CChristine de Pizan : Poétesse et philosophe Cet article s’inscrit dans le cadre d’une balade urbaine proposée par Pop’Sciences – Université de Lyon, en collaboration avec la Mairie de Belleville-en-Beaujolais et la Communauté de communes Saône-Beaujolais. Elle est le fruit d’un travail collectif mené avec le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiants du Campus connecté.Plaque symbolique située à l’angle de la rue des Dombes et du square Lamartine, où le nom de Christine de Pizan fait écho à celui de Alphonse de Lamartine, tous deux poètes et écrivains.Dans l’imaginaire collectif, le Moyen Âge est associé à une société rigide, dominée par les hommes, où la place des femmes est confinée à la sphère domestique. Toutefois, il existe des exceptions. Christine de Pizan en fait partie : en tant que femme, elle s’impose contre vents et marées, comme la première femme de lettres professionnelle de l’histoire occidentale.Une éducation d’exception.Christine de Pizan ou Pisan naît à Venise en 1364. Son père, Tommaso da Pizzano, médecin et astrologue, rejoint la cour du roi Charles V de France comme conseiller royal. Très jeune, Christine s’installe donc à Paris, où elle bénéficie d’une éducation rare pour une fille de son époque. Littérature, philosophie, sciences, langues : elle se forme dans les cercles savants de la cour.© The British Library Board | Christine de Pizan donnant cours à un groupe d’hommesDe la veuve à l’écrivaine.À 15 ans, Christine épouse Étienne du Castel, notaire du roi. Ensemble, ils ont trois enfants. Mais à 25 ans, elle perd coup sur coup son mari et son père. Elle se retrouve seule avec sa famille à charge. Refusant de se retirer au couvent ou de se remarier, elle fait un choix audacieux : vivre de sa plume. À l’époque, les veuves indépendantes sont rares et souvent mal vues. On les soupçonne d’avidité ou d’immoralité.Miniature tirée d’un manuscrit de La Cité des dames attribuée au Maître de la Cité des dames. — The Yorck Project (2002)Un « JE » de mots au féminin.Avec ses écrits, Christine de Pizan revendique un « je » féminin et fait entendre la voix des femmes dans un monde de lettres dominé par les hommes. Entre 1404 et 1405, elle rédige La Cité des dames, son œuvre majeure. Elle y imagine une cité allégorique où seules les femmes sont mises à l’honneur. Elle y défend leur intelligence, leur rôle dans la société, et dénonce les inégalités. Elle aborde aussi des sujets tabous comme le viol ou l’accès des femmes au savoir. Une première dans la littérature médiévale.Une figure toujours actuelle.De nos jours, l’autrice est reconnue à la fois par les mouvements politiques et par la recherche universitaire. Sur le plan politique, elle est notamment devenue une véritable icône féministe, mobilisée afin d’illustrer la longue histoire de la lutte pour l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.Pour aller plus loin une sélection de podcast Radio France :Christine de Pizan, plume savantePourquoi lire Christine de Pizan celle qui imaginait au Moyen Age une cite sans hommes ? >> Retour au sommaire : Balade Urbaine : À la recherche des femmes