SSuzanne Michon : Pionnière de l’agrobiologie Cet article s’inscrit dans le cadre d’une balade urbaine proposée par Pop’Sciences – Université de Lyon, en collaboration avec la Mairie de Belleville-en-Beaujolais et la Communauté de communes Saône-Beaujolais. Elle est le fruit d’un travail collectif mené avec le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiants du Campus connecté.Plaque symbolique située au début de la rue Benoît Raclet, où le nom de Suzanne Michon fait écho à celui de Benoît Raclet, deux figures locales marquantes de l’agronomie.Bien avant que le bio ne devienne un argument marketing, Suzanne Michon portait une autre vision de l’agriculture : respectueuse du vivant, des sols et des hommes. Dans la France productiviste des années 1960, elle incarne une résistance discrète mais déterminée.Cultiver autrement.Née en 1926 à Vénissieux, Suzanne Michon grandit dans une famille de verriers. Résistante pendant la guerre, elle préside les Femmes Résistantes de France Après-guerre, elle travaille dans une imprimerie, où elle rencontre Victor Michon. Avec lui, elle découvre les principes de l’agrobiologie, une agriculture respectueuse des équilibres naturels.En 1962, ils achètent le domaine de Malval, dans le Beaujolais. Sur 7 hectares de vignes, Suzanne applique les méthodes de culture biologique et biodynamique, en rupture avec les pratiques agricoles dominantes.© INA | Photo de Suzanne Michon – émission envoyé spécial 06/02/1997 L’école d’agrobiologie de Beaujeu.En 1982, avec Victor et un groupe d’amis, elle fonde le Collège d’agrobiologie de Malval, plus connu sous le nom d’École d’agrobiologie de Beaujeu. C’est la première école de ce type en France. Ici, l’apprentissage se fait à la ferme, sur un domaine de 50 hectares en quasi-autonomie. Biodynamie, permaculture, œnologie, microbiologie des sols, sylviculture et médecines alternatives y sont enseignées dans une approche globale du vivant.Une école contestée.Les débuts sont difficiles. Pratiques jugées ésotériques, méthodes biodynamiques moquées, opposition des institutions agricoles : l’École de Beaujeu dérange. Même l’INRA interdit à ses chercheurs d’y enseigner. La résistance est parfois violente : en 1975, une grange est incendiée par des viticulteurs locaux. Mais Suzanne et Victor ne cèdent pas. En 1985, l’école obtient enfin une reconnaissance officielle et peut délivrer des diplômes.Photo de D. Fady | Cheval de travail à l’école d’Agrobiologie de Beaujeu.Suzanne Michon, la pierre angulaire de l’école.Si Victor, intellectuel et biodynamiste, est le fondateur officiel de l’école, Suzanne en est la véritable pierre angulaire. Elle y occupe les rôles de directrice et de cuisinière, assurant la comptabilité, les relations publiques et la recherche de subventions. Plus qu’un lieu d’apprentissage, Beaujeu est une communauté de vie.Suzanne Michon décède brutalement en 1998. L’école ferme ses portes un an plus tard. Pourtant, son héritage demeure : l’École d’agrobiologie de Beaujeu a ouvert la voie à d’autres initiatives en faveur d’une agriculture respectueuse du vivant.Pour aller plus loin :Un podcast Radio France partie 1 et partie 2 ;Extrait d’un reportage sur le site de l’INA .>> Retour au sommaire : Balade Urbaine : À la recherche des femmes