Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

Sœur Martinière : Religieuse et infirmière

SSœur Martinière : Religieuse et infirmière

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une balade urbaine proposée par Pop’Sciences – Université de Lyon, en collaboration avec la Mairie de Belleville-en-Beaujolais et la Communauté de communes Saône-Beaujolais. Elle est le fruit d’un travail collectif mené avec le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiants du Campus connecté.

Plaque symbolique à l’angle de la rue du Moulin et de la rue Martinière, mettant en lumière le rôle essentiel de sœur Martinière à l’Hôtel-Dieu de Belleville-en-Beaujolais.

Au cœur de Belleville-en-Beaujolais, à l’Hôtel-Dieu, une silhouette veille discrètement sur la ville : celle de Sœur Jeanne Françoise Martinière. Supérieure de la communauté hospitalière au XIXe siècle, cette femme de l’ombre a laissé une empreinte douce et tenace dans la mémoire locale… grâce à un célèbre remède sucré : le sirop de Belleville.

Sœur Martinière, comme la plupart des religieuses de l’Hôtel-Dieu, était issue d’une famille aisée. Fille d’un épicier lyonnais, Jeanne Françoise Martinière nait le jour le 20 septembre 1779 à Lyon. En 1799, à 20 ans, Jeanne Françoise franchit les portes de l’Hôtel-Dieu de Belleville. Elle revêt l’habit des Sœurs de Sainte Marthe en 1801 et débute une vie entière dédiée aux autres. Elle restera 49 ans à l’Hôtel-Dieu, jusqu’à sa mort en 1848.

© Hôtel-Dieu de Belleville en Beaujolais| Portrait de Sœur Martinière.

L’ordre des Sœurs de Sainte Marthe.
Fondé au XVe siècle par Nicolas Rolin à Beaune, l’ordre des Sœurs de Sainte Marthe allie vie spirituelle et engagement hospitalier. Il dote l’ordre d’une règle judicieuse et originale : les vœux prononcés par les religieuses ( pauvreté, obéissance et chasteté) n’étaient pas définitifs. Elles ne devaient pas vivre au détriment de l’hôtel-Dieu c’est-à-dire des pauvres, donc subvenir à leur charge en apportant une dot initiale suffisante.

Leur costume emblématique, hérité des dames de Beaune, symbolisait leur vocation de « servantes des pauvres ». Malgré les bouleversements, notamment pendant la Révolution, l’ordre survécut et resta actif jusqu’en 1981 à Belleville. Fidèles à leur mission, les Sœurs de Sainte Marthe consacrèrent leur vie et leurs biens au service des plus démunis.

L’Hôtel Dieu de Belleville en Beaujolais est créé en 1733 pour accueillir des « pauvres malades », le service est assuré par des sœurs de l’ordre de Sainte Marthe. Avec la construction d’un hôpital en 1962, l’Hôtel Dieu prend le rôle d’hospice et ferme définitivement ses portes en 1991. L’association l’Albarelle entreprit la sauvegarde et la valorisation du site et le transforma en musée.  On peut ainsi découvrir lors de la visite, trois salles de malades, deux chapelles, l’apothicairerie avec sa belle collection de pots, une reconstitution du bloc chirurgical, le souvenir de la maternité et un jardin médicinal. L’Hôtel Dieu est aujourd’hui classé monument historique

© Hôtel-Dieu de Belleville en Beaujolais | Deux sœurs apothicaires en activité.

Le sirop de Belleville : Invention locale, renommée nationale

Les sœurs de sainte Marthe jouent de multiples rôles dans l’Hôtel Dieu. Elles assuraient l’organisation générale de la Maison, avec les soins hôteliers dont la cuisine, les soins religieux, mais aussi les soins infirmiers : elles préparaient les remèdes, tenaient l’apothicairerie et réalisaient même les anesthésies lorsque fonctionna le bloc chirurgical.

En 1829, Sœur Martinière crée le sirop de Belleville. Un mélange de plantes locales et exotiques, aux vertus vermifuges et apaisantes, reconnu pour ses vertus vermifuges, et administré aux enfants de la région jusque dans les années 1960. La formule en était la suivante : pour 92 litres, correspondant à la préparation de 600 flacons, appelés « topettes » :

© Hôtel-Dieu de Belleville en Beaujolais | Topette de sirop de Belleville.

• Sirop de base (pêcher, séné, fougère mâle) 30 L
• Teinture de castoréum 0,450 L
• Baume du Commandeur 0,9 L
• Huile de paraffine 0,150 L
• Esther (benzoïque) 0,9 L
• Eaux distillées 59,70 L

Le succès est au rendez-vous, avec un chiffre d’affaires de plus de plus de 100 000 francs en 1941. Le sirop devient un complément précieux pour l’Hôtel-Dieu, dont les recettes permettent d’améliorer l’accueil des malades… et même de financer la construction d’une chapelle.

Le décès de soeur Martinière en 1848, marque la fin de cinquante années de service dans l’Hôtel-Dieu. Elle lègue tous ses biens à l’établissement, perpétuant ainsi la mission de charité et d’accueil des plus démunis. Son nom reste attaché à l’Hôtel-Dieu pour son engagement au sein de la communauté et pour son rôle dans le développement de l’établissement.  Une plaque ainsi qu’un nom de rue ont été créés en son honneur depuis le 15 janvier 1861.

 

>> Retour au sommaire : 

Balade Urbaine : À la recherche des femmes