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La micro-sieste : le secret de survie des manchots de l’Antarctique dévoilé

LLa micro-sieste : le secret de survie des manchots de l’Antarctique dévoilé

Aussi grand qu’une pièce de monnaie, le système de monitoring du sommeil « Oneiros », développé au sein de l’Institut des Nanotechnologies de Lyon(INL), a révélé la stratégie des manchots à jugulaire de l’Antarctique pour veiller sur leurs nids : des milliers d’assoupissements ultra-courts qui permettent aux oiseaux de bénéficier de 11 heures de sommeil, tout en protégeant les œufs de la colonie. L’expérimentation, récemment mise sous les feux des projecteurs du journal scientifique « Science», a été rendue possible grâce au développement d’un appareil d’électrophysiologie de pointe dont Bertrand Massot, enseignant-chercheur à l’INSA Lyon et au laboratoire INL avait la charge. Des enjeux électroniques, à l’optimisation de stockage, en passant par l’anticipation des conditions climatiques sur le continent blanc, il explique l’aboutissement de dix années de recherche.

La quête d’un système miniaturisé pour étudier le sommeil animal
La collaboration entre Bertrand Massot et Paul-Antoine Libourel, chercheur au Centre National en Neurosciences de Lyon, a débuté en 2013. « Paul-Antoine s’intéresse à l’évolution animale à travers le sommeil. Alors qu’il cherchait à réaliser des mesures de sommeil sur des reptiles en captivité à l’aide de systèmes assez lourds et encombrants, il nous avait sollicité pour alléger ces derniers », introduit Bertrand Massot.
Après plusieurs tentatives fructueuses en animalerie, l’équipe de chercheurs souhaite aller plus loin, et surtout, au plus près de la condition naturelle des animaux étudiés. « En animalerie, on peut considérer que le sommeil est biaisé car dans la nature, l’animal est entouré de ses pairs mais fait aussi face à la prédation. Autant de facteurs qui peuvent influer les cycles de repos. C’est comme ça que nous avons commencé à réfléchir un système miniaturisé. L’objectif était de taille : dans un objet aussi gros qu’un morceau de sucre, il nous fallait intégrer 32 canaux d’électrophysiologie, dont tous les signaux électriques d’un corps, l’activité physique et l’activité métabolique comme la température corporelle, la fréquence cardiaque ou l’électroencéphalographie par exemple ».
Pendant près de 5 ans, l’équipe cherche le meilleur compromis technique entre la taille, le stockage et la consommation. « Ma recherche consiste à trouver la bonne architecture électronique, en miniature. À l’INL, nous avons l’habitude de travailler sur le corps humain. L’étude animale en conditions naturelles pose d’autres enjeux car nous ne savons pas tout des habitudes de nos sujets d’étude », explique le chercheur de l’INSA Lyon. (…)

 

Pour protéger leurs pairs, les manchots à jugulaire de l’Antarctique usent
de plusieurs milliers de micro-siestes par jour.

 

[1] CNRS/Université de Lyon/CPE Lyon/Université Lyon 1/Centrale Lyon/INSA Lyon

 

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Ce que l’histoire du jeu d’échecs nous apprend sur les risques de l’IA | The Conversation

CCe que l’histoire du jeu d’échecs nous apprend sur les risques de l’IA | The Conversation

Les récents progrès de l’intelligence artificielle (IA), comme le développement des IA génératives avec l’apparition de ChatGPT en novembre 2022, ont soulevé beaucoup d’interrogations, d’espoirs, et de craintes. Courant printemps 2023, le Congrès américain a auditionné OpenAI, la société ayant développé ChatGPT et l’Union européenne vient d’adopter son premier texte législatif au sujet de l’IA.

Dans les parlements comme sur les réseaux sociaux, les rapides progrès de l’IA animent les discussions. À l’avenir, à quels impacts faut-il s’attendre sur notre société ? Pour tenter de répondre à cette question de manière dépassionnée, nous proposons de regarder ce qui s’est passé dans un secteur qui a déjà connu l’arrivée et la victoire de l’IA sur les capacités humaines : les échecs. La machine y a en effet un niveau supérieur à celui des humains depuis maintenant plus d’un quart de siècle.

Pourquoi le jeu d’échecs comme indicateur ?

Depuis les débuts de l’informatique, les échecs ont été utilisés comme un indicateur des progrès logiciels et matériels. C’est un jeu intéressant à de multiples niveaux pour étudier les impacts des IA sur la société :

  1. C’est une activité intellectuelle qui demande différentes compétences : visualisation spatiale, mémoire, calcul mental, créativité, capacité d’adaptation, etc., compétences sur lesquelles l’IA vient concurrencer l’esprit humain.
  2. Le jeu n’a pas changé depuis des siècles. Les règles sont bien établies et cela donne une base stable pour étudier l’évolution des joueurs.
  3. Il est possible de mesurer la force des machines de manière objective et de comparer ce niveau à celui des humains avec le classement Elo.
  4. Le champ d’études est restreint : il est clair que les échecs ne sont qu’un tout petit aspect de la vie, mais c’est justement le but. Cette étroitesse du sujet permet de mieux cibler les impacts des IA sur la vie courante.
  5. Les IA ont dépassé le niveau des meilleurs joueurs humains depuis plus de 20 ans. Il est donc possible de voir quels ont été les impacts concrets sur le jeu d’échecs et la vie de sa communauté, qui peut être vue comme un microcosme de la société. On peut également étudier ces impacts en regard de la progression des IA au cours du temps.

Explorons quelles ont été les évolutions dans le monde des échecs depuis que Gary Kasparov, alors champion du monde en titre, a perdu une partie contre Deep Blue en 1996, puis le match revanche joué en 1997. Nous allons passer en revue plusieurs thèmes qui reviennent dans la discussion sur les risques liés aux IA et voir ce qu’il en a été de ces spéculations dans le domaine particulier des échecs.

Les performances de l’IA vont-elles continuer à augmenter toujours plus vite ?

Il existe deux grandes écoles pour programmer un logiciel d’échecs : pendant longtemps, seule la force brute fonctionnait. Il s’agissait essentiellement de calculer le plus vite possible pour avoir un arbre de coups plus profonds, c’est-à-dire capable d’anticiper la partie plus loin dans le futur.

Un arbre des coups : une situation initiale, 3 positions possibles au coup d’après, puis pour chaque position encore 3 possibilités

À partir d’une position initiale, l’ordinateur calcule un ensemble de possibilités, à une certaine profondeur, c’est-à-dire un nombre de coups futurs dans la partie. ©Chris Butner | CC BY-SA

Aujourd’hui, la force brute est mise en concurrence avec des techniques d’IA issues des réseaux de neurones. En 2018, la filiale de Google DeepMind a produit AlphaZero, une IA d’apprentissage profond par réseau de neurones artificiels, qui a appris tout seul en jouant contre lui-même aux échecs. Parmi les logiciels les plus puissants de nos jours, il est remarquable que LC0, qui est une IA par réseau de neurones, et Stockfish, qui est essentiellement un logiciel de calcul par force brute, aient tous les deux des résultats similaires. Dans le dernier classement de l’Association suédoise des échecs sur ordinateur (SSDF), ils ne sont séparés que de 4 points Elo : 3 582 pour LC0 contre 3 586 pour Stockfish. Ces deux manières totalement différentes d’implanter un moteur d’échecs sont virtuellement indistinguables en termes de force.

En termes de points Elo, la progression des machines a été linéaire. Le graphique suivant donne le niveau du meilleur logiciel chaque année selon le classement SSDF qui a commencé depuis le milieu des années 1980. Le meilleur logiciel actuel, LC0, en est à 3586, ce qui prolonge la figure comme on pourrait s’y attendre.

Cette progression linéaire est en fait le reflet d’une progression assez lente des logiciels. En effet, le progrès en puissance de calcul est, lui, exponentiel. C’est la célèbre loi de Moore qui stipule que les puissances de calcul des ordinateurs doublent tous les dix-huit mois.

Cependant, Ken Thompson, informaticien américain ayant travaillé dans les années 80 sur Belle, à l’époque le meilleur programme d’échecs, avait expérimentalement constaté qu’une augmentation exponentielle de puissance de calcul conduisait à une augmentation linéaire de la force des logiciels, telle qu’elle a été observée ces dernières dizaines d’années. En effet, le fait d’ajouter un coup supplémentaire de profondeur de calcul implique de calculer bien plus de nouvelles positions. On voit ainsi que l’arbre des coups possibles est de plus en plus large à chaque étape.

Les progrès des IA en tant que tels semblent donc faibles : même si elles ne progressaient pas, on observerait quand même une progression de la force des logiciels du simple fait de l’amélioration de la puissance de calcul des machines. On ne peut donc pas accorder aux progrès de l’IA tout le crédit de l’amélioration constante des ordinateurs aux échecs.

La réception par la communauté de joueurs d’échecs

Avec l’arrivée de machines puissantes dans le monde des échecs, la communauté a nécessairement évolué. Ce point est moins scientifique mais est peut-être le plus important. Observons quelles ont été ces évolutions.

« Pourquoi les gens continueraient-ils de jouer aux échecs ? » Cette question se posait réellement juste après la défaite de Kasparov, alors que le futur des échecs amateurs et professionnels paraissait sombre. Il se trouve que les humains préfèrent jouer contre d’autres humains et sont toujours intéressés par le spectacle de forts grands maîtres jouant entre eux, et ce même si les machines peuvent déceler leurs erreurs en temps réel. Le prestige des joueurs d’échecs de haut niveau n’a pas été diminué par le fait que les machines soient capables de les battre.

Le style de jeu a quant à lui été impacté à de nombreux niveaux. Essentiellement, les joueurs se sont rendu compte qu’il y avait beaucoup plus d’approches possibles du jeu qu’on le pensait. C’est l’académisme, les règles rigides, qui en ont pris un coup. Encore faut-il réussir à analyser les choix faits par les machines. Les IA sont par ailleurs très fortes pour pointer les erreurs tactiques, c’est-à-dire les erreurs de calcul sur de courtes séquences. En ligne, il est possible d’analyser les parties de manière quasi instantanée. C’est un peu l’équivalent d’avoir un professeur particulier à portée de main. Cela a sûrement contribué à une augmentation du niveau général des joueurs humains et à la démocratisation du jeu ces dernières années. Pour le moment, les IA n’arrivent pas à prodiguer de bons conseils en stratégie, c’est-à-dire des considérations à plus long terme dans la partie. Il est possible que cela change avec les modèles de langage, tel que ChatGPT.

Les IA ont aussi introduit la possibilité de tricher. Il y a eu de nombreux scandales à ce propos, et on se doit de reconnaître qu’il n’a pas à ce jour de « bonne solution » pour gérer ce problème qui rejoint les interrogations des professeurs qui ne savent plus qui, de ChatGPT ou des étudiants, leur rendent les devoirs.

Conclusions temporaires

Cette revue rapide semble indiquer qu’à l’heure actuelle, la plupart des peurs exprimées vis-à-vis des IA ne sont pas expérimentalement justifiées. Le jeu d’échecs est un précédent historique intéressant pour étudier les impacts de ces nouvelles technologies quand leurs capacités se mettent à dépasser celles des humains. Bien sûr, cet exemple est très limité, et il n’est pas possible de le généraliser à l’ensemble de la société sans précaution. En particulier, les modèles d’IA qui jouent aux échecs ne sont pas des IA génératives, comme ChatGPT, qui sont celles qui font le plus parler d’elles récemment. Néanmoins, les échecs sont un exemple concret qui peut être utile pour mettre en perspective les risques associés aux IA et à l’influence notable qu’elles promettent d’avoir sur la société.The Conversation

>> L’auteur :

Frédéric Prost, Maître de conférences en informatique, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

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The Conversation

Réparer les plastiques avec des champs magnétiques pour augmenter leur durée de vie ? | The Conversation

RRéparer les plastiques avec des champs magnétiques pour augmenter leur durée de vie ? | The Conversation

En chargeant certains plastiques de particules magnétiques, il est possible de les chauffer à distance afin de les remodeler. Mathieu Salse/INSA Lyon, Fourni par l’auteur | ©Mathieu Salse/INSA Lyon

L’utilisation excessive des plastiques constitue un exemple frappant de la manière dont les matériaux peuvent devenir une source majeure de pollution. La sobriété matérielle, qui consiste à limiter la consommation de matériaux, constitue donc un levier majeur pour diminuer l’impact de nos sociétés sur l’environnement. Bien qu’il semble désormais utopique de se passer des plastiques, l’espoir réside néanmoins dans le fait qu’une grande partie d’entre eux, dits thermoplastiques, ont la faculté de se déformer ou de s’écouler lorsqu’ils sont chauffés.

Cette propriété permet de les remodeler, offrant ainsi la possibilité de les réparer et de les réutiliser directement, ce qui présente une alternative moins coûteuse qu’un recyclage chimique. Parmi les diverses méthodes qui existent pour chauffer et réparer les plastiques, le chauffage par induction magnétique constitue un moyen rapide et efficace d’échauffer localement la matière. Cette technique, notamment utilisée comme traitement contre certains cancers, peut être également employée pour réparer les plastiques permettant ainsi d’accroître leur temps de vie.

Les matériaux autocicatrisants

Une rapide rétrospective montre que la réparation des matériaux plastiques est un sujet qui passionne la communauté scientifique depuis quelques décennies. Ce sujet a connu un véritable « boom » en 2008 avec la découverte d’un nouveau type de matériau capable de s’autoréparer à température ambiante : les vitrimères. On parle alors d’autoréparation, d’autocicatrisation ou de self-healing en anglais. Bien que de nombreux progrès en chimie ont depuis lors permis de diversifier les solutions, les matériaux autoréparables ne sont pour autant pas véritablement sortis des laboratoires de recherche et peinent toujours, plus de 15 ans après, à trouver leur place dans l’industrie.

Si la raison principale de leur manque d’applicabilité est parfois à chercher au niveau de leur prix et de leur complexité chimique, une autre raison plus fondamentale réside dans l’incompatibilité entre capacité à s’autoréparer et rigidité élevée – la première nécessitant une grande mobilité moléculaire et la seconde de fortes liaisons entre les constituants de la matière. En outre, l’industrie du plastique et ses procédés de fabrication étant arrivés à maturation, c’est tout un écosystème qu’il faut repenser pour inclure la production d’une part significative de matériaux innovants.

Les matériaux guérissables sous champ magnétique

Contrairement au cas des matériaux autocicatrisants qui ne nécessitent aucune intervention extérieure, une stratégie alternative, appelée le stimulus-healing, consiste à apporter de l’énergie pour chauffer et réparer les matériaux thermoplastiques. En fonction du matériau et de l’application visée, le mode de chauffage peut prendre plusieurs formes telles qu’un transfert thermique (par contact direct ou via l’air environnant), une onde acoustique, une micro-onde, un laser ou un champ magnétique oscillant appliqué grâce à une bobine (électro-aimant).

Dans le dernier cas, l’opération consiste à intégrer dans le matériau plastique une faible quantité de particules magnétiques (1 à 5 % de son volume). Ces particules sont en effet capables de transformer le stimulus magnétique oscillant en chaleur au sein même de la matière, grâce à un phénomène appelé hyperthermie magnétique. Pour atteindre des températures de l’ordre de 150-200 °C, il est commun d’utiliser des champs magnétiques ayant une intensité de quelques milliteslas (l’équivalent d’un aimant de réfrigérateur) et une fréquence d’environ 500 kHz (contre 20 à 100 kHz pour une plaque induction standard).

Cette technologie a l’avantage de pouvoir être utilisée sur des matériaux dotés de propriétés mécaniques très différentes, ce qui permet de l’appliquer sur une large gamme de plastiques. En effet, elle a récemment été employée pour traiter des matériaux de grande consommation tels que le polypropylène (utilisé pour faire des pare-chocs de voiture) ou certains polyuréthanes souples (employés comme gaine d’isolation électrique).

Un autre avantage que présente cette technique est de pouvoir lisser une pièce rugueuse pour effacer ses défauts en surface. Cela est particulièrement utile pour des pièces imprimées en 3D dont la rugosité diminue sensiblement les performances mécaniques et rend l’aspect peu attractif.

Inducteur haute fréquence utilisé pour activer l’hyperthermie magnétique permettant le lissage et le renforcement d’une plaque de polypropylène imprimée en 3D. Le bras de l’inducteur est placé au dessus de la plaque de plastique, qui devient lisse et brillant, là où il est encore rainuré autour. | ©Guilhem Baeza/INSA Lyon

Vers le développement à grande échelle

Historiquement, les recherches menées sur l’hyperthermie magnétique ont une visée biomédicale. Cette technique, généralement combinée à la chimiothérapie ou la radiothérapie, est utilisée pour traiter certains types de cancer. Dans ce cas, des nanoparticules magnétiques biocompatibles sont injectées au patient, et la chaleur générée sous irradiation magnétique (+ 6 à 7 °C) tue sélectivement les cellules tumorales.

Cette technique offre la possibilité de chauffer sans contact ni besoin de faire parvenir la lumière, et fonctionne donc dans des matériaux opaques. Elle offre un grand contrôle, étant donné que la quantité de chaleur dégagée peut être contrôlée par les caractéristiques du champ magnétique, mais aussi par la quantité et la nature des particules stimulables. La localisation des particules permet également de chauffer sélectivement une zone désirée.

Dans le cas de matériaux composites basés sur des plastiques, ces avantages sont tout aussi utiles et posent de nouvelles questions scientifiques à résoudre afin d’améliorer le procédé de réparation.

Des limites qu’il reste à dépasser

Un exemple concerne quelles particules choisir parmi toute la variété de celles qui peuvent être utilisées pour convertir le champ magnétique en chaleur. Les chimistes peuvent jouer sur la composition (fer, cobalt, nickel…), la forme (sphère, cube, bâtonnet…) et la taille des particules magnétiques qui sont autant d’éléments impactant la capacité de chauffe des particules. Par ailleurs, la possibilité de fabriquer ces objets à grande échelle et de manière raisonnée est également un enjeu majeur : la société grenobloise Hymag’in, avec qui nous collaborons, développe par exemple des particules de magnétite issues de déchets de la sidérurgie.

D’autres aspects concernent davantage les physiciens, par exemple les questions liées aux mouvements des particules soumises au champ magnétique. D’une part, les particules ont tendance à se regrouper et à s’organiser en formant des chaînes, ce qui soulève des interrogations sur la réversibilité et l’utilisation répétée de cette technique. Sous l’effet du champ magnétique, les particules se mettent aussi à tourner sur elle-même, ce qui engendre un dégagement de chaleur supplémentaire par friction, dépendant du milieu environnant. Il est nécessaire de quantifier cet effet pour ne pas surchauffer les pièces, ce qui entraînerait leur dégradation.

L’aspect noir des matériaux (lié aux particules magnétiques) rend aussi plus difficile leur utilisation comme pièces visibles, notamment dans l’industrie automobile où la cicatrisation de rayures superficielles sur des pièces colorées représente un réel intérêt commercial. Mais il est aussi possible de réparer en moins d’une minute des caoutchoucs, typiquement des semelles de chaussures ou des joints d’étanchéité, ou même des plastiques durs présents dans des articles de voyage, de sport, ou dans des packagings rigides en tout genre. Finalement, la diffusion des technologies liées à l’hyperthermie magnétique nécessitera l’appui d’industries innovantes, capables d’identifier des applications de niche pour passer de concepts généraux à des produits de haute valeur ajoutée.

Le projet MANIOC est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.The Conversation

Auteurs :

Guilhem P Baeza, Maître de conférences habilité à diriger les recherches en physique des polymères, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Laura Ea, Doctorante en Physique des polymères, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Mathieu Salse, Doctorant en sciences des matériaux polymères et composites, INSA Lyon – Université de Lyon ;

Simon Fritz, Doctorant en Physique des Polymères, INSA Lyon – Université de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

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The Conversation

IA : prometteuse pour optimiser les parcours de soins

IIA : prometteuse pour optimiser les parcours de soins

Et s’il était possible, grâce à l’intelligence artificielle, de soulager les pressions opérationnelles des équipes soignantes et offrir une meilleure qualité de suivi aux patients en prédisant leurs parcours de soins ?​

C’est le sujet qui a occupé Alice Martin, désormais docteure, lors de sa thèse menée au laboratoire DISP – Decision and Information Systems for Production systems1. Alors que les structures de santé françaises rencontrent des difficultés structurelles, celles-ci tentent d’améliorer la prise en charge des patients notamment en cas de maladies chroniques. Pour anticiper l’évolution de la consommation des actes thérapeutiques, Alice Martin a cherché à comprendre les aspects du profil des patients à travers la donnée.

Aujourd’hui, les structures de santé rencontrent des difficultés structurelles dans l’organisation des soins et la prise en charge de leurs patients. Quelles sont-elles ?
L’accès aux soins souffre de fractures multiples : augmentation du nombre de maladies chroniques, vieillissement de la population, fracture territoriale dans l’accès aux soins médicaux, pressions financières et recherche d’efficience à tout prix… Beaucoup de structures de santé tentent de s’adapter à ces transformations en optimisant les parcours patients, notamment grâce à la prédiction des évènements cliniques. Cela suppose de mieux comprendre les patients pour leur proposer des prises en charge adaptées à leurs besoins et à leur profil clinique. D’autre part, il y a une disponibilité croissante des données de santé et une meilleure applicabilité de l’intelligence artificielle. Près de 30 % des données stockées dans le monde sont des données de santé et l’exploitation de celles-ci peuvent aider notamment  à assurer la viabilité du système de santé français, qui n’a pas de visée de rentabilité.

Durant votre thèse, vous avez travaillé à cette prédiction des parcours patients. Comment mieux prévoir et soulager les structures dans leurs organisations ? 
Pour anticiper des évènements cliniques sur un profil de patient donné, il a fallu étudier de près beaucoup de données médico-économiques. Ces données, notamment celles issues de la facturations des hôpitaux, sont très révélatrices des parcours de soins. (…)

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Orientation scolaire : l’ingénierie pour toutes !

OOrientation scolaire : l’ingénierie pour toutes !

Selon une étude de la Conférence des Grandes Écoles1, l’ingénierie est la discipline la plus en mal de mixité dans l’enseignement supérieur : un contexte qui soulève des enjeux de justice sociale, indispensable à l’heure de la transition socio-écologique. Manque de représentation de femmes scientifiques, processus d’identification difficile, stéréotypes, beaucoup de barrières sont encore à l’œuvre au moment des choix d’orientation… Le calendrier ParcourSup est un moment clé pendant lequel les voies professionnelles commencent à se spécialiser et souvent de manière très genrée. Pour Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre au sein de l’Institut Gaston Berger de l’INSA Lyon, il est important de rappeler que la transition socio-écologique ne peut se faire sans les femmes ingénieures.

L’ingénierie en mal de mixité

Avec un taux moyen de 28 % de féminisation en écoles d’ingénieur2, c’est un manque de mixité alarmant qui s’affiche à l’échelle nationale. Si les femmes ont tendance à avoir un diplôme supérieur par rapport aux hommes dans tous domaines confondus, en sciences, elles s’orientent régulièrement vers les sciences du vivant. « Lorsqu’elles ont un profil scientifique, les lycéennes s’orientent principalement vers la biologie ou la médecine car souvent, les métiers du soin sont plus faciles à imaginer pour elles », explique Clémence Abry-Durand.

Une projection difficile donc, dans une fonction déjà invisibilisée dans la société, ou représentée de manière stéréotypée dans les films et les médias. « Lorsque l’on choisit des études d’ingénieur, que l’on soit une fille ou un garçon, c’est souvent parce qu’on a eu un aperçu des perspectives de métier via des personnes de son entourage ou de sa famille. Pour se projeter, les jeunes filles ont d’autant plus besoin d’avoir des représentations de femmes qui sont passées par-là ; des figures modèles qui permettent de montrer que c’est possible et qu’elles peuvent réussir », ajoute la chargée de mission de l’Institut Gaston Berger. (…)

[1] Baromètre Égalité femmes-hommes : les Grandes écoles toujours mobilisées (8e édition, publiée le 8 mars 2023)

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Le biomimétisme pour ré-émerveiller les gens | Visages de la science

LLe biomimétisme pour ré-émerveiller les gens | Visages de la science

Saviez-vous que les technologies GPS s’inspiraient directement du comportement des fourmis ? Jean-Matthieu Cousin, ingénieur INSA Lyon, est chargé d’études industrielles au Ceebios, le centre d’expertise et d’études en biomimétisme en France. Sa mission ? Mobiliser le plus d’acteurs à prendre la voie du biomimétisme pour proposer des innovations durables. Passionné par le biomimétisme qu’il considère comme une vraie philosophie, il souligne l’importance de reconsidérer le vivant, de se reconnecter avec les écosystèmes qui nous entourent afin de s’en inspirer, mais surtout de les préserver. 

 

  • S’inspirer du vivant ou faire avec le vivant ?

« Beaucoup de mots gravitent autour de cette discipline : biomimétique, biomimétisme, bio-inspiration… In fine le dénominateur commun est qu’il s’agit surtout de s’inspirer du vivant pour innover », explique l’ingénieur. Mais plus encore, Jean-Matthieu Cousin considère que l’engouement autour du biomimétisme doit être également considéré comme un appel à challenger notre rapport au vivant.

  • L’inspiration, oui. Mais la préservation avant tout.

Santé, énergie, logement, mobilité, alimentation… Les organismes vivants et la nature deviennent depuis plusieurs années une source d’inspiration importante. Jean-Matthieu souligne l’importance de reconsidérer le vivant et les écosystèmes qui nous entourent afin de s’en inspirer, mais surtout de les préserver.

  • De l’importance de se reconnecter avec le vivant

« Apprenez de la nature, vous y trouverez le futur », avait dit Léonard de Vinci. Une vision que partage l’expert en biomimétisme et qui voit en la nature un formidable réservoir de la nature dont il est urgent de s’inspirer pour innover dans une perspective durable. « Je voudrais que ma discipline aille plus loin et invite les gens à reconsidérer le vivant différemment. Il est important d’aller au-delà d’une approche très utilitariste », confie-t-il au micro des « Cœurs Audacieux ».

 

Jean_Mathieu_CousinJean-Matthieu Cousin, diplômé du département de génie mécanique de l’INSA Lyon était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 2 – Épisode 8).

 

 

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Cycle de l’énergie

CCycle de l’énergie

La bibliothèque Marie Curie de l’Institut National des Sciences Appliquées – INSA Lyon – et son pôle médiation proposent une programmation scientifique et culturelle construite autour de cycles thématiques rejoignant les objectifs de la stratégie Ambitions 2030 et représentant les valeurs de l’INSA Lyon en matière de transition énergétique, environnementale, écologique, sociale, numérique et de modèle économique.

Ce cycle, composé d’ateliers, de visites, de conférences, de temps d’échange littéraire et d’exposition vous permettra de découvrir la gestion de l’énergie sur l’INSA Lyon, mais aussi au niveau national et international, par le biais d’échange avec le gestionnaire de flux de l’INSA, des enseignants chercheurs et d’entreprises.

>> Programme : télécharger le programme en PDF

©INSA Lyon

>> Pour plus d’information rendez-vous sur le site :

INSA Lyon

Bertin Nahum : quand l’ingénierie sauve des vies | Visages de la science

BBertin Nahum : quand l’ingénierie sauve des vies | Visages de la science

Bertin Nahum fait partie des innovateurs les plus brillants de sa génération. Père des robots chirurgicaux made in France, ce visionnaire imagine la médecine de demain. Après avoir conçu un robot destiné à la chirurgie du genou, puis un deuxième pour la chirurgie du cerveau, cet ingénieur s’attaque aujourd’hui, avec un nouveau prototype, à la lutte contre le cancer du foie. Animé par la volonté de se sentir utile et de rendre l’acte chirurgical plus sûr, il s’efforce aussi de faire connaître au monde entier, l’excellence des technologies médicales françaises.

  • Réduire les aléas

« Quand j’ai commencé à travailler dans ce secteur-là, j’ai été très étonné de voir que la chirurgie était une discipline très artisanale. La robotique est en mesure de faire ce qu’elle a fait dans plein de secteurs de la vie quotidienne : réduire les aléas. Il ne s’agit pas de remplacer le praticien mais d’optimiser l’acte chirurgical en le rendant plus précis et plus fiable. »

  • Des robots révolutionnaires

Après avoir occupé des postes de terrain, Bertin Nahum a été confronté à la réalité et à la pratique sur la façon dont la technologie pouvait répondre aux besoins des chirurgiens. Visionnaire, il s’est fait père de robots chirurgicaux révolutionnaires. « Nos robots sont des outils intelligents. Ils utilisent des images pour planifier un acte chirurgical ; aident à la décision du praticien ; puis assistent la réalisation dans le geste à proprement dit. Ils utilisent de l’imagerie, de l’intelligence artificielle et de la robotique. »

  • De l’importance du made-in-France

« La prochaine révolution numérique se fera dans le secteur de la santé. Les robots et l’intelligence artificielle pénétreront dans ce secteur. Cependant, quand on touche à la santé de gens, il faut s’assurer que cette activité ne reproduise pas ce qu’il s’est passé jusque-là avec les GAFA. Il est important que l’Europe se saisisse du sujet. »

 

Portrait de Bertin Nahum

Diplômé de l’INSA Lyon, Bertin Nahum a été sacré quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire du monde par la revue canadienne Discovery en 2012, juste derrière Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Il était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 2 – Épisode 1).

 

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Les enjeux des modèles de langage – Vivre avec ChatGPT – Alexandre Gefen

LLes enjeux des modèles de langage – Vivre avec ChatGPT – Alexandre Gefen

Conférencier : Alexandre Gefen – auteur « Vivre avec ChatGPT »

Lors de cette conférence, il s’agira d’expliquer ce qu’est un modèle fondationnel, de donner des rudiments permettant de comprendre le fonctionnement d’un large modèle de langage en général et de ChatGPT en particulier, en insistant sur sa dimension générative et la question de son alignement, avant d’aborder les différents enjeux éthiques, politiques, scientifiques, sociaux et économiques et cognitifs qu’il pose.

 

« Ouvrir le futur avec joie » aux côtés du peuple Kogi

«« Ouvrir le futur avec joie » aux côtés du peuple Kogi

En 2018, dans la Drôme, une première rencontre totalement inédite avait réuni des représentants du peuple kogi, des scientifiques et des experts occidentaux pour partager leurs connaissances et mener un diagnostic de territoire. En octobre dernier, le projet intitulé Shikwakala1, a entamé sa deuxième édition et a fait escale à l’INSA Lyon. Le jeudi 5 octobre 2023, les savoirs scientifiques ont rencontré les connaissances ancestrales de ce peuple racine vivant dans la Sierra Nevada de Santa Maria, en Colombie. À travers une écoute mutuelle entre les deux approches, ce moment a été l’occasion d’un dialogue pour tenter de composer un « monde commun » et répondre à la question « comment remettre le vivant au cœur de nos actions ? »

La mission confiée par la mère Terre : une quête qui résonne vers l’Occident
Les Kogis sont les descendants directs de l’une des plus grandes civilisations précolombiennes du continent latino-américain, les Tayronas. Vivant à plusieurs jours de marche dans la Sierra Nevada de Santa Marta, le plus haut massif côtier de la planète, ils considèrent leur environnement comme « le cœur du monde ». Ces paysages nécessairement isolés et protégés présentent un écosystème unique : pas moins de 96 espèces endémiques et 7 % des espèces d’oiseaux de la planète2 y ont été recensés à ce jour. Le peuple kogi poursuit une quête : celle de tisser un équilibre avec le vivant, en prenant soin des « points chauds » de la « mère Terre ». Éric Julien, géographe et fondateur de l’association Tchendukua – Ici et Ailleurs, aime illustrer leur appréhension de l’environnement naturel par la métaphore suivante : « Ils sont le stéthoscope qui écoute la Terre, qu’ils comparent à un énorme corps humain. Quand on regarde un corps humain, on ne voit pas de prime abord les réseaux sanguins, nerveux, ventilatoires, énergétiques qui relient les organes entre eux. Pour la Terre, c’est pareil : il y a des réseaux sanguins (eaux), ventilatoires (vents, airs…), nerveux (radioactivité naturelle, champs magnétiques…)3 ». Seulement, cet équilibre est menacé par « les petits frères », la société occidentale. « Cette mère est un comme un grand corps humain, et s’il en manque une partie, le reste ne peut plus fonctionner ».

 

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Les Kogis vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta, le plus haut massif côtier de la planète. (ⓒTchendukua – Ici et Ailleurs)

Pour répondre à la mission confiée par la mère Terre, celle d’enseigner à ceux qu’ils nomment « les petits frères » l’harmonie des choses, les Kogis et l’association Tchendukua – Ici et Ailleurs ont pensé le projet « Shikwakala », invitant à renouer avec le vivant dans une relation d’épanouissement réciproque. (…)

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Notes :

[1] Shikwakala est le terme choisi par le gouverneur kogi Arregocés Conchacala pour nommer le projet de dialogue avec les autorités spirituelles de la Sierra Nevada de Santa Marta et des scientifiques occidentaux. « Shikwá est un fil invisible, créé dans l’esprit, qui enveloppe la terre entière d’est en ouest, formant un réseau de connexion entre la terre, le soleil et le reste de l’univers, rendant possible sa rotation constante. »
[2] La Sierra Nevada de Santa Marta est l’un des plus importants « hotspots » de biodiversité au monde.