B.L. : Premièrement, probablement parce qu’un nombre significatif d’entre eux n’ont jamais été exposés à ce virus. Une autre raison est que, face à une souche virale donnée, la réponse immunitaire est en quelque sorte conditionnée par l’historique immunitaire, via des mécanismes que les scientifiques sont en train de décrypter.On sait par exemple que les « adultes jeunes » (une catégorie très large, puisqu’elle recouvre les adultes nés après 1968) qui ont d’abord été infectés par le virus A/H3N2 avant d’être exposés au virus A/H1N1 présentent une réponse immunitaire moins bonne face à ce dernier virus que des gens qui l’ont rencontré avant le A/H3N2.Autrement dit, la première grippe de l’existence conditionne la qualité et la puissance de la réponse immunitaire lors des infections ultérieures par des virus grippaux. Si la seconde grippe est due au même virus, la réponse immunitaire sera davantage protectrice que s’il s’agit d’un virus différent. Ce constat pourrait expliquer pourquoi les plus de 65 ans sont plus touchés par le A/H3N2 : ils ont été d’abord exposés au A/H1N1 avant d’être exposés au A/H3N2.Le virus A/H1N1 avait déjà circulé en 2009, lors de l’épidémie de grippe d’origine porcine. Si l’on avait été vacciné contre le A/H1N1 (ou infecté par lui), bénéficie-t-on d’une immunité aujourd’hui ?B.L. : L’immunité croisée qui résulte de la vaccination ou d’une infection datant de cette époque est très faible, car le virus A/H1N1 qui est en circulation à l’heure actuelle n’est plus du tout le même qu’en 2009, il a beaucoup évolué.Micrographie électronique à transmission colorisée de particules du virus de la grippe A/H1N1 (bleu). Le virus de la grippe A/H1N1 peut infecter à la fois les humains et les animaux, y compris les oiseaux et les porcs. Il s’agit de l’une des nombreuses souches liées aux épidémies de grippe saisonnière. | ©John Gallagher/Audray Harris/NIAIDCette année, quel est le degré de protection conféré par le vaccin ?B.L. : On estime que le niveau de protection moyen conférée par le vaccin est compris entre 40 et 45 %. Cela peut sembler faible, mais il faut bien comprendre qu’il s’agit du niveau de protection contre les trois virus circulants.Si l’on regarde dans le détail, la protection contre le virus B est excellente, puisqu’elle se situe aux alentours de 70 à 75 %, un niveau rarement atteint en matière de vaccin contre la grippe.L’efficacité contre le virus A/H1N1 est en revanche un peu moins bonne que prévu : elle est de 40 à 45 % alors qu’on s’attendait à un taux d’environ 60 %, car le virus sur lequel est basé le vaccin est censé être le même que celui qui circule dans la population. Cela signifie très probablement que le virus circulant a subi des modifications, qui restent encore à identifier.Enfin, l’efficacité contre le A/H3N2 est basse : environ 25 à 30 % seulement. Elle est particulièrement faible chez les plus de 65 ans, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’on sait que la protection vaccinale diminue chez les personnes âgées. Leur système immunitaire répond en effet moins bien aux stimulations que celui des personnes plus jeunes (on parle d’immunoscénescence).Malgré cette efficacité relativement faible contre le A/H3N2 et moyenne contre le A/H1N1, se faire vacciner reste très utile.B.L. : Absolument, car le vaccin confère une protection vis-à-vis des formes graves. Par ailleurs, chez les personnes vaccinées qui tombent malades malgré tout, la durée de la maladie est réduite, tout comme son intensité. Donc même en cas d’échec vaccinal, les malades qui avaient reçu le vaccin ont un bénéfice clair par rapport aux autres.Autre point important : la vaccination freine considérablement la transmission du virus dans la population. À ce titre, la vaccination des soignants est un point clé en cas d’épidémie. Malheureusement, elle n’est clairement pas suffisante dans notre pays.L’Organisation mondiale de la santé recommande de faire vacciner les enfants de moins de 5 ans. Ce n’est pas le cas des autorités françaises. Pourquoi ?B.L. : La grippe est surtout dangereuse pour les enfants de moins de trois mois. Certes, chaque année, un petit nombre d’enfants plus âgés font des formes graves nécessitant une admission en réanimation, et il arrive que certains, malheureusement, en décèdent. Mais ces cas sont très rares. Chez les enfants qui ne présentent pas de maladie chronique ou d’autre problème de santé, la grippe se passe généralement relativement bien.La vaccination des enfants présente néanmoins un double bénéfice. Il s’agit tout d’abord d’éviter qu’ils ne s’infectent, ce qui permet de limiter l’encombrement des urgences et les arrêts de travail des parents (et protège des formes graves les enfants à risque). L’autre bénéfice est qu’une telle vaccination permet d’influer sur la dynamique de l’épidémie.En effet, lorsque les enfants sont vaccinés, la circulation du virus est freinée dans cette population, dont on sait qu’elle est le moteur de l’épidémie : quand les enfants sont infectés, ils contaminent leurs parents, puis leurs grands-parents. Limiter la circulation virale chez les plus jeunes permet donc de diminuer le niveau d’infection des plus âgés (ainsi que des autres personnes à risque, femmes enceintes ou nouveau-nés).C’est ce qu’a montré l’approche adoptée par la Grande-Bretagne, qui mène une campagne de vaccination des enfants en âge scolaire. Dans les endroits où la campagne est correctement suivie et où les taux de vaccination sont élevés, on observe la mise en place d’une immunité de groupe : le nombre de personnes de plus de 65 ans infectées est très significativement réduit, ce qui a un impact sur la mortalité.Limiter la circulation du virus chez les plus âgés est d’autant plus important qu’au-delà de la mortalité, les conséquences d’une grippe peuvent être graves pour ces personnes…B.L. : Effectivement. Lorsque les personnes âgées sont victimes d’une forme de grippe sévère, elles se retrouvent souvent alitées pendant une dizaine de jours, voire plus. Lorsqu’elles se remettent de l’infection, elles ont souvent perdu de l’autonomie, comme l’ont montré diverses études.Une autre source de complications est due au fait que la grippe peut déstabiliser l’état des patients qui souffrent de pathologies chroniques. L’infection peut provoquer une série d’altérations métaboliques aboutissant à une altération de l’état général. Cela peut se traduire par des poussées d’insuffisance cardiaque, un déséquilibre du diabète, etc.Autre point important, les personnes âgées ne sont pas les seules concernées par des complications potentiellement graves.B.L. : Il est aujourd’hui très clairement établi que chez les adultes de plus de 45 ans qui présentent des pathologies cardiaques et un risque vasculaire, la grippe est responsable d’un nombre extrêmement élevé d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébrauxUne étude récente a montré que la vaccination contre la grippe chez les patients qui ont une pathologie cardiaque chronique était aussi efficace contre l’infarctus que l’arrêt du tabac.Pour le dire autrement, on conseille aux patients qui ont des antécédents cardiaques d’arrêter de fumer et de faire de l’exercice. Mais au-delà de ces recommandations, le conseil le plus important que l’on peut leur donner est de se faire vacciner contre la grippe.C’est d’autant plus important que les personnes concernées ne sont pas toujours au courant de leurs pathologies, qui ne sont pas systématiquement dépistées.Existe-t-il d’autres complications de la grippe ?B.L. : Très rarement, la grippe peut provoquer un syndrome de Guillain-Barré (le système immunitaire du malade attaque ses nerfs périphériques, ce qui se traduit par une faiblesse musculaire débutant généralement par les jambes et se propageant ensuite au reste du corps. Cette faiblesse peut évoluer en paralysie nécessitant une prise en charge. Dans l’immense majorité des cas, la situation revient à la normale en quelques semaines, ndlr).Rappelons que selon la majorité des études conduites, la vaccination antigrippale n’entraîne pas d’augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré.Par ailleurs, des cas de fatigue chronique ont aussi été documentés suite à l’infection par le virus de la grippe.Peut-on être contaminé plusieurs fois au cours d’un même hiver ?B.L. : Il faut distinguer deux cas de figure. Tout d’abord, la co-infection, autrement dit le fait d’être infecté en même temps par plusieurs virus, qui seront responsables des symptômes. Il s’agit d’une situation exceptionnelle : chaque année, alors que les données de surveillance portent sur des dizaines de milliers d’échantillons, seuls trois ou quatre cas de co-infection sont détectés.L’autre cas de figure correspond au fait de subir plusieurs infections au cours du même hiver, lorsque plusieurs virus circulent. Cela peut effectivement arriver, en particulier chez les enfants. Nous avons connu un cas il y a quelques années où un enfant avait été infecté par trois virus différents au cours du même hiver. Une situation heureusement très rare…Que faire en cas de symptômes ?B.L. : La période de contagion débute environ un jour avant les premiers symptômes, et dure au minimum deux jours après leur apparition. Dans la mesure du possible, il faut s’isoler, et éviter d’entrer en contact avec des personnes fragiles. Le port du masque permet également de limiter la transmission du virus.Par ailleurs, l’hygiène des mains est importante : il faut les laver régulièrement, avec des solutions hydroalcooliques ou avec de l’eau et du savon. À ce sujet, rappelons que simplement se passer les mains sous l’eau n’a jamais lavé quoi que ce soit : si l’on utilise du savon plutôt que des solutions hydroalcooliques, il est important de le faire mousser !Il est également important d’aérer les pièces. En effet, quand on est malade, le seul fait de respirer rejette des virus dans l’air ambiant. Ces derniers peuvent y flotter pendant un long moment, et contaminer ainsi d’autres occupants.Il ne faut pas oublier que la contamination peut également se faire via les surfaces : un éternuement peut disséminer des virus sur une table ; que quelqu’un y passe ensuite la main, et il peut s’infecter. Selon la surface considérée, les virus peuvent rester infectieux plus ou moins longtemps. S’ils sont immédiatement détruits sur les surfaces en cuivre, des chercheurs suisses ont montré que les virus de la grippe A peuvent rester infectieux pendant au moins 24 à 48 h sur les billets de banque.Enfin, il faut rappeler qu’en période épidémique, la prévention est importante : port du masque, hygiène des mains, distanciation (se faire moins la bise…) sont terriblement efficaces pour limiter la propagation des virus. Et se faire vacciner également, bien entendu.L’auteur :Bruno Lina, Directeur du centre national de référence pour les virus des infections respiratoires, ENS de Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1, Hospices civils de Lyon.Cet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :The Conversation
LL’école éduque-t-elle aux émotions ? | The Conversation Lieu de transmission des savoirs, l’école est aussi un espace de construction affective, à travers les relations entre élèves, mais aussi par la vision des émotions que proposent différentes disciplines.Dans l’imaginaire collectif, l’école est souvent perçue comme un lieu neutre, un décor où seules la transmission des savoirs et l’évaluation des compétences importent. Cette vision fait abstraction d’une dimension essentielle : l’école est aussi un espace de socialisation émotionnelle, un lieu où se forgent des valeurs, des attitudes et des représentations.Certes, on s’y initie aux mathématiques, aux langues vivantes, mais on apprend aussi à se faire des amies et des amis, à respecter l’autorité, à trouver sa place dans un groupe… La majorité des relations sociales entre jeunes d’âge scolaire (6 à 15 ans) ont d’ailleurs lieu dans un établissement scolaire.Les adultes de la communauté éducative jouent un rôle dans cette socia(bi) lisation, s’inquiétant lorsqu’un ou une élève semble ne pas avoir d’amis et endossant parfois le rôle de médiateurs dans les conflits entre élèves. Et, au-delà des espaces de vie scolaire, la classe elle-même est un lieu où se conjuguent apprentissages académiques et construction affective. C’est ce que l’on peut particulièrement observer dans les cours de français, où l’étude des œuvres littéraires joue un rôle insoupçonné dans l’éducation sentimentale des élèves.Une approche transversale des émotionsLe Bulletin officiel n°9 du 27 février 2003 du ministère de l’éducation nationale le stipule :« Tous les personnels, membres de la communauté éducative, participent, explicitement ou non, à la construction individuelle, sociale et sexuée des enfants et adolescents. »Intégrer les émotions dans les apprentissages ne déroge pas à la mission première de l’école mais en élargit plutôt la portée, en préparant les élèves à devenir non seulement des citoyennes et citoyens instruits, mais aussi des êtres humains capables de vivre et de s’épanouir en interaction avec les autres.Repenser la classe comme un lieu d’éducation émotionnelle ne signifie pas en faire un substitut aux familles ou aux autres espaces de socialisation. Il s’agit plutôt de reconnaître que l’école contribue, de manière indirecte mais fondamentale, à la construction des élèves en tant qu’êtres qui ressentent des émotions.L’éducation émotionnelle s’intègre de manière transversale dans l’ensemble des disciplines scolaires sans pourtant être présente au programme. C’est ce qu’on appelle le curriculum caché. Les différentes disciplines proposent des visions de ce que les émotions doivent être et comment on doit les exprimer en société.L’histoire, par exemple, offre des opportunités d’explorer les émotions collectives comme l’espoir ou la révolte, tandis que les sciences se tournent vers la dimension biologique des émotions. Dans le programme de sciences et vie de la Terre, on retrouve par exemple les entrées suivantes : prendre en charge de façon conjointe et responsable sa vie sexuelle, devenir homme ou femme, vivre sa sexualité.En éducation physique et sportive, ce sont les émotions générées par la victoire et la défaite qui sont enseignées. Les moments de récréation, gérés par les membres de la vie scolaire, sont forts en émotions amicales, amoureuses et même hostiles. Les assistants d’éducation (dits surveillants) jouent eux aussi un rôle dans l’éducation émotionnelle en décidant quels moments sont appropriés pour crier ou non, de quelle façon il est autorisé de pleurer ou d’exprimer la colère…La communauté éducative dans son ensemble inculque aux élèves des normes concernant l’expression des émotions acceptées dans le monde des adultes, en se basant sur un modèle occidental et professionnel.L’éducation sentimentale en classeLa séquence du programme de français intitulée « Dire l’amour » fait advenir l’irruption de l’intime dans un contexte scolaire. Les enseignantes et enseignants interrogés constatent les parallèles faits par les élèves entre les œuvres étudiées et leur vie sentimentale :« Ça fait assez écho à ce qu’ils peuvent vivre à l’extérieur, montrer que l’école c’est pas un microcosme à part, que c’est aussi intégrer l’école à ce qu’il se passe autour dans leur vie de tous les jours. » (Laurianne, 31 ans, neuf ans d’enseignement)Certains pensent même que les élèves peuvent s’inspirer des œuvres étudiées pour mettre en lumière leurs propres sentiments et situations sentimentales, parfois pour la première fois. Le documentaire de 2011 Nous, princesses de Clèves de Régis Sauder montre comment l’étude du roman de Madame de La Fayette par une classe de lycéennes et lycéens les amène à adopter un nouveau regard sur leur propre vie sentimentale.Tableau d’Albert Lynch, illustrant le roman de l’abbé Prévost, Manon Lescaut, au programme du bac de français. | ©Albert Lynch, via Wikimédia« Il y a un moment dans la construction de l’individu où on passe par une forme de pastiche, de modèle qui nous inspire. Que l’école puisse véhiculer des modèles qui soient plus contrôlés ou du moins explicités, replacés dans un contexte historique, et que ces modèles-là puissent être détournés, réappropriés par les élèves, en vrai je trouve ça cool », remarque Georges, 27 ans, et trois ans d’enseignement à son actif.Timothée, 24 ans et lui aussi enseignant depuis trois ans, fait un constat similaire :« En quatrième, l’amour c’est au cœur de pas mal d’histoires, de discussions, de sujets entre les élèves. Et puis je pense que, quel que soit le sujet, la littérature et les arts influencent notre façon de nous comporter. »Élèves comme enseignants ont alors en tête que ce moment d’enseignement a le potentiel de dépasser l’univers du scolaire pour entrer dans le cadre d’une éducation sentimentale.Le rôle des enseignantsLes enseignants et enseignantes engagés profitent de la séquence « Dire l’amour » pour diffuser des discours de prévention au sujet des violences sexistes et homophobes auprès de leurs élèves. Certains s’appuient sur les textes étudiés pour cultiver l’esprit critique des élèves quant à ce qui est présenté comme romantique dans certaines œuvres.Une enseignante observée profite d’un débat spontané en classe pour faire entendre un discours de prévention des violences dans les relations amoureuses. Ce débat éclot lors d’un exercice sur le champ lexical de l’amour, qui proposait aux élèves de ranger les verbes de l’amour par ordre d’intensité. Des élèves évoquent alors les « crimes passionnels », ce à quoi l’enseignante répond « c’est la justice qui décide que c’est extrême dans ces cas-là. C’est pour ça que, s’il y a un trop grand déséquilibre dans la relation, on peut arriver à des problèmes de harcèlement et même à des violences. » Ici la professeure de français relève l’intervention de ses élèves afin de diffuser un discours de prévention quant aux violences dans le couple.Nous, princesses de Clèves, de Régis Sauder (Shellac Films, bande-annonce, 2011).Pour la majorité des enseignants interrogés, la séquence « Dire l’amour » entraîne « forcément » des discussions en classe sur les relations amoureuses.Créer un cadre sécurisant, où chacun se sent libre d’exprimer ses ressentis, est une condition indispensable pour que l’éducation émotionnelle porte ses fruits. La question du genre et de l’orientation sexuelle s’est avérée déterminante pour différencier les pratiques enseignantes. Les femmes, les jeunes et les personnes LGBTQIA+ semblent plus susceptibles que les autres enseignants d’avoir des discours de prévention en classe, sortant occasionnellement du cadre strict du programme scolaire.Au sein du panel d’enseignants, ceux qui ne se saisissent pas de la séquence « Dire l’amour » pour proposer à leurs élèves des réflexions sur les violences dans les relations amoureuses sont les hommes hétérosexuels qui n’ont pas de personnes LGBTQIA+ dans leur entourage.> Autrice : Marine Lambolez, Doctorante en sociologie, ENS de LyonCet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :THE CONVERSATION
NNouvel an Lunaire à l’ENS de Lyon ©IAOC’est devenu une tradition à l’ENS de Lyon : à l’initiative de l’Institut d’Asie Orientale (IAO), vous êtes invités à fêter le nouvel an lunaire. L’occasion de découvrir la culture asiatique lors d’une soirée thématique.En 2025, la nouvelle année lunaire est placée sous le signe du Serpent de bois. À cette occasion, l’Institut d’Asie Orientale vous invite à la projection du film Godzilla dans sa version de 1954. Ce tout premier film de la célèbre série est ici diffusé dans une version qui est longtemps restée méconnue en Occident, occultée par la version internationale, distribuée deux ans plus tard, en 1956, et épurée de nombreux éléments sensibles à l’époque. Ce film, réalisé par Honda Ishirō, est emblématique du cinéma japonais d’après-guerre.Un bateau de pêche est frappé par une explosion sous-marine et disparait des radars. S’en suivent d’autres disparitions de bateaux. Les témoins parlent d’une créature préhistorique. Une enquête est lancée par la Diète et confiée au professeur Yamane, paléontologue. Très vite la créature est baptisée Godzilla et s’en prend à un petit village de pêcheurs avant de se tourner vers Tokyo. Le gouvernement s’organise pour se protéger de la menace.> Programme :18h00 | Accueil du public18h30 | Ouverture du Nouvel An Lunaire, mot de bienvenue de Béatrice Jaluzot, directrice de l’Institut d’Asie Orientale18h40 |« Godzilla, une complexité sémantique » : Conférence de Frédéric Monvoisin, Premier assistant recherche en études cinématographiques et audiovisuelles, Université de Liège19h20 | Pause19h30 | Projection du film de Honda Ishirō , Godzilla ゴジラ (Gojira) (1954) avec la courtoisie de la maison de production Tōhō. Durée : 97 min (1954)21h10 – 21h30 |Echanges et commentaires avec Frédéric Monvoisin>> Pour plus d’information rendez-vous sur le site : Institut d’Asie Orientale