Article RRendez-vous chez Les Grandes Voisines, tiers-lieu social et solidaire | Triptyque Invitation…pour une visite ! Laquelle ? Les Grandes Voisines !Mais qui sont-elles ? Et bien les Grandes Voisines c’ est un Tiers lieu orienté vers le social et le solidaire car c’est le sujet de notre nouveau triptyque. Et dans ce premier podcast, nous découvrirons ce que sont les Tiers lieux en général, les Grandes Voisines en particulier, mais aussi pourquoi les institutions publiques s’impliquent dans ce type de projet. Pour en discuter, nous sommes avec Salomé COUSINIE, doctorante en 4ème année à Triangle, dont le sujet de thèse est « Les Grandes Voisines, un tiers lieu redéfinissant le rapport au politique et à l’engagement des participants« . Vous venez ? On vous emmène chez Les Grandes Voisines, à Francheville, dans le Rhône. > Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/04/podcast-triangle-salome_cousinie-1-v2.wav> Lire la retranscription des propos de l’interview :Vous vous intéressez à un Tiers lieu : les Grandes Voisines. Pouvez-vous nous expliquer tout d’abord ce que sont les Tiers lieux en général. En effet, depuis combien de temps existent-ils, pourquoi se sont-ils développés… ? Et quant aux tiers lieux sociaux et solidaires, en existe-t-il beaucoup en France, dans le Rhône, et enfin, bien sûr qu’est-ce que « les Grandes Voisines » ?Salomé Cousinié – La notion de tiers-lieu aujourd’hui est surtout utilisée pour désigner des projets dits « coopératifs » et « alternatifs », dans le sens où ils émergeraient du rassemblement de personnes d’univers sociaux parfois différents qui souhaitent repenser des fonctionnements sociaux, de travail, aussi d’organisation de la société démocratique. Ce terme regroupe par exemple des fablabs (laboratoire de fabrication), des espaces de coworking, de partage d’outils et de savoirs informatiques, mais aussi des tiers-lieux dits « universitaires » ou de « formation », d’autres culturels et artistiques et enfin d’autres considérés comme « solidaires » puisqu’ils proposent des activités et des services à destination de quartiers de la ville ou de publics en situation de vulnérabilité. On voit donc que c’est un terme aux contours vastes, puisque de nombreux projets peuvent se réclamer de « l’appellation » tiers-lieu.L’idée la plus répandue derrière le tiers-lieu c’est de permettre la création de lien entre des personnes dans une société qui serait considérée comme atomisée, individualisée. Il n’existe pas beaucoup de tiers-lieu comme « les Grandes Voisines » qui est très spécifique puisqu’il comprend de l’hébergement d’urgence et d’insertion pour personne en situation de précarité. Il y en a eu d’autres comme les « Cinq Toits » et « les Grands Voisins » à Paris, qui sont maintenant fermés, « Coco Velten » aussi à Marseille, aussi fermé, et récemment « L’auberge marseillaise » qui est encore ouverte à ce jour.Pourquoi les Grandes Voisines se sont installées sur ce site à Francheville ?S.C. – Les Grandes Voisines ont été installées sur le site de l’ancien hôpital gériatrique Antoine Charial parce que les hospices civils de Lyon ont déménagé cet hôpital, laissant donc des locaux vacants à occuper en attendant le rachat du terrain. Les grands espaces, le nombre important de mètres carrés et l’architecture permettaient d’en faire un centre d’hébergement (même s’il a fallu bien sûr effectuer plusieurs travaux).© Les grandes voisinesDonc c’est un site appartenant aux Hospices Civils de Lyon en attente d’être racheté ? De ce fait, il n’est pas voué à la pérennité. Aussi, est-ce que la vocation des tiers lieux sociaux et solidaires est d’être pérenne ? Et pourquoi ?S.C. – En effet, en attendant le rachat, ou en tout cas de savoir ce qu’il allait advenir de ce site, en fait le terrain et les bâtiments ont été « prêtés » par les Hospices civils de Lyon. C’est à dire qu’il y a un accord qui a été passé avec la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) qui a ensuite lancé un appel à projet, et deux associations la Fondation Armée du Salut et le Foyer Notre-Dame des Sans-Abris ont eu la charge de gérer 475 places d’hébergement sur trois ans, de 2020 à 2023, renouvelable une fois, jusqu’en 2026 donc. Attention toutes ces places n’ont pas été créées en plus de celles déjà existantes dans le Rhône, certaines oui, mais il s’agissait aussi de déménagement de services déjà existants.Alors ce projet s’est fait avec l’aide de « Yes We Camp » au départ, qui ne fait plus partie du projet aujourd’hui et de « Plateau Urbaine qui lui est toujours présent sur le site, qui sont donc deux structures spécialisées dans l’urbanisme transitoire et la création de tiers-lieux. Par conséquent, c’est un projet temporaire, mais ce n’est pas le cas de tous les tiers-lieux sociaux et solidaires, cela dépend de nombreux facteurs, comme le site (s’il s’agit d’une occupation temporaire ou non, s’il s’agit d’un achat), les types de subventions aussi (étatiques ou des collectivités territoriales ou privés sur plusieurs années ou par appels à projet), etc. En tout cas, nombre d’entre eux sont quand même temporaires aujourd’hui : selon France Tiers-lieu 70% des tiers-lieux sont locataires ou occupants et 47% ont signé un contrat ou une convention d’occupation temporaire de moins de 4 ans. France Tiers-lieu c’est un groupement d’intérêt public créé pour permettre le développement des tiers-lieux.Parlons des Grandes Voisines : comment est organisé ce type de lieu ? Combien de personnes y vivent, y travaillent, quels sont les différents publics, ou encore les chantiers qui y sont mis en place… ?S.C. – Alors on y trouve cinq services d’hébergement, gérés par FADS (Fondation armée du salut) et FNDSA (Foyer notre dame des Sans Abris), qui accueillent au total 475 personnes en situation de précarité et la majorité migrante. Il y a aussi tout un pan d’insertion par l’activité économique qui emploie donc des personnes pour s’occuper notamment du ménage des locaux, de la maintenance, de la banque alimentaire, de l’épicerie sociale et la blanchisserie. Il y a aussi une entreprise d’insertion qui gère un hôtel trois étoiles à destination de tout le monde. Puis une quarantaine de porteurs de projet, ces sont des artisans, artistes, petites entreprises ou associations) qui louent à prix réduits des espaces afin de pouvoir lancer leur activité en limitant leurs frais. Il y a aussi un pôle santé solidaire ouvert au public, une ludothèque, un restaurant social et toute une programmation culturelle et artistique proposée à tout un chacun. Tout ce monde cohabite sur le site qui a quand même 8 hectares de terrain et 22000m2 de bâti, donc il y a de la place. Et pour faciliter cette cohabitation, des instances comme des comités de vie sont organisés pour que les personnes vivant et / ou travaillant sur le lieu puissent échanger sur les enjeux d’organisation de la vie du site.Est-ce qu’il existe des liens avec l’environnement extérieur ? Et lesquels ? D’ailleurs comment furent reçues les Grandes Voisines par la population vivant alentour ?S.C. – Oui, il existe des liens avec l’environnement extérieur puisque le site est ouvert au grand public. Toute personne qui le souhaite peut venir lors d’évènements culturels (concerts, spectacles, marchés de noël, brocantes, etc.) mais aussi il y a un pôle santé solidaire, une ludothèque, une ’épicerie sociale qui sont ouverts pour les riverains. Un des objectifs du lieu est justement de permettre la rencontre entre des personnes hébergées, des travailleurs, et des visiteurs. Puis sur un versement plus d’accompagnement social, il existe aussi des liens avec les structures sociales du territoire comme les maisons de la métropole, les centres communaux d’action sociale, les écoles, etc. Alors concernant l’accueil de ce tiers-lieu, il ne s’est pas fait sans difficultés au départ : il faut imaginer la crainte que peut susciter l’arrivée d’un grand centre d’hébergement sur un même territoire qui ne se sentait pas forcément bien préparé pour accueillir autant de monde. Depuis les relations se sont apaisées, notamment à partir du moment où des services ont aussi été proposés aux riverains et que le temps a passé, aussi tout simplement des rencontres ont pu se faire et les craintes liées au public accueilli ne semblaient plus fondées.Qui finance les Grandes Voisines ?S.C. – En majorité l’État puisque toute la partie hébergement est prise en charge par l’État, il s’agit d’une de ses prérogatives et il en donne la gestion à des associations comme FADS et FNDSA. Puis, il y a des financements aussi de la métropole de Lyon et des collectivités territoriales. Et enfin, pour toute la partie qu’on pourrait considérée comme « tiers-lieu » (donc les événements culturels, la location des salles par les porteurs de projet, etc.), ce sont des subventions très diverses, beaucoup par projets donc ponctuelles, et il y a un petit revenu généré par la location des salles des porteurs de projet.Donc les institutions publiques les soutiennent-elles ? Et en général, est-ce qu’elles s’impliquent dans ce type de projet en France ? Comment et pourquoi ?S.C. – Oui, les institutions publiques soutiennent « les Grandes Voisines », en tout cas au niveau étatique via la DDETS, et à des échelons plus locaux comme la métropole de Lyon et les villes. De manière générale, les tiers-lieux solidaires fonctionnent en majorité à l’aide de subventions publiques en France. On constate un véritable engouement depuis une quinzaine d’année pour ces tiers-lieux par les pouvoirs publics qui y voient probablement une nouvelle manière de faire l’action publique.> À suivre…Notre prochain podcast dont le triptyque concerne les Grandes Voisines nous permettra de partir à la rencontre des personnes qui y travaillent, les enjeux auxquels elles sont confrontées, leur difficulté, leur utilité également…Rendez-vous donc jeudi prochain !>> Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle