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Mariama Bâ : Ecrivaine et militante

MMariama Bâ : Ecrivaine et militante

Ce portrait s’inscrit dans le cadre d’une balade qui vise à explorer l’invisibilisation des femmes dans l’espace public et l’histoire. Créée par Pop’Sciences, cette balade est le fruit d’un travail collaboratif entre une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiantes et étudiants du Campus Connecté de Belleville-en-Beaujolais. 

Mariama Bâ a fait de la lettre un cri, de l’intime un manifeste, de la fiction un acte de résistance. À travers son œuvre, elle donne une voix aux femmes africaines et dénonce les oppressions qu’elles subissent au quotidien. Méconnue de son vivant, elle est aujourd’hui une autrice incontournable de la littérature africaine francophone.

© Droits réservés | Portrait de Mariama Bâ

Grandir entre traditions et éducation.

Née en 1929 à Dakar, dans une famille musulmane aisée, Mariama Bâ perd sa mère très jeune. Élevée par ses grands-parents, elle grandit dans un environnement où l’éducation des filles passe souvent au second plan. À 14 ans, ses excellents résultats impressionnent sa directrice, qui l’oriente vers l’École normale de Rufisque. Elle y obtient son diplôme d’enseignante en 1947.

S’engager pour les droits des femmes.

Son métier d’enseignante lui ouvre les yeux sur la réalité des femmes sénégalaises : polygamie, manque d’accès à l’éducation, pressions sociales, sacrifices imposés. Cette expérience nourrit son engagement féministe. Militante infatigable, mère de neuf enfants et trois fois mariée, elle mène de front vie personnelle, carrière et combat politique.

Une si longue lettre Mariama Bâ – édition Litos

Écrire pour exister : Une si longue lettre.

Son arme ? La littérature. En 1979, elle publie son premier roman, Une si longue lettre, sous forme d’une lettre d’une veuve à sa meilleure amie. À travers ce récit intime, elle dénonce la polygamie, le poids des traditions et l’invisibilisation des femmes. Ce roman devient un classique de la littérature africaine francophone. Mariama Bâ met en lumière la contradiction entre les valeurs d’égalité héritées de la colonisation et la réalité des femmes africaines, prises au piège de structures patriarcales immuables.

Une reconnaissance tardive.

Malgré son impact, Mariama Bâ reste longtemps dans l’ombre. Elle décède prématurément en 1981, à seulement 52 ans, quelques mois avant la publication de son deuxième roman, Un Chant écarlate, qui aborde cette fois la question du métissage et des conflits identitaires.

« C’est à nous, femmes, de prendre notre destin en main ».

En 1980, lors de la remise du Prix Noma à Francfort, Mariama Bâ prononce un discours dont l’écho reste actuel : « Les injustices persistent, les ségrégations continuent malgré les beaux discours et toutes les louables intentions. (…) C’est à nous, femmes, de prendre notre destin en main pour bouleverser l’ordre établi à notre détriment et ne point le subir.»

 

Pour aller plus loin :

 

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Balade Urbaine: À la recherche des femmes