PPharma, cosmétique… et si les déchets végétaux aidaient à développer l’économie circulaire ? La renouée du Japon (Fallopia japonica), une plante invasive, présente des propriétés intéressantes pour sa teneur en resvératrol, un polyphénol utilisé par l’industrie cosmétique. | ©CC BY SA harum.koh from Kobe city, JapanAujourd’hui considérés comme des déchets, les sous-produits de la biomasse – issus notamment de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire – pourraient pourtant jouer un rôle central dans la transition vers une économie circulaire.Ces résidus, souvent compostés ou incinérés, renferment des molécules précieuses utilisables dans des secteurs aussi variés que la cosmétique, la pharmacie ou encore les bioplastiques.Face à l’urgence environnementale et aux limites planétaires atteintes, réduire l’usage des ressources pétrochimiques devient indispensable. La valorisation de ces « déchets » végétaux permettrait non seulement de préserver les ressources naturelles, mais aussi de créer des filières locales et durables.Certaines plantes invasives ou résidus alimentaires, comme le thé ou le marc de gingembre, sont riches en antioxydants et autres composés bioactifs. Leur transformation, grâce à des procédés innovants comme l’éco-extraction ou l’usage de solvants verts, ouvre la voie à une bioéconomie plus propre.Au cœur de ce changement : les bioraffineries, qui optimisent chaque étape de valorisation pour atteindre l’objectif « zéro déchet ». Encore faut-il lever les freins technologiques, économiques et réglementaires.Une analyse à découvrir dans un article écrit par : Maher Abla, Enseignant-chercheur en chimie à l’ESTBB et membre du groupe de recherche « Biotechnologies, Santé, Ethique » de l’unité de recherche UR CONFLUENCE: Sciences et Humanités (EA 1598), UCLy (Institut catholique de Lyon) ;Grégory Chatel, Enseignant-chercheur en chimie verte au laboratoire EDYTEM, Université Savoie Mont Blanc ;Philip Lawrence, Professeur de l’UCLy en virologie, responsable du groupe de recherche « Biotechnologies, Santé, Éthique » de l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598), UCLy (Institut catholique de Lyon) ;Thanh-Nhat Pham, Enseignant-chercheur en chimie et biochimie à l’ESTBB et membre du Groupe de recherche » Biotechnologies, Santé, Éthique » de l’Unité de recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598), UCLy (Institut catholique de Lyon).>> Lire l’article :THE CONVERSATION
DDéconstruire les idées reçues sur les violences conjugales par l’anthropologie La violence conjugale n’épargne aucun milieu, et son analyse révèle bien plus qu’un simple dérapage individuel. Derrière chaque histoire, il y a des rapports de pouvoir, des normes sociales, et des modèles patriarcaux bousculés. De la Polynésie au Groenland, des classes populaires aux élites, les enquêtes anthropologiques montrent que cette violence est profondément ancrée dans des systèmes sociaux, où le contrôle masculin reste un enjeu central.Au-delà des clichés et des explications toutes faites, ces violences prennent racine dans des contextes de domination — qu’elle soit sociale, raciale, économique ou coloniale — et se manifestent souvent quand des équilibres de genre sont remis en cause. Les milieux favorisés, eux, savent mieux dissimuler et esquiver la justice.Plutôt que d’en rester à une lecture morale ou pathologique, il devient urgent d’écouter ce que disent les sciences sociales : transformer les normes de genre, comprendre les masculinités en crise et repenser la prise en charge, y compris des agresseurs. Car c’est dans cette complexité qu’on peut vraiment espérer faire reculer ce fléau silencieux.Une analyse à découvrir dans un article écrit par Rougeon Marina, UCLy (Institut catholique de Lyon)>> Lire l’article :THE CONVERSATION
VVulnérabilité(s). Réapprendre le commun face à la crise | Livre ©UCLyFace aux défis globaux de notre époque – crise environnementale et politique, numérisation invasive, fragilisation des systèmes de santé et du monde du travail – le concept de vulnérabilité prend un sens nouveau et peut s’appliquer à des systèmes, voire à l’ensemble d’une collectivité.Ce second volume issu des travaux de la Chaire d’Université Vulnérabilités de l’UCLy interroge la notion de « commun » à l’épreuve de ces multiples défis, et explore la dimension partagée de la vulnérabilité. Comment réorienter nos sociétés pour répondre à la fragilisation croissante de nos systèmes et milieux de vie ?Les textes ici réunis tentent de répondre à cette question à travers les regards croisés de la philosophie, de la théologie, de la médecine, du droit, de l’éthique, de l’anthropologie, de la psychologie et de la sociologie.>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : Ucly
LL’éthique face à l’IA et aux robots autonomes Quels sont les problèmes éthiques qui surgissent de plus en plus aujourd’hui, dans les domaines de la vie civile, mais aussi dans le contexte de la sécurité et de la défense, du fait de la délégation de pouvoirs spécifiquement humains à des systèmes d’intelligence artificielle ou à des robots doués d’autonomie?Durant cette rencontre, les intervenants cherchent à montrer que notre fascination pour l’efficacité de ces systèmes technologiques peut induire une série de « cécités » relatives à des caractéristiques anthropologiques fondamentales, menant à des problèmes juridiques et éthiques majeurs.Dominique Lambert, professeur émérite de l’Université de Namur, était invité par Cairn.info, à l’occasion de la sortie du n° 6 de la Revue CONFLUENCE : Sciences & Humanités sur « L’humain et la donnée », pour participer à leur format « Rencontre ».Menée avec Jean-Marie Durand, cette rencontre a permis d’étudier la place que l’IA prend dans nos vies, autour de ce qu’est l’éthique de l’IA et la place de l’humain.La vidéo de cette rencontre est réservée aux membres de nos institutions clientes et aux abonné(e)s Cairn Pro.>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : Cairn.info
CCulte musulman : la réorganisation voulue par l’État est-elle en marche ? | The Conversation Depuis février 2022, le Forum de l’islam de France (Forif) a remplacé le Conseil français du culte musulman jugé inefficace par Emmanuel Macron. Cette nouvelle instance, plus décentralisée, permettra-t-elle de répondre aux problématiques nombreuses – lutte contre l’islamisme radical, formation des imams, financement des mosquées, violences contre les musulmans – qui touchent l’islam en France ? Éléments de réponses, en ce mois de ramadan, dans l’Hexagone.L’islam occupe une place centrale dans les débats sur la laïcité et l’identité nationale. Dans ce contexte, la notion d’un « islam de France » s’est imposée comme un projet politique visant à structurer cette religion tout en garantissant son autonomie et en limitant les influences étrangères. C’est dans cette perspective qu’a été lancé, en 2022, le Forum de l’islam de France (Forif), sous l’égide du président de la République Emmanuel Macron, pour renouveler le dialogue entre l’État et les représentants du culte.Le Forif se veut une alternative au Conseil français du culte musulman (CFCM). Jugé inefficace et affaibli par des divisions internes, ce dernier a été écarté au profit d’une approche territorialisée et déconcentrée visant à instaurer un dialogue plus direct avec les responsables religieux.Cette reconfiguration se heurte à une difficulté majeure : l’islam en France ne dispose ni de structure cléricale unifiée ni d’autorité centralisée. Contrairement aux cultes catholique et protestant, historiquement dotés d’instances de gouvernance claires, les acteurs du culte musulman sont souvent organisés sur des bases nationales ou communautaires. Cette diversité complique toute tentative d’institutionnalisation et rend la question de sa représentation particulièrement sensible.C’est dans ce contexte que la clôture de la deuxième session du Forif, présidée le 18 février 2025 par le ministre Bruno Retailleau, a restitué les travaux des groupes de travail en vue des Assises territoriales de l’islam de France (Atif). Les axes majeurs évoqués concernent la reconnaissance du métier d’imam, la création d’un conseil national des aumôneries musulmanes, l’amélioration de l’accès aux services bancaires pour les associations cultuelles, la sécurisation des lieux de prière et leur encadrement.La « loi séparatisme » et le contrôle de l’ÉtatLe Forif mise sur l’ancrage local et sur les acteurs de terrain (imams, aumôniers, responsables associatifs et élus) pour définir des priorités, mais aussi pour s’engager à mettre en œuvre les dispositifs définis. Loin d’imposer une ligne unique, l’État encadre néanmoins cette concertation et tente de responsabiliser les parties prenantes.Dès avril 2022, le Forif a publié un guide précisant les nouvelles obligations légales issues de la loi du 24 août 2021, dite « loi séparatisme ». Présenté comme un moyen de lutter contre la diffusion de l’islamisme radical en renforçant le contrôle de l’État sur certaines associations, ce texte suscite pourtant des réactions mitigées.La loi impose à toutes les associations recevant des subventions publiques la signature d’un contrat d’engagement républicain (CER), conditionnant l’accès aux financements à un respect strict des « principes de la République ». Elle permet ainsi d’écarter les associations considérées comme non conformes aux exigences républicaines, mais elle constitue également un levier de pression politique.Le président du Conseil des mosquées du Rhône Kamel Kabtane a ainsi dénoncé les restrictions administratives faites à certaines associations cultuelles sans qu’aucune infraction ne leur soit reprochée. Une enquête menée dans le cadre du Forif a ainsi mis en lumière la fermeture inopinée de comptes, la difficulté d’accéder aux services financiers, ainsi que les restrictions affectant la gestion des dons suite à des contrôles encadrés par la « loi séparatisme ».Si la plupart des acteurs religieux approuvent la loi séparatisme – une adhésion qui leur permet de rester admis au sein du Forif –, d’autres critiques, émanant d’institutions et de chercheurs en sciences sociales, le considèrent comme une loi fourre-tout qui restreint les libertés fondamentales et privilégie une approche sécuritaire au détriment d’une véritable politique de mixité sociale.Financement des mosquées et formation des imamsSi l’État vise, à travers cette réorganisation, à démentir l’idée que l’islam en France serait une « religion d’étrangers, pour les étrangers et financée par les étrangers », le lien avec certains États étrangers est difficile à dissoudre, que ce soit par le biais d’imams étrangers, de financements de certaines mosquées ou par le maintien d’une influence via les réseaux associatifs.Depuis le 1er janvier 2024, environ 300 imams détachés ne sont plus autorisés à exercer sur le territoire français. Jusqu’alors, ces imams, majoritairement envoyés par le Maroc, l’Algérie et la Turquie, étaient rémunérés par leur pays d’origine pour officier dans quelque 2 500 mosquées. Leur interdiction a rendu plus urgente la mise en place d’une formation locale, combinant enseignement théologique et connaissance du cadre républicain. Pourtant, les imams étrangers sont toujours présents sur le territoire, mais en étant désormais pris en charge par des associations cultuelles françaises. Leur maintien en France est toutefois conditionné à leur suivi d’une formation sur la laïcité, la liberté religieuse et la citoyenneté, un dispositif visant à encadrer leur mission dans le respect des principes républicains.Lors du Forif en février 2024, le ministre de l’intérieur d’alors Gérald Darmanin a proposé la création d’un « statut de l’imam » en France. Il a fixé un délai de six mois pour définir leurs conditions d’emploi, leur protection sociale et les compétences requises, notamment linguistiques et universitaires.Le statut de l’imam se heurte pourtant à plusieurs obstacles : diversité des sensibilités théologiques, absence d’un cadre national de certification et nécessité d’établir une confiance mutuelle entre les instances représentatives des imams et les établissements universitaires désignés pour les former (aucun chiffre officiel n’est communiqué sur le nombre d’imams formés). À cela s’ajoute le manque de ressources financières des associations cultuelles pour salarier des imams dans des conditions viables, rendant leur professionnalisation encore plus complexe.Violences contre les musulmansAutre chantier porté par le Forif, celui des discriminations et des violences. Un guide spécifique a été publié en 2022 pour aider associations et fidèles à signaler les faits problématiques. La création de l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans (Addam) marque une évolution : les acteurs religieux ne sont plus seulement bénéficiaires des dispositifs publics, mais prennent également part au repérage et au signalement des actes antireligieux.Une plateforme de signalement et un réseau de référents locaux ont été mis en place pour renforcer la protection des espaces religieux. Cette démarche apparaît d’autant plus vitale dans un contexte marqué par le conflit israélo-palestinien.Les chiffres du ministère de l’intérieur montrent une évolution fluctuante : 213 faits avaient été recensés en 2021, 188 en 2022, avant d’atteindre 242 en 2023, puis de redescendre à 173 en 2024, soit une baisse de 29 %. Cependant, cette diminution est contestée par l’Addam qui estime qu’elle ne reflète pas l’ensemble des signalements.Par ailleurs, certains représentants musulmans estiment qu’il existe un déséquilibre dans la reconnaissance des violences ciblant différentes communautés, ce qui peut engendrer des crispations avec leurs homologues juifs.Un dispositif en quête de légitimitéTrois ans après sa création, le principal défi du Forif est de s’imposer comme une instance légitime et constructive, et non comme un simple outil consultatif dépendant des orientations gouvernementales.Par ailleurs, son fonctionnement repose sur une logique décentralisée et, en l’absence d’un organe décisionnel propre, son efficacité à fédérer les différents courants du culte musulman en France suscite des interrogations.Si le Forif marque une volonté de reconfigurer la relation entre l’État et l’islam en France, il reste confronté à des contradictions structurelles. Son avenir dépendra de sa capacité à dépasser le stade expérimental pour s’inscrire dans un cadre institutionnel reconnu. À défaut, il pourrait rejoindre la liste des dispositifs antérieurs qui, faute d’ancrage et d’adhésion des acteurs concernés, n’ont jamais abouti à un façonnement durable du culte musulman.Auteur :Ali Mostfa, Maître de conférences sur le fait religieux islamique, UCLy – Institut catholique de LyonCet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :THE CONVERSATION
MMariage : se dire oui en France en 2025 | The Conversation Des 15,4 millions de couples recensés en France récemment, seuls 8 % sont pacsés et 72 % sont mariés. | ©sylv1rob1/ShutterstockEn 2024, 247 000 mariages ont été célébrés en France. Cette institution sociale majeure connaît d’importantes transformations : concurrence du Pacs, âge moyen en augmentation, hausse des coûts. L’amour évolue et les formats d’union aussi. Mariages écoresponsables, participation aux frais, toutes les idées sont les bienvenues.Ce chiffre atténue la tendance baissière d’avant la crise sanitaire, avec une légère augmentation de +2 % par rapport à 2023. Il est utile de rappeler que la France n’est pas un cas isolé. En Europe, le taux brut de mariage a diminué de près de 50 % en termes relatifs, passant de 8,0 pour 1 000 personnes en 1964 à 4,2 en 2022. Parallèlement, et au cours de la même période prolongée, le taux brut de divorce a doublé, passant de 0,8 pour 1 000 personnes en 1964 à 1,6 en 2022.Taux brut de mariages en Europe. | ©Eurostat — GISCO — 2024Les taux bruts de mariage le plus élevés sont enregistrés en Hongrie – 6,6 mariages pour 1 000 personnes –, en Lettonie – 6,3 – et en Roumanie – 6,2. En revanche, les taux bruts de mariage le plus faibles ont été enregistrés en Slovénie, en Italie – 3,2 mariages pour 1 000 personnes –, au Portugal – 3,5 –, et en France – 3,6.Concurrence du PacsÉlément fondamental de la société, le mariage illustre la vocation sociale de l’amour. Il est l’aboutissement d’une relation amoureuse et symbolise une forme de réussite à la fois individuelle et sociale. À la fin de son ouvrage sur les structures élémentaires de la parenté, Lévi-Strauss (1955) a écrit :« La reconnaissance sociale du mariage est toujours une angoissante aventure ; et on comprend que la société ait cherché à se prémunir contre ses risques par l’imposition continuelle, et presque maniaque, de sa marque. »Évolution annuelle du nombre total de mariages en France de 2000 à 2023. | ©Statista 2025, CC BY-NC-SALe mariage est une institution au sens sociologique du terme, car il renferme un ensemble de règles codifiées, de normes et de pratiques établies, transmises et reconnues et qui structurent la vie de couple. Il est également une organisation à la fois sentimentale et économique. À l’instar des autres types d’organisations, il a des concurrents comme le Pacs. Sur les 15,4 millions de couples comptés dans les opérations récentes de recensement de la population, seuls 8 % sont pacsés et 72 % sont mariés. Le nombre de Pacs a dépassé une seule fois celui des mariages, c’était en 2020 : 154 600 mariages avaient été célébrés en France et outre-mer, contre près de 174 000 nouveaux Pacs.Un coût moyen de 17 100 €L’inflation impacte considérablement le mariage qui, même s’il résiste encore, est davantage repoussé. En effet, les récentes statistiques de l’Insee montrent que l’âge moyen au mariage continue d’augmenter. Il atteint 37,3 ans pour les femmes et 39,8 ans pour les hommes en 2022 alors qu’il était de 34 ans et de 36,7 ans respectivement en 2012.Si vous deviez organiser un mariage, quelle(s) solution(s) envisageriez-vous pour le financer ? | ©Statista 2025, CC BY-NDLa célébration « du jour le plus beau de sa vie » coûte désormais cher, avec des frais liés à l’organisation de la cérémonie – traiteurs, fleuristes, location d’une salle, animation, lune de miel, etc. Le coût moyen est de 17 100 euros pour les jeunes mariés, +22 % depuis 2020. Pour faire face à ces coûts, les couples recourent à des modes alternatifs de financement tels que le financement participatif en demandant aux invités de contribuer aux frais ou le recours aux crédits bancaires spécialisés. Une autre option pourrait s’avérer pertinente, mais pas toujours économique, celle de faire appel à un wedding planner ou un wedding business coach qui s’occupera de toute la logistique liée à l’organisation du mariage.Vers des mariages économes et sobres ?Avec un marché estimé à environ 5 milliards d’euros, le mariage constitue désormais un objet de vente et de commercialisation, et devient une cible marketing très intéressante ; et les salons de mariage qui s’organisent dans les grandes villes de l’Hexagone en parallèle avec la Saint-Valentin n’en sont qu’un simple exemple.Pour faire face à l’inflation, les couples optent de plus en plus pour des mariages simples et minimalistes, avec un nombre d’invités plus réduit et des célébrations à même de réduire l’impact carbone. En effet, il faut savoir qu’un mariage a un impact de 10,89 tonnes de CO₂ en France en moyenne, d’où l’orientation vers un mode de mariage « écoresponsable » ou « vert ».D’un instrument marketing, le mariage tend à devenir un instrument d’économie circulaire. Il favorise, d’une part, la réduction des déchets, à travers l’utilisation de décorations réutilisables, le choix d’alliances et de tenues recyclées et, d’autre part, en encourageant la consommation du local… Un couple fiancé sur deux souhaite adopter des mesures éthiques et écoresponsables lors de son mariage. En corollaire, le marché de la seconde main a explosé ces dernières années – avec des plates-formes spécialisées comme Vestiaire collectif ou Vinted –, y compris pour les robes de mariés.Le mariage et l’amour ont encore de belles heures devant eux.Autrice : Rim Hachana, Associate professor, ESDES – UCLy (Institut catholique de Lyon)Cet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original : THE CONVERSATION
CComment réussir sa relocalisation en France ? Entre 2009 et 2020, la France compte 144 relocalisations contre 466 délocalisations. Heureusement, certaines entreprises (re)transfèrent avec succès leurs activités dans l’Hexagone. Notamment la coopérative Atol et Lucibel, pionnière française du LED.En ce mois de janvier 2025, sept nouveaux projets ont été soutenus par France 2030 pour renforcer ou relocaliser la production de 42 médicaments essentiels. L’objectif : réduire la dépendance aux importations, notamment de Chine ou d’Inde où sont produits 60 % et 80 % des principes actifs pharmaceutiques.Aujourd’hui, le manque de foncier abordable, la hausse des prix de l’énergie, auxquels il faut rajouter le manque de main-d’œuvre disponible, constituent trois freins à la relocalisation. Certains industriels relèvent cependant ces défis. Ils font de la relocalisation une stratégie de développement rentable, proposant des produits Made in France en phase avec les attentes d’une grande partie des consommateurs.Dans une étude sur Lucibel et Atol, nous analysons les conditions de réussite d’une relocalisation : nouvelle conception des produits, des « process » et des procédés, nouvelle organisation de la production et de la chaîne logistique.Prix de l’éloignementAu début des années 2000, les entreprises à capitaux étrangers ont contribué à près du tiers de la production manufacturière chinoise. Après l’engouement pour la production à l’étranger, les sociétés françaises constatent une hausse de leurs coûts liée à l’éloignement. Parmi les raisons, on trouve la hausse des salaires locaux, la suppression des subventions, des aides fiscales ou des délais de livraison allongés.La distance créée d’autres complications. Pour éviter la contrefaçon, les malfaçons et les vols, des contrôles fastidieux sont mis en place. Enfin, les conditions de production peu éthiques nuisent à l’image de certaines entreprises qui relocalisent pour préserver leur réputation. Des produits délocalisés créent aussi des clients insatisfaits.144 relocalisations contre 466 délocalisationsOn dénombre 144 relocalisations contre 466 délocalisations entre 2009 et 2020. Elles concernent principalement l’industrie manufacturière, même si le Brexit a entraîné une petite dizaine de relocalisations dans le secteur bancaire et financier. En part de créations d’emplois, les relocalisations pèsent peu. Moins de 1 % des créations d’emplois sont industriel, alors que les délocalisations représentent 6,6 % des pertes d’emploi industriel. Une hausse des délocalisations début 2020 montre que la tendance à la relocalisation n’est pas acquise. Les entreprises rencontrent des obstacles majeurs pour revenir vers des circuits locaux : manque de foncier abordable, hausse des prix de l’énergie ou manque de main-d’œuvre disponible.Bien qu’elles soient encore relativement limitées, des initiatives françaises témoignent d’un effort coordonné pour soutenir la relocalisation. Elles incluent des aides financières directes et indirectes aux entreprises, ainsi que deux plans de financement. En 2010, la certification « Origine France Garantie » est lancée pour valoriser la production des entreprises françaises. Entre 2012 et 2014, le ministère du redressement productif développe des outils comme la plate-forme Colbert 2.0 pour réaliser les études de faisabilité des projets de relocalisation. Des événements annuels mettent en valeur la production française à l’instar des assises « Produire en France » en 2018 ou des « Rencontres du Made in France en 2024.Atol et Lucibel : des relocalisations réussiesCertains industriels comme la société coopérative des opticiens Atol ou le groupe Lucibel réussissent à relocaliser leur production en France de manière durable. Comment ? En imaginant des modes de production plus efficaces et moins coûteux.Pour améliorer sa compétitivité et se différencier de ses concurrents, Atol a créé des lunettes connectées assemblées dans son usine de Beaune. Ses composants électroniques sont fabriqués dans les Côtes–d’Armor. Le célèbre opticien a également inventé les lunettes « zéro vis », déformables sans soudures, proposant à ses clients une garantie à vie. Atol a automatisé la production en investissant dans la robotique et réorganisé le temps de travail, en passant à 2×8, puis à 3×8 pour réduire ses coûts et accroître la productivité.Fondée en 2008, Lucibel conçoit et fabrique des produits et solutions d’éclairage de nouvelle génération issus de la technologie LED. Le groupe est pionnier dans les nouvelles applications permises par la LED au-delà de l’éclairage : l’accès à Internet par la lumière (LiFi), des produits cosmétiques et des lumières d’intérieur. Parce qu’en France en 2008, peu d’industriels connaissent la technologie LED, c’est à Shenzhen que Lucibel construit sa première usine. Mais confronté à des problèmes de qualité, des vols de ses technologies et des délais de livraison allongés, il décide en 2014 de relocaliser sa production en Normandie.Innover, innover et encore innoverPour être rentable, un re-ingineering complet à la fois des « process » et des produits est réalisé. La production est organisée par îlots. Contrairement à la Chine où les ouvriers travaillaient à la chaîne, ils sont responsabilisés et deviennent plus polyvalents. Cette mesure leur permet d’avoir un travail plus varié, de pouvoir remplacer plus facilement un collègue absent. L’entreprise arrive ainsi à diviser par trois le temps homme passé sur chaque produit par rapport à la Chine, réalisant de conséquents gains de productivité.Les produits montent en gamme avec un positionnement « plus premium ». Les équipes R&D et fabrication sont désormais regroupées sur le même site.« On a pu aller vite sur ces sujets d’innovation, car on était en France. La colocalisation des équipes sur le même site à Barentin nous a permis d’être plus efficaces et de monter en puissance »,souligne Frédéric Granotier, le président-directeur général de Lucibel. Depuis, l’entreprise ne cesse d’innover avec 20 % de ses effectifs dédiés à la R&D.En relocalisant, ces entreprises gagnent en créativité, en efficacité et en innovation. Pour les pouvoirs publics, il semble alors pertinent de renforcer les aides en lien avec l’innovation et de favoriser la (re)construction de filières : renforcer la coopération technologique distributeurs/fabricants/fournisseurs en favorisant l’achat local.Auteur.ice.s : Catherine Mercier-Suissa, Professeure des Universités en sciences économiques, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3 ; Daniel Suissa, Responsable pédagogique master management industriel, ESDES – UCLy (Institut Catholique de Lyon)Cet article est republié sous licence Creative Commons.>> Lire l’article original :The Conversation
NNouvel humanisme au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle – Projet NHNAI : les premiers résultats Que signifie être humain au temps des neurosciences et de l’intelligence artificielle ? C’est la principale question que tente d’élucider le projet NHNAI ! Pourquoi ? Pour apporter une boussole éthique afin d’encadrer les actions humaines. Comment ? En provoquant une prise de conscience éthique au moyen du débat sociétal. Qui ? Grâce à un réseau international de chercheurs issus d’établissements supérieurs d’enseignement et de recherche Avec qui ? Des acteurs pertinents dans différents pays du monde entier.L’équipe du projet NHNAI – New Humanism in the time of Artificial Intelligence and Neurosciences – de l’Institut Catholique de Lyon – UCLy – vient de publier un dossier qui revient sur les objectifs et la démarche du projet, son évolution depuis trois ans, ses activités ainsi que les résultats de la première vague des débats internationaux. Retrouvez également trois fiches thématiques en annexe qui abordent des controverses évoquées par les participants et auxquelles le réseau de chercheurs du projet s’est efforcé d’apporter des éclairages. > Nouvel humanisme au temps des neurosciences et de l’IA :Le projet NHNAIProjet NHNAI : les premiers résultats
VValorisation de la biomasse | RDV UCLy Expert L’UCLy – Institut catholique de Lyon, vous propose de vous pencher sur le problème de la raréfaction des ressources pétrochimiques qui invite à repenser nos modèles économiques.La biomasse végétale, ressource renouvelable et durable, offre une alternative stratégique face au risque de pénurie. En effet, la chimie verte et les biotechnologies permettent de valoriser les déchets industriels en composés à haute valeur ajoutée. C’est dans cette démarche d’économie circulaire que nos enseignants-chercheurs vous proposent de vous intégrer.Comment valoriser les déchets ou sous-produits de biomasse issus de vos industries ? Quelles applications envisager dans les secteurs agroalimentaire, cosmétique ou pharmaceutique ?C’est à ces questions que répondront nos enseignants-chercheurs en biotechnologies. À l’aide d’exemples concrets, ils vous proposent d’identifier vos sources de biomasse (déchets ou sous-produits végétaux, plantes invasives…) et de développer des méthodes respectueuses de l’environnement pour extraire et transformer des composés à haute-valeur ajoutée issus de vos déchets.Intervenants :Maher Abla, enseignant-chercheur à l’ESTBB – École d’ingénieur en biotechnologie de l’UCLy.Thanh-Nhat Pham, enseignant-chercheur à l’ESTBB – École d’ingénieur en biotechnologie de l’UCLy.Table ronde animée par : Benoit Froment, directeur Partenariats et Développement de l’UCLy.>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : UCLY
QQu’est-ce que le biomimétisme ? | The Conversation Comment s’inspirer des principes du vivant tout en respectant la biosphère ? Le biomimétisme nous invite à replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Explications.Quel point commun entre les vitrages auto-nettoyants, les verres fabriquées par chimie douce et le traitement des eaux usées ECOSTP ? Tous relèvent du biomimétisme, une démarche visant à résoudre des problèmes et concevoir des solutions en s’inspirant des principes du vivant tout en respectant la biosphère et les limites planétaires.Ainsi, les vitrages auto-nettoyants reproduisent l’effet superhydrophobe observé à la surface des feuilles de Lotus : une surface microtexturée et très hydrophobe qui ne retient ni la saleté ni l’eau. La chimie douce fabrique du verre à température ambiante en s’inspirant des processus biologiques identifiés chez les Diatomées, des microalgues qui fabriquent des « carapaces » transparentes en verre de silice. Quant au procédé ECOSTP, il s’inspire du fonctionnement de l’estomac à plusieurs chambres des vaches pour purifier l’eau sans alimentation électrique.Les solutions identifiées par cette démarche sont ainsi par essence même économes en matière et en énergie, robustes et résilientes, elles s’insèrent dans leur milieu sans le dégrader et elles ne génèrent pas de déchets non réutilisables, au même titre que les processus développés par l’ensemble des êtres vivants au long des 3,8 milliards d’années d’évolution de la vie sur Terre.Le tournant des années 1990Cette démarche de biomimétisme a toujours existé spontanément dans les populations humaines mais elle s’est structurée et théorisée récemment. Le terme lui-même de biomimétisme a été proposé pour la première fois en 1969 par le biophysicien américain Otto Herbert Schmitt dans le titre de son article Some interesting and useful biomimetic transforms.Une étape majeure dans la structuration du concept a été la publication en 1997 du livre de l’Américaine diplômée en gestion des ressources naturelles Janine Benuys Biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durables (Biomimicry : Innovation Inspired by Nature). L’auteure a regroupé et structuré de nombreuses approches hétérogènes comme la permaculture, la symbiose industrielle, l’écoconception… et a proposé de quitter la vision très technique de la bionique (démarche qui crée des systèmes technologiques inspirés du vivant) pour construire la vision systémique du biomimétisme, qui prend en compte les conditions d’équilibre et les interactions entre les différents éléments du système vivant étudié.Sous l’impulsion de ce livre, des think tanks et des cabinets de conseil se sont ensuite créés, tels que Biomimicry 3.8 et le Biomimicry Institute aux États-Unis, ou le CEEBIOS (Centre d’excellence en biomimétisme de Senlis) en France.Ainsi le biomimétisme s’est développé et installé dans le paysage mondial ces vingt-cinq dernières années : la mise en œuvre technologique du concept s’est accompagnée d’une définition par une norme ISO, les politiques s’en sont également emparés et les chercheurs ont commencé à livrer des analyses critiques, notamment sous l’angle de la philosophie et de l’éthique.Des enjeux éthiquesLe biomimétisme doit désormais faire ses preuves. Se contenter de reproduire des concepts techniques ne suffira pas, seule l’intégration d’une dimension systémique peut répondre aux enjeux environnementaux de manière réellement soutenable. Quelques réalisations indiquent que c’est possible, comme celles relevant de l’écologie industrielle et territoriale ou encore les démarches de type permaentreprise.Cette dimension systémique est rendue visible par le terme d’écomimétisme parfois utilisé à la place de biomimétisme : il enjoint de nous inspirer non pas seulement des fonctions biologiques mais des propriétés des écosystèmes, donc de prendre en compte les interrelations entre les espèces et les populations, la circularité des flux de matière et d’énergie, la frugalité dans l’utilisation des ressources… : des propriétés des écosystèmes garantes du respect de la biosphère et des limites planétaires.Le biomimétisme et l’écomimétisme doivent également faire leurs preuves dans leur capacité à intégrer une réflexion éthique : imiter la nature pour des applications purement techniques n’est qu’une instrumentalisation de plus de la nature.De nombreux auteurs invitent au contraire à un changement de paradigme philosophique : replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Car c’est la position dominante de l’homme vis-à-vis de la nature qui a abouti à notre économie extractiviste, linéaire et mondialisée, destructrice de nos milieux de vie et des conditions d’habitabilité de la Terre.Autrice :Cathy Grosjean, Enseignante-chercheuse sur la transition écologique, UCLy – Institut catholique de LyonCet article est republié sous licence Creative Commons. >> Lire l’article original :The Conversation