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L’entrepreneure qui soulage les patients en prenant le pouls du terrain | Visages de la science

LL’entrepreneure qui soulage les patients en prenant le pouls du terrain | Visages de la science

Comment peut-on construire des systèmes de santé qui prennent davantage en compte le vécu et l’expérience du patient ? » Comment fluidifier l’accès à l’information pour les patients, assurer un meilleur suivi à la sortie de l’hôpital ou digitaliser les dossiers médicaux ? En promouvant une santé innovante, humaine et optimiste, Iris Roussel œuvre depuis maintenant 6 ans pour améliorer le parcours santé des patients.

Diplômée de l’INSA Lyon, cette entrepreneure conseille les établissements de santé, territoires et laboratoires pharmaceutiques notamment, en leur proposant des solutions innovantes pour rendre le quotidien des patients plus doux, en alliant ses savoir-faire d’ingénieure et de designer. 

  • Rendre la vie des malades plus douce

Si Iris Roussel s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale, c’est à la suite d’une expérience personnelle où dans un parcours complexe, elle a eu la fâcheuse impression de n’être « qu’un numéro dans un dossier médical ». « Il est nécessaire d’être davantage à l’écoute des patients et de leurs proches pour modéliser des parcours, des expériences et des suivis de santé. En favorisant la fluidité de l’information, la compréhension de la pathologie et le suivi, on peut réduire la difficulté du parcours qui est aujourd’hui un parcours du combattant, à traverser en plus de l’expérience de vie compliquée que vous êtes en train de vivre en tant que patient ou de proche aidant », explique-t-elle au micro des « Cœurs Audacieux ».

  • Mettre le patient au cœur du parcours de santé

« On a beaucoup de retard en France sur le parcours patient, mais on a aussi de très beaux projets mais il faut nuancer, car les choses ont beaucoup évolué ces dernières années. Aujourd’hui, il y a un grand mouvement international sur la prise en compte de l’expérience du patient, ce que l’on appelle le ‘partenariat-patient’. »

  • Écouter les besoins du terrain

Le principe de « soigner-ensemble » est primordial pour Iris Roussel. Avec son entreprise Osiris Santé, l’ingénieure et designer travaille en co-construction avec les patients, les familles, les professionnels de la santé et les collectivités. « Dans la plupart des établissements de santé, les gens travaillent trop en silo. Or, cela entraîne des points de rupture dans le parcours de santé car il y a beaucoup d’acteurs intervenants. (…) Pour faire changer les choses, il faut travailler d’après l’humain. »

 

Portrait d'Iris Roussel

Diplômée de l’INSA Lyon, Iris Roussel était l’invitée du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1 – Épisode 3).

 

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Du génie mécanique pour les cyclistes olympiques

DDu génie mécanique pour les cyclistes olympiques

Les athlètes ne sont pas les seuls à préparer les Jeux Olympiques 2024. Si Gabriel Lanaspeze, diplômé de l’INSA Lyon et docteur en génie mécanique, n’est pas un habitué des vélodromes, il a tout de même consacré ses trois dernières années de thèse à optimiser la transmission par chaîne des cyclistes de piste français. Inscrits dans le cadre du programme « Sciences 2024 » dont l’objectif est d’accompagner les athlètes français dans leur quête de titre aux Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024, les travaux de Gabriel Lanaspeze ont participé à répondre aux enjeux techniques posés par la fédération de cyclisme. Car les cyclistes sur piste de très haut niveau, lancés à vive allure, peuvent s’en remettre aux lois physiques et mécaniques pour optimiser leurs performances.

Vos travaux de thèse s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de recherche collectif dédié à l’accompagnement des athlètes français dans leur quête de titres aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Pourriez-vous résumer les grandes lignes du programme ?
L’idée du programme Sciences 2024 est de faire remonter les questions des sportifs, entraîneurs et techniciens, jusqu’aux laboratoires de recherche scientifiques français. La Fédération Française de Cyclisme (FFC) s’est adressée, entre autres structures de recherches, au LaMCoSpour répondre théoriquement et expérimentalement à certaines problématiques techniques et mécaniques auxquelles les coureurs peuvent être régulièrement confrontés. Un des enjeux principaux de ce programme est l’interface entre la communauté scientifique et celle des sportifs. En effet, les enjeux sont différents entre les deux mondes. Parfois, il peut y avoir des incompréhensions, des priorités différentes ou des résultats qui peuvent s’avérer intéressants pour un scientifique et qui n’est pas vraiment celui attendu par un entraîneur. Ce sont deux mondes très différents qui essaient de communiquer à travers Sciences 2024. Il y a un vrai enjeu de vulgarisation et de communication !

Vos travaux ont principalement porté sur le cyclisme sur piste, un sport où la science mécanique est, en raison de l’influence du matériel utilisé, assez importante. Les enjeux mécaniques doivent être nombreux ?
Effectivement, le cyclisme sur piste est une discipline très différente des autres disciplines comme les compétitions sur route, BMX ou VTT. D’abord, les coureurs évoluent dans des conditions très contrôlées, en vélodrome. (…)

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[1] Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures (INSA Lyon/CNRS/UdL).

 

 

 

 

Festival Numérique

FFestival Numérique

Le Centre Inria de Lyon et la Bibliothèque Marie Curie de l’INSA Lyon  ont imaginé un Festival Numérique. De nombreux ateliers et conférences sont organisés à la Bibliothèque Marie Curie entre novembre 2023 et mi-janvier 2024 sur les thèmes de l’intelligence artificielle, de la protection des données, de la représentativité des femmes dans le numérique, etc.

Le festival a pour objectifs de susciter des vocations à poursuivre des carrières scientifiques et de sensibiliser les étudiants à la recherche dans le numérique.

Pour en savoir plus :

Festival Numérique

Des constructions éco-touristiques en sac de terre

DDes constructions éco-touristiques en sac de terre

Maxime Feugier, Bastien Delaye et Lucas Gehin sont trois jeunes ingénieurs diplômés de l’INSA Lyon à l’origine du projet « Rewall ». Avec leur idée, lancée au sein de la filière d’entrepreneuriat étudiant de leur école, les trois jeunes ingénieurs souhaitent prouver que la construction peut allier esthétique, résistance et impact écologique positif à partir d’une idée née dans les années quatre-vingt : l’écodôme en Super Adobe. Ce type de construction bioclimatique sur mesure, couplée à un outil d’Intelligence Artificielle développé par leurs soins, pourrait déployer tout son potentiel.

 

« Rewall One » : une habitation écologique et hors du commun, offre la possibilité d’accueillir deux personnes en autonomie totale sur le plan thermique et électrique. Avec ses 16m2, cet habitat dispose d’une kitchenette et d’une salle de bain./©Rewall

De la terre et des déchets plastiques

C’est de l’esprit de Nader Khalili, architecte irano-américain, que la technique du Super Adobe est née : une construction en forme de calotte qui semble être tout droit sortie de la planète Tatooine dans Star Wars. Pourtant, sous ses allures de maison de hobbit, l’écodôme offre des possibilités architecturales infinies et une efficacité énergétique très performante. « Le Super Adobe consiste à empiler des sacs en polypropylène tissés remplis de terre et de déchets plastiques, en remplacement des parpaings. Empilés très rapidement et une fois enduits de chaux et de chanvre, ce type de construction présente des propriétés isolantes et mécaniques très intéressantes, avec une empreinte carbone très réduite », introduit Lucas Gehin. La forme conique assure à la construction une stabilité et une résistance capable de résister aux séismes et aux vents violents. Originellement développé pour les activités de la NASA, le Super Adobe pourrait même résister aux tempêtes de poussière lunaire. Quant à son efficacité énergétique, elle est sans appel. « Pour une surface de 20m2 construite en Super Adobe, on trouve une moyenne de 22 degrés de température en été, pour 35 fois moins de Co2 émis par rapport à une construction en béton », ajoute l’ingénieur. Face à ce constat, le groupe engagé dans le projet « Rewall » a vu une occasion concrète de faire rimer « génie civil » et « environnement ». Mais comment tirer parti de l’impact positif de cette technique capable d’allier esthétique, résistance et réutilisation des déchets ?

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Des emballages jetables, compostables et comestibles

DDes emballages jetables, compostables et comestibles

Le plastique n’est plus du tout fantastique : omniprésent, on le sait désormais nocif pour l’environnement, la santé humaine et les écosystèmes. Seulement, le plastique est pratique. Ou tout du moins, l’emballage jetable l’est pour bon nombre de situations de la vie courante. Pierre-Yves Paslier, diplômé du département matériaux de l’INSA Lyon, a fondé l’entreprise « Notpla ». Avec elle, il met en évidence un fait : dans la nature, l’emballage existe et ne dure jamais plus longtemps que son contenu, comme la peau d’un fruit. L’entreprise de l’ingénieur-produit a trouvé la recette pour fabriquer des emballages jetables et même comestibles à partir d’algues. L’innovation a récemment été récompensée par le Prince William, à travers le Earthshot Prize 2022, dans la catégorie « Construire un monde sans déchets ».

 

La décomposition du déchet à base d’algues est très rapide. © Notpla

Avec « Notpla », vous introduisez une innovation de taille dans le monde du packaging : remplacer le plastique des emballages jetables par un matériau biosourcé, l’algue. Pourriez-vous résumer ?
Nos produits sont des emballages dits « jetables » dédiés à la consommation instantanée ou hors de chez soi comme les repas à emporter ou les snacks pendant les évènements sportifs. Nous avons souhaité nous concentrer sur l’industrie du déchet jetable car c’est souvent celui qui est le plus à même de se retrouver directement dans la nature. À la différence du packaging plastique ou carton généralement utilisés dans ces cas-là, nos solutions sont naturellement biodégradables puisqu’elles sont fabriquées à base d’algues. L’idée était de ne pas produire un déchet que la nature ne pourrait pas gérer. Concrètement, il suffit de mettre l’emballage au compost ou même, de le manger pour que celui-ci disparaisse ! (…)

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Le hacker éthique au secours des petites entreprises | Visages de la science

LLe hacker éthique au secours des petites entreprises | Visages de la science

Devenue une priorité nationale en France, la cyberdéfense est le quotidien de Xavier Paquin, ingénieur informatique diplômé de l’INSA Lyon. Il donne aux petites entreprises les moyens de survivre dans une cyberguerre dont elles sont souvent les premières victimes. En 2020, ce passionné du Japon a créé le premier “dojo de cybersécurité”, pour leur donner les moyens de survivre dans cette cyberguerre. En pensant la lutte contre les cyberattaques comme un art martial, il forme les collaborateurs en leur apprenant les gestes qui sauvent.

  • La cybersécurité, le défi du 21e siècle

Le numérique est en train de devenir un nouveau terrain d’affrontement. Les états et les entreprises prennent conscience de la dimension stratégique de cet espace. De l’ordinateur à l’assistant vocal domestique en passant par le réfrigérateur, tous les objets connectés représentent une cible supplémentaire pour les hackers. « Le cyber far west, on y est déjà. Et dans cette bataille, chaque citoyen connecté est une victime potentielle ».

  • Faire de l’humain, le maillon fort de la cyberdéfense

« On dit tout le temps que le maillon faible de la cybersécurité se situe entre clavier et le fauteuil. Je n’aime pas cette expression car le collaborateur, humain, est la première ligne de défense. S’il est bien formé et a les bons réflexes, il sera le maillon fort. Son rôle est primordial lors d’une cyberattaque. »

  • Préparer demain face aux cyber-risques

Notre société, de plus en plus numérique, qui présente déjà une dépendance accrue aux services numériques : est-ce que l’insécurité numérique va progresser et s’accroître ? « Aujourd’hui, on peut attaquer tout ce qui est connecté. Et puisque tout se connecte, tout se met à risque. Il est urgent d’anticiper les concepts de cybersécurité. »

 

L’ingénieur diplômé de l’INSA Lyon et cofondateur de Kamae, était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1 – Épisode 1).

 

 

« On devrait moins se méfier de l’intelligence artificielle que de nous-mêmes » | Visages de la science

«« On devrait moins se méfier de l’intelligence artificielle que de nous-mêmes » | Visages de la science

David Wittmann enseigne la philosophie des sciences et des techniques aux futurs ingénieurs de l’INSA Lyon. Passionné par Hegel et sa dialectique du maître et de l’esclave, il pousse régulièrement ses étudiants à s’interroger sur le numérique. Pour lui, nous n’avons rien à craindre de l’intelligence artificielle ni des robots en tant que tels, puisqu’ils ne seraient que le reflet de notre société. Pour un numérique plus vertueux, il ne s’agit pas de s’intéresser au futur mais bien d’interroger le présent.

  • De la théorie la plus célèbre d’Hegel

« Sans numérique, serais-je une conscience ? ». Aujourd’hui, applications et algorithmes font partie intégrante de notre vie quotidienne. Et bien que ces outils numériques nous facilitent la vie et permettent de grandes avancées, ils posent également de nombreuses questions d’éthique et de justice sociale.

  • Pas que des inconvénients

« La technique nous permet de libérer du temps de cerveau disponible mais parfois, les outils transforment de manière immanente, nos intentions et la tâche que l’on est en train de faire (…). Mais attention, le numérique ça n’est pas que des problèmes ! Il est vrai que quand on interroge le sens éthique, on a tendance à voir uniquement les problèmes et à faire comme si les choses n’étaient pas régulées. »

  • Une extension de l’être humain

« Ce qui risque d’être fait à travers l’IA, c’est une automatisation de nos propres âneries. C’est plutôt ça le caractère inquiétant des choses. Si à chaque fois que j’appuyais sur un bouton, je me disais que derrière il y a des atteintes au droit du travail, qu’il y a des petits libraires qui meurent, qu’il y a une société qui s’effondre… Oui, peut-être que je ferais un peu attention, oui. Mais ça, c’est de notre propre réflexion individuelle. Il est grand temps de questionner nos usages, mais aussi les valeurs de notre société », souligne David Wittmann.

 

Portrait de David Wittman

David Wittmann, enseignant en philosophie des sciences, était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 2 – Épisode 6).

 

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L’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

LL’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

L’ingénierie n’est-elle qu’affaire de technique ? Romain Colon de Carvajal, fait partie de ces scientifiques pour qui l’ingénierie est bien sûr une affaire de technique, mais aussi d’éthique et de philosophie. Enseignant en génie mécanique à l’INSA Lyon, il est aussi spécialiste des low-techs. Selon lui, il est temps de préparer demain, et pour cela, il faut que les ingénieurs sortent du rang et partent à la reconquête de leur liberté.

  • Les low-techs comme médium pédagogique

Au sein de l’école d’ingénieur lyonnaise, Romain Colon de Carvajal met un point d’honneur à initier ses étudiants à la philosophie « low-tech ». « À partir du moment où l’on a bien compris les usages et à qui est destiné un produit technique, je dirais qu’on conçoit low-tech. (…) Le low-tech permet d’explorer une piste concrète et de mettre en lumière la chaîne de responsabilité, plus facile à appréhender lorsqu’un objet technique est plus simple », introduit l’enseignant au micro des « Cœurs audacieux ».

  • Pour une technologie juste, adaptée

« Pour moi, concevoir low-tech, c’est déjà concevoir intelligemment. Je montre qu’il est nécessaire d’avoir une bonne adéquation entre la réponse technologique et le besoin. Le point de départ est de questionner le besoin. Et ce questionnement peut aller très loin : on peut vraiment remettre en cause certains besoins, comme caractériser le côté gadget de certains produits par exemple, qui serait un travers du high-tech. »

  • Une question de responsabilité et de liberté

« La société actuelle demande à l’ingénieur de travailler sur plusieurs échelles de valeurs : l’utilité sociale, le prix, la valeur environnementale, la performance, le contenu scientifique… On ne le forme pas à jongler entre ces échelles de valeurs. Et souvent, il y a des conflits de valeurs : il existe des produits complètement inutiles socialement, mais très sympas à construire d’un point de vue technique. Et quelle liberté les ingénieurs ont d’aller d’une échelle à l’autre ? »

 

Romain_Colon_Carvajal

 

Enseignant au département génie mécanique de l’INSA Lyon, Romain Colon de Carvajal était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1- Épisode 2)

 

 

 

Romain Colon de Carvajal Podcast

Filtres plantés de roseaux : comment ils épurent les eaux usées de la plupart des petites collectivités en France

FFiltres plantés de roseaux : comment ils épurent les eaux usées de la plupart des petites collectivités en France

Dans de nombreuses petites communes en France, les eaux usées sont traitées grâce à des techniques sobres, souvent des filtres plantés de roseaux. Loin de l’image d’une lubie d’écologistes isolés, ces techniques équipent plus de 5 000 stations d’épuration sur le territoire.

Les pénuries d’eau de plus en plus fréquentes – et sévères – qui nous alertent sur la disponibilité des ressources en eau accentuent leur vulnérabilité aux pollutions industrielles, agricoles et domestiques. Pour protéger ces ressources indispensables, il faut adapter nos systèmes de production sur le long terme, éviter le gaspillage et réduire à la source l’émission de polluants (nitrates, phosphates et résidus médicamenteux et cosmétiques notamment).

Mais il faut aussi à plus court terme traiter les effluents générés par les activités humaines, en particulier les eaux usées domestiques provenant de nos cuisines, salles de bain et toilettes. Ces traitements sont encadrés par la loi à l’échelle européenne et nationale, accompagnée d’arrêtés qui fixent les objectifs de traitement et les seuils de rejet. Ils sont mis en place dans des stations d’épuration mettant en œuvre, selon les caractéristiques du territoire, des procédés intensifs ou plus sobres (dits également « extensifs » mais dont le principe de fonctionnement repose essentiellement sur l’activité de bactéries qui ingèrent de nombreux polluants.

L’objectif du traitement des eaux usées est de les rendre moins polluantes, mais aussi de régénérer des ressources : lorsque la réglementation le permet, l’eau traitée peut être valorisée dans des usages domestiques ou pour l’irrigation par exemple. D’autres ressources à haute valeur ajoutée peuvent être extraites, comme les nitrates et les phosphates, utilisables comme fertilisants.

Filtres plantés de roseaux ou stations d’épuration intensives ?

Les territoires urbains densément peuplés utilisent des stations d’épuration collectives intensives de capacité de traitement élevée adaptée aux forts volumes d’eaux usées qu’ils génèrent. Leur efficacité tient à des consommations élevées en énergie, en réactifs, et en équipements compacts relativement sophistiqués.

Les territoires ruraux ou semi-ruraux ont des contraintes d’espace moindres et optent soit pour des techniques d’assainissement non collectives (fosses septiques notamment), soit pour des stations d’épuration collectives de capacité de traitement réduite adaptée au nombre d’habitations raccordées. Les stations d’épuration de capacité de traitement équivalent à 2 000 habitants ou moins, représentent plus de 80 % du nombre total de stations. Parmi celles-ci, plus de la moitié (59 %) sont des stations intensives basées sur les mêmes principes que leurs cousines des grandes villes. Le reste est représenté par des stations dites extensives, moins sophistiquées que les stations intensives et avec des coûts d’investissement et d’exploitation plus faibles, mais qui garantissent des performances d’épuration poussée. Les filtres plantés de roseaux représentent plus de 50 % du nombre de ces stations extensives, le reste étant constitué par des lagunes ou autres types de techniques.

Station d’épuration par filtre plantés

Les dessous des filtres plantés sont ici visibles alors que les roseaux sont encore petits, au tout début du fonctionnement de l’installation après la plantation. Cette station d’épuration est à « écoulement vertical » : au premier plan, le premier étage de filtration et à l’arrière-plan, le second étage. À la surface des filtres, le réseau d’aspersion des eaux usées. / Mathieu Gautier, Fourni par l’auteur.

Les atouts des filtres plantés de roseaux

Les systèmes d’épuration par filtres plantés de roseaux sont des « solutions basées sur la nature », c’est-à-dire que leur principe de fonctionnement est inspiré de celui d’écosystèmes naturels : les marais. Ils présentent de nombreux atouts techniques :

  • De bonnes à très bonnes performances d’épuration, notamment vis-à-vis des matières en suspension, de la charge organique et azotée, et dans une moindre mesure du phosphore
  • Un niveau de technicité modéré dont la mise en œuvre et la maintenance sont compatibles avec les moyens humains, techniques et financiers mobilisables par les petites communes,
  • Une consommation énergétique et en réactifs faible que celle des stations intensives.
  • Une excellente intégration paysagère.

Les filtres plantés de roseaux peuvent reproduire les fonctions écosystémiques des zones humides naturelles qu’ils émulent – marais, tourbières, mares, mangroves. En effet, grâce à leur position particulière à l’interface des trois milieux physiques de la planète (eau, terre, air), ils abritent une biodiversité considérable, régulent les transferts hydriques et la température grâce au phénomène d’évapotranspiration… et contribuent à l’épuration des eaux.

Couvert végétal des filtres plantés de roseaux aspergés d’eau à filtrer. / Mathieu Gautier, Fourni par l’auteur.

Comment fonctionnent les filtres plantés ?

Le système de traitement par filtres plantés de roseaux comporte des étapes successives simples, mais dont l’efficacité exige une ingénierie maitrisée.

Le système est constitué d’un ou plusieurs filtres en série, isolés du sol par une « géomembrane » et remplis de couches de matériaux granulaires au travers desquels s’écoulent les eaux usées à traiter – la taille des grains augmente avec la profondeur. Les roseaux sont plantés à la surface des filtres. Ces végétaux à croissance rapide développent un réseau racinaire dense qui facilite l’écoulement hydraulique et le transfert d’oxygène, et crée des conditions favorables à l’activité des microorganismes responsables de l’épuration.

Schéma de fonctionnement des systèmes à écoulement vertical

Schéma de principe de fonctionnement des filtres à écoulement vertical, appelés « système français ». / Rémy Gourdon, Fourni par l’auteur.

Les eaux usées subissent d’abord un simple « dégrillage » afin de prévenir le colmatage des filtres et de protéger les pompes utilisées.

Le traitement se fait ensuite par filtration physique à la surface du massif poreux qui retient les matières en suspension et certains micropolluants, qui sont capturés à la surface des particules.

système racinaire et sol

Système racinaire dans la profondeur du filtre planté. On voit la granularité en profondeur.Le cache d’appareil photo donne l’échelle. / Mathieu Gautier, Fourni par l’auteur.

Une microflore très riche se développe dans le milieu filtrant, composée principalement de bactéries aérobies, c’est-à-dire de bactéries qui utilisent le dioxygène pour oxyder les matières des eaux usées et les minéraliser en dioxyde de carbone et en eau. Ces bactéries sont présentes naturellement dans les eaux usées ; les plus adaptées aux conditions au sein du filtre prédominent en consommant pour se multiplier la charge organique et les polluants présents dans l’eau. De cette manière, la pollution des eaux est transformée en de nouvelles cellules microbiennes qui sont retenues dans le milieu filtrant alors que l’eau épurée le traverse.

Les systèmes dits « à écoulement vertical » sont les plus utilisés en France. Ils sont classiquement constitués de deux étages de filtration. Chaque étage de filtre est composé de plusieurs cellules indépendantes. On asperge régulièrement à la surface des filtres de la première cellule avec un volume donné d’eaux usées pendant quelques jours ou une semaine ; puis c’est la deuxième cellule qui est alimentée, et enfin la troisième. L’alternance saturation-désaturation en eau est particulièrement favorable aux microorganismes impliqués dans l’épuration. L’eau sortant du premier étage est collectée par des drains au fond des cellules, et traitée sur le second étage suivant le même protocole.

L’efficacité d’épuration des filtres plantés de roseaux, leur niveau modéré de sophistication technique, leur faible coût d’exploitation et d’investissement, et leur excellente intégration paysagère sont les atouts majeurs de ce système d’épuration extensif qui offre en outre d’autres fonctions écosystémiques au-delà de leur fonction épuratoire principale. Mais ces systèmes sont appelés à évoluer pour s’adapter aux pollutions émergentes et aux exigences croissantes d’épuration.The Conversation

Auteurs : Rémy Gourdon, Enseignant-chercheur, biophysicochimie environnementale, INSA Lyon – Université de Lyon et Mathieu Gautier, Maître de conférences, HDR, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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Réduire le bruit du trafic routier pour une meilleure santé

RRéduire le bruit du trafic routier pour une meilleure santé

Alors que les moteurs des voitures et des camions sont devenus de plus en plus silencieux, la principale source de bruit de la circulation émane particulièrement du frottement des pneus contre la chaussée. Dans les zones périurbaines, ce bruit représente une gêne quotidienne considérable pour les habitants. Dans le cadre du projet intitulé « LEON-T » (Low particule Emissions and lOw Noise), un consortium composé de partenaires académiques et universitaires européens souhaite formuler des recommandations pour atténuer les risques potentiels causés par le bruit sur la santé cardiovasculaire. Le Laboratoire Vibration Acoustique (LVA) a apporté son expertise scientifique en matière de mesure acoustique. 

Du bruit et des maladies
Selon une étude sur le bruit social menée par l’Ademe en 2021, le trafic routier représenterait plus de la moitié (51.8 %) du coût social annuel du bruit en France, soit l’équivalent de 106,4 milliards d’euros. « Le problème du bruit social n’est pas annexe. Beaucoup de personnes en souffrent quotidiennement, notamment les habitants en zone périurbaine où les véhicules roulent à des vitesses intermédiaires », introduit Etienne Parizet, enseignant-chercheur au LVA.
Et si le bruit pose tant de problème, c’est parce qu’il perturbe le sommeil, entraînant potentiellement des problèmes de santé cardiovasculaires. « C’est ce que s’appliquent à montrer nos collègues de l’Université de Göteborg, en Suède. En mesurant la qualité du sommeil auprès d’un échantillon de participants et en relevant des caractéristiques physiologiques et sensibles, ils s’apprêtent à déterminer les réels impacts du trafic routier sur le sommeil. (…)

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