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Université Lumière Lyon 2

GGloire et déboires de Niobé et sa fille | Collections & Patrimoine

Niobé et sa fille ©Claude Mouchot - Université Lumière Lyon 2

#histoiredunmoulage

Connaissez-vous Niobé ? Le MuMo conserve une œuvre représentant cet infortuné personnage de la mythologie grecque ©Claude Mouchot/Université Lumière Lyon 2.

Niobé et sa fille est une œuvre réalisée d’après Scopas* au IVe siècle av. J.-C. dans un marbre du Penthélique*. Elle a été découverte parmi un groupe plus large représentant le massacre des Niobides (enfants de Niobé) en 1583, à Rome. Niobé et sa fille sont aujourd’hui conservées à Florence, au Musée des Offices. Un moulage grandeur nature de cette œuvre est conservé au Musée des Moulages de l’Université Lyon 2. Il aurait été réalisé vers 1893 par les ateliers de moulage de l’Ecole nationale « es spéciale » des Beaux-arts et se trouve aujourd’hui dans la section monstres et mythologie du musée (inv. L586).

Niobé est ici représentée tentant de protéger sa fille. Son corps est massif, imposant et dessine un mouvement circulaire autour du frêle corps de la fillette qu’elle tente de mettre à l’abri dans son giron. Le visage de Niobé, à demi-masqué par sa main droite qui ramène un pan drapé afin de dissimuler sa fille, est empreint de terreur, ses contours sont durs, figés par la peur.

Pour comprendre ce qui suscite une telle inquiétude chez Niobé, il faut revenir sur le célèbre mythe dont elle est la protagoniste. Niobé est la reine de Thèbes et la petite-fille du géant Atlas. Elle a eu avec Amphion, son époux, pas moins de quatorze enfants : sept filles et sept garçons. Or un jour, elle a la mauvaise idée de se vanter de son abondante progéniture auprès de Léto, la mère d’Apollon et Artémis, qui le prend comme un affront car elle-même n’a enfanté que ces jumeaux. Apollon et Artémis décident de venger leur mère et tuent un à un tous les enfants de Niobé à l’aide de leurs flèches. Niobé est ici en train de tenter de protéger sa fille de ce massacre, partagée entre terreur et désespoir.

Le groupe de sculptures fut racheté par la famille Médicis peu après sa découverte, puis restauré et exposé dans les jardins de la Villa Médicis à Rome (actuelle Académie de France à Rome). Ils y restent jusqu’en 1770, date à laquelle ils sont transférés à Florence. Ce groupe, très célèbre aux XVIIIe et XIXe siècles a fait l’objet de nombreuses reproductions : la reine Catherine II de Russie en fait faire des copies en bronze, Bartolini travailla à en faire des copies en marbre pour Napoléon. Des réductions en ivoire, albâtre, bronze, plâtre ont été produites. De nombreux moulages ont été réalisés à partir de ce groupe, qui vient même orner la cour consacrée à l’art grec dans le Crystal Palace à l’Exposition Universelle de Londres en 1851.

Groupe des Niobides

©Negretti et Zambra

Depuis les années 1960-1970, ce sont des moulages du groupe des Niobides réalisés par Michel Bourbon sur commande de Balthus* qui ornent les jardins de la Villa Médicis, permettant aux visiteurs d’apprécier ces statues dans le lieu qui les accueillait jusqu’à leur déplacement à Florence. Et c’est un des grands avantages des moulages : pouvoir perpétuer la présence d’œuvres dans des lieux, même si les originaux ne s’y trouvent plus.

Moulages des Niobides

©Founzy-CreativeCommons

Le moulage du Musée des Moulages a été réalisé par les ateliers de moulage de l’Ecole nationale des Beaux-arts de Paris. On mentionne effectivement « Niobé, mère & sa fille, groupe » dans une reconnaissance de dettes datée de 1893, conservée au Pôle Archives de l’Université Lumière Lyon 2. Ce document est intéressant car il montre que pour réaliser ses achats de moulages, le musée agit avec le concours de la Société des Amis de l’Université Lyonnaise, qui facilite grandement la politique d’acquisitions du musée. ©Université Lumière Lyon 2

On peut admirer Niobé et sa fille sans se déplacer à Florence ou à Rome, en se rendant dans la section monstres et mythologie du Musée des Moulages de l’Université Lyon 2… Dès que cela sera de nouveau autorisé !

Glossaire

*Scopas (de Paros) : sculpteur grec originaire de Paros (Cyclades), il semble avoir vécu entre 420 av. J.-C. et 330 av. J.-C.. C’est un des artistes grecs de l’époque classique (480 av. J.-C. – 323 av. J.-C.) qui porte l’expressivité des visages et des corps à leur paroxysme.

*Penthélique : région montagneuse de l’Attique (Grèce), située au nord-est d’Athènes. Le marbre qui en est issu est très prisé dans l’antiquité. C’est ce matériau qui a servi, par exemple, à édifier le Parthénon.

*Balthus : nom d’artiste de Balthazar Klossowski (1908-2001), peintre français d’origine polonaise. Influencé par les artistes de la Renaissance italienne, son travail se concentre sur des œuvres figuratives parfois étranges et à portée ésotérique. André Malraux le nomme à la tête de la Villa Médicis en 1961, et il en reste le directeur jusqu’en 1977.

Lina Roy – Musée des moulages, Université Lumière Lyon 2

Musée des moulages