CCause animale : pourquoi fait-elle l’objet de recherches récentes ? ©triangleLes animaux vous intéressent ?Les boules de poils, vous aimez les câliner ?Ce triptyque est pour vous !Car son sujet est : les animaux ou plus exactement, la place qu’ils occupent dans notre société. Et dans ce premier podcast, dont le triptyque leur est consacré, nous allons tenter de comprendre pourquoi la cause animale ne fait l’objet d’études de chercheurs que récemment. Pour en discuter nous sommes avec Jérôme Michalon, chargé de recherches au CNRS, à TRIANGLE et à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. > Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/04/tri2-1_jerome-michalon.wav> Lire la retranscription des propos de l’interview :Depuis, combien de temps, la cause animale est l’objet d’études de chercheurs universitaires et surtout comment l’expliquez-vous ?Jérôme Michalon – L’idée que les animaux pourraient mériter un traitement plus favorable c’est une idée qui est assez ancienne, par contre ce qui est plus récent c’est le fait qu’il y a des collectifshumains qui se constituent pour défendre les intérêts des animaux et porter leur parole. C’est à partir du XIXème siècle, en Europe, que ces collectifs se constituent, notamment pour faire voter les premières lois de protection animale et former ce qu’on appelle la cause animale. Ces mouvements qui sont pourtant relativement bien installés dans nos sociétés parce qu’en fait tous le monde connait la SPA, qui a été fondée en 1845, donc ce n’est pas nouveau. Ces mouvements là ont été assez tardivement étudiés par les universitaires, en tant que qu’objet de recherche. Dans l’espace francophone, les historiens ont commencé à s’y intéresser dans les années 1980, de manière assez épisodique. Puis quelques politistes et sociologues, au tournant des années 2000. Mais c’est vraiment depuis les années 2010 que des recherches commencent à s’accumuler sur la question.© PIxabayEt comment l’expliquez-vous ?J.M. – Alors peut-être parce que, justement très tôt, des universitaires et des savants étaient impliqués dans la cause elle-même, et qu’en fait ils se sont employés à la faire exister, à la légitimer, à expliquer pourquoi effectivement il faudrait se soucier des animaux. Ils ont fait cela plutôt qu’analyser la cause en tant que mouvement social, en faire l’histoire, comprendre la sociologie des militants, etc. Une autre explication possible tient à l’objet en lui-même : puisque étudier la cause animale c’est aussi étudier les rapports humains-animaux, et pendant longtemps les sciences humaines et sociales ont considéré que cet objet ne faisait pas partie de leur périmètre, mais qui faisait partie du périmètre des sciences de la nature. Parler d’animaux impliquerait d’avoir des qualifications en biologie et en éthologie. Et malgré le développement des recherches en sciences humaines et sociales sur les rapports aux animaux, ces débats ont toujours cours, sont toujours d’actualité. Pour ma part, je pense qu’il s’agit d’un malentendu : quand on est clair sur le fait que l’on étudie non pas les animaux seuls, ou entre eux, entre congénères et qu’on étudie bien les relations qu’ils entretiennent avec les humains, il n’y a aucune raison de considérer que l’objet n’est pas légitime pour les Sciences Humaines et Sociales.. Mais ce n’est pas toujours simple à faire entendre.Pour ce qui concerne l’animal, comment aujourd’hui est-il perçu ?J.M. – C’est un vaste sujet, aujourd’hui l’animal est considéré de manière très différente, selon les pays, selon les espèces : il peut être vu comme une ressource, principalement c’est comme cela, sous la forme de viande ou de produits animaux, une ressource dont on extrait la matière, dont on va chercher à optimiser le fonctionnement biologique, mais aussi comme un modèle expérimental pour faire avancer les connaissances médicales, peut être aussi utilisé comme un auxiliaire de travail dans le cas des chiens policiers ou comme un assistant dans le cas des chiens guide pour personne déficiente visuelle ou comme support émotionnel dans le cas des animaux de médiation. Ils peuvent être aussi des objets de collection parce que, à titre d’exemple, le trafic international d’espèces exotiques c’est un des plus gros trafics au monde aujourd’hui, mais aussi être utilisés comme des sentinelles des pandémies à venir, des changements environnementaux, des emblèmes de la biodiversité d’un territoire. Ils peuvent être aussi objets de soin, ils peuvent être aussi consommateurs à travers le développement du marché des animaux de compagnie. Ils peuvent être aussi encore gibiers ou outils de chasse, selon de quel animal on parle. Donc c’est très très varié effectivement la perception et l’utilisation des animaux aujourd’hui.Est-ce qu’il en fut toujours ainsi ?J.M. – Bien évidemment, il y a eu beaucoup d’évolution au fil de l’histoire. Ce que je retiens depuis deux siècles, il y a quand même une évolution notable, c’est le fait qu’après avoir été mis au travail de manière intensive, les animaux dans les sociétés occidentales ont perdu la fonction de traction qui avait permis à la société industrielle de se développer avant que les moteurs et la mécanisation, les moyens de transport, de travail ne les remplacent. Le travail des animaux a donc énormément évolué et de nouvelles fonctions lui ont été attribuées : c’est ce que j’ai étudié dans ma thèse qui portait sur les pratiques de médiation animale, ces pratiques où il s’agit de soigner des humains en les mettant en contact de certaines espèces animales et j’ai observé comment la fonction de « thérapeute » a été attribué à certains animaux, en l’occurrence les chiens et les chevaux. On peut parler du fait que de plus en plus d’animaux soient devenus « de compagnie » est également quelque chose d’assez inédit : que des animaux domestiques puissent ne servir à rien d’autre qu’à l’agrément de leur propriétaire, c’est en effet peu commun dans l’histoire de la domestication, selon l’anthropologue Jean Pierre Digard. En tout cas, ce qui est sûr c’est que les animaux sont partout dans notre vie, et que c’est le cas depuis plusieurs millénaires.> À suivre…Le prochain et deuxième podcast du triptyque consacré aux animaux évoquera le thème de : pourquoi certains animaux ont-ils une place favorable…ou non ?>> Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle
OOù sont donc passés les ports étrusques ? Le CNRS participe aux chroniques de l’émission Dis, pourquoi ? sur RCF Lyon. Au micro d’Anaïs Sorce, les scientifiques ont 5 minutes et pas une de plus pour répondre à une question du quotidien !Jean-Philippe Goiran est géoarchéologue, chercheur CNRS au laboratoire Archéorient. Pour mieux comprendre les variations du niveau de la mer, il étudie les ports antiques et les environnements côtiers en effectuant notamment des carottages. Mais les ports d’une civilisation restent toujours un mystère : ceux des étrusques.En savoir plus
PProduire une énergie renouvelable à partir de déchets, la biométhanation | « Dis pourquoi ? » ©RCF radioDis Pourquoi ? est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche. > Émission du 17 juin 2025Et si nos poubelles devenaient une source d’énergie ? Julie Figueras effectue des recherches sur la biométhanation au Département Génie Énergétique et Environnement et au Laboratoire DEEP – Déchets, Eau, Environnement, Pollution – de l’INSA Lyon. Cette technique vise à produire de l’énergie renouvelable à partir de déchets solides comme des tables en bois ou des chaises en plastiques, en utilisant des micro-organismes qui permettent de produire du méthane.Julie intervient régulièrement lors de rencontres en médiation scientifique avec des jeunes et le grand public, et elle a participé à la 5e édition du Festival Pop’Sciences qui a eu lieu du 16 au 18 mai 2025 à Belleville-en-Beaujolais.Écoutez le podcast :>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :RCF Lyon
PPerçons les mystères de nos muscles | Podcast « Qu’est-ce que tu cherches ? » Qu’est-ce que tu cherches ? C’est le nom de la série de podcasts lancée par le CNRS. Au micro : des scientifiques racontent leurs quotidiens, expliquent leurs avancées, et vous font pénétrer dans les coulisses de la recherche. Prêts pour une immersion sonore inédite aux côtés de ces experts ?Perçons les mystères de nos muscles | Bénédicte Chazaud (Inserm)Plus de 40% de notre masse corporelle est composée de muscles. Ils jouent un rôle capital dans les fonctions motrices, respiratoires ou encore métaboliques. Dans cet épisode de « Qu’est-ce que tu cherches ? » Bénédicte Chazaud, biologiste Inserm au laboratoire Pathophysiologie et génétique du neurone et du muscles (PNMG, CNRS | Université Claude Bernard Lyon 1 | Inserm) tente de comprendre les mécanismes permettant aux muscles de se régénérer.>> Écoutez cet épisode sur votre plateforme préférée : QU’EST-CE QUE TU CHERCHES ?
AAux origines du plancton, l’allié des océans | « Dis pourquoi ? » ©RCF radioDis Pourquoi ? est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.> Émission du 20 mai 2025Vous pensiez que la forêt Amazonienne était la seule à pouvoir absorber une grande quantité de CO² sur la planète ? Si les forêts sont des puits de carbone importants, la mer et les océans en sont aussi grâce… aux planctons ! Des organismes vivants qui peuvent mesurer jusqu’à plusieurs mètres mais qui subissent le réchauffement climatique. Explications de Vincent Perrier, enseignant-chercheur en paléontologie à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et membre du Laboratoire de Géologie de Lyon : Terre, Planètes, Environnement.Vincent Perrier intervient fréquemment pour présenter ses travaux auprès de collégiens et lycéens dans le cadre des projets Pop’Sciences Jeunes de l’Université de Lyon.Écoutez le podcast :>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :RCF LyonPPour aller plus loinOcéan, une plongée dans l’invisible – Pop’Sciences Mag#6 – Juin 2020L’océan de l’anthropocène – Conférence de Catherine Jeandel, océanologue CNRS – Octobre 2021
NNeurotopics ©NeurotopicsNeurotopics : à la fois une série de podcasts échangeant autour des métiers en neurosciences et un compte Instagram de vulgarisation scientifique.Neurotopics est un projet d’orientation et de vulgarisation scientifique en neurosciences, né dans les couloirs de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Destiné aux étudiants et étudiantes, lycéen et lycéennes ou tout simplement aux esprits curieux, Neurotopics se subdivise en deux équipes.L’équipe Instagram est constituée de 4 étudiants et étudiantes en thèse du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL) qui partagent, toutes les deux semaines, des posts explicatifs sur le fonctionnement du cerveau, des outils scientifiques ou encore des actualités liées aux neurosciences.L’équipe podcast, constituée d’un doctorant du CRNL, d’une doctorante de l’Université de Paris Cité et d’un étudiant ingénieur en bioinformatique à l’INSA Lyon, a pour mission de faire découvrir aux jeunes esprits scientifiques la diversité des métiers de la recherche en neurosciences.À travers les 10 épisodes de notre podcast, vous êtes invité et invitées à prendre part à des échanges spontanés avec des intervenant et intervenantes du CRNL.Vous y explorerez leur quotidien et ce qui constitue la richesse de la recherche lyonnaise en neurosciences. Le podcast vise à répondre aux questions que tout le monde peut se poser, même les plus audacieuses :Que se passe-t-il dans un laboratoire ?Qu’est-ce qu’un ou une neuroscientifique ?À quoi ressemble une journée type ?Comment y travailler ?Quel est l’environnement de travail et de vie ?Comment décriraient-ils leur rôle et leur implication dans ce domaine ?Quel est leur apport à la société ?Vivez chaque épisode comme une conversation décomplexée avec des chercheurs et chercheuses, maîtres et maîtresses de conférences, ingénieurs et ingénieures et bien plus encore. Chaque entretien permet de découvrir un métier différent, et suit une trame simple en trois temps : d’abord, le parcours professionnel et les études de l’invité·e, ensuite leur sujet de recherche et leur quotidien de scientifique, et enfin une série de conseils spécialement pensés pour les étudiants et étudiantes et les curieux et curieuses.©NeurotopicsVous pouvez écouter les épisodes de notre Podcast en choisissant ensuite la plateforme d’écoute de votre choix (Spotify, Deezer, Apple Podcasts…). Cliquez sur un épisode, et découvrez avec nous le quotidien des acteurs et actrices de la recherche lyonnaise en Neurosciences !Grégory ACACIA, Laurine MILON et Thomas GERAUD | ©NeurotopicsNeurotopics©NeurotopicsSi vous parlez anglais, utilisez Instagram, et vous pourrez lire deux fois par mois des explications de processus cérébraux réalisées par quatre doctorants et doctorantes du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon – CRNL.Lilas ROBERT, Maddalena TAMELLINI, Maëlys SOUILHOL | ©NeurotopicsNeurotopics
SSève et Sens ©Sève et SensPour découvrir quelques petites histoires secrètes de plantes, venez donc écouter le podcast Sève et Sens. Traversant les âges et leurs mythes, passant par leurs usages médicaux, religieux, ou quotidiens, partons ensemble dans ce tour du monde quelque peu éthnobotanesque !Qu’est-ce que l’ethno-botanique ?Le Museum d’Histoire Naturelle de Paris la définit comme « l’une des branches de l’ethnobiologie : elle correspond à la science de l’Homme étudiant les interrelations des sociétés humaines avec leur environnement, et se concentre sur les plantes connues, nommées et utilisées par les Hommes ».L’origine de Sève et sensDoctorante en 1e année en biologie végétale et passionnée par les plantes en tout genre, j’ai récolté au gré du vent et des voyages, une multitude d’anecdotes végétales croustillantes à partager. J’ai traversé les terres tropicales de Thaïlande, puis du Laos où je me suis familiarisée avec l’éthno-botanique.Ainsi, ces mois d’expédition, d’échanges et de réflexions ont porté leurs fruits (et leurs fleurs) pour aboutir à une série de podcasts qui parlent de plantes.Avec ces podcasts, de 10 à 20 min, chacun explorant une plante, je partage des légendes, des symboles, des utilisations des plantes. Je fais également découvrir le travail de scientifiques en histoire, en art, en biologie, ce qui permet aussi de sensibiliser aux questions écologiques.@evou_dessine > Écouter les podcasts :Sève et sens – Les Podcasts> Pour en savoir plus :Sève et sens – Le blog Écoute gratuite sur Spotify et Youtube.Collaborateur.ice.s :@bleu_bachir |Compositeur du jingle du podcast@evou_dessine_unpeu | Illustratrice du podcast
CCantines scolaires : qui y travaille ? Cette deuxième interview du triptyque consacré aux cantines scolaires aborde l’aspect humain de la cantine. En effet, qui sont les agents qui y travaille, comment vivent-ils ce travail, qu’implique-t-il….et bien d’autres questions encore sont soulevées.Et pour cuisiner…. ce sujet, nous sommes toujours en compagnie d’ Elodie LESZCZAK doctorante en 2e année au laboratoire Triangle qui nous éclaire, puisque son travail de recherche porte sur « Des normes dans l’assiette : la cantine scolaire, entre production et réception du « bien manger »« .> Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/03/tri4-2_elodie-leszczak.wav> Lire la retranscription des propos de l’interview :Vous avez choisi de vous intéresser aux personnes qui travaillent dans les cantines scolaires. Pourquoi ?Elodie Leszczak – Les politiques publiques investissent aujourd’hui la cantine de nombreuses missions : éduquer les enfants au végétarien, au bio, aux manières de table, à une alimentation saine pour limiter l’obésité infantile, à ne pas gaspiller… Mais ces effets potentiels de la cantine, ils ne peuvent pas apparaître mécaniquement : ils sont le fruit du travail quotidien des personnes qui produisent et servent les repas. Je trouvais qu’on parlait trop peu de leur rôle, ou alors seulement négativement, avec ce stéréotype de la « dame de la cantine » qui ne saurait pas suffisamment bien cuisiner ou qui serait trop sévère avec les enfants.Comment est structuré le travail dans une cantine ?E. L. – Les équipes sont plus ou moins grandes selon le nombre d’élèves, bien sûr. Généralement, il y a un ou une chef(fe), qui se consacre majoritairement à la cuisine, et des agents polyvalents, qui se consacrent surtout à la plonge, au nettoyage des réfectoires et au service des plats. Entre les deux, il peut y avoir des postes divers comme « aide cuisinière », « second » ou « commis » par exemple, qui sont sous l’autorité du ou de la chef(fe) et qui réalisent à la fois des tâches de cuisine et des tâches de manutention, nettoyage, service, etc. Plus la cuisine est indépendante, plus cette équipe va avoir des tâches supplémentaires comme trouver des fournisseurs, passer des commandes, prévoir les menus ; mais si la cuisine dépend d’une Caisse des écoles ou d’une collectivité territoriale qui a choisi de fortement encadrer ses cantines, il est possible que cette dernière lui impose ses menus et s’occupe de la partie commandes et choix des fournisseurs.Quels sont les profils de population qui travaille au sein des cantines ? Dans vos enquête terrain, pour la majorité du personnel, avez-vous pu constater si c est un métier passion, ou plutôt si c’est un travail alimentaire ? © PixabayE.L. – Les profils sont très hétérogènes : certains agents n’ont aucune formation de cuisine, d’autres ont cumulé des années d’expérience dans la restauration commerciale avant de travailler en restauration collective. Comme les conditions de travail sont difficiles, les salaires bas et beaucoup de postes à temps partiel, la majorité des agents sont peu qualifiés. Il existe bien sûr des personnes passionnées par la cuisine, mais aussi beaucoup d’autres qui se sont retrouvés dans la restauration scolaire un peu par hasard, car on les a informées d’offres d’emploi ou parce que les horaires leur permettent de consacrer du temps à leur famille, de récupérer leurs enfants à la sortie de l’école après le travail. Contrairement à la plupart des postes de cuisine commerciale, où il faut travailler le soir et le week-end, les cantines scolaires ont en effet des horaires plus facilement compatibles avec la vie de famille.Une formation est-elle obligatoire ? E.L. – Tout le monde doit suivre une formation concernant l’hygiène – les normes d’hygiène sont drastiques dans la restauration scolaire. Mais concernant le reste, la majorité de la formation se fait sur le tas, en poste, en apprenant auprès des agents ayant plus d’expérience.Cela suppose aussi qu’il existe des règles, lois à respecter ? E.L. – Oui, les agents sont en effet très contraints par la réglementation concernant la nutrition, l’hygiène, etc. Les agents doivent jongler avec des règles complexes, parfois contradictoires : par exemple, pour des raisons sanitaires, il est interdit de donner la nourriture restante après le service, qui doit donc être jetée… ce qui va contre les préoccupations de réduction du gaspillage alimentaire.La fréquence de service de poisson, de féculents ou encore de crudités est fixée précisément au niveau national. A cela s’ajoutent des préoccupations croissantes pour l’environnement : au moins 20% de produits bio, au moins 50% de produits bénéficiant de labels officiels de qualité ou d’origine comme la pêche durable… Et tout cela, en respectant des budgets alimentaires très contraints, généralement autour de 2€ par repas, rarement plus de 3€.Travailler dans une cantine fait appel à des compétences techniques, humaines, à des connaissances juridiques, C’est également un travail qui joue un rôle éducatif quant à l’alimentation de l’enfant d’aujourd’hui mais aussi de l’adulte de demain. Pensez-vous que ce métier ait besoin d’être plus valorisé, reconnu ? E.L. – Absolument ! Mes enquêtés font un travail formidable, dont une grande partie est complètement invisible aux yeux de leur hiérarchie, des parents d’élèves, parfois même par du personnel de l’établissement comme les enseignants. Pour que les enfants soient plus respectueux de leur travail, une première piste pourrait être de contrôler ce que nous, les adultes, nous disons des agents de cantine en présence des enfants. Par exemple, il arrive que des animateurs critiquent la nourriture devant eux, voire avec eux : et si on dénigre les repas aussi ouvertement, les enfants sont incités à le faire eux aussi. Beaucoup de cantines font de gros efforts sur le fait maison, pour améliorer les recettes, mais comme les autres adultes des écoles s’y intéressent peu, ils ne sont pas au courant des difficultés et des initiatives qui existent dans la cantine de leur propre établissement. Un autre point important est en effet de comprendre ce qui relève de la responsabilité des agents de cantine ou pas. On a tendance à leur reprocher tout ce qui ne va pas dans les cantines, par exemple le goût des plats, le fait que le réfectoire soit bruyant ou le peu de temps disponible pour manger, alors qu’ils ont souvent de très faibles marges de manœuvre concernant ces points, qui relèvent plutôt d’emplois du temps plus adaptés, parfois de rénovations des réfectoires, et bien sûr de budget mis dans la cantine pour que les agents soient en nombre suffisant et qu’il soit possible d’acheter des denrées de qualité. C’est ce que j’essaie de faire à mon échelle : rendre visible les contraintes qui pèsent sur leur travail, et dont peu de gens se préoccupent.Précédemment, qui mange quoi ?> À suivre…Le prochain et dernier podcast du triptyque cantine abordera l’enfance et plus particulièrement comment au sein d’une cantine, les relations sociales s’articulent, les goûts se manifestent, ou encore les enfants s’expriment…>> Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle
LL’épigénétique au microscope : l’exemple du nématode | Podcast « Qu’est-ce que tu cherches ? » Qu’est-ce que tu cherches ? C’est le nom de la série de podcasts lancée par le CNRS. Au micro : des scientifiques racontent leurs quotidiens, expliquent leurs avancées, et vous font pénétrer dans les coulisses de la recherche. Prêts pour une immersion sonore inédite aux côtés de ces experts ?L’épigénétique au microscope : l’exemple du nématode | Mirko Francesconi (Inserm)Le patrimoine génétique est propre à chaque individu. Même les vrais jumeaux se retrouvent souvent avec un phénotype différent. Dans cet épisode de « Qu’est-ce que tu cherches ? » Mirko Francesconi, biologiste Inserm au Laboratoire de biologie et modélisation de la cellule (LBMC, CNRS | ENS de Lyon) explique le cas d’un petit ver.>> Écoutez cet épisode sur votre plateforme préférée : QU’EST-CE QUE TU CHERCHES ?
CCantines scolaires : sociologie de l’alimentation. Qui mange quoi ? | Triptyque Une invitation… à table ! Ce triptyque, composé de 3 podcasts, nous ouvre les portes des cantines scolaires. Qui mange quoi ? Qui sont les personnes qui y travaillent ? Comment les goûts se manifestent dès l’enfance, comment à la cantine, les relations sociales s’organisent….Cette première interview de ce triptyque s’orchestre autour de la sociologie de l’alimentation, et c’est Élodie Leszczak, doctorante en 2e année au laboratoire Triangle qui nous éclaire, puisque son travail de recherche porte sur « Des normes dans l’assiette : la cantine scolaire, entre production et réception du « bien manger »« .Venez découvrir qui mange quoi avec les podcasts de Triangle !>> Écoutez le podcast :https://popsciences.universite-lyon.fr/app/uploads/2025/03/tri4-1_elodie-leszczak.wav >> Lire la retranscription des propos de l’interview :Tout d’abord, est-ce que les cantines sont obligatoires dans les établissements ? Depuis quand existent-elles et qui les gèrent ?Élodie Leszczak – Elles sont apparues en France au milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion d’initiatives locales de maires, d’instituteurs et de mouvements philanthropiques. Aujourd’hui, les cantines sont gérées par les collectivités territoriales, c’est-à-dire les communes pour l’école primaire, les départements pour le collège, et les régions pour le lycée. Et elles ne sont pas obligatoires : chaque collectivité peut décider d’en proposer une ou pas dans un établissement. Elle peut alors soit l’assurer elle-même en régie directe, soit faire appel à une entreprise privée, ce qu’on appelle une délégation de service public.Comment étaient organisées les cantines que vous avez étudiées ? Quels étaient leurs publics ?E.L. – Je réalise des observations directes principalement à l’école élémentaire, mais aussi au collège et en maternelle. J’ai essayé de faire varier les caractéristiques des cantines que j’étudie : une est rurale et l’autre urbaine, une est indépendante et l’autre rattachée à une Caisse des écoles, une se situe en réseau d’éducation prioritaire et l’autre non. Dans les deux cantines où j’ai enquêté jusqu’ici, la cuisine est faite sur place par du personnel communal, c’est pourquoi j’aimerais maintenant trouver un troisième terrain où la cantine est assurée par une entreprise privée et les plats préparés en cuisine centrale.© PixabayDe ce fait, avez-vous constaté que selon le genre de l’enfant (fille ou garçon) les choix des aliments étaient différents ? E.L. – Oui ! Je fais partie de l’équipe de recherche CORALIM, qui est pilotée par Christine Tichit (sociologue et démographe) au sein de l’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). On a fait passer pendant plus d’une semaine des questionnaires à une centaine d’élèves, pour qu’ils puissent donner leur avis sur les plats chaque jour. Et on a constaté que les garçons appréciaient en moyenne davantage les repas que les filles, et qu’ils mangeaient de plus grandes quantités qu’elles. Les filles appréciaient en revanche davantage les repas végétariens, alors que les garçons étaient attachés à la présence de viande au menu. Les garçons essayaient davantage de se procurer plus de nourriture que leur portion individuelle, en prenant du rab ou en demandant aux autres élèves s’ils ne voulaient pas leur donner une partie de leur repas – en insistant, parfois !Est-ce parce que les aliments sont genrés ? Est-ce que c’est le poids de la société ou… bref comment l’expliquez-vous ?E.L. – Une de nos hypothèses est en effet que la cantine est un des lieux où les enfants intériorisent des rapports genrés à l’alimentation. Des enquêtes sociologiques auprès d’adultes ont montré que les femmes mangent plus de fruits, de légumes et de poisson que les hommes, mais moins de féculents, de fast-food et de viande. Les femmes sont plus nombreuses à faire des régimes hypocaloriques. Et à force de voir que les hommes de leur entourage ont tendance à plus manger que les femmes, et que certains garçons mangent énormément à la cantine et que ça amuse leurs camarades, les enfants sont socialisés à cette différence de comportement alimentaire. Les garçons apprennent qu’il est normal et même valorisé d’avoir bon appétit, alors que ce n’est pas forcément le cas pour les filles. Chez les jeunes, il semblerait que l’idéal des filles reste plutôt la minceur, alors que chez les garçons, c’est le fait d’être musclé plutôt que mince.Avez-vous également remarqué une différence d’orientation dans l’alimentation selon les classes sociales auxquelles appartiennent les enfants ? Et si oui, quels sont les différents facteurs qui pourraient y contribuer ? E.L. – Oui, tout à fait ! Les enfants issus de milieux sociaux favorisés connaissent davantage les plats qui sont servis à la cantine, en particulier les fruits et les légumes et les plats typiquement français comme les tomates farcies, tout simplement car ils y sont déjà habitués à la maison. En sociologie de l’alimentation, on constate que les familles de milieu populaire vont privilégier le fait de faire plaisir aux enfants avec des aliments qu’ils aiment, alors que celles de milieu favorisé vont très tôt inciter leurs enfants à goûter de tout, en particulier des aliments considérés comme bons pour la santé comme les légumes. En particulier, les enfants de classe populaire d’origine étrangère regrettent souvent que les plats proposés à la cantine soient très différents de leur propre culture alimentaire, et certains aimeraient pouvoir y manger des aliments plus à leur goût. >> À suivre…Le prochain podcast du triptyque cantine « parlera » des agents dans les cantines : qui sont-ils, pourquoi ils ont choisi ce métier, ses contraintes, joies… Pour en savoir plus :Triptyque – Laboratoire Triangle