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Mary Lou Williams : Compositrice et pianiste

MMary Lou Williams : Compositrice et pianiste

Ce portrait s’inscrit dans le cadre d’une balade qui vise à explorer l’invisibilisation des femmes dans l’espace public et l’histoire. Créée par Pop’Sciences, cette balade est le fruit d’un travail collaboratif entre une classe de seconde du lycée Aiguerande et les étudiantes et étudiants du Campus Connecté de Belleville-en-Beaujolais. 

Pianiste surdouée, compositrice de génie, pédagogue engagée : Mary Lou Williams a traversé plus d’un demi-siècle de Jazz, de ses racines swing au bebop, sans jamais cesser d’innover. Pourtant, cette figure majeure reste encore trop souvent dans l’ombre des grands noms qu’elle a côtoyés et formés.

© William P.Gottlieb | Portrait de Mary Lou Williams

 « Little Piano Girl ».

Deuxième d’une fratrie de onze enfants, Mary Lou grandit à Pittsburgh dans un quartier populaire. Dotée de l’oreille absolue, elle apprend le piano par simple mimétisme, en observant les autres jouer. À six ans, son beau-père lui offre un piano mécanique : c’est le début d’une carrière précoce. « Little piano girl from East Liberty » joue dans des salons de jeux, des soirées mondaines… mais aussi dans des maisons closes.

Des clubs de Harlem à une reconnaissance nationale.

À 12 ans, Mary Lou impressionne Duke Ellington dans un club de Harlem. Elle débute dans des spectacles de vaudeville, puis devient pianiste remplaçante pour l’orchestre d’Ellington. Mais c’est avec Andy Kirk & His Twelve Clouds of Joy qu’elle se fait un nom : à 19 ans, elle devient leur pianiste principale et arrangeuse, un fait rarissime pour une femme afro-américaine à l’époque. Elle compose plusieurs titres marquants et donne au groupe un son unique qui leur vaut une reconnaissance nationale.

Installée à New York dans les années 1930, elle devient une figure incontournable de la scène Jazz. Son appartement de Harlem devient un véritable laboratoire musical, où défilent les futurs géants du bebop : Thelonious Monk, Dizzy Gillespie, Charlie Parker… Tous viennent y chercher ses conseils.

© DP – FREMEAUX & ASSOCIES | Pochette de l’album The first lady in Jazz (1927-1957) Mary Lou Williams

Composer pour les plus grands noms du Jazz.

Mary Lou Williams ne se contente pas de jouer : elle compose et arrange pour les plus grands orchestres. Benny Goodman, Louis Armstrong, Duke Ellington font appel à son talent. Parmi ses œuvres phares : Walkin’ and Swingin’ (1936), Roll’ Em (1937) pour Goodman, ou encore Trumpets No End (1946) pour Ellington.

Dans les années 1950, après une tournée en Europe, elle traverse une profonde crise spirituelle. Sa conversion au catholicisme marquera un tournant : elle se consacre à l’aide aux musiciens en difficulté et compose des œuvres liturgiques, dont une messe Jazz jouée au Vatican.

Passeuse de Jazz.
Mary Lou Williams n’a jamais cessé d’évoluer : du blues au boogie-woogie, du swing au bebop, elle a exploré tous les courants du Jazz. Elle le rappelle elle-même en 1978 : « Je suis la seule musicienne vivante qui ait participé à tous les courants. Les autres musiciens ont traversé les époques sans changer de style. » À partir de 1977, elle enseigne l’histoire du jazz à l’université de Duke. Véritable passeuse, elle transmet aux jeunes générations une vision du jazz comme musique de l’âme : « Les Américains ne réalisent pas l’importance du jazz. Cela répare l’âme. Cela devrait être joué partout : dans les églises, dans les boîtes de nuit… partout. » (1975)

Décédée en 1981, elle laisse derrière elle une œuvre foisonnante et une communauté d’artistes qu’elle a inspirés, formés et soutenus.

 

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Balade Urbaine : À la recherche des femmes