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EN SAVOIR PLUS

Recherche en psychiatrie et santé mentale : une journée scientifique ouverte à tout public

RRecherche en psychiatrie et santé mentale : une journée scientifique ouverte à tout public

La première journée scientifique de la Fédération de recherche en psychiatrie et santé mentale d’Auvergne-Rhône-Alpes se tiendra le mardi 18 novembre prochain à Lyon.

Entièrement gratuite, ouverte à toutes et tous, la journée vise à rassembler la communauté régionale pour échanger autour des projets de recherche, partager nos expériences, favoriser l’interconnaissance et identifier les thèmes à investiguer ensemble.

Organisée par : P2RSM – Plateforme/Fédération Régionale de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale en Auvergne-Rhône-Alpes – qui a pour mission d’accompagner et de structurer la recherche en psychiatrie et santé mentale dans la région.

Consultez le programme sur le site :

P2RSM

Prendre soin de sa santé mentale par l’activité physique

PPrendre soin de sa santé mentale par l’activité physique

Une personne sur quatre souffrira d’un trouble mental au cours de sa vie. Les grandes avancées en psychiatrie datent de la seconde moitié du XXe siècle. L’activité physique est un véritable levier : elle réduit le stress, améliore l’estime de soi et favorise les apprentissages. Au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine pour les adultes, et 1 heure par jour pour les enfants.

Le 17 avril 2025, la Fondation Neurodis organisait à la Faculté de médecine Jean Monnet de Saint-Étienne une conférence sur un sujet d’ampleur : la santé mentale. Une soirée dynamique et inspirante, marquée par l’accueil chaleureux du Doyen, le Pr Berthelot, et les interventions du Dr Mehdi Housni et du Pr Guillaume Millet.

Une soirée riche d’enseignements… à (re)découvrir en vidéo !

Intervenants :

  • Santé Mentale : Comprendre, démystifier et prévenir : Docteur M. Housni, psychiatre au Centre Hospitalier Universitaire – CHU de Saint-Étienne ;
  • Les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale : Professeur G. Millet de l’Institut régional de médecine et d’ingénierie du sport – IRMIS.

> La rediffusion :

>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur la chaine YouTube : 

FONDATION NEURODIS

Prendre soin de sa santé mentale par l’activité physique

PPrendre soin de sa santé mentale par l’activité physique

Et si bouger, c’était déjà prendre soin de son esprit ?

C’est cette conviction, à la fois simple et puissante, qu’a défendue la Fondation Neurodis lors de sa conférence « Prendre soin de sa santé mentale par l’activité physique », tenue le 17 avril à Saint-Étienne.

Portée par deux intervenants complémentaires, le Professeur Guillaume Millet, spécialiste de physiologie de l’exercice et le Docteur Mehdi Housni, psychiatre au CHU de Saint-Étienne, cette rencontre a proposé un dialogue passionnant entre médecine, sciences du sport et santé publique.

Le message est clair : l’activité physique est un levier puissant pour prévenir, accompagner et parfois même améliorer les troubles psychiques, des plus légers aux plus sévères. Et cela concerne tout le monde.

>> Lire l’article :

Fondation Neurodis 

Etude Purple : c’est parti !

EEtude Purple : c’est parti !

En 2025, les Français consacrent en moyenne deux heures par jour à l’utilisation des réseaux sociaux, principalement à Facebook, Tiktok, X, Youtube, Instagram et Snapchat.

Sources d’avantages indéniables, les réseaux sociaux soulèvent également des préoccupations quant à leur conséquences sur la santé mentale et le bien-être. Ces conséquences sont aujourd’hui mal-connues, notamment parce qu’il existe beaucoup d’usages différents des réseaux sociaux, n’ayant probablement pas les mêmes impacts sur la santé.  ​On peut utiliser les réseaux sociaux pour rester en contact avec la famille et les amis, regarder des vidéos, s’informer, faire des achats, passer le temps, se relaxer, trouver de l’inspiration, apprendre de nouvelles choses, etc. (1). 

Or, la plupart des études qui ont été menées sur le sujet ne prennent pas cet aspect en compte, s’intéressant seulement au temps passé sur les réseaux sociaux.

Le Services Hospitalo-Universitaires d’Addictologie de Lyon lance cet appel à participation dans le cadre de PURPLE : Prévalence de l’Usage problématique des Réseaux sociaux en Population généraLE. Si vous avez plus de 13 ans, vous pouvez y participer (l’enquête est anonyme).

> L’étude vise à répondre à plusieurs questions :  

  • Quelle est la proportion de français ayant un usage problématique des réseaux sociaux ?
  • Y a-t-il un type d’usage des réseaux sociaux plus/moins associé à des symptômes anxieux, dépressifs, à des troubles du sommeil ou à d’autres troubles psychiatriques ?
  • Les parents qui s’auto-régulent sur les réseaux sociaux ont-ils tendance à plus réguler l’usage de leurs enfants ?

>> Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : 

Addictolyon

©Addictolyon

Festival Explore ta santé

FFestival Explore ta santé

Une bonne santé, ça se niche dans les détails du quotidien !  Pour aider chacun à les découvrir, « Explore ta santé » propose un mois d’animations dans chaque arrondissement de Lyon.

Une programmation variée pour aborder de façon pédagogique et participative des sujets comme les maladies chroniques, la santé mentale et environnementale, l’alimentation, les addictions, le bien-être, les gestes de premiers secours, ou encore le sport-santé…

À cette occasion, plusieurs établissements de recherche proposent des visites et des conférences.

>> À noter deux rendez-vous :

  • Samedi 5 avril : conférence déambulatoire « Santé Unique » au Parc de la Tête d’or à 9h30 et à 11h >> Renseignements et inscription ici
  • Samedi 12 avril : une journée ludique pour explorer sa santé sous toutes ses formes et découvrir des outils pratiques pour prendre soin de soi et de ses proches – Stand SHAPE-Med et jeu du Tangram – Lieu : Hôtel de Ville de 11h à 18h >> Renseignements ici

Pour en savoir plus :

Festival Explore ta santé

 

Hacking Health Lyon #8

HHacking Health Lyon #8

Imaginer la santé de demain en répondant aux besoins concrets des citoyens/usagers : c’est la mission du Hacking Health depuis son arrivée à Lyon en 2016 grâce aux relations privilégiées entre la Métropole de Lyon et Montréal où le mouvement est né.

Vous souhaitez transformer la prévention-santé ? la vie des patients ? des soignants ? des usagers de santé ? Cet événement est fait pour vous ! En mobilisant votre expérience/vécu, vos connaissances, vos compétences et les expertises de notre écosystème santé, le Hacking Health Lyon vous propose de vous engager dans un exercice unique d’innovation ouverte, dédié aux sujets de la santé.

> Cette année, 4 thématiques en santé sont à l’honneur !

  • Réinventons la santé mentale

La maladie mentale et les troubles psychiques touchent près d’1/5 de la population, soit 13 millions de Français (données OMS). Il est urgent de faire bouger les choses… Nous sommes, tous, touchés par une personne en souffrance psychologique, un aidant en difficulté, un professionnel sans solution. Vous avez un projet ? Une petite idée ?  Venez la challenger et faisons, ensemble, bouger les lignes.

  • Réinventons le vieillissement

La prévention de la perte d’autonomie et l’accompagnement de l’allongement de la vie sont un des grands défis à relever dans notre société. Un objectif : améliorer le quotidien des personnes âgées, des aidants et des professionnels ! Vous avez une approche sociale ? technologique ? sociétale ? organisationnelle ? parlons-en !

  • Réinventons le prendre soin

Prendre soin c’est s’occuper de la vie, rechercher comment, quel-que soit l’état de santé du bénéficiaire, il est possible de générer pour chacun  un mieux-être, un mieux-vivre avec soi-même ou avec son entourage. Prendre soin, c’est une approche centrée sur la personne, un défi au quotidien. Vous avez une initiative sociale et solidaire en santé ? Le Hacking Health est fait pour vous…

  • Réinventons les soins non programmés

Prendre soin c’est s’occuper de la vie, rechercher comment, quel-que soit l’état de santé du bénéficiaire, il est possible de générer pour chacun  un mieux-être, un mieux-vivre avec soi-même ou avec son entourage. Prendre soin, c’est une approche centrée sur la personne, un défi au quotidien. Vous avez une initiative sociale et solidaire en santé ? Le Hacking Health est fait pour vous…

> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : 

Hacking Health 2025

« La recherche en addictologie avance au rythme de la société » | Visages de la science

«« La recherche en addictologie avance au rythme de la société » | Visages de la science

Julia de Ternay, psychiatre spécialisée en addictologie, souhaite lancer une étude inédite sur les réseaux sociaux. Ce projet de recherche, unique en France, lui a valu d’être sélectionnée par la Fondation Hospices Civils de Lyon (HCL) dans le cadre de l’appel à projets « jeunes chercheurs » 2023 des HCL.

Quels usages faisons-nous des réseaux sociaux ? Quelles sont nos motivations ? Sommes-nous vraiment dépendants à nos contenus numériques ? Et quelle est la prévalence de l’usage problématique des réseaux sociaux dans la population générale ? C’est à cette question que l’étude « Purple » va tenter de répondre.

« On parle d’addiction aux écrans, aux smartphones. De nombreux articles ont paru, pour autant, la science n’a pas encore tranché : ces comportements relèvent-ils réellement d’une addiction, c’est-à-dire d’une maladie qui entraîne une prise en charge ? », interpelle Julia de Ternay, psychiatre, cheffe de clinique au CHU de Lyon et instigatrice du projet de recherche.

Officiellement, la seule addiction liée aux écrans reconnue à ce jour et depuis 2017 par l’Organisation mondiale de la santé est l’addiction aux jeux vidéo. Quand les comportements addictifs « engendrent de la souffrance et peuvent mettent en péril la santé physique et mentale. » 

La psychiatre souhaite mener l’étude « Purple », née de sa réflexion sur l’évolution de la société à l’ère numérique.

« Les technologies numériques ont envahi notre quotidien d’une manière très rapide et il a fallu nous adapter. Aujourd’hui les écrans font partie de notre vie et la plupart du temps l’usage qui en est fait ne pose pas problème. Cependant, pour certains, il peut l’être. C’est en s’intéressant aux usages que l’on en saura davantage sur nos comportements et que l’on pourra déterminer s’ils témoignent d’un comportement addictif, avec perte de contrôle, et occasionnent des impacts négatifs sur la santé mentale tels des symptômes dépressifs, anxiété, etc. » 

 >> Lire la suite de l’article sur le site :

Hospices civils de Lyon

Pour aller plus loin :

Santé mentale : entre pathologies et bien-être | Un dossier Pop’Sciences

SSanté mentale : entre pathologies et bien-être | Un dossier Pop’Sciences

Durant l’année universitaire 2024-2025, la ComUE Université de Lyon va inaugurer un centre de santé mentale pour les étudiants dans le 7e arrondissement de Lyon. À cette occasion, Pop’Sciences sintéresse à la recherche qui est menée dans le champ de la santé mentale sur le site universitaire de Lyon Saint-Étienne.

« Nous sommes tous concernés ! » nous interpelle le service de la vie étudiante de l’Université de Lyon sur ses pages dédiées à la santé mentale.

Voilà qui pourrait surprendre… mais la définition de la santé formulée par l’organisation mondiale de la santé (OMS) – qui proclame que « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » nous dit combien nous sommes toutes et tous concernés ! Ainsi la santé mentale s’envisage dans un continuum qui va du bien-être, de l’épanouissement personnel, en passant par notre capacité à disposer de ressources psychologiques pour nous permettre d’agir dans la société, aux situations de détresse psychologique réactionnelle, pouvant être provoquées lorsque nous traversons des situations éprouvantes, des difficultés existentielles, jusqu’aux troubles psychiatriques plus ou moins handicapants. Notre santé mentale se réalise ainsi par la qualité des relations que nous entretenons dans le contexte social, économique, biologique et environnemental de nos existences.  Comment la qualité de ce système de relations conditionne notre santé mentale ?

S’il est incontournable d’explorer ce qu’il se passe du côté des politiques de santé et du soin, il se révèle nécessaire d’explorer les travaux d’études et de recherches qui sont menées, tant à l’échelle de l’individu que de la société, par les chercheurs en neurosciences, en médecine, en sciences humaines, en droit, en philosophie… il se révèle alors un système foisonnant d’institutions qui travaillent ensemble.

Avec Leslie Wallart du l’équipe de recherche PsyR2, nous avons composé une représentation de ces institutions et leurs interactions. Cette « carte mentale » n’a pas pour ambition d’être un inventaire exhaustif, il s’agit avant tout de montrer le grand nombre et la variété des institutions qui travaillent dans le champ de la santé mentale, selon trois entrées, que sont les politiques publiques, le soin et la recherche.

Nous vous invitons à ouvrir la carte et cliquer sur les liens afin de mieux découvrir les travaux et missions des différentes institutions et programme de recherche.

>> Cliquer sur la carte mentale pour l’afficher en grand écran :

>> La santé mentale une question médicale, sociale et politique ?

Et si s’intéresser à la santé mentale, à sa santé mentale, était une invitation à nourrir une réflexion et à agir pour mieux faire société, cela en développant des capacités à diversifier les liens que nous tissons avec nos environnements, en étant plus inclusif et attentif aux différents régimes de relations au monde que chacun peut construire. Et si s’intéresser à la santé mentale nous permettait de changer nos regards sur nos vulnérabilités et celle des personnes qui nous entourent ?

Pour penser ces questions, nous avons traversé les travaux de la philosophe Élodie Giroux, rencontré l’historienne Isabelle Von Bueltzingsloewen, les Professeurs Nicolas Franck, Frédéric Haesebaert, et Benjamin Rolland,  tous les trois psychiatres, ainsi que Rebecca Shankland, professeur en psychologie, Guillaume Sescousse, chercheur en neurosciences, Benoît Eyraud et Nicolas Chambon, tous les deux sociologues, Gwen Le Goff, politiste, et Nathalie Dumet, psychologue clinique.

Nous les remercions pour leur contribution à la réalisation de ce dossier.

  Les articles du dossier

  • #1 Penser la santé

Tête de femme « Méduse », Lumière et Ombre, 1923 au musée des Beaux-Arts de Lyon / ©Jawlensky Alexej von – Wikimédia commons

Si la santé est un état, c’est aussi un concept. La question de la santé peut alors être envisagée autrement que sous l’angle de la médecine, comme situation particulière d’un organisme, mais aussi à partir de ce qu’implique sa définition. La philosophie s’est ainsi emparée du terme et de ce qu’il entend décrire, conduisant une véritable enquête réflexive à la recherche des contours d’un objet polymorphe.

 

Lire l’article #1

 

  • #2 La santé mentale : un champ en perpétuelle transformation

A Woman Suffering from Obsessive Envy, circa 1819-1820, au Musée des beaux arts de Lyon / ©Alain Basset, Stéphane Degroisse – Wikimédia commons

La conception de la maladie mentale et de sa prise en charge a considérablement changé au fil du temps. Mais c’est à partir de 1950, et surtout depuis les années 1990, qu’interviennent les ruptures les plus fortes et que s’impose le terme de santé mentale. Celle-ci est intégrée au champ de la santé globale alors que la priorité est désormais de maintenir les personnes atteintes de troubles psychiques dans l’espace social.

 

 

Lire l’article #2

 

  • #3 Le rétablissement en santé mentale

Revolution of the Viaduct, 1937 of the collection Hamburger Kunsthalle / ©Rachedi Kamel – Wikimédia commons

Apparue dans les pays anglo-saxons dans les années 1970, la notion de rétablissement en santé mentale a peiné à se faire une place en France. Du chemin a été parcouru depuis et, aujourd’hui, le rétablissement est l’un des objectifs affichés de la prise en charge psychiatrique.

 

 

LIRE L’ARTICLE #3

 

  • #4 L’autonomie : un droit humain – Exemple de la démarche Capdroits

After Right – to the Left, 1932 in Christie’s London / ©wassily kandinsky – Wikimédia commons

Les sociétés démocratiques reposent sur le principe d’une égale capacité civile et politique de tous les citoyens à décider et à agir pour eux-mêmes. Dans de nombreuses situations de vulnérabilité (liées notamment à des difficultés de santé mentale), cet idéal d’égale autonomie est fragilisé, conduisant des proches ou des professionnels à intervenir pour la personne, parfois à sa place, pour la protéger d’une décision – ou absence de décision – qui pourrait mettre la personne en danger. Les mesures civiles de protection (curatelles, tutelles) ou de soin sans consentement donnent un cadre juridique à ces interventions visant à protéger ou soigner des personnes vulnérabilisées. Ces mesures prévoient dans différentes traditions juridiques que cette intervention doit se faire « dans le meilleur intérêt de la personne », ce qui a constitué pendant longtemps le paradigme de régulation du soin et de l’accompagnement.

Lire l’article #4

 

  • #5 Le psychotrauma

The Great Wave off Kanagawa, between circa 1830 and circa 1832 in Metropolitan Museum of Art / ©Metropolitan Museum of Art – Wikimédia commons

Enquêter sur la dimension sociale et politique du psychotraumatisme. Accident, violences, attentats, viols, maltraitances, harcèlement : les liens entre ces évènements et la santé mentale paraissent aujourd’hui évidents. Prévenir l’apparition d’un état de stress post-traumatique est devenu un enjeu de santé publique majeur. Dès lors, éviter les situations et les actes traumatogènes se révèlent être un enjeu social et politique d’envergure.

 

Lire l’article #5

 

  • #6 Addictions : la fatalité n’existe pas

The Card Players, between 1890 and 1892 in the Metropolitan Museum of Art / ©Bequest of Stephen C. Clark – Wikimédia commons

Certes, nous ne sommes pas tous égaux face aux addictions. Chacun possède des facteurs de risque et de protection, individuels et environnementaux, qui nous rendent plus ou moins vulnérables. Pour autant, nos destins ne sont pas tracés d’avance et l’évolution des comportements des individus recèle aussi une part de mystère. Face à une hétérogénéité de profils et de trajectoires, les vérités générales sur les addictions doivent être combattues.

 

  • #7 Orthorexie : quand manger sain dessert l’équilibre de l’individu

Untitled, 1907 in Christie’s / ©Christie’s – Wikimédia commons

Si la psychologie et la psychopathologie cliniques d’orientation psychanalytique ont traditionnellement pour objet l’étude de l’Homme, sa personnalité, son équilibre psychique et ses souffrances subjectives, force est de reconnaître que la frontière est parfois bien ténue entre ce qui relève du normal et du pathologique1. Le souci particulièrement exacerbé en France aujourd’hui du « bien manger », autrement dit le souci d’une alimentation saine, en constitue une illustration.

[1] Même si de fait certains troubles psychopathologiques majeurs (hallucinations et délires de patients psychotiques, dépression et troubles bipolaires de certains autres sujets, etc.) laissent peu de doute planer.

Lire l’article #7

 

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MMerci !

Ce dossier a été réalisé grâce à la collaboration de différents chercheuses et chercheurs, et enseignants-chercheurs, des établissements de la ComUE Université de Lyon :

  • Élodie Giroux, professeure des universités en philosophie des sciences et de la médecine à l’Université Jean Moulin Lyon 3 et chercheure à l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon –  IRPhiL .

Nous les remercions pour le temps qu’ils nous ont accordé.

 

Un dossier rédigé par :

  • Isabelle Vio, chargée de projet Pop’Sciences (introduction) ;
  • Ludovic Viévard, Docteur en philosophie de l’Université Paris Sorbonne, (articles #1 et #2) ;
  • Clémentine Vignon, journaliste scientifique (articles #3 et #6) ;
  • Benoît Eyraud, Maître de conférences en sociologie Université Lumière Lyon 2 (article #4) ;
  • Nicolas Chambon, sociologue, responsable du Pôle Recherche à l’Orspere-Samdarra, et Gwen Le Goff, directrice-adjointe de l’Orspere-Samdarra (article #5) ;
  • Nathalie Dumet, Psychologue clinicienne et psychanalyste Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon 2 (article #7).

Penser la santé | #1 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

PPenser la santé | #1 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

Tête de femme « Méduse », Lumière et Ombre, 1923 au musée des Beaux-Arts de Lyon / ©Jawlensky Alexej von – Wikimédia commons

Si la santé est un état, c’est aussi un concept. La question de la santé peut alors être envisagée autrement que sous l’angle de la médecine, comme situation particulière d’un organisme, mais aussi à partir de ce qu’implique sa définition.

La philosophie s’est ainsi emparée du terme et de ce qu’il entend décrire, conduisant une véritable enquête réflexive à la recherche des contours d’un objet polymorphe.

Un article rédigé par Ludovic Viévard, rédacteur,
pour Pop’Sciences – 29 février 2024

 

 

 

 

Absence de maladie ou bien-être ?
Longtemps comprise comme un déséquilibre des humeurs composant le corps, la santé ne se conçoit qu’à partir du 19e siècle comme l’absence de maladie. Elle devient science de la pathologie et, dans ce modèle dit biomédical, elle est le domaine exclusif du médecin. En 1946, l’Organisation mondiale de la santé en formule une nouvelle définition :

« un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Un état positif donc, dans la mesure où il n’est pas l’effet d’un manque, mais sous-tend une forme de plénitude de l’être que celui-ci soit envisagé dans sa dimension relationnelle ou individuelle. Avec l’explosion des maladies chroniques, la santé évolue encore ; puisqu’il s’agit de vivre avec et non d’en guérir, elle sera considérée comme « la capacité d’adaptation et d’autonomie face à des défis sociaux, physiques et émotionnels »1.

Engelshut, 1931 / ©Gemäldescan Christian Mantey – Wikimédia commons

La santé comme objet d’enquête philosophique
Ce (trop) rapide tour des conceptions de la santé vise seulement à souligner combien la notion de santé a varié. Mais au-delà de l’histoire des idées – qui en décrit l’évolution des formes dans le temps –, la santé peut être interrogée en tant que concept. C’est tout l’objet de la philosophie de la santé explique Élodie Giroux, professeure des universités en philosophie des sciences et de la médecine – Université Jean Moulin Lyon 3, pour qui il s’agit « d’interroger des concepts du sens commun, de les critiquer ou de questionner leur usage »2. Une entreprise d’autant plus nécessaire que la santé est un concept « vulgaire », dira le philosophe G. Canguilhem, au sens où il appartient à tout le monde. Cette enquête philosophique, indique la chercheure, « engage des questions [telles que] : qu’est-ce que la normalité humaine ? Qu’est-ce que l’identité, la norme, la différence, la ressemblance, les rapports entre le même et l’autre ? Y a-t-il une définition biologique de la norme et de l’espèce humaine ? Comment s’articulent les dimensions biologiques, sociales, psychiques de la vie humaine dans les notions de santé et de maladie ? »3

L’individu, la société, la planète
Pour comprendre la pleine portée de ce questionnement philosophique, on peut évoquer quelque unes des frontières qu’il bouscule. Georges Canguilhem, par exemple, portera son effort critique sur la rationalité médicale. La médecine, essentiellement empirique et statistique, édicte un état normal qu’elle oppose au pathologique. Or, dira Canguilhem, la vie est normative, au sens où elle produit ses propres normes nécessaires à son maintien et à son développement. Ainsi, écrit Élodie Giroux, « les concepts de normal et de pathologique n’ont de signification que par rapport à cette normativité du vivant, qui elle-même ne peut se comprendre que dans la relation d’influence réciproque d’un vivant avec son milieu »4. On voit que la question de la santé quitte le registre de la pure objectivité pour faire part à la subjectivité de la personne.

Mais la santé peut aussi s’interroger dans sa dimension sociale. On retrouve ici la définition de l’OMS dans laquelle « la santé est envisagée comme un état qui permet avant tout à l’individu humain d’assumer ses fonctions relationnelles, sociales et familiales et son rôle professionnel »5. Si pour Élodie Giroux cette définition pose difficulté en ce qu’elle fait insuffisamment la différence entre santé et bonheur, elle installe une conception dite bio psychosociale de la santé. Dans ce modèle, l’individu est relié à un ensemble de systèmes de plus en plus extérieurs à lui-même et qui, de ses cellules à la biosphère, contribuent à en définir la santé.

Ainsi, au-delà de la dimension sociale, la santé peut-elle être analysée dans le lien de l’individu à l’environnement. Se font alors jour des perspectives globalisantes, avec la notion de santé environnementale, de santé globale ou d’une seule santé (One Health). Si cette dernière approche « ne repose pas encore sur une définition consensuelle », souligne Élodie Giroux, elle permet « d’alerter sur l’interdépendance entre santés humaine, animale et environnementale et l’importance de l’interdisciplinarité »6.

On le voit, la santé n’engage pas que le corps et l’esprit. Penser la santé, c’est conduire une réflexion sur l’humain, son rapport à lui-même et aux autres, humains et non humains, ainsi que son environnement.

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Notes

[1] : Huber, M., Knottnerus, J.A., Green, et al. (2011), « How should we define health? », BMJ 2011, 343(4163)
[2] : « Note de fin », Revue Phares, vol. XVI, hiver 2016
[3] : « Note de fin », Revue Phares, vol. XVI, hiver 2016
[4] : Philosopher sur les concepts de santé : de l’Essai de Georges Canguilhem au débat anglo-américain », Dialogue, 52 (2013)
[5] : « Concept de santé », Encyclopædia Universalis [s.d.]
[6] : « Concept de santé », Encyclopædia Universalis [s.d.]

Un champ en perpétuelle transformation | #2 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

UUn champ en perpétuelle transformation | #2 Dossier Pop’Sciences « Santé mentale : entre pathologies et bien-être »

A Woman Suffering from Obsessive Envy, circa 1819-1820, au Musée des beaux-arts de Lyon / ©Alain Basset, Stéphane Degroisse – Wikimédia commons

La conception de la maladie mentale et de sa prise en charge a considérablement changé au fil du temps. Mais c’est à partir de 1950, et surtout depuis les années 1990, qu’interviennent les ruptures les plus fortes et que s’impose le terme de santé mentale. Celle-ci est intégrée au champ de la santé globale alors que la priorité est désormais de maintenir les personnes atteintes de troubles psychiques dans l’espace social.

Un article rédigé par Ludovic Viévard, rédacteur,
pour Pop’Sciences – 29 février 2024

 

 

 

De la folie au trouble mental
Très ancienne – on la trouve déjà dans l’Antiquité – la notion de folie désigne l’inverse de la raison. Le fou est aliéné c’est-à-dire incapable de rationalité. Infirme, possédé ou puni par Dieu, les interprétations sont diverses mais la conséquence est toujours la même : le fou est rejeté de l’espace social. Avec l’apparition de la psychiatrie, la « folie » cède progressivement la place à la « maladie mentale ». Mais au fil du 19e siècle, cette dernière est de plus en plus souvent considérée comme héréditaire et donc incurable. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le rapport entre normalité et pathologie est requestionné, en particulier par le philosophe Georges Canguilhem, ouvrant la voie à une autre conception, moins stigmatisante de la maladie mentale. C’est notamment sur la base de ses travaux que l’OMS propose, en 1946, une définition positive de la santé comprise comme un « état de complet bien être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Pour l’historienne de la psychiatrie Isabelle von Bueltzingsloewen, « c’est à partir de là qu’on peut commencer à parler de santé mentale ».

La visita al hospital, 1889 in the book: Historia del Arte ©Photo scan – Wikimédia commons

De l’enfermement à la déshospitalisation
Une seconde transformation concerne la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux. Isabelle von Bueltzingsloewen explique que « jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, celle-ci se fait quasi exclusivement à l’hôpital psychiatrique – terme qui n’apparaît qu’en 1937 pour remplacer celui d’ »asile d’aliénés » ». Après la guerre, et surtout à partir des années 1960, se manifeste la volonté de rompre avec l’enfermement jusqu’ici considéré comme une thérapeutique à part entière. Les hôpitaux psychiatriques s’ouvrent sur l’extérieur et « on assiste à une déshospitalisation des patients grâce à la création de structures extra-muros. Le nombre de longs séjours asilaires diminue progressivement pour ne plus concerner que les patients « en crise » ». Aujourd’hui, la plupart des personnes atteintes de troubles mentaux sont suivies hors de l’hôpital, dans des centres médico-psychologiques (CMP), des hôpitaux de jour, des centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel (CATTP) ou vivent dans des foyers ou des appartements thérapeutiques. Cette évolution s’est traduite par une diminution drastique du nombre de lits hospitaliers. Or les moyens des structures extra-hospitalières étant insuffisants,
nombre de patients vivent dans la rue ou sont en prison.

Vers une réhabilitation sociale
Si ce mouvement de déshospitalisation est soutenu par de nombreux psychiatres et par les politiques de santé publique, il a été rendu possible par l’apparition, à partir des années 1950, de nouveaux traitements médicamenteux (antipsychotiques, anxiolytiques, neuroleptiques retard, etc.). Mais il va aussi de pair avec l’affirmation du courant optimiste du rétablissement (Recovery). Venu d’Amérique du Nord, celui-ci se développe en France depuis les années 1990. « Ce qui est visé est moins la guérison que le renforcement des capacités et du « pouvoir d’agir » (empowerment) du patient qui, grâce aux techniques de remédiation psycho-sociale1, mais aussi grâce à des dispositifs tels que l’allocation aux adultes handicapés (AAH), doit pouvoir prendre sa vie en main et trouver sa place dans la société », indique Isabelle von Bueltzingsloewen. Puisant à la même inspiration, l’accompagnement des patients par des pairs, c’est-à-dire par des personnes ayant ou ayant eu elles-mêmes des troubles, prend une place de plus en plus importante grâce à la création des groupes d’entraide mutuelle (GEM).

De l’aliénation à la neurodiversité
Évoquons une dernière transformation qui concerne le regard porté sur les personnes atteintes de troubles de la santé mentale. Si les préjugés sont encore tenaces, les évolutions précédentes ont induit un mouvement progressif de déstigmatisation et d’inclusion des personnes atteintes de troubles psychiques. Elles se prolongent dans la prise de parole de personnes qui refusent d’être catégorisées comme malades ou souffrant d’un quelconque trouble. Ainsi, précise Isabelle von Bueltzingsloewen, « les voice-hearers, par exemple, considèrent qu’il est tout à fait normal d’entendre des voix
et renvoient l’anormalité du côté de ceux qui n’en entendent pas ». À ceux qualifiés de neurotypiques, il est ainsi opposé une neurodiversité qui installe la possibilité d’une différence radicale, y compris dans le rapport à l’autre et au réel.

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Note

[1] : Reprogrammation mentale : une dialmectique corps & cerveau, un article Pop’Sciences rédigé par Nathalie Mermet – Mars 2021