L'équipe Pop'Sciences est en pause estivale et sera de retour le 19 août.Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

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Le génie végétal au service des villes

LLe génie végétal au service des villes

« Dis Pourquoi ? est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.

 

> Émission du 2 juillet 2024

On connaissait le génie civil, au service des infrastructures et de la construction : et si le génie végétal s’invitait comme alternative ? Il utilise les végétaux et leurs propriétés pour aménager les paysages, notamment les berges. Explications de Marylise Cottet-Tronchère, chercheuse en géographie sociale de l’environnement à l’ENS de Lyon et au laboratoire Environnement Ville Société, membre du comité scientifique du numéro 13 du Pop’Sciences Mag « Ville et vivant, une question d’équilibres » de l’Université de Lyon, paru en juin 2024.

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RCF Lyon

PPour aller pus loin

Club de mathématiques discrètes

CClub de mathématiques discrètes

La Maison des mathématiques et de l’informatique de Lyon, Animath et l’IREM de Lyon en collaboration de l’ENS de Lyon et l’Institut Camille Jordan vous propose une nouvelle activité.

Tu aimes les mathématiques et les défis qu’elles posent ? Tu jubiles à résoudre des problèmes ? Tu cherches des énoncés, méthodes et solutions et tu souhaites aller plus loin dans cette voie ? Tu dois sûrement te demander : «Mais pourquoi n’y a-t-il pas des clubs, des conservatoires ou des classes de maths comme il y a des classes musicales ou sportives».

Rejoins-nous ! Rejoins le Club de Mathématiques Discrètes de Lyon. Tu peux commencer à tout moment, même en cours d’année. Notre club s’adresse surtout aux collégiens (à partir de la cinquième) et lycéens de l’Auvergne-Rhône-Alpes, mais tous les jeunes matheux sont les bienvenus. Il s’agit de pratiquer les mathématiques comme un loisir.

Trois niveaux sont en général proposer, permettant à toutes et à tous de commencer facilement, même en cours d’année :

  • Groupe débutant pour des collégiens | cinquième – troisième
  • Groupe intermédiaire
  • Groupe avancé

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Club de mathématiques

 

Ce que les cimetières disent de notre rapport au vivant | The conversation

CCe que les cimetières disent de notre rapport au vivant | The conversation

Fermez les yeux et imaginez un cimetière. Comment est-il ? Pour certains, ce sera de vieilles tombes recouvertes de mousses entourées de feuilles mortes d’où jaillit parfois un écureuil… Pour d’autres ce sera un alignement de tombes de granit rutilantes séparées par un gazon finement coupé, d’autres encore imaginent un endroit où reposent les morts et voguent les vivants, ici un passant, plus loin, une poussette…

Notre vision du cimetière dit beaucoup de notre rapport à la mort comme à la nature, et l’espace du repos éternel de nos morts est ainsi devenu, ces dernières années, un terrain de bataille idéologique.

Car depuis 2022, les cimetières, comme le reste des espaces publics, ne peuvent plus être désherbés avec des pesticides, ce qui a conduit certaines communes à entamer une réflexion de fond sur la place à accorder à la nature dans les cimetières communaux.

Le cimetière gris : les raisons d’un désamour

En la matière, les cimetières français sont déjà fort atypiques.

La meilleure façon de s’en rendre compte est sans doute d’aller voir ailleurs, pour saisir toute la spécificité du modèle national. Au regard de leur équivalent britannique ou américain, dominé par de vastes prairies ou d’intimes bosquets, le paysage des cimetières français est remarquablement ouvert et minéral, marqué par la ligne régulière des monuments de pierre et de granit. La nature y occupe une place bien délimitée, entre pelouse savamment tondue, chrysanthèmes posés sur les tombes et quelques arbres persistants, qui ne perdent pas leur feuillage en hiver.

Mais l’émergence de nouvelles sensibilités esthétiques, écologiques et anthropologiques met aujourd’hui les municipalités, principales gestionnaires de ces espaces, et responsables de l’entretien de leurs parties publiques, en face d’un choix : perpétuer des pratiques de désherbage et d’entretien intensif, au prix d’un important coût en main-d’œuvre, ou repenser fondamentalement la place du vivant dans les cimetières communaux.

Un cimetière anglais (Londres) et un cimetière français (Bouches-du-Rhône). Viv Lynch/Flickr et TCF, ©CCBY

Maintenir le cimetière dans cet idéal de pelouse rase et de feuilles mortes balayées est cependant une lubie relativement récente. Jusque dans les années 1960, dans les grands centres urbains, la majorité des inhumations se fait en terrain général sans monument funéraire – autrement dit, dans des concessions de courte durée, marquées par une stèle le plus souvent en bois. Mais avec l’émergence d’un marché low-cost de la sépulture funéraire grâce au ciment, au béton et au granit, lequel est aujourd’hui principalement importé d’Inde et de Chine, les cimetières français se couvrent de pierre, et les prairies disparaissent peu à peu.

Dessin à la plume et lavis de 1829 par Christophe Civeton représentant le Père-Lachaise. La végétation est plus spontanée, et la fréquentation très libre. © Gallica

Dans les dernières décennies du XXe siècle, la généralisation de l’utilisation des pesticides par les municipalités achève de débarrasser les cimetières de toute trace de végétation spontanée, pour n’y conserver qu’une nature d’agrément. Si les arbres et arbustes conservent droit de cité, l’herbe, synonyme de saleté et d’ensauvagement, y est activement éradiquée ; et les fleurs en plastique ou en porcelaine de se répandre sur les tombes, assurant la présence réconfortante de la végétation sans besoin aucun d’entretien.

Chemin en cours d’enherbement à Chassieu. Dans les allées, le passage des machines et le piétinement compliquent une pousse homogène, ce qui génère d’autant plus de plaintes. ©Louis Dall Aglio, Fourni par l’auteur

Au début du XXIe siècle, cependant, l’émergence d’interrogations politiques quant à la place de la nature en ville n’épargne pas les cimetières. En 2016, la loi Labbé interdit à terme l’utilisation des pesticides dans les espaces publics. Dans les grands centres urbains, les cimetières se mettent alors à représenter des espaces potentiels de biodiversité au sein de territoires largement anthropisés.

Les allées goudronnées, autrefois garantes de propreté, se retrouvent déconsidérées au regard des problématiques de ravinement et de désimperméabilisation des sols. Enfin, le caractère systématique du désherbage du cimetière, très chronophage pour des équipes communales ayant parfois été réduites de moitié au cours des 20 dernières années, est progressivement réévalué et souvent abandonné au profit de pratiques différenciées en fonction des espaces et des périodes de l’année. Si le soufflage reste de mise, en particulier dans les cimetières où les arbres à feuillage persistant impliquent un travail régulier, le choix de végétaliser permet dans certains cas de réduire le temps consacré à la tonte.

Ces évolutions ne se font pas sans heurts et les agents municipaux rapportent des réactions parfois spectaculaires de la part des usagers ; ainsi un agent rapportait avoir été invectivé sur l’état d’un cimetière en cours de végétalisation : « Les gens viennent, et me disent : vous êtes en dessous de tout, c’est inadmissible, je n’enterrerais pas mon chien ici. »

Dans le même temps, l’évolution des rites funéraires semble confirmer la perte de domination du granit dans le paysage. La pratique, toujours en augmentation, de la crémation, qui concerne jusqu’à la moitié des décès en milieu urbain, entretient des liens privilégiés avec l’imaginaire végétal au travers des Jardins du Souvenir, lieux aménagés au sein des cimetières pour la dispersion des cendres. Des groupes d’intérêt se constituent également pour demander la mise à l’agenda politique de discussions autour de pratiques comme l’humusation, c’est-à-dire la transformation du corps mort en terreau fertile.

Le Jardin du Souvenir du cimetière de la Guillotière, un des plus anciens de France, ouvert en 1982. © Louis Dall Agio, Fourni par l’auteur

Entre cimetière gris et vert, les communes à la recherche d’un équilibre

Entre le cimetière gris hérité du XXe siècle et le cimetière vert qui semble émerger, trois points de tension apparaissent : celui de la diversification des publics, des pratiques contradictoires d’aménagement et des évolutions de la biodiversité.

Au niveau des publics, la possible transformation des cimetières en espaces verts urbains pose la question de la rencontre entre des publics venus rendre hommage à leurs défunts et des publics venus chercher un cadre amène pour des pratiques de loisirs. Les cimetières français consacrent en l’état une vocation mélancolique à l’espace funéraire ; ainsi, dans la Métropole lyonnaise, un quart des communes interdisent au cimetière « toute réunion n’ayant pas pour objet une cérémonie funéraire » dans leurs règlements intérieurs. Dans le même temps, des initiatives comme le Printemps des Cimetières, équivalent funéraire des Journées du Patrimoine créé en 2017 en région Auvergne-Rhône-Alpes, semblent vouloir réconcilier les populations avec un espace qu’elles ne fréquentent parfois jamais, malgré leur place parfois importante au sein de la ville : à Paris, les cimetières intra-muros occupent ainsi 99 hectares, soit un peu moins d’un cinquième de la surface occupée par les parcs et jardins intramuros.

Concernant les pratiques d’aménagement, la végétalisation des allées principales ou secondaires des cimetières met en tension les impératifs réglementaires, budgétaires ou écologiques des communes et la perception que certains usagers ont de la végétation spontanée. La présence de ces « mauvaises herbes », voire de ces « herbes folles », trahit pour certains usagers une absence de soin apporté à l’espace public, et, par extension, une absence de soin apporté aux défunts. En réponse à la végétalisation des allées, certains usagers pratiquent alors une minéralisation sauvage, une guérilla grise consistant à désherber voire engravilloner eux-mêmes des allées ou des intertombes dont l’entretien est jugé défaillant, ce qui complique en retour le travail de tonte. Dans le même temps, l’entretien des concessions, très inégal en fonction des familles, participe à la création d’un paysage embrouillé, où les monuments lavés à grandes eaux côtoient les ruines envahies par le lierre. Et si les municipalités restent ultimement propriétaire des terrains, et procèdent à leur reprise une fois la concession échue, elles ne peuvent y intervenir pour assurer elles-mêmes un entretien jugé défaillant.

La presse locale se fait souvent le relais des controverses liées à la végétation. © Louis Dall Agio, CC BY

Enfin, la question des formes prises par le vivant au cimetière est également l’objet d’interrogations. Si le cimetière minéral peut être considéré comme un désert biologique, il ne faut pas oublier que les déserts mêmes possèdent leur biodiversité. En France, certaines espèces végétales exotiques friandes de roche et de chaleur, comme l’ailante, certains animaux nocturnes comme les chats, ont ainsi progressivement fait des cimetières leurs royaumes. La transformation des cimetières en réservoir de biodiversité, voire, comme à Lyon, en refuges labellisés par la Ligue de Protection des Oiseaux, se heurte ainsi à la présence de ces espèces devenues parfois très chères aux usagers. Ainsi des chats errants, souvent nommés et nourris par les équipes communales elles-mêmes, dont la présence atténue l’intérêt des cimetières pour la biodiversité aviaire urbaine.

La question semble donc être celle d’une difficile réunification, entre les désirs d’une population attachée au caractère statique du paysage funéraire, à son caractère impeccable, évocateur d’éternité, et la nécessaire implication des cimetières dans les grandes évolutions contemporaines du rôle de la nature en ville. Ainsi pensée, la question devient donc celle d’un défi impossible, celui de produire un lieu qui soit à la fois de son temps et hors du temps.The Conversation

Rouge-queue noir au cimetière de la Guillotière. © Louis Dall Agio, Fourni par l’auteur

>> Auteur : Louis Dall’aglio, doctorant en géographie, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation

Rencontres végétales du Massif Central à Lyon | Édition 2024

RRencontres végétales du Massif Central à Lyon | Édition 2024

Visuel Rencontres vegetales du massif central

Pendant trois jours, professionnels et amateurs œuvrant à la connaissance, à la préservation et à la valorisation de la flore sauvage du Massif central se retrouveront à Lyon pour échanger sur leurs travaux et leurs découvertes.

Au cours de cet évènement, des animations seront également proposées à un plus large public pour découvrir le patrimoine végétal régional.

Ces rencontres s’organiseront en trois temps :

  • Rencontres scientifiques – 10 et 11 avril : 17 communications scientifiques destinées préférentiellement à un public professionnel pour présenter et échanger autour de travaux récents d’amélioration des connaissances et de préservation de la diversité végétale.
  • Regards croisés – 10 et 11 avril : durant les journées consacrées aux communications scientifiques, deux tables rondes et une conférence permettront un échange soutenu entre le public et les intervenants.
  • Curiosités botaniques – du 10 au 12 avril : de nombreux ateliers animés et visites guidées sont proposés gratuitement à l’intention de tous les publics.

Organisées par :  Conservatoire botanique national du Massif central

En partenariat avec : Métropole de Lyon, Région Auvergne-Rhône-Alpes, École normale supérieure de Lyon, ainsi qu’avec la contribution de la Ville de Lyon et de la Société linnéenne de Lyon.

>> Téléchargez et consultez dès à présent le programme détaillé (encore susceptible de modification) ou feuilletez-le sur Calameo !

Pour en savoir plus :

4E RENCONTRES VÉGÉTALES

Crush. Fragments du nouveau discours amoureux

CCrush. Fragments du nouveau discours amoureux

Quand on entend pour la première fois « crush », ce petit mot qui claque, on est d’autant plus intrigué que les jeunes qui l’utilisent peinent à le définir. Est-ce un coup de foudre ? Un flirt ? Non : le crush ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Et pour comprendre cette nouvelle façon de dire l’amour, quoi de mieux que de donner la parole aux premières et premiers concernés ?


S’appuyant sur des entretiens avec des jeunes de 13 à 25 ans, la sociologue Christine Détrez dissèque ce phénomène contemporain. Le crush est à la fois une rêverie légère et une obsession, un sujet inépuisable de conversation et le prétexte à des enquêtes infinies sur les réseaux sociaux.

D’Yvan, « excellent narrateur de crush », à Jenny, qui y voit « la raison de se réveiller le matin », ou encore Carla, qui dénonce la « consommation des gens », ce livre brosse le portrait drôle et touchant d’une génération qui cherche à réinventer l’amour.

L’auteure, Christine Détrez, est professeur de sociologie à l’ENS de Lyon (Centre Max Weber).

Crush. Fragments du nouveau discours amoureux est paru le 20 mars 2024 aux éditions Flammarion.

>> Retrouvez le présentation de l’ouvrage sur le site :

ENS de Lyon

 

Lire l’interview de Christine Détrez sur le site de l’ENS de Lyon

 

>> Notice de l’éditeur

 

 

Comment un bébé peut-il apprendre deux langues en même temps ? | The Conversation

CComment un bébé peut-il apprendre deux langues en même temps ? | The Conversation

L’acquisition du langage chez les enfants constitue l’un des traits les plus fascinants de l’espèce humaine, ainsi que l’un des problèmes les plus ardus de la linguistique et des sciences cognitives. Quels sont les procédés qui permettent à un enfant d’acquérir une maîtrise complète de sa langue native en à peine quelques années de vie, bien avant d’apprendre à lacer ses chaussures, et à un degré de compétence que les adultes n’égalent presque jamais ?

Loin de faire consensus, ce sujet a en réalité beaucoup divisé les communautés de chercheurs dans ces domaines : le XXe siècle fut marqué par l’idée très influente et controversée de Noam Chomsky selon laquelle l’acquisition de la langue native témoignerait d’une faculté grammaticale universelle et innée chez les humains, les distinguant des autres espèces animales.

Qu’est-ce que les langues ont toutes en commun ?

S’il est donc aussi impressionnant qu’un bébé puisse apprendre ne serait-ce qu’une seule langue, alors comment expliquer qu’il puisse aller jusqu’à en apprendre deux, trois, voire plus ?

La moitié de la population mondiale est bilingue

Cette question présuppose que le bilinguisme ou le multilinguisme seraient sporadiques dans les sociétés humaines, l’exception plutôt que la règle. Or, les experts estiment non seulement que près de la moitié de la population mondiale serait bilingue, mais encore que le multilinguisme est en fait plus commun que le monolinguisme. Il suffit de se tourner vers quelques-uns des pays les plus peuplés du monde comme l’Inde ou la Chine.

Rien de surprenant, donc, qu’un enfant puisse être amené à apprendre plus d’une langue native ! Ce serait même quelque chose à encourager, et non à prévenir comme entrave au développement de l’enfant ou à son intégration culturelle et sociale. De nombreux chercheurs ont ainsi souligné les nombreux bénéfices cognitifs et sociaux du bilinguisme tout au long de la vie. Parmi ceux-ci, on peut citer une meilleure mémoire, un déclenchement des maladies neurodégénératives plus tardif, ou une meilleure adaptation à des contextes sociaux différents.

Les bénéfices d’un cerveau bilingue.

La clé de voûte du bilinguisme chez les enfants semble résider d’une part dans un ensemble d’aptitudes cognitives générales chez les êtres humains de tout âge (telles que l’analogie, l’abstraction et la mémoire encyclopédique), et d’autre part dans l’étonnante plasticité cérébrale d’un enfant, notamment entre 0 et 3 ans.

Dès la naissance, un enfant est capable de retenir et catégoriser des stimuli linguistiques extrêmement riches en termes d’informations sur leurs prononciations, leurs structures, leurs sens, mais aussi les contextes familiaux et sociaux de leur usage. À partir de ces informations, un enfant est en mesure de très rapidement inférer qu’un ensemble de constructions linguistiques se distingue d’un autre en termes de conventions pour deux langues différentes (par exemple, le français et l’anglais), en particulier après la première année.

Il acquiert ainsi une compétence que l’on nomme « alternance codique », lui permettant de passer facilement d’une langue à l’autre, par exemple en fonction de son interlocuteur, et parfois au sein d’une seule et même phrase (code-mixing) !

Laisser du temps à l’enfant

Bien sûr, la facilité que représente le bilinguisme pour un enfant ne signifie pas pour autant que son développement linguistique est tout à fait identique à celui d’un monolingue. Que ce soit pour les enfants qui apprennent deux langues simultanément, ou bien une deuxième langue avant l’âge de trois ans, la maîtrise de deux grammaires alternatives pour des contextes sociaux spécialisés représente une charge cognitive supplémentaire. Il n’est ainsi pas rare pour un enfant bilingue qu’il prenne un tout petit peu plus de temps qu’un monolingue à apprendre pleinement la langue qu’ils ont en commun. Ce léger écart, qui se manifeste parfois par des « mélanges » interlangues, se résorbe très vite à mesure que l’enfant grandit.

Afin de guider davantage l’enfant et faciliter son acquisition bilingue, on cite souvent l’approche parentale dite « une personne, une langue ». Par exemple, si l’un des parents parle davantage anglais à l’enfant tandis que l’autre utilise davantage le français, le bébé sera en mesure de plus rapidement distinguer deux systèmes linguistiques et à les convoquer dans des interactions avec des personnes spécifiques, par exemple anglophones et francophones.

Par ailleurs, un équilibre dans la fréquence d’usage des deux langues à la maison permettra à l’enfant de bien les ancrer cognitivement en vue d’un usage régulier dans les années qui suivront. Si votre couple parle deux langues et que vous voulez les transmettre à votre enfant, il y a donc quelques habitudes que vous pouvez prendre, mais vous n’avez pas trop à vous inquiéter : parlez fréquemment ces deux langues à votre enfant, il s’occupera du reste !The Conversation

>> Auteur : Cameron Morin, Docteur en linguistique, ENS de Lyon.

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

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The Conversation

La cryptographie face à la menace quantique

LLa cryptographie face à la menace quantique

Faut-il s’inquiéter pour la sécurité de nos communications ? Comment renforcer les méthodes cryptographiques afin de les rendre résistantes face à l’avènement éventuel de l’ordinateur quantique ?

Benjamin Wesolowski, mathématicien et cryptologue à l’Unité de mathématiques pures et appliquées, évoque les nouveaux défis de sa discipline pour CNRS le Journal.

>> Lire l’article complet sur le site :

Cnrs le journal

Pourquoi si peu de filles en mathématiques ? | The Conversation

PPourquoi si peu de filles en mathématiques ? | The Conversation

À 17 ans, une fille française sur deux n’étudie plus les mathématiques, contre seulement un garçon sur quatre. Publié en janvier 2024 chez CNRS Editions, « Matheuses – Les filles, avenir des mathématiques » se penche sur ces inégalités pour mieux les combattre.

À travers 10 chapitres, la chercheuse Clémence Perronnet, la médiatrice scientifique Claire Marc et la mathématicienne Olga Paris-Romaskevitch apportent des réponses scientifiques à des questions comme « Faut-il avoir des parents scientifiques pour réussir en maths ? », « Les maths sont-elles réservées aux élites ? » ou encore « Les modèles féminins créent-ils des vocations chez les filles ? »

Ci-dessous, nous vous proposons de lire la conclusion de cet ouvrage conçu aussi bien comme une enquête sociologique qu’un cahier de maths.

Les parcours en mathématiques commencent dès la petite enfance, avec l’influence forte de la socialisation familiale. On a beaucoup plus de chances de s’intéresser aux maths et d’être encouragée dans cette voie lorsqu’on a des parents scientifiques – et surtout, pour les filles, une mère scientifique. Ces héritages familiaux sont purement sociaux et ne reposent pas sur la transmission d’un goût ou d’un talent génétique. Contrairement aux idées reçues, notre intérêt, notre curiosité et nos compétences en mathématiques ne sont jamais déterminés à l’avance par des caractéristiques biologiques. L’intelligence n’est pas innée, et ce n’est pas elle qui fait la compétence en mathématiques : celle-ci ne s’acquiert que par l’entraînement. Ce n’est donc pas parce qu’on est brillant, génial ou naturellement talentueux qu’on devient bon en maths. À l’inverse, c’est au fur et à mesure qu’on les pratique et qu’on s’y investit que l’on nous reconnaît talent et intelligence, parce qu’on investit cette discipline qui détient un important pouvoir symbolique et social.

Il y a néanmoins une très grande inégalité de traitement dans cette reconnaissance, puisque l’intelligence est beaucoup moins facilement accordée aux femmes qu’aux hommes. Les discours pseudoscientifiques qui prétendent prouver l’origine biologique de l’intelligence et les processus d’évaluation à l’œuvre dans le système scolaire desservent systématiquement les femmes. Celles-ci sont toujours considérées comme naturellement moins douées – alors même que des décennies de recherche scientifique établissent que le sexe biologique ne détermine aucunement les capacités cognitives.

Ces inégalités de traitement expliquent la sous-représentation des femmes dans certaines sciences (mathématiques, informatique, ingénierie…) mais aussi leur surreprésentation dans d’autres (biologie, chimie, médecine…). En effet, les disciplines scientifiques ne sont pas investies de la même façon selon la valeur qu’on leur prête dans le monde social. Les hiérarchies disciplinaires, de genre et sociales se croisent pour construire un espace social et sexué des sciences. Au sommet, les mathématiques et la physique sont considérées comme les plus fondamentales et théoriques ; ce sont elles qui recrutent le plus d’hommes et de personnes des classes favorisées. Les champs de l’ingénierie, de la technologie et de l’industrie, associés à l’application et à la technique, ont un recrutement tout aussi masculin mais davantage populaire. Enfin, les sciences du vivant comme la médecine et la biologie, focalisées sur l’activité de soin et de sollicitude, sont les plus féminisées. Cela n’en fait pas des sciences plus égalitaires, puisque la présence des femmes s’y explique toujours par la croyance en des différences de nature entre les sexes (ici, l’existence de qualités féminines liées au care).

Le cas particulier de l’informatique montre bien la façon dont les liens entre genre, savoir et pouvoir produisent des orientations inégalitaires. Loin d’être le résultat de préférences ou de compétences « naturelles », l’absence des filles en informatique est le résultat d’une éviction. Alors qu’elles étaient majoritaires dans cette discipline à ses débuts, les femmes en ont été exclues lorsqu’elle a pris de l’importance et est devenue le lieu d’enjeux de pouvoir économiques et politiques. Aujourd’hui, en milieu scolaire comme en milieu professionnel, les femmes sont confrontées à des comportements sexistes constants de la part de leurs professeurs, camarades et collègues, et leur prétendue incompétence et incompatibilité avec l’informatique servent à justifier leur évincement.

L’absence d’intérêt ou de confiance en soi n’est jamais le point de départ de la situation des femmes en mathématiques : elle est le résultat de leur expérience. Les filles perdent confiance en constatant les efforts infructueux de leurs mères, en rencontrant page après page des personnages qui leur enseignent la résignation face à la domination et en étant la cible quotidienne de violences sexistes et sexuelles dans une société qui leur vante pourtant ses mérites égalitaires. Dans leur vie quotidienne comme dans la fiction, tout indique et rappelle aux filles leur incompétence « naturelle » en mathématiques et les sanctions qui les attendent si elles essayent malgré tout d’investir ce champ du savoir.

Why science is for me (The Royal Society, 2020).

Ces sanctions sont les plus fortes pour les adolescentes noires, arabes ou asiatiques et issues des milieux populaires, qui expérimentent une triple discrimination sexiste, raciste et classiste. Les mathématiques sont les plus élitistes des sciences, mais leur aspiration universaliste produit une illusion de neutralité qui minimise le poids de la classe et de la race dans les parcours. La norme du désintéressement dissimule ainsi les conditions matérielles privilégiées qui sont nécessaires à la pratique des mathématiques pures, les plus valorisées.

Faire le choix des mathématiques quand on est une fille impose une transgression des normes de genre et un inconfort que seules les adolescentes les plus favorisées peuvent tolérer – non sans sacrifices. L’absence des groupes dominés en sciences est produite structurellement. Elle n’est ni une affaire de parcours individuels ni un phénomène purement psychologique. Les femmes, les personnes des classes populaires et les personnes non blanches ne s’autocensurent pas en sciences : elles sont censurées socialement par le poids des rapports de domination.

Dans ce contexte, des actions en non-mixité comme les stages des Cigales peuvent jouer un rôle important. En protégeant pour un temps les filles des violences sexistes, elles leur permettent de se consacrer pleinement à la pratique des mathématiques. Elles favorisent également une prise de conscience des inégalités et mettent en avant des modèles de femmes scientifiques encore trop rarement accessibles pour les adolescentes.

Néanmoins, ces actions ne feront progresser l’égalité qu’à condition de renoncer aux croyances en la différence « naturelle » entre les sexes, et de reconnaître les autres rapports de domination structurant le champ scientifique. Si elles peuvent suspendre temporairement les rapports sexistes, les actions en non-mixité de genre n’échappent ni à l’élitisme ni au racisme. Faute de prendre en compte l’ensemble de ces rapports sociaux, elles bénéficient davantage aux filles des classes les plus favorisées.

©CNRS éditions

Pour avancer vers l’égalité et réaliser véritablement leur ambition universelle, les mathématiques doivent repenser complètement leur histoire, leur fonctionnement et leur sens. Pour servir l’intérêt général, elles doivent refuser d’élever une minorité au détriment de la majorité. Cela impose de prendre conscience de la façon dont la pratique actuelle des maths rend impossible l’accès de tous et toutes aux savoirs et aux carrières.

Parce que les inégalités sont sociales et structurelles, les outils pour les résorber doivent l’être également. Les actions ponctuelles et périphériques à destination des groupes sociaux exclus sont nécessairement insuffisantes. Les mathématiques ont besoin d’une transformation interne et collective des pratiques, fondée sur le refus de construire la discipline sur la réussite personnelle de quelques individus jugés exceptionnels, et sur le rejet systématique de toutes les approches naturalisantes des femmes et des hommes, mais aussi des questions de goût, de talent et de mérite.The Conversation

 

Auteure :

Clémence Perronnet, chercheuse en sociologie rattachée au Centre Max Weber (UMR 5283), ENS de Lyon

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

>> Pour lire l’article original rendez-vous sur le site :

The conversation

Nouvel an lunaire

NNouvel an lunaire

Comme chaque année l’École Normal Supérieur de Lyon (ENS), à l’initiative de l’Institut d’Asie Orientale du CNRS, l’École fête le Nouvel An Lunaire.

En 2024, la nouvelle année lunaire est placée sous le signe du dragon.

>> Programme de la soirée (télécharger en PDF)

  • 17h45 : Accueil du public
  • 18h00 : Ouverture du Nouvel An Lunaire, mot de bienvenue par Béatrice Jaluzot (directrice de l’IAO)
  • 18h15 : « Exil, désert et arts martiaux » : introduction par Laurent Chircop-Reyes (maître de conférences en études chinoises, Université Bordeaux Montaigne, D2IA).
  • 18h45 : Projection du film de King Hu, Dragon Inn [Lóngmén kèzhàn 龍門客棧]. Durée : 111 min (1967).

>> Pour plus d’information rendez-vous sur le site :

ENS de Lyon

 

Le monde des atomes à l’échelle attoseconde | Rencontre avec Anne L’huilier, prix Nobel de physique 2023

LLe monde des atomes à l’échelle attoseconde | Rencontre avec Anne L’huilier, prix Nobel de physique 2023

Anne L’huilier / ©European Research Council (ERC)

Lorsqu’un gaz d’atomes est soumis à un rayonnement laser intense, des harmoniques d’ordre élevé du laser sont émises. Dans le domaine temporel, ce rayonnement forme un train d’impulsions lumineuses extrêmement courtes, de l’ordre de 100 attosecondes, permettant une résolution temporelle exceptionnelle.

Venez découvrir le monde des atomes à l’échelle attosecondes, lors de deux rendez-vous exceptionnels !

Intervenante : Anne L’huillier, pionnière de cette science qui permet d’étudier le mouvement des électrons à une échelle de temps extrêmement courte. Ses travaux lui ont valu de recevoir en 2023 le prix Nobel de physique.

  • Mercredi 16 janvier à 16h | Conférence de physique – Amphithéâtre Astrée, Campus LyonTech – la Doua

Les impulsions attosecondes permettent d’étudier la dynamique des électrons dans les atomes, à l’aide de techniques interférométriques. Quelques exemples seront présentés, allant de la mesure de retards à la photoionisation, à la caractérisation de l’état quantique d’un électron. Cette présentation donnera une brève perspective historique sur ce domaine de recherche.

>> Informations et inscription

  • Jeudi 1er février à 16h30 | Rencontre – ENS de Lyon – Amphithéâtre Mérieux – Campus Monod

Anne L’Huillier donnera une conférence tout public sur ses travaux de recherche. La conférence sera suivie, à 18h, d’une table-ronde sur les femmes dans les sciences, en présence d’Isabelle Vauglin, astrophysicienne au CRAL et présidente de l’association Femmes & Sciences.

>> Informations et inscription

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