Article LL’humain, au coeur des Grandes Voisines A la découverte d’un tiers lieu social et solidaire …Et nous revoici de nouveau chez les Grandes Voisines, car dans ce deuxième podcast dont notre triptyque leur est consacré, nous allons découvrir les personnes qui y travaillent, les enjeux auxquels elles sont confrontées, leur difficulté, leur utilité également. Pour en discuter, nous sommes avec Salomé COUSINIE, doctorante en 4ème année à Triangle, dont le sujet de thèse est « Les Grandes Voisines, un tiers lieu redéfinissant le rapport au politique et à l’engagement des participants« . Alors, prêts pour partir à la rencontre de ces travailleurs ?> Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/04/podcast-triangle-salome_cousinie-2-v2.wav> Lire la retranscription des propos de l’interview :Pourquoi avez-vous choisi ce sujet de thèse ?Salomé Cousinié – Je l’ai choisi parce que, si la recherche sur les tiers-lieux est en pleine expansion, il n’y a pas encore beaucoup de littérature sur les tiers-lieux comme « Les Grandes Voisines ». Lorsque j’ai appris l’ouverture du lieu, je me suis dit que c’était l’occasion de faire une thèse sur le sujet. Je m’intéressais avant ma thèse aux questions d’organisation de l’accueil des personnes en situation de précarité et du travail social et du coup « Les Grandes Voisines » me semblait donc être une bonne opportunité pour réfléchir su ces questions.Comment s’organisent les travailleurs sociaux chez « Les Grandes Voisines » ?S.C. – Alors les travailleurs sociaux sont organisés par service, et il y en a 5 au total : deux gérés par Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abris et trois par l’Armée du Salut. Il y a aussi des travailleurs sociaux et des encadrants techniques qui accompagnent les salariés en insertion (ceux qui s’occupent donc du ménage des locaux, de la maintenance, de la blanchisserie, de l’épicerie sociale, etc). En fait chacun a des missions spécifiques en fonction du public qu’il accompagne mais peut échanger sur des pratiques avec d’autres travailleurs sociaux, puisqu’en fait ils travaillent côte-à-côte, sur le même lieu, et créent et développent des projets en commun, comme un atelier partagé, un jardin partagé, un relai asso-femmes, etc.© les grandes voisinesOnt-ils choisi ce lieu ou, est-ce qu’ils sont placés d’office ici par leurs institutions respectives ?S.C. – Certains l’ont choisi et d’autres non. Il s’agissait pour certains services de déménagements, donc les travailleurs sociaux ont suivi leur service. D’autres ont pu postuler une fois le site installé et ont été attiré par le côté atypique du lieu. Tous et toutes ne connaissaient pas forcément le terme tiers-lieu, et encore moins un dispositif comme « Les Grandes Voisines » puisqu’il n’y en a pas beaucoup. C’était donc une découverte pour un grand nombre d’entre eux, y compris pour les directions des deux associations gestionnaires qui ont appris en faisant même s’ils avaient déjà visité d’autres lieux similaires. Seul Plateau Urbain, dont c’est le métier, connaissait ce type de dispositif.Et quelles sont les particularités de leur travail chez « Les Grandes Voisines », par rapport à d’autres structures disons plus traditionnelles ?S.C. – Une des particularités de leur travail sur ce site est qu’ils sont nombreux à travailler sur un même lieu mais en accompagnant des publics aux vulnérabilités différentes et amenés à vivre ensemble et à partager des mêmes espaces, à cohabiter, ce qui n’est pas toujours évident mais qui peut être très riche en terme de partage de pratiques et de réflexion sur l’accompagnement social. Puis, et surtout, ils ont une offre culturelle et artistique, de lieux et activités communes, assez importante. Et cette offre, elle est proposée par d’autres personnes que les travailleurs sociaux alors que sur un site disons un peu plus « classique », cet aspect est en général à la charge du travailleur social, même si un animateur est parfois présent. Attention, cela ne veut pas dire que les travailleurs sociaux ne prennent pas en charge cet aspect-là au sein des « Grandes Voisines », il peuvent et parfois doivent y contribuer, ce qui peut s’avérer très chronophage. Mais en tout cas,il vrai que les propositions affluent davantage dans ce type de lieu et que les travailleurs sociaux n’en sont pas forcément les instigateurs.Chez « Les Grandes Voisines », il existe un espace pour accueillir les porteurs de projets afin de leur permettre de lancer leur activité avec un petit budget. L’idée est que cela soit aussi un tremplin pour eux. Qui sont ces porteurs de projets ? Est-ce que le fait d’être chez les Grandes Voisines les aide vraiment ? Quelles sont les interactions sociales qu’ils ont avec les travailleurs sociaux mais également les habitants ?S.C. – Les porteurs de projet sont des entreprises, des associations, des artisans ou encore des artistes qui louent donc à prix réduit des locaux. Comme vous dites, cela leur permet de lancer leur activité sans trop de frais, donc oui, d’un point de vue économique être aux Grandes Voisines les aide vraiment. Cela étant, un autre aspect qui peut être intéressant pour eux, c’est la rencontre avec les autres porteurs de projet, ce qui est permis pas le lieu via des instances organisationnelles ou collectives mais aussi des temps festifs comme des apéros, des repas partagés ou les événements culturels, etc.. Ils peuvent ainsi être amenés à monter des projets ensemble. Pour d’autres encore, le fait que ce lieu accueille un public qui peut être destinataire de leurs activités leur permet de mettre en place des projets rémunérés plus facilement. Je pense par exemple aux artistes qui mettent en place des ateliers culturels et artistiques (donc art plastique, danse, ou chant…). Dans ces cas-là, ils travaillent avec les travailleurs sociaux et les personnes hébergées.Enfin, comment ces travailleurs sociaux envisagent-ils leur avenir dans ce type de projet ?S.C. – Alors tout dépend des travailleurs sociaux, de l’intérêt qu’ils avaient au départ pour le projet et de leur expérience du tiers-lieu. En fait certains y trouvent une opportunité pour échanger sur leurs pratiques, rencontrer d’autres corps de métier et univers sociaux, et cet aspect prend le pas sur certaines difficultés qu’ils peuvent rencontrer. D’autres ressentent une fatigue due au nombre important d’activités proposées sur le site et même si ils reconnaissent un certain intérêt au tiers-lieu, ils préfèrent se recentrer sur leur service d’hébergement. Dans la littérature scientifique qui commence à exister sur le sujet, il ressort souvent qu’il est demandé aux travailleurs sociaux d’être des « couteaux-suisses » les obligeant à porter différentes casquettes, donc que cette multiplication des missions est très énergivore.Précédemment : les Grandes Voisines : Tiers lieu social et solidaire > À suivre…Le prochain podcast, nous interrogera quant à l’avenir ce type de lieu……Rendez-vous jeudi prochain !>> Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle