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Être danseur (jazz) aujourd’hui

ÊÊtre danseur (jazz) aujourd’hui

Baptiste Le Cloarec

Après deux articles déjà publiés traitant à la fois de la relation entre les danses jazz1 et hip-hop, mais aussi des processus créatifs en danse2, cette chronique vient clore ce triptyque réflectif s’inscrivant dans une recherche doctorale portant sur La transmission de la danse jazz aujourd’hui en France. Après avoir abordé des points historiques, des relations actuelles entre esthétiques et la création en danse jazz, il était important de créer un focus sur les acteurs fondamentaux de l’art chorégraphique : les danseurs et plus spécifiquement ceux en danse jazz. 

Si parfois la carrière d’un ou d’une danseuse est attachée à un seul lieu durant sa vie d’artiste3, pour la majorité d’entre eux et surtout en danse jazz, la réalité est toute autre. Ceci est dû au régime de l’intermittence du spectacle qui pousse souvent à partir en quête des 507 heures obligatoires4 selon l’annexe 10 pour les artistes du spectacle vivant. Aussi, cette esthétique est peu (pour ne pas dire pas) attachée aux scènes conventionnées5. Elle fait davantage partie du monde du divertissement et ce depuis le début de sa structuration6.« C’est aussi un choix de carrière, une volonté d’explorer et d’aller d’expérience en expérience à l’image de la danse qui demeure dans un mouvement perpétuel.” Véritable caméléon de la danse, Baptiste Le Cloarec, artiste chorégraphique, professeur diplômé d’état en danse jazz (Certificat d’Aptitude en cours de validation), nous éclaire sur le sujet de par son expérience.

Le métier de danseur (jazz) à partir d’une formation pluridisciplinaire et d’une filiation assumée 

Bien que cela ne soit pas encore acquis dans tous les esprits, être danseur, artiste interprète, est un véritable métier, une activité professionnelle à temps plein. Ce sont les artistes qui fleurissent et investissent les scènes nationales, théâtres privés, spectacles d’animation, les clips ou encore les plateaux télévisés. Ils nous permettent de ressentir des émotions par sensibilité kinesthésique7 par le médium du corps. Ils nous transportent soit dans des histoires imaginaires, soit en nous mobilisant autour de sujets de société actuels toujours dans une envie de rassembler et de questionner.

Si nous nous approchons de la fiche ROME8 – Métier de la danse L1201 – voici la définition donnée : “ Conçoit et/ou interprète des œuvres chorégraphiques […], selon le projet artistique défini par une école, une compagnie de danse et les impératifs de programmation. Ce métier est accessible avec une formation en danse […] complétée par une expérience professionnelle dans un ou plusieurs genres chorégraphiques”.9

C’est le chemin qu’a suivi Baptiste Le Cloarec. Vannetais d’origine, né en 1992, il a débuté par des cours de danse en Bretagne au sein d’une association, puis dans une école privée, avec des professeurs de danse jazz issus de la lignée française Mattox, influencé par le travail de Bruno Collinet, Bruce Taylor, Wayne Barbaste et Alain Gruttadauria. Tout au long de sa formation amateur, Baptiste Le Cloarec a aussi été accompagné par Lhacen Hamed Ben Bella et Cathy Bisson10, professeurs intervenant régulièrement auprès de la compagnie amateur de son école dont il faisait partie. Tout ceci avant d’arriver en formation professionnelle aux métiers du danseur à EPSE Danse11, créée et dirigée par Anne-Marie Porras12. Une formation qui le marquera à vie. Tellement qu’il considère le travail d’Anne-Marie Porras et de son équipe comme sa propre filiation, comme quelque chose qui s’est ancré en lui.

Même si la danse jazz a été son coup de cœur et que cette esthétique est devenue aussi une philosophie de vie de par ses valeurs, il a reçu une formation pluridisciplinaire grâce à l’inculcation des danses classique, contemporaine et jazz. Ceci est assez fréquent dans les centres privés de formation aux métiers de danseur. Même si l’identité de base du ou de la directeur/directrice est souvent associée à la danse jazz, il est habituel que le contenu de la formation soit pluridisciplinaire. En 2013, Baptiste Le Cloarec poursuit sa formation à New York au Peridance Capezio Center, où il s’initie, en partie, à la danse moderne notamment à la technique Limon, dispensée à la Limon School affiliée au Peridance Capezio Center13. Il découvre et apprécie également le travail de Marijke Eliasberg et Jana Hicks, qui s’inscrivent dans la lignée de Lynn Simonson, et qu’il considère aujourd’hui comme faisant partie intégrante de son ADN. Baptiste Le Cloarec commence d’ailleurs sa carrière de danseur professionnel en rejoignant leur compagnie, The Next Stage Project14.

A son retour en France, il s’installe à Paris où il rencontre Martine Curtat-Cadet. Cette rencontre l’enrichit en tant que pédagogue et le familiarise avec la filiation de Matt Mattox ainsi qu’avec l’enseignement de Gianin Loringett, dont elle est issue.

Être danseur avant tout 

À la question êtes-vous danseur ou danseur jazz ? Baptiste Le Cloarec se définit davantage comme danseur avant tout, de part son parcours pluriel. Par contre son état de corps et les fondamentaux en termes de dynamiques corporelles qui le constituent restent jazz. L’esthétique jazz est présente chez lui par son traitement du temps, du poids et de l’espace. De par sa formation pluridisciplinaire et son métier de danseur non associé à une structure fixe, il a exploré différentes esthétiques selon les demandes. Il se définit donc comme un danseur mais avec un état de corps jazz. Mais comment pourrions-nous définir ce corps jazz et en quoi serait-il fondamental au métier ?

Selon Baptiste Le Cloarec, “L’état de corps jazz permet une grande polyvalence et ainsi une aisance pour aller d’une stylistique à une autre. La danse jazz est elle-même un métissage qui la rend plurielle. Ce qui caractérise son état de corps, c’est selon moi, le rapport au poids. On peut être dans l’abandon mais c’est souvent associé à une reprise rapide, une notion de durée où l’abandon est bref. Eliane Seguin15 évoque l’image du chat, aux aguets prêts à surgir ou à rebondir. Le Corps jazz est également un corps profondément  engagé, incarné et musical.”

Pluridisciplinarité et hybridation

Même si sur les avis d’audition l’esthétique jazz est très souvent référencée et demandée, l’hybridation et la pluridisciplinarité au sein du métier de danseur sont très présentes. Les frontières entre les disciplines étant de moins en moins visibles, Baptiste Le Cloarec a déjà eu à réaliser des projets où les danses jazz et contemporaines – ou d’autres esthétiques – étaient mélangées.  Aussi, le problème de dénomination de la danse étant une véritable question actuelle, les jeunes artistes danseurs s’inscrivent dans un décloisonnement. Ils peuvent changer les noms des danses pratiquées en leur donnant des appellations loin d’un certain académisme : contemporary emprunté aux États-Unis qui s’apparenterait au moderne jazz en France, ou encore Afro hybrid ou Urban Movement16. Cependant elles restent pour le danseur professionnel associées à un état de corps jazz. Il observe “une manière différente d’aborder le mouvement et la musicalité par la nouvelle génération. Elle est parfois discutable sur certains points mais on ne peut pas nier cela.” Beaucoup de danseurs aujourd’hui rassemblent leur pratique sous le terme de “danse” comme cela peut être déjà le cas dans la création où le mot contemporain ne définit plus le courant de la Nouvelle danse française17, mais bien une danse actuelle en lien avec notre société.

Aussi, pour Baptiste Le Cloarec il est essentiel d’être en phase avec son époque, notamment quand il s’agit d’aborder le répertoire chorégraphique actuel. Il faut donc naviguer entre la danse contemporaine et la danse jazz. C’est d’ailleurs ce qu’il a traversé au sein de sa formation. Il précise cependant que : “tout dépend des ambitions de chacun. Les contrats et chorégraphes sont pluriels et  hybrides. Par exemple, j’ai dû me diversifier vers les danses urbaines qui ne faisaient pas partie de ma formation initiale et pour lesquelles je n’avais pas d’aisance au départ. J‘ai dû apprendre sur le terrain mais aujourd’hui, je pense qu’il est essentiel que les étudiants sortent de leur formation avec cette polyvalence pour maximiser leurs chances lors des auditions. Les danses urbaines sont de plus en plus présentes dans les contrats qui étaient traditionnellement destinés aux danseurs jazz, et le niveau de maîtrise exigé est aujourd’hui plus élevé. Il faut savoir se diversifier. J’ai d’ailleurs pu danser du tango, des danses de caractère, de la valse, … on n’en devient pas expert mais on sait s’adapter à un style et vite comprendre les dynamiques et les formes nécessaires.

Il fait facilement des analogies avec les danses abordées dans ses contrats et la danse jazz. C’est le cas avec le Bollywood et Jack Cole18 – considéré comme le père de la danse jazz – qui a beaucoup étudié le Bharata Natyam. Concernant les danses urbaines, le rapport aux dynamiques, les isolations et la musicalité sont proches du jazz, plus particulièrement du street jazz. Par contre, le flow, le style changent. Baptiste Le Cloarec a pu aussi traverser lors de ses expériences la stylistique de Bob Fosse mais aussi l’afro jazz ou les claquettes avec une vélocité du bas de jambe présente également en jazz.

Avec sa formation jazz, il n’a pas eu de mal à passer d’une esthétique à une autre. À savoir que beaucoup des disciplines qu’il a pu traverser lors de ses contrats, rappellent toute la palette rythmique présente en danse jazz. Cette palette rythmique est d’ailleurs abordée en formation au diplôme d’État de professeur de danse. Ceci a été un outil lui permettant de s’adapter. Il témoigne : “le fait d’avoir passé mon D.E assez tôt a eu ses avantages et ses inconvénients. Je crois que ma formation en pédagogie a développé ma capacité d’analyse et m’a familiarisé avec la palette rythmique jazz.” Pour rappelle Baptiste Le Cloarec a obtenu son diplôme d’État à EPSE Danse avant d’amorcer sa carrière de danseur professionnel, et ce à 20 ans.

Quelle place pour le danseur issu du jazz dans le milieu professionnel ? 

De son point de vue et de par son expérience, il avoue n’avoir jamais eu de souci pour travailler même en ayant un fort bagage jazz. Il réussit à obtenir son statut avec le double d’heures demandées. Il évoque de nombreuses offres d’emploi, tant que le danseur est polyvalent et ouvert à différentes esthétiques. Bien évidemment, il évoque la précarité de ce statut avec parfois l’acceptation de dates que l’on pourrait nommer  “alimentaires”. Il souligne une appréhension en début de carrière de pouvoir rassembler le bon nombre d’heures afin d’accéder à une certaine stabilité.

Cependant, ces contrats sont davantage associés au divertissement qu’à la danse dite “savante”. Il a abordé ce contexte de travail “savant” uniquement lors de son expérience new-yorkaise et en formation. Le reste du temps il a effectué davantage des terrains grand public ou commerciaux, en lien avec la comédie musicale, l’événementiel, la télévision, les tournages de clips ou de films, ou encore à Disneyland Paris… Ces rares expériences avec les institutions, ont été avec les Opéras de Rouen ou de Lausanne. Il souligne “qu’un danseur jazz désirant travailler en dehors du secteur du divertissement, peut se retrouver dans une situation financière malheureusement complexe s’il reste uniquement associé à cette discipline ou s’il ne se diversifie pas, par exemple en enseignant. Cependant il avoue “avoir trouvé parfois du savant dans des contrats commerciaux ou destinés au grand public, ce n’est pas binaire. Ce fut notamment le cas pour Shadowland, un passage chorégraphié du spectacle Le Roi Lion à Disneyland Paris, où, à mon sens, au-delà de la narration, il est possible d’avoir une lecture questionnant notre lien avec notre planète, la biodiversité et l’écologie. De même, dans la comédie musicale, Notre Dame de Paris, on peut observer une critique sociale, notamment à travers les tableaux “Les sans papiers” ou “La cour des miracles”. Je l’ai vécu comme ça en tout cas, et ça a participé à donner du sens à ma danse et à mon métier. L’un peut se nourrir de l’autre.

Les atouts d’un corps formé “jazz” 

Tout comme Baptiste Le Cloarec, beaucoup de danseurs issus notamment d’une formation jazz arrivent à trouver du travail. Soit dans le milieu du divertissement soit en étant employés par des chorégraphes associés à la danse contemporaine. Pour ne citer qu’eux, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj ou encore Cathy Testa ont employé souvent des danseurs issus de cette esthétique de part leur formation. Ils le font notamment pour leur construction corporelle mais aussi pour leur musicalité.

Le danseur professionnel, de par sa prise de recul sur son expérience, a observé que : La danse jazz, de par son exigence technique et son rapport à la musicalité ainsi que sa vivacité, favorise à mon sens une optimisation de la vitesse d’apprentissage du danseur. Cette caractéristique est très appréciée sur les contrats, car dans le domaine du divertissement, issu de productions privées, le temps alloué à la création est souvent limité. Nous devons être efficaces, nous sommes guidés par l’idée d’une rentabilité puisqu’il n’y a ni subvention ni soutien financier pour nous accorder plus de temps.”

Le fait de n’avoir jamais eu de difficultés pour trouver du travail n’est pas réservé à Baptiste Le Cloarec. Il y a beaucoup de danseurs dans ce cas : “en continuant à me former et à développer un regard critique et analytique, j’ai identifié qui je suis, ma filiation, mon organisation corporelle. Les formations D.E et C.A apportent une pratique réflexive sur notre danse et ce que nous sommes. Cependant beaucoup de mes collègues danseurs sur le terrain n’ont pas identifié, conscientisé ou porté un intérêt à cela. Je pense qu’ils se considèrent plus comme des danseurs, sans étiquette et n’envisage pas forcément une reconversion vers la pédagogie. Tous mes collègues sont pratiquement passés par une formation qui contenait la pratique de la danse jazz. Ils n’ont pas de souci à trouver du travail. On se retrouve sur des contrats et on se rend compte que beaucoup ont été formé chez Rick Odums19, Anne-Marie Porras, Choréia ou à l’AID20 de part la passerelle avec la vie pro avec CFA21…” 

Catégoriser les danses et la danse de divertissement ou savante : un problème ? 

Pour Baptiste Le Cloarec “ il est important lors des formations pédagogiques d’identifier ce que l’on fait, la filiation que l’on transmet, nos racines, d’où l’on vient. Mais au sein du métier de danseur il y a une telle hybridité que c’est compliqué parfois de nommer. Il reste cependant dubitatif au fait qu’une danse soit aujourd’hui complètement jazz ou contemporaine suite aux différentes fusions passées et influences actuelles.

Il faut cependant savoir qu’il y a selon Baptiste Le Cloarec une danse jazz française reconnue et très appréciée notamment aux États-Unis et au Canada : “Il y a des aspects négatifs à cloisonner, mais je constate que de par mes expériences à l’étranger comme en Suisse, en Espagne, en Corée du sud, qu’il y a un style français unique. Il y a une identité de la danse moderne jazz française.”

Concernant la question de la danse de divertissement ou la danse savante, le danseur professionnel n’aime pas ce terme de “savant”. Pour Baptiste Le Cloarec :  “c’est comme si c’était vulgaire, léger ou sans fond de travailler dans le divertissement, alors que j’assume complètement le fait d’aimer les deux. J’ai un certain plaisir à travailler dans le divertissement malgré certains mauvais jugements. D’ailleurs pour certain la RB Dance Company s’inscrit plus dans ce milieu. Le pièce Stories, à mon sens, à sa place au sein des scènes nationales d’autant plus que l’on évoque aujourd’hui beaucoup l’idée de démocratisation culturelle dans l’enseignement, quand est-il au niveau de la diffusion ? Le spectacle fait partie du paysage actuel, il connaît un certain succès et il est salué par la critique tant il est qualitatif. Je trouve dommage de segmenter les choses.”

Aussi, les chorégraphes contemporains sautent de plus en plus le pas d’une frontière à l’autre. La présente recherche doctorale démontre d’ailleurs des relations d’influences réciproques entre les deux esthétiques – contemporaine et jazz. Nous l’observons à la fois dans les processus créatifs mais aussi dans les inspirations, les influences, les états de corps et aussi dans les contextes de diffusion. Par exemple, Yoann Bourgeois a travaillé avec le groupe Coldplay ou encore Sidi Larbi Cherkaoui a chorégraphié la nouvelle version de la comédie musicale Starmania. Une comédie musicale qui se voulait être une dystopie en 1979, mais qui est aujourd’hui le reflet de notre réalité. Des domaines créatifs que les danseurs jazz connaissent parfaitement. Cette étude pousserait à penser qu’une évolution de la perception des œuvres de par les programmateurs serait à envisager afin de décloisonner aussi les programmations pour une meilleure circulation des spectacles et des danseurs, le tout sans aprioris et sans pour autant oublier d’où l’on vient.

Un article écrit par Frédérique Seyve, doctorante, pour Pop’Sciences – 29 août 2024.

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Notes

[1] : Des danses jazz aux danses hip-hop, il n’y a qu’un pas (de charleston) : des racines communes pour des inspirations chorégraphiques multiples, article Pop’Sciences , Frederique Seyve – Mar. 2023

[2] : Processus créatifs en danse jazz, article Pop’Sciences , Frédérique Seyve – Nov. 2023

[3] : Compagnies nationales telles que celle de l’Opéra de Paris, ou encore certaines équipes fixes des Centres Chorégraphiques Nationaux.

[4] : En savoir plus sur le régime de l’intermittence

[5] : Le label des scènes conventionnées

[6] : SEGUIN Eliane, Histoire de la danse jazz, Édition Broché, 2002

[7] : Définition kinesthésique

[8] : Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois

[9] :  Fiche Rome – L1201 – Danse

[10] : Ce sont tous des enseignants de danse jazz. Matt Mattox, Lhacen Hamed Ben Bella, Alain Gruttadauria, Wayne Barbaste et Bruce Taylor étant chorégraphes de compagnies jazz.

[11] : Epsedanse

[12] : Compagnie Anne-Marie Porras

[13] : Peridance

[14] : The Next Stage Project

[15] : SEGUIN Eliane, Histoire de la danse jazz, Édition Broché, 2002

[16] : Disciplines proposées par le Lax Studio, ecole de danse de références depuis quelques années à Paris.

[17] :  La Nouvelle Danse Française

[18] : Chorégraphe, danseur et acteur américain, Jack Cole est né le 27 avril 1911 à New Brunswick, New Jersey et décédé à Hollywood, Californie le 17 février 1974.Selon le dictionnaire Larousse : “ Il fut l’un des maîtres de la danse jazz, à laquelle il a incorporé le double héritage de la danse classique et des danses ethniques. Il a beaucoup travaillé pour Broadway et Hollywood (Les hommes préfèrent les blondes, H. Hawks, 1953 ; Certains l’aiment chaud, B. Wilder, 1959 ; Kismet, V. Minnelli, 1955 ; les Girls, G. Cukor, 1957).”

[19] : Directeur artistique et pédagogique au Centre International de Danse Rick Odums, de IFPRO et des Ballets Jazz Rick Odums.

[20] : Académie Internationale de la Danse

[21] : Centres de formation des Apprentis

PPour aller plus loin

  • La vocation de danseur, Dancer’s Calling, documentaire de Clément Godet avec le Centre Chorégraphique James Carlès : Numeridanse
  • Comment transmettre la danse jazz aujourd’hui ?, chronique scientifique « Dis pourquoi » de RCF, avec Frédérique Seyve, en partenariat avec Pop’Sciences, 4 juin 2024.

Comment transmettre la danse jazz aujourd’hui ? | « Dis pourquoi ? »

CComment transmettre la danse jazz aujourd’hui ? | « Dis pourquoi ? »

©RCF radio

« Dis Pourquoi ?«  est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.

> Émission du 4 juin 2024

Danseuse et formatrice pendant des années, Frédérique Seyve a ressenti le besoin de rencontrer la théorie et une certaine réflexion sur l’art chorégraphique. Diplômée en 2015 d’une licence en arts du Spectacle et en 2017 d’un master arts de la scène, elle devient responsable pédagogique de formation pour différents établissements dont dernièrement le Centre Chorégraphique Calabash à Lyon dirigé par Wayne Barbaste. Frédérique coordonne également de nombreux projets en aidant des compagnies à se déployer sur le territoire national et auprès des institutions.

Elle a publié deux articles sur le site Pop’Sciences :

Elle revient avec Anaïs Sorce sur l’intérêt des recherches sur les arts chorégraphiques et particulièrement le jazz.

Écoutez le podcast :

>> Écouter les podcasts des autres intervenants Pop’Sciences :

 

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

RCF Lyon

Processus créatifs en danse jazz

PProcessus créatifs en danse jazz

Vivien Visentin est interprète, chorégraphe de la Cie Accord des nous, enseignant et formateur pour le diplôme d’État, et Frédérique Seyve, Doctorante à l’Université Lumière Lyon 2 – Laboratoire Passages XX-XXI, chargée de développement culturel pour plusieurs compagnies et responsable pédagogique au Centre chorégraphique Calabash, ont tenu à se rassembler lors de cette co-écriture d’article afin de réfléchir ensemble sur les processus créatifs en danse jazz.

Les processus de création… en danse jazz ?

Longtemps décriée, la danse jazz en France est encore trop souvent associée à une danse facile, légère voire totalement dépourvue de processus créatifs. Ces processus peuvent être perçus comme peu recherchés voire inexistants au sein de l’esthétique de la danse jazz. Et d’ailleurs qu’est-ce qu’un processus en création chorégraphique (jazz) ? Zoom sur la création en danse jazz : rencontre et éclaircissements.

Vous avez dit “processus créatifs” ? 

Tout d’abord le mot processus apparu au XVIe siècle, du latin pro, au sens de l’action vers l’avant, et de cessus, cedere, dans le sens aller, marcher, signifie aller vers l’avant, avancer. Dans sa définition, apparaît la notion de savoir faire : “actions constituant la manière de faire, de fabriquer quelque chose”1. Ceci nous renvoie à la dimension de la créativité et à l’action de créer dans le temps. Rappelons que la création est l’action de donner naissance, de créer, et renvoie au créateur comme peuvent le décrire Laurence Louppe2 ou encore Jacqueline Robinson3.

Nous pensons de prime abord au chorégraphe, agissant comme professionnel dans le secteur de l’art chorégraphique. Celui qui va créer, ordonner, organiser un ensemble de pas, de concepts en mouvement ayant pour finalité une représentation sur scène. Au-delà du simple fait de coordonner un certain nombre de combinaisons corporelles, ce dernier, ou cette dernière, va aussi défendre un propos, une idée et innover. Depuis le début du XXe siècle, avec l’émergence de courants comme la danse expressive allemande, des formes chorégraphiques dénoncent ou questionnent notre société. Ce fût le cas pour les chorégraphes allemands comme Kurt Jooss (La table verte) ou Pina Bausch.

Ces derniers ont notamment travaillé sur la thématique de la guerre, traumatisés par les deux conflits mondiaux. Ils initieront dans leurs processus créatifs, des gestes et des décors du quotidien.  L’expression humaine prendra le dessus sur la technique, la virtuosité, pour laisser place à l’expression d’une certaine intériorité.

Tout comme l’ont fait ces personnalités fortes de la danse expressionniste allemande, des chorégraphes américains associés à une corporéité4 jazz ont aussi su dénoncer les horreurs de l’humanité. Donald McKayle dans Rainbow Round my Shoulder saura par différents mouvements comme les contractions du haut du corps ou des implorations à genoux, traduire la souffrance et l’espoir des esclaves noirs afro-américains. Il ne sera pas le seul : West Side Story, l’une des comédies musicales les plus connues au monde, traduit les problèmes sociétaux d’une Amérique inégalitaire et clivée. Rick Odums5, Géraldine Armstrong6 parleront également de ces sujets dans leurs œuvres. Néanmoins, il faut bien comprendre que les processus créatifs sont propres – au-delà des esthétiques – à chaque créateur.  L’esthétique jazz en France est très associée au monde de l’enseignement, du divertissement et de la télévision depuis les années 80, mais peu à la création. Aussi, la mode de la fusion des esthétiques actuelles, de la pluridisciplinarité au sein de la création n’aide en rien à sa reconnaissance. Alors que la danse contemporaine ne cesse de puiser dans les danses dites “Pop” (prenons exemple de Lasseindra Ninja ou du collectif La Horde), la danse jazz tente encore d’avoir une certaine reconnaissance au sein de la création. Faisons donc connaissance avec certains chorégraphes qui aiment utiliser cette corporéité pour créer, valorisant ainsi l’’existence de processus créatifs au sein de cette esthétique.

La création en danse jazz : état des lieux 

Comme nous venons de l’évoquer, les chorégraphes en danse jazz ont su aborder différents thèmes au fil des décennies. Ils ont également eu des approches différentes afin de composer et de créer leurs œuvres. Les mises en lumière sur ce répertoire étant plutôt rares, il est essentiel de faire un tour d’horizon afin de pouvoir approfondir ce sujet.

Il faut savoir que des reproches autour de la danse jazz fusent souvent : “frontalité”, “divertissante”, “technicité omniprésente”, “trop plein d’énergie”. Ces aspects négatifs sont souvent associés à la danse jazz en lien avec le divertissement. On observe cependant un réel engouement du public pour ces œuvres comme Stories par la RB Dance Company dirigée par le chorégraphe Romain Rachline, mais aussi pour d’autres spectacles d’un autre genre qui relèvent de ces dispositifs.  Des créateurs – et ce depuis les années 1950 aux États-Unis, puis ensuite en France – on su exprimer un désir créatif pour défendre un propos. Il existe des foyers de résistances portées par des chorégraphes qui se démènent depuis des décennies pour porter des œuvres jusqu’à la représentation. C’est par exemple le cas de Jean-Claude Marignale (Répercussions), Wayne Barbaste et bien d’autres.

Ces personnalités au sein de leur propre compagnie effectuent un travail de recherche réflectif et corporel lors d’un nouveau projet de création. Les influences vont être multiples. Cela peut partir d’une œuvre littéraire. Ce fut le cas pour les Sœurs Brontë de Raza Hammadi au sein du Ballet Jazz Art, créé en 1992. Cette œuvre a donné lieu à un travail de notation du mouvement réalisé par Sylvie Duchesne, et subventionné par le dispositif d’aide à la recherche et au patrimoine de danse en 2010 par le CND7.

Patricia Greenwood Karagozian, directrice artistique de la Compagnie PGK, a elle-même été inspirée par six poèmes de la poétesse américaine Charis Southwell pour son spectacle Unfinished Fragments. Hubert Petit Phar, chorégraphe de la Compagnie La Mangrove, située sur le territoire guadeloupéen, a créé Ustium, une pièce traitant de la lutte des consciences. Une recherche inspirée de la théorie de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, et développée en partie dans Huis clos.

Comme évoqué au début de l’article, les sujets sociétaux deviennent très fréquents au sein de l’art chorégraphique contemporain, et donc actuel. Jan Martens8 avec Any attempt will end in crushed bodies and shattered bones questionnait en 2022 la résistance, les rébellions actuelles face aux enjeux climatiques et aux mutations sociétales que nous subissons. Sidi Larbi Cherkaoui9 présente lors de la Biennale de la danse de Lyon de 2023 Ukiyo-e, pour savoir comment continuer à vivre dans un monde incertain et en déconstruction. Le groupe Grenade porté par Josette Baīz10, propose en 2019 Baobabs pour montrer à quel point la jeune génération s’interroge sur les questions climatiques.

Il est tout à fait possible de faire la même chose avec une corporéité jazz si le chorégraphe le décide. Ce n’est pas l’esthétique qui permet d’être revendicatif, mais la façon de dire les choses par la danse et selon les envies du créateur. Avec tous les croisements que connaît l’art chorégraphique aujourd’hui, il serait difficile de ne citer qu’une influence ou qu’une seule corporéité.  D’ailleurs HOMME|ANIMAL est au cœur du parcours de la chorégraphe Vendetta Mathea. La pièce est née de son engagement pour la lutte des droits civiques du temps de John Fitzgerald Kennedy aux côtés de Martin Luther King ce fameux jour d’août 1963. Elle interroge ici la nature humaine et sa part d’animalité.

Alors que Bruce Taylor crée I have a dream au sein de sa compagnie – Cie Choréonyx, les discours de Martin Luther King contre le racisme sont revisités par le chorégraphe. Dans la pièce I Have A Dream, Bruce Taylor tente de démontrer l’empreinte que ce moment historique a laissée sur nos corps.

Dans Joy is my middle name, il évoquera la mort de George Floyd et les émeutes qui ont suivi son décès en 2020. Aussi Wayne Barbaste n’est pas en reste sur les questions sociétales au sein de la Compagnie Calabash :  “Les questions sociétales, politiques et culturelles sont au cœur de cette compagnie. Depuis son origine, elle se donne pour objectif de questionner nos sociétés, de mettre en lumière les nombreux  dysfonctionnements et injustices qu’elles engendrent11.”

La danse jazz étant une danse faite pour et par l’humain, certains artistes se sont aussi interrogés sur les cultures. James Carlès aime interroger la diaspora africaine en occident du 19e siècle à nos jours. Ainsi dans Coupé Décalé en 2014, le chorégraphe travaille autour de cette danse traditionnelle, mais aussi de toute une culture. Il s’entoure pour cela de Robyn Orlin. Cela nous rappelle la relation à un certain héritage africain au sein de la danse jazz.

Anne-Marie Porras dans Fils du Vent évoquera le rapport de entre la communauté gitane et la musique.

Pour finir cette liste non exhaustive, certains créateurs s’inspirent même de la technique de certains grands maîtres et font donc le lien entre pédagogie et création. En effet, Carole Bordes a réalisé un travail sur la technique Mattox pour créer son spectacle Matt et Moi. Il s’agit dans cette œuvre, de jouer avec les différents éléments de la méthode, mais aussi de la déstructurer pour mieux en tirer l’essence.

https://vimeo.com/806134483

Circulation entre héritage et contemporanéité 

> Le langage du corps

Il est possible pour ces artistes chorégraphiques d’utiliser un vocabulaire dansé, ou du moins une expression corporelle pouvant exprimer les émotions souhaitées. Longtemps oubliée, ou du moins rattachée uniquement à la pédagogie, la terminologie en danse jazz est depuis quelques années perçue comme une source d’inspiration inépuisable. Vivien Visentin et Aurore Faurous, explorent cette possibilité depuis maintenant quelques années.

Hubert Petit-Phar, chorégraphe de la Cie la Mangrove et pédagogue jazz, défend une vision de dépassement du vocabulaire établi. La terminologie apparaît comme un socle possible pour développer  la créativité. À la condition de ne pas s’enfermer et de la relier à la notion de possible transformation et d’évolution. L’enjeu pour le chorégraphe réside dans sa capacité à révéler le potentiel poétique d’un pas de base12. Observons, par exemple, le travail de Fosse qui a fait de la jazz hand, un élément expressif et poétique.

La tradition n’est pas un héritage que l’on reçoit en tant que tel, mais il s’agit d’un point de vue actuel et d’un regard porté sur le passé.

> L’improvisation : un processus originel

L’improvisation dans les danses jazz a une source différente qu’en danse contemporaine. Mais n’est-il pas question de penser l’improvisation au présent, comme un outil au service de la création ? Dans les danses afro-américaines qui constituent, en partie, les racines de la danse jazz, on observe que ces danses ont permis la liberté et le renouvellement : elles étaient centrées avant tout sur des processus et des états de corps en lien avec l’improvisation, véritable lieu de l’expérimentation corporelle. Cela a débouché sur un vocabulaire codifié, mais il y a toujours eu la notion intrinsèque de transformation et de développement.

Patricia Greenwood Karagozian aime traverser le travail d’improvisation en relation avec la musique afin de créer. C’est notamment ce qui a été réalisé dans Light Motif.

 

Marianne Isson poursuit un travail de fond autour de la pratique de l’improvisation.

 

> La relation musicale dans la création

Longtemps critiquée pour son attachement à la musique, les créateurs en danse jazz savent pourtant s’amuser des silences et apprécier leur musique intérieure. C’est le cas pour Anne-Marie Porras qui avoue créer dans un premier temps en écoutant la musique qui l’habite, comme une introspection. Elle ne travaillera qu’ensuite avec un musicien. Patricia Greenwood Karagozian quant à elle, n’a aucune peur d’inclure le silence au sein de sa partition chorégraphique afin de créer une rupture. Cela fait partie pour elle également des solutions créatives.

Aussi, si dans d’autres esthétiques la bande son est seulement un support, en danse jazz le danseur va venir ajouter sa propre proposition sur celles des musiciens, comme dans un réel orchestre. Ainsi, cela rend subtil les processus créatifs. Les moments collectifs et individuels où un des artistes va prendre le « lead » vont se succéder. Ceci est la réelle essence du jazz. C’est d’ailleurs ce que souhaite communiquer Patricia Greenwood Karagozian avec sa nouvelle création The Spirit of Swing13. Ceci pourrait être également une métaphore de notre société : l’individualisme dans une communauté qui ne cesse de chercher le vivre ensemble.

De même, des chorégraphes s’affranchissent des codes et gagnent en liberté dans leurs choix musicaux au sein de leur création. Lhacen Hamed Ben Bella s’appuie notamment sur des textes forts servant de bandes sonores, Alain Gruttadauria aime aller dans des sonorités plus rock.

La formation à la création : un vivier pour l’art chorégraphique jazz de demain 

> De l’éducation nationale…

Des cours de danse moderne jazz du mercredi après-midi en MJC, école privée ou conservatoire aux ateliers de danse au sein du milieu scolaire, beaucoup d’élèves auront traversé cette discipline. Parfois en ayant la liberté de pouvoir créer à leur guise. Les nouveaux programmes des lycées, de l’enseignement commun de l’Éducation physique et sportive (EPS), indiquent qu’il est nécessaire pour les élèves de traverser un processus de création durant leur scolarité. Cette expérience créatrice et esthétique, initiée dès le cycle 1, poursuivie au collège, devient un impératif au lycée. Tout comme dans les textes officiels encadrant l’enseignement artistique, la notion d’atelier de composition apparaît clairement.

> …à la formation professionnelle

Lors d’un entretien réalisé avec Françoise Dupuy en février 2022, dans le cadre de la recherche doctorale menée par Frédérique Seyve sur la transmission de la danse jazz, la chorégraphe et pédagogue déplorait le cloisonnement qu’il y avait entre pédagogie et création. Pour cette grande dame de la danse, tout venait de cette créativité y compris au sein du cours. Aussi, toujours au sein de cette même recherche – même si de nombreux professeurs ayant obtenu leurs diplômes d’État de 2000 à 2020, constatent le manque d’une dimension artistique dans la formation au diplôme d’État – la notion d’atelier émerge de plus en plus. Cette dernière est notamment amenée par les formateurs. Cela devient d’ailleurs un critère dans l’évaluation finale. Cette inclusion de la créativité au sein du cours de la formation au terrain, permettrait à l’élève de s’exprimer davantage mais aussi de valoriser le contenu pédagogique et artistique qu’il acquiert au fil du temps.

Cette mise en place de l’atelier au sein de la pédagogie – et donc de la dimension créative – questionne le cloisonnement qu’il peut y avoir entre les différentes activités de chorégraphe, danseur et professeur de danse. Un professeur de danse jazz n’est-t’il pas un peu des trois de part l’investissement corporel engagé dans ses cours et les différents projets artistiques proposés (spectacles de fin d’année, participation à des évènements collectifs, concours…) ?

Actuellement, le PSPBB14 propose depuis 2007 le DNSPD15 en danse jazz , seule formation publique en Europe pour la danse jazz. Ce cursus permet de créer un vivier d’interprètes avec un bagage jazz, mais aussi des créateurs contemporains (jazz).

> Étiquetage non obligatoire et contemporanéité assumée

Il est fondamental aujourd’hui de parler de la création en danse jazz. Non pas pour valoriser une certaine catégorisation et cloisonner les disciplines, mais simplement pour démontrer que la création existe au sein de cette esthétique. Que cette dernière est dotée comme n’importe quel autre de processus lui permettant de porter des propos avec une réelle portée poétique et artistique assumée.

Jacques Alberca, à l’honneur lors d’un week-end de Mémoires Vives organisé par Codajazz et le Centre National de la Danse de Pantin, affirme lors d’une conférence qu’il était professeur et formateur en danse jazz, mais qu’en tant que chorégraphe il était simplement lui-même avec quelque chose à dire et à porter. En effet, de par les formations pluridisciplinaires, la pratique accrue de la danse jazz (assumée ou non par certains chorégraphes contemporains), pouvons-nous nous interroger sur l’usage de cette esthétique au sein des compagnies dites contemporaines ? Est-ce que la danse jazz ne ferait pas partie de part son vocabulaire, de l’essence de certains processus créatifs contemporains ?

Peut-être que la solution réside dans la recherche d’un juste milieu entre le rejet total de l’appartenance à cette esthétique, devoir catégoriser et réprimer les artistes, et ne pas du tout reconnaître la danse jazz ? Il serait donc temps à la fois d’actualiser la connaissance de cette esthétique, de ses fonctionnements et de lui laisser le bénéfice du doute. Sans oublier de ne plus avoir peur de citer son nom quand elle fait partie d’un processus, et ce peu importe le contexte. L’humilité et la générosité de cette esthétique n’empêchent pas sa reconnaissance créative, surtout quand les processus de création en danse jazz sont utilisés sur les scènes françaises actuelles.

Un article écrit par Fréderique Seyve et Vivien Visentin pour Pop’Sciences – 10 novembre 2023.

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Notes

[1] Définition de « processus » – Larousse

[2] Écrivaine, critique et historienne de la danse, spécialisée en esthétique de la danse et des arts visuels et artiste chorégraphique. Son ouvrage, Poétique de la danse contemporaine est devenu une référence.

[3] Elle a écrit notamment Éléments du langage chorégraphique (Vigot, 1981) et est considérée comme une des principales figures de la danse moderne en France.

[4] Concept où le corps n’est pas une simple identité unique, mais davantage une pluralité de dimensions.

[5] Diplômé de la High School of Performing and Visual Arts de Houston, ce danseur, chorégraphe (créateur en 1983 des Ballets jazz Rick Odums) et professeur (Directeur de l’Institut de Formation Professionnelle Rick Odums jusqu’en 2023) reconnaît deux influences importantes dans sa formation, celles de Patsy Swayze et de Frank Hatchett.

[6] Elle reçoit sa formation en danse classique et jazz sous la tutelle de Matt Mattox.Elle danse pour sa compagnie Jazz Art qu’elle suit à Paris en 1975. Elle danse et/ou chorégraphie pour de nombreuses compagnies, notamment pour Les Ballets Jazz Rick Odums, Reney Deshauteurs et la Compagnie Off Jazz de Gianin Loringett.

[7] Centre Nationale de la Danse à Pantin.

[8] Danseur, chorégraphe, il aime travailler sur la relation avec le public et les danseurs mais aussi sur la croyance que le corps peut communiquer et à quelque chose à dire.

[9] Danseur et chorégraphe contemporain, issu de la nouvelle génération émergente des chorégraphes flamands. Son travail se base sur une physicalité importante. 

[10] Danseuse et chorégraphe en danse contemporaine, connue pour son travail de pédagogue et de chorégraphe avec les enfants et les adolescents au sein du Groupe Grenade. 

[11] A propos de la compagnie Calabash

[12] VISENTIN, V, Vocabulaire et créativité : pour un langage au service de la création, p.49.

[13] Soutenue par la DRAC Ile de France pour l’aide à la création en 2023.

[14] Pôle Supérieur d’enseignement artistique de Paris Boulogne Billancourt.

[15] Diplôme National Supérieur Professionnel de Danseur.

PPour aller plus loin

  • Les autrices sur la composition chorégraphique 

> Poétique de la danse contemporaine – Laurence Louppe

> Outillage chorégraphique Manuel de composition – Karin Waehner

> Éléments du langage chorégraphique– Jacqueline Robinson

  • Travail autour des Sœurs Brontë 

> Aide à la recherche et au patrimoine en danse 2010, Sylvie Duchesne

  •  Dans le domaine de l’éducation nationale

> Revue AEEPS « Enseigner L’EPS 288«  – Septembre 2022.

> Sandrine Beulaigne et Cédric Préhaut, paru sous le titre :  Processus de création artistique ; Mobiliser par CONTRAINTES / Réguler par CONTRASTES

Des danses jazz aux danses hip-hop, il n’y a qu’un pas (de charleston) : des racines communes pour des inspirations chorégraphiques multiples

DDes danses jazz aux danses hip-hop, il n’y a qu’un pas (de charleston) : des racines communes pour des inspirations chorégraphiques multiples

Camille Thomas Konaté professeure de danse Jazz, responsable pédagogique du Centre de Formation Danse de Cergy, et Frédérique Seyve, Doctorante à l’Université Lyon 2 – Laboratoire Passages XX-XXI, Chargée de développement culturel pour plusieurs compagnies et responsable pédagogique au Centre Chorégraphique Calabash, ont tenu à se rassembler lors de cette co-écriture d’article afin de réfléchir ensemble sur les danses jazz et hip hop. Tout ceci dans une démarche de mise en lumière de l’histoire de ces danses, mais aussi d’analyse des différentes corporéités qui les traversent, sans oublier l’importance que ces pratiques peuvent avoir dans nos sociétés culturelles.

La richesse de la culture chorégraphique jazz : un même socle pour trois esthétiques – Contextualisation et historique

Les danses hip-hop, jazz1 et swing sont connues du plus grand nombre et s’articulent autour d’un patrimoine commun fédérant des communautés identifiées et identifiables. Ces disciplines populaires, parce qu’elles rassemblent, notamment au sein d’une pratique amateure, ont su ces dernières années s’imposer et évoluer sur le territoire français.

Ces trois esthétiques ont des racines communes qui découlent de traces restées profondément inscrites dans les mémoires corporelles et affectives des esclaves africains déportés sur le sol américain à partir du XVIIe siècle. À partir de ces traces, une nouvelle culture émerge au sein de laquelle danse, chant et rythmes sont indissociables de la vie collective et quotidienne2. L’évolution des danses dans le temps et l’émergence de nouvelles esthétiques sont donc influencées par celle de la musique et des rythmes.

Danses swing, jazz et hip-hop sont apparues dans des espaces collectifs de liberté3, propices au développement de nouvelles gestuelles nées d’échanges entre danseurs. Ces espaces étaient et sont encore multiples. Il peut s’agir de lieux de pratiques informels tels que la rue ou d’espaces festifs, souvent nocturnes, tels que les juke house, par exemple, dans le sud des États-Unis4. Pour la période swing des années 30-40, nous pouvons citer le célèbre dancing Savoy Ballroom (Harlem, New York) et son “coin des chats” où les meilleurs danseurs se défient et élaborent les évolutions de leur stylistique. Concernant les danses hip-hop, plus proches de nous dans le temps et l’espace, citons des lieux de pratique comme le Bataclan, La Grange aux Belles ou le Djoon en région parisienne5. Jeunes et moins jeunes s’y retrouvaient entre amis pour danser ensemble et mettre en avant leur talent aux yeux des autres participants de la soirée ou de l’après-midi avec le développement du jazz rock, stylistique méconnue de beaucoup qui fait pourtant le lien entre danses vernaculaires jazz et hip-hop.

Les danses swing sont et restent des danses sociales,  alors que la danse jazz, ou dite modern jazz (notamment par le fait qu’elle ne se pratique plus forcément sur la musique du même nom), se développe essentiellement au sein de lieux institutionnels (MJC, conservatoires, écoles privées ou centres de formation) ou est liée au monde de la compétition. Et, même si cela reste un vaste sujet, n’écartons en rien l’espace scénique où ces stylistiques ont entièrement leur place. Le hip-hop, lui, a su rester en lien avec ses origines de danses sociales et populaires, mais aussi s’imposer sur les scènes internationales quitte à tendre parfois vers une fluidité de corps plus en lien avec l’esthétique contemporaine. Nous en avons l’exemple avec Zéphyr, de Mourad Merzouki (danseur et chorégraphe français de danse hip-hop et de danse contemporaine).

Que ce soit de manière visible ou invisible, c’est à dire plus ou moins assumé de la part des chorégraphes, les danses hip-hop, swing et jazz représentent aujourd’hui une source d’inspiration inépuisable pour la création y compris pour la danse contemporaine6. Ce passage de la salle de danse, du ballroom ou de la rue à la scène entraîne bien sûr des différences de perceptions considérables pour les danseurs comme pour les spectateurs.

Quel que soit leur contexte et les personnes qui les pratiquent, ces danses savent entretenir une certaine magie de l’effervescence, mais aussi un pouvoir indescriptible de plus en plus rare de nos jours : celui de fédérer et de rassembler. La sollicitation des sens, l’importance de la relation à la musique, les revendications que portent ces esthétiques ou leur côté performatif permettent aux pratiquants de repousser leurs limites. Tant celles des créateurs par les métissages interdisciplinaires à créer, que des artistes à pousser l’engagement corporel, que des spectateurs ou danseurs amateurs à être toujours aussi nombreux.

Le charleston à travers les âges comme exemple

Fondamentalement liées par leur histoire commune, danses swing, jazz et hip-hop sont imbriquées les unes aux autres comme des évolutions logiques en lien avec la société et le progrès. Afin d’argumenter notre réflexion sur l’émergence et l’évolution de pas spécifiques selon les époques, nous avons décidé de partir de l’exemple du charleston. Pratiqué par la population noire de la ville de Caroline du Sud qui lui donne son nom, il figure dans plusieurs spectacles de Broadway dès 1922 et connaît la consécration en 1923 dans les Ziegfeld Follies.

Il va alors se répandre dans les salles de bal de la communauté blanche et susciter un engouement mondial7 jusqu’en France, avec Joséphine Baker dans la Revue Nègre présentée à Paris en 1925.

Le charleston intervient dans une période de révolution sociale, de renouveau et de liberté, notamment pour la femme après une seconde guerre mondiale traumatisante. Cette danse révolutionnaire des années 20 repose sur une grande vélocité du bas des jambes grâce, notamment, aux genoux pliés, l’utilisation de l’en-dedans et de l’en-dehors dans une rapidité intense, avec une pointe de pied qui simule un écrasé de cigarette. Ceci sans oublier la distinction de mouvement entre partie haute et partie basse du corps pour permettre notamment une expression du visage (yeux roulants, sourire, mimiques …), qui a su rester présente au fil des années. Le corps est totalement engagé, car elle sollicite l’articulation de la hanche dans les mouvements de rebond (caractéristiques des danses swing), mais aussi le haut du buste, bras compris, qui accompagne cette trépidation rythmique. Contrairement au cake walk8 fondé sur une marche, le charleston se danse sur place de manière saccadée et très syncopée. Les mouvements symbolisent une certaine angularité et induisent à la fois dissociation et coordination de tout le corps. Le charleston se danse seul comme le shimmy, et en cela il bouscule les codes des danses de société de l’époque.

Souvent en face à face avec ou sans contact, il sollicite tout de même une interaction communautaire sans hiérarchie entre les partenaires, reprenant ainsi les codes du jazz.

Même si le charleston reste le symbole des années folles et de l’émancipation des femmes, il va être concurrencé par le black bottom et supplanté par les danses swing  dans les années 40. Néanmoins, son histoire ne s’arrête pas là. Il va connaître plusieurs résurrections. Vers 1950 il sera baptisé charley bop et dansé au rythme du rock’nroll. Tout comme la musique, la danse jazz évolue avec son temps en interaction avec la société. Or, il est intéressant d’étudier comment ce pas de danse a su s’adapter à son époque tel un caméléon intemporel.

Le charleston au sein de la culture hip hop : pas de danse fondateur et héritage

Le contexte lié à l’arrivée du hip-hop dans les années 70, et notamment celle du breaking au sein des premières Block Party organisées à New York par les communautés noires américaines sur des sonorités funk ou soul, rappelle celui dans lequel ont émergé les danses jazz. L’essor de la culture hip-hop est rapide. Elle arrive en France dans les années 80 et, tel un raz de marée, s’impose en soirée, engloutissant sur son passage les rythmes et les danses à la mode, à l’instar du jazz rock, par exemple.  Quoi qu’il en soit, partout où les danses hip-hop se développent, le lien avec les danses jazz, sur lesquelles elles fondent leur ADN (racines africaines, pratique sociale, recherche d’une signature personnelle, mode de revendication), est indiscutablement présent. Voilà pourquoi nous y retrouvons notre pas de charleston avec, cette fois, une énergie plus détendue.

Moncell Durden, universitaire et professeur de danse hip-hop aux États-Unis, travaille à la valorisation de ces danses vernaculaires jazz comme héritage pour la danse hip-hop et démontre que le charleston est toujours présent dans cette stylistique. Le passage de l’en-dedans à l’en-dehors est moins prononcé, l’énergie plus cool, mais le lien au sol très présent notamment à travers ce que l’on nomme le bounce, caractéristique fondamentale de la danse hip-hop des années 90. Moncell Durden fait ressortir cette analogie entre les deux genres en reprenant une dizaine d’autres pas empruntés aux danses jazz vernaculaires comme le stomp off ou le twist. L’appropriation de ces pas par les danseurs hip-hop implique simplement une stylisation nouvelle. La danse jazz reste donc bien présente dans le genre hip hop et le reconnaître permet de mieux en cerner l’histoire.

Les danses swing : retour aux sources

Le chemin du charleston ne s’arrête pas là. En effet, on le retrouve également dans des compétitions de danses swing. Ces disciplines ont retrouvé un engouement tout particulier sur le territoire national, européen et mondial, depuis une dizaine d’années. Des concours sont organisés afin de valoriser les meilleurs danseurs comme autrefois. C’est le cas de la Savoy Cup où les danseurs français ne sont pas en reste.

Aussi, les concours de charleston sont encore nombreux à travers le monde et suscite un engouement :

Le charleston et la terminologie jazz comme inspiration au sein de la création chorégraphique française…

Quant à la danse dite modern jazz, elle s’est quelque peu détachée dans un premier temps des danses vernaculaires pour aller à la fois vers l’académisme, mais aussi vers la création savante ou en lien avec le monde du divertissement (télévision, cinéma…). Elle s’est aussi éloignée de la musique jazz pour des sonorités plus actuelles. Néanmoins, elle ne les a pas oubliées pour autant puisque les petits pas issus des danses sociales swing font partie de son vocabulaire. La terminologie jazz ainsi constituée favorise la transmission d’un héritage aux jeunes générations au travers des cours et de la création. Des ouvrages résument d’ailleurs cette terminologie dans l’apprentissage du diplôme d’état de professeur de danse jazz et des travaux de recherche portés par Vivien Visentin et Aurore Faurous9, sont actuellement menés à ce sujet.

Au sujet de l’utilisation de la terminologie au sein de la création jazz, la Compagnie PGK illustre bien ce fait dans sa dernière pièce The Spirit of Swing, où la présence de solis réactualisent avec finesse quatre personnalités de la danse jazz comme Joséphine Baker et son célèbre charleston, ainsi que Jack Cole, Gwen Verdon et Earl Snakehips Tucker, ceci sans porter le poids du passé, mais seulement comme socle solide pour tendre vers une certaine contemporanéité dans le traitement créatif. Cette création emploie régulièrement le vocabulaire issu des danses vernaculaires, dont le charleston, tout en le rendant actuel (c’est le cas dans le solo de Magali Vérin, danseuse de la Compagnie PGK). Il est traversé par des corps de danseurs qui déconstruisent ces petits pas en permettant à la danse d’être en perpétuelle évolution.

>> Pour illustrer :

… jusqu’à la création chorégraphique internationale pour une présence de la danse jazz vivante

Nous avons tendance à valoriser davantage les territoires européens et américains lorsque nous parlons de l’évolution de ces esthétiques. Cependant, il ne faut pas oublier l’héritage africain de cette histoire, même si elle porte le poids de l’esclavage. D’un point de vue stylistique, il est flagrant que ce continent lie parfaitement les deux autres. Ceci est frappant dans le travail du collectif sud-africain Via Katlehong, créé en 1992 pour lutter contre la criminalité à la suite de l’Apartheid.

Cette compagnie fait très bien le lien entre le passé et notre monde chorégraphique actuel. Son répertoire s’inspire de danses traditionnelles telles que la pantsula, le gumboots, mais aussi des steps, des claquettes et des percussions corporelles entremêlés à la modernité des danses urbaines portées par les jeunes générations de danseurs. Ainsi, dans Via Sophiatown (et notamment à la dixième minute trente du reportage) nous pouvons à la fois constater l’influence culturelle américaine des années 40 sur l’Afrique du Sud, mais aussi cette mixité d’esthétiques dans le solo gumboots.

La création Via Injabulo vient exacerber la présence des danses urbaines et renforcer notre argumentaire de l’analogie des pas de danses jazz vernaculaires à la danse hip-hop notamment avec de nouvelles œuvres créées par des chorégraphes comme Amala Dianor.

Ce que nous retiendrons en parlant de ces différentes esthétiques jazz, swing, modern jazz ou hip hop, c’est l’envie communautaire de rassembler par la danse comme un besoin, une nécessité, une survie, une rébellion de l’âme et ce, peu importe le contexte culturel. Ce qui explique qu’elles remportent, malgré les années qui passent, tous les suffrages des spectateurs, mais aussi de jeunes danseurs toujours aussi présents. Ces danses sont comme le phœnix : elles savent renaître de leurs cendres d’une manière nouvelle sans oublier leur essence première, animer une envie de vivre et de s’exprimer malgré tout avec humilité et en sachant souvent s’éclipser sans s’effacer, pour faire place à un renouveau. Nous sommes donc certaines que d’autres charlestons sauront enflammer de nouvelles pistes de danses.

Un article écrit par Camille Thomas Konaté et Frédérique Seyve, pour Pop’Sciences – 1er mars 2023

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Notes

[1] Précisons que l’emploi des termes danses jazz, danses swing réfère aux danses vernaculaires des années 20 à 40, et que celui de modern jazz fait référence à l’esthétique née à partir des années 50 (emprunt à la fois des danses vernaculaires et des techniques modern, classique et autres métissages).

[2] SEGUIN Éliane, Histoire de la danse Jazz, Édition Broché, 2002.

[3] Terme développé par Camille Thomas dans son mémoire de fin d’études pour le Certificat d’Aptitude au CNSMD de Lyon intitulé : investir des espaces collectifs de liberté pour développer sa danse: regard croisé sur l’apprentissage des danses jazz et hip-hop.

[4] COUGOULE Odile, Enseigner la danse jazz, Ouvrage collectif sous la direction d’Odile Cougoule avec Patricia Greenwood Karagozian, Daniel Housset et Cathy Grouet, Collection Cahiers de la Pédagogie, Édition Centre National de la Danse, 2007.

[5] Entretiens de P. Almeida, mai 2022 et J-C. Marignale, janvier 2022, menés dans le cadre du même mémoire de fin d’études de Camille Thomas Konaté.

[6] La danse contemporaine s’est développée en Europe surtout dans les années 1970, sous plusieurs influences, notamment la « Nouvelle Danse française ». Ce courant voulait se détacher de la danse moderne américaine, et de l’influence de l’Opéra de Paris sur la scène artistique française. En Allemagne, on peut notamment citer Pina Bausch et son travail sur la danse-théâtre, ou encore Mary Wigman, pionnière dans la danse expressionniste. La danse contemporaine en Europe reste actuellement une scène riche avec une multitude d’artistes d’horizons variés. Source Numéridanse – Théma Les danses contemporaines européennes .

[7] Article écrit par Daniel Housset dans un document pédagogique remis aux stagiaires de la formation au Certificat d’Aptitude du professeur de danse jazz au CNSMDL.

[8] Danse populaire afro-américaine née dans le sud des États-Unis vers 1850 et importée en Europe en 1900.

[9] Vivien Visentin est danseur, chorégraphe, enseignant au conservatoire de Troyes en danse jazz et formateur au D.E, diplômé du C.A. Aurore Faurous est danseuse, chorégraphe, enseignante en danse jazz au conservatoire de Clichy sous Bois et actuellement en formation au Certificat d’Aptitude au CNSMDL.

PPour aller plus loin

  • Autour de la terminologie de la danse jazz :

> Terminologie & danse jazz

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  • Danses traditionnelles sud-africaines :

> Danse sud-africaine : la culture de la pantsula perpétue l’histoire

> Danse Gumboot à Kliptown, township de Johannesburg – Afrique du Sud

FESTIVAL INTERFÉRENCES CINÉMA DOCUMENTAIRE DÉBAT PUBLIC

FFESTIVAL INTERFÉRENCES CINÉMA DOCUMENTAIRE DÉBAT PUBLIC

En parallèle de sa compétition dédiée au cinéma documentaire d’auteurs et autrices de création, le festival Interférences souhaite explorer les manières dont les réalisateurs et réalisatrices, le monde de la recherche et les institutions à caractère scientifique (laboratoires, universités, cabinets d’experts…), se saisissent des images pour parler des sciences. Comment l’image devient le vecteur d’une médiation scientifique ?

9h30

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JONATHAN MILLET

2017 | FRANCE | 59 MIN

Les pensées et les souvenirs se bousculent durant l’expérience de solitude extrême. Là-bas, dans l’immensité glacée, les corps tournent en rond alors que l’esprit de l’hivernant marche à plein. Une seule chose est sûre se dit-il : pas besoin d’autres mondes, seulement de miroirs.

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FRANCE | 2017 | 60 MINUTES
Le lichen est partout : sur les bâtiments, les roches, les arbres, les sols, dans les déserts de sable comme de glace. Pourtant beaucoup ignorent tout de lui. Le film s’écrit comme une ethnographie de l’espèce lichénique révélant dans ses rapports avec les Hommes sa force mythologique et poétique.

11H30

Sibérie : les aventuriers
de l’âge perdu
BARBARA LOHR
FRANCE | 2017 | 36 MINUTES
Aux confins de la Sibérie, le combat titanesque d’un géophysicien russe et de son fils contre le réchauffement climatique. Sergueï et Nikita Zimov
tentent de désamorcer la bombe climatique qui est amorcée sous leurs pieds : la fonte du permafrost.

 

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