FFemmes et Histoire : rendre visible l’invisible Cet article s’inscrit dans le cadre d’une balade urbaine proposée par Pop’Sciences – Université de Lyon, en collaboration avec la Mairie de Belleville-en-Beaujolais et la Communauté de communes Saône-Beaujolais. Elle est le fruit d’un travail collectif mené avec le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiants du Campus connecté.Passé et Histoire : quelle différence ?Le passé, c’est ce qui a eu lieu. L’histoire, c’est le récit qu’on en fait : ce qu’on choisit de retenir, d’enseigner et de transmettre. De nombreuses femmes, pourtant connues et actives en leur temps, ont été effacées des mémoires collectives. Non pas parce qu’elles n’étaient pas importantes, mais parce qu’on n’a pas cherché à se souvenir d’elles. Comme l’a écrit l’historienne Michelle Perrot : « C’est le regard qui fait l’histoire. Et pour les femmes, cette volonté a longtemps manqué. »Une histoire écrite par et pour les hommesAu XIXe siècle, le métier d’historien se structure autour d’une histoire événementielle, centrée sur la politique, la diplomatie et la guerre – des domaines où les femmes apparaissent peu. Dans une société qui considère alors que la « place naturelle » des femmes est au foyer, les chercheurs en déduisent qu’il en a toujours été ainsi.Cette vision a durablement biaisé le récit historique. Ainsi, certaines tombes préhistoriques de guerrières ont été attribuées à des hommes avant que des analyses ADN ne révèlent le contraire. Le travail des femmes, pourtant constant à travers les siècles, a souvent été passé sous silence : dans les recensements, si elles exerçaient le même métier que leur mari, leur profession n’était tout simplement pas notée. Même dans les archives modernes, des traces ont été effacées, comme après la Commune de Paris, où les dossiers de nombreuses femmes ont disparu – à l’exception de celui de Louise Michel.Repenser l’histoire : vers une mémoire plus inclusiveÀ partir des années 1960-1970, de nouvelles approches transforment la discipline historique. En 1973 en France, un séminaire animé par Michelle Perrot, Fabienne Bock et Pauline Schmitt pose une question alors inédite : « Les femmes ont-elles une histoire ? » Si la formulation peut sembler surprenante aujourd’hui, la réponse n’allait pas de soi à l’époque.Faire l’histoire des femmes suppose d’explorer d’autres sources – journaux intimes, correspondances, archives familiales, témoignages oraux – et de s’intéresser à de nouveaux objets d’étude : le travail, la famille, l’éducation, le corps, les comportements sociaux.Loin de constituer un récit séparé, l’histoire des femmes vise à compléter et rééquilibrer l’histoire générale. Elle ouvre la voie à une mémoire plus inclusive, où toutes les expériences trouvent enfin leur place.Pour aller plus loin :Une série de 4 podcast Radio France : Écrire l’histoire des femmes et du genre aujourd’huiUne série de 10 podcast Radio France : Histoire des femmes par Michelle PerrotUne série de 14 podcast Radio France : Histoire des femmesOuvrage de Michelle Perrot : Les femmes ou les silences de l’histoire